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14/12/2017

S7 Géophysique marine
Anomalies
gravimétriques
et isostasie
1h CM 2h TD

Plan
— 0. La Terre solide, quelques constats
— 1. Gravimétrie, c’est quoi ?
◦ 1.1 Champs de pesanteur
◦ 1.2 Mesure de la gravité
— II. Réduction des mesures Vu avec J. Perrot
◦ II.1 Densités
◦ II.2 Corrections
◦ II.3 Anomalies
— III. Isostasie (compensation)
◦ III.1 Locale
◦ III. 2 Régionale
— IV. Applications

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0. LA TERRE SOLIDE

— La Terre = objet complexe difficilement


pénétrable (qqs km maximum avec le puit le plus profond
(11 km) dans la péninsule de Kola en Russie)

— Observations indirectes : « méthodes


potentielles »
◦ « instantanés » sous forme d’images de la sub-surface.
◦ « regard » à l’intérieur de la Terre avec détection et
estimation des diverses structures internes (pouvoir de
résolution).

— Observations directes à la surface: sous


descriptions « de visu » ou analyses à la surface du sol à
partir desquelles on peut déduire des propriétés des
structures internes.
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0. LA TERRE SOLIDE
L’acquisition des données et leur traitement
— Une observation/des
mesures
Une mesure = évaluation quantitative d’une observation
qui doit être positionnée dans le temps et dans l’espace
avec des estimations d’incertitude -> caractériser la
sensibilité, la robustesse et la précision des instruments
utilisés.

— Un modèle/des paramètres:
Un modèle est une Schématisation de la réalité décrite
par un certain nombre de paramètres. -> calcul d’une
valeur théorique d’une mesure

— Une anomalie/des écarts


Ecart entre une valeur (théorique) prédite et une
mesure.
Cet écart est appelé anomalie quand le modèle utilisé
est un modèle « de référence »

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1.1. Champ de pesanteur


L’interaction gravitationnelle
— La pomme : la chanson de Newton
f = mg : 1ère loi de Newton - définition de la masse m
f = G m1m2/r2 : 2ème loi de Newton
Unités de mesure: le Newton N pour la force (f) et m.s-2 pour
l’accélération (g)

— Constante G = 6,67 10-11 m3kg-1s-2


Une des constantes les plus mal connues (précision de 10-3 alors que
les autres constantes sont connues avec des précisions de 10-6)

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1.1. Champ de pesanteur


L’accélération gravitationnelle
— Toute masse m crée autour d’elle un champ
ga(r) = G . m/r2 . u
— On peut montrer que l’influence de la Terre est
équivalente à celle d’une masse concentrée en
son centre (théorème de Gauss)

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1.1. Champ de pesanteur


La masse de la Terre solide

— Le rayon de la Terre par géodésie


Rt = 6371 km
— La constante G = 6,67 10 m kg s -11 3 -1 -2

— La pesanteur gt = 9,81 N/kg ou ms-2

9,81 ms-2 = 981 Gals


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1.1. Champ de pesanteur


— Une accélération centrifuge
jour sidéral : 86400 secondes
ac = - w2 R

— Le champ de pesanteur g = ga + ac
décalage théorique entre les pôles et l’équateur de 0,034 ms-2 et le
décalage observé de 0,0521 ms-2.
la forme de la Terre proche d’un ellipsoïde
c = 6357 km a = 6378 km e = 0,0033

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1.2. Mesure de la gravité


Les différentes manières:
1. Allongement d’un ressort
(statique)
2. Chute des corps (dynamique)
3. Lévitation d’une bille par un
champ magnétique (asservi)

En mer, la mesure de la gravité est plus complexe car les appareils subissent les
accélérations du navire qui peuvent atteindre 10 000 voire 100 000 mGal -> Systèmes de
suspension et de cardans très perfectionnés: précision de l'ordre de 0,1 mGal.
2 corrections supplémentaires: (1) force centrifuge engendrée par le mouvement du bateau
autour de la Terre, et (2) correction de la force de Coriolis
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1.2. Mesure de la gravité


