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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE MOULOUD MAMMERI DE TIZI-OUZOU

FACULTE DU GENIE ELECTRIQUE ET D’INFORMATIQUE


DEPARTEMENT D’ELECTROTECHNIQUE

SUPPORT DOCUMANTAIRE
QUALITE DE L’ENERGIE ELECTRIQUE
(Q.E.E)

Présenté par :

Dr H.DENOUN

Année Universitaire : 2019 /2020

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 /


La qualité de l’énergie électrique

L’une des propriétés particulières de l’électricité est que certaines de ses caractéristiques dépendent à la fois du
producteur / distributeur d’électricité, des fabricants d’équipements et du client. Le nombre important de protagonistes
et l’utilisation d’une terminologie et de définitions parfois approximatives expliquent en partie la complexité du sujet.
Ce Cahier Technique a pour objectif de faciliter les échanges sur ce sujet entre spécialistes et non-spécialistes, et entre
client, constructeur, installateur, concepteur et distributeur. Sa terminologie claire doit permettre d’éviter les
confusions. Il décrit les phénomènes principaux qui dégradent la Qualité de l’Energie Electrique (QEE), leurs origines,
les conséquences sur les équipements et les solutions principales. Il propose une méthodologie de mesure de la QEE
selon les différents objectifs. Illustré par des exemples pratiques de mise en œuvre de solutions, il démontre que seul le
respect des règles de l’art et la mise en œuvre d’une méthodologie rigoureuse (diagnostics, études, solutions, mise en
œuvre, maintenance préventive) permettent une qualité d’alimentation personnalisée et adaptée au besoin de l’utilisateur.

Sommaire

1 Introduction 1.1 Contexte p. 2


1.2 Objectifs de la mesure de la qualité de l’énergie p. 3
2 Dégradation de la QEE : 2.1 Généralités p. 4
origines - caractéristiques - définitions 2.2 Creux de tension et coupures p. 4
2.3 Harmoniques et inter harmoniques p. 6
2.4 Surtensions p. 8
2.5 Variations et fluctuations de tension p. 8
2.6 Déséquilibres p. 9
2.7 Résumé p. 9
3 Effets des perturbations sur les charges 3.1 Creux de tension et coupures p. 10
et procédés 3.2 Harmoniques p. 11
3.3 Surtensions p. 13
3.4 Variations et fluctuations de tension p. 13
3.5 Déséquilibres p. 13
3.6 Résumé p. 13
4 Niveau de qualité de l’énergie 4.1 Méthodologie d’évaluation p. 14
4.2 La CEM et les niveaux de planification p. 16
5 Solutions pour améliorer la QEE 5.1 Creux de tension et coupures p. 17
5.2 Harmoniques p. 21
5.3 Surtensions p. 23
5.4 Fluctuations de tension p. 24
5.5 Déséquilibres p. 24
5.6 Résumé p. 24
6 Etudes de cas 6.1 Filtrage hybride p. 25
6.2 Compensation automatique en temps réel p. 26
6.3 Protection contre la foudre p. 28
7 Conclusion p. 29

Cahier Technique Schneider Electric n° 199 /


1 Introduction

1.1 Contexte
Et donc, les utilisateurs professionnels de l’électricité
La qualité de l’électricité est devenue un sujet stratégique expriment le besoin d’optimiser le fonctionnement de
pour les compagnies d’électricité, les personnels
leurs installations électriques.
d’exploitation, de maintenance ou de gestion de sites
tertiaires ou industriels, et les constructeurs d’équipements, La généralisation d’équipements sensibles aux
essentiellement pour les raisons suivantes : perturbations de la tension et / ou eux-mêmes
 la nécessité économique d’accroître la générateurs de perturbations
compétitivité pour les entreprises,
Du fait de leurs multiples avantages (souplesse de
 la généralisation d’équipements sensibles aux
fonctionnement, excellent rendement, performances
perturbations de la tension et/ou eux-mêmes
élevées…) on constate le développement et la
générateurs de perturbations,
généralisation des automatismes, des variateurs de
 l’ouverture du marché de l’électricité.
vitesse dans l’industrie, des systèmes informatiques, des
éclairages fluo-compact dans le tertiaire et le
La nécessité économique d’accroître la
compétitivité pour les entreprises domestique. Ces équipements ont la particularité d’être à
la fois sensibles aux perturbations de la tension et
 La réduction des coûts liés à la perte de continuité
générateurs de perturbations.
de service et à la non-qualité
Le coût des perturbations (coupures, creux de tension, Leur multiplicité au sein d’un même procédé exige une
harmoniques, surtensions atmosphériques...) est élevé. alimentation électrique de plus en plus performante en
Ces coûts doivent prendre en compte le manque à produire, termes de continuité et de qualité. En effet, l’arrêt
les pertes de matières premières, la remise en état de l’outil temporaire d’un élément de la chaîne peut provoquer
de production, la non-qualité de la production, les retards de l’arrêt de l’outil de production (fabrication de semi-
livraison. Le dysfonctionnement ou l’arrêt de récepteurs conducteurs, cimenterie, traitement de l’eau, manutention,
prioritaires tels que les ordinateurs, l’éclairages et systèmes imprimerie, sidérurgie, pétrochimie…) ou de services
de sécurité peuvent mettre en cause la sécurité des (centres de calcul, banques, télécommunications…).
personnes (hôpitaux, balisage des aéroports, locaux En conséquence, les travaux de la CEI sur la
recevant du public, immeubles de grande hauteur…). compatibilité électromagnétique (CEM) conduisent à
Ceci passe aussi par la détection par anticipation des des normes et recommandations de plus en plus
problèmes par une maintenance préventive, ciblée et contraignantes (limitations des niveaux d’émission des
optimisée. On constate de plus un transfert de perturbations…).
responsabilité de l’industriel utilisateur vers le constructeur
L’ouverture du marché de l’électricité
d’appareillage pour assurer la maintenance des sites ; le
constructeur devient fournisseur du produit électricité. Les règles du jeu du secteur électrique ont ou vont
 La réduction des coûts liés au surdimensionnement des évoluer en profondeur : ouverture à la concurrence de
installations et aux factures énergétiques la production d’électricité, production décentralisée,
possibilité pour les (gros) consommateurs d’électricité
D’autres conséquences plus insidieuses de la
de choisir leur fournisseur.
dégradation de la QEE sont :
o la réduction du rendement énergétique de Ainsi en 1985, la commission européenne a établi que
l’installation, ce qui alourdit la facture énergétique, l’électricité était un produit (directive 85/374) : ce qui
o la surcharge de l’installation, d’où son vieillissement rend nécessaire de bien en définir les caractéristiques
prématuré avec le risque accru de panne qui conduit essentielles.
à un surdimensionnement des équipements de Par ailleurs dans le contexte de la libéralisation du marché
distribution. de l’énergie, la recherche de la compétitivité par les
compagnies d’électricité fait que la qualité est un facteur
différentiateur. Sa garantie peut être, pour un industriel,
un critère de choix d’un fournisseur d’énergie.

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1.2 Objectifs de la mesure de la qualité de l’énergie
Enquêtes statistiques
Selon les applications, les paramètres à mesurer et la Cette étude nécessite une approche statistique
précision de la mesure ne sont pas les mêmes. sur la base de nombreux résultats obtenus par
des enquêtes généralement réalisées par les
Application contractuelle exploitants de réseaux de transport et de
Des relations contractuelles peuvent s’établir entre distribution.
fournisseur d’électricité et utilisateur final, mais aussi entre  Enquêtes sur les performances générales d’un
producteur et transporteur ou entre transporteur et réseau
distributeur dans le cadre d’un marché dérégulé. Une Elles permettent, par exemple, de :
application contractuelle nécessite que les termes soient
o Planifier et cibler les interventions
définis en commun et acceptés par les différentes parties. Il
préventives grâce à une cartographie des
s’agit alors de définir les paramètres de mesure de la qualité
niveaux de perturbations sur un réseau. Ceci
et de comparer leurs valeurs à des limites prédéfinies voire
permet de réduire les coûts d’exploitation ainsi
contractuelles.
qu’une meilleure maîtrise des perturbations.
Cette application implique souvent le traitement d’un
Une situation anormale par rapport à un niveau
nombre important de données.
moyen peut être détectée et être corrélée avec
Maintenance corrective le raccordement de nouvelles charges. Les
tendances saisonnières ou des dérives peuvent
Malgré le respect des règles de l’art (conception de schéma,
aussi être étudiées.
choix des protections, du régime de neutre et mise en place
o Comparer la QEE fournie par différents
de solutions adaptées) dès la phase de conception, des
distributeurs en différents lieux géographiques.
dysfonctionnements peuvent apparaître en cours
d’exploitation : Des clients potentiels peuvent en effet
demander des caractéristiques de fiabilité pour
 les perturbations peuvent avoir été négligées ou sous-
la fourniture de l’électricité avant d’installer de
estimées,
nouvelles usines.
 l’installation a évolué (nouvelles charges et / ou  Enquêtes sur les performances en un point
modification). particulier du réseau
C’est généralement suite à ces problèmes qu’une action Elles permettent de :
de dépannage est engagée. L’objectif est souvent o Déterminer l’environnement
d’obtenir des résultats aussi rapidement que possible, ce électromagnétique auquel une installation
qui peut conduire à des conclusions hâtives ou future ou un nouvel équipement sera soumis.
infondées. Des actions d’amélioration du réseau de
Des systèmes de mesure portatifs (sur des temps limités) ou distribution et/ou de désensibilisation du
des appareils fixes (surveillance permanente) facilitent le réseau du client peuvent alors être engagées
diagnostic des installations (détection et archivage des de façon préventive.
perturbations et déclenchement d’alarmes). o Spécifier et vérifier les performances
auxquelles le fournisseur d’électricité
Optimisation du fonctionnement des s’engage de façon contractuelle. Ces
installations électriques informations sur la qualité de l’électricité sont
Pour réaliser des gains de productivité (économies de particulièrement stratégiques pour les
fonctionnement et / ou réduction des coûts d’exploitation) il compagnies d’électricité qui dans le contexte
faut avoir un bon fonctionnement des procédés et une de la libéralisation du marché de l’énergie
recherchent la meilleure compétitivité, la
bonne gestion de l’énergie, deux facteurs qui dépendent de
satisfaction des besoins et la fidélisation de
la QEE. Disposer d’une QEE adaptée aux besoins est un
leurs clients.
objectif des personnels d’exploitation, de maintenance et de
gestion de sites tertiaires ou industriels.
Des outils logiciels complémentaires assurant le contrôle-
commande et la surveillance permanente de l’installation
sont alors nécessaires.

