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Maîtrise de la consommation d’eau

et des rejets des IAA

par Carole MATHIEU-ANDRÉ


Ingénieur agronome
Institut national agronomique de Paris-Grignon
Ingénieur d’opérations à la direction des actions industrielles de l’Agence de l’Eau
de Seine-Normandie

1. Intérêt d’une gestion globale de l’eau ............................................... F 1 450 – 2


2. Les usages de l’eau dans les IAA ........................................................ — 3
3. Caractéristiques des effluents des IAA ............................................. — 3
4. Audit préliminaire.................................................................................... — 5
5. Mise en place d’indicateurs .................................................................. — 6
6. Connaissance des réseaux d’évacuation d’eau ............................... — 7
7. Optimisation des circuits d’eaux propres......................................... — 8
8. Production plus sobre ............................................................................ — 8
9. Optimisation des nettoyages................................................................ — 13
10. Prévention des pollutions accidentelles ........................................... — 15
11. Sensibilisation du personnel ................................................................ — 16
12. Traitements ultérieurs ............................................................................ — 16
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. F 1 450

es industries agroalimentaires, de par la nature de leurs productions, sont


L grandes consommatrices d’eau de très bonne qualité. A l’autre bout de la
chaîne, leurs rejets représentent 20 % des eaux résiduaires de l’industrie fran-
çaise. La totale implication de l’agroalimentaire dans la chaîne de l’eau conduit
donc à ce que la préservation de la ressource constitue une de ses priorités. 10 %
des investissements des IAA sont réalisés pour la protection de l’environne-
ment. Parmi les principaux investisseurs, on retrouve les sucreries, les industries
du grain, le secteur de la viande et, enfin, les laiteries et les conserveries. Cepen-
dant, dans l’ensemble de ces activités, les interventions liées à des mesures pré-
ventives ou à la recherche et aux innovations représentent une part relativement
modeste et ne concernent que 17 % des investissements en environnement.
Bien souvent, la lutte contre la pollution reste une action qui ne s’intéresse pas
aux procédés de fabrication, pourtant à l’origine des rejets dont la gestion ne
doit plus être considérée aujourd’hui comme fatale.
Par ailleurs, l’eau ne doit pas être considérée comme un banal fluide, mais
comme une matière première de qualité. A tous les niveaux (dans les procédés,
pour les lavages, pour le refroidissement ...), gérer l’eau, c’est économiser sans
relâche, tant au niveau des consommations que des pollutions.
En outre, il convient de rappeler que quelles que soient les pistes qui peuvent
être proposées, il n’y a pas de solutions toutes faites mais toujours des cas parti-
culiers.

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MAÎTRISE DE LA CONSOMMATION D’EAU ET DES REJETS DES IAA ______________________________________________________________________________

1. Intérêt d’une gestion res premières et de produits finis, mais également grâce à la
récupération, au recyclage, à la valorisation des déchets, lorsque
globale de l’eau cela est possible, et à la rationalisation de leur stockage et de leur
élimination, lorsqu’ils ne sont pas récupérables.

■ Coûts du traitement des eaux résiduaires


Si un industriel s’oriente vers une solution curative plutôt que
1.1 Réduction et maîtrise des coûts vers une solution préventive, il lui faudra construire et entretenir des
ouvrages d’épuration. Or, une station d’épuration, outre le fait qu’il
s’agit d’un investissement improductif, est un outil qui coûte cher et
Le présumé paradoxe que constitue la conciliation du développe- dont l’exploitation demande beaucoup d’attention.
ment économique et de la préservation de l’environnement est à La réduction des pollutions et des flux hydrauliques pourra per-
présent couramment admis comme la base d’un développement mettre la maîtrise des coûts d’investissement et évitera ainsi
durable et, de ce fait, promu tant par les pouvoirs publics que par les l’implantation ou l’extension d’un dispositif d’épuration en cas
industriels. Il est possible de faire de l’environnement un atout, un d’augmentation de production.
facteur de développement économique. La gestion de l’eau doit
ainsi se réaliser au cœur des systèmes de production, afin non seu- D’importantes économies peuvent être réalisées sur les coûts
lement de minimiser mais, également, de maîtriser les dépenses. d’exploitation : maintenance, main-d’œuvre, consommables, pro-
duits, énergie, traitement et destination des boues.
Afin d’aboutir, pour un établissement, à des solutions d’épuration
qui soient et demeurent techniquement fiables et financièrement
acceptables, il convient de maîtriser au maximum les débits et les
flux générés dans les ateliers de l’usine. Cela se traduira également
par une maîtrise plus forte des procédés de fabrication et par une
1.2 Respect des contraintes
réduction des coûts de production (pertes en matières premières, environnementales
facture d’eau...).
Les aménagements qui peuvent être réalisés ne nécessitent
d’ailleurs pas forcément de gros budgets. La mise en commun des Tout industriel est directement concerné par le problème, parce
compétences de chacun, un examen attentif des procédés et des que le législateur l’a rendu responsable des déchets et des rejets
pratiques de production induisant des modifications de circuits ou qu’il produit ainsi que des dommages que ceux-ci peuvent causer à
de matériels, ainsi que la formation du personnel à de bonnes prati- l’environnement, même s’il en a délégué l’élimination à un tiers.
ques, conduisent à des améliorations sensibles. ■ Exigences réglementaires
Sur les sites anciens, les industriels doivent intégrer cette Dans le cas de rejets au milieu naturel, les exigences régle-
réflexion pour toute modernisation, toute extension d’atelier, en fai- mentaires de plus en plus poussées [1] [2] contraignent les indus-
sant appel aux meilleures technologies disponibles ; l’implantation triels à mettre en œuvre des dispositifs d’épuration de plus en plus
des nouvelles unités doit être conçue en envisageant tous les procé- sophistiqués et de plus en plus coûteux. L’arrêté du 2 février 1998
dés « sobres » possibles. (cf. [Doc. F 1 450]) précise les nouvelles dispositions en matière de
rejets pour les installations classées soumises à autorisation.
■ Facture d’eau
Lorsque l’entreprise est soumise à simple déclaration, ce sont les
La diminution des consommations d’eau dans le cas d’un raccor-
arrêtés types généraux ou relatifs à son secteur d’activité qui font foi.
dement à un réseau de distribution public se traduit par une réduc-
tion de la facture d’eau. L’impact est d’autant plus important que le Enfin la loi sur l’eau de 1992 (cf. [Doc. F 1 450]) définit un certain
prix de l’eau de ville a régulièrement augmenté ces dernières nombre de conditions et s’applique notamment pour les établisse-
années et poursuivra sans doute sa progression dans le futur. ments non classés. Il apparaît, en particulier, qu’aucun établisse-
ment ne peut envoyer ses eaux usées au milieu naturel sans
■ Redevances traitement ou, tout au moins, sans y être autorisé.
Les redevances « Pollution » des agences de l’eau sont basées sur Dans le cadre d’un raccordement au réseau public, la maîtrise des
des coefficients spécifiques qui sont en fait des ratios de polluants rejets d’un établissement peut permettre la mise en conformité par
ramenés à la production. Plus le flux polluant sera faible, plus fai- rapport aux exigences des conventions de raccordement, une effica-
bles seront ces coefficients spécifiques, ce qui se traduira d’emblée, cité accrue des prétraitements et, éventuellement, une révision des
à activité égale, par une réduction des redevances « Pollution ». clauses techniques de la convention et de leur incidence financière.
De même, dans le cas d’un prélèvement direct, la diminution des ■ Anticipation des évolutions réglementaires
consommations d’eau permet une économie sur la redevance
« Prélèvement ». Le choix entre un investissement au cœur des procédés et un trai-
tement final doit également prendre en compte l’évolution possible
Dans le cas d’un rejet au réseau communal, la réduction des flux de la réglementation. Un changement réglementaire intervenant
polluants générés verra également la réduction des redevances pendant la durée de l’amortissement pourra compromettre la renta-
d’« Assainissement ». bilité d’un traitement curatif plutôt que préventif. La mise en place
de nouveaux seuils réglementaires pourrait aboutir à rendre obso-
■ Coûts de stockage et de traitement des déchets lète le traitement choisi ou, tout au moins, nécessiter l’application
d’un traitement supplémentaire.
Les coûts de traitement, mais, aussi, de mise en décharge des
déchets sont également en pleine croissance. A l’échéance de 2002, ■ Accès aux normes de management environnemental
les envois en décharge de déchets non ultimes ne seront de toute Les actions de gestion préventive des eaux usées s’inscrivent par-
façon plus possibles. faitement dans une démarche de management environnemental et,
La réduction et la maîtrise des productions des déchets condui- à ce titre, constituent une solide base de départ pour un accès à la
sent à des économies grâce à la réduction de gaspillages de matiè- norme ISO 14001 ou au règlement Éco-audit (cf. [doc F 1 450]).

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1.3 Fiabilité de l’épuration — le lavage des récipients de conditionnement final (bouteilles,


bocaux, boîtes métalliques) ;
Au-delà des aspects financiers relatifs à l’épuration des eaux, il — le transport de matières premières, de produits finis (légumes,
convient de garantir le fonctionnement des ouvrages et la qualité fruits), de déchets (matières stercoraires, plumes) ;
des rejets. — l’emploi comme matière première pour des jus et bouillons de
cuisson, pour les glaces et les sorbets, l’eau de coupage des bois-
Le dimensionnement des installations d’épuration des eaux
sons alcoolisées, l’eau de reconstitution de jus de fruit à partir de
s’appuie sur l’évaluation de la charge polluante à traiter et des
concentrés ;
débits. Il est inutile de surdimensionner initialement les ouvrages ;
un flux régulier et limité conduit à un traitement plus efficace et plus — le trempage (de l’orge dans les malteries) ;
sûr en aval. — l’extraction ou la purification d’un des composants contenus
dans un mélange de plusieurs substances à l’état de solide ou de
La réduction des charges polluantes à la source doit également liquide (industrie de la fermentation, amidonnerie, glucoserie) ;
être recherchée dans tout projet puisqu’elle est beaucoup plus fiable — la cuisson, le blanchiment, l’appertisation ;
qu’un traitement en aval. Une meilleure connaissance des arrivées — le refroidissement des produits (chaudins en boyauderie) ;
permet une anticipation des événements et, ainsi, une prévention — le lavage des matériels (récipients de manutention, paillasses
des dysfonctionnements de la station. des laboratoires de fabrication...), des sols, des canalisations et des
appareils de process ;
1.4 Actions sur la production — l’emploi comme fluide caloporteur : eaux de chauffage et de
climatisation des locaux de production et des bureaux ;
La pollution est induite généralement par des pertes de matières — l’emploi comme vapeur d’alimentation des pasteurisateurs,
ou de fluides qu’il convient de récupérer. Dépolluer à la source per- des stérilisateurs, des bacs de blanchiment, d’appertisation, de
met d’économiser, en améliorant le bilan matière. Des gains de pro- précuisson ;
ductivité sont généralement constatés. — le refroidissement des pasteurisateurs, des stérilisateurs, des
groupes frigorifiques ;
Une meilleure gestion peut également conduire à une améliora-
— l’humidification d’air des centrales de climatisation (particuliè-
tion des conditions de travail, d’hygiène et de sécurité. L’augmenta-
rement pour les zones sensibles et ultrasensibles) ;
tion du sens des responsabilités du personnel peut ainsi conforter
— les usages sanitaires.
des actions de réduction des accidents du travail.
Il est également pertinent d’inscrire la démarche « technologie En industries agroalimentaires, certaines activités génèrent plus
propre », c’est-à-dire la mise en place de procédés ou pratiques limi- d’eau qu’elles n’en consomment, du fait de la teneur en eau des
tant les impacts sur l’environnement en réduisant la consommation matières premières (sucreries, féculeries...). Ces eaux devront être
d’eau ou la production de déchets et d’eaux usées, dans la démar- traitées si nécessaire.
che qualité : l’adoption d’une technologie propre, qui peut conduire ■ Caractéristiques des eaux utilisées
à une meilleure maîtrise du procédé, peut aussi permettre d’amélio- Une très grande qualité d’eau est notamment nécessaire pour la
rer la qualité des produits. production de vapeur et pour les eaux de constitution.

