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Acte I scène 1

Le décor représente l’intérieur du Père Tranquille, le café d’Henri. Un comptoir dans


le fonds, un petite table près de la coulisse jardin sur laquelle est posée une lampe à insecte.
Celle ci s’allume en premier, puis l’éclairage révèle petit à petit le lieu. Les murmures des
clients deviennent plus sonores.

Les clients sont dispersés au bar et aux tables. Ils discutent et jouent aux cartes. Betty
est seule à une table, elle termine une Suze. Denis entre et commence à passer un coup de
balais.

Il insère une pièce dans le juke-box : musique rock. Denis commence à s’avancer vers
Betty en fredonnant. Le juke-box tombe en panne. Denis va taper dessus, la musique reprend.
Il fredonne à nouveau, la musique s’arrête.

Client : Son machin faudrait lui greffer un truc, peut être qu’il marcherait mieux…(à Denis)
C’est normal, ça marche pas, il est trop vieux ton machin là !

Denis : Ca marche très bien, un petit court circuit ça arrive à tout le monde.

Client : Eh oui, ça arrive aux vieux surtout ouais ! C’est comme les chiens, les chevaux, les…
(regard sur Betty assise en retrait) Elle veut pas qu’on s’occupe d’elle la demoiselle ? Donne
moi la commande, je lui amène la commande moi hein…

Denis : Elle veut quelque chose d’autre la demoiselle ?

Betty : Non.

Denis : Non ? Elle veut pas encore un petit apéritif ?

Betty : Non elle veut rien, merci.

Denis : C’est vrai ?

Betty : Bah ouais.

Denis : Elle va bien reprendre une petite Suze, non ?

Betty : Non, ça va aller, merci !

Denis : Elle est en colère la demoiselle on dirait.

Betty : Ca va arêtes Denis !

Denis : Tu fais la tête ?

Betty : Pas du tout.

Denis : Tu fais pas la tête ?


Betty : Non, je fais pas la tête du tout.

Denis : T’es contente ?

Betty : Oui. Oui, j’ai plutôt des raisons d’être contente. J’ai passé une très bonne journée, j’ai
envoyé chier mon patron, ça faisait longtemps que j’en avais envie, je suis très contente.

Denis : Qui, Benito ?

Betty : Oui, Benito en personne.

Denis : Eh bé ! Et ton frère était là ?

Betty : C’est con, il a raté ça, c’est dommage. Quand je vais lui raconter, il va sauter au
plafond.

Une mouche grille dans la lampe à insecte.

Denis : Quoi, de joie tu veux dire ?

Betty : Bah évidement !

Denis : Ah bon, tu crois ?

Betty : Bah évidement, il attendait que ça ! C’est Philippe qui se le tape surtout Benito.

Denis : Tu l’aimes bien ton Philippe.

Betty : Quoi ?

Denis : Bah je sais pas moi, Philippe par ci, Philippe par là…

Betty : Quoi, c’est mon frère !

Denis : Ouais, Henri aussi c’est ton frère.

Betty : Ouais c’est… C’est pas pareil… J’ai plus d’affinités avec Philippe quoi.

Denis : Je suis là ce soir, hein.

Betty : Ouais, et alors ?

Denis : Bah j’ai rien à foutre alors… Après… Si t’as envie de…

Betty : Si j’ai envie de quoi ? On devait pas se voir mercredi peut être ?

Denis : Mercredi ? Bah, on devait pas s’appeler ?

Betty : Non. Non c’est toi qui devait m’appeler.


Denis : Moi ? Comment moi ? Je t’ai dis que j’appellerai, t’en es sûre ?

Betty : Arrêtes, je t’en prie…

Denis : Bah attends euh… Je m’en souviens pas euh… est ce que j’ai dis que j’appellerai
moi ?

Betty : Bah je m’en souviens pas non plus alors… (elle se lève) Ca me déprime cette
conversation !

Denis : T’es sûre qu’on avait précisé les choses à ce point ? Alors là, j’ai complètement
oublié… Bizarre hein !

Betty : Bizarre ! C’est pas si bizarre que ça, ça arrive une fois sur deux, arrêtes !

Denis : Pourquoi t’as pas appelé toi ?

Betty : Bon euh… Denis. On va arrêter cette… cette chose là, cette espèce de relation
merdeuse à la petite semaine là, on vas arrêter tout ça. Ca changera pas grand-chose mais ce
sera clair au moins, non ?

Denis : (il se lève) Cette relation merdeuse tu dis ?

Betty : C’est une image.

Denis : Oui, c’est une image forte, hein.

Betty : Cette relation à la con si tu préfères.

Denis : Bah oui, à la limite je préfère. Bon… (il se rassoit) c’est toi qui décides.

Betty : Comme d’habitude.

Denis : Je ne comprends pas, ça a toujours été clair, on se voit, bon on est… Et en même
temps, on est… non ? Toi, tu attends autres chose ?

Betty : Qu’est ce que tu veux que j’attende ? Mais j’attend rien, je te demande pas de te
marier, je suis comme toi, j’ai ma vie tu sais hein… Je te demande d’appeler quand tu dis que
tu appelles.
Scène 2

Henri entre. Il semble de mauvaise humeur.

Les clients : Salut Henri !

Henri (leur adresse un signe de tête) : Ho !

Il va faire la bise à Betty.

Henri : Ca va ?

Betty : Oui.

Henri : Ca va Denis, hein ? Pas trop dur ? Tu fais quoi là, tu te nettoies le genou ?

Denis : Oui, oui…

Henri : Oui bah il est propre maintenant là, tu peux attaquer le reste là. (au chien) Oui, oui
qu’est ce que tu veux ? Qu’est ce que tu veux ? T’as faim toi ! Mais oui, il faut patienter, ca
va venir, oui, j’arrive, j’arrive… (à Betty) Et t’es là depuis longtemps toi ?

Betty : Dix minutes, un quart d’heure.

Henri : je me préparais là haut, j’ai entendu une voix de femme, j’étais mais persuadé que
c’était maman. Ah je me suis dit merde, ils sont déjà là. C’est incroyable, t’as exactement la
même voix que maman elle a…

Betty : Tu as mis ton petit gilet du vendredi ? (silence, échange de regard) Et Arlette, elle est
là haut ?

Henri : Non, elle n’est pas là Arlette figures toi ! Je sais pas ce qu’elle fout encore. Il va huit
heures moins le quart si ça continue. Et madame elle est toujours pas rentré, tout ça pour
quoi ? Pour bavasser avec sa copine comme d’habitude…

Betty : C’est beau l’amour quand même, non ?

Henri : Quoi ! Quoi, c’est beau l’amour !

Betty : Bah la façon dont tu parles de ta femme c’est beau. On sent bien la tendresse, la
compréhension.

Henri : Et qu’est ce que t’y connais toi ? Tu vis avec quelqu’un ? Quand tu vivras avec
quelqu’un, depuis quinze ans, tu viendras me voir et puis on en reparlera da ta
compréhension ! Tu vas trop au cinéma toi. Lui là, il lit trop de livres et toi tu vas trop au
cinéma.

Denis : Qu’est ce que je viens faire là dedans moi ?


Henri : Ils vont arriver, elle est pas là. Tu trouves ça bien toi ? Elle sait que le vendredi c’est
le jour de la famille, elle peut pas avoir un peu de respect, non ? Je passe pour quoi moi, s’ils
arrivent et qu’elle est pas là ? Pour un imbécile, qui ne sait pas tenir sa femme ! Ouais, ouais,
ouais, je ne suis pas Papa moi. Je ne me laisse pas marcher sur les pieds moi, comme lui. Trop
bon, trop con. Et ça m’empêche pas de l’aimer Arlette, je l’aime ! Mais faut pas exagérer. Je
me trouve déjà trop gentil moi. Mais qu’est ce qu’il a à ricaner dans son coin lui ? C’est pas
vrai peut être ?

Denis : Je… Je sais pas patron, je suis neutre moi.

Henri : Vas y, dis ce que tu penses toi, vas y.

Denis : Mais non, je suis pas au courant de tout, je préfères pas m’engager franchement…

Betty : Il veut pas s’engager, Denis, il est comme ça ! Il est neutre. Mais je peux répondre à
sa place moi si tu veux !

Denis : Non, non ! Non toi je la connais ta réponse, tu vas sortir ta banderoles « les femmes
ceci, les femmes cela » ça va durer une heure…

Betty : Une heure peut être pas mais les femmes ceci, les femmes cela certainement ouais !

Henri : Ouais, Tu peux me raconter ce que tu veux, tout ce que je sais moi c’est qu’un
homme c’est un homme et une femme c’est une femme

Denis : Jusque là, on est d’accord hein.

Henri : Chacun son sexe et… les vaches seront bien gardées ! Oui, tu veux ta girafe, oui
j’arrive. (il va donner sa girafe en plastique au chien) La dernière fois je regarde le tennis,
qu’est ce que je vois ? Une femme en short ! Une joueuse de tennis en short. Franchement !
Tu trouves ça normal, toi ?

Denis : Une femme en short, si je trouve ça normal ?

Henri : Ouais, une joueuse de tennis professionnelle.

Denis : Ah ça, je m’étais jamais posé la question. Mais je pense que ça dépend du short hein,
parce que j’ai vu certaines femmes dans certains shorts…

Henri : Ne sois pas con, Denis ! Ne sois pas con ! Une joueuse de tennis professionnelle ?

Denis : Bah maintenant, les joueuses professionnelles ça je sais pas.

Henri : Mais enfin…

Denis : Vous préférez la jupette vous, c’est ça ?

Henri : Oui, je préfère la jupette !


Betty : Finalement je vais reprendre une petite Suze s’il te plait. Faut pas que j’hésite à boire
le vendredi moi.

Henri : Toi c’est pareil, tu serais un peu plus féminine ça te ferait pas de mal hein…

Betty : Mouais ? Bah je viendrais en jupette la prochaine fois.

Henri : Tu parles comme un homme, tu bois comme un homme, ça ressemble à quoi ça


franchement ? C’est pas comme ça que tu vas trouver quelqu’un, je te le dis tout de suite hein.
Moi c’est pour ton bien que je te dis ça, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. T’as
trente ans, t’as plus beaucoup de temps à perdre je te signale.

Betty : Merci Henri.

Henri : Y’a pas de quoi.

Betty : Si. Si parce que je pense que ça va beaucoup me servir. J’avais besoin de quelque
chose de pas compliqué pour me remettre sur la bonne voie, t’as trouvé exactement ce qu’il
fallait me dire. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ?

Henri : Oui et bah non !

Betty : Et bien moi je croyais qu’il en fallait du vinaigre. Tu m’aides beaucoup, hein ? C’est
incroyable ce qu’un simple dicton peut faciliter la vie. (un temps) Tu dis toujours que tu veux
pas qu’on te prenne pour un imbécile Henri…

Henri : Ouais ?

Betty : Bah faut faire des efforts aussi de ton côté !

Betty s’écarte.

Henri : T’as compris quelque chose, toi ?

Denis : Bah oui, tout.

Henri : Elle est vexée ?

Denis : Oui, moi je dirais ça oui.

Henri : Y’a que la vérité qui blesse !

Denis : Non patron, c’est pas vrai ça ! Moi aussi je disais, mais jusqu’à douze ans.

Henri : Bon, on peut pas se parler entre frère et sœur, hein ? (un temps) Tu vas l’astiquer
longtemps la pompe à bière ?