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2 Dé gradation de la QEE : origines - caractéristiques - définitions

2.1 Généralités
Les perturbations électromagnétiques susceptibles de
perturber le bon fonctionnement des équipements et des
procédés industriels sont en général rangées en plusieurs  surtensions transitoires (transient overvoltages),
classes appartenant aux perturbations conduites et rayonnées  fluctuations de tension (voltage fluctuations),
:  déséquilibres de tension (voltage unbalance),
 basse fréquence (< 9 kHz),  variations de la fréquence d’alimentation (power-
 haute fréquence (u 9 kHz), frequency variations),
 de décharges électrostatiques.  tension continue dans les réseaux alternatifs (d.c.
La mesure de QEE consiste habituellement in a.c. networks),
 tensions de signalisation (signalling voltages).
à caractériser les perturbations
électromagnétiques conduites basse Il n’est en général pas nécessaire de mesurer
l’ensemble de ces perturbations.
fréquence (gamme élargie pour les
Elles peuvent être groupées en quatre catégories
surtensions transitoires et la transmission
selon qu’elles affectent l’amplitude, la forme
de signaux sur réseau) : d’onde, la fréquence et la symétrie de la tension.
 creux de tension et coupures (voltage dips Plusieurs de ces caractéristiques sont souvent
and interruptions), modifiées simultanément par une même
perturbation. Elles peuvent aussi être classées selon
 harmoniques (harmonics), leur caractère aléatoire (foudre, court-circuit,
interharmoniques (interharmonics), manœuvre…) permanent ou semi permanent.
 surtensions temporaires (temporary
overvoltages),
 surtensions (swell),
2.2 Creux de tension et coupures
Dé finitions la valeur efficace « rms (1/2) » du signal sur une
Un creux de tension est une baisse brutale de la tension en un période du fondamental toutes les demi-périodes
point d’un réseau d’énergie électrique, à une valeur comprise (recouvrement d’une demi-période) (fig. 1b).
(par convention) entre 90 % et 1% (CEI 61000-2-1, CENELEC Les paramètres caractéristiques (fig. 1b) d’un
EN 50160), ou entre 90 % et 10 % (IEEE 1159) d’une tension creux de tension sont donc :
de référence (Uref) suivie d’un rétablissement de la tension  sa profondeur : ∆ U (ou son amplitude U),
après un court laps de temps compris entre la demi-période  sa durée ∆ T, définie comme le laps de temps
fondamentale du réseau (10 ms à 50 Hz) et pendant lequel la tension est inférieure à 90 %.
une minute (fig. 1a). On parle de creux de tension à x % si la valeur
rms(1/2) passe en dessous de x % de la valeur
La tension de référence est généralement la tension nominale
de référence Uref.
pour les réseaux BT et la tension déclarée pour les réseaux MT
et HT. Une tension de référence glissante, égale à la tension Les coupures sont un cas particulier de creux de
avant perturbation, peut aussi être utilisée sur les réseaux MT tension de profondeur, supérieures à 90 %
et HT équipés de système de réglage (régleur en charge) de la (IEEE) ou 99 % (CEI-CENELEC). Elles sont
tension en fonction de la charge. Ceci permet d’étudier (à caractérisées par un seul paramètre : la durée.
l’aide de mesures simultanées dans chaque réseau) le transfert Les coupures brèves sont de durée inférieure à 3
des creux entre les différents niveaux de tension. minutes (CENELEC), ou une minute (CEI-
IEEE), elles sont notamment occasionnées par
La méthode habituellement utilisée pour détecter et caractériser
les réenclenchements automatiques lents
un creux de tension est le calcul de destinés à éviter les coupures longues (réglés
entre 1 et 3 minutes) ; les coupures longues sont
de durée supérieure. Les coupures brèves et les
coupures longues sont différentes tant du point
de vue de l’origine que des solutions à mettre en

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œuvre pour s’en préserver ou pour en réduire le nombre.
Les perturbations de tension de durée inférieure à la demi-période
fondamentale T du réseau
(∆ T < T/2) sont considérées comme étant des transitoires.
Les Américains utilisent différents adjectifs pour qualifier les
creux de tension (sag ou dip) et les coupures (interruption) selon
leur durée :
 instantané (instantaneous) (T/2 < ∆ T < 30 T)
 momentané (momentary) (30 T < ∆ T < 3 s),
 temporaire (temporary) (3 s < ∆ T < 1 min),
 maintenue (sustained interruption) et sous-tension
(undervoltage) (∆ T > 1 min).
En fonction du contexte, les tensions mesurées peuvent être entre
conducteurs actifs (entre phases ou entre phase et neutre), entre
conducteurs actifs et terre (Ph/terre ou neutre/ terre), ou encore
entre conducteurs actifs et conducteur de protection.
Dans le cas d’un système triphasé, les caracté-ristiques ∆ U et ∆ T
sont en général différentes sur les trois phases. C’est la raison pour
laquelle un creux de tension doit être détecté et caractérisé
séparément sur chacune des phases.
Un système triphasé est considéré comme subissant un creux de
tension si au moins une phase est affectée par cette perturbation.

Origine
 Les creux de tension et les coupures brèves sont
principalement causés par des phénomènes conduisant à des
courants élevés qui provoquent à travers les impédances des
éléments du réseau une chute de tension d’amplitude d’autant
plus faible que le point d’observation est électriquement
éloigné de la source de la perturbation.
Les creux de tension et les coupures brèves ont différentes causes : Fig. 1 : paramètres caractéristiques d’un creux de
o des défauts sur le réseau de transport (HT) de distribution tension ; [a] forme d’onde, [b] rms (1/2)
(BT et MT) ou sur l’installation elle même.
L’apparition des défauts provoque des creux de tension pour tous
les utilisateurs. La durée d’un creux est en général conditionnée par 0,3 à 1 s) ou la tension due à la décharge des
les temporisations de fonctionnement des organes de protection. condensateurs branchés sur le réseau.
L’isolement des défauts par les dispositifs de protections
Les coupures brèves sont souvent le résultat du
(disjoncteurs, fusibles) provoquent des coupures (brèves ou
fonctionnement des automatismes de réseau tels
longues) pour les utilisateurs alimentés par la section en défaut du
que les réenclencheurs rapides et/ou lents, les
réseau. Bien que la source d’alimentation ait disparu, la tension du
permutations de transformateurs ou de lignes.
réseau peut être entretenue par la tension résiduelle restituée par les
Les utilisateurs subissent une succession de
moteurs asynchrones ou synchrones en cours de ralentissement
creux de tension et/ou de coupures brèves lors
(pendant
de défauts à arc intermittents, de cycles de
déclenchement - réenclenchement automatiques
(sur réseau aérien ou mixte radial) permettant
l’élimination des défauts fugitifs ou encore en
cas de renvois de tension permettant la
localisation du défaut.
o .la commutation de charges de puissance
importante (moteurs asynchrones, fours à
arc, machines à souder, chaudières…) par
rapport à la puissance de court-circuit.

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 Les coupures longues sont le résultat de l’isolement aux intempéries que dans les réseaux
définitif d’un défaut permanent par les dispositifs de souterrains. Mais un départ souterrain issu du
protection ou de l’ouverture volontaire ou intempestive même jeu de barres que des départs aériens ou
d’un appareil. mixtes subira aussi des creux de tension dus
Les creux de tension ou coupures se propagent vers les niveaux aux défauts affectant les lignes aériennes.
de tension inférieurs à travers les transformateurs. Le nombre de  Les transitoires (∆ T < T/2) sont causés,
phases affectées ainsi que la sévérité de ces creux de tension par exemple, par la mise sous tension de
dépend du type de défaut et du couplage du transformateur. condensateurs ou l’isolement d’un défaut
par un fusible ou par un disjoncteur rapide
Le nombre de creux de tension et de coupures est plus élevé BT, ou encore par les encoches de
dans les réseaux aériens soumis commutations de convertisseurs
polyphasés

2.3 Harmoniques et inter harmoniques


Rappels : perturber le fonctionnement des autres utilisateurs
Toute fonction périodique (de fréquence f) peut se décomposer raccordés à la même source. L’impédance de la
en une somme de sinusoïdes de fréquence h x f (h : entier). h est source aux différentes fréquences harmoniques a
appelé rang harmonique (h > 1). La composante de rang 1 est la donc un rôle fondamental dans la sévérité de la
composante fondamentale. distorsion en tension. A remarquer que si
l’impédance de la source est faible (Pcc élevée) la
distorsion en tension est faible.
Les principales sources d’harmoniques
La va leur efficace est :
Ce sont des charges, qu’il est possible de
distinguer selon leurs domaines, industrielles ou
domestiques.
 Les charges industrielles
Le taux de distorsion harmonique (THD pour Total Harmonic
Distortion) donne une mesure de la déformation du signal : o équipements d’électronique de puissance :
variateurs de vitesse, redresseurs à diodes ou à
thyristors, onduleurs, alimentations à
découpage ;
o charges utilisant l’arc électrique : fours à arc,
Les harmoniques proviennent principalement de charges non machines à souder, éclairage (lampes à
linéaires dont la caractéristique est d’absorber un courant qui n’a décharge, tubes fluorescents). Les
pas la même forme que la tension qui les alimente (fig. 2 ). Ce démarrages de moteurs par démarreurs
courant est riche en composantes harmoniques dont le spectre électroniques et les enclenchements de
sera fonction de la nature de la charge. Ces courants transformateurs de puissance sont aussi
harmoniques circulant à travers les impédances du réseau créent générateurs d’harmoniques (temporaires).
des tensions harmoniques qui peuvent A noter que du fait de leurs multiples avantages
(souplesse de fonctionnement, excellent
rendement énergétique, performances élevées…)
l’utilisation d’équipements à base d’électronique
de puissance se généralise.

