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Collection Technique ..........................................................................

Cahier technique n° 199

La qualité de l’énergie électrique

Ph. Ferracci
Les Cahiers Techniques constituent une collection d’une centaine de titres
édités à l’intention des ingénieurs et techniciens qui recherchent une
information plus approfondie, complémentaire à celle des guides, catalogues
et notices techniques.
Les Cahiers Techniques apportent des connaissances sur les nouvelles
techniques et technologies électrotechniques et électroniques. Ils permettent
également de mieux comprendre les phénomènes rencontrés dans les
installations, les systèmes et les équipements.
Chaque Cahier Technique traite en profondeur un thème précis dans les
domaines des réseaux électriques, protections, contrôle-commande et des
automatismes industriels.
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accord de la Direction Scientifique et Technique, avec la mention obligatoire :
« Extrait du Cahier Technique Schneider Electric n° (à préciser) ».
n° 199
La qualité de l’énergie électrique

Philippe FERRACCI

Diplômé de l’École Supérieure d’Électricité en 1991, a soutenu une


thèse sur le régime du neutre compensé, en collaboration avec la
Direction des Études et Recherches d’EDF. En 1996, il a rejoint
Schneider Electric où il mène des études avancées dans les
domaines de l’électrotechnique et des réseaux électriques.

CT 199 édition février 2001


Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.2
La qualité de l’énergie électrique

L’une des propriétés particulières de l’électricité est que certaines de ses


caractéristiques dépendent à la fois du producteur / distributeur
d’électricité, des fabricants d’équipements et du client. Le nombre important
de protagonistes et l’utilisation d’une terminologie et de définitions parfois
approximatives expliquent en partie la complexité du sujet.
Ce Cahier Technique a pour objectif de faciliter les échanges sur ce sujet
entre spécialistes et non-spécialistes, et entre client, constructeur,
installateur, concepteur et distributeur. Sa terminologie claire doit permettre
d’éviter les confusions. Il décrit les phénomènes principaux qui dégradent
la Qualité de l’Energie Electrique (QEE), leurs origines, les conséquences
sur les équipements et les solutions principales. Il propose une
méthodologie de mesure de la QEE selon les différents objectifs. Illustré
par des exemples pratiques de mise en œuvre de solutions, il démontre
que seul le respect des règles de l’art et la mise en œuvre d’une
méthodologie rigoureuse (diagnostics, études, solutions, mise en œuvre,
maintenance préventive) permettent une qualité d’alimentation
personnalisée et adaptée au besoin de l’utilisateur.
Sommaire
1 Introduction 1.1 Contexte p. 4
1.2 Objectifs de la mesure de la qualité de l’énergie p. 5
2 Dégradation de la QEE : 2.1 Généralités p. 6
origines - caractéristiques - définitions 2.2 Creux de tension et coupures p. 6
2.3 Harmoniques et interharmoniques p. 8
2.4 Surtensions p. 10
2.5 Variations et fluctuations de tension p. 10
2.6 Déséquilibres p. 11
2.7 Résumé p. 11
3 Effets des perturbations sur les charges 3.1 Creux de tension et coupures p. 12
et procédés 3.2 Harmoniques p. 13
3.3 Surtensions p. 15
3.4 Variations et fluctuations de tension p. 15
3.5 Déséquilibres p. 15
3.6 Résumé p. 15
4 Niveau de qualité de l’énergie 4.1 Méthodologie d’évaluation p. 16
4.2 La CEM et les niveaux de planification p. 18
5 Solutions pour améliorer la QEE 5.1 Creux de tension et coupures p. 19
5.2 Harmoniques p. 23
5.3 Surtensions p. 25
5.4 Fluctuations de tension p. 26
5.5 Déséquilibres p. 26
5.6 Résumé p. 26
6 Etudes de cas 6.1 Filtrage hybride p. 27
6.2 Compensation automatique en temps réel p. 28
6.3 Protection contre la foudre p. 30
7 Conclusion p. 31
Bibliographie p. 32

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.3


1 Introduction

1.1 Contexte
La qualité de l’électricité est devenue un sujet Et donc, les utilisateurs professionnels de
stratégique pour les compagnies d’électricité, les l’électricité expriment le besoin d’optimiser le
personnels d’exploitation, de maintenance ou de fonctionnement de leurs installations électriques.
gestion de sites tertiaires ou industriels, et les
constructeurs d’équipements, essentiellement La généralisation d’équipements sensibles
pour les raisons suivantes : aux perturbations de la tension et / ou eux-
c la nécessité économique d’accroître la mêmes générateurs de perturbations
compétitivité pour les entreprises, Du fait de leurs multiples avantages (souplesse
c la généralisation d’équipements sensibles aux de fonctionnement, excellent rendement,
perturbations de la tension et/ou eux-mêmes performances élevées…) on constate le
générateurs de perturbations, développement et la généralisation des
automatismes, des variateurs de vitesse dans
c l’ouverture du marché de l’électricité.
l’industrie, des systèmes informatiques, des
La nécessité économique d’accroître la éclairages fluo-compact dans le tertiaire et le
compétitivité pour les entreprises domestique. Ces équipements ont la particularité
d’être à la fois sensibles aux perturbations de la
c La réduction des coûts liés à la perte de
tension et générateurs de perturbations.
continuité de service et à la non-qualité
Leur multiplicité au sein d’un même procédé
Le coût des perturbations (coupures, creux de
exige une alimentation électrique de plus en plus
tension, harmoniques, surtensions
performante en termes de continuité et de
atmosphériques...) est élevé.
qualité. En effet, l’arrêt temporaire d’un élément
Ces coûts doivent prendre en compte le manque
à produire, les pertes de matières premières, la de la chaîne peut provoquer l’arrêt de l’outil de
remise en état de l’outil de production, la non- production (fabrication de semi-conducteurs,
qualité de la production, les retards de livraison. cimenterie, traitement de l’eau, manutention,
Le dysfonctionnement ou l’arrêt de récepteurs imprimerie, sidérurgie, pétrochimie…) ou de
prioritaires tels que les ordinateurs, l’éclairages services (centres de calcul, banques,
et systèmes de sécurité peuvent mettre en télécommunications…).
cause la sécurité des personnes (hôpitaux, En conséquence, les travaux de la CEI sur la
balisage des aéroports, locaux recevant du compatibilité électromagnétique (CEM)
public, immeubles de grande hauteur…). conduisent à des normes et recommandations
Ceci passe aussi par la détection par de plus en plus contraignantes (limitations des
anticipation des problèmes par une maintenance niveaux d’émission des perturbations…).
préventive, ciblée et optimisée. On constate de
plus un transfert de responsabilité de l’industriel L’ouverture du marché de l’électricité
utilisateur vers le constructeur d’appareillage Les règles du jeu du secteur électrique ont ou
pour assurer la maintenance des sites ; le vont évoluer en profondeur : ouverture à la
constructeur devient fournisseur du produit concurrence de la production d’électricité,
électricité. production décentralisée, possibilité pour les
c La réduction des coûts liés au (gros) consommateurs d’électricité de choisir
surdimensionnement des installations et aux leur fournisseur.
factures énergétiques Ainsi en 1985, la commission européenne a
D’autres conséquences plus insidieuses de la établi que l’électricité était un produit (directive
dégradation de la QEE sont : 85/374) : ce qui rend nécessaire de bien en
v la réduction du rendement énergétique de définir les caractéristiques essentielles.
l’installation, ce qui alourdit la facture Par ailleurs dans le contexte de la libéralisation
énergétique, du marché de l’énergie, la recherche de la
v la surcharge de l’installation, d’où son compétitivité par les compagnies d’électricité fait
vieillissement prématuré avec le risque accru de que la qualité est un facteur différentiateur. Sa
panne qui conduit à un surdimensionnement des garantie peut être, pour un industriel, un critère
équipements de distribution. de choix d’un fournisseur d’énergie.

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1.2 Objectifs de la mesure de la qualité de l’énergie
Selon les applications, les paramètres à mesurer Enquêtes statistiques
et la précision de la mesure ne sont pas les Cette étude nécessite une approche statistique
mêmes. sur la base de nombreux résultats obtenus par
des enquêtes généralement réalisées par les
Application contractuelle
exploitants de réseaux de transport et de
Des relations contractuelles peuvent s’établir distribution.
entre fournisseur d’électricité et utilisateur final,
c Enquêtes sur les performances générales d’un
mais aussi entre producteur et transporteur ou
réseau
entre transporteur et distributeur dans le cadre
Elles permettent, par exemple, de :
d’un marché dérégulé. Une application
contractuelle nécessite que les termes soient v Planifier et cibler les interventions préventives
définis en commun et acceptés par les grâce à une cartographie des niveaux de
différentes parties. Il s’agit alors de définir les perturbations sur un réseau. Ceci permet de
paramètres de mesure de la qualité et de réduire les coûts d’exploitation ainsi qu’une
comparer leurs valeurs à des limites prédéfinies meilleure maîtrise des perturbations. Une
voire contractuelles. situation anormale par rapport à un niveau
Cette application implique souvent le traitement moyen peut être détectée et être corrélée avec
d’un nombre important de données. le raccordement de nouvelles charges. Les
tendances saisonnières ou des dérives peuvent
Maintenance corrective aussi être étudiées.
Malgré le respect des règles de l’art (conception v Comparer la QEE fournie par différents
de schéma, choix des protections, du régime de distributeurs en différents lieux géographiques.
neutre et mise en place de solutions adaptées) Des clients potentiels peuvent en effet demander
dès la phase de conception, des dysfonction- des caractéristiques de fiabilité pour la fourniture
nements peuvent apparaître en cours de l’électricité avant d’installer de nouvelles
d’exploitation : usines.
c les perturbations peuvent avoir été négligées c Enquêtes sur les performances en un point
ou sous-estimées, particulier du réseau
c l’installation a évolué (nouvelles charges et / Elles permettent de :
ou modification). v Déterminer l’environnement électromagnétique
C’est généralement suite à ces problèmes auquel une installation future ou un nouvel
qu’une action de dépannage est engagée. équipement sera soumis. Des actions
L’objectif est souvent d’obtenir des résultats d’amélioration du réseau de distribution et/ou de
aussi rapidement que possible, ce qui peut désensibilisation du réseau du client peuvent
conduire à des conclusions hâtives ou alors être engagées de façon préventive.
infondées. v Spécifier et vérifier les performances
Des systèmes de mesure portatifs (sur des auxquelles le fournisseur d’électricité s’engage
temps limités) ou des appareils fixes de façon contractuelle. Ces informations sur la
(surveillance permanente) facilitent le diagnostic qualité de l’électricité sont particulièrement
des installations (détection et archivage des stratégiques pour les compagnies d’électricité
perturbations et déclenchement d’alarmes). qui dans le contexte de la libéralisation du
marché de l’énergie recherchent la meilleure
Optimisation du fonctionnement des compétitivité, la satisfaction des besoins et la
installations électriques fidélisation de leurs clients.
Pour réaliser des gains de productivité
(économies de fonctionnement et / ou réduction
des coûts d’exploitation) il faut avoir un bon
fonctionnement des procédés et une bonne
gestion de l’énergie, deux facteurs qui
dépendent de la QEE. Disposer d’une QEE
adaptée aux besoins est un objectif des
personnels d’exploitation, de maintenance et de
gestion de sites tertiaires ou industriels.
Des outils logiciels complémentaires assurant
le contrôle-commande et la surveillance
permanente de l’installation sont alors
nécessaires.