Denis : Bah, je m’applique. Faut le faire sérieusement, faut que ça brille autrement à quoi ça
sert !
Henri : Prends moi pour un con ! (un temps) Passe un coup par terre là Denis, va être en
retard, tu traînes, tu discutes ça va être le chantier ici. Le vendredi soir on n’a pas le temps de
discuter, tu sais pas qu’on ferme plus tôt le vendredi ?

Denis : C’est vous qui posez les questions !

Un client : Bon ça va être d’aller mettre les pieds sous la table pour moi.

Henri : Bon d’ailleurs, je ne voudrais pas vous mettre à la porte là mais…

Le client : Ca va deux secondes, on a le temps.


Scène 3

Henri : Ah merde ! Ah putain ! Voilà, j’ai complètement oublié…

Denis : Qu’est ce qu’il y a ?

Henri : Travaille-toi ! T’es pas comme Napoléon toi, t’es pas capable de parler et de faire le
ménage en même temps !

Denis : Il faisait le ménage Napoléon ?

Henri : J’ai oublié de regarder mon frère !

Denis : De regarder ?

Henri : Voilà, à dix neuf heures. Il m’a demandé de regarder, j’ai oublié.

Denis : Ah il est venu vous voir à dix neuf heures, il vous a dit, regarde moi ? Je comprends
pas.

Henri : Mais à la télé Ducon ! Il passait dans l’émission régionale à 19 heures. Et moi c’est à
cette heure là que j’éteins justement. Je regarde mon jeu et j’éteins j’ai plus pensé du tout. On
va fermer là, hein !

Le dernier client (à l’avant dernier client) : Allez, viens !

Denis : Il passait dans une émission ? En quel honneur ?

Henri : En quel honneur…

Le dernier client : Au revoir !

Henri : Allez, bonsoir, à demain. En quel honneur, tu plaisantes toi ! Tu sais qui c’est mon
frère ? En quel honneur !

Les derniers clients sortent.

Henri : Tu l’as vu toi Betty, hein ? Dis-moi un peu ? Betty ? Betty ! Bon excuse moi, ça va,
ça va, t’es très féminine. Tu l’as vu Philippe ? T’y as pensé toi ?

Betty : Bah évidement !

Henri : Evidement… Toi tu travailles avec lui toute la journée, c’est facile ! Tu l’as vu alors ?

Betty : Oui.

Henri : Bah je vais dire que je l’ai vu, moi aussi. Hein, dis-moi comment c’était un peu.

Betty : Tu vas mentir donc ?


Henri : Bah évidement que je vais mentir ! Je vais pas m’amuser à leur dire que j’ai oublié
alors que Maman m’a téléphoné une heure avant pour pas que j’oublie. Je sais pas moi
d’ailleurs pourquoi ça m’est sorti de la tête. Bon allez, alors Betty, comment ça s’est passé
cette histoire, qu’est ce qu’il a dit Philipe, il a parlé de quoi… Tiens, comment il était habillé ?

Betty : Tu crois qu’ils vont t’interroger à ce point là ?

Henri : Non, mais on sait jamais. Y me dit, « tiens regarde demain à 19 heures, je passe dans
une émission », en plus Maman une heure avant qui m’appelle ! Et bah !

Betty : Quoi ?

Henri : Et bah c’est bien pour que je leur dise après ce que j’en ai pensé ou…

Betty : Mais non ! C’est pour que tu le voies, c’est tout. Il a appelé tout le mode, il passe à la
télé il prévient sa famille, c’est normal ! Qu’est ce que tu veux qu’il te demande, t’y
comprends quelque chose en marché des ordinateurs, toi ?

Henri : Bah c’est vrai, je suis con moi. Bah, je suis l’imbécile de la famille ! T’as raison, je
vois vraiment pas pourquoi il me demanderait quelque chose à moi !

Betty : Est-ce que j’ai dit ça ?

Henri : Bah ! Et à chaque fois c’est pareil, je la connais par cœur la chanson ! Et que ce soit
toi, ou Maman, ou Philippe ! Toujours la même histoire, je comprends rien, c’est pas la peine
de lui expliquer à lui, il est trop con !

Betty : Mais non, mais arrêtes avec ça, c’est pas vrai…

Henri : C’est pas vrai ? Denis… C’est pas vrai ?

Denis : Quoi, moi encore ? Oh mais pourquoi toujours moi ?

Henri : A qui tu veux que je demande ?

Denis : Bon et c’est quoi la question ?

Henri : C’est pas moi l’imbécile de service dans la famille ?

Denis : Si, si !

Henri : Ah, quand même !

Henri retourne derrière son comptoir en passant là où Denis nettoie. Ce dernier


regarde et soupire. Henri compte la caisse.

Henri : Et c’est tout ce que t’as encaissé depuis trois heures de l’après midi ?

Denis : Y’a pas eu un chat hein…


Henri : Et bah, dis donc…

Denis : (sourit) J’ai bouquiné toute l’après midi et j’ai pas été dérangé pratiquement…

Henri : Ca a l’air de te faire de la peine.

Betty : Y’a pas de monde en ce moment ?

Henri : Non, c’est calme, très calme. On travaille un peu à midi, comme d’habitude.
Mouais… (au chien) Mais oui, tu vas manger bientôt, je vais te faire à manger et puis tu vas
rester dormir là bien tranquillement là, parce que le vendredi soir, y sort papa hein ! Et puis je
reviens, mais oui ! Il voudrait venir avec nous !

Betty : J’en ai marre du Duc de Bretagne !

Henri : Mais comment tu peux en avoir marre du Duc de Bretagne, c’est le meilleur
restaurant de la région ! Il a une… une merde là !

Denis : Une étoile patron.

Henri : Ouais. Ah ! Les voilà.


Acte II

La mère entre. Elle se précipite aux toilettes sans prendre le temps de regarder
personne.

La Mère : Faut que je fasse pipi tout de suite, y’a personne aux toilettes j’espère ?

Philippe entre à son tour et va vers Henri, Yolande le suit.

Philippe : Tu sais ce que ça veux dire toi, quand ça fait tic-tic-tic près des roues là ? Tu sais
quand je… (il fait la bise à son frère à son frère pendant que Yolande embrasse Betty) quand
je tourne à droite, on entend tic-tic-tic-tic-tic-tic-tic !

Henri : C’est pas le clignotant ou…

Philippe : Non, près des roues !

Henri : Bah je sais pas, il faut demander ça à un garagiste, pourquoi tu me demandes ça à


moi ?

Henri va faire la bise à Yolande, Phillipe fait la bise à Betty.

Yolande (à Henri) : Ca va ?

Philippe et Betty discutent de façon très complice, Henri fait mine de participer.

Philipe : J’en ai mare de cette voiture, je n’ai que des problèmes de mécaniques…

Betty : Bravo, je t’ai vu c’était très bien !

Philipe : C’est vrai ? Tu as trouvé ça bien ?

Betty : Ouais !

Yolande : Moi je lui disais…

Philippe : Franchement ? Parce que je me rends plus compte de rien, je sais plus.

Betty : Ouais, ouais, ouais, franchement ! Bon, la seule chose qu’on peut dire, c’est qu’on ne
t’a pas beaucoup laissé parler.

Yolande : Oui, et puis moi je lui disais aussi…

Philippe : Ah, tu as remarqué toi aussi qu’il me coupait systématiquement la parole ! C’est ce
que je disais à maman, il n’a pas arrêté de m’interrompre. Je lui ai dit d’ailleurs, tu as vu ?
Quand je lui ai dit « non mais, laissez-moi finir ! »

Betty : Ah ouais !

Henri approuve de la tête de façon exagérée.


Philippe : Ils sont là, ils te pressent, ils te bousculent, tu n’as même pas eu le temps de
répondre ils sont déjà passé à une autre question. (Yolande lui frotte sa veste, il n’y fait
presque pas attention) C’est déstabilisant tu vois. Enfin, bon je crois que j’ai réussi à dire
l’essentiel, j’ai essayé d’être clair, j’ai répété quatre ou cinq fois le nom de la boîte,
maintenant à partir de là…

Betty : Non mais bien sûr hein… (à Yolande) Bon anniversaire hein, Yolande !

Yolande rit.

Philippe : Ah non attends, c’est pas maintenant !

Betty : Hein ? Mais pourquoi, c’est quand ?

Philippe : Tout à l’heure, tous ensemble, au restaurant !

Betty : Ah, bon…

Denis termine de monter les chaises sur les tables. Philippe en replace deux pour lui
et Betty.

Philippe : Tiens, on va s’asseoir cinq minutes hein ! (à Betty) Ca va toi ?

Betty : Ouais !

Yolande va timidement s’installer une chaise près de son mari.

Philippe (à Henri) : Elle n’est pas là Arlette ?

Henri : Euh non, non non, elle doit être… Elle doit être en train de…

Philippe : Tu l’as vu l’émission, toi ?

Henri : Ouais, ouais ouais.

Philippe : Tu m’as trouvé compréhensible toi ?

Henri (échange de regards avec Betty, il hésite) : Euh… Compréhensible…

Philippe : Ouais, compréhensible ?

Betty : Ouais euh… C’est un détail, c’est con, mais euh… t‘as bafouillé à un moment !

Yolande : Ah, tu vois !

Henri : Ouais, t’a bafouillé ! Comment ça se fait ça ?

Philippe (un peu vexé) : Non…


Henri : A un moment…

La Mère (revient dans la salle) : Ah, on y voit triplement rien dans cet escalier, un jour il va
y avoir un accident ! Je ne sais pas moi, tu attends que quelqu’un se casse la figure pour
mettre un éclairage plus fort ? (désignant Denis) Il peut pas lui, aller acheter une ampoule
dans l’après midi ! (au chien) Excuse-moi, je ne t’ai pas dit bonjour à toi ! (elle minaude) Oh,
bonjour mon Caruso, bonjour ! bounjour ! bonjour ! bonjour !

Henri (minaude lui aussi) : Qui c’est ça ? Hein qui c’est ?

La Mère : C’est mamie ! Oh, c’est mamie !

Philippe : Bon, alors la seule chose que vous avez retenue c’est que j’ai bafouillé quoi !

Yolande : Oui, enfin une fois ou deux, c’est tout !

La Mère : Oui oh, c’est rien ça ! Tu étais très bien, j’ai été très fière de toi, moi. Ah, tu sais
que le fromager t’a vu ?

Philippe : Ah bon, et qu’est ce qu’il a dit ?

La Mère : Rien. Il m’a dit qu’il t’avait vu. Oh, il fait chaud là dedans !

Yolande : Ah j’ai froid moi, c’est marrant…

Philippe : Il fait très chaud, comment tu peux dire qu’il fait froid ?

La Mère : Non, moi il y a une chose que j’ai remarqué…

Philippe : Tu vas reparler de ma cravate, maman ?

La Mère : Non, je vais pas en reparler ! Je maintiens que c’est pas une cravate pour passer à
la télé, c’est tout. Moi j’aurai vu quelque chose de plus distingué !

Yolande : Je lui ai dit ce matin, il n’a pas voulu écouté, je lui ai dit « ça fait trop jeune » ! Ca
fait trop foufou cette cravate, il n’a pas voulu me faire confiance.

Philippe : Foufou ? Non mais… (à Betty) Ca fait foufou ça ?

Betty : Mais non !

Philippe (s’agace) : Non mais vous ne me parlez que de détails ! J’ai bafouillé, j’étais mal
habillé !

