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QUALITE DE L’ENERGIE ELECTRIQUE
(Q.E.E)
Présenté par :
Dr H.DENOUN
L’une des propriétés particulières de l’électricité est que certaines de ses caractéristiques dépendent à la fois du
producteur / distributeur d’électricité, des fabricants d’équipements et du client. Le nombre important de protagonistes
et l’utilisation d’une terminologie et de définitions parfois approximatives expliquent en partie la complexité du sujet.
Ce Cahier Technique a pour objectif de faciliter les échanges sur ce sujet entre spécialistes et non-spécialistes, et entre
client, constructeur, installateur, concepteur et distributeur. Sa terminologie claire doit permettre d’éviter les
confusions. Il décrit les phénomènes principaux qui dégradent la Qualité de l’Energie Electrique (QEE), leurs origines,
les conséquences sur les équipements et les solutions principales. Il propose une méthodologie de mesure de la QEE
selon les différents objectifs. Illustré par des exemples pratiques de mise en œuvre de solutions, il démontre que seul le
respect des règles de l’art et la mise en œuvre d’une méthodologie rigoureuse (diagnostics, études, solutions, mise en
œuvre, maintenance préventive) permettent une qualité d’alimentation personnalisée et adaptée au besoin de l’utilisateur.
Sommaire
1.1 Contexte
Et donc, les utilisateurs professionnels de l’électricité
La qualité de l’électricité est devenue un sujet stratégique expriment le besoin d’optimiser le fonctionnement de
pour les compagnies d’électricité, les personnels
leurs installations électriques.
d’exploitation, de maintenance ou de gestion de sites
tertiaires ou industriels, et les constructeurs d’équipements, La généralisation d’équipements sensibles aux
essentiellement pour les raisons suivantes : perturbations de la tension et / ou eux-mêmes
la nécessité économique d’accroître la générateurs de perturbations
compétitivité pour les entreprises,
Du fait de leurs multiples avantages (souplesse de
la généralisation d’équipements sensibles aux
fonctionnement, excellent rendement, performances
perturbations de la tension et/ou eux-mêmes
élevées…) on constate le développement et la
générateurs de perturbations,
généralisation des automatismes, des variateurs de
l’ouverture du marché de l’électricité.
vitesse dans l’industrie, des systèmes informatiques, des
éclairages fluo-compact dans le tertiaire et le
La nécessité économique d’accroître la
compétitivité pour les entreprises domestique. Ces équipements ont la particularité d’être à
la fois sensibles aux perturbations de la tension et
La réduction des coûts liés à la perte de continuité
générateurs de perturbations.
de service et à la non-qualité
Le coût des perturbations (coupures, creux de tension, Leur multiplicité au sein d’un même procédé exige une
harmoniques, surtensions atmosphériques...) est élevé. alimentation électrique de plus en plus performante en
Ces coûts doivent prendre en compte le manque à produire, termes de continuité et de qualité. En effet, l’arrêt
les pertes de matières premières, la remise en état de l’outil temporaire d’un élément de la chaîne peut provoquer
de production, la non-qualité de la production, les retards de l’arrêt de l’outil de production (fabrication de semi-
livraison. Le dysfonctionnement ou l’arrêt de récepteurs conducteurs, cimenterie, traitement de l’eau, manutention,
prioritaires tels que les ordinateurs, l’éclairages et systèmes imprimerie, sidérurgie, pétrochimie…) ou de services
de sécurité peuvent mettre en cause la sécurité des (centres de calcul, banques, télécommunications…).
personnes (hôpitaux, balisage des aéroports, locaux En conséquence, les travaux de la CEI sur la
recevant du public, immeubles de grande hauteur…). compatibilité électromagnétique (CEM) conduisent à
Ceci passe aussi par la détection par anticipation des des normes et recommandations de plus en plus
problèmes par une maintenance préventive, ciblée et contraignantes (limitations des niveaux d’émission des
optimisée. On constate de plus un transfert de perturbations…).