Autres charges
Tension source
E
Z
I
U = E - ZI

Générateur
d'harmoniques

Fig. 2 : dégradation de la tension du ré seau par une charge non linéaire.

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 Les charges domestiques munies de convertisseurs ou monoalternance) ainsi que les fours à arc génèrent
d’alimentation à découpage : téléviseurs, fours à micro- aussi (en plus des rangs impairs) des harmoniques
ondes, plaques à induction, ordinateurs, imprimantes, de rangs pairs.
photocopieuses, gradateurs de lumière, équipe-ments Les interharmoniques sont des composantes
électroménagers, lampes fluorescentes. sinusoïdales, qui ne sont pas à des fréquences
De puissance unitaire bien plus faible que les charges multiples entières de celle du fondamental (donc
industrielles, leur effet cumulé du fait de leur grand nombre situées entre les harmoniques). Elles sont dues à
et de leur utilisation simultanée sur de longues périodes en des variations périodiques ou aléatoires de la
font des sources de distorsion harmonique importantes. À puissance absorbée par différents récepteurs tels
noter que l’utilisation de ce type d’appareils croît en nombre que fours à arc, machines à souder et
et parfois en puissance unitaire. convertisseurs de fréquences (variateurs de
vitesse, cycloconvertisseurs). Les fréquences de
Les niveaux d’harmoniques télécommande utilisées par le distributeur sont
Ils varient généralement selon le mode de aussi des interharmoniques.
fonctionnement de l’appareil, l’heure de la journée et Le spectre peut être discret ou continu et
la saison (climatisation). variable de façon aléatoire (four à arc) ou
Les sources génèrent, pour la plupart, des harmoniques intermittente (machines à souder).
de rangs impairs (fig. 3 ). Pour étudier les effets à court, moyen ou long
La mise sous tension de transformateurs ou les charges terme, les mesures des différents paramètres
polarisées (redresseurs doivent se faire à des intervalles de temps
compatibles avec la constante de temps
thermique des équipements.

Fig. 3 : caractéristiques de quelques générateurs d’harmoniques.

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2.4 Surtensions
Toute tension appliquée à un équipement dont la valeur de chargée voient leur tension augmenter (parfois
crête sort des limites d’un gabarit défini par une norme ou une jusqu’à la tension composée).
spécification est une surtension (cf. Cahiers Techniques n° 141,  Les défauts du régulateur d’un alternateur ou
151 et 179). d’un régleur en charge de transformateur
Les surtensions sont de trois natures :  La surcompensation de l’énergie réactive
 temporaires (à fréquence industrielle),
Les condensateurs shunt produisent une
 de manœuvre, augmentation de la tension depuis la source
 d’origine atmosphérique (foudre). jusqu’au point où ils se trouvent.
Elles peuvent apparaître : Cette tension est particulièrement élevée en
 en mode différentiel (entre conducteurs actifs ph/ph – ph/neutre), période de faibles charges.
 en mode commun (entre conducteurs actifs et la masse ou la
Les surtensions de manœuvre
terre).
Elles sont provoquées par des modifications
Les surtensions temporaires rapides de la structure du réseau (ouverture
Par définition elles sont à la même fréquence que celle du d’appareils de protection…). On distingue :
réseau (50 Hz ou 60 Hz). Elles ont plusieurs origines : • les surtensions de commutation en charge
 Un défaut d’isolement normale,
Lors d’un défaut d’isolement entre une phase et la terre dans • les surtensions provoquées par
un réseau à neutre impédant ou isolé, la tension des phases l’établissement et l’interruption de petits
saines par rapport à la terre peut atteindre la tension composée. courants inductifs,
Des surtensions sur les installations BT peuvent provenir des
• les surtensions provoquées par la
installations HT par l’intermédiaire de la prise de terre du
poste HT/BT. manœuvre de circuits capacitifs (lignes ou
 La ferrorésonance câbles à vide, gradins de condensateurs).
Il s’agit d’un phénomène oscillatoire non linéaire rare, souvent Par exemple la manœuvre d’une batterie de
dangereux pour le matériel, se produisant dans un circuit condensateurs provoque une surtension transitoire
comportant un condensateur et une inductance saturable. dont la première crête peut atteindre 2r fois la
Des dysfonctionnements ou des destructions de matériel mal valeur efficace de la tension du réseau et une
élucidés lui sont volontiers attribués (cf. Cahier Technique n° surintensité transitoire de valeur crête pouvant
190). atteindre 100 fois le courant assigné du
 La rupture du conducteur de neutre condensateur.
Les appareils alimentés par la phase la moins
Les surtensions atmosphériques
La foudre est un phénomène naturel apparaissant
en cas d’orage. On distingue les coups de foudre
directs (sur une ligne ou sur une structure) et les
effets indirects d’un coup de foudre (surtensions
induites et montée en potentiel de la terre) (cf.
cahier Techniques n°151 et 179).

2.5 Variations et fluctuations de tension


Les variations de tension sont des variations de la valeur efficace
• Les variations lentes de tension sont causées par
la variation lente des charges connectées au
ou de la valeur crête d’amplitude inférieure à 10 % de la tension
réseau.
nominale.
Les fluctuations de tension sont une suite de variations de tension
• Les fluctuations de tension sont principalement
ou des variations cycliques ou aléatoires de l’enveloppe d’une dues à des charges industrielles rapidement
tension dont les caractéristiques sont la fréquence de la variation variables comme les machines à souder, les
et l’amplitude. fours à arc, les laminoirs.

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2.6 Déséquilibres avec Vi = tension de la phase i et

Un système triphasé est déséquilibré lorsque les trois


tensions ne sont pas égales en amplitude et / ou ne sont pas
déphasées les unes par rapport aux autres de 1200 . Le
degré de déséquilibre est défini en utilisant la méthode des La tension inverse (ou homopolaire) est provoquée
composantes de Fortescue par le rapport de la composante par les chutes de tension le long des impédances du
inverse (U1i) (ou homopolaire (U1o)) du fondamental à réseau dues aux courants inverses (ou homopolaire)
celui de la composante directe (U1d) du fondamental. produits par les charges déséquilibrées qui
conduisent à des courants non identiques sur les
trois phases (charges BT connectées entre phase et
neutre, charges monophasées ou biphasées MT
telles que machines à souder et fours à induction).
Les défauts monophasés ou biphasés
provoquent des déséquilibres jusqu’au
fonctionnement des protections.

2.7 Résumé

Perturbations Creux de Surtensions Harmoniques Déséquilibres Fluctuations


tension de tension
Formes d’onde
caractéristiques

Origine de la perturbation

Réseau
Dé faut d’isolement, rupture
du conducteur de neutre...
Manœuvres et
ferrorésonance
Foudre
 Equipements
Moteur asynchrone
Moteur synchrone
Machine à souder
Four à arc
Convertisseur
Charges informatiques
Eclairage
Onduleur
Batterie de condensateurs

: Phénomène occasionnel : Phénomène fréquent

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3 Effets des perturbations sur les charges et procédés

D’une façon générale, quelle que soit la perturbation, les effets  Effets différés : pertes énergétiques,
peuvent être classés de deux façons différentes : vieillissement accéléré du matériel dû aux
 Effets instantanés : manœuvres intempestives de contacteurs ou échauffements et aux efforts
d’organes de protection, mauvais fonctionnement ou arrêt électrodynamiques supplémentaires
d’une machine. L’impact financier de la perturbation est alors engendrés par les perturbations.
directement chiffrable. L’impact financier (par ex. sur la
productivité) est plus difficilement quantifiable.

3.1 Creux de tension et coupures


Les creux de tension et les coupures perturbent de nombreux peuvent provoquer une chute de tension dans les
appareils raccordés au réseau. Ils sont la cause la plus impédances amont du réseau qui allonge la durée
fréquente de problèmes de qualité d’énergie. Un creux de du creux et peut rendre la réaccélération difficile
tension ou une coupure de quelques centaines de millisecondes (redémarrages longs avec suréchauffement)
peut se traduire par des conséquences néfastes plusieurs heures voire impossible (couple moteur inférieur au
durant. couple résistant).
Les applications les plus sensibles sont les : La réalimentation rapide (~ 150 ms) d’un moteur
 chaînes complètes de fabrication en continu dont le procédé asynchrone en cours de ralentissement sans
ne tolère aucun arrêt temporaire d’un élément de la chaîne précaution peut conduire à un réenclenchement en
opposition de phase entre la source et la tension
(imprimerie, sidérurgie, papeterie, pétrochimie…), résiduelle entretenue par les moteurs asynchrones.
 éclairages et systèmes de sécurité (hôpitaux, balisage des Dans ce cas la première crête du courant peut
aéroports, locaux recevant du public, immeubles de grande atteindre trois fois le courant de démarrage (15 à
hauteur…), 20 In) (cf. Cahier Technique n 161).
 équipements informatiques (centres de traitement de Ces surintensités et les chutes de tension qui en
données, banques, télécommunications…), découlent ont des conséquences pour le moteur
 auxiliaires essentiels de centrales. (échauffements supplémentaires et efforts
électrodynamiques dans les bobines pouvant
Les paragraphes suivants passent en revue les principales engendrer des ruptures d’isolation et des à-coups
conséquences des creux de tension et coupures sur les sur le couple avec des contraintes mécaniques
principaux équipements utilisés dans les secteurs industriels, anormales sur les accouplements et les réducteurs
tertiaires et domestiques. d’où une usure prématurée voire une rupture)
mais aussi sur les autres équipements tels que les
Moteur asynchrone contacteurs (usure voire soudure des contacts).
Lors d’un creux de tension, le couple d’un moteur asynchrone Les surintensités peuvent conduire au
(proportionnel au carré de la tension) diminue brutalement et déclenchement des protections générales de
provoque un ralentissement. Ce ralentissement est fonction de l’installation provoquant ainsi l’arrêt du procédé.
l’amplitude et de la durée du creux, de l’inertie des masses
Moteur synchrone
tournantes et de la caractéristique couple-vitesse de la charge
entraînée. Si le couple que le moteur développe devient Les effets sont à peu près identiques au cas des
inférieur au couple résistant, le moteur s’arrête (décroche). moteurs asynchrones.
Les moteurs synchrones peuvent cependant
Après une coupure, le retour de la tension engendre un appel de
supporter des creux de tension plus importants
courant de réaccélération proche du courant de démarrage et
(de l’ordre de 50 %) sans décrocher, du fait de
dont la durée dépend de la durée de la coupure. Lorsque
leur inertie généralement plus importante, des
l’installation comporte de nombreux moteurs, leurs
possibilités de surexcitation et de la
réaccélérations simultanées
proportionnalité de leur couple avec la tension.
En cas de décrochage, le moteur s’arrête, et il
faut reprendre tout le processus de démarrage
qui est assez complex