La Mère : On ne t’a jamais dit que tu étais mal habillé !

Philippe : Non mais…. Vous n’avez rien d’autre à me dire ? (à Denis) Et vous ? Ah non,
vous vous n’avez pas pu la voir l’émission.

Denis : Ah non, moi j’étais là à cette heure là, je bouquinais.


La Mère : Il bouquine lui ici ? Bah il a de la chance !

Philippe (à Henri) : Et toi ?

Henri : T’as… bafouillé.

Philippe : Ouais bon, j’ai bafouillé ! A part ça !

Henri : A part ça… A part ça j’ai rien à dire, j’ai rien vu… d’autre.

Philippe : Bon, de toute façon personne n’a rien vu d’autre ! On ne va pas…

Yolande : Si, tu étais trop maquillé aussi je te l’ai dit.

Henri : Ah ouais, c’est ça ouais. Trop maquillé !

La Mère : Vous le faîtes exprès ?

Henri : Bah c’est lui qui insiste aussi, alors on cherche, on cherche et puis à force on trouve !

La Mère : Tu étais très bien Philippe, fais moi confiance moi je t’ai regardé avec beaucoup
d’attention, tu n’as absolument pas à t’en faire, c’était très court ça a duré deux minutes : tu as
souris tout le temps, tu as été très sympathique. Tu n’as aucun reproches à te faire, crois moi.

Henri (personne ne l’écoute) : Vous voulez boire quelque chose ?

La Mère (à Betty) : Tu as une toute petite mine toi, dis moi !

Betty : Ah bon ?

Yolande (à Philippe) : Tu te fais du souci, chéri ?

Philippe : Hein ? Non, pas du tout…

Henri (on ne l’écoute toujours pas) : hein, vous buvez quelque chose ?

La Mère (à Betty) : Qu’est ce que tu as ? Tu es fatiguée ?

Betty : Non arrêtes, tu me fais peur là, à chaque fois…

Henri (crie) : Est-ce que vous buvez quelque chose !

Tout le monde sursaute, la mère éclate de rire sous la surprise.

Philippe : Mais qu’est ce qui te prend à crier comme ça, là ?

La Mère : Tu m’as fait peur imbécile !

Henri : Ca fait trois fois que je demande !


Philippe : Et alors, on ne t’a pas entendu. Tu te doutes bien que si personne ne réponds, c’est
que personne n’a entedu… Bon, je ne veux rien boire moi euh…

Il se tourne vers les autres.

La Mère : Non, non, non on a pas le temps ! Où est Arlette ?

Henri : Tiens, Henri, va voir un peu si elle est rentré, va. Tu montes, tu tapes, tu lui dis que
tout le monde l’attend si elle est là.

Denis : Et si elle est pas là, je lui dit quoi ? (regards d’Henri) Non, je plaisante.

Denis sort.

La Mère : Il prend beaucoup de liberté celui là !

Philippe : AH, tu as mis ton beau gilet du vendredi…

Betty lui donne un coup de pied sous la table, Philippe et elle rigolent doucement.

La Mère : Il a une bonne planque lui ici, il bouquine, il plaisante. Il est logé gratuitement.

Henri s’esclaffe.

La Mère : Il vit comme un prince ! Il a bien de la chance d’avoir un patron comme toi tu sais,
tu ne le traumatise pas. Faudrait pas qu’il se moque de toi non plus !

Henri : Il est pas logé gratuitement, il paie un loyer !

Philippe : Oh arrêtes Henri, je ne veux pas enfoncer le clou mais tu sais très bien que tu
pourrais le louer deux fois plus cher. Un vrai deux pièces, ça se loue 3000 francs au bas mots,
tu lui fais un beau cadeau, tu perds 1500 francs par mois, le calcul est simple !

La Mère : Oui, et avec 1500 francs par mois tu sais ce que tu pourrais faire.

Philippe : Ouais, je sais maman, changer la décoration tout ça…

La Mère (sec) : Tu sais mais tu ne le fais pas ! (tout le monde la regarde sauf Henri, elle
reprend plus calme) Je crois voir ton père. Quand il a acheté ce café, il n’a même pas remis un
coup de peinture. Il aurait pu en faire quelque chose de bien, en se creusant un peu la tête. Je
ne sais pas moi, un endroit accueillant, où on aurait envie de rentrer.

Philippe : Tu vas nous raconter l’histoire du pub, maman ?

Henri : Mouais…

Betty s’allume une cigarette.


La Mère : Oh oui ! Moi je voyais un pub ! En tout cas quelque chose de chaleureux, de
distingué… Pour ça évidement, il aurait fallu un peu d’ambition (Henri soupire), mais tu
penses, l’ambition… Il savait même pas ce que ça voulait dire. Sa seule ambition, c’était « au
père tranquille » …

Henri : Ouais, je sais tout ce que tu penses de papa, ce n’est pas la peine de me le répéter et
lui aussi il le savait tu lui as dit mille fois ! Et sur tout les tons ! Et s’il était vivant, tu lui dirais
encore. Moi j’en suis très fier de papa, et tant mieux si je lui ressemble.

Betty : De toute façon, je n evois pas ce que papa vient faire là dedans.

Henri : ouais, ouais….

Betty : On ne te parle pas de papa là, on te parle de la décoration. On te dit simplement que tu
pourrais faire un effort.

Denis revient.

Denis : Elle est pas là patron.

Philippe : On va finir par être en retard. Enfin, là ca va encore mais…

On entend la sonnerie d’un passage de chemin de fer. Yolande jette un œil au chien.
Une mouche grésille dans la lampe à insecte, elle sursaute. On entend le train qui passe.
Scène 2

Betty : Bon, je vais prendre quelque chose moi hein. Je vais prendre une petite Suze. Tu veux
Yolande ? C’est la fête ce soir en principe. Tu veux pas commencer à te bourrer la gueule
avec moi ?

Yolande : Non…

Betty : Non ? Allez, deux Suze !

Yolande : Non ! tu es folle, arrête Betty…

Betty : Si, si ! Deux Suze.

La Mère : Et qu’est ce qu’elle fait à cette heure-ci, sans indiscrétion ?

Henri : Qu’est ce que tu veux que j’en saches, on lui demanderas quand elle arrivera !

La Mère : Tu es en colère contre moi ?

Henri : Mais non, pas du tout Maman ! Bon vous voulez pas passez cinq minutes à coté le
temps qu’elle arrive là ? Il va vous servir lui là bas, le temps qu’on finisse…

Philippe : Oui bon, passons à côté, on va les laisser finir…

Betty : Bon allez, deux Suze déjà pour nous.

Yolande : Ah non, non, mais faut que je fasse attention parce que je suis rapidement pompette
moi…

La Mère (à Philippe) : On en reste pas longtemps hein…

Philippe acquiesce. Il s’approche d’Henri pendant que la Mère et Yolande sortent


côté cour.

Philippe : Ca va, Riri ?

Henri : Ben… oui, ça va, pourquoi, qu'est-ce qu'il y a ?

Philippe : Il y a rien, je te demande si ça va, c'est tout…

Henri : Tu me dis « ça va Riri ? » avec un air, là, on dirait un docteur !

Philippe : Mais enfin c'est incroyable, je te demande gentiment si ça va, je ne t'ai rien fait !

Philippe sort lui aussi rejoindre les autres. Denis qui était en train de les servir
revient vers Henri qui est perdu dans ses pensées. Il compatit. Henri le remarque.

Henri : Qu’est ce qu’il y a ?


Denis : Rien…

Le téléphone sonne. Henri décorche.

Henri : Oui, le Père Tranquille, j'écoute. Ah ! Alors, t'es où ?… Mais tu sais quelle heure il
est ? Mouais, vas-y vas-y… Ah bon ? Et pourquoi ? … Mouais… Ah bon… Mouais…
Mmmmmh… Et tu as besoin de partir chez ta copine pour réfléchir, tu ne peux pas réfléchir à
la maison ?… Mais à quoi ? A quoi tu veux réfléchir ? … Je comprends rien, je ne comprends
pas ce que tu me dis… (S'énervant) Qui c'est qui t'a foutu ces idées dans la tête, d'abord ?…
Et tu choisis le vendredi soir, pour me faire ça ?… (Il tâche de se dominer) Bon. Écoute,
Arlette, écoute, je vais te proposer quelque chose : voilà tu viens ce soir… Et tu commences à
réfléchir à partir de demain, par exemple… Bon, eh ben, prends-la ta semaine, prends quinze
jours, prends toute la vie, si tu veux, j'en ai rien à foutre ! Je te parle comme je te parle ! ! !
(Et il raccroche brutalement. Un temps) … « Ce n'est pas la peine d'en faire un drame », il
faudrait que je rigole, que je prenne ça calmement, tu vas voir si je vais prendre ça
calmement, je vais aller là-bas, je vais lui foutre mon poing dans la gueule à celle-là !

Denis : Ah oui, ça peut la toucher, ça…

Henri : C'est nouveau, ça, d'aller réfléchir une semaine, réfléchir à quoi ?… (Un petit temps)
Voilà ! Qu'est-ce que je vais leur raconter, maintenant, il vont me dire «elle est où, Arlette ?»,
je vais leur répondre quoi, moi ? (Un temps. Il cogite) Elle est avec quelqu'un, c'est ça ?

Denis : Nooooon…

Henri : C'est quoi, alors ? (un temps) J'ai pas de considération, moi ?

Denis : C'est à dire … ?

Henri : De la considération, je ne sais pas, je comprends même pas ce que ça veut dire, il
paraît que je n'ai pas de considération pour elle, qu'est-ce que tu comprends, toi ?

Denis : Je ne sais pas, que vous la traitez mal, non ?…

Henri : Moi ? ! Moi, je la traite mal ? !

Denis : C'est ce qu'elle dit …

Henri : Je la traite très bien ! De toute façon, on se voit jamais, je voudrais la traiter mal que
je n'aurais pas le temps… Je me réveille à cinq heures du matin, je travaille toute la journée, je
mange, je dors, et voilà… C'est tout ce que je fais ! (Un temps, il accuse le coup) … Pffffff…
Je suis dégoûté… Dégoûté…

Un silence. Denis est touché.

Denis : Elle va revenir… Le temps de se remettre les idées en place, quoi…

Henri : Ouais… (il en doute) .

Denis : Ca fait du bien, de réfléchir…


Henri : Ah bon ?… (Il en doute) Je ne sais pas, si ça fait du bien…

Denis : Comment, patron, mais vous ne pouvez pas dire ça, la réflexion, patron !… Remettre
les choses en place, faire le tri, peser le pour et le contre…

Henri : Ouais, ouais, j'appelle ça enculer les mouches, moi…

Denis : Ah oui, c'est vrai que vous appelez ça comme ça, vous…

Henri : Si tu te mets à penser à tout, il y a toujours moyen de trouver quelque chose qui va
pas, alors euh… On s'en sort plus ! Il te dit quoi, le maire, quand tu te maries ?

Denis : « Vous êtes unis par les liens du mariage ».

Henri : Non !

Denis : Ah si !

Henri : Eh dis donc, avant ! Il te dit quoi, avant ?

Denis : Je ne sais pas, moi… « Vous vous devez fidélité »… ?

Henri : Mais non, non, il te dit : « Pour le meilleur et pour le pire » !… Voilà ce qu'il te dit !
Il y a pas à réfléchir, si ça va, tu es content, si ça va pas, tu patientes… C'est comme ça, la
vie… Elle me connaît, elle sait comment je suis ? … Bon, je ne vais pas changer
maintenant…

Denis : Et pourquoi pas ?…

Henri : Parce qu'on est comme on est, on ne change pas, et puis c'est tout.