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2 Dégradation de la QEE : origines - caractéristiques - définitions

2.1 Généralités
Les perturbations électromagnétiques c surtensions transitoires (transient
susceptibles de perturber le bon fonctionnement overvoltages),
des équipements et des procédés industriels sont c fluctuations de tension (voltage fluctuations),
en général rangées en plusieurs classes appar- c déséquilibres de tension (voltage unbalance),
tenant aux perturbations conduites et rayonnées :
c variations de la fréquence d’alimentation
c basse fréquence (< 9 kHz), (power-frequency variations),
c haute fréquence (u 9kHz), c tension continue dans les réseaux alternatifs
c de décharges électrostatiques. (d.c. in a.c. networks),
La mesure de QEE consiste habituellement à c tensions de signalisation (signalling voltages).
caractériser les perturbations électromagnétiques
Il n’est en général pas nécessaire de mesurer
conduites basse fréquence (gamme élargie pour
l’ensemble de ces perturbations.
les surtensions transitoires et la transmission de
signaux sur réseau) : Elles peuvent être groupées en quatre
c creux de tension et coupures (voltage dips and catégories selon qu’elles affectent l’amplitude, la
interruptions), forme d’onde, la fréquence et la symétrie de la
tension. Plusieurs de ces caractéristiques sont
c harmoniques (harmonics), interharmoniques souvent modifiées simultanément par une même
(interharmonics), perturbation. Elles peuvent aussi être classées
c surtensions temporaires (temporary power selon leur caractère aléatoire (foudre, court-
frequency overvoltages), circuit, manœuvre…) permanent ou semi
c surtensions (swell), permanent.

2.2 Creux de tension et coupures


Définitions la valeur efficace « rms (1/2) » du signal sur une
Un creux de tension est une baisse brutale de la période du fondamental toutes les demi-périodes
tension en un point d’un réseau d’énergie (recouvrement d’une demi-période) (cf. fig. 1b ).
électrique, à une valeur comprise (par convention) Les paramètres caractéristiques (cf. fig. 1b) d’un
entre 90 % et 1% (CEI 61000-2-1, CENELEC creux de tension sont donc :
EN 50160), ou entre 90 % et 10 % (IEEE 1159) c sa profondeur : ∆U (ou son amplitude U),
d’une tension de référence (Uref) suivie d’un c sa durée ∆T, définie comme le laps de temps
rétablissement de la tension après un court laps pendant lequel la tension est inférieure à 90 %.
de temps compris entre la demi-période On parle de creux de tension à x % si la valeur
fondamentale du réseau (10 ms à 50 Hz) et rms(1/2) passe en dessous de x % de la valeur
une minute (cf. fig. 1a ). de référence Uref.
La tension de référence est généralement la Les coupures sont un cas particulier de creux de
tension nominale pour les réseaux BT et la tension de profondeur, supérieures à 90 %
tension déclarée pour les réseaux MT et HT. (IEEE) ou 99 % (CEI-CENELEC). Elles sont
Une tension de référence glissante, égale à la caractérisées par un seul paramètre : la durée.
tension avant perturbation, peut aussi être Les coupures brèves sont de durée inférieure à
utilisée sur les réseaux MT et HT équipés de 3 minutes (CENELEC), ou une minute (CEI-
système de réglage (régleur en charge) de la IEEE), elles sont notamment occasionnées par
tension en fonction de la charge. Ceci permet les réenclenchements automatiques lents
d’étudier (à l’aide de mesures simultanées dans destinés à éviter les coupures longues (réglés
chaque réseau) le transfert des creux entre les entre 1 et 3 minutes) ; les coupures longues sont
différents niveaux de tension. de durée supérieure. Les coupures brèves et les
La méthode habituellement utilisée pour détecter coupures longues sont différentes tant du point
et caractériser un creux de tension est le calcul de de vue de l’origine que des solutions à mettre en

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œuvre pour s’en préserver ou pour en réduire le
nombre.
Les perturbations de tension de durée inférieure
a
à la demi-période fondamentale T du réseau
V(p.u.)
(∆T < T/2) sont considérés comme étant des
transitoires. 1
Les Américains utilisent différents adjectifs pour
qualifier les creux de tension (sag ou dip) et les
coupures (interruption) selon leur durée : 0,5
c instantané (instantaneous) (T/2 > ∆T > 30 T),
c momentané (momentary) (30 T > ∆T > 3 s), 0
t
c temporaire (temporary) (3 s > ∆T > 1 min),
c maintenue (sustained interruption) et sous-
tension (undervoltage) (∆T > 1 min). -0,5

En fonction du contexte, les tensions mesurées


peuvent être entre conducteurs actifs (entre -1
phases ou entre phase et neutre), entre
conducteurs actifs et terre (Ph/terre ou neutre/
b
terre), ou encore entre conducteurs actifs et
rms (1/2)
conducteur de protection. (%)
Dans le cas d’un système triphasé, les caracté-
ristiques ∆U et ∆T sont en général différentes sur 110
les trois phases. C’est la raison pour laquelle un 100
90 ∆U = 30 %
creux de tension doit être détecté et caractérisé
séparément sur chacune des phases. (profondeur)
70
Un système triphasé est considéré comme
subissant un creux de tension si au moins une ∆T = 140 ms
phase est affectée par cette perturbation. U
(durée)
(amplitude)
Origine 10
t (ms)
c Les creux de tension et les coupures brèves 0
sont principalement causés par des 0 50 100 150 200 250 300
phénomènes conduisant à des courants élevés
qui provoquent à travers les impédances des
éléments du réseau une chute de Fig. 1 : paramètres caractéristiques d’un creux de
tension d’amplitude d’autant plus faible que le tension ; [a] forme d’onde, [b] rms (1/2).
point d’observation est électriquement éloigné
de la source de la perturbation.
Les creux de tension et les coupures brèves ont 0,3 à 1 s) ou la tension due à la décharge des
différentes causes : condensateurs branchés sur le réseau.
v des défauts sur le réseau de transport (HT) de Les coupures brèves sont souvent le résultat du
distribution (BT et MT) ou sur l’installation elle fonctionnement des automatismes de réseau
même. tels que les réenclencheurs rapides et/ou lents,
L’apparition des défauts provoque des creux de les permutations de transformateurs ou de
tension pour tous les utilisateurs. La durée d’un lignes. Les utilisateurs subissent une succession
creux est en général conditionnée par les de creux de tension et/ou de coupures brèves
temporisations de fonctionnement des organes lors de défauts à arc intermittents, de cycles de
de protection. L’isolement des défauts par les déclenchement - réenclenchement automatiques
dispositifs de protections (disjoncteurs, fusibles) (sur réseau aérien ou mixte radial) permettant
provoquent des coupures (brèves ou longues) l’élimination des défauts fugitifs ou encore en
pour les utilisateurs alimentés par la section en cas de renvois de tension permettant la
défaut du réseau. Bien que la source localisation du défaut.
d’alimentation ait disparu, la tension du réseau v la commutation de charges de puissance
peut être entretenue par la tension résiduelle importante (moteurs asynchrones, fours à arc,
restituée par les moteurs asynchrones ou machines à souder, chaudières…) par rapport à
synchrones en cours de ralentissement (pendant la puissance de court-circuit.

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c Les coupures longues sont le résultat de aux intempéries que dans les réseaux
l’isolement définitif d’un défaut permanent par souterrains. Mais un départ souterrain issu
les dispositifs de protection ou de l’ouverture du même jeu de barres que des départs
volontaire ou intempestive d’un appareil. aériens ou mixtes subira aussi des creux de
Les creux de tension ou coupures se propagent tension dus aux défauts affectant les lignes
vers les niveaux de tension inférieurs à travers aériennes.
les transformateurs. Le nombre de phases c Les transitoires(∆T < T/2) sont causées, par
affectées ainsi que la sévérité de ces creux de exemple, par la mise sous tension de
tension dépend du type de défaut et du couplage condensateurs ou l’isolement d’un défaut par
du transformateur. un fusible ou par un disjoncteur rapide BT, ou
Le nombre de creux de tension et de coupures encore par les encoches de commutations de
est plus élevé dans les réseaux aériens soumis convertisseurs polyphasés.

2.3 Harmoniques et interharmoniques


Rappels : perturber le fonctionnement des autres
Toute fonction périodique (de fréquence f) peut utilisateurs raccordés à la même source.
se décomposer en une somme de sinusoïdes de L’impédance de la source aux différentes
fréquence h x f (h : entier). h est appelé rang fréquences harmoniques a donc un rôle
harmonique (h > 1). La composante de rang 1 fondamental dans la sévérité de la distorsion en
est la composante fondamentale. tension. A remarquer que si l’impédance de la
source est faible (Pcc élevée) la distorsion en

y( t) = Y0 + ∑ Yh 2 sin(2 π h f + ϕh ) tension est faible.
h=1 Les principales sources d’harmoniques
La valeur efficace est : Ce sont des charges, qu’il est possible de
distinguer selon leurs domaines, industrielles ou
Yeff = Y02 + Y12 + Y22 + Yh2 + ... domestiques.
Le taux de distorsion harmonique (THD pour c Les charges industrielles
Total Harmonic Distortion) donne une mesure de v équipements d’électronique de puissance :
la déformation du signal : variateurs de vitesse, redresseurs à diodes ou à
thyristors, onduleurs, alimentations à
40 découpage ;
∑ Yh2 v charges utilisant l’arc électrique : fours à arc,
h= 2
THD = machines à souder, éclairage (lampes à
Y1 décharge, tubes fluorescents). Les démarrages
Les harmoniques proviennent principalement de de moteurs par démarreurs électroniques et les
charges non linéaires dont la caractéristique est enclenchements de transformateurs de
d’absorber un courant qui n’a pas la même puissance sont aussi générateurs
forme que la tension qui les alimente (cf. fig. 2 ). d’harmoniques (temporaires).
Ce courant est riche en composantes A noter que du fait de leurs multiples avantages
harmoniques dont le spectre sera fonction de la (souplesse de fonctionnement, excellent
nature de la charge. Ces courants harmoniques rendement énergétique, performances
circulant à travers les impédances du réseau élevées…) l’utilisation d’équipements à base
créent des tensions harmoniques qui peuvent d’électronique de puissance se généralise.

Autres charges
Tension source
E
Z

U = E - ZI
I

Générateur
d'harmoniques

Fig. 2 : dégradation de la tension du réseau par une charge non linéaire.

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c Les charges domestiques munies de monoalternance) ainsi que les fours à arc
convertisseurs ou d’alimentation à découpage : génèrent aussi (en plus des rangs impairs)
téléviseurs, fours à micro-ondes, plaques à des harmoniques de rangs pairs.
induction, ordinateurs, imprimantes, Les interharmoniques sont des composantes
photocopieuses, gradateurs de lumière, équipe- sinusoïdales, qui ne sont pas à des fréquences
ments électroménagers, lampes fluorescentes. multiples entières de celle du fondamental (donc
De puissance unitaire bien plus faible que les situées entre les harmoniques). Elles sont dues
charges industrielles, leur effet cumulé du fait de à des variations périodiques ou aléatoires de la
leur grand nombre et de leur utilisation puissance absorbée par différents récepteurs
simultanée sur de longues périodes en font des tels que fours à arc, machines à souder et
sources de distorsion harmonique importantes. convertisseurs de fréquences (variateurs de
À noter que l’utilisation de ce type d’appareils vitesse, cycloconvertisseurs). Les fréquences de
croît en nombre et parfois en puissance unitaire. télécommande utilisées par le distributeur sont
aussi des interharmoniques.
Les niveaux d’harmoniques Le spectre peut être discret ou continu et
Ils varient généralement selon le mode de variable de façon aléatoire (four à arc) ou
fonctionnement de l’appareil, l’heure de la intermittente (machines à souder).
journée et la saison (climatisation). Pour étudier les effets à court, moyen ou long
Les sources génèrent, pour la plupart, des terme, les mesures des différents paramètres
harmoniques de rangs impairs (cf. fig. 3 ). doivent se faire à des intervalles de temps
La mise sous tension de transformateurs ou les compatibles avec la constante de temps
charges polarisées (redresseurs thermique des équipements.

Charges non linéaires Forme d’onde de courant Spectre THDI

Variateur de vitesse A %
100

t 50 44 %

0 h
1 5 7 11 13 17 19 23 25

Redresseur / chargeur A %
100

t 50 28 %

0 h
1 5 7 11 13 17 19

A %
Charge informatique
100

t 50 115 %

0 h
1 3 5 7 9 11 13

A %
Eclairage fluorescent
100

t 50 53 %

0 h
1 3 5 7 9 11 13

Fig. 3 : caractéristiques de quelques générateurs d’harmoniques.

