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Les personnages :
Le salon d'une maison de retraite. Côté jardin, un canapé en face de la télé. Côté
cour, un plan de travail avec des placards muraux. Une table occupe le milieu de la
pièce. Les pensionnaires sont plongés dans une partie de loto dirigée par l'infirmière
en chef. Ils s'ennuient. Trois portes, côté jardin, côté cour ( les toilettes) et au centre.
L'infirmière ( Avec autorité) : Bon alors, jeunes gens, c'est le 18 qui sort ! Alors ?
Qui est-ce qui a le 18 ?
Paulette : Je veux qu' c'est lui ! Regarde voir ! un 8 et pis un 1 ! Ça, si mes calculs
sont exacts, ça fait bien 18, non ?
Paulette : De dieu ma Ginette ! T'as raison ! C'est parce que j'étais tourné à
l'envers ! Rien du tout Dédé ! Faut pas commencer à tricher, t'entends ! T'as rien du
tout !
L'infirmière : Bon, le 18, c'est pour personne ? Vous êtes sûrs ? Faites un effort
bon sang ! Bon, allez, je le garde sous le coude et on continue. Tiens ! cette fois, j'ai
tiré le 36. Il est bien le 36 ! Alors ? C'est pour qui le 36 ?
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Madeleine : Moi ! moi je l'ai !
L'infirmière : Comment ça vous l'avez pas ? Celui-là non plus ? Vous faites exprès
ou quoi ? Y a bien des numéros sur vos grilles, non ?
Marcel : Ben voui ma toute belle, les numéros, c'est pas ça qui manque, sauf que
c'est pas des bons. Y a rien qui sort !
L'infirmière : Comment ça y a rien qui sort ? Depuis tout à l'heure, y a personne qui
a rien posé. C'est pas possible. Vous avez forcément des bons numéros, j'ai presque
plus de boules !
Ginette : Des boules pipées ? C'est rigolo… Ça me rappelle un truc… mais je sais
plus quoi…
Amédée : Cherche pas, c'est parce que c'était y a longtemps… Tu perds la boule…
Amédée : Bien sûr que ça existe ! Sinon, comment t'expliquerais qu'il y ait rien qui
sorte ?
Paulette : Tiens ?!? T'as plus de problème d'oreille, Dédé ! T'as encore entendu ! Et
du premier coup en plus !
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Amédée : Qu'est ce tu dis ?
L'infirmière : Bon, moi je veux bien continuer, mais faut être sérieux. Le loto, c'est
pas pour les dilettantes. Faut y mettre un peu du sien, aussi. Allez, on s'applique !
Attention, je recommence… 36 !
Ginette : Moi ! Moi aussi ! Je l'ai aussi ! Ah… ben non. Je l'ai pas non plus.
Marcel : Il est déjà sorti le 36 ! Même que Madeleine, elle l'a déjà… Du coup,
sûrement qu'il y en a deux.
Ginette : Une paire… une paire de boules tu veux dire ? Tiens, c'est rigolo, ça aussi
ça me rappelle un truc… Mais quoi ? Pffft. Je saurais pas vous dire…
L'infirmière : Des 36, vous êtes sûrs qu'il y en a deux ? Si ça se trouve, c'est à
cause de l'étage du dessus.
Madeleine : Bien vu ! Là-haut, c'est rien que des grabataires, c'est sûrement de leur
faute !
L'infirmière : Eh oui ! Eux, quand on joue avec, il faut plusieurs jeux, figurez-vous !
Paulette : Ah bon ?
L'infirmière : C'est pour aller plus vite… Comme ça les numéros, ils sortent
plusieurs fois… ça fait que de temps en temps, ils arrivent à finir une partie avant la
soupe.
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Ginette : Ça doit pas arriver souvent. La plupart, c'est des vieux qui voient pas clair.
L'infirmière : C'est pour ça qu'on joue sans carton. N'empêche qu'ils nous
mélangent les boules et qu'après, au rez-de-chaussée, ça fausse le jeu ! Bon, allez,
on continue. Attention, je tire : le 69 !
Paulette : C'est parce que 69 c'est le département du Rhône. Toi, t'es de l'Yonne,
ma Ginette. L'Yonne, c'est le 89. C'est pareil en plus grand.
Amédée : Et moi ? je fais quoi ? Vu que je l'ai pas, mais qu'il est pas sorti ? J'ai bon
ou pas ?
Marcel : Aïe !
L'infirmière : Madeleine ! C'est pas sympa. On vous l'a déjà dit. Ça se fait pas, c'est
pas bien. ( Elle ouvre la bouche de Madeleine.) Bon, ça va, elle a pas mis ses dents.