Denis : Ah non, non, non, je ne suis pas d'accord, si on décide de…

Henri : On ne change pas, je te dis !

Denis : Vous ne voulez pas savoir ce que j'en pense ?

Henri : Non.

Il sort, puis revient.

Henri : Qu’est ce que je voulais dire… Je te fais le canard hein.

Denis : Non laissez, je vais m’en occuper.

Henri : Non, non.

Denis : Pour ce soir…


Henri : Non, c’est à moi de le faire…

La Mère, Betty et Philippe traversent la scène et sortent vers le jardin

Philippe : Tu plaisantes Maman !

La Mère : Mais si, il a la place. Il a largement la place ! Tu vois, ici il pourrait aménager une
petite terrasse, c’est agréable quand il fait beau…

Ils sortent. Yolande revient au bar.


Scène 3

Yolande : Je peux avoir deux autres Suze. Je vous dérange en pleine lecture, là.

Denis : Non, pas du tout!

Yolande : Je ne sais pas comment vous faîtes pour lire, moi ça m’endort.

Denis : Eh bah, deux autres Suze alors?

Yolande : Il y en une pour Betty et une pour moi. J’ai très froid. Il fait très froid ici, non ?
Betty dit que ça me réchauffera une deuxième Suze.

Denis : Elle s’y connait, Betty en Suze. Voilà, et bon anniversaire ! C’est votre anniversaire,
non ?

Yolande : Oui, oui. (elle voit le chien) Oh, Caruso! (elle l’appelle) Caruso ! Pourquoi il
s’appelle Caruso, vous le savez vous ?

Denis : Ah parce qu’il chantait à une époque. Avant d’être paralysé là, il avait une voix de
ténor, alors il l’a appelé Caruso. C’est son chanteur préféré, Caruso, au patron.

Yolande : Ce chien ? Il chantait ?

Denis : Oui. Enfin, il faisait « Hûûûû !! » Mais, il ne chantait aucun air connu. Il chantait ce
qui lui venait. Mais à partir du moment où il a eu son arthrose, plus rien ! Ca, ça l’a
démoralisé ou quelque chose comme ça et il s’est arrêté net. Enfin ce n’est pas grave, un hcien
c’est pas fait pour chanter de toutes façons !

Yolande : Oui enfin, c’est fait pour courir quand même ! A plat ventre, comme ça, sans rien
faire de toute le journée, ça doit être insupportable.

Denis : Oui, c’est toute les journées surtout, parce qu’à plat ventre sans rien faire, c’est plutôt
bien !

Yolande : Vous croyez qu’il se rend compte qu’il est paralysé ?

Denis : Quand il veut aller d’un endroit à un autre, il doit finir par s’en apercevoir hein…
Vous savez au bout de deux ou trois…

Yolande : A quoi ça sert de garder un chien paralysé comme ça !

Denis : C’est décoratif. C’est comme un tapis, mais vivant !

Yolande : Ah oui, c’est vrai. (elle soupire)

Betty arrive.

Betty : Eh bah voilà, on peut dire que j’ai fait une énorme connerie moi! Fallait surtout pas lui
dire qu’il avait bafouillé, il commences à douter maintenant. Et ma mère qui n’arrête pas de
lui lâcher les couilles avec sa cravate ! Fallait lui dire que c’était bien et puis c’est tout. C’est
mon verre ça ?

Yolande : Mais je lui ai dit moi, qu’il était bien.

Betty : nfin, on pouvait pas deviner que ça avait tellement d’importance pour lui !

Yolande : Ah mais c’est très important Betty, mais tu ne te rends pas comptes. C’est lui qui a
été choisi pour représenter la boîte ! Alors qu’il n’est que numéro 4. Il est que numéro 4,
Philippe. On dit toujours « directeur, directeur » mais en fait non, il est numéro 4. on devait
partir huit jours là, on avait prévu ça depuis un an au moins, on a été obligé d’annuler alors tu
vois, c’est important hein… oh, on devait partir huit jours, tranquilles, sans les enfants pour
une fois, et voilà !

Betty : Ca va les enfants ? Ca fait longtemps que je les ai pas vu.

Yolande : Oh, j’en ai marre en ce moment des enfants. Michael lui ça va, ça va toujours…
Mais Kevin ! oh écoute, je n’en peux plus, il ne cherche qu’à me contrarier… Tu sais ce qu’il
m’a fait mercredi ? (un temps) Une otite !

Henri (passe la tête à le porte) : Denis ! Bon, ton canard là…

Denis : Merci patron !

La Mère revient à son tour.

La Mère : Ah, Philippe va prendre un petit jus de tomate, finalement (regardant Denis qui
mange) Hein ?

Denis : Un jus de tomate, oui.

La Mère : Attendre pour attendre… (à Betty) C’est normal que ça dépasse comme ça, ta
veste ?

Betty : Quoi, qu’est ce qui dépasse ?

La Mère : Bah ça là, c’est fait pour ?

Betty : Pourquoi, c’est pas bien ?

La Mère : Si, si ! C’est un genre… Et alors, on le voit quand ton fameux fiancé, hein, dis moi
un peu ?

Denis, occupé à préparer un jus de tomate, tend l’oreille. Betty se braque.

Betty : Quel fiancé ?

La Mère : Ce garçon dont tu me parles, tu sais…

Betty : Je t’ai parlé d’un garçon ?


La Mère : Qu’est ce qu’il y a ? Tu ne veux pas qu’on en parle ? Moi je demande ça, ça avait
l’air d’être un garçon exceptionnel alors… Simplement je pensais à ça cet après midi, je me
disais que j’aimerai bien te voir avec quelqu’un tu vois ? Tu as quand même trente ans, c’est
normal que j’y pense ! Ca m’inquiète…

Yolande : Tu as trente ans !

Betty : Ouais, l’année dernière j’avais 29 ans, ça t’avait déjà étoné Yolande, je sais pas si tu te
souviens.

Yolande : Ah bon ?

Betty : Oui, si ; si ! Ma mère me disait pareil, elle disait qu’elle s’inquiétait pour moi parce
que j’avais 29 ans, et tu m’as dis « t’as 29 ans » comme ça sur le même ton !

La Mère : Tu te rends compte, j’avais déjà mes trois enfants moi à ton âge.

Yolande : Oh moi aussi… Mais deux.

Betty : Oui, oui je sais. Je sais je ne suis pas dans les temps. Je respecte pas le règlement,
c’est un tord. Bah foutez moi en prison qu’est ce que vous voulez que je vous dise ! faut
toujours être dans la norme, ça fait chier merde !

La Mère : Je ne lui reproches rien, je suis sa mère, je me fais du soucis pour elle… C’est pas
normal ?

Betty : Si c’est normal, c’est très normal !

La Mère (voyant Denis qui mange) : Y me donne faim, celui là !

Henri apporte une gamelle au chien.

Henri : Tiens, c’est du canard et puis y’a rien d’autre hein !

La Mère : Oh, c’est bon ça ! C’est très bon ! Bon appétit mon p’tit !

Denis : Merci !

La Mère : Vous aimez bien plaisanter vous… hein ?

Retour de Philippe, angoissé.

Philippe : Tu sais ce que je vais faire Betty, je vais passer un petit coup de fils à Michaud.

Il va au téléphone.

Yolande (à Betty) Je t’ai vexé, Betty ?

Betty : Non, non pas du tout.


Philippe : Je peux lui faire confiance à Michaud, il dit franchement les choses lui, si il y a
quelque chose qui l’a choqué, il le dira.

La Mère : je t’ai parlé très franchement chéri !

Il fait signe de se taire et attend la tonalité.

Philippe : Ouais, Michaud c’est Ménard ! Je te dérange ? Bon… Dis moi, tu as regardé les
actualités régionales ? Bon, donc tu m’as vu ? Bon… et qu’est ce que tu en as pensé, dis moi,
en deux mots… (il perds un peu de contenance) Mais euh… Bien sûr sincérement…

Yolande : Il est quoi Michaud, comme numéro déjà ?

Betty : Cinq.

La Mère : C’est en dessous de Philippe, ça !

Yolande : Oui, c’est en dessous, il est numéro 4 Philippe.

Philippe : Non mais il me coupait la parole tout le temps et… (un temps) Et c’est le
journaliste qui est la vedette, voilà ! C’est exactement ça, mais oui ! Oui ? Mais oui, a
d’accord j’ai bien compris mais bon… (il soupire) Oui, vas-y ! trop souriant ? comment peut
on être trop souriant ! Ah bon ? Bon, d’accord, j’ai compris Michaud, je suis pas… Mais non,
je n’ai aucune raison de t’en vouloir… Bon, je te laisse j’ai euh… Voilà, à lundi !

Il raccroche, échanges de regards avec les femmes qui finissent par tourner la tête.

La Mère : je ne sais pas si tu as eu raison de l’appeler. Tu lui fais croire que son opinion a de
l’importance pour toi, alors évidement il a cette réputation de franchise alors il fait son
intéressant, il en rajoute… Tu comprends… Moi je trouve que c’est capital d’être soi même.

Philippe : C’est ce que je lui ai dit, je lui ai dit « comment peut on être trop souriant ? ».

La Mère : De toute façon ce qui compte c’est ce qu’en pense les gens qui sont au dessus de
toi, ce sont eux qui te jugent non ? Tu ne veux pas appeler ton patron ?

Philippe : mais non ! Enfin, je ne peux pas le déranger pour ça. Je pourrais appeler Benito à la
rigueur, mais…

Yolande : Ah oui, c’est le numéro trois lui !

Philippe : Qu’est ce que tu en penses ?

Yolande : Ah oui, pourquoi pas !

Philippe : Non non, je parlais à Betty.

Yolande : Ah pardon…
La Mère : Il est comment ce Benito, je le connais moi ?

Betty : C’est un vrai con, d’ailleurs, il faut que je te raconte Philippe…

Philippe : c’est Mazzolini. Au bureau on l’appelle Benito, tu vois l’astuce.

Yolande : Hein ?

Philippe : Benito, Mazzolini. Mazzolini… Mussolini !

Yolande : Oh, c’est pour ça !

La Mère : Il est si dur que ça ?

Philippe : Tu plaisantes ? Un salopard fini, ignoble ce Mazzolini là, un comportement avec


les employés, tu peux pas savoir ! Personne ne l’ouvre évidement, on s’aligne dans les
couloirs, devant lui on ferme sa gueule, tu penses !

Betty : Voilà et moi cet après midi je l’ai pas fermé justement !

Henri revient.

Henri : Ouais, euh je viens d’avoir Arlette au téléphone : elle sera pas là avant un bon quart
d’heure. Alors allez y, moi je vais l’attendre ici et puis je vous rejoint. Hein ?

Philippe : Cet après midi, au bureau ?

Betty : Ouais. J’étais fatiguée tu vois, j’avais pas envie de me laisse emmerder, il est venu
m’aboyer dessus comme d’habitude…

Philippe : Ouais ?

Betty : Ca a été plus fort que moi ! Une montée de rage tout à coup. Je lui ai dit « directeur ou
pas, vous n’avez pas le droit de parler aux gens de cette façon, parlez moi correctement ! »
Enfin, je ne me suis pas laissé faire… je peux te dire, il était très, très étonné hein !