Exemple :
1.5 Amélioration de l’image de marque — pour la brasserie, l’eau qui entre dans le produit fini doit avoir une
qualité de potabilité parfaite et des caractéristiques physico-chimiques
Pour la défense du site tout d’abord, il convient d’avoir une image précises (pas de carbonates, pas de nitrates ni de nitrites...) ;
positive auprès des riverains, des élus locaux et des associations. — les eaux de lavage des produits (abattoirs) ou des matériels (lai-
Au-delà de la qualité des produits, les consommateurs se sou- teries) doivent être bactériologiquement pures.
cient de plus en plus des conditions de production. Les mesures pri-
ses par l’entreprise visant à mieux respecter l’environnement sont Un établissement est donc amené à s’approvisionner principale-
des atouts pour développer son image d’entreprise responsable et ment en eau de nappe ou de distribution et, éventuellement, en eau
écologique auprès du public. de surface en effectuant les traitements indispensables (filtration,
Cette différenciation positive peut également jouer son rôle déminéralisation, décarbonatation). Il convient à cette occasion de
auprès des distributeurs. Certains donneurs d’ordre inscrivent veiller à une optimisation de ces traitements d’eau et à une bonne
d’ores et déjà de tels critères dans le cahier des charges de leurs destination des sous-produits générés (par exemple, épandage agri-
fournisseurs et font même réaliser des audits sur ces bases. cole des boues des carbonates). Les eaux de surface sont générale-
ment utilisées pour les circuits de refroidissement.
Tous ces usages de l’eau sont à l’origine de pertes de matières qui
vont être entraînées, puis solubilisées vont contaminer les eaux et
2. Les usages de l’eau constituer ainsi les eaux résiduaires.

dans les IAA


3. Caractéristiques
Les industries agroalimentaires sont très exigeantes pour leur
des effluents des IAA
approvisionnement en eau tant en volume qu’en qualité.
■ Les volumes consommés par les établissements exerçant une
même activité agroalimentaire sont très variables en fonction non
3.1 Composition des effluents
seulement du process, mais également du niveau de gaspillage et
du recyclage. De par sa nature et ses propriétés, l’eau se retrouve à Les rejets des industries agroalimentaires sont généralement très
de multiples postes d’utilisation parmi lesquels on peut citer concentrés, notamment en matières organiques biodégradables,
notamment : compte tenu des produits traités.
— le lavage et le rinçage des matières premières à leur réception, Les graisses peuvent être présentes en quantités très importan-
des produits en cours de transformation, des produits finis (tuber- tes, particulièrement dans les secteurs de la viande, des plats cuisi-
cules, légumes, fruits, poissons) ; nés ou de la beurrerie.

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Suivant le type d’activité, le taux de matières en suspension Les matières oxydables sont à l’origine de la consommation de
(MES) est plus ou moins important, mais leur présence est fré- l’oxygène de l’eau du milieu du rejet et donc d’une raréfaction de
quente. cette ressource, pouvant conduire à une asphyxie du monde aqua-
Les effluents sont généralement dépourvus de substances immé- tique et, notamment, des poissons.
diatement toxiques et présentent une grande variation des concen- ■ MES
tration en nutriments, suivant notamment le type d’activité. Les MES ou matières en suspension caractérisent la fraction non
dissoute. Elles englobent tous les éléments en suspension dans
Exemple :
l’eau dont la taille permet leur rétention sur un filtre de porosité don-
— abattoir : forte teneur en azote ; née (méthode normalisée NF T EN 872).
— fromagerie : forte teneur en phosphore dans le cas d’utilisation
d’acide phosphorique pour les lavages. Les MES réduisent la luminosité des cours d’eau et limitent de ce
fait l’activité biologique. Elles peuvent également nuire à la faune
Certaines activités peuvent avoir des rejets importants en sels, piscicole en se déposant sur les branchies. Présentes en grandes
notamment dans le cas d’utilisations de saumures. quantités, elles occasionnent des dépôts intempestifs.
■ Nutriments
3.2 Caractéristiques physiques L’azote Kjeldahl correspond à la teneur en azote organique et
ammoniacal d’un échantillon exprimé en N (méthode normalisée
Les effluents de l’industrie agroalimentaire se caractérisent géné- NF T EN 25 663).
ralement par une température élevée. Les jus de cuisson, les eaux L’azote ammoniacal représente la somme des formes ions ammo-
de refroidissement sont à une température supérieure à 30°C. Cela nium et azote ammoniacal libre.
implique un refroidissement ou la mise en place de bacs tampons Le phosphore total couvre l’ensemble des formes phosphorées
dans l’usine, à la source de chaleur, ou à la sortie de l’établissement, présentes dans l’eau (phosphates, polyphosphates et organophos-
avant rejet, afin d’abaisser les températures. Cette disposition est phates – méthode normalisée NF T 90 023).
très importante dans le cas d’effluents graisseux, afin que la tempé-
rature des eaux ne vienne pas perturber le fonctionnement des Les nutriments participent notamment aux phénomènes d’eutro-
ouvrages de dégraissage. phisation des lacs et des cours d’eau et présentent un risque de pol-
lution des nappes souterraines. A dose élevée, les nitrates
De par leur nature organique et fortement biodégradable (rapport constituent un risque pour la santé humaine.
DCO/DBO (cf. § 3.3) de 1 à 3 en général), les effluents stockés sont
très fermentescibles. Un stockage trop important, non aéré ni ■ Matières inhibitrices
brassé, conduit à une acidification des effluents et à la génération Les matières inhibitrices représentent la toxicité immédiate d’un
d’odeurs trop importantes. effluent par mesure de l’inhibition de la mobilité d’un crustacé cla-
Des variations instantanées importantes des flux polluants jour- docère, la Daphniamagna-straus (méthode normalisée NF T 90 301).
nalières (lavages de fin de journée), hebdomadaires (lavages de fin ■ pH
de semaine) et saisonnières (activité saisonnière) sont une des Ce paramètre évalue l’acidité ou la basicité d’un effluent
caractéristiques de ces effluents. Cela dépend bien évidemment du (méthode normalisée NF T 90 008). Une variation du pH peut
type d’activité. induire des modifications d’équilibres physico-chimiques dans les
milieux naturels et avoir une influence néfaste sur la vie piscicole.
Un pH mal contrôlé peut également être à l’origine des phénomènes
3.3 Critères d’évaluation de la pollution de corrosion dans les ouvrages de traitement ou les conduites
d’amenée des effluents.
Pour de plus amples renseignements, on pourra consulter les ■ Graisses
références [1] [2] [3] des Techniques de l’Ingénieur. Les graisses peuvent être mesurées soit par extraction au chloro-
■ DCO, DBO, MO forme (SEC – substances extractibles au chloroforme), soit par
● La DCO (demande chimique en oxygène) correspond à la
extraction à l’hexane (SEH – substances extractibles à l’hexane).
consommation globale à chaud de l’oxygène du dichromate de Outre les dépôts fermentescibles, et donc fortement odorants, qui
potassium (méthode normalisée NF T 90 101). Elle est représenta- peuvent se former sur les conduites ou dans les postes de relève-
tive de la majeure partie des composés organiques ainsi que des ment, les graisses peuvent être la cause d’une dégradation des
sels minéraux oxydables. La DCOad2 correspond à la DCO du surna- ouvrages (acides gras) et d’une réduction des rendements épuratoi-
geant après décantation de l’échantillon pendant 2 h. res.
● La DBO (demande biologique en oxygène) correspond à la
■ Salinité
quantité d’oxygène consommée à 20 °C et à l’obscurité pour assurer La détermination des sels solubles est effectuée selon la méthode
par voie biologique l’oxydation des matières organiques présentes normalisée NF T 90 111.
dans l’eau. Il faut compter 21 jours pour mesurer une DBO ; on uti- Une concentration forte des sels peut être à l’origine de perturba-
lise cependant conventionnellement la DBO5 (soit 5 jours tions importantes du fonctionnement des ouvrages d’épuration
d’incubation – méthode normalisée NF T 90 103). Cette DBO5 repré- (bactéries sensibles aux variations de salinité).
sente la pollution organique carbonée rapidement biodégradable.
La DBO5ad2 correspond à la DBO5 du surnageant après décantation
de l’échantillon pendant 2 h. 3.4 Consommations spécifiques et ratios
● Le paramètre MO (matières oxydables), conventionnellement de pollution
utilisé par les agences de l’eau pour le calcul des redevances «Pollu-
tion», est déterminé selon la formule suivante : La nature des eaux des industries suivant le type d’activité peut
MO = (DCOad2 + 2DBOad2)/3 être caractérisée par des ratios de pollution et des consommations
spécifiques par rapport à la production, dont la définition est don-
● Le carbone organique total ou COT représente la teneur en car- née ci-dessous :
bone lié à la matière organique et repose sur une mesure de CO2
après oxydation complète. Il est généralement nécessaire de Consommation spécifique = Consommation/référentiel de pro-
s’affranchir des matières en suspension avant cette mesure, qui est duction
en revanche rapide à réaliser. Ratio de pollution = Flux polluant/référentiel de production

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Les consommations spécifiques et les ratios de pollution de quel- doit toujours être considéré comme un cas particulier. Il est donc
ques IAA sont donnés dans le tableau 1 avec les référentiels de pro- indispensable de mettre en œuvre une analyse initiale qui permettra
duction à considérer pour chaque activité. de recenser les consommations d’eau et les rejets par atelier et par
Évidemment, au sein d’une même activité, la fourchette des con- type de fabrication, sur des cycles complets de production.
sommations spécifiques et des ratios de pollution est grande et fonc-
tion de la variété des process, du niveau de recyclage et de gaspillage. Il est souvent utile, avant de démarrer l’étude proprement dite, de
Un établissement néanmoins largement au-dessus des valeurs consulter le service « Achats », afin de comparer les flux entrants et
moyennes constatées dispose d’une grande marge de progrès. les quantités de produits finis. On pourra ainsi définir le volume et le
montant des pertes, ce qui pourra éventuellement suffire à convain-
cre de l’intérêt financier de cet audit.

■ Qui doit réaliser l’audit ?


4. Audit préliminaire
Les compétences spécifiques ne se trouvent pas forcément au
sein de l’établissement lui-même ; cependant, si elles existent, un
prestataire extérieur comme un auditeur du groupe industriel
C’est la première étape lorsque l’on envisage une diminution de la auquel appartient l’établissement pourra notamment apporter un
consommation d’eau et une réduction des rejets. point de vue neuf sur les procédés et les pratiques, ce qui est fonda-
La diversité des rejets industriels implique principalement qu’il mental. Le personnel d’encadrement n’est pas forcément au courant
n’y a pas de solution toute faite à appliquer à un établissement, qui de toutes les actions pratiquées dans l’usine.