Ginette : Vous voulez pas faire un scrabble plutôt ? Le loto, c'est pas tellement
marrant…
L'infirmière : Comment ça c'est pas marrant ? Bien sûr que c'est marrant le loto ! ça
fait deux plombes que je me tue à essayer de vous distraire ! Faudrait peut-être y
mettre un peu de bonne volonté aussi !
Marcel : Oui mais là, on n'a pas de carton. D'habitude, avec les cartons, c'est plus
divertissant…
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L'infirmière : Comment ça vous avez pas de carton ? Mais pourquoi vous n'avez
pas de carton ?!?
Paulette : C'est parce qu'on joue avec le jeu des grabataires… C'est pour aller plus
vite…
L'infirmière : Vous pouviez pas le dire avant ? En plus, tout à l'heure, vous aviez
des grilles ! Si vous n'avez pas de carton, c'est quoi cette histoire de grille ? Vous
vous moquez de moi ?
L'infirmière : C'est ça ! Le 18 et le 36, vous allez me faire croire qu'ils sont dans les
mots croisés de Paulette ?
Marcel : Ben non. Ils y sont pas… C'est pour ça qu'on les a pas.
Paulette : Toute façon, mes grilles, c'est pas des mots croisés, c'est du sudoku !
Amédée : Ah bon ? C'est pour ça que les définitions elles correspondent pas alors !
La femme de ménage ( Entre brusquement, avec un air irrité. Elle porte un seau et
un balai) : C'est pas vrai ! Y a rien que des vieux ici ! Bonjour l'ambiance ! Allez,
circulez, faut que je passe un coup de balai.
L'infirmière : Irène ! S'il vous plaît ! Un peu de compassion. Ils sont âgés, d'accord,
mais ce sont des êtres humains tout de même…
La femme de ménage : Mais non, c'est bon, t'inquiète, je rigole. Ils le savent bien
que je rigole en plus. Pas vrai les croûtons ?
La femme de ménage ( En parlant fort et en bêtifiant) : Elle a dit que c'est l'heure de
la soupe ! Alors Papy, on est content !
La femme de ménage : Ben quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Bien sûr qu'il est content !
Regarde, tu vois pas ? Il bave.
Ginette : C'est pas une preuve de contentement, ça, c'est parce qu'il retrouve plus
son dentier.
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La femme de ménage : On s'en fout, pour la soupe, il en aura pas besoin. C'est
prévu qu'ici, il y a toujours un couillon qui oublie ses dents. Du coup, la soupe, elle
est super liquide.
La femme de ménage : Des légumes, je sais pas, en tous cas, y a de l'eau. Ce soir,
on mange de l'eau !...
La femme de ménage : Mais non, je rigole. Faut vous détendre les momies !
La femme de ménage : Les mamies ! j'ai dit les mamies. Faut vous détendre, quoi…
Enfin pas trop quand-même, après, vous allez être tout fripés…
La femme de ménage ( Se penche vers les vieux en bêtifiant ) : Mais non, c'est une
blague. C'est pour rire. ( Avec autorité.) Allez, maintenant, on va ranger la partie de
Monopoly. Faut faire de la place pour les plateaux, magnez-vous le trognon, j'ai pas
que ça à faire.
La femme de ménage : Ça, c'est encore une couche qui fuit. Pour les couches, je
l'avais dit que c'était pas une bonne idée d'investir dans le bas de gamme. Au final,
on s'y retrouve pas…
L'infirmière : Irène, pas devant les résidents, vous savez bien que c'est pas bon
pour le climat général…
La femme de ménage : Penses-tu ! Ils s'en tamponnent ! En plus, ils pigent que-
dalle ! Sinon, pour les couches de rechange, faut taper dans le tas qui est sous
l'escalier, elles ont déjà un peu servi, mais j'ai bien gratté. Normalement, c'est du
comme neuf !
L'infirmière : Bon, Irène, quand vous aurez fini le ménage, je vous laisse organiser
le repas, il faut que j'y aille. ( Elle sort).
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Les vieux sortent péniblement.
La femme de ménage : Allez-allez, on se remue les croulants, j'ai pas que ça à faire
non plus !
La directrice ( Elle entre côté jardin) : Ah ! Irène ! Vous êtes là. Vous tombez bien. Il
faut qu'on fasse le point.
La directrice : Qu'est-ce que vous racontez Irène ? Un peu de bon sens, voyons !
Non, on fait comme d'habitude, on stocke et on revend discrètement.
La directrice : Vous êtes mon bras droit Irène. Félicitations. Vous pouvez être fière
de vous.
La directrice : C'est tout naturel, ma petite Irène. Et à part ça, rien à signaler ?
La directrice ( Elle la coupe) : Irène ! C'est bien ce que vous faites Irène !
