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(Un opéra commence. Lydia et Thérèse sont assises l’une à côté de l’autre)
Thérèse (Il pouffe puis se marre bruyamment) : Il va pas bien lui. Il va pas bien du tout. Ouais chut.
(Mort de rire) C’est un arbre. C’est un arbre qui chante. C’est de l’allemand ? (toujours explosé de
rire) Quoi chut ? C’est en allemand. (Regarde Philippe) C’est de l’allemand en plus. (Se marre) Vous
êtes tarée… Oh la galère. Ça dure combien de temps ?
Otis (Pierre) : Mais, vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises situations.
Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres.
Des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez
moi. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée… Parce que
quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne
trouve pas l’interlocuteur en face je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Hors ce n’est pas mon
cas, comme je disais là, puisque moi au contraire, j’ai pu : et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je
chante la vie, je danse la vie… Je ne suis qu’amour ! Et finalement, quand beaucoup de gens,
aujourd’hui me disent « Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? », hé bien je leur réponds
très simplement, je leur dis que c’est ce goût de l’amour, ce goût donc qui m’a poussé aujourd’hui à
entreprendre une construction mécanique, mais demain qui sait ? Peut-être simplement à me mettre
au service de la communauté, et à faire le don, le don de soi…
Les Compères : François Pignon essaye de pleurer (3 personnages)
Pignon : Comment ?
Pignon : Pleurer comme ça, maintenant ? (Lydia acquiesce. Pignon a un petit rictus) C’est pas
commode.
Lydia: Bah vous pleurez bien parce que j’ai plus d’essence !
Lydia: Et bien pleurez pas mais elle parlera pas, oh. (Elle s’apprête à sortir de la boutique)
Pignon : Attendez. (Lydia se retourne avant la sortie) Je vais essayer. (Se concentre, lève les yeux au
ciel)
Lydia (regarde par la porte de sortie puis vers Pignon) : Bah dépêchez-vous.
Pignon : Mais dépêchez-vous, vous êtes marrante vous. Faut que je pense à quelque chose de triste…
Voyons, voyons… (Se concentre, lève les yeux au ciel. Un temps. Pignon esquisse un sourire, puis
commence à rire)
Pignon : (Rigole franchement) Ça fait des mois que je pleure, j’embête tout le monde avec ça, et pour
une fois qu’on me demande…(le rire s’estompe) L’enterrement de mon père, c’était d’une tristesse.
Chaque fois que j’y pense, j’y reste. (Se concentre, lève les yeux au ciel. Un temps. Le rire monte à
nouveau, de plus en plus) Pas cette fois-ci. (Lydia la gifle) Ah la conne, elle m’a foutu une baffe. (Elle
continue de rire)
Lydia: Ah bah c’est foutu, on peut repartir. Bah voilà. (Se retourne pour sortir)
Pignon : Je suis désolé mais ça faisait longtemps que je m’étais pas marré comme ça. J’en ai les
larmes aux yeux dites donc. (Morte de rire, elle s’essuie un œil avec son doigt. La caissière entre)
La Caissière (A Lydia) : Le plein est fait vous pouvez partir. (Pignon toujours hilare est recroquevillée,
la main sur les yeux)
Pignon : Je vais prendre un kleenex. (Elle se dirige vers la caisse, dos à la caissière)
Lydia: Elle a… Elle a qu’elle est bouleversée. (Pignon rit de plus belle) Allons mon vieille, calmez-vous.
(Lui prend le bras) Allons, calmez-vous (Le prend dans ses bras)
La Caissière : Elle pleure ?
Lydia: Bah oui elle pleure, bien sûr qu’elle pleure. (La caissière avance vers eux. Lydia recule, toujours
avec Pignon dans ses bras) Son fils a disparu et vous refusez de l’aider, qu’est-ce qu’elle peut faire ?
(La caissière avance toujours. Lydia et Pignon font un demi-tour sur eux-mêmes)
La Caissière : Bah je pense à ma fille moi. Je veux pas qu’elle ait des ennuis avec les flics !