— Les gravimètres absolus
(chute des corps)
— Les gravimètres relatifs
(allongement du ressort)
— Les corrections instrumentales
conversion (longueur du ressort en mesure de g),
dérive (0,3 mGal/jour)
fermeture vers une station de base (référence)
-> Une valeur mesurée gm
Précision : environ 1/100 ème de mgal –
parfois 10 x mieux 14/12/2017 10

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1.2. Mesure de la gravité


Comment décrire la forme de la
Le géoïde Terre ?
◦ Surface perpendiculaire au champ de
pesanteur
◦ Surface niveau moyen des océans
Modèle de ce géoïde
◦ Ellispsoïde de référence
GRS80
r = a/(1+e cos(phi))
a = 6378,1270 km
e = 1/298,2572236

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1.2. Mesure de la gravité


Les modèles de
référence
— « Sphéroïde » de référence
GRS80
— Réseau IGSN

— Champ de pesanteur de référence IGF

G = 978031,85 ( 1 + 0,005302357 sin2l – 0,000005865 sin2 2l )

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1.2. Mesure de la gravité


L’altimétrie satellitale vient à la rescousse !
— Principe de la mesure
— Avantages / inconvénients

REFERENCE
ELLIPSOID
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1.2. Mesure de la gravité


Le géoïde terrestre:
reflet de la distribution des masses

Profondes: l > 200 km Superficielles: l < 200 km


=> topographie des océans
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1.2. Mesure de la gravité


Géoïde: “révélateur” du fond de la mer… et des autres anomalies de densité

Géoïde = surface équipotentielle -> Surface de la mer = surface idéale!!!!


Géoïde: reflète la distribution de densité dans la Terre depuis les profondeurs
(pour des l > 200 km) jusqu’à la topographie des fonds

Smith (2002)
Exemple: l’excès de masse causé par un mont sous-marin “défléchit” – ou infléchit – le champ de
pesanteur
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1.2. Mesure de la gravité


Mesure altimétrique
H
Précision
H Altitude du satellite / surface de la mer 2-3 cm

Hs Précision
Hs Altitude du satellite / ellipsoïde de référence 2-3 cm
Hdt
Corrections :
Corr
instrument, ionosphère, atmosphère ...
Topographie dynamique de l’océan:
Hdt marées, courants, houles, “bruit” pour le
Hg géologue
dépressions, “swells”
Hauteur du Géoïde par rapport à
Hg
l’ellipsoïde

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Hg = Hs - H - Corr - Hdt

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1.2. Mesure de la gravité


Combines Geosat/GM, ERS1/GM and Topex data
Sandwell & Smith 1997 - Cazenave et al. 1996

Global gravity grid (2’=3.6km)


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II. Réduction des mesures


1I.1 Densités
Masse volumique des roches
La densité : une grandeur sans dimension
La masse volumique : une grandeur en kg/m3
(in English volumic mass is called density)
Roches non consolidées Roches ignées et métamorphiques
argile 1500-2600 andésite 2400-2800
sable sec 1400-1650 basalte 1400-1650
sable humide 1900-2100 gneiss 1900-2100
granite 2500-2800
Roches sédimentaires
péridotite 2800-3200
craie 1900-2500
quartz 2600-2700
charbon 1300-1800
calcaire 2000-2700 Minerais
sel 2100-2600 barite 4300-4700
grès 2000-2600 chalcopyrite 4100-4300
schistes 2000-2700 galena 7400-7600
pyrite 4900-5300
Autres
huile 600-900
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II. Réduction des mesures


1I.1 Densités
Masse volumique des roches

II. Réduction des mesures


II.2 Corrections
— La correction Eötvös (effet lié à la rotation de la Terre – max. à
l’Equateur*) – Notée ce
dge = 4,040 v sin a cos l + 0,001211 v2 mGal
avec (v km/h) (a azimuth angle par rapport au Nord; l latitude)
— Les corrections : ca, cb, ct
ca= 0,3086 h en mGal si h est en mètres correction air libre
cb= 0,04192 r h en mGal si r est en km/m3 et h en m correction Bouguer
ct prend en compte la topographie exacte grâce des abaques
correction topographique (ou de terrain)
Réduction de la mesure à
une surface de référence

*La force d’ Eötvös diminue la pesanteur d'environ 14/12/2017


0,3 % à l'équateur où son effet est maximal
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II.2 Corrections Calculs