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2.4 Surtensions
Toute tension appliquée à un équipement dont la chargée voient leur tension augmenter (parfois
valeur de crête sort des limites d’un gabarit jusqu’à la tension composée).
défini par une norme ou une spécification est c Les défauts du régulateur d’un alternateur ou
une surtension (cf. Cahiers Techniques n°141, d’un régleur en charge de transformateur
151 et 179).
c La surcompensation de l’énergie réactive
Les surtensions sont de trois natures :
Les condensateurs shunt produisent une
c temporaires à fréquence industrielle, augmentation de la tension depuis la source
c de manœuvre, jusqu’au point où ils se trouvent.
c d’origine atmosphérique (foudre). Cette tension est particulièrement élevée en
Elles peuvent apparaître : période de faibles charges.
c en mode différentiel (entre conducteurs actifs Les surtensions de manœuvre
ph/ph – ph/neutre),
Elles sont provoquées par des modifications
c en mode commun (entre conducteurs actifs et rapides de la structure du réseau (ouverture
la masse ou la terre). d’appareils de protection…). On distingue :
Les surtensions à fréquence industrielle c les surtensions de commutation en charge
normale,
Par définition elles sont à la même fréquence
que celle du réseau (50 Hz ou 60 Hz). Elles ont c les surtensions provoquées par l’établissement
plusieurs origines : et l’interruption de petits courants inductifs,
c Un défaut d’isolement c les surtensions provoquées par la manœuvre
Lors d’un défaut d’isolement entre une phase et de circuits capacitifs (lignes ou câbles à vide,
la terre dans un réseau à neutre impédant ou gradins de condensateurs).
isolé, la tension des phases saines par rapport à Par exemple la manœuvre d’une batterie de
la terre peut atteindre la tension composée. Des condensateurs provoque une surtension
surtensions sur les installations BT peuvent transitoire dont la première crête peut atteindre
provenir des installations HT par l’intermédiaire 2r fois la valeur efficace de la tension du réseau
de la prise de terre du poste HT/BT. et une surintensité transitoire de valeur crête
c La ferrorésonance pouvant atteindre 100 fois le courant assigné du
condensateur (cf. Cahier Technique n°189).
Il s’agit d’un phénomène oscillatoire non linéaire
rare, souvent dangereux pour le matériel, se Les surtensions atmosphériques
produisant dans un circuit comportant un
La foudre est un phénomène naturel
condensateur et une inductance saturable.
apparaissant en cas d’orage. On distingue les
Des dysfonctionnements ou des destructions de
coups de foudre directs (sur une ligne ou sur
matériel mal élucidés lui sont volontiers attribués
une structure) et les effets indirects d’un coup de
(cf. Cahier Technique n°190).
foudre (surtensions induites et montée en
c La rupture du conducteur de neutre potentiel de la terre) (cf. Cahiers Techniques
Les appareils alimentés par la phase la moins n°151 et 179).

2.5 Variations et fluctuations de tension


Les variations de tension sont des variations de la c Les variations lentes de tension sont causées
valeur efficace ou de la valeur crête d’amplitude par la variation lente des charges connectées au
inférieure à 10 % de la tension nominale. réseau.
Les fluctuations de tension sont une suite de c Les fluctuations de tension sont principalement
variations de tension ou des variations cycliques dues à des charges industrielles rapidement
ou aléatoires de l’enveloppe d’une tension dont variables comme les machines à souder, les
les caractéristiques sont la fréquence de la fours à arc, les laminoirs.
variation et l’amplitude.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.10


2.6 Déséquilibres
Un système triphasé est déséquilibré lorsque les avec Vi = tension de la phase i et
trois tensions ne sont pas égales en amplitude et/
V1 + V2 + V3
ou ne sont pas déphasées les unes par rapport Vmoy =
aux autres de 120°. Le degré de déséquilibre est 3
défini en utilisant la méthode des composantes La tension inverse (ou homopolaire) est
de Fortescue par le rapport de la composante provoquée par les chutes de tension le long des
inverse (U1i) (ou homopolaire (U1o)) du impédances du réseau dues aux courants
fondamental à celui de la composante directe inverses (ou homopolaire) produits par les
(U1d) du fondamental. charges déséquilibrées qui conduisent à des
courants non identiques sur les trois phases
U1i U1o
∆Ui = et ∆Uo = (charges BT connectées entre phase et neutre,
U1d U1d charges monophasées ou biphasées MT telles
que machines à souder et fours à induction).
La formule approchée suivante peut aussi être
Les défauts monophasés ou biphasés
V − Vmoy
utilisée : ∆Ui = maxi i , provoquent des déséquilibres jusqu’au
Vmoy fonctionnement des protections.

2.7 Résumé

Perturbations Creux de Surtensions Harmoniques Déséquilibres Fluctuations


tension de tension
Formes d’onde
caractéristiques

Origine de la perturbation
c Réseau
v Défaut d’isolement
v Manœuvres
c Equipements
v Moteur asynchrone
v Moteur synchrone
v Machine à souder
v Four à arc
v Convertisseur
v Charges informatiques
v Eclairage
v Onduleur
v Batterie de condensateurs

: Phénomène occasionnel : Phénomène fréquent

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.11


3 Effets des perturbations sur les charges et procédés

D’une façon générale, quelle que soit la c Effets différés : pertes énergétiques,
perturbation, les effets peuvent être classés de vieillissement accéléré du matériel dû aux
deux façons différentes : échauffements et aux efforts électrodynamiques
c Effets instantanés : manœuvres intempestives supplémentaires engendrés par les
de contacteurs ou d’organes de protection, perturbations.
mauvais fonctionnement ou arrêt d’une machine. L’impact financier (par ex. sur la productivité) est
L’impact financier de la perturbation est alors plus difficilement quantifiable.
directement chiffrable.

3.1 Creux de tension et coupures


Les creux de tension et les coupures perturbent peuvent provoquer une chute de tension dans
de nombreux appareils raccordés au réseau. Ils les impédances amont du réseau qui allonge la
sont la cause la plus fréquente de problèmes de durée du creux et peut rendre la réaccélération
qualité d’énergie. Un creux de tension ou une difficile (redémarrages longs avec
coupure de quelques centaines de millisecondes suréchauffement) voire impossible (couple
peut se traduire par des conséquences néfastes moteur inférieur au couple résistant).
plusieurs heures durant. La réalimentation rapide (~ 150 ms) d’un moteur
Les applications les plus sensibles sont les : asynchrone en cours de ralentissement sans
c chaînes complètes de fabrication en continu précaution peut conduire à un réenclenchement
dont le procédé ne tolère aucun arrêt temporaire en opposition de phase entre la source et la
d’un élément de la chaîne (imprimerie, sidérurgie, tension résiduelle entretenue par les moteurs
papeterie, pétrochimie…), asynchrones. Dans ce cas la première crête du
c éclairages et systèmes de sécurité (hôpitaux, courant peut atteindre trois fois le courant de
balisage des aéroports, locaux recevant du démarrage (15 à 20 In) (cf. Cahier Technique
public, immeubles de grande hauteur…), n° 161).
c équipements informatiques (centres de Ces surintensités et les chutes de tension qui en
traitement de données, banques, découlent ont des conséquences pour le
télécommunications…), moteur (échauffements supplémentaires et
c auxiliaires essentiels de centrales. efforts électrodynamiques dans les bobines
pouvant engendrer des ruptures d’isolation et
Les paragraphes suivants passent en revue les des à-coups sur le couple avec des contraintes
principales conséquences des creux de tension mécaniques anormales sur les accouplements et
et coupures sur les principaux équipements les réducteurs d’où une usure prématurée voire
utilisés dans les secteurs industriels, tertiaires et une rupture) mais aussi sur les autres
domestiques. équipements tels que les contacteurs (usure
voire soudure des contacts). Les surintensités
Moteur asynchrone
peuvent conduire au déclenchement des
Lors d’un creux de tension, le couple d’un protections générales de l’installation provoquant
moteur asynchrone (proportionnel au carré de la ainsi l’arrêt du procédé.
tension) diminue brutalement et provoque un
ralentissement. Ce ralentissement est fonction de Moteur synchrone
l’amplitude et de la durée du creux, de l’inertie Les effets sont à peu près identiques au cas des
des masses tournantes et de la caractéristique moteurs asynchrones.
couple-vitesse de la charge entraînée. Si le Les moteurs synchrones peuvent cependant
couple que le moteur développe devient inférieur supporter des creux de tension plus importants
au couple résistant, le moteur s’arrête (décroche). (de l’ordre de 50 %) sans décrocher, du fait de
Après une coupure, le retour de la tension leur inertie généralement plus importante, des
engendre un appel de courant de réaccélération possibilités de surexcitation et de la
proche du courant de démarrage et dont la proportionnalité de leur couple avec la tension.
durée dépend de la durée de la coupure. En cas de décrochage, le moteur s’arrête, et il
Lorsque l’installation comporte de nombreux faut reprendre tout le processus de démarrage
moteurs, leurs réaccélérations simultanées qui est assez complexe.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.12


Actionneurs Le fonctionnement en dehors de ces limites
Les organes de commande (contacteurs, conduit à des pertes de données, commandes
disjoncteurs équipés de bobine à manque de erronées, arrêt ou panne des appareils. Les
tension) alimentés directement par le réseau sont conséquences de la perte de fonction des
sensibles aux creux de tension dont la profondeur équipements dépendent en particulier des
dépasse 25 % de Un. En effet, pour un contacteur conditions de redémarrage lorsque la tension est
classique, il existe une valeur de tension minimale rétablie. Certains équipements possèdent par
à respecter (dite tension de retombée) en deçà exemple leur propre dispositif de détection des
de laquelle les pôles se séparent et transforment creux de tension qui permet de sauvegarder les
alors un creux de tension (de quelques dizaines données et d’assurer une sécurité en
de millisecondes) ou une coupure brève en une interrompant le processus de calcul et les
coupure longue (de plusieurs heures). commandes erronées.

Equipements de type informatique Machines à vitesse variable


Les équipements informatiques (ordinateurs, Les problèmes posés par les creux de tension
appareils de mesure) occupent aujourd’hui une appliqués aux variateurs de vitesse sont :
place prépondérante dans la surveillance et le c impossibilité de fournir la tension suffisante au
contrôle-commande des installations, la gestion, moteur (perte de couple, ralentissement),
la production. Ces équipements sont tous
sensibles aux creux de tension dont la c impossibilité de fonctionnement des circuits de
profondeur est supérieure à 10 % de Un. contrôle alimentés directement par le réseau,
La courbe ITI (Information Technology Industry c surintensité au retour de la tension (recharge
Council) – anciennement CBEMA – indique, dans du condensateur de filtrage des variateurs),
un plan durée-amplitude, la tolérance typique c surintensité et déséquilibre de courant en cas
des équipements informatiques aux creux de de creux de tension sur une seule phase,
tension, coupures et surtensions (cf. fig. 4 ). c perte de contrôle des variateurs à courant
continu en fonctionnement onduleur (freinage
par récupération d’énergie).
U (%)
Les variateurs de vitesse se mettent
500
généralement en défaut pour une chute de
tension supérieure à 15 %.

Eclairage
200
Les creux de tension provoquent un vieillissement
140 prématuré des lampes à incandescence et des
120
110 tubes fluorescents.
100
80 90 Les creux de tension de profondeur supérieure
70 ou égale à 50 % et dont la durée est de l’ordre
0 de 50 ms provoquent l’extinction des lampes à
0 0,01T 10-3 3.10-3 0,02 0,5 10 ∆T (s) décharge. Une durée d’extinction de quelques
Fig. 4 : tolérance typique définie par la courbe ITI. minutes est alors nécessaire au refroidissement
de l’ampoule avant réallumage.