Lydia: On ne dira rien à la police ! (Faisant un tour complet sur eux-mêmes pour éviter que la
caissière voie le visage de Pignon, toujours morte de rire) Vous avez ma parole !
Lydia: Non.
La Caissière : C’est un truc pour les jeunes, un bar, avec des jeux électroniques. Elle est toujours
fourrée là-bas. Je vais vous donner l’adresse. (Retourne à la caisse) S’ils sont avec elle, j’ai dû les voir,
vos gosses.
Le Père Noël est une ordure : Les Cadeaux (2 personnages)
Pierre : Ah c’est pour moi ? Oh écoutez Thérèse, (prend le cadeau) merci beaucoup, fallait pas,
vraiment c’est… (Ils galèrent pour se faire la bise. Ils y parviennent enfin, ils se font quatre bises) Non,
voilà, voilà. Oh écoutez !
Thérèse : J’espère que ça vous plaira, c’est dur avec vous, vous avez tout.
Pierre : Oh non écoutez Thérèse, rien que d’avoir pensé que c’était Noël, c’est déjà formidable ! Oh !
Pierre : Si, bien sûr, mais écoutez, de l’extérieur c’est magnifique ! (il s’assoit pour ouvrir le paquet
cadeau) Ooh ! Oooh ! (Il sort le cadeau) Aaaaah… Oh, une serpillère ! C'est formidable Thérèse, je
suis ravi, écoutez...
Pierre : Ah oui ? Ah bah bien sûr, ah bah et alors bien sûr c'est un gilet : il y a des trous plus grands
pour les bras. Alors... Je suis ravi, Thérèse. Je suis... Vraiment je suis ravi !
Thérèse : Et point de vue coloris ? parce que... j'avais pensé à un joli camaïeu de bleu marine comme
je sais que vous aimez bien, puis je me suis dit dans ces tons là, ça changera.
Pierre (enfile le gilet) : Vous avez tout à fait raison Thérèse parce que le gris et bordeaux ça va avec
tout alors, vous ne risquez pas de vous tromper.
Thérèse : Et puis c'est une chose qui n'est pas commune et que vous ne verrez pas chez tout le
monde, hein.
Pierre : Mais j'espère bien Thérèse, J'espère bien. Ecoutez, si vous saviez ce que ça tombe bien : je
me disais encore hier soir qu'il me manquait quelque chose pour descendre les poubelles. Je suis ravi
Thérèse !
Thérèse : C’est vrai ? Oh je suis contente que ça vous plaise parce que… Bon bah !
Pierre : Ne bougez pas. (Il se sauve en courant. Se retourne juste avant de sortir) Mon cadeau à moi,
c’est une toile que j’ai peint pour vous.
Pierre (Revient avec la toile emballée) : Alors Thérèse, s’il vous plaît, n’y voyez surtout pas le
fantasme de l’homme, mais plutôt, si vous voulez, comment dire, la recherche créative. Le délire de
l’artiste, n’est-ce pas. (Il déchire le papier cadeau. Thérèse se rapproche)
Thérèse : Hum !
Pierre : Bon, c’est-à-dire, bien sûr, il faut le voir chez soi, hein.
Thérèse : Oui. (Pierre se recule de la toile) Non, je ne peux pas dire que je n’aime pas Pierre. Mais
enfin, bah c’est… (Gênée) Non, le village est gentil là. Mais c’est… C’est l’intervention de cette grosse
femme… C’est un petit peu… Enfin c’est… ça va très loin.
Pierre : Oui. Mais c’est là que je me rends compte que malheureusement, je vous ai beaucoup moins
bien réussi que le porc. (Thérèse rit)
Le Prénom : (4 personnages)
PIERRE : ...Devinez.
THERESE : Allez-y, servez-vous! ... En tout cas, j’espère que tu vas pas l'appeler Henri, comme papa et
Grand-Père?
LYDIA : En même temps, je te vois bien avec un prénom classique... Matthieu ou Paul.
CLAUDE : ... Il faut chercher ses références, ses goûts, ce qu'il aime...