La valeur théorique de g peut être calculée sur l’ellipsoïde en tenant compte de
l’aplatissement et de la rotation de la Terre – On la nomme go

On doit tenir compte de la distance à laquelle on est de l’ellipsoïde: c’est la


correction à l’air libre: Cal
go = GM/r2
g’o = GM/(r+h)2 avec h << r
Par développement limité on trouve g’o = go (1 –2h/r) - donc Cal = 2 go h/r
1 mGal = 10-5 ms-2 - donc Cal = 2h x 9.81 105 / 6.36 106 = 0.3086h
Le gradient vertical du champ de pesanteur est donc d’environ 0,3086 mGal par mètre – correction à
faire: positive R pôle = 6357 km
Baisse de 1 mGal <-> +3,24 m R Equ. = 6378 km

Entre la surface de mesure et le géoïde, il y a des matériaux solides (à terre), et de


l’eau entre le géoïde et le fond des océans, qui ont un effet gravitationnel – c’est la
correction de Bouguer ou correction de plateau: CB – Correction à faire: négative
On peut souvent ramener cet effet à celui d’un plateau infini d’épaisseur h:
CB = Dg = 2prGh
Si r est en g/cm3 et Dg en mGal:
Dg = 2rh x 3.14 x 6,67 10-3 cm3g-1s-2 mGal = 0.0419 rh
Suivant le lieu, on peut aussi tenir compte des variations de la topographie autour du point de mesure =
corrections de terrain, toujours positive, notée ct
Note: L’altitude h est donnée par rapport au niveau moyen des mers: c’est une altitude géoïdale

II. 3 Anomalies
— Le champ de référence g 0

utilisation de l’IGF G si l’étendue de la prospection réclame les variations en latitude


ou dg0 = 0,812 sin 2l mGal/km vers le Nord
si la prospection se fait sur des distances inférieures à 10 km : le point le plus au Sud sert de
point zéro dans ce cas.

— Les anomalies gravimétriques = différence entre la valeur de g mesuré


et celle de g théorique modifiée pour tenir compte des corrections:
Anomalie à l’Air Libre:
Aa = gm + ca + ce– g0
Anomalie de Bouguer complète:
Ab = gm + ca – cb + ct + ce– g0
En calcul courant (sans topographie proche): ce et ct négligés –
-> Anomalie de Bouguer simple ABS = gm - g’o =
gm – (go – 0.3086h + 0.0419 rh) = gm – go + 0.3086h - 0.0419 rh

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II. 3 Anomalies
Compléments:
— Anomalie en mer:
Pas de correction à l’air libre - Attraction de la couche d’eau est moindre:
ABS = gm – (go - 0.0419(rr – re)z) = gm – go + 0.0419(rr – re)z
(avec z positif vers le bas: bathymétrie)

— Anomalies régionale et
résiduelle:
En prospection, il y a une contribution
régionale (tendance) et une contribution
résiduelle (locale)
A l’échelle locale, c’est cette résiduelle qui
informe le mieux des filons par exemple

La « régionale » et la « résiduelle »

II. 3 Anomalies

La « régionale » et
la « résiduelle »

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II. 3 Anomalies

La « régionale » et
la « résiduelle »

II. 3 Anomalies
Compléments:
— Anomalie isostatique: anomalie de Bouguer
comparée à l’anomalie calculée en supposant une
compensation locale (modèle d’Airy)
— Anomalie de Bouguer réduite au manteau
(RMBA): calculée en ôtant (1) l’effet d’une croûte
d’épaisseur et de densité constante, et (2) l’effet
d’un manteau supérieur se refroidissant avec l’âge
(en mer seulement)

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EXEMPLES
II. 3 Anomalies Plusieurs représentations de
l’anomalie gravimétrique

Exemple du rift
Baïkal

Anomalies de Bouguer
comparée au modèle de
compensation locale (Airy) =
Anomalie isostatique
Négatif = excès de masse (sous-compensation)

batholithe, flexion vers le haut, slab,


etc...

