09-Ruissellement Et Rosion

8) Le ruissellement sur les parcelles
agricoles et ses conséquences : impacts sur

Rémi KOLLER - Agronomie ENGEES - version 2008 avec P.van DIJK et AV AUZET
la qualité des eaux, érosion, …
1. Introduction
2. Formes, processus et facteurs
d’érosion
3. Mesures préventives
Ruissellement et érosion 1
Recensement des « coulées de boue » (1985-1995)
à partir des déclarations de catastrophes naturelles
Source IFEN
Cartographie de l’aléa
« érosion des sols » en France
INRA 1998
www.ifen.fr/erosion/methsom.htm
Bilan à partir de rapports (1987)
Source :
Auzet A.V., 1989.
In Le grand atlas de la France rurale.
(Eds INRA). J.P. de Monza, Paris.
Les dégâts et les problèmes
• « On site » (en amont)

– Perte en terre, diminution profondeur du sol

– Pertes des nutriments
– Modifications des caractéristiques physiques et chimiques
du sol
– Dégâts aux cultures
– En cas de ravines : problèmes d’accès aux champs cultivés
• « Off site » (effets aval)

– Transferts des sédiments et polluants
– Dégâts aux infrastructures et aux habitations
– Dégradation de la qualité des eaux de surface, et parfois des
nappes
– Dégâts aux écosystèmes aquatiques
Recouvrement des pieds de maïs en bas de parcelle.

Lauragais, printemps 1988.
Commune de Bouillancy (Val d’Oise), mai 1987.
Degâts aux chemins

Photo : P. van Dijk
Coulées de boue et dégâts aux habitations
Landser (68), 25 mai 2001
Photos : Lemmel M., Scodro E.
Blotzheim (68), juin 2003 (©R. Armand)

Blotzheim, juin 2003 © R. Armand

L’érosion entraîne généralement aussi un accroissement de
la charge solide des cours d’eau
La Zorn à Weyersheim, 19 heures après l’orage du 30 mai 00 h 00,

photo R.Koller - ARAA
n) Le ruissellement sur les parcelles
1. Introduction
d’érosion
Les formes d’érosion
• Diffuses ou concentrées
• Griffes, rigoles, ravines
• Localisées
– au sein des parcelles
– en limite de parcelles
• Dans des zones de concentration (fonds de
vallons secs)
• Connectées ou non au réseau
hydrographique
Érosion diffuse
• Arrachement par la
pluie
• Transport sélectif
par ruissellement
diffus
• Surface affectée de
façon assez
homogène
Érosion en rigoles
• Arrachement par la
pluie et le ruissellement
• incision du sol à
certains endroits
• collecte et
concentration du
ruissellement
• densité et localisation
Ravines éphémères
• Incisions qui ne peuvent être effacées par un simple

labour
• un réseau en amont du réseau hydrographique
pérenne
Ravine éphémère peu profonde, affectant le lis de semis. (Lauragais, printemps 1988).
Ravine éphémère. Parcelle de blé d’hiver. Picardie, janvier 1989.

1. Introduction
d’érosion
Les processus
• Arrachement de particules solides par la pluie
• Formation du ruissellement
• Arrachement par le ruissellement
• Transport
• Dépôt
Erosion
Transport
Dépôt
Apport de
sédiments
Arrachement par la pluie
• désagrégation mécanique sous l’impact des gouttes

de pluie (énergie cinétique des gouttes)
• éclatement dû à la compression de l’air des pores au

sein des mottes et agrégats du sol
• alternances gonflement / retrait (les argiles)
• dispersion physico-chimique
¾ f [pluie, constituants et état du sol – texture,

stabilité structurale, humidité]
Formation du ruissellement
– Hortonien (l’intensité de la pluie est supérieure à

celle de l’infiltration – l’état de la surface du sol a
un rôle important)
– Saturation (le sol est saturé, tout le système poral
est rempli – tout apport supplémentaire va
entraîner un débordement)
– Exfiltration (ruissellement hypodermique
remontant en surface, en bas de versant par ex.)
– Fonte de neige sur un sol gelé ou saturé
(épisode de mars 2006 dans le Sundgau)
Erosion
Photos: A.V. Auzet

Arrachement par le ruissellement
• force tractrice exercée sur le sol par le flux

d’eau
• cohésion du sol (différenciation des horizons !)
9 valeurs critiques pour l’incision
9 f [type de sol et état, masse volumique du

fluide, rugosité du lit, épaisseur de la lame
d ’eau, gradient de pente]
Transport
• à très courte distance en l’absence de

ruissellement (dépôts dans les creux)
• sur des distances plus ou moins importantes

selon le microrelief
• sur des distances réellement importantes en

présence d’un réseau de collecte (traces de
roue, fourrières, dérayures, chemins...)
Photos: A.V. Auzet