Tableau 1 – Consommations spécifiques et ratios de pollution par activité (1)


Consommation Ratio Ratio Ratio Ratio
Référentiel spécifique de pollution de pollution de pollution de pollution
Activité
de production
(L/...) (gDBO/...) (gMES/...) (gN/...) (gP/...)
Conserve de légumes aériens kg de produit fini 5 à 10 10 à 30 10 0,7 à 1 0,1 à 0,2
Conserve de légumes racines kg de produit fini 15 à 40 20 à 30 10 à 20 0,7 à 1,5 0,1 à 0,3
Conserve de champignons kg de produit fini 15 à 30 12 à 18 5 à 15 1à3 0,4
Conserve de poisson kg de produit fini 16 10 à 30 15 3 0,5
Saurisserie kg de produit fini 6 9 0,9 0,2
Conditionnement poisson kg de produit fini 6,6 3,7 3à4 0,5 0,1
Salaisons kg de produit fini 6 à 10 8 à 15 6 0,5 à 2 0,2 à 0,5
Andouillerie kg de produit fini 7 30 4 0,6
Plats cuisinés kg de produit fini 6,5 15 à 25 6 à 11 1à2 0,2
Abattoir polyvalent kg carcasses abattues 6à9 16 7 à 12 1,8 0,2 à 0,4
Abattoir porcs kg carcasses abattues 2,5 à 4,5 6,5 7 0,8 à 1 0,2
Abattoir poulets kg de volailles abattues 6à8 8 à 12 5 à 11 1,2 à 1,8 0,1 à 0,2
Abattoir dindes kg de dindes abattues 4à6 2 à 4,5 3 0,7 0,5 à 1
Abattoir poules kg poules abattues 6à8 25 à 50 8 à 10 1,3 0,2
Equarrissage : procédé à sec kg de matière première 1 7 0,7 0,7 0,02
Boulangerie industrielle kg de produit fini 0,7 à 1 1 0,1 0,01
Viennoiserie kg de produit fini 0,7 3,5 0,1 0,1
Fromagerie pâte molle Litre de lait 2,5 1,5 à 3 0,8 à 1,2 0,2 0,1 à 0,4
Fromagerie pâte filée Litre de lait 3 7 1,5 0,2 0,1 à 0,5
Production crème ou beurre Litre de lait équivalent 1 1,5 à 3,5 2,5 0,1 à 0,2 0,03 à 0,1
Production de poudre de lait Litre de lait équivalent 1à3 0,3 à 1 0,1 0,01 0,01
Production de yaourts et desserts lactés Litre de lait 2 à 2,5 6 à 11 2 à 3,5 0,2 à 0,4 0,2 à 0,4
Production et conditionnement de vin Litre de vin 1 5 1
Boissons non alcoolisées hL produit 150 à 300 250 11 0,5 à 2 0,7
Malterie kg d’orge 0,3 à 4,5 4
Brasserie Litre de bière 4à7 8 2,1
Production d’alcool de blé kg de blé travaillé 2,6 0,8 0,1 0,03
Sucrerie/distillerie kg de betterave 1,5 à 3,5 4,2 90 à 100 0,2 à 0,5 0,01 à 0,02
(1) DBO : demande biologique en oxygène ; MES : matières en suspension ; N: azote réduit ou Kjeldahl ; P phosphore total

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■ Établissement des données générales de base ■ Hiérarchisation des priorités en fonction des impacts environ-
nementaux
Les principales opérations à réaliser avant toute chose sont :
C’est à ce moment-là qu’il faut effectuer un bilan de la campagne
— l’élaboration d’un schéma de fabrication par relevé des
de mesure : volume d’eau consommée, volume d’eau rejetée, char-
activités : quantités mises en œuvre, quantités produites, nombre et
ges rejetées, bilan thermique.
fréquence des opérations de lavage ;
— la mise en place d’un synoptique des utilisations et des rejets ■ Propositions de réduction des consommations d’eau et des flux
d’eau qui devra notamment comporter : polluants
• un recensement et un descriptif de l’ensemble des points Elles se situent :
d’eau de l’usine : nature de l’eau utilisée (eau de nappe, eau de
— au niveau du process : collecte sélective, recyclage, réduction
surface, eau du réseau de distribution), prétraitements et traite-
de pertes ;
ments éventuels, existence de compteurs,
— au niveau du lavage : utilisation de matériel sous pression,
• une identification des points de distribution d’eau avec leur recyclages d’eau, lavages à contre-courant ;
localisation dans l’usine (eau industrielle et eau domestique), leur — au niveau du refroidissement : mise en place de groupes de
type (robinets, vannes, jets, lances), l’existence de compteurs, production d’eau glacée, d’échangeurs tubulaires ou à plaques ;
• une synthèse globale de « l’existant » en effectuant un bilan — au niveau des réseaux : séparation des réseaux eaux usées/
par utilisation et un bilan global, en identifiant les points forts et eaux propres ;
les points faibles du réseau de distribution ; — au niveau du bilan thermique : amélioration de la récupération
d’eau chaude.
— le recensement des réseaux de collecte et la mise en place d’un
plan de ces réseaux (eaux propres, eaux pluviales, eaux usées, eaux
recyclées), l’identification des postes de relèvement, des déversoirs,
des by-pass, des alarmes sur les by-pass et l’examen de l’état des
réseaux et de tous les ouvrages connexes.
5. Mise en place d’indicateurs
■ Connaissance de la pollution rejetée et de ses variations Il convient au préalable à toute décision de connaître l’ensemble
par rapport à la production [4] des obligations réglementaires auxquelles l’entreprise est soumise
afin de déterminer les seuils indicatifs.
Elle se fera par la mise en place d’une campagne de mesures et de
prélèvements au rejet général et par atelier, voire par machine. Dans Les obligations contenues dans les conventions de raccordement
le cas d’ouvrages de prétraitement et de traitement, une mesure en font partie de celles-ci.
amont et en aval des ouvrages doit être réalisée.
Ces mesures globales doivent conduire à des mesures du débit en
continu, à un enregistrement en continu du pH et de la température, 5.1 Mesures des rejets
au prélèvement d’échantillons moyens journaliers proportionnelle-
ment au débit, à un relevé des compteurs d’eau. Il est indispensable de s’équiper en matériel de mesure et, notam-
L’ensemble des niveaux d’activité doit être relevé et, notamment, ment, de disposer de compteurs à chaque poste, d’un ou de plu-
les quantités mises en œuvre, les quantités produites, le nombre et sieurs canaux de mesure (débimètres, préleveurs-échantillonneurs)
la nature des opérations de lavage, l’estimation des purges de à la sortie de l’établissement et/ou de chaque atelier.
déconcentration...
■ Recensement et localisation des points de consommation d’eau 5.1.1 Mesure des débits et des concentrations
Les principaux postes de consommation d’eau ont pour origine le
process, les lavages, la production de vapeur, les usages sanitaires ■ Mesure des débits
et domestiques.
Il existe deux grandes méthodes de mesure de débit : en canal
Outre la détermination et l’évaluation des consommations, il fau- ouvert (déversoirs à paroi mince ou à canaux jaugeurs associés à
dra effectuer : des capteurs de types divers) et en conduites fermées (débimètres
— pour le process : un bilan thermique et le recensement des déprimogènes, électromagnétiques, à effet vortex, à ultrasons...)[1].
compteurs existants ; Le choix d’un débitmètre est fonction d’un certain nombre de cri-
— pour les lavages : un bilan thermique, le recensement des tères d’utilisation (nature des effluents, variation du régime hydrau-
compteurs existants, la détermination des modes de lavage et des lique...) et d’implantation (accessibilité...) ainsi que de critères de
lieux de consommation ; coût et de maintenance. Quel que soit le type de débitmètre utilisé,
— pour la vapeur : le relevé des compteurs d’appoint, l’estima- il devra comporter un système d’enregistrement des débits et de
tion des purges de déconcentration, la nature et la quantité des pro- totalisation des volumes mesurés. Il devra, par ailleurs, subir un éta-
duits de traitement d’eau pour vapeur utilisés ; lonnage régulier.
— pour les usages sanitaires et domestiques : la localisation des ■ Échantillonnage par préleveurs-échantillonneurs
points d’eau.
Le point de prélèvement doit être choisi de manière que les
■ Recensement et localisation des sources de pollution effluents prélevés soient le plus homogènes possible.
Les prélèvements peuvent se réaliser en instantané, en continu ou
Les principales sources de pollution se situent : séquentiellement (asservis au débit, asservis au temps), mais les
— au niveau du process : eaux de cuisson, condensats, pertes échantillons les plus représentatifs de la qualité globale des eaux
des lavages des matériels et des sols, débordements de contenants, résiduaires (qui ont généralement des débits et des concentrations
fuites, pertes de matières... ; instantanées variables) sont proportionnels au débit.
— au niveau sanitaire : eaux vannes, eaux de lavage domestique ; Un certain nombre d’appareils permettent d’effectuer un échan-
— au niveau de la chaufferie : purges de déconcentration, retours tillonnage proportionnel au débit, parmi lesquels les deux princi-
de condensats, régénération de résines ; paux sont les préleveurs à air comprimé et/ou à dépression et les
— au niveau du refroidissement : purges de déconcentration. préleveurs par pompage.

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Une collecte en enceinte isotherme ou réfrigérée (4°C) permet des pratiques en matière d’utilisation d’eau et de gaspillage. Il
d’éviter ou, tout au moins, de ralentir les réactions physiques, chimi- convient également de réaliser un suivi sur des périodes d’inactivité
ques ou biologiques qui pourraient altérer la composition des (arrêt de la chaîne, nuit, week-end), afin de vérifier qu’aucun rejet
échantillons. non prévu n’est effectué.
■ Mise en place d’un autocontrôle
La définition d’un protocole de suivi des rejets doit être établie.
Suivant la charge et la nature des polluants mais, également, la
variabilité des effluents, les analyses devront être réalisées à une
6. Connaissance des réseaux
fréquence plus ou moins grande. d’évacuation d’eau
Exemple : dans le secteur de la viande, la teneur en phosphore
total est généralement faible et ne conduira donc pas à une fréquence
d’analyse importante, en revanche la teneur en graisses nécessitera un Les eaux usées et les effluents des IAA sont collectés par un
suivi plus régulier. A l’inverse, les fromageries utilisant des lessives à réseau spécialisé et dirigés soit vers la station de l’usine, soit vers le
base d’acide phosphorique devront mesurer plus systématiquement la réseau public. On doit donc disposer d’un plan des réseaux à jour.
teneur en phosphore. L’utilisation de différentes couleurs pour le repérage des circuits
d’eau brute, d’eau claire ou d’eau recyclée, est absolument fonda-
Si les prélèvements sont hebdomadaires ou mensuels, il convient mentale. L’actualisation des documents concernant la structure des
de décaler successivement les jours de prélèvement (exemple : réseaux d’évacuation peut permettre d’éviter des erreurs de bran-
lundi de la première semaine, mardi de la deuxième...) afin d’avoir chement mais, également, facilite les interventions.
une représentation des différents jours de production.