Positif = déficit de masse (sur-compensation)

sédiments, flexion vers le bas,


manteau léger, fluage, etc…

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II. 3 Anomalies
Bilan des attractions

Géométrie du corps

Anomalie d’une sphère enfouie

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II. 3 Anomalies
— Une sphère d =1,3 X 1/2
— Un cylindre d= X½

Profil est plus plat pour un cylindre que pour une sphère se
trouvant à la même profondeur
— Un filon à différentes profondeurs et sous
des angles différents

Voir logiciels:
http://www.geoss.com.au/downloads.html

Pblock calculates the magnetic or


gravity effect of a rectangular prism.
Pdyke is an enhanced version that also
calculates the effect of a dipping 2-D
prism.
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1 gal =10-3 g
II. 3 Anomalies avec g=9.81 m/s2
Exemple de cartographie des anomalies gravimétriques
Unité de mesure
1 gal = 10-2 m.s-2
1 mgal = 10-3 gal

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II. 3 Anomalies
Non-unicité de la reconstruction
exemples de différentes
structures

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II. 3 Anomalies
Des règles simples
Profondeur
Extension latérale
Masse totale en excès =

Volume de l’anomalie divisé par 2p G

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TD Masse et densité moyenne de la Terre


— Sur le géoïde: g = GM/r2 soit M = g r2 /G
— Par ailleurs M = r V = 4/3 p r3 r
— G = 6,67 10-11 m3kg-1s-2
— Si g est exprimé en ms-2 et vaut 9.81 ms-2, et si r = 6370
km, alors on trouve : M = 5.97 1024 kg
— r = M/V = 5.51 103 kg/m3

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Exercice: Tour, Puits

/
Dubois & Diament, d) Déduire la différence de pesanteur entre 2 points situés en tête et fond d’un puits
Dunod Editions, 2001

a) gA - gM = – 0.3086h
b) gB - gM = – 0.3086h + 0.0419 rh
c) gC - gM = – 0.0419 rh
d) gB - gC = – 0.3086h + 2 x 0.0419 rh
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Signatures du géoïde
Relations entre
déflexion de la
verticale, forme du
géoïde et bathymétrie:

3 cas « classiques »

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Royer et al. 1989 36

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Exemple :
Mont sous-marin de la ride de Louisville (SW Pacifique)

Géoïde = N

dN
Gravité = -----
dz

Hauteur H = 3500 m et
Rayon R = 30 km
prédits par l’altimétrie
(Wessel & Lyons 1997)

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From Cazenave & Royer, 2001

Bilan sur anomalies et modèles

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(Doc. Michel Diament, IPG Paris)

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III. Isostasie
Courbes de
topographie (a),
d'anomalie de
gravité à l'air libre
(b), et d'anomalie

de Bouguer (c), sur


le même terrain

DECRIVEZ?
http://www.geologie.ens.fr/~vigny/cours/chp-gphy-3.html

l'anomalie à l'air libre est corrélée avec (et dominée par) la topographie à courte longueur
d'onde.
L'anomalie de Bouguer est anti-corrélée avec la topographie à grande longueur d'onde.

C'est la mise en évidence du phénomène de compensation : il y a en profondeur une anomalie


de densité opposée à celle en surface

III. Isostasie
Un peu
d’histoire…
Anti-corrélation
entre
topographie et
anomalie de
Bouguer

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III. Isostasie
-> Principe d’isostasie locale
— Les variations de masse sont
compensées en profondeur
un excès de masse en hauteur par un déficit en
profondeur

— Modèle de Pratt/modèle d’Airy

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III. Isostasie Exercice 1. Isostasie Locale

Rappel:
Pression
lithostatique
P = rgh

Calcul d’une racine — Ecrire que la pression est la


montagneuse
même au niveau de
A.N.: rm = 3.3 compensation en utilisant le
rc = 2.7
z = 3 km poids de colonnes de matière
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Compensation: Lien entre épaisseur de racine et


altitude
Réponse:
Hypothèse de compensation locale (au sens d’Airy):
rigidité nulle

— Racine r = z x rc/(rm – rc)