3.2 Harmoniques
Leurs conséquences sont liées à l’augmentation Au-delà d’un taux de distorsion harmonique de
des valeurs crêtes (claquage diélectrique) et tension de 8 % les dysfonctionnements sont
efficaces (échauffement supplémentaire) et au probables. Entre 5 et 8 %, les
spectre en fréquence (vibration et fatigue dysfonctionnements sont possibles.
mécanique) des tensions et des courants. c Effets instantanés ou à court terme
Leurs effets ont toujours un impact économique v Déclenchements intempestifs des protections :
du fait du surcoût lié à : les harmoniques ont une influence gênante
c une dégradation du rendement énergétique de principalement sur les dispositifs de contrôle des
l’installation (pertes d’énergie), effets thermiques. En effet, lorsque de tels appa-
c un surdimensionnement des équipements, reils, voire des protections, déduisent la valeur
c une perte de productivité (vieillissement efficace du courant à partir de la valeur crête il y a
accéléré des équipements, déclenchements un risque d’erreur et de déclenchement intempestif
intempestifs). même en fonctionnement normal, sans surcharge.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.13


v Perturbations induites des systèmes à courants v destruction de matériels (condensateurs,
faibles (télécommande, télécommunication, disjoncteurs…).
chaîne hifi, écran d’ordinateur, téléviseur). Une surcharge et un échauffement
v Vibrations et bruits acoustiques anormaux supplémentaire du conducteur de neutre
(tableaux BT, moteurs, transformateurs). peuvent être la conséquence de la présence de
v Destruction par surcharge thermique de courants d’harmoniques 3 et multiples de 3
condensateurs. présents dans les conducteurs de phases qui
Si la fréquence propre de l’ensemble s’ajoutent dans le neutre.
condensateur-réseau amont est proche d’un En régime de neutre TNC le conducteur de
rang harmonique, il y a résonance et neutre est confondu avec le conducteur de
amplification de l’harmonique correspondant. protection. Or celui-ci interconnecte toutes les
v Perte de précision des appareils de mesure masses de l’installation y compris les structures
Un compteur d’énergie à induction classe 2 métalliques du bâtiment. Les courants
donne une erreur supplémentaire de 0,3 % en harmoniques 3 et multiples de 3 vont donc
présence d’un taux de 5 % d’harmonique 5 en circuler dans ces circuits et provoquer des
courant et en tension. variations de potentiel dont les conséquences
c Effets à long terme sont :
v corrosion de pièces métalliques,
Une surcharge en courant provoque des
échauffements supplémentaires donc un v surintensité dans les liaisons de
vieillissement prématuré des équipements : télécommunication reliant les masses de deux
récepteurs (par exemple, imprimante et micro-
v échauffement des sources : transformateurs,
ordinateur),
alternateurs (par augmentation des pertes Joule,
des pertes fer), v rayonnement électromagnétique perturbant les
écrans (micro-ordinateurs, appareils de
v fatigue mécanique (couples pulsatoires dans
laboratoire).
les machines asynchrones),
v échauffement des récepteurs : des Le tableau de la figure 5 résume les principaux
conducteurs de phases et du neutre par effets des harmoniques ainsi que les niveaux
augmentation des pertes joule et diélectriques. admissibles habituels.
Les condensateurs sont particulièrement Les interharmoniques ont pour effets de
sensibles aux harmoniques du fait que leur perturber les récepteurs de télécommande et de
impédance décroît proportionnellement au rang provoquer un phénomène de papillotement
des harmoniques. (flicker) (cf. CahierTechnique n°176).

Matériels Effets Limites


Condensateurs Echauffement, vieillissement prématuré (claquage), I < 1,3 In
de puissance résonance. (THD I < 83 %),
ou U < 1,1 Un
pour 12 h / j en HTA
ou 8 h / j en BT
Moteurs Pertes et échauffements supplémentaires. FVH i 2%
Réduction des possibilités d’utilisation à pleine charge.
Couple pulsatoire (vibrations, fatigue mécanique)
Nuisances sonores.
Transformateurs Pertes (ohmique-fer) et échauffements supplémentaires.
Vibrations mécaniques. Nuisances sonores.
Disjoncteurs Déclenchements intempestifs (dépassements Uh / U1 i 6 à 12 %
des valeurs crêtes de la tension…).
Câbles Pertes diélectriques et ohmiques supplémentaires THD i 10%
(particulièrement dans le neutre en cas de présence U h / U1 i 7 %
d’harmoniques 3).
Ordinateurs Troubles fonctionnels. U h / U1 i 5 %
Electronique de Troubles liés à la forme d’onde
puissance (commutation, synchronisation).

13
FVH = ∑ Uh2 h (facteur de variation harmonique)
h= 2

Fig. 5 : effets des harmoniques et niveaux admissibles habituels.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.14


3.3 Surtensions
Leurs conséquences sont très diverses selon le c contraintes électrodynamiques et thermiques
temps d’application, la répétitivité, l’amplitude, le (incendie) causées par :
mode (commun ou différentiel), la raideur du v La foudre essentiellement.
front de montée, la fréquence : Les réseaux aériens sont les plus affectés
c claquage diélectrique, cause de destruction de par la foudre, mais les installations alimentées
matériel sensible (composants électroniques…), par des réseaux souterrains peuvent subir des
c dégradation de matériel par vieillissement contraintes de tension élevées en cas de
(surtensions non destructives mais répétées), foudroiement à proximité du site.
c coupure longue entraînée par la destruction de v Les surtensions de manœuvre qui sont
matériel (perte de facturation pour les distributeurs, répétitives et dont la probabilité d’apparition est
pertes de production pour les industriels), nettement supérieure à celle de la foudre et de
c perturbations des circuits de contrôle- durée plus longue.
commande et de communication à courant faible Elles peuvent conduire à des dégradations aussi
(cf. Cahier Technique n°187), importantes que la foudre.

3.4 Variations et fluctuations de tension


Comme les fluctuations ont une amplitude qui l’amplitude des fluctuations, de la cadence de
n’excède pas ± 10 %, la plupart des appareils ne répétition des variations, de la composition
sont pas perturbés. Le principal effet des spectrale et de la durée de la perturbation.
fluctuations de tension est la fluctuation de la Il existe toutefois un seuil de perceptibilité
luminosité des lampes (papillotement ou flicker) (amplitude en fonction de la fréquence de
(cf. Cahier Technique n°176). La gêne physiolo- variation) défini par la CEI en dessous duquel le
gique (fatigue visuelle et nerveuse) dépend de flicker n’est pas visible.

3.5 Déséquilibres
Le principal effet est le suréchauffement des de phase peuvent alors différer considérablement.
machines asynchrones triphasées. Ce qui accroît l’échauffement de la ou des
En effet, la réactance inverse d’une machine phases parcourues par le courant le plus élevé
asynchrone est équivalente à sa réactance et réduit la durée de vie de la machine.
pendant la phase de démarrage. Le taux de En pratique, un taux de déséquilibre de tension
déséquilibre en courant sera donc plusieurs fois de 1% pendant une longue période, et 1,5 % de
celui de la tension d’alimentation. Les courants moins de quelques minutes est acceptable.

3.6 Résumé

Equipements Sensibilité aux perturbations


Creux de tension Surtensions Harmoniques Déséquilibres Fluctuations
< 0,5 s > 0,5 s de tension
c Moteur asynchrone
c Moteur synchrone
c Actionneur
c Variateur de vitesse
c Charge informatique,
commande numérique
c Four à induction
c Eclairage
c Batterie de condensateurs
c Transformateur
c Onduleur
c Disjoncteur
c Câble

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.15


4 Niveau de qualité de l’énergie

4.1 Méthodologie d’évaluation


Application contractuelle Les conditions d’environnement telles que
Le contrat doit indiquer : l’humidité, la poussière, la température ne
doivent pas être sous-estimées.
c la durée du contrat,
L’installation, en particulier le câblage, les
c les paramètres à mesurer, disjoncteurs et les fusibles, doit être vérifiée.
c les valeurs contractuelles,
c Instrumentation de l’installation
c le(s) point(s) de la mesure,
Cette étape consiste à équiper le site d’appareils
c les tensions mesurées : ces tensions (entre de mesure qui permettent de détecter et
phases et/ou entre phases et neutre) doivent d’enregistrer l’événement à l’origine du
être celles qui alimentent les équipements ;
problème. Il peut être nécessaire d’instrumenter
c pour chaque paramètres mesurés le choix de plusieurs points de l’installation et en particulier
la méthode de mesure, l’intervalle de temps, la (lorsque c’est possible) au plus près de l’(des)
période de la mesure (par ex. 10 minutes et 1 an équipement(s) perturbé(s).
pour l’amplitude de la tension) et des valeurs de
référence ; par exemple pour les creux de L’appareil détecte des événements par
tension et coupures il s’agit de définir la tension dépassement de seuils sur les paramètres de
de référence, les seuils de détection et la limite mesure de la qualité de l’énergie et enregistre
entre coupures longues et coupures brèves ; les données caractéristiques de l’événement
(par exemple date, heure, profondeur d’un creux
c la précision de la mesure,
de tension, THD). Les formes d’ondes juste
c la méthode de détermination des pénalités en avant, pendant et après la perturbation peuvent
cas de non respect des engagements, aussi être sauvegardées. Les seuils doivent être
c les clauses en cas de mésentente concernant paramétrés en fonction de la sensibilité des
l’interprétation des mesures (intervention d’une équipements.
tierce partie…), Lorsque des appareils portatifs sont utilisés, la
c l’accès et la confidentialité des données. durée des mesures doit être représentative du
cycle de fonctionnement d’une usine (par ex.
Maintenance corrective
une semaine). Il faut alors attendre que la
C’est généralement suite à des incidents ou perturbation se reproduise.
dysfonctionnements en exploitation qu’est
Des appareils fixes permettent une surveillance
engagée une action de dépannage en vue de
permanente de l’installation. Si ces appareils
mettre en place des mesures correctives.
sont correctement paramétrés, ils assurent une
Les étapes sont en général :
fonction de prévention et de détection en
c Recueil de données consignant chaque perturbation. Les
Il s’agit de collecter les informations telles que le informations peuvent être visualisées soit
type de charges, l’âge des composants du localement soit à distance par un réseau Intranet
réseau et le schéma unifilaire. ou Internet. Ceci permet de diagnostiquer les
événements mais aussi d’anticiper les
c Recherche de symptômes
problèmes (maintenance préventive). Il en est
Il s’agit d’identifier et de localiser les équipements ainsi avec les appareils de la gamme Power
perturbés, de déterminer l’heure et la date (fixe Logic System (Circuit Monitor - Power Meter),
ou aléatoire) du problème, la corrélation Digipact et la dernière génération de
éventuelle avec des conditions météorologiques disjoncteurs Masterpact équipés de déclencheur
particulières (vent fort, pluie, orage) ou avec une Micrologic P (cf. fig. 6 ).
modification récente de l’installation (installation
de nouvelles machines, modification du réseau). Les enregistrements de perturbations provenant
du réseau du distributeur et ayant causé des
c Connaissance et vérification de l’installation dommages (destruction de matériels, pertes de
Cette phase suffit parfois à déterminer production…) peuvent être aussi utiles en cas de
rapidement l’origine du dysfonctionnement. négociation de dédommagement.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.16


c Identification de l’origine v Localiser les économies potentielles,
La signature (forme d’onde, profil de valeur v Gérer les crêtes de consommation (délestage,
efficace) de la perturbation permet en général à sources autonomes),
des experts de localiser et d’identifier la source v Optimiser le contrat d’énergie (réduction de la
du problème (un défaut, un démarrage moteur, un puissance souscrite),
enclenchement de banc de condensateurs…). v Améliorer le facteur de puissance (réduction
La connaissance simultanée de la signature en de la puissance réactive).
tension et en courant permet en particulier de
c Assurer la qualité de l’énergie
déterminer si l’origine du problème est située en
amont ou en aval du point de mesure. La v Visualiser et surveiller les paramètres de
perturbation peut en effet provenir de mesure de la qualité de l’énergie,
l’installation ou du réseau du distributeur. v Détecter par anticipation les problèmes
(surveillance des harmoniques et du courant de
c Etude et choix de solutions
neutre…) pour une maintenance préventive.
La liste et les coûts des solutions sont établis.
Le choix de la solution s’effectue souvent en c Veiller à la continuité de service
comparant son coût avec le manque à gagner v Optimiser la maintenance et l’exploitation,
en cas de perturbations. v connaître le réseau en temps réel,
Après la mise en œuvre d’une solution, il est v surveiller le plan de protection,
important de vérifier, par la mesure, son efficacité. v diagnostiquer les défauts,
Optimiser le fonctionnement des installations v reconfigurer un réseau suite à un défaut,
électriques v assurer un transfert de source automatique.
Ce souci d’optimiser le fonctionnement d’une Des outils logiciels assurent le contrôle-
installation électrique se traduit par trois actions commande et la surveillance de l’installation.
complémentaires : Ils permettent par exemple de détecter et
d’archiver les événements, de surveiller en
c Economiser l’énergie et réduire les factures temps réel les disjoncteurs et les relais de
d’énergie protections, de commander à distance les
v Sensibiliser les utilisateurs aux coûts, disjoncteurs, et de façon générale d’exploiter
v Affecter les coûts en interne (par site, par les possibilités des appareils communicants
service ou par ligne de produits), (cf. fig. 6).