Transport
Rémi KOLLER - Agronomie ENGEES - version 2008 avec P.van DIJK et AV AUZET Présentation des motifs de collecte du ruissellement en limite de parcelle
Dérayure
Fourrière
Vers un fossé
Prairie
Blé
Chemin
d’exploitation
Dépôt
• Lorsque la charge solide dépasse la capacité

de transport du ruissellement
• Là où la pente diminue localement
• Là où la rugosité augmente
• Là où l’infiltrabilité augmente
Dépôts
Photos: P.M. van Dijk
Sédiments dans les cours d’eau

Avant l’érosion visible, le ruissellement
• Le ruissellement existe aussi sans

érosion perceptible
• Il entraîne des éléments indésirables
dans les eaux superficielles : résidus de
phytosanitaires, P soluble
• Les processus de base sont communs
Les facteurs
• La pluie
• La topographie
• L’aménagement
• L’occupation du sol et le couvert végétal
• Les pratiques culturales
• Les sols
Le facteur pluie
• énergie cinétique des gouttes

Ec = 1/2 m v2
• relations diamètre médian des gouttes /

intensité
Le facteur topographique
• Le gradient de pente
• moyen ?
• local ?
• mesuré dans quelle
direction ?
• Les formes et la
concentration
• un versant n’est pas un
simple plan incliné
• relations directions du
travail du sol / motifs
linéaires agraires /
topographie
Photos R. KOLLER – ARAA – mai 2008 Ruissellement et érosion 37
L’aménagement de l’espace
• Motifs linéaires
– Routes / chemins
– Fourrières
– Dérayures
– Cours d’eau
– Fossés
• L’habitation : localisation par rapport aux BV
• Bassins de rétention en amont de zones à
enjeux
• Etc..
L’occupation du sol et le couvert végétal
• Distribution spatio-
temporelle des
couverts
• Interface entre
l’atmosphère et le sol
• Interception et
protection contre
l’action mécanique
des gouttes de pluie
• Frein éventuel (!) vis-
à-vis du ruissellement
Photos R. KOLLER – ARAA – mai 2008
Le facteur sol
• Constituants et texture + structure commandent :

– Capacité d’infiltration
f [organisation du système poral, état hydrique]
– Cohésion
f [texture, constituants, structure, état hydrique]
• Stabilité structurale
¾ En particulier en surface et dans l’horizon cultivé
Les sols limoneux

et limono-sableux
sont les moins résistants
à la dégradation structurale
et à l’érosion
Source : Kihlbom 1970 Ruissellement et érosion 42

Évolution des états de surface (EDS)
sous l’action des pluies
F0
Photos E. Scodro (2001)

EDS et faciès
F1
F2
L’intégration des facteurs : périodes à risques (fonction du
climat et du système de culture) (ex: Bretagne © C. Gascuel, 2001)
Spring: a quick Winter:

soil desagregation hydrologic conditions
Rainfall characteristics
Vegetation cover
Soil conditions:
roughness and infiltrability
Sowing
Weeding harvesting
Successive agricultural operations Two
Soil and hydrologic conditions key-periods
En climat tempéré : facteur clef = l’occupation du sol
Mise en culture des surfaces de prairie ou de forêt
<< matière org. en >> Temp (exposition >> Aération Exposition de la

surface (récolte) sol à la radiation) (travail du sol) surface à l’impact de la
pluie pendant une

>> processus micro-biolog. dans le sol partie de l’année
<< alimentation de
mat. org. fraîche >> décomposition mat. org. par
dans le sol minéralisation et oxydation
<< de différentes liaisons organiques dans le sol
<< stabilité des agrégats
>> formation des croutes (battance)
<< infiltrabilité
>> ruissellement >> érosion par le splash
>> érosion
Synthèse : relations sols, versant et réseau
hydrographique
Source : Ambroise (1999)
1. Introduction
d’érosion
Trois niveaux d’intervention pour la
prévention
• Parcelle
• Versant
• Bassin versant
9 A chaque niveau, des types de mesures
adaptés
9 Les mesures des différents niveaux
doivent être intégrées et complémentaires
car ils n’assurent pas les mêmes
fonctions f (pluies considérées en volume
et en intensité)
Parcelles
• Augmentation de la couverture végétale