Philippe (rit) : Oh, tu lui as dis ça ? Qu’est ce que je ne regrette pas de ne pas avoir été là !

Henri (un peu plus fort) : Dis donc, je viens d’avoir Arlette au téléphone…

La Mère : Alors oui ?

Henri : Elle n’a pas vu passer l’heure, elle était chez une copine… et donc, le temps d’arriver,
un quart d’heure, vingt minute, j’en sais rien enfin allez y et puis je vous rejoindrai moi.

La Mère : Mais elle sait qu’on l’attend depuis une demi heure ! Tu lui as dit ?

Henri : Mais bien sûr maman, je lui ai dit que ça.

Yolande : Il n’y a pas une porte ouverte là par hasard ?


Philippe : Non, il fait bon là, Yoyo.

La Mère : Je meurs de faim, moi.

Henri : Alors voilà, justement allez-y maintenant, allez-y, partez ! Et je vous rejoins ! Et
comme ça vous commencerez à manger, et moi je me sentirai plus tranquille.

Philippe : Y’a quelque chose qui ne va pas Riri, tu as un problème ?

Henri (s’agace) : Non je n’ai pas de problème et arrêtes de m’appeler Riri, ça fait trente ans
que je te le demande ! Tu le fais exprès pour m’emmerder ou quoi ?

Philippe : Ca va, ca va, ça m’a échappé quoi…

Henri : Est-ce que je t’appelle Fifi ? Je t’appelle Fifi moi !

Philippe (crie) : Bon tu m’as l’air bien énervé pour quelqu’un qui n’a pas de problème !

La Mère : Bon, on va prendre nos affaires et puis on va partir… Vous n’allez pas vous
disputez hein ! C’est l’anniversaire de Yoyo, quand même. Bon allez, venez Yoyo, venez
prendre vos affaires.

Philippe : Mais je n’ai aucune envie de me disputer !

La Mère : C’est bien ce que je dis, ne vous disputez pas…

Henri est retourné dans sa cuisine, Yolande et la Mère vont chercher leurs affaires.

Philippe : Ouais, Betty, tu t’es pas emporté ? Tu n’as pas été violente ? Au bureau…

Betty : Non, pas spécialement.

Philippe : Non ? Non, parce que comme je sais que tu peux être assez euh…

Betty : Pas spécialement, non.

Philippe sort. Denis reste seul avec Betty.


Scène 4

Denis : Betty, je peux te dire un petit mot ?

Betty : Ouais, vas-y…

Denis : Alors tu sais, j’ai entendu évidement ce que ta mère te disait sur ton fiancé. Et… Ca
m’a beaucoup touché…

Il s’est approché d’elle et passe une main sur son épaule.

Betty : Ah bon ? Et qu’est ce qui t’a touché ?

Denis : bah, je savais pas que je comptais à ce point pour toi, moi… Fallait me le dire !

Betty : Ouais, enfin excuse moi mais on ne parlait pas de toi, donc euh…

Denis : Ah bon ?

Betty : Non.

Un temps très long, pendant lequel Denis retire sa main.

Denis : Ah d’accord… Donc j’étais ridicule à l’instant là ?

Betty : Mais non, non pas ridicule, pourquoi ridicule ? Tu t’es trompé…

Il s’écarte.

Denis : Je le connais.

Betty : T’as du l’apercevoir…

Denis : Et donc, tu le voyais ?

Betty : Bah oui…

Henri revient.

Henri : Oh, mais qu’est ce que tu fais là toi encore ! Vous dîtes que vous partez et puis vous
ne partez pas alors ?

Betty : Ca va, ca va, deux minutes ! Putain, mais qu’est ce que t’as ce soir Henri ?

Henri : Et toi tu vas partir en laissant ce comptoir pourri là ? Mais y’a une heure il nettoyait la
pompe et il ne fait pas le comptoir !

Philippe : Mais je l’ai fait patron, mais entre temps y’a eu du passage voyez… Votre frère,
votre belle sœur, votre maman c’est des traces de verres, des traces de main.
Henri Eh bah recommence à ce moment là et le matin le client il se retrouve devant un
comptoir dégueulasse ! Parce qu’il s’en fout le client que tu l’ai nettoyé à une époque le
comptoir là ! Lui, il voit un comptoir pourri, il revient plus ! Tu trouves qu’on en a trop des
clients ? Sitôt qu’il y a un moyen de rien foutre, il saute dessus lui !

Denis : Je vais le refaire le bar, ne vous mettez pas dans cet état !

Henri : C’est vrai que t’as la bonne planque toi ici !

Denis : Ouais, ça se discute…

Henri : Ah ouais ? Tu veux qu’on en parle ?

Denis : Non patron, ça va… ça va…

Henri : Non mais dis… T’en as de bonnes toi !

Henri sort.

Betty : Il devient fou, lui…

Denis : Non il devient pas fou, il a pas le moral, c’est tout. Il a appris une mauvaise nouvelle.

Betty : Ah bon ? Quoi ? (Denis ne répond pas) Quoi ?

Denis : Il a appris quelque chose, quelque chose qui lui a fait…

Betty : Oui, une mauvaise nouvelle, j’ai compris, mais laquelle ? Mais vas-y, vas-y, c’est mon
frère, vas-y !

Denis : Arlette est partie, elle est partie une semaine pour réfléchir elle a dit.

Betty : C’est pas possible… Bah merde… Mais pourquoi ?

Denis : Je ne sais pas tout !

Betty : Bah dis moi ce que tu sais, je me débrouillerai.

Denis : Elle dit qu’il n’a pas de considération pour elle en gros.

Philippe, Yolande et la Mère reviennent. Ils se dirigent vers la sortie.

Philippe : Je leur laisse 2000 balles chaque vendredi, ils ne vont pas me faire une réflexion
parce que j’ai 20 minutes de retard, ne dis pas de bêtises chérie !

La Mère : Bah alors Betty, on t’attend !

Betty : Non non, je vais rester ici moi…

Philippe : Tu vas rester ici ?


Betty : Bah oui, je vais rester un peu avec Henri.

Philippe : Ah bon ? Pourquoi ?

Betty : Il a un problème, il…

La Mère (inquiète) : Quoi ? Quoi, qu’est ce qu’il a ?

Betty : Non, rien…

Philippe : Non allez, vas-y quoi, qu’est ce qu’il a ?

Betty : Bah, Arlette s’est barrée!

Denis (précise): Une semaine pour réfléchir.

Betty : C’est Denis qui vient de me le dire.

La Mère : Comment vous le savez vous ?

Denis : Elle a appelé il y a dix minutes et j’étais là.

La Mère : Et voilà !

Philippe : Oui enfin, une semaine ce n’est pas si grave… Elle va peut être revenir !

La Mère : C’est malheureux à dire, mais voilà : c’est à lui que ça arrive ces choses là !

Yolande : C’est pour les enfants que c’est terrible ! Heureusement qu’ils n’en ont pas.

Philippe : Bon… qu’est ce qu’on fait ? Non, il faut prendre une décision là, je décommande ?
Je fais quoi ? Bon… Chérie, c’est ton anniversaire, qu’est ce que tu veux qu’on fasse ? Moi je
m’en fous, j’y mange toute la semaine au restaurant, je n’y tiens pas particulièrement, alors
vas-y, c’est ta soirée, c’est toi qui décides ! Sachant que maman a très faim, qu’on est déjà très
en retard et qu’on peut très bien décommander… qu’est ce qui te ferait plaisir ?

Yolande ne sait absolument pas quoi décider.

Denis : Moi j’ai plutôt l’impression qu’il voulait rester tout seul…

Henri revient et les voit tous rassemblé.

Henri : Vous allez rester combien de temps à discuter là ? Je ne comprends pas ce que vous
faites ! (un temps) Et puis qu’est ce que vous avez à me regarder comme ça, là ?
Acte III Scène 1

La famille Ménard s’est réunie autour de Yolande. Philippe apporte un gâteau, il


commence à chanter et se retrouve accompagné des autres. Seul Henri, un peu à l’écart,
semble complètement absent. Denis tente de réparer le juke-box.

La famille : Bon anniversaire,


Nos vœux les plus sincères,
Que ces quelques fleurs,
Nous apportent le bonheur

Que l’année entière,


Nous soit douce et lègère
Et que l’an fini,
Nous soyons tous réunis

Pour chanter en chœur


Bon anniversaire !

Ils applaudissent. Yolande reste figée devant son gâteau (un cake industriel).

Philippe : Eh bah vas-y, souffle !

Elle souffle ses bougies. Applaudissements.

Betty : Bon, on peut l’ouvrir maintenant la bouteille de champagne, mon adjudant ?

Philippe : Oh écoute Betty, je t’ai pas interdis de l’ouvrir cette bouteille, je t’ai simplement
demandé d’attendre qu’elle ait soufflé les bougies, c’est quand même un peu plus logique,
non ?

Yolande : C’est dommage qu’on ne puisse pas mettre un peu de musique. (à Denis) ca ne
marche toujours pas ?

Denis : Bah je crois que je suis sur une piste mais…

Philippe : Ton verre Henri. Henri, ton verre ! Bois un coup, ça ne pourra pas te faire de mal,
au contraire !

La Mère : Secoue toi un peu, allez… Ne prends pas les choses au tragique comme ça ! Tu ne
vas pas te ronger les sangs toute la soirée avec cette histoire ! Tu n’as pas un caractère facile,
facile, il faut le reconnaître, elle en a eu marre… Elle prend une semaine de vacances, ça va
lui faire du bien, elle va respirer un peu. Il faut que ça respire une femme, tu sais.

Philippe : Non, moi ce qui me tracasse… C’est Benito. Il était dans une humeur tout à l’heure
au téléphone…

Yolande : N’oublie pas que tu dois le rappeler.


Philippe : Bien sûr, bien sûr, c’est pas maintenant, c’est dans une demie heure. Moauis, très
sec tu vois… « pas le temps de parler maintenant »…

Betty : Oui, il n’est pas tendre, Benito !

Philippe : Oui, oui je sais comment il est mais là, il était particulièrement désagréable, c’est
ça qui me tracasse. Je devrais être en vacances moi en ce moment, j’en ai marre moi de cette
histoire.

Henri (soudain) : Oh, j’ai fait un drôle de rêve moi cette nuit ! On était tous là comme ça
autour d’une table, moi j’avais un gros poisson comme ça dans la main et je donnais des
coups avec sur la tête de maman avec…

La Mère : Du poisson ?

Henri : Ouais.

La Mère : Mais c’est très bon ça… C’est de l’argent ! Tu vas gagner de l’argent !

Henri : Ah bon ?

Betty fait sauter le bouchon du champagne.

Philippe : Ah ! Tout de même ! (il donne un petit paquet à Yolande) Tiens, voilà…

Yolande : Oh… Je peux commencer à l’ouvrir ?

La Mère : Oh mais bien sûr, allez-y c’est fait pour ! non attendez, ouvrez celui là d’abord…
Le petit là, ça c’est mon cadeau ! L’autre c’est Henri et Arlette, mais il s’ouvre après… Enfin
vous comprendrez quand vous aurez ouvert les deux…

Yolande : oh, qu’est ce que c’est ?

Philippe : bah, tu vois bien ce que c’est chérie.

Yolande : C’est un chien en photo !

Betty : Tu fais une collection de photo de chien ?

Yolande : Non, non justement, pas du tout ! (elle examine la carte) Voilà, c’est un bon
pour…

Les autres : Retirer…

Yolande : Un bon pour retirer un chien au chenil « les Pas Perdus » 57 boulevard des parloirs,
45000… C’est ça ? Vous m’offrez un chien ?