L'intendance, la gestion du personnel, l'organisation des animations, l'accueil des
familles…
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La femme de ménage : Oui Madame la directrice.
La directrice : Sinon, vous savez que je pense à vous pour une petite promotion ?
La directrice : Ça tombe bien. On doit faire des économies Irène. Sinon, on va dans
le mur. En ce moment, on n'a pas les moyens de rémunérer un personnel trop
qualifié.
La directrice : Les charges Irène ! Les charges ! C'est ça qui nous tue ! J'ai décidé
une compression de personnel.
La directrice : Si on veut s'en sortir, c'est vital. Vous savez faire les piqûres ?
La directrice : Pas encore, pas encore. Inutile de l'ennuyer avec ça maintenant. Elle
a bien le temps d'être malheureuse. Un peu de compassion Irène. Naturellement, je
compte sur votre discrétion.
La directrice : Je vous fais confiance ! Je ne sais pas, moi… vous pourriez peut-être
organiser un atelier " Monsieur Propre " ou un défilé de serpillières ? Après tout,
l'animation, c'est un peu votre rayon, non ?
La directrice : Parfait ! Je vous laisse ! Je sais pouvoir compter sur vous Irène !
( Elle sort.)
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La femme de ménage : Si vous le dîtes, Madame la directrice…
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Ginette ( Elle montre les bols.) : Non, j'te parle de ça. Ça, c'est pas de la soupe !
La femme de ménage : Ah bon ! Tu m'as fait peur. Bien sûr que c'est de la soupe.
Je sais ce que je dis, c'est moi qui fais la bouffe !
Paulette : Ginette elle a raison. Normalement, dans la soupe, on met des légumes.
La femme de ménage : C'est pas forcé ! Chacun ses recettes. Moi, je mets ce que
je veux dans ma soupe.
La femme de ménage : Oui, ben ça va. C'est pas bien méchant. La Madeleine, elle
a pas de dent.
Amédée : P't être, mais elle bave. Je suis tout poisseux, maintenant.
La femme de ménage : Bon, les vioques. C'est pas que je m'ennuie, mais je vous ai
assez vus. Alors je vous laisse vous installer, faites comme chez vous. Pensez à
débarrasser quand vous aurez fini. Léchez bien les gamelles et sucez les cuillères,
ça fait gagner du temps pour la vaisselle. ( Elle sort avec son balai et son seau.)
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Marcel : C'est pas de la soupe ! C'est de la flotte ! Ils veulent nous affamer ! C'est
pire que du nazi ! On se croirait à Paris pendant l'occupation.
Amédée : Moi aussi, mais pour la mission de reconnaissance, je peux pas, à part
vous, je connais personne...
Marcel s'approche prudemment de la porte, s'assure que la voie est libre, puis il
ouvre les placards. Il les explore péniblement en traînant les pieds. Les autres
l'encouragent.
Ginette : Prends pas de risque Marcel ! Ils ont sûrement piégé le terrain !
Madeleine : Remarque, si il crève, il sera pas perdu pour tout le monde, on pourra
toujours le manger…
Madeleine : Oh ferme ton clapet ! T'es fatigant, t'entends jamais rien ! Faut toujours
tout répéter avec toi !
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Madeleine : Ben pourquoi tu demandes, alors ?
Ginette : N'empêche que Amédée il a raison. On mange pas les gens, ça se fait pas.
Madeleine : Et pourquoi pas ? Là, c'est comme en quarante ! En quarante, pour s'en
tirer, il a fallu bouffer les morts !
Madeleine : Ben non. Pas trop… Enfin, pas en entier, juste des bouts. Toute façon,
c'était pas la peine de gâcher, ils servaient plus à personne.
Madeleine : Oui, ben pas encore, mais ça va finir par arriver… on va pas faire les
délicats, non plus.
Marcel ( Il bondit en arrière) : Bon dieu les fumiers ! Ils ont miné le terrain. C'est un
traquenard !
Ginette : Bon sang ! Paulette ! Ils ont fichu des tapettes dans le placard !
Amédée : Comment qu'elles sont tes tapettes ? Elles ont l'air agressives ?
Marcel : Bouge pas, je regarde… attends… j'en vois qu'une… ça va, on dirait qu'elle
est désarmée…
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Paulette : Ferme la porte Marcel ! Faut se tirer !
Paulette : C'est pas une tapette ça ( Elle mime.) ! C'est une tapette… ( Elle claque
les mains.)
Amédée : Du pinard ! Bon Dieu ! Ça fait combien de temps qu'on n'en avait pas vu !
Amédée : Un blanc qui mousse ? C'est du Champagne, alors ! Marcel, t'as dégoté
un Champagne ! Oh bonne mère ! On va se gaver !