responsabilité de l’industriel utilisateur vers le constructeur
L’ouverture du marché de l’électricité
d’appareillage pour assurer la maintenance des sites ; le
constructeur devient fournisseur du produit électricité. Les règles du jeu du secteur électrique ont ou vont
La réduction des coûts liés au surdimensionnement des évoluer en profondeur : ouverture à la concurrence de
installations et aux factures énergétiques la production d’électricité, production décentralisée,
possibilité pour les (gros) consommateurs d’électricité
D’autres conséquences plus insidieuses de la
de choisir leur fournisseur.
dégradation de la QEE sont :
o la réduction du rendement énergétique de Ainsi en 1985, la commission européenne a établi que
l’installation, ce qui alourdit la facture énergétique, l’électricité était un produit (directive 85/374) : ce qui
o la surcharge de l’installation, d’où son vieillissement rend nécessaire de bien en définir les caractéristiques
prématuré avec le risque accru de panne qui conduit essentielles.
à un surdimensionnement des équipements de Par ailleurs dans le contexte de la libéralisation du marché
distribution. de l’énergie, la recherche de la compétitivité par les
compagnies d’électricité fait que la qualité est un facteur
différentiateur. Sa garantie peut être, pour un industriel,
un critère de choix d’un fournisseur d’énergie.
2.1 Généralités
Les perturbations électromagnétiques susceptibles de
perturber le bon fonctionnement des équipements et des
procédés industriels sont en général rangées en plusieurs surtensions transitoires (transient overvoltages),
classes appartenant aux perturbations conduites et rayonnées fluctuations de tension (voltage fluctuations),
: déséquilibres de tension (voltage unbalance),
basse fréquence (< 9 kHz), variations de la fréquence d’alimentation (power-
haute fréquence (u 9 kHz), frequency variations),
de décharges électrostatiques. tension continue dans les réseaux alternatifs (d.c.
La mesure de QEE consiste habituellement in a.c. networks),
tensions de signalisation (signalling voltages).
à caractériser les perturbations
électromagnétiques conduites basse Il n’est en général pas nécessaire de mesurer
l’ensemble de ces perturbations.
fréquence (gamme élargie pour les
Elles peuvent être groupées en quatre catégories
surtensions transitoires et la transmission
selon qu’elles affectent l’amplitude, la forme
de signaux sur réseau) : d’onde, la fréquence et la symétrie de la tension.
creux de tension et coupures (voltage dips Plusieurs de ces caractéristiques sont souvent
and interruptions), modifiées simultanément par une même
perturbation. Elles peuvent aussi être classées selon
harmoniques (harmonics), leur caractère aléatoire (foudre, court-circuit,
interharmoniques (interharmonics), manœuvre…) permanent ou semi permanent.
surtensions temporaires (temporary
overvoltages),
surtensions (swell),
2.2 Creux de tension et coupures
Dé finitions la valeur efficace « rms (1/2) » du signal sur une
Un creux de tension est une baisse brutale de la tension en un période du fondamental toutes les demi-périodes
point d’un réseau d’énergie électrique, à une valeur comprise (recouvrement d’une demi-période) (fig. 1b).
(par convention) entre 90 % et 1% (CEI 61000-2-1, CENELEC Les paramètres caractéristiques (fig. 1b) d’un
EN 50160), ou entre 90 % et 10 % (IEEE 1159) d’une tension creux de tension sont donc :
de référence (Uref) suivie d’un rétablissement de la tension sa profondeur : ∆ U (ou son amplitude U),
après un court laps de temps compris entre la demi-période sa durée ∆ T, définie comme le laps de temps
fondamentale du réseau (10 ms à 50 Hz) et pendant lequel la tension est inférieure à 90 %.
une minute (fig. 1a). On parle de creux de tension à x % si la valeur
rms(1/2) passe en dessous de x % de la valeur
La tension de référence est généralement la tension nominale
de référence Uref.
pour les réseaux BT et la tension déclarée pour les réseaux MT
et HT. Une tension de référence glissante, égale à la tension Les coupures sont un cas particulier de creux de
avant perturbation, peut aussi être utilisée sur les réseaux MT tension de profondeur, supérieures à 90 %
et HT équipés de système de réglage (régleur en charge) de la (IEEE) ou 99 % (CEI-CENELEC). Elles sont
tension en fonction de la charge. Ceci permet d’étudier (à caractérisées par un seul paramètre : la durée.