Circuit Monitor Digipact


Dispositif de Power Meter
mesure et de
commande

Sepam

Digipact DC150 Disjoncteur


Concentrateur Compact NS
de données

Disjoncteur
Masterpact

Fig. 6 : quelques produits communicants (marque Merlin Gerin).

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.17


4.2 La CEM et les niveaux de planification
La compatibilité électromagnétique (CEM) Caractéristiques de la tension
La compatibilité électromagnétique est l’aptitude La méthode permettant d’évaluer les caractéristi-
d’un appareil ou d’un système à fonctionner ques réelles de la tension en un point donné du
dans son environnement électromagnétique de réseau et de les comparer aux limites précitées,
façon satisfaisante et sans produire lui-même est basée sur un calcul statistique sur une période
des perturbations électromagnétiques donnée de mesures. Par exemple, pour la tension
intolérables pour tout ce qui se trouve dans son harmonique la période de mesure est d’une
environnement (VEI 60050 (161)). semaine et 95 % des valeurs efficaces calculées
L‘objectif de la compatibilité électromagnétique sur des périodes successives de 10 minutes ne
est d’assurer que : doivent pas dépasser les limites spécifiées.
c L’émission de chaque source séparée de Niveaux de planification
perturbations est telle que l’émission combinée
Ce sont des objectifs internes de qualité
de toutes les sources n’excède pas les niveaux
spécifiés par l’exploitant du réseau et utilisés
de perturbation attendus dans l’environnement.
pour évaluer l’impact sur le réseau de toutes les
c Le niveau d’immunité des équipements permet charges perturbatrices. Ils sont habituellement
le niveau de performance approprié au niveau égaux ou inférieurs aux niveaux de compatibilité.
de perturbations attendu selon trois classes
d’environnement (cf. fig. 7 ). Résumé
A noter que l’environnement est déterminé aussi La figure 8 résume les relations entre les
par les caractéristiques spécifiques de différents niveaux de perturbation.
l’installation de l’usager (schéma électrique de
l’installation, types de charges) et par les
caractéristiques de la tension d’alimentation. Niveau de perturbation
Un moyen d’assurer les niveaux de compatibilité
est de spécifier les limites d’émission des Susceptibilité des matériels
installations des usagers avec une marge
Niveau d'immunité
suffisante en dessous du niveau de (valeur d'essai spécifiée)
compatibilité. En pratique ceci est réalisable
pour les installations de grande puissance Caractéristique
de la tension
(CEI 61000-3-6, CEI 61000-3-7). Pour les autres
installations (par ex. BT) les normes « produits » Niveau de compatibilité
spécifient des limites d’émission par familles (valeur conventionnelle)
d’équipements (ex. la norme CEI 61000-3-2 Niveau de planification
impose les limites d’émission harmoniques en
Niveau d'émission
courant pour les charges de moins de 16 A).
Dans certains cas, il est nécessaire de mettre en
Distribution statistique
œuvre des moyens techniques qui maintiennent
les niveaux d’émission en dessous des niveaux Fig. 8 : relations entre les différents niveaux de
prescrits. perturbation.

Perturbations Classe 1 Classe 2 Classe 3


Variations de tension ∆U/UN ±8% ± 10 % +10 % -15 %
Creux de tension(1)
∆U / UN 10 % à 100 % 10 % à 100 % 10 % à 100 %
∆T (nombre de demi-période) 1 1 à 300 1 à 300
Coupures brèves (s) aucune – i 60
Déséquilibre de tension Ui / Ud 2% 2% 3%
Variations de fréquence ∆f / fN ±1% ±1% ±2%
(1) Ces valeurs ne sont pas des niveaux de compatibilité : elles sont données à titre indicatif.
Fig. 7 : les niveaux de compatibilité selon la norme CEI 61000-2-4.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.18


5 Solutions pour améliorer la QEE

Une dégradation de qualité peut conduire à une perturbations contre lesquelles il faut se
modification du comportement, des prémunir (par ex. les remèdes sont différents
performances ou même à la destruction des selon la durée d’une coupure), est
équipements et des procédés qui en dépendent indispensable. Il conditionne l’efficacité de la
avec des conséquences possibles sur la sécurité solution retenue. L’étude, le choix, la mise en
des personnes et des surcoûts économiques. œuvre et la maintenance (qui assure l’efficacité
Ceci suppose trois éléments : dans le temps) de solutions doivent aussi être
c un ou plusieurs générateurs de perturbations, effectués par des spécialistes.
L’utilité même de choisir une solution et de la
c un ou plusieurs récepteurs sensibles à ces
mettre en œuvre dépend :
perturbations,
c entre les deux un chemin de propagation de c Du niveau de performance souhaité
ces perturbations. Un dysfonctionnement peut être inadmissible s’il
Les solutions consistent à agir sur tout ou partie met en jeu la sécurité des personnes (hôpitaux,
de ces trois éléments soit de façon globale balisage des aéroports, éclairages et systèmes
(installation) soit de façon locale (un ou plusieurs de sécurité des locaux recevant du public,
récepteurs). auxiliaires de centrale…)
Ces solutions peuvent être mise en œuvre pour : c Des conséquences financières du
c corriger un dysfonctionnement dans une dysfonctionnement
installation, Tout arrêt non programmé, même très court, de
c agir de façon préventive en vue du certains procédés (fabrication de semi-
raccordement de charges polluantes, conducteurs, sidérurgie, pétrochimie…) conduit
à une perte ou à une non qualité de la
c mettre en conformité l’installation par rapport à
production voire une remise en état de l’outil de
une norme ou à des recommandations du production.
distributeur d’énergie,
c Du temps de retour sur investissement
c réduire la facture énergétique (réduction de
souhaité
l’abonnement en kVA, réduction de la
consommation). C’est le rapport entre les pertes financières
(matières premières, pertes de production…)
Les récepteurs n’étant pas sensibles aux mêmes
provoquées par la non-qualité de l’énergie
perturbations et avec des niveaux de sensibilité
électrique et le coût (étude, mise en œuvre,
différents, la solution adoptée, en plus d’être la
fonctionnement, maintenance) de la solution.
plus performante d’un point de vue technico-
économique, doit garantir un niveau de QEE sur D’autres critères tels que les habitudes, la
mesure et adapté au besoin réel. réglementation et les limites de perturbations
Un diagnostic préalable effectué par des imposées par le distributeur sont aussi à prendre
spécialistes, de façon à déterminer la nature des en compte.

5.1 Creux de tension et coupures


L’architecture du réseau, les automatismes de Réduction du nombre de creux de tensions et
réalimentation, le niveau de fiabilité des de coupures
matériels, la présence d’un système de contrôle- Les distributeurs peuvent prendre certaines
commande ainsi que la politique de maintenance dispositions telles que la fiabilisation des ouvrages
jouent un rôle important dans la réduction et (maintenance préventive ciblée, renouvellement,
l’élimination des temps de coupure. mise en souterrain), la restructuration des
Pour choisir une solution efficace, il faut avant réseaux (raccourcissement de la longueur des
tout réaliser un bon diagnostic. Par exemple, au départs). Ils peuvent aussi, au sein des réseaux
point de couplage commun (entrée électrique du à neutre impédant, remplacer des disjoncteurs
client), il est important de savoir si le creux de déclencheurs-réenclencheurs automatiques par
tension provient de l’installation du client (avec des disjoncteurs shunt qui ont le gros avantage
augmentation correspondante de l’intensité) ou de ne pas provoquer de coupures sur le départ
du réseau (sans augmentation). avarié en cas de défaut fugitif à la terre
Différents types de solutions existent. (réduction du nombre de coupures brèves).

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.19


Ces disjoncteurs provoquent l’extinction des Commande et des régulations de celle des
défauts fugitifs à la terre en annulant pendant au moteurs et des gros consommateurs d’énergie.
moins 300 ms la tension aux bornes du défaut En effet, un creux de tension ou une coupure
par la mise à la terre de la seule phase en défaut (même brève) peut être suffisante pour faire
au niveau du jeu de barres du poste source. Ce ouvrir tous les contacteurs dont les bobines sont
qui ne modifie pas la tension entre phases alimentées par le circuit de puissance. Les
alimentant la clientèle. récepteurs commandés par des contacteurs ne
sont alors plus alimentés lors du retour de la
Réduction de la durée et de la profondeur tension.
des creux de tension
c Au niveau du réseau Insensibilisation du contrôle-commande
v Augmentation des possibilités de bouclage L’insensibilisation d’un process est
(nouveaux postes source, interrupteur de généralement basée sur l’insensibilisation du
bouclage). contrôle commande.
v Amélioration du niveau de performance des Le contrôle-commande des équipements est en
protections électriques (sélectivité, automatisme général peu consommateur d’énergie et sensible
de reprise d’alimentation, organes aux perturbations. Il est donc souvent plus
télécommandés en réseau, téléconduite, économique de désensibiliser uniquement le
remplacement des éclateurs par des contrôle-commande et non pas l’alimentation en
parafoudres…). puissance des équipements.
v Augmentation de la puissance de court circuit Le maintien de la commande sur les machines
du réseau. suppose :
c qu’il ne peut y avoir danger pour la sécurité du
c Au niveau des équipements
personnel et des équipements lors du retour de
Diminution de la puissance absorbée par les la tension,
charges de fortes puissances lors de leur mise
c que les charges et les procédés admettent une
sous tension avec des compensateurs
automatiques en temps réel et des démarreurs coupure brève du circuit de puissance (forte
progressifs qui limitent les pointes de courant inertie ou ralentissement toléré) et puissent ré-
(ainsi que les sollicitations mécaniques). accélérer à la volée lors du retour de la tension,
c que la source peut assurer l’alimentation de
Insensibilisation des installations l’ensemble des récepteurs en régime permanent
industrielles et tertiaires (cas d’une source de remplacement) mais aussi
Le principe général de désensibilisation contre l’appel de courant provoqué par le redémarrage
les creux de tension et les coupures est de simultané de nombreux moteurs.
compenser le manque d’énergie par un dispositif Les solutions consistent à alimenter toutes les
à réserve d’énergie intercalé entre le réseau et bobines des contacteurs par une source
l’installation. Cette réserve doit avoir une auxiliaire sûre (batterie ou groupe tournant avec
autonomie supérieure à la durée du défaut de volant d’inertie), ou à utiliser un relais temporisé
tension dont on veut se protéger. à la retombée, ou encore par l’intermédiaire d’un
Les informations nécessaires au choix du redresseur et d’un condensateur branché en
dispositif d’insensibilisation sont : parallèle avec la bobine.
c qualité de la source (niveau maximal de
perturbations présent), Insensibilisation de l’alimentation en
puissance des équipements
c exigences des récepteurs (sensibilité dans le
plan durée-profondeur). Certains récepteurs n’acceptent pas les niveaux
de perturbations attendus, voire ni creux de
Seule une analyse fine du process et des
tension ni coupures. C’est le cas des charges
conséquences techniques et financières de la
« prioritaires » telles que les ordinateurs,
perturbation permet de les réunir.
éclairages et systèmes de sécurité (hôpitaux,
Différentes solutions de désensibilisation sont balisage des aéroports, locaux recevant du
possibles selon la puissance nécessaire à public) et les chaînes de fabrication continue
l’installation et la durée du creux de tension ou (fabrication de semi-conducteurs, centres de
de la coupure. calcul, cimenterie, traitement de l’eau,
Il est souvent intéressant d’étudier les solutions manutention, industrie du papier, sidérurgie,
en distinguant l’alimentation du Contrôle- pétrochimie, etc.).