Rires.
CLAUDE : Diego?
LYDIA : Christophe?
THERESE : Camille.
CLAUDE : Lancelot...
PIERRE : Non.
PIERRE : Non!
THERESE : Basile?
PIERRE : Non.
LYDIA : Igor?
PIERRE : Non!
PIERRE : Non!
Rires.
PIERRE : Non.
CLAUDE : Albert... Arthur?
THERESE : Aurelio ?
CLAUDE : Antonin ?
THERESE : Nous, on avait hésité avec Aurélio. Mais AuréliO GarAUD, on trouvait que ça faisait trop de
"O".
CLAUDE : Aymeric?
LYDIA : Antoine?
LYDIA : Albator!
Ils rient.
CLAUDE : Alphonse!
Claude se lève.
CLAUDE : Alors attends... Alphonse, fonse, onse, once... (Elle crie) Nonce!
THERESE : Annonce Larchet! Pfff... Je vais finir de préparer la méchouïa, vous m'attendez.
Elle sort.
Rires.
LYDIA : Arsène?
Pierre fait non de la tête. Lydia et Claude se regardent. Elles semblent avoir tout dit.
PIERRE : Tu sors !
CLAUDE : Aragon?
PIERRE : Adolphe.
PIERRE : Si.
Lydia masque.
PIERRE : Si.
Un silence perplexe.
CLAUDE : Pierre, tu ne vas pas appeler ton fils ADOLPHE, t’es pas sérieux.
PIERRE : Mais je suis très sérieux. Avec Julien Sorel c'est probablement le nom le plus célèbre de la
littérature française, le héros romantique par excellence, non?
LYDIA : Pierre... Tu ne vas pas faire ça? Tu nous fais marcher? Hein, rassure-moi, c'est une
plaisanterie? De mauvais goût mais c'est une plaisanterie? (un temps) Tu ne vas appeler ton fils...
comme Hitler?!
PIERRE : Ah mais non, pas comme Hitler justement! Comme tu le sais très bien, le "Adolf" de Hitler
s'écrit avec un "F", alors que le mien, le Adolphe français, s'écrit "P-H-E".
PIERRE : "F" et "P-H" c'est pareil? Je pensais que pour une normalienne tu serais un peu plus à cheval
sur l'orthographe.
Claude se lève. Elle vient s’asseoir sur la table basse à côté de Vincent.
CLAUDE (pédagogue) : Pierre, ce que Lydia veut dire, c’est que les gens ne vont pas entendre Adol-
PHE, ils vont entendre Adolf, tu comprends, comme dans éléPHANT.
LYDIA : Excuse-moi mais il faut être attardé mental pour pas comprendre qu'on ne peut pas appeler
son fils Adolf!
PIERRE : Arrête de m'agresser... Si tu veux que je t'explique, je t'explique. Sinon on arrête tout de
suite.
Pierre s’éloigne vers la fenêtre.
Claude fait signe à Vincent d'y aller. Pierre se rapproche de la table basse.
PIERRE (plongé dans la douceur du souvenir) : Je lisais «Adolphe», le roman de Benjamin Constant, et
Anna aussi quand on s'est rencontré. On a adoré ce livre, on a adoré ce personnage. Ça a été le livre
de notre rencontre, tu comprends? ... Alors on s'est dit que si on avait une fille on l'appellerait
Ellénore et que si c'était un garçon...
LYDIA : Mais putain il va le faire ce con! Il a lu un livre dans sa vie et il fallait que ça tombe sur celui-
là!
(La famille Deetz reçoit une invitée. Assis autour de la table, ils s’apprêtent à diner)
Lydia Deetz : J’ai vu des fantômes (un temps long. Tout le monde se regarde)
Thérèse Deetz : (rit nerveusement) C’est une petite plaisanterie qui circule entre nous.
Thérèse Deetz : C’est sa nouvelle fantaisie. Aujourd’hui, elle essayait de me convaincre que la maison
était hantée. (elle rit) J’l’adore, elle est mignonne !