Ginette ( En fronçant le nez pour lire de loin) : Récurex. C'est une marque de
Champagne, ça ?
Marcel : Allez, santé ! ( Il lève la bouteille et boit une longue rasade au goulot.) Ah !
Ça ramone ! C'est du bon !
Il se métamorphose lentement. Il se redresse soudain et semble brutalement
animé d'une énergie juvénile toute neuve. Il sautille sur place puis bondit dans tous
les sens. Il se met à faire des flexions et des pompes.
Ginette : Tu t'es vu Marcel ? Paulette elle a raison, tu ressembles à rien ! t'es tout
décoiffé…
Marcel ( Surexcité) : Eh ben vous en tirez des tronches les gâteux ! Ça pue la
naphtaline ici ! Allez, buvez un coup de Jaja, ça va vous remettre à l'endroit. Cul
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sec ! ( Il remplit les verres que les vieux vident aussitôt. Les réactions sont
immédiates.)
Paulette : Bon sang ! J'ai les jambes qui bougent toutes seules !
Ginette : Pétard ! Qui c'est qui a une paire de rollers ? Faut que je fasse du roller
tout de suite !
Marcel : C'est pas le démon ! C'est le pinard ! Ils ont mis un truc dedans !
Amédée ( En courant autour de la pièce.) : C'est trop bon ! Je suis fort comme Hulk
le géant vert !
Marcel : Gaffe ! Personne ne bouge. Faites semblant de rien. Faut pas qu'ils
s'aperçoivent qu'on a tapé dans le Champagne millésimé. Je planque la bouteille. ( Il
pose la bouteille de Récurex sous la table.)
Ginette : La table ?
L'infirmière : Irène a raison. 18h30, il est tard. Extinction des feux dans 10 minutes.
Avant, on se fait notre petit prélèvement d'urine quotidien, on prend notre
température, un suppo… et au lit.
La femme de ménage : Bon, on se magne. Pour le pipi, qui c'est qui commence ?
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La femme de ménage et l'infirmière se regardent surprises.
La femme de ménage : Ben qu'est-ce qui te prend Papy ? T'as l'air tout bizarre…
Marcel : C'est parce qu'il est pressé. C'est la vessie qui gonfle… ça énerve.
La femme de ménage : Ah c'est ça…! Ben faut qu'il y aille alors, pas la peine qu'il
se fasse dessus. Allez Dédé, va me remplir ça. ( Elle lui tend un flacon stérile qu'elle
sort de sa trousse à pharmacie. Pendant ce temps, Amédée se dirige vers les
toilettes. Il peine à maîtriser son énergie débordante. La femme de ménage et
L'infirmière vont vers le canapé dans lequel elles s'installent, face à la télé.)
L'infirmière : Ah bon ?
Amédée : Vous me croirez jamais ! C'est très rigolo ! j'ai fait pipi bleu ! Vous voulez
voir ?
Madeleine : A moi ! Moi aussi, je veux faire pipi bleu ! ( Elle file vers les toilettes en
sautillant.)
Amédée : J'ai une pêche, moi ! ( A l'infirmière et à Irène.) Eh les filles ! Vous me
faites une place sur le canapé ?
L'infirmière : C'est vrai qu'il est pas mal. T'as vu les abdos… Il a le physique de
l'homme mur idéal et sûr de lui…
Amédée : Bougez pas mes toutes belles, l'homme sur le mur idéal, il arrive !
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Marcel, Paulette et Ginette se jettent sur Amédée pour le maîtriser.
Marcel : Ça va Madeleine ?
Madeleine : Ben non ! J'ai pas réussi à faire pipi bleu… Moi, c'était tout rose fluo…
Ginette : Et puis, c'est original. Dans un vase en cristal sur une étagère, ça pourrait
être tout à fait décoratif…
Marcel : En tous cas, faut pas qu'on leur donne nos prélèvements d'urine… sinon,
on est grillé ! Pour le Champagne, elles vont se douter...
Marcel : Bougez pas, je reviens. ( Il attrape une bouteille vide sur la table et sort en
rampant.) Faites diversion, j'en n'ai pas pour longtemps.
La directrice : Je vois…
La femme de ménage : C’est-à-dire qu'on attend qu'ils aient fini leurs petites
affaires… On peut pas faire à leur place, vous comprenez…
La directrice : Je vois…
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L'infirmière : Mais dès qu'ils sont prêts, hop ! Un suppo et dodo !
L'infirmière : Voilà ! C'est de l'humain, vous comprenez… on est là, on s'en occupe,
on les rassure… on les berce dans un cocon affectif sécurisant…
Amédée : Eh ! Poulette ! Moi je veux bien que tu me berces dans ton cocon !