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Cahier Technique Schneider Electric n° 199 /


Actionneurs
Les organes de commande (contacteurs, disjoncteurs équipés de Le fonctionnement en dehors de ces limites conduit à
bobine à manque de tension) alimentés directement par le réseau des pertes de données, commandes erronées, arrêt ou
sont sensibles aux creux de tension dont la profondeur dépasse 25% panne des appareils. Les conséquences de la perte de
de Un. En effet, pour un contacteur classique, il existe une valeur fonction des équipements dépendent en particulier
de tension minimale à respecter (dite tension de retombée) en deçà des conditions de redémarrage lorsque la tension est
de laquelle les pôles se séparent et transforment alors un creux de rétablie. Certains équipements possèdent par exemple
tension (de quelques dizaines de millisecondes) ou une coupure leur propre dispositif de détection des creux de
brève en une coupure longue (de plusieurs heures). tension qui permet de sauvegarder les données et
d’assurer une sécurité en interrompant le processus de
Equipements de type informatique
calcul et les commandes erronées.
Les équipements informatiques (ordinateurs, appareils de mesure)
occupent aujourd’hui une place prépondérante dans la surveillance Machines à vitesse variable
et le contrôle-commande des installations, la gestion, la Les problèmes posés par les creux de tension
production. Ces équipements sont tous sensibles aux creux de appliqués aux variateurs de vitesse sont :
tension dont la profondeur est supérieure à 10 % de Un.  impossibilité de fournir la tension suffisante au
La courbe ITI (Information Technology Industry Council) – moteur (perte de couple, ralentissement),
anciennement CBEMA – indique, dans un plan durée-amplitude, la  impossibilité de fonctionnement des circuits de
tolérance typique des équipements informatiques aux creux de
contrôle alimentés directement par le réseau,
tension, coupures et surtensions (fig. 4 ).
 surintensité au retour de la tension (recharge du
condensateur de filtrage des variateurs),
 surintensité et déséquilibre de courant en cas de
creux de tension sur une seule phase,
 perte de contrôle des variateurs à courant continu en
fonctionnement onduleur (freinage par récupération
d’énergie).
Les variateurs de vitesse se mettent généralement en
défaut pour une chute de tension supérieure à 15 %.

Eclairage
Les creux de tension provoquent un vieillissement
prématuré des lampes à incandescence et des tubes
fluorescents.
Les creux de tension de profondeur supérieure ou
égale à 50 % et dont la durée est de l’ordre de 50 ms
Fig. 4 : tolé rance typique dé finie par la courbe ITI. provoquent l’extinction des lampes à décharge. Une
durée d’extinction de quelques minutes est alors
nécessaire au refroidissement de l’ampoule avant
réallumage

Au-delà d’un taux de distorsion harmonique de


3.2 Harmoniques tension de 8 % les dysfonctionnements sont
probables. Entre 5 et 8 %, les dysfonctionnements
Leurs conséquences sont liées à l’augmentation des valeurs
sont possibles.
crêtes (claquage diélectrique) et efficaces (échauffement
 Effets instantanés ou à court terme
supplémentaire) et au spectre en fréquence (vibration et fatigue
o Déclenchements intempestifs des protections :
mécanique) des tensions et des courants. Leurs effets ont
les harmoniques ont une influence gênante
toujours un impact économique du fait du surcoût lié à :
principalement sur les dispositifs de contrôle des
 une dégradation du rendement énergétique de l’installation effets thermiques. En effet, lorsque de tels
(pertes d’énergie), appareils, voire des protections, déduisent la
 un surdimensionnement des équipements, valeur efficace du courant à partir de la valeur
crête il y a un risque d’erreur et de
 une perte de productivité (vieillissement accéléré des déclenchement intempestif même en
équipements, déclenchements intempestifs). fonctionnement normal, sans surcharge.

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o Perturbations induites des systèmes à courants faibles
(télécommande, télécommunication, chaîne hifi, écran o destruction de matériels (condensateurs,
d’ordinateur, téléviseur). disjoncteurs…).
o Vibrations et bruits acoustiques anormaux (tableaux BT, moteurs, Une surcharge et un échauffement supplémentaire du
transformateurs). conducteur de neutre peuvent être la conséquence de la
o Destruction par surcharge thermique de condensateurs. présence de courants d’harmoniques 3 et multiples de
Si la fréquence propre de l’ensemble condensateur-réseau 3 présents dans les conducteurs de phases qui
amont est proche d’un rang harmonique, il y a résonance et s’ajoutent dans le neutre.
amplification de l’harmonique correspondant. En régime de neutre TNC le conducteur de neutre est
o Perte de précision des appareils de mesure Un compteur confondu avec le conducteur de protection. Or celui-ci
d’énergie à induction classe 2 donne une erreur supplémentaire interconnecte toutes les masses de l’installation y
de 0,3 % en présence d’un taux de 5 % d’harmonique 5 en compris les structures métalliques du bâtiment. Les
courant et en tension. courants harmoniques 3 et multiples de 3 vont donc
 Effets à long terme circuler dans ces circuits et provoquer des variations de
potentiel dont les conséquences sont :
Une surcharge en courant provoque des échauffements o corrosion de pièces métalliques, v surintensité dans les
supplémentaires donc un vieillissement prématuré des
liaisons de télécommunication reliant les masses de
équipements :
o échauffement des sources : transformateurs, alternateurs deux récepteurs (par exemple, imprimante et micro-
(par augmentation des pertes Joule, des pertes fer), ordinateur),
o fatigue mécanique (couples pulsatoires dans les machines o rayonnement électromagnétique perturbant les écrans
asynchrones), (micro-ordinateurs, appareils de laboratoire).
o échauffement des récepteurs : des conducteurs de phases
Le tableau de la figure 5 résume les principaux effets
et du neutre par augmentation des pertes joule et des harmoniques ainsi que les niveaux admissibles
diélectriques. Les condensateurs sont particulièrement habituels.
sensibles aux harmoniques du fait que leur impédance
Les interharmoniques ont pour effets de perturber les
décroît proportionnellement au rang des harmoniques.
récepteurs de télécommande et de provoquer un
phénomène de papillotement (flicker)

Fig. 5 : effets des harmoniques et limites habituelles.

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3.3 Surtensions
 contraintes électrodynamiques et thermiques
Leurs conséquences sont très diverses selon le temps
d’application, la répétitivité, l’amplitude, le mode (commun ou (incendie) causées par :
différentiel), la raideur du front de montée, la fréquence : o La foudre essentiellement. Les réseaux aériens
 claquage diélectrique, cause de destruction de matériel sensible sont les plus affectés par la foudre, mais les
(composants électroniques…), installations alimentées par des réseaux souterrains
 dégradation de matériel par vieillissement (surtensions non peuvent subir des contraintes de tension élevées en
destructives mais répétées), cas de foudroiement à proximité du site.
 coupure longue entraînée par la destruction de matériel (perte de o Les surtensions de manœuvre qui sont répétitives
facturation pour les distributeurs, pertes de production pour les et dont la probabilité d’apparition est nettement
industriels), supérieure à celle de la foudre et de durée plus
 perturbations des circuits de contrôle-commande et de longue.
communication à courant faible Elles peuvent conduire à des dégradations aussi
importantes que la foudre.

3.4 Variations et fluctuations de tension


Comme les fluctuations ont une amplitude qui n’excède pas ±10%, l’amplitude des fluctuations, de la cadence
la plupart des appareils ne sont pas perturbés. Le principal effet des de répétition des variations, de la
fluctuations de tension est la fluctuation de la luminosité des composition spectrale et de la durée de la
lampes (papillotement ou flicker) .La gêne physiolo-gique (fatigue perturbation.
visuelle et nerveuse) dépend de Il existe toutefois un seuil de perceptibilité
(amplitude en fonction de la fréquence de
variation) défini par la CEI en dessous duquel
le flicker n’est pas visible.

3.5 Déséquilibres
de phase peuvent alors différer
Le principal effet est le suréchauffement des machines considérablement. Ce qui accroît l’échauffement
asynchrones triphasées. de la ou des phases parcourues par le courant le
En effet, la réactance inverse d’une machine asynchrone est plus élevé et réduit la durée de vie de la
équivalente à sa réactance pendant la phase de démarrage. Le taux machine.
de déséquilibre en courant sera donc plusieurs fois celui de la En pratique, un taux de déséquilibre de tension
tension d’alimentation. Les courants de 1 % pendant une longue période, et 1,5 % de
moins de quelques minutes est acceptable
3.6 Résumé

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4 Niveau de qualité de l’énergie