Les arrêtés d’autorisation au titre des installations classées 6.1 Conception des réseaux
définissent des fréquences d’analyse suivant les exigences de la
réglementation.
Le positionnement des ateliers par rapport aux dispositifs de trai-
tement doit être optimisé afin de permettre une évacuation efficace
des rejets et des déchets.
5.2 Mesures des consommations d’eau Le coût de l’épuration dépendant étroitement du volume à traiter,
la séparation des eaux propres (eaux pluviales, eaux de refroidisse-
ment, eaux de rinçage des bouteilles neuves, condensats d’évapora-
Un chiffrage global des consommations d’eau doit être réalisé par tion...) est un préalable indispensable. Ces eaux propres peuvent
relevé systématique de l’ensemble des compteurs d’arrivée d’eau être généralement envoyées en rejet direct ou recyclées.
de l’usine. Les forages ou les pompages en eau de surface doivent
Les collecteurs doivent être spécialisés. Il convient de séparer et
également être équipés de compteurs, si possible avec enregistreur
de regrouper les flux le plus en amont possible afin d’éviter d’inu-
et analyseur de données, et être facilement accessibles.
tiles dilutions et d’optimiser les réutilisations et les valorisations
Cette mesure est cependant peu détaillée et il convient de mettre (eaux concentrées, eaux boueuses avec recyclages, eaux grasses
en place des compteurs par activité/ par atelier/ par type d’utilisation qu’il faut dégraisser). Les eaux de qualité comparable doivent être
(eaux de refroidissement, de procédés, de vapeur), afin de pouvoir regroupées le plus possible afin d’envisager progressivement des
rechercher les postes consommateurs, mais également de suivre traitement spécifiques.
les consommations atelier par atelier.
Exemple : des eaux basiques et des eaux acides peuvent s’auto-
neutraliser avant rejet commun.
5.3 Indicateurs de performances Les réseaux doivent être conçus de manière à permettre une
sur les points prioritaires bonne accessibilité pour des mesures par atelier ou par poste.
Il est souhaitable de privilégier les collecteurs facilement accessi-
■ Consommations spécifiques et ratios de pollution bles (trappes de contrôle à intervalles réguliers), afin de détecter des
Les consommations spécifiques et les ratios de pollution qui ont fuites ou des rejets excessifs .
été définis précédemment (cf. § 3.4) peuvent être établis pour
l’usine par relevés des compteurs et mesures des flux polluants. Ils
constituent alors de véritables indicateurs de performances.
6.2 Installation de filtres sur les réseaux
■ Tableaux de bord
d’évacuation
Il convient, par la suite, de mettre en place une base de données
sur les consommations d’eau dans chaque atelier, et sur les volu-
mes et les flux polluants en sortie d’établissement ou de certains Des paniers dégrilleurs en inox ou en plastique doivent être instal-
ateliers. lés dans les siphons ou au niveau des points d’écoulement d’eau. Ce
Des graphiques pourront être réalisés qui présenteront les évolu- sont des dispositifs économiques qui évitent le colmatage éventuel
tions des consommations spécifiques et des ratios de pollution dans des canalisations et des postes de relevage ainsi que l’augmenta-
le temps. tion des charges polluantes ultérieures par dilacération dans les
pompes et les circuits des matières qu’ils retiennent. Les mailles de
La comparaison par rapport aux moyennes de mêmes activités
ces paniers sont généralement comprises entre 5 et 20 mm. Leur
permet la définition des marges de progrès de l’établissement.
vidange régulière (avec non-possibilité de réaliser celle-ci par rejet
■ Contrôles direct à l’égout) permettra d’éviter leur colmatage, donc, les débor-
Un contrôle des valeurs mesurées doit être réalisé systématique- dements.
ment, afin de permettre d’identifier et de corriger les dérives éven- Ces débordements peuvent être également évités en prévoyant
tuelles par rapport aux seuils fixés. Cela peut permettre notamment un nombre suffisant de caniveaux et de siphons, afin d’assurer une
de mettre en évidence des phénomènes de fuites ou de déviance évacuation rapide des eaux usées.

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7. Optimisation des circuits Les techniques sobres au sens très large sont une manière
d’eaux propres intelligente et économique de produire ; maîtriser dès l’amont
les flux de pollution permet de limiter la pollution à la source
mais, également, d’utiliser le plus rationnellement possible la
matière première et l’énergie. Certains investissements de fai-
bles montants peuvent s’avérer très intéressants d’un point de
Les eaux de refroidissement ou les eaux de chaudières vue économique et environnemental. Les investissements peu-
s’emploient généralement à des débits élevés. Il convient de réduire vent cependant être très lourds mais ils permettent alors d’allé-
ces consommations d’eau par l’adoption de circuits fermés ou semi- ger les coûts d’exploitation.
fermés ou par l’utilisation de l’eau réchauffée à d’autres postes de
fabrication.
■ Adoption de circuits de refroidissement fermés ou semi-fermés
Les principaux points suivants sont à respecter.
8.1 Définition d’une technologie propre
Dans les circuits fermés, l’eau est refroidie par contact avec un
On peut distinguer trois niveaux d’intervention par ordre crois-
fluide secondaire (air ou eau) et est alors recyclée sans contact avec
sant d’investissement et d’implication.
l’air. Par contre, dans les circuits semi-fermés, l’eau est refroidie par
une évaporation dans un réfrigérant atmosphérique avant recy- ■ Optimisation des procédés existants
clage. Il s’agit en fait de prendre des mesures de bon sens comme la
Les compresseurs frigorifiques utilisant de l’eau devront alors « chasse » aux gaspillages. La réduction des rejets se réalise alors
être remplacés par des compresseurs avec aérocondenseurs (refroi- par optimisation du procédé existant sans le remettre en cause fon-
dissement à l’air). Les systèmes de refroidissement pourront être damentalement. Les modifications sont simples et facilement réver-
améliorés par mise en place de groupes de production d’eau glacée, sibles. Elles concernent l’amélioration du rendement en matières et
d’échangeurs tubulaires ou à plaques. Dans les cuveries, il convien- en énergie, la prévention des fuites et des pollutions accidentelles,
dra de supprimer le refroidissement en eau perdue en les équipant, la collecte sélective des fluides et des déchets. Elles relèvent plutôt
par exemple, de systèmes de thermorégularisation automatisés d’une remise en ordre des ateliers, du contrôle des points d’appari-
avec circuit intégré. tion des pollutions et d’une gestion précise des différents flux.
Les eaux de refroidissement chaudes peuvent par ailleurs être ■ Modification des procédés
réutilisées à d’autres postes de consommation. Dans ce cas, le cœur du procédé reste inchangé, seule une modi-
■ Réutilisation des condensats en chaudière fication d’une technologie intervenant dans le procédé est réalisée,
soit en amont par changement de matières premières ou d’adju-
La chaudière reçoit de l’eau d’alimentation provenant soit des vants, soit en aval par recyclage des déchets ou des fluides. Il y a
retours de condensats, soit d’eau neuve (qui peut alors être de l’eau donc une amélioration du procédé dans un sens moins polluant,
recyclée d’un autre poste). Après la zone de vaporisation, l’eau mais celle-ci n’est pas irréversible.
condensée en partie basse peut être recyclée. Des purges régulières
des circuits sont nécessaires. Exemple : les recyclages en boucles ouvertes consistent en l’utili-
sation comme matière première d’un déchet provenant d’une autre
■ Recyclage des eaux propres vers d’autres usages
fabrication ou en l’envoi d’un déchet vers une autre unité de produc-
De même que les eaux de refroidissement, les condensats d’éva- tion. Les recyclages en boucles fermées conduisent à la réutilisation
poration sont des gisements importants d’eaux propres. Ces eaux d’un fluide ou d’un déchet généré après traitement éventuel.
peuvent être recyclées et leur traitement complémentaire éventuel
par osmose inverse, UV, ou ozonation [16] autorise une réutilisation ■ Changement radical de process
encore plus noble (eaux de chaudière, eaux de refroidissement,
mais les recyclages dans ces postes-là sont souvent limités par Le procédé de fabrication est complètement transformé et devient
l’existence d’une faible portion de pollution organique dissoute qui intrinsèquement moins polluant. Le changement est irréversible.
peut permettre le développement de bactéries et d’algues non dési- De tels procédés peuvent nécessiter une recherche technologique
rées dans les circuits). spécifique et même un retour à la recherche fondamentale.
Les eaux de stérilisation, qui sont chaudes, peuvent être réutili- Nous allons reprendre plus en détail, dans les paragraphes sui-
sées par transfert vers les postes d’eau chaude de l’usine. vants, ces trois niveaux d’intervention.
Les surplus d’eaux récupérées peuvent également être utilisés
pour le nettoyage externe des camions et des sols des aires de
réception. 8.2 Optimisation des procédés existants
■ Rationalisation de l’approvisionnement en eau
De nombreux forages ou pompages fonctionnent en tout ou rien. 8.2.1 Limitation des pertes
Il convient d’équiper les forages de bâches tampons et de moduler
les prélèvements en fonction de l’activité de l’usine. Les pertes peuvent être constituées de produits souvent coûteux
(matières premières, produits finis, adjuvants...). Deux principes
peuvent être adoptés :
— l’utilisation du minimum de matières pour chaque opération
8. Production plus sobre avec optimisation des contenants afin d’éviter tout phénomène de
débordement inopportun ;
— la récupération systématique des résidus qui peuvent être
recyclés ou réutilisés, ainsi que la minimisation de leur production.
Chaque fois que l’on va réduire les consommations d’eau et les
rejets d’un procédé sans avoir recours à un traitement de bout de ■ Chasse aux gaspillages
chaîne, on utilise une technologie sobre, dite « technologie De nombreuses pertes de matières se produisent dans le process,
propre ». qui pourraient être évitées par une meilleure maîtrise des opéra-