l’aide de mesures simultanées dans chaque réseau) le transfert Les coupures brèves sont de durée inférieure à 3
des creux entre les différents niveaux de tension. minutes (CENELEC), ou une minute (CEI-
IEEE), elles sont notamment occasionnées par
La méthode habituellement utilisée pour détecter et caractériser
les réenclenchements automatiques lents
un creux de tension est le calcul de destinés à éviter les coupures longues (réglés
entre 1 et 3 minutes) ; les coupures longues sont
de durée supérieure. Les coupures brèves et les
coupures longues sont différentes tant du point
de vue de l’origine que des solutions à mettre en
Origine
Les creux de tension et les coupures brèves sont
principalement causés par des phénomènes conduisant à des
courants élevés qui provoquent à travers les impédances des
éléments du réseau une chute de tension d’amplitude d’autant
plus faible que le point d’observation est électriquement
éloigné de la source de la perturbation.
Les creux de tension et les coupures brèves ont différentes causes : Fig. 1 : paramètres caractéristiques d’un creux de
o des défauts sur le réseau de transport (HT) de distribution tension ; [a] forme d’onde, [b] rms (1/2)
(BT et MT) ou sur l’installation elle même.
L’apparition des défauts provoque des creux de tension pour tous
les utilisateurs. La durée d’un creux est en général conditionnée par 0,3 à 1 s) ou la tension due à la décharge des
les temporisations de fonctionnement des organes de protection. condensateurs branchés sur le réseau.
L’isolement des défauts par les dispositifs de protections
Les coupures brèves sont souvent le résultat du
(disjoncteurs, fusibles) provoquent des coupures (brèves ou
fonctionnement des automatismes de réseau tels
longues) pour les utilisateurs alimentés par la section en défaut du
que les réenclencheurs rapides et/ou lents, les
réseau. Bien que la source d’alimentation ait disparu, la tension du
permutations de transformateurs ou de lignes.
réseau peut être entretenue par la tension résiduelle restituée par les
Les utilisateurs subissent une succession de
moteurs asynchrones ou synchrones en cours de ralentissement
creux de tension et/ou de coupures brèves lors
(pendant
de défauts à arc intermittents, de cycles de
déclenchement - réenclenchement automatiques
(sur réseau aérien ou mixte radial) permettant
l’élimination des défauts fugitifs ou encore en
cas de renvois de tension permettant la
localisation du défaut.
o .la commutation de charges de puissance
importante (moteurs asynchrones, fours à
arc, machines à souder, chaudières…) par
rapport à la puissance de court-circuit.
Autres charges
Tension source
E
Z
I
U = E - ZI
Générateur
d'harmoniques
2.7 Résumé
Origine de la perturbation
Réseau
Dé faut d’isolement, rupture
du conducteur de neutre...
Manœuvres et
ferrorésonance
Foudre
Equipements
Moteur asynchrone
Moteur synchrone
Machine à souder
Four à arc
Convertisseur
Charges informatiques
Eclairage
Onduleur
Batterie de condensateurs
D’une façon générale, quelle que soit la perturbation, les effets Effets différés : pertes énergétiques,
peuvent être classés de deux façons différentes : vieillissement accéléré du matériel dû aux
Effets instantanés : manœuvres intempestives de contacteurs ou échauffements et aux efforts
d’organes de protection, mauvais fonctionnement ou arrêt électrodynamiques supplémentaires
d’une machine. L’impact financier de la perturbation est alors engendrés par les perturbations.
directement chiffrable. L’impact financier (par ex. sur la
productivité) est plus difficilement quantifiable.
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Eclairage
Les creux de tension provoquent un vieillissement
prématuré des lampes à incandescence et des tubes
fluorescents.