Paulette : C'est rien Mesdames. C'est pas de sa faute. Il a fait un mauvais rêve. Il
est vieux, vous comprenez…
L'infirmière : En sureffectif ? Ah ben sûrement pas, non ! On est que deux pour
quatre étages !
La directrice : Vous, vous avez décidé de faire du mauvais esprit. C'est pas bon ça.
Je note…
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La femme de ménage : Tout à fait, Madame la directrice.
La directrice : Bon, venons-en au fait. J'ai une grande nouvelle à vous annoncer.
Attention, accrochez-vous ! Vous êtes prêtes ? Alors figurez-vous que Le conseil
d'administration a voté une subvention extraordinaire pour notre belle résidence des
Alouettes !
La femme de ménage : Ah ?
La directrice : Ah, j'oubliais… il faudra faire une sélection, parce qu'on a que 9
places. Prenez les plus en forme.
La directrice : Départ vendredi 5h30 avec les p'tits vieux que vous aurez choisis. Ne
soyez pas en retard, il y a 5 heures de minibus. ( Elle prend Irène par le bras en
s'approchant de la porte.)
La directrice : Je vous rappelle que vous êtes mon bras droit, Irène. Ne me décevez
pas…
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La directrice : Mon bras droit ! ( Elle sort.)
Marcel entre en vitesse. Il fait un roulé-boulé sur le sol et plonge vers la table.
Marcel : C'est bon, j'ai tout ce qui faut. Vite, sortez les flacons.
Marcel : Ben non, pas moyen. Moi, c'est sorti tout vert ! Alors, j'ai ponctionné les
grabataires. ( Il remplit les flacons. Madeleine qui regarde l'épaule de Paulette depuis
un moment ne peut s'empêcher de la mordre.)
Paulette : Aïe !
La femme de ménage ( En se levant.) : C'est pas trop tôt. ( Elle s'approche et sort
les thermomètres de sa poche.) Bon, allez. Opération thermomètre.
La femme de ménage : C'est bon, là, on n'a pas le temps. Aujourd'hui, vous vous le
mettez dans la bouche.
L'infirmière : Bon allez, ça ira bien. Je ramasse les copies. ( Elle commence par
Madeleine, jette un coup d'œil rapide sur le thermomètre… elle écarquille les yeux et
pousse un cri.) Ah ! C'est quoi ça ?!? Madeleine ! Vous allez bien ? Madeleine !
Parlez-moi !
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Madeleine : Ben voui, ça va. Ça va bien. Et vous ?
Paulette : Le mien il est bloqué à 43… c'est de la daube leur machin, il bouge plus…
L'infirmière : C'est pas possible ! Qu'est-ce qui vous prend ? C'est quoi cette
température ?
La femme de ménage : Elle a raison l'infirmière ! Non mais vous vous prenez pour
qui ? On fait pas des températures pareilles avant d'aller se coucher, c'est n'importe
quoi !!!
Marcel : C'est rien, faut pas vous inquiéter, c'est sûrement vos instruments qui
marchent pas. A force de vouloir faire des économies, c'est ce qui arrive… Tiens !
regardez voir ! le mien, il dit que j'ai 48 !
L'infirmière : Bon allez. On oublie les températures pour ce soir. Tout le monde au
lit.
La femme de ménage ( Elle aperçoit son Récurex sous la table.) : C'est quoi ça ?
Faut pas jouer avec mes produits d'entretien ! Ça va pas la tête !!! ( Elle s'empare de
sa bouteille.)
La femme de ménage : Ben c'est pour entretenir, c'te question ! Bon allez, au
plumard, les vioques !
Marcel : Et vous par exemple, Vous vous en servez souvent de votre produit
d'entretien ?
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La femme de ménage : Bien sûr mon chou ! Tous les jours ! Un p'tit coup en vitesse
et ça redonne de l'éclat à tous les vieux trucs ! C'est magique !
Madeleine ( Elle bondit sur ses pieds. Elle bat des mains.) : Oh oui ! la viande dans
le torchon ! ( Elle sort en courant.)
Ginette : Madeleine ! calme-toi ! tu vas nous faire repérer ! ( Elle sort en se traînant
jusqu'à la porte et elle bondit dans le couloir.)
Marcel : Faites pas attention. Ils radotent. Faut comprendre mes p'tites dames, eux,
ils sont vieux vous savez…
La femme de ménage : C'est moi où ils sont un peu bizarres nos p'tits vieux ce
soir…?
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Paulette passe la tête par la porte côté jardin. Elle appuie sur l'interrupteur, la
lumière revient. Elle inspecte les alentours avec circonspection, puis s'aventure dans
le salon sur la pointe des pieds. Elle s'approche du placard.