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tions (réduire les ratés de production, éviter les débordements, les Exemple : on peut citer la récupération des boues d’écremeuses
fuites à l’embouteillage). en fromagerie, celles-ci pouvant être valorisées en filière sérum, en
L’ensemble du matériel doit être surveillé afin de prévenir toutes alimentation animale ou recyclées en fabrication sous réserve d’une
les fuites de produit. stérilisation ; dans les industries de transformation de la viande,
l’ensemble des flambards (graisses nobles des jus de cuisson) doit être
Si l’eau entre dans la composition finale d’un produit, il est astu- collecté après refroidissement des jus dans leurs marmites. A l’origine
cieux de l’incorporer en dernier. Elle aura un « effet de pousse » vis- d’une très forte charge polluante, ils sont valorisables dans des fondoirs.
à-vis des ingrédients et limitera les pertes tout en abaissant la
charge polluante des tuyauteries lors du nettoyage. Il ne faut pas oublier que la valorisation de certains sous-produits
peut générer la production de jus qu’il conviendra de traiter de
L’optimisation des paramètres de fonctionnement des ouvrages manière appropriée ; c’est le cas pour le pressage des déchets verts
de production peut permettre des réductions de pollution. en production de légumes de la 5e gamme (légumes prêts à l’emploi
Exemple : la modification du système d’ouverture des séparateurs sous conditionnement protecteur) ou des matières stercoraires en
à débourrage d’une écrémeuse permet d’éviter le rejet de matière abattoir.
noble et ainsi de limiter les quantités de matière rejetée à l’égout.
■ Réduction des manipulations
8.3 Modifications des procédés
La production doit être optimisée afin de comporter le moins de
manipulations possible et donc de générer le moins de manœuvres
inopportunes. La réglementation stricte en matière de qualité bactériologique de
l’eau utilisée dans les procédés en contact direct avec les aliments
■ Contrôles automatiques interdit tout traitement des effluents en vue de leur recyclage. Il est
Les contrôles automatiques des effluents, notamment à la sortie donc nécessaire, avant d’examiner les possibilités de recyclage,
d’ateliers sensibles, par des mesures en continu et rapides à l’aide d’évaluer le niveau de qualité d’eau de process requis ; l’utilisation
de turbidimètres, conductimètres, colorimètres, pH-mètres, ces sys- d’un fluide ou d’un déchet peut imposer un traitement complémen-
tèmes étant reliés aux postes de commande, peuvent permettre la taire avant recyclage.
limitation des petites pollutions accidentelles. Il conviendra alors de
définir des seuils et des procédures d’alerte.
Les différentes technologies utilisées sont expliquées en détail 8.3.1 Sans traitement complémentaire
dans les traités Analyse et Caractérisation ou Mesures et Contrôle
des Techniques de l’Ingénieur. On peut citer les ateliers de triperie-boyauderie, où le recyclage
des rejets de la parmentière de finition (raffineuse) vers la première
parmentière (échaudeuse) permet d’optimiser les consommations
8.2.2 Limitation des consommations d’eau d’eau. Il convient alors de mettre en place des automatismes de
cycles afin de gérer les recyclages et la charge qui s’accumulera.
Les consommations d’eau doivent être limitées, en particulier en
adoptant un certain nombre de bonnes pratiques, comme la ferme-
ture des robinets non utilisés ou la régularité et la continuité des
8.3.2 Avec traitement complémentaire
procédés de fabrication.
Exemple : rationaliser les productions de certains produits ayant Exemple :
des arômes différents (yaourts aux fruits, crèmes desserts, boissons — le recyclage des eaux de transport et de lavage des pommes est
gazeuses) permet d’éviter entre autres les lavages intermédiaires. déjà pratiqué dans la grande majorité des cidreries. Avant leur réem-
ploi, ces eaux passent à travers un tamis qui retient les débris végé-
taux, la terre et les autres matières en suspension. Ces déchets
8.2.3 Amélioration de la récupération des sous- récupérés peuvent être valorisés en agriculture ;
produits et des déchets — dans les boyauderies, un simple système de filtration par grille
statique peut permettre également un recyclage des eaux dans la
machine de grattage des boyaux ;
Les déchets liquides ou pâteux très concentrés ne doivent pas — dans les opérations de lavage et d’épierrage des légumes raci-
être tolérés dans les systèmes d’évacuation. nes, des lavages à contre-courant sont réalisés, les eaux de rinçage
étant recyclées pour assurer le début de nettoyage et l’épierrage. Les
Exemple : dans l’industrie vinicole, les bourbes et les lies repré-
transports de légumes peuvent également être réalisés par recyclage
sentent à elles seules plus de la moitié de la pollution produite.
des eaux.
A titre indicatif, la DBO5 du sérum en fromagerie est de 32 g/L, du
babeurre en beurrerie de 72 g/L et du sang bovin en abattoir de 150 g/L.
Le recyclage de l’eau peut parfois nécessiter une légère désinfec-
Une récupération optimale s’associe à une valorisation maximale. tion (UV, ozonation, chloration) [16]. Les principaux procédés utili-
Une bonne valorisation est en effet la meilleure garantie de non-pol- sés pour les traitements complémentaires sont passés en revue ci-
lution. Une bonne récupération peut cependant être entravée par après.
une difficulté technique ou économique à valoriser les sous-pro-
duits (les eaux blanches de laiteries ne trouvent pas systématique- 8.3.2.1 Décantation/Tamisage
ment preneurs). La récupération des sous-produits et des déchets
(cela est valable pour les sous-produits de l’épuration) nécessite une Les recyclages induisent tout de même des pertes importantes et
filière pérenne d’élimination qui sera pourtant facilitée par une inter- les eaux se chargent progressivement d’impuretés ; ainsi les eaux
vention le plus en amont possible. de lavage des pommes de terre sont des eaux boueuses. Il convient
Il est tout à fait possible d’améliorer la récupération des sous-pro- alors de réaliser une décantation avant recyclage, qui peut être com-
duits par une meilleure collecte (tables d’égouttage pour les sérums plétée par un tamisage et une chloration éventuelle des eaux.
en fromagerie, caniveaux pour le sang en abattoirs) mais il est Le tamisage permet la rétention des grosses particules, leur taille
important également de prévoir les moyens de stockage en consé- dépendant de la maille du tamis. Le microtamisage peut être réalisé
quence. sous pression.

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8.3.2.2 Centrifugation/Hydrocyclonage Les techniques membranaires les plus couramment utilisées en


La centrifugation ou l’hydrocyclonage constituent des premiers trai- agroalimentaire sont résumées dans le tableau 2. Pour de plus
tements de dégrossissage des effluents. Ils permettent de diminuer la amples renseignements, on se reportera aux références [5] à [12].
présence de matières en suspension, de débourber les solutions de On pratique généralement des filtrations tangentielles qui limitent
nettoyage. Les particules d’un mélange solide/liquide sont séparées les risques de colmatage des membranes. En effet, lors d’une filtra-
par l’action d’une force centrifuge qui accélère la décantation. tion classique, la suspension à clarifier est amenée perpendiculaire-
ment au média filtrant ; une accumulation se produit qui peut
Exemple : on peut de cette manière récupérer l’amidon contenu conduire à un colmatage rapide et définitif de la membrane.
dans les eaux de pelage et de lavage des pommes de terre. Ce produit
noble, récupéré, peut être utilisé en alimentation animale ou, éven- Dans la filtration tangentielle, la circulation du liquide à filtrer
tuellement, recyclé en production. parallèlement au média filtrant et la vitesse tangentielle très supé-
rieure à la vitesse d’écoulement à travers la membrane permettent
la limitation de ces dépôts.
8.3.2.3 Filtration
La filtration tangentielle s’applique à un procédé continu, automa-
■ Filtres à diatomées (Kieselguhr) tisable et en système fermé qui élimine les risques de contamina-
Les solutions sont filtrées sur des terres à diatomées. Cette filtra- tion. La séparation est uniquement physique sans dégradation des
tion permet la séparation des grosses particules minérales et orga- composés.
niques. A ce titre, elle est notamment adaptée pour la filtration des Les systèmes membranaires doivent néanmoins être nettoyés, ce
saumures en fromageries. En effet, lors de la production, on qui se réalise généralement par un nettoyage en place (NEP) tradi-
observe un enrichissement de la saumure en matières minérales et tionnel.
organiques qui implique une vidange régulière provoquant des pol- ● Microfiltration tangentielle
lutions salines importantes. La filtration de ces saumures permet
Les membranes poreuses utilisées ont des diamètres compris
alors la suppression intégrale des vidanges. Reste à récupérer à sec
entre 0,1 et 100 µm. Cette technique peut être utilisée notamment en
ces terres qui doivent être renouvelées fréquemment et à les diriger
prétraitement avant l’osmose inverse.
vers une décharge contrôlée ou un épandage. En effet, les terres à
diatomées sont relativement colmatantes dans les réseaux et le On peut également mettre en place une microfiltration tangen-
fond des bassins non brassés. tielle des solutions de nettoyage des NEP et des tunnels de lavage,
ce qui permet une prolongation de leur durée de vie. En effet, ce
■ Techniques séparatives à membranes poste de lavage est à l’origine d’une très grande part de la pollution
Avant de s’engager dans une technique membranaire, il faut éva- phosphorée rejetée par les fromageries, les rejets devant être réali-
luer le mieux possible le flux à traiter et séparer au maximum les sés de manière très fréquente afin de maintenir un niveau de qualité
eaux au préalable. Selon la nature des effluents à traiter [16], on de nettoyage optimal (une fois par jour pour les tunnels de lavage).
déterminera le type de filtration à appliquer. On veillera à compléter Il convient alors d’utiliser des produits de nettoyage à seuil de cou-
cet audit par une étude technico-économique pour évaluer, entre pure bas afin de réaliser un rendement optimal de filtration. Une
autres, le taux de recyclage possible et la rentabilité. économie substantielle en produits de nettoyage est réalisée.

Tableau 2 – Caractéristiques des techniques membranaires


Microfiltration
Caractéristiques Osmose inverse Nanofiltration Ultrafiltration
tangentielle
Diamètre des pores < 0,1 nm autour de 1 nm 1 à 100 nm 0,1 à 100 µm
Solubilisation - diffusion Solubilisation - Capillaire Capillaire
Mécanisme de transfert diffusion + capillaire
Débits spécifiques ................. (L.h–1.m–2) 10 à 60 50 à 100 40 à 200 150 à 1500
Haute pression : 60 à 80
Pression de fonctionnement ......... (bar) Moyenne pression 20 à 40
Basse pression : 10 à 20 3à8 1à3 1à3
Haute pression : 8 à 10
Consommation énergétique.... (kWh/m3) Moyenne pression : 2 à 3
Basse pression : 2 à 3 1 0,2 à 1 0,2 à 1
Configuration Spirale/Fibre creuse/Plan Spirale Spirale/Tubulaire Spirale/Tubulaire
Matériaux Composite/Polyamide/ Composite Organiques (acétate de Organiques (acétate de
Acétate de cellulose cellulose, polysulfone) cellulose, polysulfone)
ou minéraux (carbone, ou minéraux (carbone,
céramique, aciers) céramique, aciers)
Membranes organiques : dans la plage de pH de 2 à 11, au-dessous de 80 °C
Conditions de travail
Membranes minérales : tous pH, jusqu’à 150 °C, possibilités de stérilisation à la vapeur
Petites molécules Macromolécules
Espèces retenues Sels dissous (masse molaire > 300) Colloïdes Particules colloïdes
Sels dissous bivalents Virus Bactéries

Procédés concurrents ............................. Évaporation Centrifugation


Filtration sur diatomées

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● Ultrafiltration ● Caractéristiques des membranes