Les creux de tension de profondeur supérieure ou
égale à 50 % et dont la durée est de l’ordre de 50 ms
Fig. 4 : tolé rance typique dé finie par la courbe ITI. provoquent l’extinction des lampes à décharge. Une
durée d’extinction de quelques minutes est alors
nécessaire au refroidissement de l’ampoule avant
réallumage
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3.5 Déséquilibres
de phase peuvent alors différer
Le principal effet est le suréchauffement des machines considérablement. Ce qui accroît l’échauffement
asynchrones triphasées. de la ou des phases parcourues par le courant le
En effet, la réactance inverse d’une machine asynchrone est plus élevé et réduit la durée de vie de la
équivalente à sa réactance pendant la phase de démarrage. Le taux machine.
de déséquilibre en courant sera donc plusieurs fois celui de la En pratique, un taux de déséquilibre de tension
tension d’alimentation. Les courants de 1 % pendant une longue période, et 1,5 % de
moins de quelques minutes est acceptable
3.6 Résumé
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Une dégradation de qualité peut conduire à une modification du perturbations contre lesquelles il faut se prémunir (par
comportement, des performances ou même à la destruction des ex. les remèdes sont différents selon la durée d’une
équipements et des procédés qui en dépendent avec des coupure), est indispensable. Il conditionne l’efficacité
conséquences possibles sur la sécurité des personnes et des surcoûts de la solution retenue. L’étude, le choix, la mise en
économiques. Ceci suppose trois éléments : œuvre et la maintenance (qui assure l’efficacité dans le
un ou plusieurs générateurs de perturbations, temps) de solutions doivent aussi être effectués par des
un ou plusieurs récepteurs sensibles à ces perturbations, spécialistes.
entre les deux un chemin de propagation de ces perturbations. Les L’utilité même de choisir une solution et de la mettre
solutions consistent à agir sur tout ou partie de ces trois éléments en œuvre dépend :
soit de façon globale (installation) soit de façon locale (un ou Du niveau de performance souhaité Un
plusieurs récepteurs). Ces solutions peuvent être mise en œuvre dysfonctionnement peut être inadmissible s’il met en
pour : jeu la sécurité des personnes (hôpitaux, balisage des
corriger un dysfonctionnement dans une installation, aéroports, éclairages et systèmes de sécurité des
agir de façon préventive en vue du raccordement de charges locaux recevant du public, auxiliaires de centrale…)
polluantes, Des conséquences financières du dysfonctionnement
mettre en conformité l’installation par rapport à une norme ou à Tout arrêt non programmé, même très court, de
des recommandations du distributeur d’énergie, certains procédés (fabrication de semi-conducteurs,
réduire la facture énergétique (réduction de l’abonnement en sidérurgie, pétrochimie…) conduit à une perte ou à
kVA, réduction de la consommation). une non qualité de la production voire une remise en
Les récepteurs n’étant pas sensibles aux mêmes perturbations et état de l’outil de production.
avec des niveaux de sensibilité différents, la solution adoptée, en Du temps de retour sur investissement souhaité C’est
plus d’être la plus performante d’un point de vue technico- le rapport entre les pertes financières (matières
économique, doit garantir un niveau de QEE sur mesure et adapté premières, pertes de production…) provoquées par la
au besoin réel. non-qualité de l’énergie électrique et le coût (étude,
Un diagnostic préalable effectué par des spécialistes, de façon à mise en œuvre, fonctionnement, maintenance) de la
déterminer la nature des solution. D’autres critères tels que les habitudes, la
réglementation et les limites de perturbations
imposées par le distributeur sont aussi à prendre en
compte.
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Cahier Technique Schneider Electric n° 199 /
Ces disjoncteurs provoquent l’extinction des défauts fugitifs à la Commande et des régulations de celle des moteurs
terre en annulant pendant au moins 300 ms la tension aux bornes et des gros consommateurs d’énergie. En effet, un
du défaut par la mise à la terre de la seule phase en défaut au creux de tension ou une coupure (même brève) peut
niveau du jeu de barres du poste source. Ce qui ne modifie pas la être suffisante pour faire ouvrir tous les contacteurs
tension entre phases alimentant la clientèle. dont les bobines sont alimentées par le circuit de
puissance. Les récepteurs commandés par des
Réduction de la duré e et de la profondeur des creux de contacteurs ne sont alors plus alimentés lors du
tension retour de la tension.