– Dans le temps (rotation des cultures, intercultures,

mulching, résidus végétaux)
• Modifications du travail du sol (techniques
culturales sans labour, semis direct…)
• (Travail selon les courbes de niveau)
• Objectifs visés
– Augmenter le stockage d’eau en surface et freiner
le ruissellement
– Problèmes: structure spatiale des champs, motifs
court-circuits (fourrières), fortes pentes
Versants
• Bandes enherbées
• Culture en bandes alternées (« contour
cropping »)
• Mise en place de terrasses
• Construction de petites retenues d’eau
• Drainage
• …
Bassin versant
• Remembrement pour pouvoir appliquer des

bandes enherbées et les cultures en bandes
alternées
• Infrastructures (chemins, fossés, système de
drainage principal….)
• Construction de bassins de rétention
• Occupation du sol (reforestation,
enherbement)
• …
Techniques culturales sans labour (TCSL)
• Objectifs :
– Court-terme : conserver à la surface du sol les résidus

végétaux d’une culture intermédiaire ou de la dernière
récolte (effet anti érosif à partir de 25 à 40% de résidus)
– Long-terme : augmenter le taux de matières organiques de
l’horizon de surface
• Nombreuses variantes :
– Travail profond ( > 15 cm)
– Travail superficiel ( < 15 cm)
– Semis direct
• Effets majeurs : modifications de la structure du sol,
de la distribution verticale de la matière organique, de
la porosité (↑ porosité d’origine biologique)
TCSL : des effets
avérés sur le
ruissellement
Source : Soltner (2000)
Avantages et limites des TCSL
• Avantages : • Limites
– Préventif ! – S’applique mal à certaines

– Augmentation du taux de matière combinaison cultures (pommes de
organique terres, betteraves, maïs, …) X type
– Augmentation de l’activité de sol
biologique (lombrics, etc.) : – Difficultés de désherbage : risque
modification de la porosité augmentation de l’utilisation
– Avec meilleure infiltration de l’eau, d’herbicides
donc diminution du ruissellement – Impact possible sur la qualité des
– Protection directe contre l’effet récoltes (mycotoxines)
splash lors des pluies et freinage – Matériel agricole adapté
du ruissellement par les résidus – Diminution de ruissellement parfois
végétaux limitée (derrière récolte plantes
– Le système racinaire laissé en entières par exemple)
place augmente la cohérence de la – Un apprentissage à part entière
couche supérieure du sol (SD)
– Diminution possible des coûts en
travail et en énergie
Cultures couvrantes et mulching
• Techniques de couverture du sol

– Soit entre la récolte de la première culture et le semis de la

suivante (temporel) = interculture
• Au printemps, retournement, ou récolte, ou résidus laissés en
surface (mulch)
– Soit entre les rangs d’une culture principale (spatial) =
culture intercalaire (vigne et vergers enherbés)
• Quelques espèces courantes
– Ray-Grass anglais ou italien
– Seigle ou blé
– Crucifères (moutarde, colza, radis …)
– Trèfle, lupins…
– Phacélie,
Avantages et limites
• Avantages • Inconvénients
– Préventif ! – Coûts supplémentaires

– Améliore la structure du sol sans revenus
– Augmente le taux de – Résultat moindre pour les
matière organique et de la cultures tardives
vie biologique (lombrics,
etc.)
– Protège contre l’effet splash
– Augmente la rugosité de
surface
– Réduit le lessivage des
nitrates en automne et hiver
(effet CIPAN)
– Réduit la couverture de
mauvaises herbes
Travail selon les courbes de niveau
• Travail perpendiculaire au sens de la pente

– Evite la pré-formation de rigoles lors du travail du sol

– La rugosité perpendiculaire au sens de la pente
augmente le stockage en eau et freine le ruissellement (=
petit barrage )
• Inconvénient
– Le parcellaire ne le permet pas toujours
– Si travail du sol pas parfaitement perpendiculaire à la
pente : concentration des eaux dans les concavités de la
pente et risque de forte érosion en ravines dans la
fourrière
Les bandes enherbées (BE)
• Suivent les contours des versants

• Largeur : 1 à 25 m
• Permanentes ou faisant partie de la
rotation de cultures
• Objectif : filtration des sédiments et des
nutriments dans le ruissellement
• Efficacité d’interception pour les PP : de
50 à 100%
Mécanismes à l’oeuvre dans une bande
enherbée
• Modification de l’hydraulique du ruissellement