4.1 Méthodologie d’évaluation


Application contractuelle Les conditions d’environnement telles que
Le contrat doit indiquer : l’humidité, la poussière, la température ne
 la durée du contrat, doivent pas être sous-estimées.
L’installation, en particulier le câblage, les
 les paramètres à mesurer,
disjoncteurs et les fusibles, doit être vérifiée.
 les valeurs contractuelles,
 Instrumentation de l’installation : Cette étape
 le(s) point(s) de la mesure, consiste à équiper le site d’appareils de mesure
 les tensions mesurées : ces tensions (entre phases et/ou qui permettent de détecter et d’enregistrer
entre phases et neutre) doivent être celles qui alimentent l’événement à l’origine du problème. Il peut
les équipements ; être nécessaire d’instrumenter plusieurs points
de l’installation et en particulier (lorsque c’est
 pour chaque paramètres mesurés le choix de la méthode possible) au plus près de l’(des) équipement(s)
de mesure, l’intervalle de temps, la période de la mesure perturbé(s).
(par ex. 10 minutes et 1 an pour l’amplitude de la tension) L’appareil détecte des événements par
et des valeurs de référence ; par exemple pour les creux dépassement de seuils sur les paramètres de
de tension et coupures il s’agit de définir la tension de mesure de la qualité de l’énergie et enregistre les
référence, les seuils de détection et la limite entre données caractéristiques de l’événement (par
exemple date, heure, profondeur d’un creux de
coupures longues et coupures brèves ;
tension, THD). Les formes d’ondes juste avant,
 la précision de la mesure, pendant et après la perturbation peuvent aussi
 la méthode de détermination des pénalités en cas de non être sauvegardées. Les seuils doivent être
respect des engagements, paramétrés en fonction de la sensibilité des
 les clauses en cas de mésentente concernant équipements.
l’interprétation des mesures (intervention d’une tierce Lorsque des appareils portatifs sont utilisés, la
partie…), durée des mesures doit être représentative du
cycle de fonctionnement d’une usine (par ex. une
 l’accès et la confidentialité des données.
semaine). Il faut alors attendre que la
perturbation se reproduise.
Maintenance corrective
C’est généralement suite à des incidents ou Des appareils fixes permettent une surveillance
dysfonctionnements en exploitation qu’est engagée une action permanente de l’installation. Si ces appareils sont
de dépannage en vue de mettre en place des mesures correctement paramétrés, ils assurent une
correctives. Les étapes sont en général : fonction de prévention et de détection en
 Recueil de données : Il s’agit de collecter les informations telles consignant chaque perturbation. Les
que le type de charges, l’âge des composants du réseau et le informations peuvent être visualisées soit
schéma unifilaire. localement soit à distance par un réseau Intranet
 Recherche de symptômes : Il s’agit d’identifier et de localiser les ou Internet. Ceci permet de diagnostiquer les
équipements perturbés, de déterminer l’heure et la date (fixe ou événements mais aussi d’anticiper les problèmes
aléatoire) du problème, la corrélation éventuelle avec des (maintenance préventive). Il en est ainsi avec les
conditions météorologiques particulières (vent fort, pluie, orage) appareils de la gamme Power Logic System
ou avec une modification récente de l’installation (installation de (Circuit Monitor - Power Meter), Digipact et la
nouvelles machines, modification du réseau). dernière génération de disjoncteurs Masterpact
 Connaissance et vérification de l’installation : Cette phase suffit équipés de déclencheur Micrologic P (fig. 6 ).
parfois à déterminer rapidement l’origine du dysfonctionnement. Les enregistrements de perturbations provenant
du réseau du distributeur et ayant causé des
dommages (destruction de matériels, pertes de
production…) peuvent être aussi utiles en cas de
négociation de dédommagement.

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 Identification de l’origine : La signature (forme d’onde, profil de
valeur efficace) de la perturbation permet en général à des experts o Localiser les économies potentielles,
de localiser et d’identifier la source du problème (un défaut, un o Gérer les crêtes de consommation (délestage,
démarrage moteur, un enclenchement de banc de condensateurs…). sources autonomes),
La connaissance simultanée de la signature en tension et en courant
o Optimiser le contrat d’énergie (réduction de la
puissance souscrite),
permet en particulier de déterminer si l’origine du problème est o Améliorer le facteur de puissance (réduction de
située en amont ou en aval du point de mesure. La perturbation peut la puissance réactive).
en effet provenir de l’installation ou du réseau du distributeur.  Assurer la qualité de l’énergie
 Etude et choix de solutions : La liste et les coûts des solutions o Visualiser et surveiller les paramètres de mesure
sont établis. Le choix de la solution s’effectue souvent en de la qualité de l’énergie,
comparant son coût avec le manque à gagner en cas de o Détecter par anticipation les problèmes
perturbations. (surveillance des harmoniques et du courant de
Après la mise en œuvre d’une solution, il est important de vérifier, neutre…) pour une maintenance préventive.
 Veiller à la continuité de service
par la mesure, son efficacité. o Optimiser la maintenance et l’exploitation, v
connaître le réseau en temps réel,
Optimiser le fonctionnement des installations é lectriques o surveiller le plan de protection, v diagnostiquer
Ce souci d’optimiser le fonctionnement d’une installation électrique les défauts,
se traduit par trois actions complémentaires : o reconfigurer un réseau suite à un défaut,
o Economiser l’énergie et réduire les factures d’énergie o assurer un transfert de source automatique.
o Sensibiliser les utilisateurs aux coûts, Des outils logiciels assurent le contrôle-
o Affecter les coûts en interne (par site, par service ou par ligne de commande et la surveillance de l’installation. Ils
produits), permettent par exemple de détecter et d’archiver
les événements, de surveiller en temps réel les
disjoncteurs et les relais de protections, de
commander à distance les disjoncteurs, et de
façon générale d’exploiter les possibilités des
appareils communicants (fig. 6).

Fig. 6 : quelques produits communicants (marque Merlin Gerin).

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4.2 La CEM et les niveaux de planification
La compatibilité électromagnétique (CEM) Caractéristiques de la tension
La compatibilité électromagnétique est l’aptitude d’un appareil ou La méthode permettant d’évaluer les
d’un système à fonctionner dans son environnement caractéristiques réelles de la tension en un point
électromagnétique de façon satisfaisante et sans produire lui-même donné du réseau et de les comparer aux limites
des perturbations électromagnétiques intolérables pour tout ce qui précitées, est basée sur un calcul statistique sur
se trouve dans son environnement (VEI 60050 (161)). une période donnée de mesures. Par exemple,
L‘objectif de la compatibilité électromagnétique est d’assurer que pour la tension harmonique la période de mesure
: est d’une semaine et 95 % des valeurs efficaces
 L’émission de chaque source séparée de perturbations est telle que calculées sur des périodes successives de 10
l’émission combinée de toutes les sources n’excède pas les niveaux minutes ne doivent pas dépasser les limites
de perturbation attendus dans l’environnement. spécifiées.
 Le niveau d’immunité des équipements permet le niveau de Niveaux de planification
performance approprié au niveau de perturbations attendu selon Ce sont des objectifs internes de qualité
trois classes d’environnement (. fig. 7). spécifiés par l’exploitant du réseau et utilisés
A noter que l’environnement est déterminé aussi par les pour évaluer l’impact sur le réseau de toutes les
caractéristiques spécifiques de l’installation de l’usager (schéma charges perturbatrices. Ils sont habituellement
électrique de l’installation, types de charges) et par les égaux ou inférieurs aux niveaux de
caractéristiques de la tension d’alimentation. compatibilité.
Ré sumé
La figure 8 résume les relations entre les
différents niveaux de perturbation.
Un moyen d’assurer les niveaux de compatibilité est de spécifier les
limites d’émission des installations des usagers avec une marge suffisante
en dessous du niveau de compatibilité. En pratique ceci est réalisable pour
les installations de grande puissance
(CEI 61000-3-6, CEI 61000-3-7). Pour les autres installations (par ex.
BT) les normes « produits » spécifient des limites d’émission par familles
d’équipements (ex. la norme CEI 61000-3-2 impose les limites d’émission
harmoniques en courant pour les charges de moins de 16 A).
Dans certains cas, il est nécessaire de mettre en œuvre des moyens
techniques qui maintiennent les niveaux d’émission en dessous des
niveaux prescrits.

Fig. 8 : relations entre les différents niveaux


de perturbation.

Fig. 7 : les niveaux de compatibilité selon la norme CEI 61000-2-4.

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5 Solutions pour améliorer la QEE

Une dégradation de qualité peut conduire à une modification du perturbations contre lesquelles il faut se prémunir (par
comportement, des performances ou même à la destruction des ex. les remèdes sont différents selon la durée d’une
équipements et des procédés qui en dépendent avec des coupure), est indispensable. Il conditionne l’efficacité
conséquences possibles sur la sécurité des personnes et des surcoûts de la solution retenue. L’étude, le choix, la mise en
économiques. Ceci suppose trois éléments : œuvre et la maintenance (qui assure l’efficacité dans le
 un ou plusieurs générateurs de perturbations, temps) de solutions doivent aussi être effectués par des
 un ou plusieurs récepteurs sensibles à ces perturbations, spécialistes.
 entre les deux un chemin de propagation de ces perturbations. Les L’utilité même de choisir une solution et de la mettre
solutions consistent à agir sur tout ou partie de ces trois éléments en œuvre dépend :
soit de façon globale (installation) soit de façon locale (un ou  Du niveau de performance souhaité Un
plusieurs récepteurs). Ces solutions peuvent être mise en œuvre dysfonctionnement peut être inadmissible s’il met en
pour : jeu la sécurité des personnes (hôpitaux, balisage des
 corriger un dysfonctionnement dans une installation, aéroports, éclairages et systèmes de sécurité des
 agir de façon préventive en vue du raccordement de charges locaux recevant du public, auxiliaires de centrale…)
polluantes,  Des conséquences financières du dysfonctionnement
 mettre en conformité l’installation par rapport à une norme ou à Tout arrêt non programmé, même très court, de
des recommandations du distributeur d’énergie, certains procédés (fabrication de semi-conducteurs,
 réduire la facture énergétique (réduction de l’abonnement en sidérurgie, pétrochimie…) conduit à une perte ou à
kVA, réduction de la consommation). une non qualité de la production voire une remise en
Les récepteurs n’étant pas sensibles aux mêmes perturbations et état de l’outil de production.
avec des niveaux de sensibilité différents, la solution adoptée, en  Du temps de retour sur investissement souhaité C’est
plus d’être la plus performante d’un point de vue technico- le rapport entre les pertes financières (matières
économique, doit garantir un niveau de QEE sur mesure et adapté premières, pertes de production…) provoquées par la
au besoin réel. non-qualité de l’énergie électrique et le coût (étude,
Un diagnostic préalable effectué par des spécialistes, de façon à mise en œuvre, fonctionnement, maintenance) de la
déterminer la nature des solution. D’autres critères tels que les habitudes, la
réglementation et les limites de perturbations
imposées par le distributeur sont aussi à prendre en
compte.