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.20


En fonction de la puissance nécessaire à La maintenance est assurée sans coupure via
l’installation et de la durée du creux de tension un by-pass de maintenance.
ou de la coupure le choix se fait entre les v La technologie off-line (ou stand-by)
différentes solutions techniques suivantes. Elle est employée pour des applications ne
c Alimentation statique sans interruption (ASI) dépassant pas quelques kVA.
Une ASI est constituée de trois éléments En fonctionnement normal, l’utilisation est
principaux : alimentée par le réseau. En cas de perte du
v un redresseur-chargeur, alimenté par le réseau ou lorsque la tension sort des tolérances
réseau, transforme la tension alternative en prévues, l’utilisation est transférée sur l’onduleur.
tension continue ; Cette commutation provoque une coupure de
2 à 10 ms.
v une batterie est maintenue chargée, qui, lors
d’une coupure, fournit l’énergie nécessaire à c La permutation de sources
l’alimentation de la charge par l’onduleur ; Un dispositif élabore les ordres de permutation
v un onduleur qui transforme la tension continue de la source principale à une source de rempla-
en tension alternative. cement (et inversement) pour l’alimentation des
Deux technologies sont couramment utilisées : charges prioritaires et si nécessaire émet les
on-line ou off-line. ordres de délestage des charges non prioritaires.
Trois types de permutation existent selon la
v La technologie on-line
durée de transfert (∆t) :
En fonctionnement normal, l’alimentation est
v synchrone (∆t = 0),
délivrée en permanence par l’onduleur sans
solliciter la batterie. C’est par exemple le cas des v à temps mort (∆t = 0,2 à 30 s) ,
onduleurs Comet, Galaxy de la marque MGE- v pseudo-synchrone (0,1 s < ∆t < 0,3 s).
UPS. Ils assurent la continuité (pas de délais de Ces dispositifs imposent des précautions
commutation) et la qualité (régulation de tension particulières (cf. Cahier Technique n°161).
et de fréquence) de l’alimentation pour des Par exemple, lorsque l’installation comporte de
charges sensibles de quelques centaines à nombreux moteurs, leurs réaccélérations
plusieurs milliers de kVA. simultanées provoquent une chute de tension
Plusieurs ASI peuvent être mises en parallèle qui peut empêcher le redémarrage ou conduire à
pour obtenir plus de puissance ou pour créer des redémarrages trop longs (avec des risques
une redondance. d’échauffement). Il est alors judicieux de prévoir
En cas de surcharges, l’utilisation est alimentée un automate qui réalise un redémarrage
par le contacteur statique (cf. fig. 9 ) à partir échelonné des moteurs prioritaires, particulière-
du réseau 2 (qui peut être confondu avec le ment avec une source de remplacement (de
réseau 1). secours) de faible puissance de court-circuit.

By-pass manuel de maintenance (NO)

Contacteur statique

Réseau 2

Arrivées réseau Interrupteur


d'alimentation (NF) Redresseur chargeur Onduleur
Utilisation
Réseau 1

Interrupteur Interrupteur
ou Disjoncteur (NF) NO : normalement
disjoncteur batterie (NF) ouvert
(NF) Batterie NF : normalement
fermé

Fig. 9 : schéma de principe d’une alimentation sans interruption (ASI) on-line.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.21


Cette solution est à retenir lorsqu’une installation compensation en temps réel de la puissance
ne peut pas supporter une longue interruption, réactive ; il est particulièrement bien adaptée au
supérieure à quelques minutes, et/ou nécessite cas des charges variant rapidement et de façon
une grosse puissance disponible. Elle peut aussi importante (soudeuses, élévateurs, presses,
être prévue en complément d’une ASI. concasseurs, démarrages moteur…).
c Groupe à temps zéro
L’arrêt propre
Dans certaines installations, l’autonomie
Si un arrêt est acceptable, l’impossibilité d’une
nécessaire en cas de coupure est telle qu’un
remise en marche non contrôlée est
groupe électrogène est installé (des batteries
particulièrement indiquée lorsqu’un redémarrage
conduiraient à des coûts prohibitifs, à des
problèmes de réalisation technique ou à des intempestif présente un risque pour l’opérateur
problèmes d’installation). Cette solution permet, sur machine (scie circulaire, machine tournante)
en cas de perte de l’alimentation, d’effectuer ou pour le matériel (cuve de compression encore
grâce à l’autonomie de la batterie, le démarrage sous pression ou étalement des redémarrages
du groupe électrogène, sa mise en vitesse, un dans le temps de compresseurs de climatiseurs,
éventuel délestage et un couplage sans coupure pompes à chaleur ou de groupes frigorifiques)
au moyen d’un inverseur de source automatique. ou pour l’application (nécessité de contrôler le
redémarrage de la fabrication). Un redémarrage
c Compensateurs électroniques automatique du procédé peut être ensuite
Ces dispositifs électroniques modernes assuré par un automate selon une séquence de
compensent dans une certaine mesure les creux redémarrage préétablie quand les conditions
de tension et les coupures avec un faible temps sont redevenues normales.
de réponse, par exemple le compensateur
automatique en temps réel réalise une Résumé (cf. tableau ci-dessous)

Puissance Durée (grandeurs indicatives) Solution de désensibilisation


de l’installation et impératifs techniques
0à 100 ms 400 ms 1s 1 min > 3 min
100 ms à 400 ms à 1 s à 1 min à 3 min
Quelques VA Temporisation des
contacteurs.
Alimentation en courant continu
avec stockage par capacité.
< 500 kVA Groupe tournant avec
volant d’inertie.
< 1 MVA Permutation de source
Groupe diesel.
< 300 kVA Entre 15 minutes et plusieurs heures, suivant la capacité Alimentation en courant continu
de la batterie. avec stockage par batterie.
< 500 kVA La permutation sur une source de secours peut Groupe tournant avec volant
provoquer une coupure brève. d’inertie et moteur thermique ou
source de secours.
< 500 kVA Entre 15 minutes et plusieurs heures, suivant la capacité Moteur à courant continu associé
de la batterie. à une batterie et un alternateur.
< 1 MVA (jusqu’à Entre 10 minutes (standard) et plusieurs heures, ASI.
4800 kVA avec suivant la capacité de la batterie.
plusieurs ASI en
parallèle)

Système de désensibilisation efficace

Système de désensibilisation inefficace

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.22


5.2 Harmoniques
Trois orientations sont possibles pour les v Déclasser des équipements
supprimer, ou au moins réduire leur influence. v Confiner les charges polluantes
Un paragraphe particulier aborde la question des En premier, il faut raccorder les équipements
protections. sensibles aussi près que possible de leur source
c Réduction des courants harmoniques générés d’alimentation.
v Inductance de ligne Ensuite, il faut identifier puis séparer les charges
polluantes des charges sensibles, par exemple
Une inductance triphasée est placée en série
en les alimentant par des sources séparées ou
avec l’alimentation (ou intégrée dans le bus
par des transformateurs dédiés. Tout cela en
continu pour les convertisseurs de fréquence).
sachant que les solutions qui consistent à agir
Elle réduit les harmoniques de courant de ligne
sur la structure de l’installation sont, en général,
(en particulier ceux de rang élevés) donc la valeur
lourdes et coûteuses.
efficace du courant absorbé ainsi que la distorsion
au point de raccordement du convertisseur. v Protections et surdimensionnement des
Il est possible de l’installer sans intervenir sur le condensateurs
générateur d’harmoniques et d’utiliser des Le choix de la solution dépend des caractéristi-
inductances communes à plusieurs variateurs. ques de l’installation. Une règle simplifiée permet
v Utilisation de redresseurs dodécaphasés de choisir le type d’équipement avec
Gh puissance apparente de tous les générateurs
Cette solution permet, par combinaison des
d’harmoniques alimentés par le même jeu de
courants, d’éliminer au primaire les harmoniques
barres que les condensateurs, et Sn puissance
de rang les plus bas tels que 5 et 7 (souvent les
apparente du ou des transformateurs amont :
plus gênants car de plus fortes amplitudes). Elle
nécessite un transformateur à deux secondaires, - si Gh/Sn i 15 % les équipements type standard
l’un en étoile, l’autre en triangle, et permet de ne conviennent,
générer que les harmoniques de rang 12k ± 1. - si Gh/Sn > 15 % deux solutions sont à envisager.
v Appareils à prélèvement sinusoïdal 1 - Cas de réseaux pollués
(cf. Cahier Technique n°183) (15 % < Gh/Sn i 25 %) : il faut surdimensionner en
Cette méthode consiste à utiliser des courant les appareillages et les liaisons en série
convertisseurs statiques dont l’étage redresseur et en tension les condensateurs.
exploite la technique de commutation MLI qui 2 - Cas de réseaux très pollués
permet d’absorber un courant sinusoïdal. (25 % < Gh/Sn i 60 %) : il faut associer des selfs
anti-harmoniques aux condensateurs accordées
c Modification de l’installation à une fréquence inférieure à la fréquence de
v Immuniser les charges sensibles à l’aide de l’harmonique le plus bas (par exemple 215 Hz
filtres pour un réseau 50 Hz) (cf. fig. 10 ). Ceci élimine
v Augmenter la puissance de court-circuit de les risques de résonance et contribue à réduire
l’installation les harmoniques.

Z (Ω)

Réseau seul
avec condensateur
avec self anti-harmonique

f (Hz)
fr far
Zone de présence d'harmoniques

Fig 10 : effets d’une self anti-harmonique sur l’impédance d’un réseau.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.23


c Filtrage consommés par la charge et en restituant ensuite
Dans le cas où Gh/Sn > 60 %, le calcul et le même courant harmonique avec la phase
l’installation de filtre d’harmonique doivent être convenable. Il est possible de mettre en parallèle
réalisés par des spécialistes (cf. fig. 11 ). plusieurs filtres actifs. Un filtre actif peut être, par
exemple, associé à une ASI de façon à réduire
v Le filtrage passif (cf. Cahier Technique n°152)
les harmoniques réinjectés en amont.
Il consiste à réaliser une impédance faible aux
fréquences à atténuer grâce à l’agencement de v Le filtrage hybride
composants passifs (inductance, condensateur, Il est composé d’un filtre actif et d’un filtre passif
résistance). Cet ensemble est placé en accordé sur le rang de l’harmonique prépondérant
dérivation sur le réseau. Plusieurs filtres passifs (ex. 5) et qui fournit l’énergie réactive nécessaire.
en parallèle peuvent être nécessaires pour filtrer c Cas particulier : les disjoncteurs
plusieurs composantes. Le dimensionnement (cf. Cahier Technique n°182)
des filtres harmoniques doit être soigné : un filtre Les harmoniques peuvent provoquer des
passif mal conçu peut conduire à des résonances déclenchements intempestifs des dispositifs de
dont l’effet est d’amplifier des fréquences qui protection, pour les éviter il convient de bien
n’étaient pas gênantes avant son installation. choisir ces appareils.
v Le filtrage actif (cf. Cahier Technique n°183) Les disjoncteurs peuvent être équipés de deux
Il consiste à neutraliser les harmoniques émis types de déclencheurs, magnétothermiques ou
par la charge en analysant les harmoniques électroniques.

Filtre Principe Caractéristiques


Passif Dérivation par un circuit LC accordé sur c Pas de limites en courant harmonique.
chaque fréquence harmonique à éliminer. c Compensation d’énergie réactive assurée.