Paulette ( Elle ouvre les placard et commence à fouiller) : Où c'est-y qu'elle l'a fourré
son bazar ? Oh mais tu peux cacher ton fourbi ma jolie, la Paulette, elle est pas
tombée de la dernière pluie. Non, non, non... La Paulette, c'est une futée ! ( Elle finit
par trouver ce qu'elle cherche.) Tiens ! Qu'est-ce qu'elle disait la Paulette ! La v'là, la
potion magique !
Paulette : Ah ! ( Terrifiée.)
Ginette : Qu'est-ce que tu fais là toute seule dans le noir ? Hein ? Comme une
voleuse.
Paulette : Qu'est-ce que tu racontes ? Il fait pas noir d'abord ! ( Elle cache la
bouteille dans son dos.)
Ginette : Tu l'as ?
Paulette : Tiens regarde… ( Elle lève ses mains l'une après l'autre en dissimulant la
bouteille dans son dos.)
Paulette : Promis juré craché ! Sur la tête de la croix de bois en fer ! Si je mens j'vais
en enfer ! ( Elle lève un bras pour jurer et met la bouteille sur son cœur avec l'autre
main. Triomphante, Ginette pointe un doigt accusateur sur Paulette.)
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Marcel ( Entre par la porte du milieu.) : Ah ! ( Surpris.)
Ginette : C'est Paulette ! C'est elle qui l'a ! Je l'ai vue dans ses sales petites pattes
de fouine !
Paulette ( Elle sort la bouteille qu'elle a recachée dans son dos. Elle la secoue,
regarde dedans.) : Ben pas trop… on dirait qu'elle est presque vide…
Ginette : Crache !
Paulette : Hein ? Ça va pas ? Et toi d'abord ? Qu'est-ce que tu fais là, toi ? Hein ?
Ginette : C'est pas moi, c'est mes jambes. Elles bougent toutes seules. Moi, j'ai
suivi, c'est tout.
Marcel : Ça tiendra pas ! Vous êtes trop grosses ! Les vécés ! On fonce ! ( Ils se
ruent sur la porte des toilettes et s'y entassent au moment où la porte du milieu
s'ouvre.)
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Paulette ? C'est vous Paulette ? Je vous ai trouvée, Paulette ! Sortez de là tout de
suite ! Vous m'entendez ? Maintenant ça suffit, je vais me fâcher !
L'infirmière ( Elle retrousse ses manches et prend son élan.) : Sortez ou je défonce
la porte !!!
L'infirmière : Tant pis pour vous, tu l'auras voulu ! ( Elle pose son pistolet-seringue
sur la table et court vers la porte pour l'enfoncer d'un coup d'épaule. A ce moment-là,
Marcel ouvre pour sortir. Il voit l'infirmière arriver sur lui. Il referme aussitôt. Elle
freine mais percute la porte quand-même et tombe à la renverse.)
Marcel ( Sort timidement des toilettes et referme la porte derrière lui.) : Tirez pas,
j'me rends. ( Il lève les bras.)
L'infirmière ( Encore au sol, un peu sonnée.) : Marcel ? C'est vous ? Mais qu'est-ce
que vous faites là ?
L'infirmière : Bon ça va, j'ai compris. Epargnez-moi les détails sordides. Mais faut
pas rester là, vous devriez être au lit depuis longtemps ! Allez hop ! Je vous
raccompagne.
Elle le prend par l'oreille et ils sortent côté jardin. La porte du milieu s'ouvre
aussitôt sur Amédée.
Amédée file au placard, ouvre les portes sans trouver ce qu'il cherche.
Amédée : Mince ! Où donc qu'elle l'a rangée ! Elle était là, pourtant ! J'suis pas dingo
!
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Ginette passe la tête par la porte des wc. Elle s'apprête à sortir. Apercevant
quelqu'un, elle claque la porte. Amédée sursaute.
Amédée ( Effrayé, s'approche de la porte des wc.) : Qu'est-ce que c'est ? Qui est
là ? Y a quelqu'un ?
Il frappe à la porte.
Montrez-vous !
Il s'empare de la seringue-pistolet que l'infirmière a oubliée.
Sortez de là je vous dis. Je suis armé ! Je n'hésiterai pas à faire feu !!!
Paulette ( Elle sort en bousculant Ginette.) : Bon allez pousse toi. Tu me prends tout
mon air !
Amédée : Paulette ? t'es là aussi ? Ben… pourquoi vous dormez à deux dans les
cabinets ?
Amédée : Qui moi ? Ben si… sauf que j'arrive pas à dormir. Je suis venu regarder si
y aurait pas un truc à boire, vite fait…
Paulette : Même pas ! Y avait plus rien ! Pour qui tu me prends ? J'ai juste un peu
léché le fond. Mais ça m'a même pas humidifié le gosier tellement c'était presque
vide.