Réduction du nombre de creux de tensions et


5.1 Creux de tension et coupures de coupures
Les distributeurs peuvent prendre certaines
L’architecture du réseau, les automatismes de réalimentation, le dispositions telles que la fiabilisation des
niveau de fiabilité des matériels, la présence d’un système de ouvrages (maintenance préventive ciblée,
contrôle-commande ainsi que la politique de maintenance jouent un renouvellement, mise en souterrain), la
rôle important dans la réduction et l’élimination des temps de restructuration des réseaux (raccourcissement de
coupure. la longueur des départs). Ils peuvent aussi, au
Pour choisir une solution efficace, il faut avant tout réaliser un bon sein des réseaux à neutre impédant, remplacer
diagnostic. Par exemple, au point de couplage commun (entrée des disjoncteurs déclencheurs-réenclencheurs
électrique du client), il est important de savoir si le creux de automatiques par des disjoncteurs shunt qui ont
tension provient de l’installation du client (avec augmentation le gros avantage de ne pas provoquer de
correspondante de l’intensité) ou du réseau (sans augmentation). coupures sur le départ avarié en cas de défaut
Différents types de solutions existent.
fugitif à la terre (réduction du nombre de
coupures brèves).

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Ces disjoncteurs provoquent l’extinction des défauts fugitifs à la Commande et des régulations de celle des moteurs
terre en annulant pendant au moins 300 ms la tension aux bornes et des gros consommateurs d’énergie. En effet, un
du défaut par la mise à la terre de la seule phase en défaut au creux de tension ou une coupure (même brève) peut
niveau du jeu de barres du poste source. Ce qui ne modifie pas la être suffisante pour faire ouvrir tous les contacteurs
tension entre phases alimentant la clientèle. dont les bobines sont alimentées par le circuit de
puissance. Les récepteurs commandés par des
Réduction de la duré e et de la profondeur des creux de contacteurs ne sont alors plus alimentés lors du
tension retour de la tension.
 Au niveau du réseau
o Augmentation des possibilités de bouclage (nouveaux postes Insensibilisation du contrôle-commande
source, interrupteur de bouclage). L’insensibilisation d’un process est
o Amélioration du niveau de performance des protections généralement basée sur l’insensibilisation du
électriques (sélectivité, automatisme de reprise d’alimentation, contrôle commande.
organes télécommandés en réseau, téléconduite, remplacement Le contrôle-commande des équipements est en
des éclateurs par des parafoudres…). général peu consommateur d’énergie et sensible aux
o Augmentation de la puissance de court circuit du réseau. perturbations. Il est donc souvent plus économique
 Au niveau des équipements de désensibiliser uniquement le contrôle-commande
Diminution de la puissance absorbée par les charges de fortes et non pas l’alimentation en puissance des
puissances lors de leur mise sous tension avec des compensateurs équipements.
automatiques en temps réel et des démarreurs progressifs qui Le maintien de la commande sur les machines
limitent les pointes de courant (ainsi que les sollicitations suppose :
mécaniques).  qu’il ne peut y avoir danger pour la sécurité du
personnel et des équipements lors du retour de la
Insensibilisation des installations industrielles et tension,
tertiaires  que les charges et les procédés admettent une
Le principe général de désensibilisation contre les creux de tension coupure brève du circuit de puissance (forte
et les coupures est de compenser le manque d’énergie par un inertie ou ralentissement toléré) et puissent ré-
dispositif à réserve d’énergie intercalé entre le réseau et accélérer à la volée lors du retour de la tension,
l’installation. Cette réserve doit avoir une autonomie supérieure à  que la source peut assurer l’alimentation de
la durée du défaut de tension dont on veut se protéger. l’ensemble des récepteurs en régime permanent
Les informations nécessaires au choix du dispositif (cas d’une source de remplacement) mais aussi
d’insensibilisation sont : l’appel de courant provoqué par le redémarrage
 qualité de la source (niveau maximal de perturbations
simultané de nombreux moteurs.
présent),
 exigences des récepteurs (sensibilité dans le plan durée- Les solutions consistent à alimenter toutes les
profondeur). bobines des contacteurs par une source auxiliaire
Seule une analyse fine du process et des conséquences sûre (batterie ou groupe tournant avec volant
techniques et financières de la perturbation permet de les réunir. d’inertie), ou à utiliser un relais temporisé à la
retombée, ou encore par l’intermédiaire d’un
Différentes solutions de désensibilisation sont possibles selon la
redresseur et d’un condensateur branché en
puissance nécessaire à l’installation et la durée du creux de
parallèle avec la bobine.
tension ou de la coupure.
Il est souvent intéressant d’étudier les solutions en distinguant Insensibilisation de l’alimentation en
l’alimentation du Contrôle- puissance des é équipements
Certains récepteurs n’acceptent pas les niveaux de
perturbations attendus, voire ni creux de tension ni
coupures. C’est le cas des charges « prioritaires »
telles que les ordinateurs, éclairages et systèmes de
sécurité (hôpitaux, balisage des aéroports, locaux
recevant du public) et les chaînes de fabrication
continue (fabrication de semi-conducteurs, centres
de calcul, cimenterie, traitement de l’eau,
manutention, industrie du papier, sidérurgie,
pétrochimie, etc.).

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En fonction de la puissance nécessaire à l’installation et de la
durée du creux de tension ou de la coupure le choix se fait entre La maintenance est assurée sans coupure via un by-
les différentes solutions techniques suivantes. pass de maintenance.
 Alimentation statique sans interruption (ASI) o La technologie off-line (ou stand-by)
Une ASI est constituée de trois éléments principaux : Elle est employée pour des applications ne dépassant
o un redresseur-chargeur, alimenté par le réseau, transforme pas quelques kVA.
la tension alternative en tension continue ; En fonctionnement normal, l’utilisation est alimentée
o une batterie est maintenue chargée, qui, lors d’une par le réseau. En cas de perte du réseau ou lorsque la
coupure, fournit l’énergie nécessaire à l’alimentation de la tension sort des tolérances prévues, l’utilisation est
charge par l’onduleur ; transférée sur l’onduleur. Cette commutation
o un onduleur qui transforme la tension continue en tension provoque une coupure de
alternative. Deux technologies sont couramment utilisées : 2 à 10 ms.
on-line ou off-line.  La permutation de sources
o La technologie on-line Un dispositif élabore les ordres de permutation de la
En fonctionnement normal, l’alimentation est délivrée en source principale à une source de rempla-cement (et
permanence par l’onduleur sans solliciter la batterie. C’est par inversement) pour l’alimentation des charges
exemple le cas des onduleurs Comet, Galaxy de la marque MGE- prioritaires et si nécessaire émet les ordres de
délestage des charges non prioritaires. Trois types de
UPS. Ils assurent la continuité (pas de délais de commutation) et la
permutation existent selon la durée de transfert (∆ t)
qualité (régulation de tension et de fréquence) de l’alimentation :
pour des charges sensibles de quelques centaines à plusieurs o synchrone (∆ t = 0),
milliers de kVA. o à temps mort (∆ t = 0,2 à 30 s) ,
Plusieurs ASI peuvent être mises en parallèle pour obtenir plus o pseudo-synchrone (0,1 s < ∆ t < 0,3 s).
de puissance ou pour créer une redondance. Ces dispositifs imposent des précautions
En cas de surcharges, l’utilisation est alimentée par le contacteur particulières (cf. Cahier Technique n 161). Par
statique (cf. fig. 9 ) à partir du réseau 2 (qui peut être confondu exemple, lorsque l’installation comporte de
avec le réseau 1). nombreux moteurs, leurs réaccélérations simultanées
provoquent une chute de tension qui peut empêcher
le redémarrage ou conduire à des redémarrages trop
longs (avec des risques d’échauffement). Il est alors
judicieux de prévoir un automate qui réalise un
redémarrage échelonné des moteurs prioritaires,
particulière-ment avec une source de remplacement
(de secours) de faible puissance de court-circuit.

Fig. 9 : schéma de principe d’une alimentation sans interruption (ASI) on-line.

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Cette solution est à retenir lorsqu’une installation ne peut pas compensation en temps réel de la puissance réactive
supporter une longue interruption, supérieure à quelques minutes, ; il est particulièrement bien adaptée au cas des
et/ou nécessite une grosse puissance disponible. Elle peut aussi être charges variant rapidement et de façon importante
prévue en complément d’une ASI. (soudeuses, élévateurs, presses, concasseurs,
 Groupe à temps zéro : Dans certaines installations, l’autonomie démarrages moteur…).
nécessaire en cas de coupure est telle qu’un groupe électrogène est L’arrêt propre
installé (des batteries conduiraient à des coûts prohibitifs, à des
problèmes de réalisation technique ou à des problèmes Si un arrêt est acceptable, l’impossibilité d’une remise
d’installation). Cette solution permet, en cas de perte de en marche non contrôlée est particulièrement indiquée
l’alimentation, d’effectuer grâce à l’autonomie de la batterie, le lorsqu’un redémarrage intempestif présente un risque
démarrage du groupe électrogène, sa mise en vitesse, un éventuel pour l’opérateur sur machine (scie circulaire, machine
délestage et un couplage sans coupure au moyen d’un inverseur de tournante) ou pour le matériel (cuve de compression
source automatique. encore sous pression ou étalement des redémarrages
 Compensateurs électronique : Ces dispositifs électroniques dans le temps de compresseurs de climatiseurs, pompes
modernes compensent dans une certaine mesure les creux de à chaleur ou de groupes frigorifiques) ou pour
tension et les coupures avec un faible temps de réponse, par
l’application (nécessité de contrôler le redémarrage de la
exemple le compensateur automatique en temps réel réalise une
fabrication). Un redémarrage automatique du procédé
peut être ensuite assuré par un automate selon une
séquence de redémarrage préétablie quand les
conditions sont redevenues normales.