• Conséquences :
– Augmentation de l’infiltration
– Sédimentation parce que la vitesse et la capacité de
transport du ruissellement diminuent
– Augmentation de l’absorption de PP par la végétation
• Facteurs déterminant l’efficacité :
– Largeur de la bande enherbée
– Concentration des sédiments dans l’entrée
– Vitesse et profondeur du ruissellement d’entrée
– Densité et hauteur de l’herbe
Chenaux enherbés
• Là où le ruissellement se concentre :
dans les thalwegs et les vallons (secs)
– Evite la formation de rigoles et ravines
dans les endroits où le ruissellement est le
plus érosif
• Largeur entre 5 et 20 m
• En général : la surface drainée en
amont est supérieure à 100 ha
Source : Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap (2001) Ruissellement et érosion 62

Avantages et inconvénients
• Avantages • Inconvénients
– Le système racinaire et – Réduction de la surface

la végétation améliorent de culture
le cohérence du sol et sa – S’il y a plusieurs
résistance à l’érosion propriétaires : difficile à
– Réduction de la vitesse mettre en place
du ruissellement : moins – Coûts de mise en place
d’érosivité et meilleure et d’entretien
sédimentation – Le sens de culture ne
– Meilleure infiltration doit pas suivre celui du
chenal enherbé
Autres mesures
• Labour après récolte, pour ouvrir les surface tassées

par les machines

• Effacer les traces de roues (peut marcher pour les
événements d’un intensité moyenne, mais peut
aggraver l’érosion pour les événements extrêmes)
• Pas de monocultures, augmenter la diversité dans le
bassin versant
• Introduire des éléments linéaires (haies, murs,
fascines …) qui peuvent fonctionner comme
obstacles
• Semis à double densité dans des zones à risque
• …

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8) Le ruissellement sur les parcelles

agricoles et ses conséquences : impacts sur

la qualité des eaux, érosion, …

• « On site » (en amont)

– Perte en terre, diminution profondeur du sol

• « Off site » (effets aval)

Recouvrement des pieds de maïs en bas de parcelle.

Commune de Bouillancy (Val d’Oise), mai 1987.

Degâts aux chemins

Photos : Lemmel M., Scodro E.

Blotzheim (68), juin 2003 (©R. Armand)

Blotzheim, juin 2003 © R. Armand

La Zorn à Weyersheim, 19 heures après l’orage du 30 mai 00 h 00,

la qualité des eaux, érosion, …

• Incisions qui ne peuvent être effacées par un simple

Ravine éphémère. Parcelle de blé d’hiver. Picardie, janvier 1989.

la qualité des eaux, érosion, …

• Arrachement de particules solides par la pluie

• Arrachement par le ruissellement

• désagrégation mécanique sous l’impact des gouttes

• éclatement dû à la compression de l’air des pores au

• alternances gonflement / retrait (les argiles)

¾ f [pluie, constituants et état du sol – texture,

– Hortonien (l’intensité de la pluie est supérieure à

Photos: A.V. Auzet

• force tractrice exercée sur le sol par le flux

• cohésion du sol (différenciation des horizons !)

9 valeurs critiques pour l’incision

9 f [type de sol et état, masse volumique du

• à très courte distance en l’absence de

• sur des distances plus ou moins importantes

• sur des distances réellement importantes en

Photos: A.V. Auzet

• Lorsque la charge solide dépasse la capacité

• Là où la pente diminue localement

Photos: P.M. van Dijk

Sédiments dans les cours d’eau

• Le ruissellement existe aussi sans

• énergie cinétique des gouttes

• relations diamètre médian des gouttes /

• Constituants et texture + structure commandent :

¾ En particulier en surface et dans l’horizon cultivé

Les sols limoneux

Source : Kihlbom 1970 Ruissellement et érosion 42

Photos E. Scodro (2001)

Spring: a quick Winter:

<< matière org. en >> Temp (exposition >> Aération Exposition de la

pluie pendant une

<< de différentes liaisons organiques dans le sol

<< stabilité des agrégats

>> formation des croutes (battance)

>> ruissellement >> érosion par le splash

Source : Ambroise (1999)

la qualité des eaux, érosion, …

• Augmentation de la couverture végétale

– Dans le temps (rotation des cultures, intercultures,

• Remembrement pour pouvoir appliquer des

– Court-terme : conserver à la surface du sol les résidus

Source : Soltner (2000)

– Préventif ! – S’applique mal à certaines

• Techniques de couverture du sol

– Soit entre la récolte de la première culture et le semis de la

– Préventif ! – Coûts supplémentaires