Les membranes utilisées permettent le tamisage de molécules de Les membranes minérales en céramique ou en carbone sont
1 à 100 nm. On peut ainsi récupérer les protéines du sérum ou de généralement commercialisées pour l’ultrafiltration et la microfiltra-
l’amidon. tion. Elles sont habituellement plus résistantes, ont une durée de vie
Dans les industries laitières, les eaux blanches ou eaux de supérieure aux membranes organiques, et résistent à des milieux
« pousse à l’eau », issues de la vidange et du premier rinçage des agressifs et à des températures très élevées.
tuyauteries avant nettoyage, peuvent être récupérées et traitées par Les membranes organiques sont préparées à partir de polymères
ultrafiltration. Le rétentat récupéré contient une quantité importante (généralement des dérivés cellulosiques et polyamides), sont beau-
de protéines réutilisables en fabrication ou valorisables hors du site coup moins coûteuses (en particulier plus économes en énergie),
(la concentration aura alors permis une réduction des coûts de stoc- mais ne résistent pas à certains effluents (huiles notamment).
kage et de transport). Le perméat, qui contient encore, notamment,
Différents types de modules peuvent être réalisés :
les sucres, peut être rejeté mais également récupéré avec le sérum.
— les modules tubulaires sont constitués d’une membrane insé-
Dans les industries de la boisson, les bains sodés des laveuses de rée dans un support. L’effluent circule à vitesse élevée à l’intérieur du
bouteilles se chargent peu à peu en impuretés et n’assurent plus, en tube, le perméat étant récupéré à l’extérieur. Le diamètre des tubes
fin de semaine, un lavage suffisant. Ils doivent donc être rejetés, est généralement de quelques mm. Jusqu’à 100 tubes peuvent être
alors qu’ils ont un fort pouvoir corrosif. L’ultrafiltration et le recy- groupés dans un module dont la longueur peut atteindre 6 m ;
clage des bains sodés en traitement régulier permettent de mainte- — les modules plans sont composés d’un empilement de mem-
nir une qualité constante, supprimant ainsi les vidanges. On branes entre lesquelles l’effluent circule, et de plaques supports à
parvient, également, ainsi, à réduire les consommations de soude. l’intérieur desquelles le perméat est drainé ;
Il est, de même, envisageable d’utiliser ces membranes pour recy- — les modules à spirales sont constitués d’une membrane plane
cler les saumures en fromagerie, ou pour valoriser le sang dans les enroulée autour d’un support poreux qui recueille le perméat.
abattoirs pour la préparation d’aliments du bétail. L’effluent brut circule dans l’espaceur. On utilise surtout ce type de
modules en osmose inverse et en ultrafiltration.
● Nanofiltration
Il convient, avant de s’engager dans le choix d’un type de filtration
La porosité des membranes utilisées pour la nanofiltration est de
et de membranes, de connaître les paramètres suivants : pH, tempé-
0,1 nm à 1 nm. D’une introduction assez récente, la nanofiltration
rature, présence d’oxydants, de solvants, concentration en MES.
peut constituer une alternative énergétique intéressante à l’osmose
inverse, puisqu’elle retient les sels bivalents. Des premiers essais sur une solution test permettent de détermi-
ner les taux de séparation que l’on peut atteindre, mais il est indis-
● Osmose inverse pensable de mener des essais sur pilote industriel pour réaliser le
La membrane utilisée en osmose inverse a une porosité de dimensionnement du projet (tel que surface des membranes, puis-
0,1 nm. La rétention se fait par diffusion sélective. La pression sance des pompes) et déterminer les performances de la membrane
osmotique de l’eau chargée est proportionnelle à sa concentration dans le temps, la fréquence des nettoyages, les rendements après
en sels. Quand on applique une pression supérieure, au moyen nettoyage, les coûts des réactifs et les coûts énergétiques.
d’une pompe à haute pression, à la solution, seule de l’eau pure
transitera au travers de la membrane. Il se produira le phénomène 8.3.2.4 Évaporation
inverse de l’osmose, la solution de départ se concentrera pour for-
mer le concentrat. L’évaporation consiste à concentrer un liquide par passage, à
L’usage de ces membranes peut être freiné par leurs coûts éner- l’état de vapeur, des composés les plus volatils et du solvant (qui est
gétiques et la nécessité de prétraitements poussés pour éviter leur généralement l’eau). On récupère alors le concentrat qui peut être
colmatage. Le perméat obtenu est cependant ultrapur et peut être valorisé ou recyclé. En principe, le distillat est à très faible charge
recyclé vers des usages nobles [16]. organique et peut être rejeté directement dans le milieu naturel
moyennant contrôle ou recyclé.
L’osmose inverse est souvent pratiquée en complément de filtra-
tions à différents seuils de coupure ou d’une concentration par éva- Exemple : on peut ainsi envisager de concentrer des vinasses de
poration. levurerie ou de distillerie.

Pour un rendement énergétique et un dimensionnement opti-


Exemple : réutilisation des condensats d’évaporation ou des per-
maux, les flux polluants les plus concentrés doivent être sélection-
méats de filtration contenant encore une faible charge en DCO dont la
nés au préalable.
qualité doit donc être améliorée et qui doivent en même temps être
parfaits bactériologiquement (cas des recyclages de perméats de L’évaporateur adéquat doit être choisi sur la base d’un certain
nanofiltration de sérums, de condensats de concentration par évapora- nombre de critères :
tion de sérum, de solutions chargées en amidon ou de vinasses). — caractéristiques de l’effluent (risques d’encrassement ou de
Dans l’industrie de la crème glacée, le couplage d’une osmose corrosion) ;
inverse à l’ultrafiltration pour le traitement des eaux blanches permet — concentration d’entrée et concentration finale souhaitée ;
de récupérer également les sucres et les sels pour la production. — qualité souhaitée du condensat ;
— sources d’énergie disponibles et coûts ;
— rendement énergétique désiré ;
● Pervaporation — souplesse de fonctionnement.
La pervaporation permet une séparation sélective de composés Le dimensionnement et la définition des paramètres de fonction-
organiques volatils. nement sont déterminés par des essais pilotes sur des échantillons
les plus représentatifs possible. Les principaux systèmes d’évapora-
Le mélange liquide est partiellement vaporisé au travers d’une tion sont passés en revue ci-dessous.
membrane non poreuse en polymères sur laquelle un vide partiel
est appliqué sur la face aval. Le perméat vapeur est collecté après ■ Évaporateur à flot tombant
condensation sur une paroi froide. Cet évaporateur est composé d’un échangeur tubulaire vertical et
On peut imaginer récupérer des composés aromatiques dans des d’un séparateur liquide concentré/vapeur produite. L’effluent est
eaux faiblement chargées mais odorantes, comme les eaux de blan- introduit en partie supérieure et forme un film descendant à l’inté-
chiment de légumes. rieur des tubes. La vapeur de chauffe se condense à l’extérieur des

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tubes. Le mélange liquide concentré/vapeur produite est séparé par 8.4 Remplacement des procédés.
gravité dans le séparateur. Il est ainsi possible d’atteindre des taux
de concentration élevés. Changement de logique de production
Cet évaporateur, très répandu dans les process agroalimentaires,
notamment en laiterie pour la concentration du sérum, est utilisé 8.4.1 Introduction de technologies propres
généralement lorsque l’on a besoin d’évaporateur de grande capacité.
Les lavages peuvent être réalisés par ramonage mécanique sans Il est rare qu’un changement de procédé soit réalisé dans l’unique
utilisation d’eau. but de préserver l’environnement. Mais tout projet de modification
■ Évaporateur à circulation forcée de production, toute création de nouvelle ligne doivent être pensés
comme l’opportunité d’introduire des technologies sobres. On peut
Il est composé d’un échangeur (faisceau tubulaire, appareil platu- imaginer d’introduire une telle clause dans le cahier des charges des
laire ou échangeur à plaques) et d’un séparateur liquide concentré/ équipementiers afin de systématiser la réflexion.
vapeur produite.
Cet évaporateur est utilisé lorsque les caractéristiques physiques
de l’effluent (teneur en MES, viscosité) entraînent des échanges 8.4.2 Mise en place d’ateliers spécialisés
calorifiques difficiles. La circulation de l’effluent à l’intérieur de
l’échangeur est assurée par une pompe ; l’effluent est réchauffé par On assiste de plus en plus à la spécialisation des ateliers de pro-
ébullition. La détente de la solution réchauffée dans le séparateur duction, avec la création d’unités de première transformation ali-
produit une évaporation ; la séparation est alors réalisée. mentant des unités de deuxième transformation. Les conserveries
Comme ce type de chauffage est relativement coûteux en énergie, ou les entreprises de plats cuisinés travaillent ainsi des produits
différents systèmes ont été envisagés pour améliorer le procédé. déjà lavés, épluchés, les charcuteries travaillent des boyaux déjà
grattés, sachant que ces étapes constituent des métiers spécifiques
■ Multiple effet
nécessitant des outils d’épuration adaptés. La pollution est mieux
La vapeur générée dans une cellule d’évaporation chauffe la cel- gérée dans ce cas que sur un site qui doit assurer l’ensemble des
lule suivante et ainsi de suite, suivant le nombre d’effets. Au-delà de opérations.
5 ou 6 effets successifs, le coût d’investissement devient prohibitif
mais, à l’inverse, la quantité de vapeur nécessaire est divisée par le
nombre d’évaporateurs successifs. Des essais doivent permettre de 8.4.3 Optimisation des technologies
déterminer le bon équilibre technique et économique.
Ce matériel est relativement souple d’utilisation, peu encrassant ■ Privilégier les procédés utilisant peu ou pas d’eau
et permet la récupération d’eau chaude et de vapeur.
Les procédés de fabrication n’ayant plus recours à l’eau sont à
■ Thermocompression systématiser. On peut ainsi réaliser des épluchages à sec, des trans-
La thermocompression ainsi que la compression mécanique sont ports à sec sur tamis vibrant à la place d’un transport hydraulique,
basées sur le même principe : la consommation énergétique est des systèmes de salage à sec au lieu d’utilisation des saumures.
réduite grâce à des thermocompresseurs recomprimant une partie Chaque fois que cela est possible, il faut privilégier les nettoyages
de la vapeur, par utilisation de vapeur motrice provenant d’une mécaniques avec récupération à sec des déchets (secoueur ou ven-
chaudière. La vapeur propre et la vapeur polluée sont cependant tilateur basé sur des différences de granulométries ou de densité).
mélangées, les distillats sont donc malgré tout relativement concen-
trés et ne peuvent généralement pas être recyclés. Exemple :
■ Compression mécanique de vapeur (CMV) — en abattoir traditionnel, le remplacement du douchage des car-
casses par un système d’aspiration permet la récupération de déchets
Les vapeurs issues de l’évaporateur sont comprimées par une organiques tels que sciures d’os et résidus divers ;
machine tournante. Comme elles sont à une température suffisam- — de même, l’aspiration des poussières de sucre en confiserie
ment élevée, elles peuvent être recyclées en tant que source d’éner- peut réduire les charges polluantes rejetées au moment des lavages ;
gie pour l’évaporation. Au final, en régime établi, l’énergie — en abattoir de volailles, le plumage à la cire constitue une alter-
mécanique absorbée par le compresseur représente la seule éner- native au plumage avec l’utilisation d’eau ;
gie à fournir à l’installation. — la cuisson en cellules vapeur plutôt qu’en bains, dans les char-
La CMV a donc une faible consommation énergétique ; elle n’uti- cuteries, réduit les consommations d’eau et les charges polluantes.
lise pas d’eau de refroidissement mais uniquement de l’énergie
électrique (il n’est donc pas nécessaire de disposer d’une unité de ■ Privilégier les procédés continus
production de vapeur). Avec l’utilisation d’un variateur de fré- La mise en place de procédés continus peut permettre la réduc-
quence, il est possible d’obtenir un condensat identique pour une tion des pertes et la diminution du nombre de lavages. En effet, cha-
source d’approvisionnement plus ou moins diluée. Cet aspect n’est que arrêt de production nécessite, en général, des lavages
pas négligeable lorsqu’il s’agit de valoriser le condensat obtenu. supplémentaires pour respecter les conditions d’hygiène.

Exemple : la concentration de jus de cuisson dans l’industrie de la Ainsi, l’adjonction de plusieurs ingrédients en plusieurs temps
viande, d’eaux gélatineuses, d’eaux de blanchiment, d’effluents de peut imposer des lavages intermédiaires qui conduisent à des
levurerie, de distillerie, d’amidonnerie ou de féculerie peut être départs de matières dans les eaux usées. Un mélangeur en ligne
envisagée par ce type de procédés, permettant la valorisation des peut, par suppression de ces différentes phases, permettre la dimi-
sous-produits obtenus. nution des eaux de nettoyage.