Résumé (cf. tableau ci-dessous)

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5.2 Harmoniques

Trois orientations sont possibles pour les supprimer, ou au moins o Déclasser des équipements
réduire leur influence. Un paragraphe particulier aborde la question o Confiner les charges polluantes En premier, il faut
des protections. raccorder les équipements sensibles aussi près que
possible de leur source d’alimentation. Ensuite, il faut
 Réduction des courants harmoniques générés
identifier puis séparer les charges polluantes des
o Inductance de ligne Une inductance triphasée est placée en charges sensibles, par exemple en les alimentant par
série avec l’alimentation (ou intégrée dans le bus continu pour des sources séparées ou par des transformateurs
les convertisseurs de fréquence). Elle réduit les harmoniques de dédiés. Tout cela en sachant que les solutions qui
courant de ligne (en particulier ceux de rang élevés) donc la consistent à agir sur la structure de l’installation sont,
valeur efficace du courant absorbé ainsi que la distorsion au en général, lourdes et coûteuses.
point de raccordement du convertisseur. Il est possible de o Protections et surdimensionnement des condensateurs
l’installer sans intervenir sur le générateur d’harmoniques et Le choix de la solution dépend des caractéristiques de
d’utiliser des inductances communes à plusieurs variateurs. l’installation. Une règle simplifiée permet de choisir le
o Utilisation de redresseurs dodécaphasés Cette solution type d’équipement avec Gh puissance apparente de
permet, par combinaison des courants, d’éliminer au primaire tous les générateurs d’harmoniques alimentés par le
les harmoniques de rang les plus bas tels que 5 et 7 (souvent les même jeu de barres que les condensateurs, et Sn
plus gênants car de plus fortes amplitudes). Elle nécessite un puissance apparente du ou des transformateurs amont :
transformateur à deux secondaires, l’un en étoile, l’autre en - si Gh/Sn i 15 % les équipements type standard
triangle, et permet de ne générer que les harmoniques de rang
conviennent,
12 k + ou - 1.
o Appareils à prélèvement sinusoïdal Cette méthode consiste à - si Gh/Sn > 15 % deux solutions sont à envisager.
utiliser des convertisseurs statiques dont l’étage redresseur 1 - Cas de réseaux pollués
exploite la technique de commutation MLI qui permet (15 % < Gh/Sn i 25 %) : il faut surdimensionner en
d’absorber un courant sinusoïdal. courant les appareillages et les liaisons en série et en
 Modification de l’installation tension les condensateurs.
o Immuniser les charges sensibles à l’aide de filtres 2 - Cas de réseaux très pollués
o Augmenter la puissance de court-circuit de l’installation (25 % < Gh/Sn i 60 %) : il faut associer des selfs anti-
harmoniques aux condensateurs accordées à une
fréquence inférieure à la fréquence de l’harmonique le
plus bas (par exemple 215 Hz pour un réseau 50 Hz) (cf.
fig. 10 ). Ceci élimine les risques de résonance et
contribue à réduire les harmoniques.

Fig 10 : effets d’une self anti-harmonique sur l’impédance d’un réseau.

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 Filtrage
Dans le cas où Gh/Sn > 60 %, le calcul et l’installation de filtre consommés par la charge et en restituant ensuite le
d’harmonique doivent être réalisés par des spécialistes ( fig. 11 ). même courant harmonique avec la phase
o Le filtrage passif Il consiste à réaliser une impédance faible convenable. Il est possible de mettre en parallèle
aux fréquences à atténuer grâce à l’agencement de composants plusieurs filtres actifs. Un filtre actif peut être, par
passifs (inductance, condensateur, résistance). Cet ensemble est exemple, associé à une ASI de façon à réduire les
placé en dérivation sur le réseau. Plusieurs filtres passifs en harmoniques réinjectés en amont.
parallèle peuvent être nécessaires pour filtrer plusieurs o Le filtrage hybride
composantes. Le dimensionnement des filtres harmoniques doit Il est composé d’un filtre actif et d’un filtre passif
être soigné : un filtre passif mal conçu peut conduire à des accordé sur le rang de l’harmonique prépondérant
résonances dont l’effet est d’amplifier des fréquences qui (ex. 5) et qui fournit l’énergie réactive nécessaire.
n’étaient pas gênantes avant son installation.  Cas particulier : les disjoncteurs
o Le filtrage actif (cf. Cahier Technique n 183) Il consiste à Les harmoniques peuvent provoquer des
neutraliser les harmoniques émis par la charge en analysant les déclenchements intempestifs des dispositifs de
harmoniques protection, pour les éviter il convient de bien
choisir ces appareils.
Les disjoncteurs peuvent être équipés de deux
types de déclencheurs, magnétothermiques ou
électroniques.

Fig. 11 : principes et caractéristiques du filtrage passif, actif, hybride.

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Les premiers cités sont surtout sensibles aux harmoniques par leurs fonctionnement cyclique car leur mémoire
capteurs thermiques qui appréhendent bien la charge réelle imposée thermique est plus performante que celle des
aux conducteurs par la présence des harmoniques. De ce fait ils sont bilames à chauffage indirect.
bien adaptés à leur usage, essentiellement domestique et industriel,  Le déclassement
sur les circuits de petites intensités.
Les seconds, selon leur mode de calcul des intensités véhiculées, Cette solution, applicable à certains
peuvent présenter le risque de déclenchement intempestif, aussi il équipements, est une réponse facile et souvent
convient de bien choisir ces appareils et de veiller à ce qu’ils suffisante à la gêne occasionnée par les
mesurent la valeur efficace vraie du courant (RMS). De tels harmoniques.
appareils présentent alors l’avantage de mieux suivre l’évolution
de la température des câbles notamment dans le cas de charges à

5.3 Surtensions
Surtensions atmosphériques
Obtenir une bonne coordination d’isolement c’est réaliser la  Protection primaire : Elle protège le bâtiment et sa
protection des personnes et des matériels contre les surtensions avec
structure contre les impacts directs de la foudre
le meilleur compromis technico-économique.
Elle nécessite: (paratonnerres, cages maillées (Faraday), câbles de
 de connaître le niveau et l’énergie des surtensions pouvant garde / fil tendu).
exister sur le réseau,  Protection secondaire : Elle protège les
 de choisir le niveau de tenue aux surtensions des composants équipements contre les surtensions atmosphériques
du réseau permettant de satisfaire aux contraintes,
consécutives au coup de foudre.
 d’utiliser des protections quand cela est nécessaire.
En fait, les solutions à retenir dépendent du type de surtensions Des parafoudres (de moins en moins des éclateurs) sont
rencontrées. installés sur les points des réseaux HT et en MT
Surtensions temporaires particulièrement exposés et à l’entrée des postes MT/BT
 Mettre hors service tout ou partie des condensateurs en période (cf. Cahier Technique n° 151).
de faible charge, En BT, ils sont installés à la fois le plus en amont
 Eviter de se trouver dans une configuration à risque de possible de l’installation BT (afin de protéger le plus
ferrorésonance ou introduire des pertes (résistances globalement possible) et le plus près possible des
d’amortissement) qui amortissent le phénomène. récepteurs électriques. La mise en cascade de
Surtensions de manœuvre parafoudres est parfois nécessaire : un, en tête
 Limiter les transitoires provoqués par la manœuvre de d’installation, et un, au plus près des récepteurs (cf.
condensateurs, par l’installation de self de choc, résistances de Cahier Technique n° 179). Un parafoudre BT est
préinsertion. Les compensateurs automatiques statiques qui toujours associé à un dispositif de déconnexion. D’autre
permettent de maîtriser l’instant d’enclenchement sont part, l’utilisation d’un disjoncteur de branchement
particulièrement adaptés aux applications BT n’acceptant pas les différentiel sélectif en BT évite que l’écoulement du
surtensions transitoires (automates industriels, informatique). courant à la terre par le parafoudre ne provoque de
 Placer des inductances de ligne en amont des convertisseurs de déclenchement intempestif du disjoncteur de tête
fréquence pour limiter les effets des surtensions transitoires. incompatible avec certains récepteurs (congélateur,
 Utiliser des disjoncteurs de branchement différentiels et sélectif programmateur…). A noter que les surtensions peuvent
(type « S ») en BT et des disjoncteurs de type « si » (I∆ n = 30 mA et se propager jusqu’à l’appareil par d’autres voies que
300 mA). Leur emploi évite les déclenchements intempestifs dus à
l’alimentation électrique : les lignes téléphoniques
des courants de fuite transitoires : surtensions atmosphériques, de
manœuvre, mise sous tension de circuits fortement capacitifs à la (téléphone, fax), les câbles coaxiaux (liaisons
terre (filtres capacitifs reliés à la terre, réseaux de câbles étendus…) informatiques, antennes de télévision). Il existe sur le
qui s’écoulent dans le réseau en aval du DDR (Dispositif à courant marché des protections adaptées.
Différentiel Résiduel) par les capacités à la terre du réseau.

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5.4 Fluctuations de tension
 Modifier le réseau
Les fluctuations produites par les charges industrielles peuvent o Augmenter la puissance de court circuit en
affecter un grand nombre de consommateurs alimentés par la raccordant les circuits d’éclairage au plus
même source. L’amplitude de la fluctuation dépend du rapport près du point de l’alimentation.
entre l’impédance de l’appareil perturbateur et celle du réseau o Eloigner « électriquement » la charge
d’alimentation. Les solutions consistent à : perturbatrice des circuits d’éclairage en
 Changer de mode d’éclairage Les lampes fluorescentes ont une alimentant la charge perturbatrice par un
sensibilité plus faible que les lampes à incandescence. transformateur indépendant.
 Installer une alimentation sans interruption Elle peut être  Utiliser un compensateur automatique Cet
économique lorsque les utilisateurs perturbés sont identifiés et équipement réalise une compensation en temps
regroupés. réel phase par phase de la puissance réactive.
 Modifier le perturbateur Le flicker peut être réduit de 25 % à 50 %
Le changement du mode de démarrage de moteurs à  Placer une réactance série En réduisant le
démarrages fréquents permet par exemple de réduire les courant appelé, une réactance en aval du point
surintensités. de raccordement d’un four à arc peut réduire de
30 % le taux de flicker

5.5 Déséquilibres
puissances des transformateurs et la section des
Les solutions consistent à :
câbles,
 équilibrer les charges monophasées sur les trois phases,
 prévoir une protection adaptée des machines,
 diminuer l’impédance du réseau en amont des générateurs de
 utiliser des charges L,C judicieusement
déséquilibre en augmentant les raccordées (montage de Steinmetz).