La Mère : C’est lui là sur la photo. Alors je vous préviens tout de suite, il s’appelle Biniou
mais comme il est très jeune, vous pouvez changer de nom. Si vous voulez, vous voyez. Il
n’est pas encore habitué, il le supportera très bien. C’est un mâle.
Henri : C’est bien Biniou, moi je trouve…

Yolande : Mais euh… Merci beaucoup ma… madame ! Mais euh… Qu’est ce que je voulais
dire ? Comment ça s’entretient ?

Betty : Tu l’arroses une fois le matin, je crois.

Philippe : Ca ne te fait pas plaisir, tu fais une drôle de tête ?

La Mère : Elle est surprise !

Yolande : Oui ! Voilà, je suis surprise, mais…

La Mère : Vous savez Yoyo, j’ai une grande expérience des chiens, j’ai toujours vécue avec
des chiens et je peux vous assurer que quand vous saurez ce que c’est alors là vous serez
vraiment surprise. Vous voulez que je vous dise le fond de mon cœur ? Un chien ne vous
décevra jamais.

Henri : Oui, c’est vrai. Malheureusement c’est vrai.

La Mère : Ca peut semblait idiot ce que je dis mais personne ne m’a aimé, personne ne m’a
comprise comme Freddy. Et quand il est mort à 18 ans passés, vous savez ce que j’ai fait ?

Les autres : Oui, oui !

La Mère (solennelle) : Jai déménagé !

Denis : Ah c’est bien de le reconnaître !

Yolande : On dirait le chien d’Henri…

La Mère : C’est la même race ! Depuis Freddy, j’achète toujours la même race.

Henri : Oui, c’est ma mère qui m’a offert aussi celui qui ne marche plus là. Et c’est le seul
problème avec ces chiens, c’est qu’ils s’affaissent au bout d’un moment. Mais alors, sans
jamais se plaindre, toujours de bonne humeur… Hein, hein mon Caruso…

Yolande : Et le vôtre, il était paralysé aussi ?

La Mère : Bien sûr.

Yolande (sanglote) : Oh, pauvre bête !

La Mère : Eh bah dis donc, qu’est ce qu’elle est sensible cette petite !

Elle lui tend le cadeau d’Henri et Arlette. Yolande l’ouvre. Elle a de plus en plus de
mal à se retenir de pleurer.

Henri : C’est une laisse.


Yolande : Oui, j’ai vu…

Henri : Et les clous là, ils sont plaqués argent. Ils sont plaqués argent les clous, tu sais…

Yolande : C’est gentil… merci…

Philippe : Voilà, et ça, c’est moi.

Yolande s’effondre, en larmes.

Philippe : Bon arrête de pleurer, c’est de la sensiblerie maintenant !

Yolande : Je suis désolée. (elle se mouche) Oh, j’ai trop bu. Oh, encore une laisse ?

Philippe : Eh non, c’est un collier chérie !

Yolande : C’est… c’est… c’est beaucoup trop luxueux pour un chien.

Philippe(s’agace) : Non, c’est pour toi ! C’est pas pour le chien, c’est pour toi !

Yolande pleure de plus belle. Henri se penche pour examiner le collier.

Yolande : Merci mon chéri, merci je…

Philippe(à Henri) : C’est un collier pour femme !

Henri : Oui, oui…

Yolande : Je vais le mettre tout de suite.

Philippe se lève et lui passe le collier.

Yolande : Il me va bien ?

Betty : Très bien… Tu ne veux pas essayer d’aboyer pour voir ?

La Mère : Mais qu’elle est bête… Il est très beau ! C’est magnifique ! (à Yolande) C’est très
distinguée.

Yolande : Oui…

Philippe : Bon anniversaire ma chérie

Il l’embrasse.

La Mère : Oh, mais qu’il est gentil ! Attendez, attendez… (elle se lève pour prendre une
photo) Bah refaites le ! Vous avez de la chance, c’est merveilleux d’avoir un mari
attentionné !
Henri : Faut avoir de l’argent, c’est tout ! (il se lève et s’écarte) Il en avait pas d’argent papa,
t’aurais voulu quoi, qu’il t’achète des diamants à crédits ? Un mari aussi attentionné, pff voilà
c’est facile hein !

La Mère (estomaquée) : Non mais… Ca ne va pas ? Enfin Henri, qu’est ce qui te prend, tu
parles de ton père ?

Henri : Ouais, ouais…

La Mère (s’énerve) : Tu n’es pas dans ton assiette, je le comprends très bien, mais je ne suis
pas responsable moi ! Alors domine toi s’il te plaît, prend sur toi un peu !

Henri : Bon, je voulais être tranquille moi, je vous l’ai dit je vous l’ai redit hein, c’est vous
qui avez voulu rester.

La Mère : On n’allait pas te laisser tout seul ! Tu crois qu’on n’aurait pas préféré nous aller
au restaurant comme c’était prévu !

Philippe : Bon, moi maintenant j’aimerai bien lever mon verre au 35 ans de Yoyo si ça vous
dérange pas ! Henri, ton verre !

Henri revient.

Henri : Voilà, mon verre.

Philippe : Voilà. On va lever son verre… (tête de Yolande) Quoi ?

Yolande (montrant Denis) : Et le monsieur, on ne lui sert pas une petite coupe ?

Philippe : Oui… Oui, voilà pourquoi pas ?

Denis s’approche pendant que Philippe lui sert une coupe.

Denis : Merci Mme Ménard.

Yolande : Y’a pas de quoi !

Philippe : Y’a pas de quoi… donc ! Je lève mon verre à Yoyo… Et bah je sais plus ce que je
voulais dire euh…. Oui ! A Yoyo, la mère de mes enfants qui est à mes côtés depuis 15 ans,
sans jamais se plaindre, toujours de bonne humeur…

Denis : Mes félicitations Mme Ménard !

Philippe : C’était pas fini… Bah tant pis, c’est trop tard maintenant, vous m’avez
complètement embrouillé, je n’y arriverai plus. Bon anniversaire chérie… (il l’embrasse sur
le front) et puis c’est tout !

Betty a terminé son verre d’un trait.

Henri : Et toi évidement t’as déjà bu tout ton verre, t’attends pas qu’on soit tous ensemble !
Betty : Mais dis donc, tu vas nous gonfler longtemps avec ton règlement ? Putain, qu’est ce
que t’as ce soir ?

Yolande termine son verre et soupire. Elle se penche sur le gâteau.

Yolande : Mmm, je le coupe en combien de morceaux ?

Philippe : Je le coupe en combien de morceaux ! On est combien ? On est 5 tu le coupes en 5


morceaux !

Yolande : Ca va être petit !

La Mère : C’est pour marquer le coup !

Yolande (compte les invités) Un, deux, trois, quatre, cinq… Et le monsieur ? Il ne va pas en
manger ?

Philippe : Bon en six alors…

La Mère : Bon et toi Betty, qu’est ce que tu lui offres à Yoyo ? (regard de Betty) Non, je te
taquine.

Philippe : Tu penses bien qu’elle ne va pas s’amuser à faire un cadeau comme tout le monde
hein, c’est banal, c’est singulier !

Betty : Non mais qu’est ce que tu as après moi Philippe, ça fait une heure que tu me cherches
avec tes réflexions ?

Philippe : Tu peux pas t’arrêter dans une librairie, acheter un pauvre livre à 30 francs ? Tu
sais que c’est l’anniversaire à Yoyo tu ne peux pas faire un geste, hein ? C’est au dessus de tes
forces un geste ?

Betty : Le cadeau annuel fixe ? Tu parles d’un geste ! On peut ignorer les gens toute l’année
les traiter comme de la merde, il suffit de faire son petit numéro une fois par an, l’affaire est
dans le sac.

La Mère : On sait ce que tu penses de tout ça, Betty.

Philippe : Rien faire du tout, c’est encore plus pratique !

Yolande (mange son cake) : Moi j’aime bien les cadeaux…

Betty : Le chien par exemple, t’aime bien ?

Yolande : Non, mais en général…

La Mère accuse le coup.

Philippe : Merci Yoyo, très gentil, très délicat.


La Mère : Non mais laisse Philippe, ce n’est pas grave…

Yolande : Qu’est ce que j’ai fait ?

Denis réussit à relancer la musique.

Yolande : Oh !(elle applaudit) Tu veux pas danser ?

Philippe : Oh non, vraiment…

Yolande : Oh s’il te plaît, juste une !

Philippe : Non ! Je suis fatigué.

Yolande : Henri, tu veux danser ?

Henri (déprimé) : Oh non, moi je n’ai pas envie…

Denis : Mme Ménard ?

Il l’invite à aller danser. Yolande regarde son mari pour avoir son approbation.

Philippe (s’en moque) : Oh oui, vas-y…

Denis fait danser Yolande. Elle rit. Les autres regardent sauf Philippe.

Henri : je ne sais pas ce qu’elles ont les femmes à toujours vouloir danser comme ça.

Le numéro de danse tourbillone, Yolande se déchausse pour être plus à l’aise. La


musique s’arrête. La Mère va aux toilettes. Henri débarrasse la table.

Yolande : Oh, merci… Mes chaussures… Merci Denis ! Merci ! Oh ça faisait très longtemps
que ne je n’étais pas amusé comme ça.

Philippe : Il t’en faut pas beaucoup, hein.

Yolande : Vous dansez drôlement bien dis donc !

Denis : Bah j’ai pas appris, je fais ça à ma façon, j’improvise hein !

Yolande : C’était très agréable. Je vous remercie beaucoup.

Denis : Mon petit cadeau d’anniversaire, Mme Ménard. Vous en voulez une autre ?

Philippe : Non non, ça va, ça va merci, je vous en prie, là ça ira comme ça.

Denis : Je suis désolé, c’est monsieur qui commande.

Air satisfait de Philippe. On entend la Mère qui crie. Bruit d’une chute.
Philippe : C’est maman !

Ils se précipitent tous vers l’escalier. Henri arrive.

Henri : Qu’est ce qu’il se passe ? Quoi, ils sont où ?

Il sort à son tour. Betty revient.


Scène 2

Denis continue de débarasser.

Denis : Qu’est ce qu’elle a ?

Betty : Rien. Elle va avoir un gros bleu. Elle a eu très peur c’est tout. (elle sourit) Henri est en
train de se faire engueuler parce qu’il n’a pas changé l’ampoule. Il en rate pas une, hein, ce
pauvre Henri !

Denis (sec) : Tu trouves franchement que ça manque de lumière dans l’escalier toi ?

Betty : Moi ?

Denis : Oui.

Betty : Non…

Denis : Alors pourquoi tu dis qu’il en rate pas une ? (il va porter des verres au bar et revient
vers la table) C’est toi qui en rates pas une avec lui.

Betty : Faut pas exagérer !

Denis poursuit son travail. Soudain il s’arrête.

Denis : C’est pas le type de l’auto école quand même ?

Betty : Quoi ?

Denis : Ton mec merveilleux là, ton fiancée !

Betty : Ah, mon fiancé… Je l’avais oublié celui là… Non, non c’est pas le type de l’auto
école.

Denis : Qui c’est alors, c’est un type du coin ?

Betty (sourit) : Tout à fait, du coin.

Philippe revient, très énervé.