8.3.2.5 Autres procédés Exemple :


Il est évident que d’autres systèmes séparatifs peuvent être utili- — la mise en place de zones d’égouttage fermées en fromagerie,
sés pour récupérer des sous-produits, le plus en amont possible permet la récupération de la totalité du sérum et du caillé, la suppres-
pour éviter leur contamination. sion du nettoyage manuel et l’optimisation de l’utilisation des produits
de nettoyage par centrale de nettoyage en place automatisée ;
Exemple : la récupération des graisses nobles en beurrerie peut — la clarification de jus de fruit par microfiltration tangentielle per-
être réalisée dans un flottateur à air pressurisé, ces graisses étant met un traitement continu qui conduit à la suppression des lavages et
ensuite valorisées en huile de beurre. des pertes de matières premières.

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■ Réduire les manipulations Les procédures de prélavage, lavage, désinfection, rinçage sont
La mise en place de chaînes de fabrication entièrement automati- en augmentation afin de respecter les exigences sanitaires. C’est
sées donne lieu à une réduction des pertes de produits. avec ces impératifs qu’il faut envisager les réductions de pollution et
de consommation d’eau.
Exemple : en fromagerie, la mise en place de systèmes d’automa-
Les produits de nettoyage généralement utilisés sont des déter-
tisation du retournement des plateaux ou du moulage permet une
gents alcalins qui permettent l’hydrolyse des salissures organiques.
réduction des pollutions générées (récupération totale du sérum et net-
Les détergents acides qui s’attaquent aux dépôts minéraux ne sont
toyage automatique des circuits).
généralement pas indispensables, sauf en ce qui concerne le sec-
La réalisation d’un salage à sec automatique plutôt qu’un salage teur de la fromagerie.
à la main optimise les quantités mises en œuvre et donc les rejets.
De même, la rationalisation des conditionnements permet d’évi-
ter leur manipulation et donc les pertes inhérentes. Il est préférable
de disposer d’une cuve principale reliée par tuyauterie à la ligne de 9.1 Conception des installations
fabrication que d’un ensemble de bidons qu’il faut transporter,
transvaser puis laver.
■ Réduire ou supprimer l’utilisation d’adjuvants La conception des installations consiste essentiellement à faire en
sorte que sols et matériels soient facilement nettoyables.
Un certain nombre de procédés de fabrication font appel à des
traitements comportant des adjuvants qui vont eux-mêmes être à ■ Les sols doivent être en bon état, peu sensibles aux dépôts de
l’origine d’une pollution importante. matières. Les revêtements doivent être faciles à nettoyer. Les sou-
dures, les joints, les recoins, doivent être minimisés. A cet effet, il
Exemple : le pelage à la soude dans les conserveries de légumes, convient de définir une implantation judicieuse des différents maté-
qui générait des effluents sodés, est progressivement remplacé par un riels au sol.
bain de vapeur et un pelage à sec.
Les pentes doivent être suffisantes (de 1 à 3 cm par mètre) afin de
■ Optimiser les volumes permettre un écoulement correct de l’eau vers les siphons et les
Un ensemble de petites cuves présente une surface spécifique caniveaux, ce qui facilitera les nettoyages et donc réduira la
souillée plus importante qu’une cuve principale et donc une charge consommation d’eau.
polluante plus importante rejetée au réseau au moment des lava- ■ Les matériels doivent être constitués, en surface, de revêtements
ges. peu salissants, aisément nettoyables et pouvant s’égoutter sponta-
De même, la multiplication des petites marmites de cuisson nément. La mise en place de revêtements adaptés dans les fours
conduit à des rejets de jus et à des lavages plus importants. Les cui- peut permettre de réduire l’encrassement (phénomène de caraméli-
seurs automatiques fermés permettent de réduire ces phénomènes sation).
et présentent également l’avantage de pouvoir être lavés par un dis- Les parties difficiles d’accès (soudures, recoins, changements de
positif de nettoyage en place. diamètre de tuyauterie, coudes) doivent être évitées afin de limiter
Les tanks à fond plat peuvent conduire à des stagnations qui les surfaces sensibles aux dépôts de matières qui nécessiteront un
nécessiteront un lavage plus important et provoqueront une perte lavage plus poussé ultérieur.
de matière. Les cuves à fond coniques devront être privilégiées. Le démontage et la vidange des matériels doivent être facilités.
Le raccourcissement des tuyauteries fait qu’une plus faible quan-
tité de produits reste dans les canalisations avant lavage.

9.2 Nettoyage des sols et des matériels


8.4.4 Intégration dans la démarche qualité

Il est préférable d’opérer de la façon suivante.


Les démarches de réduction de pollution à la source et les démar-
ches qualité vont de pair dans la mesure où une meilleure maîtrise ■ Effectuer un prénettoyage à sec
des paramètres de production conduit à une meilleure gestion des
Il est absolument nécessaire d’effectuer un nettoyage à sec com-
eaux et à une meilleure gestion des produits.
plet avant d’utiliser de l’eau ; cela permet de limiter le risque de bou-
Il est donc intéressant de privilégier la réflexion sur les possibili- chage du réseau d’évacuation des eaux usées et de réduire les
tés de technologies propres lorsque l’on aborde les aspects charges polluantes à traiter, d’autant que le risque de dilacération et
« qualité » dans le process. de solubilisation de produits est important.
Il peut être réalisé par raclage, brossage ou aspiration. Des
balayeuses aspirantes et des autolaveuses peuvent également être
utilisées, ce qui permet de coupler une action mécanique au lavage.
9. Optimisation Les volumes de solution de nettoyage nécessaire sont alors réduits.
L’aspiration évite la dispersion des souillures lors du brossage et
des nettoyages induit un effet séchant réduisant le besoin de rinçage.

■ Réduire le délai entre fin de production et nettoyage


Le délai entre la fin de la production et le début du nettoyage doit
Les lavages représentent une grosse part de la consommation être le plus court possible afin d’éviter le séchage et le collage des
d’eau dans un établissement agroalimentaire. D’une manière géné- souillures qui pourraient rendre leur nettoyage plus difficile.
rale, ils peuvent représenter de 30 à 90 % des consommations.
Cette proportion est logique dans la mesure où les postes de pro- ■ Privilégier les jets à moyenne pression
duction doivent être généralement nettoyés à chaque changement Les systèmes de nettoyage sous pression permettent de réduire
de production. Les locaux doivent eux aussi être fréquemment net- les consommations d’eau mais il convient de trouver un compromis
toyés pour respecter des conditions d’hygiène très strictes en IAA. entre le détachement aisé des souillures des sols et des matériels

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qui réduit les consommations d’eau et la dispersion de ces mêmes 9.3 Nettoyage des canalisations
souillures qui augmente la consommation d’eau.
A cet effet, il peut être préférable d’utiliser des centrales de pro-
duction d’eau à moyenne pression plutôt qu’à haute pression. 9.3.1 Vidange des canalisations
■ Rincer les appareils de manière économique Sans la vidange des canalisations avant lavage, des pertes impor-
Il est préférable de réaliser le rinçage d’appareils ou de récipients tantes de matières seraient occasionnées.
en plusieurs fois avec de petites quantités d’eau plutôt qu’en une ■ Pousse à l’eau
seule fois avec beaucoup d’eau.
La vidange de la canalisation est réalisée par la pousse de la solu-
■ Privilégier les eaux chaudes ou la vapeur tion liquide par de l’eau. Il se forme alors un front liquide/eau com-
La simple action d’eau pressurisée très chaude permet une dimi- munément appelé « eaux blanches ». Il convient de réduire au
nution des quantités de détergents utilisés ; cela est particulière- minimum la quantité de ces eaux blanches et d’optimiser leur récu-
ment efficace pour les souillures graisseuses. pération et leur valorisation.
● Optimisation des vidanges
Un nettoyage à la vapeur produit le même effet et conduit égale-
ment à une réduction des consommations d’eau. Le contrôle des vidanges peut être réalisé tout d’abord manuelle-
ment par observation directe. C’est la méthode qui reste malgré tout
■ Utiliser des mousses ou des gels la plus polluante.
Les gels comme les mousses peuvent être utilisés pour les sols et La mise en place d’une temporisation permettra la sélection auto-
les murs. Du fait d’un pouvoir mouillant plus important que pour les matique du seuil de vidange.
détergents classiques, ils sont consommés en plus faible quantité et Enfin, on peut installer des détecteurs de passage spécifiques,
nécessitent, pour le rinçage, une consommation d’eau plus faible. généralement par mesure de la conductivité, mais d’autres moyens
Les gels sont à privilégier pour le nettoyage des cuveries, la de contrôle peuvent être envisagés.
mousse étant alors plus difficile à extraire. ● Valorisation des « eaux blanches »

■ Privilégier les systèmes de fermeture automatique des jets Les eaux blanches, si elles sont à l’origine d’une pollution organi-
que, sont également sources de perte de produits valorisables.
L’adaptation de pistolets à arrêt automatique sur les tuyaux de
lavage de sol ou sur les lances automatiques implique la présence Exemple : l’ultrafiltration permet la récupération des protéines et
d’un opérateur pour que l’écoulement s’effectue. Des minuteurs leur valorisation fromagère. Le perméat peut être traité avec le
peuvent également être installés. sérum.
■ Privilégier les eaux peu chargées pour des lavages moins nobles Ces eaux blanches peuvent également être récupérées pour l’ali-
mentation animale ou concentrées avec le sérum.
Un certain nombre d’eaux peu ou pas souillées, contenant même
parfois des traces de désinfectant, peuvent être utilisées pour des ■ Pousse à l’air
usages moins nobles comme les lavages des cours ou de l’extérieur
des camions. Lorsque les tuyauteries sont longues et les coudes larges, on
effectue une pousse à l’air. Il s’agit alors de pousser à l’air comprimé
■ Disposer de machines à laver ou de tunnels de lavage un « obus » (boule de mousse) ou un « diabolo » en résine qui per-
mettra alors le raclage de la conduite avant lavage et la séparation
L’installation de dispositifs de lavages automatiques permet de des liquides et de l’eau de lavage.
contrôler et de limiter les consommations et les pertes. Ces disposi-
tifs, comme les tunnels de lavage des petits matériels, restent mal-
gré tout gros consommateurs d’eau et de détergents. Après un
prérinçage à l’eau claire, les matériels sont lavés avec des solutions 9.3.2 Centrale de nettoyage en place
lessivielles puis rincés à l’eau claire.

Exemple : dans les fromageries, les tunnels de lavage sont à l’ori- 9.3.2.1 Fonctionnement
gine de 50 % de la charge en phosphore dans les eaux. Les centrales de nettoyage en place [NEP ou Cleaning In Place
(CIP)] réalisent l’élimination des souillures par circulation de solu-
Un certain nombre de dispositions peuvent cependant être prises. tion de nettoyage et de désinfection sans qu’il y ait besoin de
démonter les installations.
● Recyclage des eaux Le système fonctionne selon le mode : prélavage à l’eau claire,
La mise en place d’un tunnel de lavage permet le recyclage des lavage avec le bain de solution lessivielle, rinçage à l’eau claire.
eaux de rinçage final en eaux de prérinçage, celles-ci étant rejetées Les solutions de nettoyage sont recyclées, permettant ainsi une
ensuite à l’égout ; cela permet une réduction des consommations. économie de produits lessiviels. Ces solutions de nettoyage peu-
L’asservissement par électrovanne des rampes de rinçage au pas- vent également être triées par conductimétrie, ce qui améliore
sage des moules et des grilles peut permettre des économies d’eau encore le rendement.
importantes. Une vidange partielle des cuves pour un soutirage des saletés
décantées, une filtration ou une centrifugation aident à conserver le
● Recyclage des solutions
bain de solution encore plus longtemps.
Du fait de concentration importante en impuretés, les bains de Le stockage et la réutilisation de l’eau du dernier rinçage en préla-
nettoyage en fromagerie doivent généralement être vidangés à la vage du cycle suivant permettent des économies d’eau importantes.
fin de chaque journée de production. Il est possible de réaliser une
filtration tangentielle de ces bains de lavage pour mieux en prolon-
ger la durée de vie. Les vidanges n’ont alors plus qu’à s’opérer tou- 9.3.2.2 Optimisation
tes les semaines, voire tous les mois. Il convient alors d’adapter les
produits lessiviels au seuil de coupure des membranes sélection- Il est important de décentraliser les stations, ce qui peut permettre
nées. La centrifugation de ces bains peut également être examinée. d’ajuster les traitements, en fonction des équipements concernés.