Car poids de la colonne à gauche =


E x rc + r x rm
Égale poids de la colonne à droite
= (z + E + r) x rc
r r r
Donc r m = z c + r c

r (rm - rc) = zrc


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III. Isostasie
— Le modèle thermique d'amincissement
uniforme de la lithosphère (McKenzie, 1978)
propose pour simplifier un modèle de
subsidence d’une lithosphère en extension
en 2 phases:
• amincissement instantané de la lithosphère induisant
la subsidence initiale (ou tectonique) ;
• évolution liée au refroidissement et à l'épaississement
de la lithosphère après l'extension (subsidence
thermique)
• Ce modèle fonctionne avec l’hypothèse d’un
réajustement isostatique local (égalité des pressions
exercées par des colonnes de matière au-dessus d’une
profondeur dite de compensation)

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III. Isostasie

MODELE : 2 phases successives :

Subsidence finale totale = subsidence initiale (ou


tectonique) + subsidence thermique

III. Isostasie
Exercice 2. Isostasie Locale

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III. Isostasie Exercice 3. Isostasie Locale


— Ecrire l’égalité des pressions
lithostatiques sur la surface de
compensation
— Calculer sur ce dessin la valeur du
facteur d’amincissement β = h0/hsup
— Exprimer hinf en fonction de β et des
autres paramètres
— Faire de même en prenant en compte
le remplissage du bassin par de l'eau
Les indices a, sup, inf correspondent respectivement à l'air, à la
couche supérieure et la couche inférieure.
ha = profondeur de la dépression formée à la suite de l'étirement de
Amincissement β = h0/ lithosphère.
hsup hinf = remontée de la couche inférieure (manteau).
Surface de compensation = toutes les pressions exercées sur cette
surface sont égales

Réponse:
Egalité des pressions lithostatiques sur la surface de compensation : Pi =
Pf soit:
ρsupgh0 = ρinfghinf + ρsupghsup + ρagha avec g l'accélération de pesanteur

Si on a de l’air en surface: ρa = 0
hinf = (ρsup(h0 - hsup)) / ρinf

Connaissant β = h0/ hsup :


hinf = ρsuphsup(β - 1) / ρinf
Connaissant hsup, h0 (ou β et h0 ), on en déduit:
ha = h0 - hsup - hinf = h0 - hsup(1 - (β - 1) ρsup / ρinf )

Si on prend en compte le remplissage du bassin par l'eau et/ou les


sédiments, on a alors par exemple avec un remplissage total du bassin
par l'eau :
hinf = (ρsup - ρeau)hsup(β-1) / (ρinf - ρeau)

Amincissement β = h0/
hsup

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Modèle de McKenzie
modèle vertical à deux dimensions.
L'asthénosphère est supposée à une température constante Ta .
La lithosphère est définie comme la couche située entre la surface de température T = 0°C et l'isotherme T = Ta .
Le gradient thermique dans la lithosphère est supposé constant : T(z) = zTa / L.

Les densités de la croûte et du manteau sont:

ρc(z) = ρc0[1 - αT(z)]


et ρm(z) = ρm0[1 - αT(z)]

où α est le coefficient d'expansion thermique ;


ρc0 et ρm0 sont les masses volumiques de la
croûte et du manteau à 0°C.

La masse volumique de l'asthénosphère est :

ρa = ρm0(1 - αTa)

Modèle de McKenzie

La lithosphère s'amincit instantanément d'un


facteur β. Chaque couche remonte vers la surface,
sans changer de température. Ceci implique que :

•La densité à n'importe quelle profondeur ne change pas,


•la densité moyenne de la lithosphère ne change pas,
•la conservation des masses implique la conservation des
volumes,
•la lithosphère s'amincit d'un facteur β et la nouvelle
épaisseur de la lithosphère est donc L/β,
•la croûte s'amincit d'un facteur β et la nouvelle épaisseur
de la croûte est donc h/β,
•le gradient géothermique (en °/km) est multiplié par β, il
était Ta/L et il devient βTa/L.

Après étirement, la lithosphère est plus chaude qu'avant


étirement. Elle va ensuite progressivement se refroidir
jusqu'à ce que le gradient géothermique retrouve sa valeur
initiale (figure 11).