5.6 Résumé

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6 Etudes de cas

6.1 Filtrage hybride


Description de l’installation Les mesures, après mise en service, montrent
Des remontées mécaniques sont alimentées par un transformateur que ce dispositif permet de réduire l’amplitude
MT/BT (800 kVA). des harmoniques sur une large gamme de rang
Les charges connectées sont des télésièges ainsi que d’autres d’harmoniques en courant et en tension
charges telles que des caisses enregistreuses, les systèmes de ( fig. 14 ) et ramène le taux de distorsion en
validation des forfaits, l’installation de chronométrage officiel pour tension de 12,6 % à 4,47 %. Il a aussi pour effet
compétition et un réseau téléphonique. de ramener le facteur de puissance de
l’installation de 0,67 à 0,87. Cette solution a
Problèmes rencontrés permis de résoudre tous les problèmes
Lors du fonctionnement du télésiège, le réseau basse tension issu puisqu’aucun dysfonctionnement n’a été
du transformateur MT/BT est perturbé. constaté depuis
Les mesures effectuées sur le site mettent en évidence un fort taux
préexistant de distorsion harmonique en tension (THD ≈ 9 %)
provenant du réseau MT ainsi qu’une pollution harmonique de la
part du départ télésiège. La déformation résultante de la tension
d’alimentation
(THD ≈ 12 %) perturbe les récepteurs sensibles (caisses
enregistreuses, chronométrage…).
Solutions
L’objectif du dispositif est d’assurer à la fois la compensation
d’énergie réactive en présence d’harmoniques et la neutralisation
des harmoniques susceptibles de perturber l’installation.
La solution retenue (fig. 12 ) est la mise en œuvre d’un filtre
hybride ( fig. 13 ) composé d’un filtre passif accordé sur le rang Fig. 13 : é quipement Rectiphase de filtrage
de l’harmonique prépondérant (H5) qui fournit l’énergie réactive hybride (marque Merlin Gerin).
nécessaire (188 kvar) et d’un filtre actif de calibre 20 A affecté
au traitement des autres rangs d’harmoniques.

Fig 14 : spectres montrant l’efficacité d’un


Fig. 12 : mise en œuvre de la solution. filtre hybride : [a] en tension, [b] en courant.

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6.2 Compensation automatique en temps réel
Description de l’installation
L’usine d’un équipementier automobile localisée à Concord Les problèmes rencontrés ont clairement pour origine
(Ontario - Canada) est alimentée par un transformateur de 2000 les fluctuations de tension provoquées par le
kVA - 27,6 kV / 600 V - Yy - Ucc = 5,23 %. fonctionnement des soudeuses qui sont des charges à
Elle fabrique des pots d’échappement à partir de tôles d’acier grâce variations rapides et fréquentes qui consomment une
à des soudeuses par point et à roulette. puissance réactive importante.
Un creux de tension de 6 % a pour conséquence une
Problèmes rencontrés réduction de 12 % (1-0,942) de l’énergie disponible pour
 Fatigue visuelle et nerveuse du personnel, due à la fluctuation de la soudure. Cela explique le nombre important de
la luminosité des lampes (papillotement ou flicker), lorsque les soudures défectueuses.
soudeuses sont en fonctionnement. Les dispositifs classiques de compensation d’énergie
 Nuisances sonores et vieillissement mécanique prématuré des réactive utilisant des contacteurs électromécaniques ne
équipements provoqués par des vibrations principalement au permettent pas d’atteindre les temps de réponse
niveau du transformateur et des appareils de coupure lorsque les nécessaires ;
soudeuses sont en fonctionnement les manœuvres de gradins de condensateurs sont
 Impossibilité d’ajouter des équipements de peur de surcharger volontairement temporisées de façon à réduire le
l’installation (présence d’un courant crête au moment du soudage nombre de manœuvre et ne pas dégrader la durée de vie
des contacteurs par une usure prématurée, mais aussi de
supérieur au courant nominal du disjoncteur d’arrivée).
façon à permettre la décharge des condensateurs.
L’expansion de l’installation nécessite alors des investissements
coûteux, soit pour redimensionner l’installation existante, soit La solution retenue a été la mise en œuvre d’une
pour créer un nouveau poste d’alimentation. compensation automatique en temps réel ( fig. 16 ). Ce
dispositif innovant permet :
 Pénalités annuelles de 5 k€ pour dépassement de consommation
de puissance réactive (facteur de puissance de 0,75).  une compensation ultra rapide des variations de
 Pièces défectueuses à cause de défauts de soudure apparaissant en puissance réactive en une période du fondamental (16,6
ms à 60 Hz), particulièrement bien adaptée au cas des
fin de fabrication au moment du cintrage des tubes.
charges variant rapidement et de façon importante
Tout cela détériore la productivité de l’entreprise.
(soudeuses, élévateurs, presses, concasseurs,
Solutions démarrages moteurs…) ;
Des mesures effectuées lors du fonctionnement des soudeuses  un enclenchement sans transitoire par la maîtrise de
mettent en évidence une tension nominale de 584 V, des creux de l’instant d’enclenchement, particulièrement intéressant
en présence de charges n’acceptant pas de surtensions
tension de profondeur 5,8 %, des pics de courant de
transitoires (automates industriels, informatiques…) ;
2000 A, des pics de puissance réactive de
 une durée de vie accrue des condensateurs et des
1200 kvar ( fig. 15 ).
contacteurs du fait de l’absence de pièces mécaniques
en mouvement et de surtensions.

Avant Aprè s
a
Tension (V) 584 599 b
Creux de tension
L1 L2 L3
c Profondeur (%) 5,8 3,2
c Durée (cycle) 20 à 25 10 à 15
Courant
c Moyen 1000 550
c Crête 2000 1250
Puissance ré active (kvar) 600 0
à 1200 à 300
Facteur de puissance 0,75 > 0,92

Fig. 15 : améliorations apporté es par le


compensateur automatique en temps réel.

Fig. 16 : compensateur automatique en temps ré el


: [a] principe, [b] réalisation pratique.

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Une compensation de 1200 kvar aurait permis de minimiser les  de réduire les pics de puissance réactive à 300
creux de tension, mais 800 kvar ont été jugés suffisants pour kvar et d’augmenter le facteur de puissance au
maintenir la tension à un niveau acceptable par tous les dessus de 0,92. Ce qui évite les pénalités de
procédés de l’usine dans toutes les conditions de charge. facturation énergétique ;

La mise en œuvre de la solution a permis (cf. fig. 17 ) :  d’augmenter la tension nominale à 599 V et
de réduire la profondeur des creux de tension
 de réduire les pics de courant à 1250 A et ainsi de pouvoir
à 3,2 % (cf. fig. 16). Cela est une conséquence
ajouter des charges supplémentaires sans modification de de l’augmentation du facteur de puissance et
l’installation, avec amélioration du rendement de l’installation de la réduction de l’amplitude du courant (fig.
par la réduction des pertes Joule ; 18 ). La fatigue visuelle et nerveuse du
personnel due au flicker est ainsi éliminée. La
qualité de la soudure a été améliorée, ainsi que
la cadence de production.

Fig. 17 : mesure des courants, tensions et puissance ré active :


[a] sans compensation [b] avec compensation.

Fig. 18 : réduction de la chute de tension obtenue avec un compensateur automatique en


temps réel.

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6.3 Protection contre la foudre
Description de l’installation
Le site est constitué de bureaux (matériel informatique, centrale
d’éclairage et de chauffage), d’un poste de garde (alarme incendie,
alarme intrusion, contrôle d’accès, vidéo surveillance) et de trois
bâtiments de process de fabrication installés sur 10 hectares dans la
région d’Avignon (densité de foudroiement de
2 impacts par km2 et par an).
Le site est entouré de quelques arbres et de structures
métalliques (pylônes). Tous les bâtiments sont équipés de
paratonnerres. Les alimentations MT et BT sont souterraines.

Problèmes rencontrés
Un orage s’est abattu sur le site détruisant l’installation basse
tension de sécurité du poste de garde, et provoquant 36 kE de
pertes d’exploitation. La présence de paratonnerres a évité
l’incendie de la structure, mais les équipements électriques
détruits n’étaient pas
protégés par des parafoudres contrairement à la recommandation
des normes UTE C-15443 et CEI 61024.

Solutions
Après analyse du réseau d’équipotentialité et du réseau des prises
de terre, puis vérification de l’installation des paratonnerres et
contrôle de la valeur des prises de terre, il a été décidé d’installer
des parafoudres.
Des parafoudres sont installés en tête d’installation (TGBT)
et, en cascade, dans
chaque bâtiment de fabrication ( fig. 19 ). Le schéma de Fig. 19 : schéma d’installation en cascade de
liaison à la terre étant TNC, la protection n’est utile qu’en plusieurs parafoudres.
mode commun (entre phases et PEN).
Conformément au guide UTE C-15443, en présence de
paratonnerre, les caractéristiques des parafoudres PF65 et PF8 de
marque Merlin Gerin (fig. 20 ), sont :
 En tête d’installation
In = 20 kA – Imax = 65 kA – Up = 2 kV,
 En cascade (distants d’au moins 10 m)
In = 2 kA – Imax = 8 kA – Up = 1,5 kV. PF65

Ces derniers assurent une protection fine au niveau des tableaux


divisionnaires (bureaux et poste de garde).
Le schéma de liaison à la terre étant transformé en TNS, il
convient d’assurer la protection en mode commun (entre phase et
PE) et en mode différentiel (entre phases et neutre). Les dispositifs
de déconnexion associés sont ici des disjoncteurs d’un pouvoir de
coupure de 22 kA. PF8
Fig. 20 : parafoudres basse tension (PF65 et PF8
de marque Merlin Gerin).

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7 Conclusion

Des perturbations électriques peuvent l’électricité est devenu un sujet stratégique


prendre naissance dans le réseau du pour les compagnies d’électricité, les
distributeur, l’installation de l’utilisateur personnels d’exploitation, de maintenance,
perturbé ou dans l’installation d’un de gestion de sites tertiaires ou industriels
utilisateur voisin. ainsi que pour les constructeurs
Ces perturbations ont des conséquences d’équipements.
différentes selon le contexte économique et Cependant, les perturbations ne doivent pas
le domaine d’application : de l’inconfort à être subies comme une fatalité car des
la perte de l’outil de production, voire solutions existent. Leur définition et leur
même à la mise en danger des personnes. mise en œuvre dans le respect des règles de
La recherche d’une meilleure l’art, ainsi que leur maintenance par des
compétitivité des entreprises, la spécialistes permettent une qualité
dérégulation du marché de l’énergie d’alimentation personnalisée adaptée aux
électrique font que la qualité de besoins de l’utilisateur.

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