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L’optimisation du fonctionnement d’une NEP passe par les étapes ■ Mise en place d’alarmes antidébordement
suivantes : Le déversement d’un certain nombre de produits organiques tels
— connaissance de la longueur des circuits, du temps nécessaire que l’huile, le sang, le lait, le sérum, peut avoir de grandes consé-
pour effectuer le circuit ; quences.
— titration des solutions tous les jours ;
Les cuves de stockage doivent donc être dimensionnées avec un
— contrôle du niveau de cuves tous les matins dans le cas d’une
coefficient de sécurité fonction de la production en période de
remise à niveau manuelle ;
pointe et de la fréquence d’enlèvement. Elles doivent également
— contrôle de la consommation de produits lessiviels ;
être équipées de dispositifs antidébordement, comme des détec-
— contrôle de la consommation d’eau ;
teurs de fuites reliés à une centrale d’alarme, des indicateurs de
— contrôle des temps de lavage et des temps de rinçage.
niveau (capteurs de pression en fond de cuve).
Il convient de caler les temps de rinçage sur les temps de préla-
Ces mesures de niveau permettent d’arrêter les pompes d’alimen-
vage pour permettre la récupération de toutes les eaux sans risque
tation en cas de détection de niveau haut. Ces informations peuvent
de débordement de la cuve d’eau récupérée.
être directement reliées au poste de production.

10. Prévention des pollutions 10.2 Manipulations


accidentelles
Une politique de lutte contre la pollution ne peut être cohérente si Afin de réduire tout risque de pollution accidentelle, il convient de
le risque de pollution accidentelle n’est pas pris en compte. En effet, mener les actions suivantes.
un événement accidentel, tel que la rupture d’une cuve, anéantit ■ Réduire les manipulations
tous les efforts préalables réalisés pendant le traitement des eaux.
Un manque de surveillance entraînant le débordement d’une
La prévention des pollutions accidentelles est une opération qui cuve, la chute d’un fût ou une conduite percée sont des événements
complète les actions précédentes et a pour objet de protéger non relativement courants. De fausses manœuvres peuvent toujours se
seulement le milieu naturel, mais aussi les réseaux et le dispositif produire lors de la vidange ou du remplissage de bacs.
d’épuration et même les installations de fabrication.
Il convient donc de réduire le plus possible les manipulations.
Il convient donc d’agir de la manière suivante.
■ Isoler les zones de transfert et les postes de dépotage
La conception d’un poste de dépotage doit « intégrer » différents
10.1 Stockages systèmes de sécurité. Les procédures de dépotage doivent être pré-
cisées avec soin et respectées, c’est-à-dire que les postes de dépo-
tage et les matériels de transfert (canalisations, pompes...) doivent
Les lieux de stockage reçoivent les matières premières, les pro-
être conçus de manière à prévenir les risques de corrosion ou les
duits finis, les déchets mais également des adjuvants (lessives...).
contraintes mécaniques (dilatation, surpression...). Des joints de
Un certain nombre de risques peuvent être identifiés, comme le
dilatation ou des dispositifs d’arrêt d’urgence doivent être prévus en
déversement de liquides polluants par avarie ou rupture d’un conte-
cas de surpression dans une canalisation (coups de bélier). Les plus
nant, le rejet des eaux pluviales des aires de stockage et de manu-
grands risques sont dus à la collision avec des véhicules et des
tention des déchets, le rejet d’eaux de lavage et d’eaux d’extinction
engins de manutention.
d’incendie.
Les plates-formes de stockage, les zones de transfert et les zones
Les points ci-dessous sont à surveiller.
de dépotage doivent être équipées d’un dispositif de collecte spéci-
■ État des lieux de stockage fique qui permettra la récupération des eaux de ruissellement
souillées. Il est possible de mettre en place un dispositif de tri des
Du fait de la très forte concentration en produits divers, les ris-
eaux de pluie au sol dans les cours. Cette précaution peut être vala-
ques de déversements qui peuvent se produire sur les zones de
ble dans le cas de déversement accidentel d’un produit provenant
stockage sont beaucoup plus importants qu’ailleurs.
d’un camion.
Les lieux de stockage doivent être conçus de telle manière que les
chocs avec les véhicules ou des chariots élévateurs soient évités.
Par ailleurs, il convient de connaître parfaitement l’ensemble des
produits stockés sur site.
10.3 Contrôles et dérivations
■ Couverture des aires de stockage des pollutions accidentelles
Les zones de stockage et de réception (y compris les aires de stoc-
kage des déchets) doivent être couvertes afin de ne pas générer, en
cas de pluie, des eaux souillées.
Il convient de mettre en place les installations suivantes.
■ Mise sous rétention des cuves
Les cuves de stockage des matières premières, des produits finis, ■ Détecteurs de pollution en continu
des sous-produits, des déchets, mais également des produits tels Ce sont des systèmes de mesure de conductivité, de COT, de tur-
que les solutions acides ou basiques de nettoyage doivent être bidité ou de pH des effluents qui permettent d’identifier les pics de
mises sous rétention. pollution.
Les cuves de rétention doivent être dimensionnées de manière à
Les paramètres de surveillance, les seuils correspondants et les
contenir les volumes susceptibles d’être déversés ; les revêtements
alarmes associées ainsi que le degré d’automatisation de ces instal-
doivent être adaptés afin d’éviter toute corrosion due à la nature des
lations nécessaires devront être établis.
produits stockés ; ils doivent être totalement étanches, y compris
sur le fond. Des moyens de reprise (fosse) doivent être prévus dès Du personnel bien formé doit contrôler, précisément et en
l’origine. continu, tous les rejets et prévenir les rejets accidentels.

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■ Bassin tampon/bassin de confinement 11.2 Responsabiliser, valoriser


En cas d’accident, la pollution doit être confinée dans l’usine et fixer des objectifs
(y compris pour les eaux pluviales et les eaux d’incendie). La pre-
mière intervention doit avoir pour but l’arrêt du déversement
(exemple : fermeture d’une vanne).
Les rejets doivent pouvoir être déviés vers un bassin ou vers une ■ L’information du personnel sur les actions menées concourt à la
autre branche de réseau (exemple : déversement de lait d’un camion prise de conscience des risques et nuisances liés aux déchets ainsi
dans une cour) afin d’être confinés ou traités autrement. que du potentiel de matières premières récupérables.
Les eaux pluviales et celles provenant des orages, issues des dif- Tout employé est responsable d’une partie des rejets et des
férentes zones de l’usine, doivent être collectées et contrôlées avant consommations d’eau et il est important qu’il s’en rende compte.
rejet. Elles peuvent éventuellement être stockées dans un bassin de Conjointement, les efforts consentis par le personnel pour mettre en
sécurité avant traitement et rejet. œuvre de nouvelles procédures ou pour s’adapter à de nouvelles
machines doivent être valorisés.
Exemple : dans les distilleries, les eaux pluviales des parcs à
Il faut instaurer une politique encourageant les opérateurs à pro-
alcool et des cours à alcool doivent être collectées et acheminées
poser de nouvelles procédures ou des modifications de process
après contrôle vers les ouvrages d’épuration.
générant des réductions supplémentaires de pollution et de
consommations d’eau.
■ Sur la base des consommations spécifiques et des ratios de pol-
11. Sensibilisation lution constatés à un instant t dans l’établissement, il convient de
du personnel mettre en valeur l’enjeu stratégique. Il s’agit ensuite de fixer des
objectifs de consommation et de pollution.
Cette phase de responsabilisation ne fonctionnera que si les
Le comportement du personnel entre pour une bonne part dans
employés ont conscience du bien-fondé des adaptations qu’ils réali-
l’amélioration de la gestion des déchets et des consommations
sent dans leur travail quotidien. Il faut systématiquement informer
d’eau. L’économie d’eau étant avant tout une affaire de bon sens,
le personnel des résultats des études qui auront pu être entreprises
une prise de conscience de l’ensemble des intervenants est néces-
dans l’établissement et des résultats d’audits.
saire. Il convient donc de motiver tous les opérateurs ou, mieux, de
les former et de s’assurer de leur totale collaboration. Les effluents
doivent désormais être considérés par tous comme partie inté-
grante de la pollution.
La sensibilisation du personnel est un facteur important, mais
n’est pas forcément évidente à réaliser surtout lorsque l’on a affaire
12. Traitements ultérieurs
à des employés saisonniers. Le personnel d’encadrement lui-même
n’est parfois pas assez attentif à ce problème ; cependant son rôle
est d’assurer une surveillance constante en la matière
Ce n’est que lorsque toutes ces actions de réduction des pollu-
Les mauvaises habitudes ont la part belle dans les gaspillages tions et des consommations à la source ont été menées que l’on
qui sont réalisés au quotidien et tout un apprentissage doit être peut envisager les prétraitements et traitements proprement dits,
mis en œuvre afin de les réduire. évitant ainsi au maximum le sous-dimensionnement des dispositifs
et la situation où un dispositif d’épuration trop largement dimen-
sionné se trouve sous-chargé et fonctionne mal et à coût élevé. Il
faut également noter que les ouvrages doivent tenir compte de
11.1 Former aux bonnes pratiques l’évolution probable des activités de l’établissement.

Il est intéressant de mettre en place, à l’attention du personnel, un Plusieurs cas de figures peuvent se produire : rejet direct au
programme de formation sur les procédés moins polluants et sur milieu naturel, épandage des eaux brutes, prétraitement puis rac-
les bonnes pratiques ; des sessions périodiques de remise à niveau cordement à un ouvrage d’épuration collectif, traitement complet
permettent de faire prendre conscience aux opérateurs de l’impor- sur site ou partagé avec d’autres industriels.
tance de réduire la pollution et les consommations d’eau. De fait, les prétraitements constituent une quasi-nécessité. Ils
Un certain nombre de pratiques peuvent être conseillées, par sont composés de l’ensemble des opérations physiques et mécani-
exemple : ques destinées à extraire la plus grande quantité possible d’élé-
ments dont la nature ou la dimension constituerait une gêne pour
— maintenir les zones de stockage et de travail propres ; réaliser
les traitements ultérieurs, contribuerait au bouchage, voire à la dété-
un premier nettoyage à sec ;
rioration des pompes et des canalisations, constituerait un danger
— pratiquer une maintenance préventive pour éviter les incidents
dans l’exploitation des réseaux et perturberait l’épuration.
(ruptures de cuves...) ; inspecter périodiquement les contenants et
les canalisations ; Le lecteur intéressé par cette suite d’opérations pourra se reporter
— ne pas remplir à ras bord les contenants. aux références [2] [3] [13] [14] [15].

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______________________________________________________________________________ MAÎTRISE DE LA CONSOMMATION D’EAU ET DES REJETS DES IAA

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