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Document complémentaire : compléter les carrés


Application numérique (hypothèse de compensation locale d’Airy)
Cas 1 : amincissement de la croûte, calcul de la subsidence induite par l'amincissement
- Cas simplifié : modèle à deux couches de densité différentes (croûte continentale et manteau) en
négligeant la différence entre lithosphère et asthénosphère (calcul réalisé par Airy au milieu du 19e siècle)
- Bonne approximation de premier ordre car la différence de densité entre la croûte et le manteau (0,6) est
~10 fois supérieure à la différence de densité entre le manteau asthénosphérique et le manteau
lithosphérique (0,05).
- Dans le cas d'un amincissement de h0 - hsup = 1 km, on trouve une remontée du manteau hinf = 818 m et
une subsidence ha = 182 m.
- Dans le cas d'un amincissement de 50 % d'une croûte de 30 km d'épaisseur (h0 = 30 km et hsup = 15 km,
on trouve une remontée du manteau hinf = 12,27 km et une subsidence ha = 2730 m (dessin ci-dessous)

Schéma montrant comment un amincissement


de 50 % de la croûte entraîne une subsidence
tectonique ET une remontée du manteau
lithosphérique

III. Isostasie
— Airy ou Pratt?
Ca dépend…
exemple
Ajustement du modèle d'Airy à l'anomalie gravimétrique (cf profil
de densité utilisé dessous)
Ajustement presque parfait entre l'anomalie du géoïde déduite de MARGE CONTINENTALE
la formule de compensation isostatique d’Airy et le géoide
mesuré

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III. Isostasie
— Airy ou Pratt?
Ca dépend…
exemple
Ajustement du modèle de Pratt à
l'anomalie gravimétrique créée dans
le contexte du bombement autour
des îles volcaniques Hawaii et
Bermudes.
La meilleure droite qui passe au
milieu du nuage de points est
obtenue en prenant une densité de
3100 kg/m3 et une profondeur W
de l’anomalie de densité de100 km.
Le modèle d'Airy ne fonctionne pas
Le bombement "colle" mieux avec un modèle de croûte anormalement légère sur 100 km de
profondeur, qu'avec un modèle d'épaississement crustal

III. Isostasie
-> notion de rigidité et de compensation régionale

(des reliefs)

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III. Isostasie
-> notion de rigidité et de compensation régionale
Flexion:
Exemple du mont sous-marin
- Anomalie A > 0 : excès de masse (par rapport à la
zone basse voisine, car compensation régionale)
- Anomalie A < 0 : déficit de masse
- Anomalies bathymétriques aussi, mais atténuées au
cours du temps par sédimentation/érosion

D’après E. Burov

III. Isostasie
-> notion de rigidité et de compensation régionale
Exemples qualitatifs: Mouvements verticaux associés à:
L’étirement Le raccourcissement

État initial

Isostasie locale
(hydrostatique)

Isostasie
régionale
(rigidité
« flexurale »
rajoutée)

(avec bombement thermique) L. Barrier, Paris

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III. Isostasie
-> notion de rigidité et de compensation régionale
Rigidité d’une plaque : caractérisée par l’épaisseur élastique (Te) : traduit la résistance
de la plaque aux forces appliquées

Pour les
lithosphères
océaniques: Cas
assez simple,
consensuel:
dépendance de
l’âge

D’après E. Burov

III. Isostasie
Un exemple à l’échelle régionale

Un profil ECORS
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III. Isostasie La répartition des masses en France

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III. Isostasie
Anomalie du géoïde
dans l’océan Pacifique
— Echelle de couleur
- 3 m pour le violet
+1 m pour le rouge

Notez la trainée associée à la


chaine Hawaï-Empereur
provenant d’un point chaud
Notez les zones de subduction
reliée à la ceinture de feu
autour de l’océan Pacifique
Commentez: où et comment se
voit l’isostasie régionale?
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III. Isostasie
Effet visible aussi bien pour l’anomalie
à l’air libre que l’anomalie de Bouguer
(ou le géoïde)

D’après E. Burov TOPOGRAPHIE


A<0 A>0

FLEXION

Anomalie A > 0 : excès de masse


Anomalie A < 0 : déficit de masse
Voir: http://planet-terre.ens-
lyon.fr/article/geodesie-
gravimetrie.xml

• Détection de la flexion: cas des subductions

Exemple: Carte d’anomalies au


niveau de l’Equateur (Amérique
du Sud) déduite de l’altimétrie
satellitale

¨AAL
+: ~50 mGal
associé au
bombement
externe
-: ~200 mGal
associé à la fosse
et au prisme
d’accrétion
+: ~200 mGal
associé à l’arc