Ginette : Bon Dieu ! Les nazis ! Vite, aux abris ! ( Elle court vers les toilettes.)
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Paulette ( Elle entraîne Amédée qui semble perdu et qui tient toujours le pistolet à
suppos.) : Amène-toi !
A peine sont-ils enfermés dans les toilettes que la porte s'ouvre côté jardin. La
directrice entre en se tenant le front.
La directrice : Raz le bol ! Y a plus rien qui marche dans cette baraque ! Faudra
que je demande à Irène si elle s'y connaît en électricité. Et puis en plomberie aussi.
Les wouatères du premier sont HS. Obligée de descendre pour faire pipi !
Elle essaie d'entrer dans les toilettes. Mais la porte est fermée.
La directrice : Il y a quelqu'un ?
La directrice : C'est pas grave, faites ce que vous avez à faire… j'attends.
La directrice : Ah bon ? Vous avez une drôle de voix Irène. Vous êtes sûre que tout
va bien ?
La directrice : Et vous ?
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L'infirmière : Pas moi.
La directrice : Je vois bien. C'est pas ça que je vous demande. Qu'est-ce que vous
faites là ?
L'infirmière : Irène ?!? Mais qu'est-ce qu'elle fait là-dedans ? Et pourquoi elle a ma
bombarde ?!?
La directrice : Bon, j'ai peur que ça dure un moment. Tant pis, je repasserai plus
tard. ( Elle sort côté jardin.)
L'infirmière ( Tournée vers la porte par où la directrice vient de sortir.) : Bonne nuit,
Madame la directrice.
La femme de ménage : Tiens vous êtes là, vous ? Tirez pas, j'me rend !
L'infirmière : Ça va mieux ?
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L'infirmière : Ça fait du bien, hein ? On se sent libérée d'un fardeau, n'est-ce pas ?
La femme de ménage : Une gène ? Ouais, un peu… Enfin, y a un truc qui me reste
en travers, vous voyez…
L'infirmière : En travers !?! Mon Dieu, mais faut pas rester comme ça ! Vous avez
besoin d'un coup de main ?
L'infirmière : Comment ça c'est trop tard ??? Bien sûr que non ! Regardez ! J'ai ma
bombarde !!!
L'infirmière : Mais…?!? Mais… je viens de voir la patronne. Elle n'a rien dit…!!!
Vous êtes sûre ? Qu'est-ce que je vais devenir ?
La femme de ménage : C'est déjà décidé ! Pas d'augmentation ! Rien ! Nada ! Peau
de balle ! Alors ouais, j'avoue… là, je l'ai un peu en travers.
La femme de ménage ( Elle se dirige vers la porte, côté jardin.) : Je vous le fais pas
dire. En plus, faut que je donne ma réponse maintenant. La chef attend. Je sais pas
trop quoi lui dire…
L'infirmière : Vous n'avez qu'à lui dire que les toilettes sont libres.
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L'infirmière est accablée, elle vient s'asseoir à la table. La porte du milieu s'ouvre,
Marcel entre en traînant les pieds. Il aperçoit l'infirmière trop tard. Il essaie de faire
demi-tour...
Marcel : Qui ? Moi ? Vous croyez ? Ah ben ça alors… je savais pas ! J'ai pas fait
exprès… ou alors, j'ai oublié. C'est à cause de Parkinson.
L'infirmière : Vous fatiguez pas Marcel. C'est pas grave. Je dirais rien. Mais vous
devriez aller vous reposer. Vendredi, on vous emmène au zoo de Doué.
Marcel : Amédée ?!? Mais qu'est-ce que vous faites là-dedans ???
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Paulette : On se cache !
Ginette : Et y a Paulette qu'a bu tout le Champagne ! Y reste plus rien pour les
copains !!!
Paulette : Oui, ben c'est pas de ma faute si je suis arrivée la première… Vous aviez
qu'à aller plus vite… En plus, il en reste un peu dans le fond…
Marcel : Foutre Dieu, les amis. C'est grave. Parce que les effets de la potion
magique, je crois bien qu'ils durent pas…
Ginette : C'est vrai… d'un seul coup, j'me sens toute molle…
Ginette : Cul-sec !
Marcel : Bon, ça suffit. Ce qui est fait est fait. Il nous faut de la potion magique. Je ne
vois qu'un moyen. On va demander à la femme de ménage d'en refaire.
Amédée : On la force.
Paulette : Et on la torture !!! Ah ! J'me sens toute légère ! Irène, Espèce de saleté !
numérote tes abatis, tu vas morfler. ( Ils se dirigent vers la porte centrale qui s'ouvre.