Au niveau du réseau
o Augmentation des possibilités de bouclage (nouveaux postes Insensibilisation du contrôle-commande
source, interrupteur de bouclage). L’insensibilisation d’un process est
o Amélioration du niveau de performance des protections généralement basée sur l’insensibilisation du
électriques (sélectivité, automatisme de reprise d’alimentation, contrôle commande.
organes télécommandés en réseau, téléconduite, remplacement Le contrôle-commande des équipements est en
des éclateurs par des parafoudres…). général peu consommateur d’énergie et sensible aux
o Augmentation de la puissance de court circuit du réseau. perturbations. Il est donc souvent plus économique
Au niveau des équipements de désensibiliser uniquement le contrôle-commande
Diminution de la puissance absorbée par les charges de fortes et non pas l’alimentation en puissance des
puissances lors de leur mise sous tension avec des compensateurs équipements.
automatiques en temps réel et des démarreurs progressifs qui Le maintien de la commande sur les machines
limitent les pointes de courant (ainsi que les sollicitations suppose :
mécaniques). qu’il ne peut y avoir danger pour la sécurité du
personnel et des équipements lors du retour de la
Insensibilisation des installations industrielles et tension,
tertiaires que les charges et les procédés admettent une
Le principe général de désensibilisation contre les creux de tension coupure brève du circuit de puissance (forte
et les coupures est de compenser le manque d’énergie par un inertie ou ralentissement toléré) et puissent ré-
dispositif à réserve d’énergie intercalé entre le réseau et accélérer à la volée lors du retour de la tension,
l’installation. Cette réserve doit avoir une autonomie supérieure à que la source peut assurer l’alimentation de
la durée du défaut de tension dont on veut se protéger. l’ensemble des récepteurs en régime permanent
Les informations nécessaires au choix du dispositif (cas d’une source de remplacement) mais aussi
d’insensibilisation sont : l’appel de courant provoqué par le redémarrage
qualité de la source (niveau maximal de perturbations
simultané de nombreux moteurs.
présent),
exigences des récepteurs (sensibilité dans le plan durée- Les solutions consistent à alimenter toutes les
profondeur). bobines des contacteurs par une source auxiliaire
Seule une analyse fine du process et des conséquences sûre (batterie ou groupe tournant avec volant
techniques et financières de la perturbation permet de les réunir. d’inertie), ou à utiliser un relais temporisé à la
retombée, ou encore par l’intermédiaire d’un
Différentes solutions de désensibilisation sont possibles selon la
redresseur et d’un condensateur branché en
puissance nécessaire à l’installation et la durée du creux de
parallèle avec la bobine.
tension ou de la coupure.
Il est souvent intéressant d’étudier les solutions en distinguant Insensibilisation de l’alimentation en
l’alimentation du Contrôle- puissance des é équipements
Certains récepteurs n’acceptent pas les niveaux de
perturbations attendus, voire ni creux de tension ni
coupures. C’est le cas des charges « prioritaires »
telles que les ordinateurs, éclairages et systèmes de
sécurité (hôpitaux, balisage des aéroports, locaux
recevant du public) et les chaînes de fabrication
continue (fabrication de semi-conducteurs, centres
de calcul, cimenterie, traitement de l’eau,
manutention, industrie du papier, sidérurgie,
pétrochimie, etc.).
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Trois orientations sont possibles pour les supprimer, ou au moins o Déclasser des équipements
réduire leur influence. Un paragraphe particulier aborde la question o Confiner les charges polluantes En premier, il faut
des protections. raccorder les équipements sensibles aussi près que
possible de leur source d’alimentation. Ensuite, il faut
Réduction des courants harmoniques générés
identifier puis séparer les charges polluantes des
o Inductance de ligne Une inductance triphasée est placée en charges sensibles, par exemple en les alimentant par
série avec l’alimentation (ou intégrée dans le bus continu pour des sources séparées ou par des transformateurs
les convertisseurs de fréquence). Elle réduit les harmoniques de dédiés. Tout cela en sachant que les solutions qui
courant de ligne (en particulier ceux de rang élevés) donc la consistent à agir sur la structure de l’installation sont,
valeur efficace du courant absorbé ainsi que la distorsion au en général, lourdes et coûteuses.