Réseau c Elimination d’un ou plusieurs rangs


Charge(s)
harmoniques (habituellement : 5, 7, 11). Un filtre
polluante(s)
pour un ou deux rangs à compenser.
Filtre(s)
passif(s) c Risque d’amplification des harmoniques en
cas de modification du réseau.
c Risque de surcharge par pollution extérieure.
c Filtre « réseau » (global).
c Etude au cas par cas.
Actif Génération d’un courant annulant tous c Solution bien adaptée au filtrage « machine »
les harmoniques créés par la charge. (local)
c Filtrage sur une large bande de fréquence
(élimination des harmoniques des rangs 2 à 25).
Charge(s) c Auto-adaptatif :
Réseau v modification du réseau sans influence,
v s’adapte à toutes variations de charge et de
spectre harmonique,
v solution évolutive et souple en fonction de
chaque type de charge.
c Etude simplifiée.
Filtre actif

Hybride Cumule les avantages des solutions filtrage


Réseau passif et actif et couvre un large domaine de
puissance et de performances :
Charge(s) c Filtrage sur une large bande de fréquences
(élimination des harmoniques de rangs 2 à 25).
c Compensation d’énergie réactive.
Filtre actif
c Grande capacité de filtrage en courant.
Filtre Filtre passif
hybride c Bonne solution technico-économique pour un
filtrage « réseau ».

Fig. 11 : principes et caractéristiques du filtrage passif, actif, hybride.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.24


Les premiers cités sont surtout sensibles aux vraie du courant (RMS). De tels appareils
harmoniques par leurs capteurs thermiques qui présentent alors l’avantage de mieux suivre
appréhendent bien la charge réelle imposée aux l’évolution de la température des câbles
conducteurs par la présence des harmoniques. notamment dans le cas de charges à
De ce fait ils sont bien adaptés à leur usage, fonctionnement cyclique car leur mémoire
essentiellement domestique et industriel, sur les thermique est plus performante que celle des
circuits de petites intensités. bilames à chauffage indirect.
Les seconds, selon leur mode de calcul des
intensités véhiculées, peuvent présenter le c Le déclassement
risque de déclenchement intempestif, aussi il Cette solution, applicable à certains équipements,
convient de bien choisir ces appareils et de est une réponse facile et souvent suffisante à la
veiller à ce qu’ils mesurent la valeur efficace gêne occasionnée par les harmoniques.

5.3 Surtensions
Obtenir une bonne coordination d’isolement manœuvre, mise sous tension de circuits
c’est réaliser la protection des personnes et des fortement capacitifs à la terre (filtres capacitifs
matériels contre les surtensions avec le meilleur reliés à la terre, réseaux de câbles étendus…)
compromis technico-économique. qui s’écoulent dans le réseau en aval du DDR
Elle nécessite (cf. Cahier Technique n°151) : (Dispositif à courant Différentiel Résiduel) par les
c de connaître le niveau et l’énergie des capacités à la terre du réseau.
surtensions pouvant exister sur le réseau,
Surtensions atmosphériques
c de choisir le niveau de tenue aux surtensions
c Protection primaire
des composants du réseau permettant de
satisfaire aux contraintes, Elle protége le bâtiment et sa structure contre
les impacts directs de la foudre (paratonnerres,
c d’utiliser des protections quand cela est
cages maillées (Faraday), câbles de garde / fil
nécessaire.
tendu).
En fait, les solutions à retenir dépendent du type
de surtensions rencontrées. c Protection secondaire
Elle protége les équipements contre les
Surtensions à fréquence industrielle surtensions atmosphériques consécutives au
c Mettre hors service tout ou partie des coup de foudre.
condensateurs en période de faible charge, Des parafoudres (de moins en moins des
c Eviter de se trouver dans une configuration à éclateurs) sont installés sur les points des
risque de ferrorésonance ou introduire des pertes réseaux HT et en MT particulièrement exposés
(résistances d’amortissement) qui amortissent le et à l’entrée des postes MT/BT (cf. Cahier
phénomène (cf. Cahier Technique n°190). Technique n°151).
En BT, ils sont installés à la fois le plus en amont
Surtensions de manœuvre possible de l’installation BT (afin de protéger le
c Limiter les transitoires provoqués par la plus globalement possible) et le plus près
manœuvre de condensateurs, par l’installation possible des récepteurs électriques. La mise en
de self de choc, résistances de préinsertion. cascade de parafoudres est parfois nécessaire :
Les compensateurs automatiques statiques un, en tête d’installation, et un, au plus près des
qui permettent de maîtriser l’instant récepteurs (cf. Cahier Technique n°179). Un
d’enclenchement sont particulièrement adaptés parafoudre BT est toujours associé à un dispositif
aux applications BT n’acceptant pas les de déconnexion. D’autre part, l’utilisation d’un
surtensions transitoires (automates industriels, disjoncteur de branchement différentiel sélectif
informatique). en BT évite que l’écoulement du courant à la
terre par le parafoudre ne provoque de
c Placer des inductances de ligne en amont des déclenchement intempestif du disjoncteur de
convertisseurs de fréquence pour limiter les tête incompatible avec certains récepteurs
effets des surtensions transitoires. (congélateur, programmateur…). A noter que les
c Utiliser des disjoncteurs de branchement surtensions peuvent se propager jusqu’à
différentiels et sélectif (type « S ») en BT et des l’appareil par d’autres voies que l’alimentation
disjoncteurs de type « si » (I∆n = 30 mA et électrique : les lignes téléphoniques (téléphone,
300 mA). Leur emploi évite les déclenchements fax), les câbles coaxiaux (liaisons informatiques,
intempestifs dus à des courants de fuite antennes de télévision). Il existe sur le marché
transitoires : surtensions atmosphériques, de des protections adaptées.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.25


5.4 Fluctuations de tension
Les fluctuations produites par les charges c Modifier le réseau
industrielles peuvent affecter un grand nombre de v Augmenter la puissance de court circuit en
consommateurs alimentés par la même source. raccordant les circuits d’éclairage au plus près
L’amplitude de la fluctuation dépend du rapport du point de l’alimentation.
entre l’impédance de l’appareil perturbateur et v Eloigner « électriquement » la charge
celle du réseau d’alimentation. Les solutions perturbatrice des circuits d’éclairage en
consistent à : alimentant la charge perturbatrice par un
c Changer de mode d’éclairage transformateur indépendant.
Les lampes fluorescentes ont une sensibilité c Utiliser un compensateur automatique
plus faible que les lampes à incandescence.
Cet équipement réalise une compensation en
c Installer une alimentation sans interruption temps réel phase par phase de la puissance
Elle peut être économique lorsque les utilisateurs réactive. Le flicker peut être réduit de 25 % à
perturbés sont identifiés et regroupés. 50 %.
c Modifier le perturbateur c Placer une réactance série
Le changement du mode de démarrage de En réduisant le courant appelé, une réactance
moteurs à démarrages fréquents permet par en aval du point de raccordement d’un four à arc
exemple de réduire les surintensités. peut réduire de 30 % le taux de flicker.

5.5 Déséquilibres
Les solutions consistent à : puissances des transformateurs et la section des
c équilibrer les charges monophasées sur les câbles,
trois phases, c prévoir une protection adaptée des machines,
c diminuer l’impédance du réseau en amont des c utiliser des charges L,C judicieusement
générateurs de déséquilibre en augmentant les raccordées (montage de Steinmetz).

5.6 Résumé

Types de Origines Conséquences Exemples de solutions


perturbation (équipement spécifiques et modifications)
Variations et Variations importantes de Fluctuation de la luminosité des lampes Compensateur électromécanique d’énergie réactive,
fluctuations charges (machines à souder, (papillotement ou flicker). compensateur automatique en temps réel
de tension fours à arc…). compensateur électronique série, régleur en charge.
Creux de Court-circuit, commutation de Perturbation ou arrêt du procédé : ASI, compensateur automatique en temps réel,
tension charges de forte puissance pertes de données, données erronées, régulateur électronique dynamique de tension,
(démarrage moteur…). ouverture de contacteurs, verrouillage démarreur progressif, compensateur électronique
de variateurs de vitesse, ralentissement série.
ou décrochage de moteurs, extinction Augmenter la puissance de court-circuit (Pcc).
de lampes à décharge. Modifier la sélectivité des protections.
Coupures Court-circuit, surcharges, ASI, permutation mécanique de sources,
maintenance, déclenchement permutation statique de sources, groupe à temps
intempestif. zéro, disjoncteur shunt, téléconduite.
Harmoniques Charges non linéaires (varia- Surcharges (du conducteur de neutre, Self anti-harmonique, filtre passif ou actif, filtre
teurs de vitesse, fours à arc, des sources…), déclenchements hybride, inductance de ligne.
machines à souder, lampes à intempestifs, vieillissement accéléré, Augmenter la Pcc.
décharge, tubes dégradation du rendement énergétique, Confiner les charges polluantes.
fluorescents…). perte de productivité. Déclasser les équipements.
Inter- Charges fluctuantes (fours à Perturbation des signaux de tarification, Réactance série.
harmoniques arc, machines à souder…), papillotement (flicker).
convertisseur de fréquence.
Surtensions Manœuvre d’appareillages Verrouillage de variateurs de vitesse, Parafoudre, parasurtenseur, enclenchement
transitoires et de condensateurs, foudre. déclenchements intempestifs, synchronisé, résistance de préinsertion, self de
destruction d’appareillage, incendies, choc, compensateur automatique statique.
pertes d’exploitation.
Déséquilibres Charges déséquilibrées Couples moteurs inverses (vibrations) Equilibrer les charges.
de tension (charges monophasées de et suréchauffement des machines Compensateur électronique shunt, régulateur
forte puissance…). asynchrones. électronique dynamique de tension. Augmenter la Pcc.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.26


6 Etudes de cas

6.1 Filtrage hybride


Description de l’installation Les mesures, après mise en service, montrent
Des remontées mécaniques sont alimentées par que ce dispositif permet de réduire l’amplitude
un transformateur MT/BT (800 kVA). des harmoniques sur une large gamme de rang
Les charges connectées sont des télésièges d’harmoniques en courant et en tension
ainsi que d’autres charges telles que des caisses (cf. fig. 14 ) et ramène le taux de distorsion en
enregistreuses, les systèmes de validation des tension de 12,6 % à 4,47 %. Il a aussi pour effet
forfaits, l’installation de chronométrage officiel de ramener le facteur de puissance de l’installation
pour compétition et un réseau téléphonique. de 0,67 à 0,87. Cette solution a permis de
résoudre tous les problèmes puisqu’aucun
Problèmes rencontrés dysfonctionnement n’a été constaté depuis.
Lors du fonctionnement du télésiège, le réseau
basse tension issu du transformateur MT/BT est
perturbé.
Les mesures effectuées sur le site mettent en
évidence un fort taux préexistant de distorsion
harmonique en tension (THDU ≈ 9 %) provenant
du réseau MT ainsi qu’une pollution harmonique
de la part du départ télésiège. La déformation
résultante de la tension d’alimentation
(THDU ≈ 12 %) perturbe les récepteurs sensibles
(caisses enregistreuses, chronométrage…).
Solutions
L’objectif du dispositif est d’assurer à la fois la
compensation d’énergie réactive en présence
d’harmoniques et la neutralisation des harmoni-
ques susceptibles de perturber l’installation. Fig. 13 : équipement Rectiphase de filtrage hybride
La solution retenue (cf. fig. 12 ) est la mise en (marque Merlin Gerin).
œuvre d’un filtre hybride (cf. fig. 13 ) composé
d’un filtre passif accordé sur le rang de
l’harmonique prépondérant (H5) qui fournit a %
l’énergie réactive nécessaire (188 kvar) et d’un 14
filtre actif de calibre 20 A affecté au traitement Sans filtre
12
des autres rangs d’harmoniques. Filtre H5
10 Filtre hybride
8
6
4
2
0
PCC
THDU H5 H7 H11 H17 H23
b %
Transformateur Sans filtre
40
MT/BT Filtre H5
35
Filtre hybride
30
25
20
Filtre
passif 15
rang 5 10
Générateur Filtre 5
d'harmoniques actif 0
THDI H5 H7 H11 H17 H23
Charges linéaires Filtre hybride
Fig 14 : spectres montrant l’efficacité d’un filtre
Fig. 12 : mise en œuvre de la solution. hybride : [a] en tension, [b] en courant.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.27