La femme de ménage entre.)
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Scène 16 : La femme de ménage, Marcel, Paulette, Amédée, Ginette.
La femme de ménage : Les séniles ?!? Qu'est-ce que vous faites-là ? Dégagez de
là !!! Non mais vous êtes pas bien ? C'est quoi ces manières !
Amédée : On la chope !
La femme de ménage ( En les repoussant sans effort.) : Bon, maintenant, faut vous
calmer, les débris. Vous avez pris vos pilules ?
Paulette ( De toutes ses forces, elle assène plusieurs coups de Récurex sur le crâne
de la femme de ménage.) : Tiens ! Prends ça ! Et pis encore ça ! Méchante, va !
Ginette, Amédée et Marcel sont penchés sur le corps d'Irène. Paulette est restée
un peu à l'écart. Elle trépigne d'impatience.
Marcel : Pas la peine, Paulette. Y a plus de pouls. On dirait bien qu'elle est clamsée.
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Ginette : Oh non… On n'a pas eu le temps de l'interroger. Paulette, t'es fatigante,
faut toujours que tu te fasses remarquer ! Maintenant, pour la potion magique, c'est
foutu…
Madeleine : Je sais pas. J'ai glissé derrière la chasse d'eau. J'étais coincée entre le
mur et le tuyau. Pour dormir, c'est pas confortable. J'ai plein de courbatures partout
maintenant.
Marcel : Bon, on a un problème. Elle, on peut pas la laisser là. Si on la trouve, ils
vont nous mettre en prison.
Marcel : Merci Madeleine. C'est pas la peine. C'est gentil, mais, là, il y en a trop.
Vous y arriverez pas toute seule.
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Ginette : Ça marchera pas. Ça va sentir.
Madeleine : Ben non. Après, je mets mon dentier à tremper dans le blanchident !
Marcel : J'ai trouvé ! Le zoo ! Vendredi, ils nous emmènent au zoo. On la découpe et
on donne les morceaux à manger aux fauves.
Paulette : Pas de corps, pas de meurtre. Elle a juste disparu et nous on n'a rien fait.
On est innocent.
Marcel : Bien vu ! Paulette, remets l'arme du crime à sa place. Les autres, avec moi !
Direction les cuisines !
Ils attrapent Irène par les pieds et la traînent sur le sol, pendant que Paulette
cache le Récurex dans le placard. Ils sortent côté jardin. Noir.
Les pensionnaires de la résidence sont assis autour de la table. Ils jouent aux
cartes mollement. La directrice fait les cents pas dans la pièce. Elle paraît
bouleversée. L'infirmière affiche une mine grave.
Dusson : Messieurs dames. Police nationale. Inspecteur Dusson. Dusson avec deux
" s". Et voici l'inspecteur Duçon. Avec un c. C'est le descendant direct de l'inventeur
de la cédille.
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Dusson : Je dirais même plus : pour essayer de comprendre, nous sommes là !
Duçon : Bien. Résumons les faits. Vous êtes partis de la résidence des Alouettes
vendredi, dans un minibus neuf places, pour le zoo de Doué.
Amédée : Moi aussi. Mais j'ai pas eu le droit de toucher aux pédales…
La directrice : Hein ?
Marcel : Mais si, elle était là. On l'a mise dans le coffre.
L'infirmière : Ah bon ?
La directrice : Et alors ?
Madeleine : Moi aussi, je confirme. Même qu'on a fait un petit goûter toutes les deux
à l'arrière…
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L'infirmière regarde Marcel avec un regard intense.
Duçon : Eh ben voilà ! Affaire conclue ! ( Dusson et Duçon ravis se tapent dans les
mains.)
Duçon : Je vous explique. On a retrouvé un bras dans l'enclos des girafes. Il vous
manque une femme de ménage…
Dusson : Elle est tombée, la bête l'a mangée. Le bras c'est à elle.
La directrice : Un bras droit ? Mon Dieu, pas de doute, c'est elle. Irène, c'était mon
bras droit !
Marcel ( Discrètement à ses complices.) : Qui c'est qu'a jeté un bras dans l'enclos
des girafes ? On avait dit les fauves !!! Pas les girafes !
Duçon : Qu'est-ce que vous croyez ? C'est quand-même pas les petits vieux qui
auraient pu lui faire du mal à votre femme de ménage. Affaire classée. Regardez-les,
ils sont tout mous.
Dusson : Là, je peux pas dire mieux… regardez-les. Ils sont tout mous.
La directrice : Ah bon…? Bon, ben tant mieux alors. Tout est bien qui finit bien. ( A
l'infirmière : ) Dîtes-voir, vous… en ménage, vous vous y connaissez un peu ?
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Rideau.
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