Philippe : Bon, vous là ! Puisque que mon frère est incapable de prendre la moindre initiative
et de vous donner un ordre clair, alors je le fais à sa place et je vous demande : demain à la
première heure vous allez acheter sans faute une ampoule de 100W pour éclairer normalement
cet escalier, voilà ! Vous avez compris ?

Il ressort aussitôt.

Betty : Il est chaleureux mon frère ce soir, hein ?

Denis : Oui, on a tout de suite envie de lui faire plaisir.


Betty : C’est drôle ça… Tu me vois avec le type de l’auto école !

Denis : L’autre grand con là, qui fait tout le temps « Ahahaha » quand il te voit ?

Betty (rit) : Il fait pas« Ahahaha » ! Et puis, tu me vois avec lui ?

Denis : Je ne sais pas moi, je cherche.

Betty : Pourquoi tu veux savoir de toute façon ?

Denis : Comme ça, pour rien, par curiosité.

Henri revient.

Henri : Betty, elle voudrait un verre d’eau maman, tu veux pas lui apporter non ?

Betty sert un verre d’eau.

Betty : Ca va ?

Henri : Ouais, ça va elle récupère…

Betty : Non… Non, toi ça va ?

Henri : Mais moi… On s’en fout, moi ! (Betty sort) Je finirai tout seul.

Denis : Oh patron, faut pas être défaitiste comme ça ! Vous ne pouvez pas savoir ce qui va
arriver ! Si ça se trouve elle…

Henri : Quoi ? Quoi ? Je t’ai dit tu peux y aller, je finirai tout seul, qu’est ce qui y’a ?

Denis : Je peux rester. Ca ne me dérange pas de vous donner un petit coup de main, j’ai rien à
faire ce soir.

Il s’assoit près d’Henri.

Henri (un temps) : Je croyais qu’elle allait revenir… Pendant un moment, je me suis dit
elle… Elle va s’apercevoir que ce n’est pas possible, on est trop habitué, elle peut pas me
laisser tomber comme ça au bout de 15 ans ! Ca fait 15 ans, tu sais ! Je suis con moi, je crois
au Père Noël !

Denis : Pourquoi vous n’y allez pas, vous ?

Henri : Là bas chez sa copine ? Qu’est ce que tu veux que j’aille foutre là bas.

Denis : Lui parler, je ne sais pas…


Henri : Mais non, non ! C’est elle qui est parti, c’est elle qui revient ! Tu ne veux pas que je
me mette à genou aussi ? C’est toi qui a raison. Pas de femme, pas de famille : personne pour
te faire des reproches toute la journée. T’es heureux !

Denis : Personne pour me faire des reproches toute la journée, j’irai pas jusque là patron…
(Regard d’Henri) Pourquoi vous voulez pas y aller ? Je vous dis pas de vous mettre à genou,
vous lui dîtes que vous êtes pas bien, qu’elle vous manque, je ne sais pas moi ! Enfin vous
expliquer avec elle, face à face, vous voyez ! Plutôt que de ruminer dans votre coin. Attendez,
je vais vous montrer quelque chose… (il va chercher son livre) Ne bougez pas, hein ! Je suis
tombé là-dessus ce matin, vous allez voir, il y a une phrase très juste… (il cherche dans son
livre) Voilà, c’est là… « Profondes sont nos souffrances, pensa t-il. Je crois qu’il n’arrive pas
souvent que deux êtres s’aiment d’un amour…. »

Henri : Ah non hein ! Arrêtes avec tes bouquins ! C’est pas le moment, je te jure… J’ai pas
envie de lire là.

Denis : Vous n’avez jamais envie de lire…

Henri : Eh bah, là encore moi… (au chien) Tu t’en fous, toi ? (à Denis) Elle voudra pas me
voir, si elle est parti c’est qu’elle ne voulait plus me voir !

Denis : Mais c’est pas dis ! (Betty revient) Tenez, on va demander l’avis d’une femme !
Qu’est ce que t’en penses toi Betty ? Si tu venais de quitter quelqu’un sur un coup de tête, ça
ne te toucherait pas qu’il arrive, qu’il s’excuse, que tu sens qu’il tient à toi, qu’il ne veux pas
te perdre…

Il s’arrête, un peu perdu.

Denis : Tout ça… Ca te plairait pas, ça ne te ferait pas quelque chose ?

Betty : Si… Si, si, ça me plairait.

Denis : Vous voyez, ça lui plairait.

Henri : Je ne veux pas m’excuser. Il a fait ça toute sa vie mon père, s’excuser, il a été bien
gentil, hein ! On sait comment ça s’est terminé.

Denis : C'est-à-dire ?

Henri : Bah elle est partie !

Betty : Pour toi, comment ça se termine ? Ta femme à toi, c’est Arlette. C’est pas maman.
Arlette elle t’en demande de la gentillesse. Elle aime ça, elle.

La Mère remonte, soutenue par Philippe, suivie par Yolande.

La Mère : Ca va, maintenant. J’ai eu un coup au cœur surtout, je ne retrouvai plus ma


respiration. Ca m’a affolé.

Philippe : Bah oui, tu as eu peur, tu as eu peur, c’est tout…


Yolande : Nous aussi d’ailleurs. Qu’est ce que j’ai eu peur moi, quand je vous ai vue toute
ratatinée en bas de l’escalier ! Je boirais bien un petit verre de quelque chose, tiens.

Philippe : Doucement chérie sur la boisson !

Yolande : « Doucement sur la boisson ». Comme si j’étais une ivrogne !

Philippe : Je trouve que tu as déjà pas mal bu.

Yolande : Mais, c’est mon anniversaire. Je danse, je bois… C’est quand la dernière fois que
j’ai bu ?

Philippe : Je ne sais pas, je ne ma souviens plus…

Yolande : Et bien moi non plus !

Philippe : Quel est le rapport ? La question n’est pas là, je te parle de ce soir, moi !

Betty : Allez ça va Yolande, je vais te servir.

Philippe : Ah bah bravo, voilà, c’est exactement ce qu’il fallait dire.

Betty : C’est son anniversaire !

Philippe (s’emporte) : On va finir par le savoir que c’est son anniversaire, elle ne va pas non
plus danser à poil sur la table parce que c’est son anniversaire, quand même !

Yolande laisse échapper un rire, Philippe lui lance un regard noir.

La Mère : Tu n’oublies pas ton coup de téléphone, chéri ?

Philippe : Je ne risque pas d’oublier, je ne pense qu’à ça : dans dix minutes.

Yolande : Je ne suis pas folle, il y a une porte ouverte quelque part… Je sens un courant d’air
froid qui vient de là, qui m’arrive ici en plein dans le cou… Ici, là.

Elle trinque avec Betty.

Yolande : Oh oui, tchin !

Henri : Allez, j’y vais ! Je m’en vais là un petit moment et puis euh… je reviens. Si vous êtes
encore là, très bien autrement… Denis, tu t’occupes de tout, je te fais confiance.

Denis : Y’a pas de problème patron.

La Mère : Qu’est ce qui se passe, où tu vas ?

Henri : Je… Je vais me promener…


La Mère : Tu vas te promener ? En pleine nuit ?

Henri : Bah, j’ai envie d’aller faire un tour…

La Mère : Et bah dis donc ! Merci, c’est gentil pour nous…

Henri : Je vais voir Arlette.

La Mère (surprise) : Ah bon ? Mais pourquoi ?

Henri : Pour… pour lui parler.

La Mère : Quelle drôle d’idée.

Henri : Quoi ?

La Mère : Qu’est ce que tu veux lui dire ?

Henri : Qu’est ce que je veux lui dire… je sais pas ! Je vais lui parler. Je ne vais pas ruminer
dans mon coin pendant une semaine.

La Mère : Mmm c’est une question de caractère certainement, moi je ne pourrais pas faire ça
mais…

Betty : Pourquoi ?

La Mère : Parce que je trouve que c’est une façon de s’abaisser !

Betty : Ah ? Moi je ne trouve pas !

Philippe (presque méprisant) : Ecoute maman, il fais ce qu’il veut… S’il a envie d’y aller !

Henri ne relève pas, il prend sur lui et sort.


Scène 3

La Mère : C’est toi qui lui a donné ce conseil ?

Betty : Non ce n’est pas moi.

Denis : Non, c’est moi madame.

La Mère : Et bien j’aime mieux vous dire qu’il n’y a pas de quoi s’en vanter !

Betty : C’est ton opinion maman…

La Mère : Tu sais ce qu’il va se passer là ? Non mais, je peux te le dire tout de suite si tu
veux, c’est clair comme le jour : il va se passer exactement le contraire de ce que vous
cherchez ! Elle va l’envoyer promener, tout simplement ! Si elle est partie, ce n’est
certainement pas pour lui tomber dans les bras trois heures plus tard, primo. Et secundo, la
mendicité en amour ça ne marche pas, ça n’attendrit pas : ça irrite.

Philippe : Malheureusement c’est la vérité… Suis moi je te fuis, fuis moi je te suis.

La Mère : Bien entendu !

Yolande : Si moi je te fuis, je suis qui ?

Philippe : Suis moi je te fuis, fuis moi je te suis !

Yolande : Ah oui… (elle se répète silencieusement le proverbe) Ah bon ? Ah bon…

Betty : Tu ne sais même pas pourquoi elle est partie ! Comment tu peux être si sûre de toi ?

La Mère : Je ne sais pas la raison exacte, mais je m’en doute, Henri c’est moi qui l’ai fait, je
le connais son caractère ! Et je sais qu’il faut énormément de patience pour le supporter !

Philippe : Tu la connais la raison, toi ?

Betty : Je n’ai plus envie d’en parler… Non mais je ne la connais pas la raison.

La Mère : Rien ne se passe normalement avec Henri, on le change pas, il n’y a rien à faire
depuis qu’il est né il est comme ça. Oh, ce n’était pas un souci de santé, c’était autre chose : il
fallait être après lui toute la journée Il a marché très tard. Et il a parlé très tard, de toute façon
il était en retard sur tout.

Yolande : Et oui, Kevin c’est pareil ! Il est lent, il est mou !

La Mère : Mais oui, dès le début vous savez comment être un enfant. Il avait à peine deux
jour, je m’en souviendrai toute ma vie : ma mère est arrivé devant le berceau, elle l’a regardé
un long moment et elle m’a dit « tu vas avoir des problèmes avec ce petit », alors vous
voyez ? Deux jours !

Betty : Alors que Philippe..


Philippe : Oh non maman, arrêtes ! On ne va pas recommencer avec ça !

La Mère : Vous m’énervez tout les deux ! Je suis bien obligé de vous comparez : j’ai eu deux
garçons, je les ai élevé de la même façon et c’est le jour et la nuit !

Betty : Oui on est au courant maman, tout le monde est au courant. Par le plus grand des
hasards Philippe est merveilleux et Henri est un con ! C’est très simple à retenir.

Denis : Et toi ?

Betty : Quoi ?

Denis : Tu es quoi, toi ?

Betty : Moi ? Je suis une fille, c’est pas noté pareil.

Yolande (réalise soudain) : Vous vous connaissez ?

Betty : Hein ?

Yolande : Non parce que… il vient de te tutoyer.

Betty : Ah, oui…

Yolande, Ah ? Vous vous connaissez.

Betty : Oui.

Yolande sourit et se penche vers Betty.

Yolande : Il danse bien le rock !


Scène 4

La Mère : Je ne sais pas ce que j’ai, j’ai l’impression que je ne le digère pas ce canard.