Thérèse Deetz : Dans des draps de toute beauté. (Ouvre grand les yeux en direction de Pierre Deetz)
Pierre Deetz : …Aaaah, (lève son verre en même temps) je propose de porter un toast à nos
courageux invités qui ont bravé les autoroutes à péages à partir de New York afin d’être parmi nous
ce soir. Puisse vos appartements prendre une plus-value.
Thérèse Deetz : Non. (Elle pose son verre) Qu’on me laisse tranquille avec ça.
Thérèse Deetz : Je préfèrerais que nous parlions de… (Un temps. Débute la chanson « Day-o Banana
Song » Thérèse Deetz semble possédée. Elle chante l’intro en play-back)
Pierre Deetz (Rit. Il regarde sous la table. Lydia rit aussi) Otho, c’est toi qui a eu cette idée ? (Thérèse
et Pierre Deetz se lèvent en même temps. L’invitée se frotte le cou avec sa serviette. Ils font tous
tourner leurs serviettes au-dessus de leurs têtes. Lydia se lève, c’est la seule qui n’est pas possédée,
elle se met dans un coin et s’amuse de la situation. L’invitée enlève une bouteille du seau à glace, se
lève en le prenant et le retournant, fait un tour sur elle-même et tape dessous comme sur un tam-
tam. L’invitée se rassoit. Thérèse et Pierre lèvent leurs bras en l’air et tournent sur eux-même.
Pendant qu’ils se rassoient, les quatre invités se lèvent. Chorégraphie à créer avec les mains en avant.
Tout le monde debout, ils font une ronde ensemble en se prenant la main. Chorégraphie en tournant
autour de la table…)
Intouchables : L’anniversaire de Lydia (2 personnages)
Lydia : (Au public) Excusez-moi, s’il vous plait ? Je peux vous demander un petit service ? Un petit
morceau pour moi, encore.
Lydia : Si si. Euh… « Les quatre saisons » Vivaldi. L’estate, vous allez voir, ça va vous plaire.
Thérèse : Non. Non, rien du tout. Ça me fait rien du tout ça. La musique qui se danse pas c’est pas de
la musique pour moi.
Lydia : Bon alors, on va passer à autre chose. (un autre air classique commence)
Thérèse : (Fredonne) Nin nin nin nin nin. Si je connais, oui. C’est une pub. Pour du café non ? (Un
nouvel air classique commence. Toujours assise, imitant un chevalier sur son cheval galopant) Oyé
oyé par mandat, on m’attend au château de Vaux le vicomte. Je dois aller conduire des ménestrels.
Allez ! (elle donne des coups de mains derrière la chaise comme pour faire avancer le cheval
imaginaire) Oui, je suis bon chevalier ! (nouveau morceau classique) Ah non c’est chelou, c’est des…
C’est des gens qui sont pas vêtues. (Lydia et Thérèse rient) C’est des gens qui courent, je vois des
gens courir, mais pas d’habits et ça glousse (Elle glousse)
Thérèse : Il était chaud Bach. Il devait emballer avec ça lui. C’est le Barry White de l’époque.
(Nouveau morceau classique) Je connais celle-là, si si je la connais, tout le monde la connait, mais si :
« Bonjour, vous êtes bien au Assedic de Paris, toutes nos lignes sont actuellement occupées. Le
temps d’attente est d’environ deux ans. » (Nouveau morceau classique : Le frelon vert) C’est Tom et
Jerry ça non ?
Lydia : Tom et Jerry (ils se marrent). Mais quel conne. Au secours. Au secours, le chef d’œuvre.
Thérèse : (Se lève et installe de la musique) Bon à mon tour maintenant. On a écouté vos classiques,
on va écouter les miens. Earth, wind and Fire on en a déjà parlé. Ecoutez, c’est une tuerie. (Elle lance
la musique. Lève le doigt en l’air et recule) Alors ? C’est autre chose ça, non ?
Thérèse : Ah ouais hein. (Se met à danser) Appelez-moi par mon prénom, je réponds plus là.