point de raccordement du convertisseur. Il est possible de o Protections et surdimensionnement des condensateurs
l’installer sans intervenir sur le générateur d’harmoniques et Le choix de la solution dépend des caractéristiques de
d’utiliser des inductances communes à plusieurs variateurs. l’installation. Une règle simplifiée permet de choisir le
o Utilisation de redresseurs dodécaphasés Cette solution type d’équipement avec Gh puissance apparente de
permet, par combinaison des courants, d’éliminer au primaire tous les générateurs d’harmoniques alimentés par le
les harmoniques de rang les plus bas tels que 5 et 7 (souvent les même jeu de barres que les condensateurs, et Sn
plus gênants car de plus fortes amplitudes). Elle nécessite un puissance apparente du ou des transformateurs amont :
transformateur à deux secondaires, l’un en étoile, l’autre en - si Gh/Sn i 15 % les équipements type standard
triangle, et permet de ne générer que les harmoniques de rang
conviennent,
12 k + ou - 1.
o Appareils à prélèvement sinusoïdal Cette méthode consiste à - si Gh/Sn > 15 % deux solutions sont à envisager.
utiliser des convertisseurs statiques dont l’étage redresseur 1 - Cas de réseaux pollués
exploite la technique de commutation MLI qui permet (15 % < Gh/Sn i 25 %) : il faut surdimensionner en
d’absorber un courant sinusoïdal. courant les appareillages et les liaisons en série et en
Modification de l’installation tension les condensateurs.
o Immuniser les charges sensibles à l’aide de filtres 2 - Cas de réseaux très pollués
o Augmenter la puissance de court-circuit de l’installation (25 % < Gh/Sn i 60 %) : il faut associer des selfs anti-
harmoniques aux condensateurs accordées à une
fréquence inférieure à la fréquence de l’harmonique le
plus bas (par exemple 215 Hz pour un réseau 50 Hz) (cf.
fig. 10 ). Ceci élimine les risques de résonance et
contribue à réduire les harmoniques.
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22
5.3 Surtensions
Surtensions atmosphériques
Obtenir une bonne coordination d’isolement c’est réaliser la Protection primaire : Elle protège le bâtiment et sa
protection des personnes et des matériels contre les surtensions avec
structure contre les impacts directs de la foudre
le meilleur compromis technico-économique.
Elle nécessite: (paratonnerres, cages maillées (Faraday), câbles de
de connaître le niveau et l’énergie des surtensions pouvant garde / fil tendu).
exister sur le réseau, Protection secondaire : Elle protège les
de choisir le niveau de tenue aux surtensions des composants équipements contre les surtensions atmosphériques
du réseau permettant de satisfaire aux contraintes,
consécutives au coup de foudre.
d’utiliser des protections quand cela est nécessaire.
En fait, les solutions à retenir dépendent du type de surtensions Des parafoudres (de moins en moins des éclateurs) sont
rencontrées. installés sur les points des réseaux HT et en MT
Surtensions temporaires particulièrement exposés et à l’entrée des postes MT/BT
Mettre hors service tout ou partie des condensateurs en période (cf. Cahier Technique n° 151).
de faible charge, En BT, ils sont installés à la fois le plus en amont
Eviter de se trouver dans une configuration à risque de possible de l’installation BT (afin de protéger le plus
ferrorésonance ou introduire des pertes (résistances globalement possible) et le plus près possible des
d’amortissement) qui amortissent le phénomène. récepteurs électriques. La mise en cascade de
Surtensions de manœuvre parafoudres est parfois nécessaire : un, en tête
Limiter les transitoires provoqués par la manœuvre de d’installation, et un, au plus près des récepteurs (cf.