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• Détection de la flexion: cas des subductions

AAL AAL

« outer swell »

L’amplitude de l’AAL traduit une variation de régime tectonique


dans la zone arrière-arc et de couplage entre plaque

• Détection de la flexion: cas des subductions

— Anomalies “isostatiques”: vont généralement dans le


même sens que les anomalies à l’air libre (“free-air
gravity anomalies”):
– > “sur-compensation” des reliefs à la fosse
– > “sous-compensation” des reliefs dans l’arc et l’arrière-arc
— -> Anomalies causées par l’équilibre dynamique
imposé par la convergence
— Forces “dynamiques” -> fosse plus profonde et arc
volcanique à racine plus réduite que si seules les forces
isostatiques agissaient = déséquilibre isostatique
permanent

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Actualité:
— De nouveaux signaux précoces pour quantifier la
magnitude des forts séismes
— Communiqué de presse - Jeudi,30 novembre 2017
A la suite d’un tremblement de terre, une perturbation du champ de
gravité se produit quasi-instantanément, et pourrait donc être
enregistrée avant les ondes sismiques habituellement analysées par
les sismologues.
Dans une étude publiée dans la revue Science le 1er décembre 2017,
une équipe constituée de chercheurs du CNRS, de l’IPGP, de
l’université Paris Diderot1 et de Caltech, est parvenue à observer ces
faibles signaux liés à la gravité et à comprendre leur origine. De par
leur sensibilité à la magnitude des séismes, ces signaux pourront
jouer un rôle important dans l’identification précoce de l’occurrence
d’un séisme majeur.

— Voir http://www.insu.cnrs.fr/node/7882

Conclusions
— La gravimétrie est une approche précieuse pour investiguer l’intérieur de la
Terre
— Les mesures de g et ses variations (ou gradients) sont diverses (gravimètres à
terre et en mer, satellites comme Topex-Poseidon, GOCE, GRACE, etc…) et
se font avec des résolutions horizontales variables (de 100 m à 200 km)
— Le signal gravimétrique est donc plus ou moins « lissé »
— Une fois corrigée, la mesure gravimétrique permet de définir des anomalies
en référence à une valeur de g calculé sur l’ellipsoïde de référence
— Des mécanismes de compensation des reliefs terrestres permettent de
tester des hypothèses sur les causes des variations de densité
— En utilisant la compensation d’Airy, qui ne prend pas en compte la rigidité, il
est possible de calculer des anomalies isostatiques permettant d’identifier
des zones sur- (déficit de masse) ou sous-compensées (excès de masse) par
rapport à l’hypothèse d’Airy
— La carte globale d’anomalies isostatiques révèlent des anomalies liées à la
réponse en flexion des plaques (subductions, monts sous-marins, flambage
continental, épaulements de rift…), à des soutiens dynamiques (super-
panaches, cellules convectives) ou à des variations de température ou de
composition chimique du manteau
— La gravimétrie a ainsi de nombreuses implications dans le domaine industriel
(prospection) et académique (dynamique de la Terre)

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Liens utiles
— Cours en ligne de C.Vigny, ENS Paris:
http://www.geologie.ens.fr/~vigny/cours/chp-gphy-3.html
— Cours en ligne de O. Dequincey et F. Chambat, ENS Lyon: http://planet-
terre.ens-lyon.fr/article/geodesie-gravimetrie.xml
— site du Bureau Gravimétrique International (BGI): Collecte, archivage,
validation et distribution de données gravimétriques (avec cartes
mondiales récupérables en jpeg): http://bgi.obs-mip.fr/fr
— Satellite GRACE: https://grace.cnes.fr/fr
— Satellite GOCE: https://goce.cnes.fr/fr et le site FROG :
http://ganymede.ipgp.jussieu.fr/frog/
— Satellite TOPEX-POSEIDON: http://www.futura-
sciences.com/sciences/definitions/univers-topex-poseidon-3849/
— Gravimétrie en France: site du BRGM:
http://sigminesfrance.brgm.fr/geophy_gravi.asp
— Site de l’IGN: http://www.ign.fr/

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