6.2 Compensation automatique en temps réel
Description de l’installation Les problèmes rencontrés ont clairement pour
L’usine d’un équipementier automobile localisée origine les fluctuations de tension provoquées
à Concord (Ontario - Canada) est alimentée par par le fonctionnement des soudeuses qui sont
un transformateur de 2000 kVA - 27,6 kV / 600 V des charges à variations rapides et fréquentes
- Yy - Ucc = 5,23 %. qui consomment une puissance réactive
Elle fabrique des pots d’échappement à partir de importante.
tôles d’acier grâce à des soudeuses par point et Un creux de tension de 6 % a pour conséquence
à roulette. une réduction de 12 % (1-0,942) de l’énergie
disponible pour la soudure. Cela explique le
Problèmes rencontrés nombre important de soudures défectueuses.
c Fatigue visuelle et nerveuse du personnel, due Les dispositifs classiques de compensation
à la fluctuation de la luminosité des lampes d’énergie réactive utilisant des contacteurs
(papillotement ou flicker), lorsque les soudeuses électromécaniques ne permettent pas d’atteindre
sont en fonctionnement. les temps de réponse nécessaires ;
c Nuisances sonores et vieillissement mécanique les manœuvres de gradins de condensateurs
prématuré des équipements provoqués par des sont volontairement temporisées de façon à
vibrations principalement au niveau du réduire le nombre de manœuvre et ne pas
transformateur et des appareils de coupure dégrader la durée de vie des contacteurs par
lorsque les soudeuses sont en fonctionnement. une usure prématurée, mais aussi de façon à
c Impossibilité d’ajouter des équipements de permettre la décharge des condensateurs.
peur de surcharger l’installation (présence d’un La solution retenue a été la mise en œuvre
courant crête au moment du soudage supérieur d’une compensation automatique en temps réel
au courant nominal du disjoncteur d’arrivée). (cf. fig. 16 ). Ce dispositif innovant permet :
L’expansion de l’installation nécessite alors des c une compensation ultra rapide des variations
investissements coûteux, soit pour de puissance réactive en une période du
redimensionner l’installation existante, soit pour fondamental (16,6 ms à 60 Hz), particulièrement
créer un nouveau poste d’alimentation. bien adaptée au cas des charges variant
c Pénalités annuelles de 35 kF pour rapidement et de façon importante (soudeuses,
dépassement de consommation de puissance élévateurs, presses, concasseurs, démarrages
réactive (facteur de puissance de 0,75). moteurs…) ;
c Pièces défectueuses à cause de défauts de c un enclenchement sans transitoire par la
soudure apparaissant en fin de fabrication au maîtrise de l’instant d’enclenchement, particulière-
moment du cintrage des tubes. ment intéressant en présence de charges
Tout cela détériore la productivité de l’entreprise. n’acceptant pas de surtensions transitoires
(automates industriels, informatiques…) ;
Solutions c une durée de vie accrue des condensateurs et
Des mesures effectuées lors du fonctionnement des contacteurs du fait de l’absence de pièces
des soudeuses mettent en évidence une tension mécaniques en mouvement et de surtensions.
nominale de 584 V, des creux de tension de
profondeur 5,8 %, des pics de courant de
2000 A, des pics de puissance réactive de a b
1200 kvar (cf. fig. 15 ).
L1 L2 L3

Avant Après
Tension (V) 584 599
Creux de tension
c Profondeur (%) 5,8 3,2
c Durée (cycle) 20 à 25 10 à 15
Courant
c Moyen 1000 550
c Crête 2000 1250
Puissance réactive (kvar) 600 – 1200 0 – 300
Facteur de puissance 0,75 > 0,92
THDI (%) 5 – 12 4 – 12

Fig. 15 : améliorations apportées par le compensateur Fig. 16 : compensateur automatique en temps réel :
automatique en temps réel. [a] principe, [b] réalisation pratique.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.28


Une compensation de 1200 kvar aurait permis c de réduire les pics de puissance réactive à
de minimiser les creux de tension, mais 800 kvar 300 kvar et d’augmenter le facteur de puissance
ont été jugés suffisants pour maintenir la au dessus de 0,92. Ce qui évite les pénalités de
tension à un niveau acceptable par tous les facturation énergétique ;
procédés de l’usine dans toutes les conditions c d’augmenter la tension nominale à 599 V et de
de charge. réduire la profondeur des creux de tension à
La mise en œuvre de la solution a permis 3,2 % (cf. fig. 16). Cela est une conséquence de
(cf. fig. 17 ) : l’augmentation du facteur de puissance et de la
c de réduire les pics de courant à 1250 A et ainsi réduction de l’amplitude du courant (cf. fig. 18 ).
de pouvoir ajouter des charges supplémentaires La fatigue visuelle et nerveuse du personnel due
sans modification de l’installation, avec au flicker est ainsi éliminée. La qualité de la
amélioration du rendement de l’installation par la soudure a été améliorée, ainsi que la cadence
réduction des pertes Joule ; de production.

a
340

Tension 335
(V) 330

1500
Courant
(A) 1000
1000

kvar 500

d=3s

b
350
Tension
(V) 340
1250
Courant 750
(A)

500
kvar 0

d = 1,5 s

Phase 1 Phase 2 Phase 3 Moyenne

Fig. 17 : mesure des courants, tensions et puissance réactive : [a] sans compensation, [b] avec compensation.

∆V ∆V
∆V

VS VS
VS Compensateur VL
VL VL Soudeuse
automatique

Avec Sans

Fig. 18 : réduction de la chute de tension obtenue avec un compensateur automatique en temps réel.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.29


6.3 Protection contre la foudre
Description de l’installation
Le site est constitué de bureaux (matériel
informatique, centrale d’éclairage et de
chauffage), d’un poste de garde (alarme incendie,
alarme intrusion, contrôle d’accès, vidéo
surveillance) et de trois bâtiments de process de
fabrication installés sur 10 hectares dans la
région d’Avignon (densité de foudroiement de
2 impacts par km2 et par an). TGBT TGBT
Le site est entouré de quelques arbres et de Bâtiment 1 Bâtiment 2
structures métalliques (pylônes). Tous les 3L
bâtiments sont équipés de paratonnerres. N
3L
Les alimentations MT et BT sont souterraines. N

PF65
Problèmes rencontrés
PF65
Un orage s’est abattu sur le site détruisant
l’installation basse tension de sécurité du poste
de garde, et provoquant 240 kF de pertes
d’exploitation. La présence de paratonnerres a
évité l’incendie de la structure, mais les
équipements électriques détruits n’étaient pas
protégés par des parafoudres contrairement à la
recommandation des normes UTE C-15443 et
CEI 61024.

Solutions L L
N N
Après analyse du réseau d’équipotentialité et du
réseau des prises de terre, puis vérification de
l’installation des paratonnerres et contrôle de la
valeur des prises de terre, il a été décidé PF8 PF8
Tableau Tableau
d’installer des parafoudres. divisionnaire divisionnaire
Des parafoudres sont installés en tête Bâtiment 1 Bâtiment 1
d’installation (TGBT) et, en cascade, dans
chaque bâtiment de fabrication (cf. fig. 19 ). Fig. 19 : schéma d’installation en cascade de plusieurs
Le schéma de liaison à la terre étant TNC, parafoudres.
la protection n’est utile qu’en mode commun
(entre phases et PEN).
Conformément au guide UTE C-15443, en
présence de paratonnerre, les caractéristiques
des parafoudres PF65 et PF8 de marque
Merlin Gerin (cf. fig. 20 ), sont :
c En tête d’installation
In = 20 kA – Imax = 65 kA – Up = 2 kV, PF65
c En cascade (distants d’au moins 10 m)
In = 2 kA – Imax = 8 kA – Up = 1,5 kV.
Ces derniers assurent une protection fine au
niveau des tableaux divisionnaires (bureaux et
poste de garde).
Le schéma de liaison à la terre étant transformé
en TNS, il convient d’assurer la protection en
mode commun (entre phase et PE) et en mode PF8
différentiel (entre phases et neutre). Les
Fig. 20 : parafoudres basse tension (PF65 et PF8 de
dispositifs de déconnexion associés sont ici des
marque Merlin Gerin).
disjoncteurs d’un pouvoir de coupure de 22 kA.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.30


7 Conclusion

Des perturbations électriques peuvent prendre l’électricité est devenu un sujet stratégique pour
naissance dans le réseau du distributeur, les compagnies d’électricité, les personnels
l’installation de l’utilisateur perturbé ou dans d’exploitation, de maintenance, de gestion de
l’installation d’un utilisateur voisin. sites tertiaires ou industriels ainsi que pour les
Ces perturbations ont des conséquences constructeurs d’équipements.
différentes selon le contexte économique et le Cependant, les perturbations ne doivent pas être
domaine d’application : de l’inconfort à la perte subies comme une fatalité car des solutions
de l’outil de production, voire même à la mise en existent. Leur définition et leur mise en œuvre
danger des personnes. dans le respect des règles de l’art, ainsi que leur
La recherche d’une meilleure compétitivité des maintenance par des spécialistes permettent
entreprises, la dérégulation du marché de une qualité d’alimentation personnalisée
l’énergie électrique font que la qualité de adaptée aux besoins de l’utilisateur.

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.31


6 Bibliographie

Normes c Onduleurs et harmoniques (cas des charges non


c CEI 61000-X-X – Compatibilité électromagnétique linéaires).
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J.-N. FIORINA, Cahier Technique n° 160.
v 2-2 : Niveaux de compatibilité (réseaux publics
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v 2-4 : Niveaux de compatibilité (installations réseaux HT et BT.
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électromagnétiques. G. THOMASSET, Cahier Technique n° 169.
v 3-2 : Limites pour les émissions de courant c Les schémas des liaisons à la terre en BT (régimes
harmonique (courant appelé u 16 A). du neutre) - B. LACROIX et R. CALVAS,
v 3-3 et 3-5 : Limitation des fluctuations de tension et Cahier Technique n° 172.
du flicker dans les réseaux basse tension pour les c Les schémas de liaison à la terre dans le monde et
courant appelé u 16 A. évolutions – B. LACROIX, R. CALVAS,
v 3-6 : Evaluation des limites d’émission pour les Cahier Technique n° 173.
charges déformantes raccordées au réseau MT et HT. c Flicker ou scintillement des sources lumineuses.
v 3-7 : Evaluation des limites d’émission des charges R. WIERDA, Cahier Technique n° 176.
fluctuantes sur les réseaux MT et HT.
c Perturbations des systèmes électroniques et
v 4-7 : Mesures d’harmoniques et d’interharmonique schémas des liaisons à la terre.
v 4-11 : Essais d’immunité aux creux de tension, R. CALVAS, Cahier Technique n° 177.
coupures brèves et variations de tensions.
c Le schéma IT (à neutre isolé) des liaisons à la terre
v 4-12 : Essais d’immunité aux ondes oscillatoires. en BT.
v 4-15 : Flickermètre. F. JULLIEN, I. HERITIER, Cahier Technique n° 178.
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c La ferrorésonance.
v VEI 60050(161) : Vocabulaire Electrotechnique
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International.
Ouvrages divers
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c Guide to quality of electrical supply for industrial
c Les dispositifs différentiels résiduels en BT.
installations Part 2 : voltage dips and short
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interruptions Working Group UIE Power Quality 1996.
c Les perturbations électriques en BT.
c Guide de l’ingénierie électrique des réseaux internes
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d’usines Collection ELECTRA.
c La CEM : la compatibilité électromagnétique.
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Cahier Technique Schneider Electric n° 199 / p.32


© 2001 Schneider Electric

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