condensateurs, par l’installation de self de choc, résistances de Cahier Technique n° 179). Un parafoudre BT est
préinsertion. Les compensateurs automatiques statiques qui toujours associé à un dispositif de déconnexion. D’autre
permettent de maîtriser l’instant d’enclenchement sont part, l’utilisation d’un disjoncteur de branchement
particulièrement adaptés aux applications BT n’acceptant pas les différentiel sélectif en BT évite que l’écoulement du
surtensions transitoires (automates industriels, informatique). courant à la terre par le parafoudre ne provoque de
Placer des inductances de ligne en amont des convertisseurs de déclenchement intempestif du disjoncteur de tête
fréquence pour limiter les effets des surtensions transitoires. incompatible avec certains récepteurs (congélateur,
Utiliser des disjoncteurs de branchement différentiels et sélectif programmateur…). A noter que les surtensions peuvent
(type « S ») en BT et des disjoncteurs de type « si » (I∆ n = 30 mA et se propager jusqu’à l’appareil par d’autres voies que
300 mA). Leur emploi évite les déclenchements intempestifs dus à
l’alimentation électrique : les lignes téléphoniques
des courants de fuite transitoires : surtensions atmosphériques, de
manœuvre, mise sous tension de circuits fortement capacitifs à la (téléphone, fax), les câbles coaxiaux (liaisons
terre (filtres capacitifs reliés à la terre, réseaux de câbles étendus…) informatiques, antennes de télévision). Il existe sur le
qui s’écoulent dans le réseau en aval du DDR (Dispositif à courant marché des protections adaptées.
Différentiel Résiduel) par les capacités à la terre du réseau.
23
5.5 Déséquilibres
puissances des transformateurs et la section des
Les solutions consistent à :
câbles,
équilibrer les charges monophasées sur les trois phases,
prévoir une protection adaptée des machines,
diminuer l’impédance du réseau en amont des générateurs de
utiliser des charges L,C judicieusement
déséquilibre en augmentant les raccordées (montage de Steinmetz).
5.6 Résumé
24
25
Avant Aprè s
a
Tension (V) 584 599 b
Creux de tension
L1 L2 L3
c Profondeur (%) 5,8 3,2
c Durée (cycle) 20 à 25 10 à 15
Courant
c Moyen 1000 550
c Crête 2000 1250
Puissance ré active (kvar) 600 0
à 1200 à 300
Facteur de puissance 0,75 > 0,92
26
La mise en œuvre de la solution a permis (cf. fig. 17 ) : d’augmenter la tension nominale à 599 V et
de réduire la profondeur des creux de tension
de réduire les pics de courant à 1250 A et ainsi de pouvoir
à 3,2 % (cf. fig. 16). Cela est une conséquence
ajouter des charges supplémentaires sans modification de de l’augmentation du facteur de puissance et
l’installation, avec amélioration du rendement de l’installation de la réduction de l’amplitude du courant (fig.
par la réduction des pertes Joule ; 18 ). La fatigue visuelle et nerveuse du
personnel due au flicker est ainsi éliminée. La
qualité de la soudure a été améliorée, ainsi que
la cadence de production.
27
Problèmes rencontrés
Un orage s’est abattu sur le site détruisant l’installation basse
tension de sécurité du poste de garde, et provoquant 36 kE de
pertes d’exploitation. La présence de paratonnerres a évité
l’incendie de la structure, mais les équipements électriques
détruits n’étaient pas
protégés par des parafoudres contrairement à la recommandation
des normes UTE C-15443 et CEI 61024.
Solutions
Après analyse du réseau d’équipotentialité et du réseau des prises
de terre, puis vérification de l’installation des paratonnerres et
contrôle de la valeur des prises de terre, il a été décidé d’installer
des parafoudres.
Des parafoudres sont installés en tête d’installation (TGBT)
et, en cascade, dans
chaque bâtiment de fabrication ( fig. 19 ). Le schéma de Fig. 19 : schéma d’installation en cascade de
liaison à la terre étant TNC, la protection n’est utile qu’en plusieurs parafoudres.
mode commun (entre phases et PEN).
Conformément au guide UTE C-15443, en présence de
paratonnerre, les caractéristiques des parafoudres PF65 et PF8 de
marque Merlin Gerin (fig. 20 ), sont :
En tête d’installation
In = 20 kA – Imax = 65 kA – Up = 2 kV,
En cascade (distants d’au moins 10 m)
In = 2 kA – Imax = 8 kA – Up = 1,5 kV. PF65
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