Yolande : Il a l’air mort ce chien. Quand je pense que je vais avoir le même… c’est affreux !

Philippe : Tu vois pourquoi je te demandais de ne pas trop boire !

Yolande : je n’ai pas trop bu, arrêtes ! J’ai bu cinq verres, j’ai le droit de dire qu’il a l’air
mort, il ne bouge plus.

Philippe : Il ne bouge jamais !

Yolande : Oui mais là il dort, il a l’air encore plus mort…

Philippe : Bon voilà, tu l’as dit !

Yolande : Et quand je pense que je vais avoir le même, c’est affreux et puis c’est tout !

Philippe : Oh écoute t’es vraiment… (il se contient)

Yolande (après un temps) : Quand tu rentres tous les mardis à trois heures du matin, je ne te
fais pas de réflexion.

Philippe(s’emporte) : Bon excuse moi Betty, euh Yoyo ! Je ne vois pas le rapport avec le
mardi tu commences à dire n’importe quoi si je peux me permettre !

Yolande : Le rapport c’est que j’ai le droit de boire une fois de temps en temps et… que tu
pourrais être gentil avec moi.

Elle sanglote.

Yolande : Je devais faire un beau voyage et puis je me retrouve avec un chien !

Il s’en veut et essaie de la réconforter. Elle le repousse une première fois. Il


recommence plus doucement.

Philippe : Allez viens… Viens, chérie… On va aller prendre l’air. On va marcher un peu à
l’air frais. Ca va nous faire du bien, allez viens…

Ils sortent.

La Mère : Il est gentil !

Betty (ironique) Oui, gentil : je cherchais le mot.

La Mère : C’est l’heure ! Pour Philippe, non ? Il faut qu’il appelle maintenant !

Betty : Que d’histoires pour deux malheureuses minutes dans une émission à la con ! Qu’est
ce qu’on s’en branle qu’il ait aimé ou non Benito, franchement !
La Mère : Mais comment peux tu être si grossière Betty ? Quand je t’entends j’ai du mal à
croire que c’est moi qui t’ai éduqué ! Tu ne sais pas t’exprimer autrement ? Tu crois que c’est
joli dans la bouche d’une femme ?

Betty : Je m’en fous moi, de ne pas faire jolie. Ce n’est pas ma préoccupation principale de
faire jolie…

La Mère : Et bien tu as tord, parce que c’est choquant ! Ca ne plait à personne cette façon de
parler ! Et certainement pas aux hommes. Que tu le veilles ou non tu es une femme et une
femme ne dis pas de grossièreté, ce n’est pas moi qui l’ai inventé… Ce n’est pas féminin ça,
c’est repoussant !

Denis : Bah moi, si je peux me permettre…

La Mère : On ne vous a rien demandé à vous ! Vous ne voyez pas qu’on parle entre nous ?

Denis : Ah, excusez-moi !

La Mère : Non mais…

Betty : Il y a certaine choses que je trouve bien plus choquante que mon vocabulaire, moi.

La Mère : Qu’est ce que ça veut dire ça ?

Betty : Ca veut dire qu’on peut être extrêmement grossier sans avoir à dire un seul gros mot,
voilà ce que ça veut dire.

La Mère : Qu’est ce que tu me racontes ?

Betty : Henri se morfond depuis le début de la soirée, t’as remarqué ? C’est ton fils Henri, ça
devrait t’intéresser. Tu ne t’inquiètes que des problèmes de Philippe, t’appelle ça comment
toi ? De la délicatesse, du savoir vivre peut être ? Philippe par ci, Philippe par là… Il est peut
être merveilleux ton Philippe, mais il parle à sa femme comme à une sous merde. Tu me
trouves grossières là, hein ? Moi c’est Philippe que je trouve grossier alors tu vois… on est
pas d’accord. Et traiter Denis comme un chien ! Comme tu viens de le faire, là à l’instant par
exemple, c’est pas grossier ! (la Mère se détourne) Enfin… Je dis comme un chien… je
devrais pas ! C’est encore ce que l’on traite de mieux les chiens dans la famille.

La Mère (une larme à l’œil) : Eh bah dis donc… Je ne savais pas que j’étais un monstre
pareil pour toi…

Betty : Mais non…

Yolande entre et va vers la Mère comme une enfant grondée.

Yolande : Bon et bien voilà… Je m’excuse, enfin excusez moi si je vous ai froissée, voilà…

La Mère : Vous ne m’avez pas froisé Yoyo, je pensais que vous aimiez les bêtes, je me suis
trompée c’est moi qui m’excuse.
Yolande :Je n’ai jamais dit que je n’aimais pas les bêtes, mais c’est ce chien là qui… qui m’a
un peu foutue le cafard.

La Mère : Ca ne fait rien, je… Ca ne fait rien. (un temps) Où est Philippe, qu’est ce qu’il
fait ?

Yolande : Il téléphone.

Philippe entre brusquement et va droit vers Betty.

Philippe : Dis donc, qu’est ce que tu m’as raconté tout à l’heure Yolande, euh… Betty !
Qu’est ce que tu m’as raconté ?

Betty : Mais… t’es pas un peu malade ? Qu’est ce que c’est que cette tête de tueur ? De quoi
tu parles d’abord ?

Philippe : Tout à l’heure, quand je t’ai demandé si tu ne t’étais pas emporté avec Mazzolini tu
m’as répondu quoi ?

Betty : Tu te rends compte dans quel état tu te mets là ?

Philippe : Parce que selon Mazzolini ça ne s’est pas du tout passé comme tu m’as raconté ! Il
a trouvé ton comportement inadmissible, il était hors de lui ! Moi je l’appelle la gueule
enfarinée pour savoir ce qu’il a pensé de l’émission j’entend un fou furieux ! Alors ?

Betty : Quoi alors ? Il n’a pas l’habitude qu’on le remette à sa place, il l’a pas digéré, il est
vexé… Qu’est ce que tu veux que je te dise, moi !

Henri entre. Tout le monde l’interroge du regard.

Henri : bah, elle n’a pas voulu me parler, en plus j’ai réveillé tout le monde…

La Mère : Alors, qu’est ce que j’avais dit ?

Henri (à Denis et Betty) : Vous m’avez donné un conseil formidable, tous les deux…

La Mère (à Philippe) : Et l’émission, qu’est ce qu’il en a pensé ?

Philippe : Je ne sais pas. On a eu qu’un seul sujet de conversation : Betty ! L’événement de la


journée, ce n’est pas l’émission, c’est le coup d’éclat de mademoiselle. Entre parenthèse je te
préviens, tu es très près de la porte !

La Mère : Il veut la renvoyer ?

Philippe : Tu penses !

La Mère : Ce n’est pas possible….

Philippe : Il ne va pas la décorer de toute façon.


Yolande tapote sur l’épaule de son mari.

La Mère : Et sur l’émission, rien ?

Philippe : Rien, non, rien du tout… (à Yolande) Qu’est ce que tu veux ?

Yolande : Tu es assis sur mon gilet. Oh, j’ai froid !

Betty : Je ne comprends rien franchement. Je ne comprends pas pourquoi tu prends les choses
de cette façon… On a toujours était d’accord : tu le détestes ce type. T’attendais que ça que
quelqu’un le remette à sa place, j’ai pas rêvé ! Philippe…

La Mère : Oui mais enfin Betty, tu vois bien que manifestement tu es allé trop loin ! Que tu
as fait du tord à ton frère. C’est lui qui t’a recommandé, quand même !

Philippe : C’est un détail ça, tu penses bien qu’elle s’en fout ! C’est tellement plus commande
de faire n’importe quoi sans se poser de questions. Je vais te dire une chose Betty, jusqu’à dix
huit ans c’était très drôle tu n’avais pas ta langue dans ta poche, tu étais la comique de la
famille, ça commence à devenir fatiguant maintenant, j’te jure ! Je ne sais pas si tu es au
courant, mais à trente ans tu es censée être une adulte et pas une irresponsable qui foit tout ce
qui lui passes par la tête ! Tu ne pouvais pas réfléchir un peu et la fermer plutôt ?

Betty : J’étais persuadée que ça allait te faire plaisir. Je me suis dit quand je fais dire ça à
plaisir, il va sauter de joie. Tu vois un peu comme j’étais loin du compte hein…

Philippe : Sauter de joie parce que tu as insulté Mazzolini !

Betty : J’l’ai pas insulté.

Philippe : Tu me connais mal !

Une mouche meurt dans l’appareil électrique.

Betty : Apparement je te connais mal…

La Mère : Oui mais enfin Betty, pourquoi tu t’obstines : tu as fait une bêtise, tu as fait une
bêtise alors reconnais le, pour une fois ! Tu as voulue faire ton intéressante comme d’habitude
et puis voilà !

Betty (s’énerve) : Non je n’ai pas voulu faire mon intéressante ! Il le connaît lui Benito, il sait
de quoi je parle. Enfin je ne sais pas, il va peut être nous apprendre que c’est un type
formidable…

Philippe (s’emporte) : Ah tu crois que tu vas le changer ! Ca va changer quelque chose ? Il va


être différent lundi, lui ? Lundi quand je vais arriver au bureau il aura des fleurs dans les
cheveux, il distribuera des bonbons à tout le monde ?

Betty : Et bah, peut être…


Philippe (cri encore plus) : T’as qu’à voir comment il m’a reçu au téléphone ! La vérité c’est
que tu t’es défoulé et que tu n’as pensé qu’à toi ! Et tu m’as foutue dans la merde !

La Mère : Et oui, il était très bien vu ton frère jusqu’à présent.

Philippe : Voilà, on ne me ferra plus confiance. Je vais passer pour un type qui fait engager
des hystériques !

La Mère : Tu crois qu’il va la renviyer alors ?

Philippe : Evidement il me l’a dit. J’en suis sûr maintenant.

La Mère : Tu te rends compte Betty ?

Betty : Je m’en fous…

Philippe : Comment ?

Betty (avec assurance) : Je m’en fous.

Philippe : Tu t’en fous parce que tu comptes sur moi pour te trouver du travail, comme à
chaque fois.

Betty : Non, ne t’inquiètes pas je ne te demanderai rien.

Philippe : Dans deux ou trois mois, quand tu n’auras plus un sou, ce sera comme d’habitude :
« Philippe, tu connais pas quelqu’un ? »…

Betty : Je te demanderai plus rien j’ai dit !

Philippe : Ce serait nouveau.

Betty : Oui, c’est nouveau justement. A partir de maintenant, Philippe s’il te plait… S’il te
plaît ne fais plus rien pour moi. Ils coûtent trop cher tes cadeaux. J’en veux plus.

Philippe : Ah t’en veux plus de mes cadeaux ? Ah très bien, d’accord… Tu te débrouilleras
toute seule ?

Betty : Voilà, comme une grande.

Philippe : On va te voir à l’œuvre, hein ? Ah tu vas la découvrir la vie toute seule. On va voir
ce qu’elle sera devenue ton insolence à ce moment là, hein ? Tu seras peut être moins fière
dans six mois, dans un an quand…

Denis qui a fait des efforts jusque là pour rester en dehors du conflit intervient.

Denis : Bon ça va ! Je crois qu’elle a compris, là ! Hein, t’as compris Betty dans l’ensemble ?

Philippe (méprisant) : Alors de quoi y s’mêle l’autre là ? On lui a demandé un commentaire ?


Denis bondit sur lui, l’empoigne.

Denis : Putain, tu as vu comment tu me parles ?

Il le pousse par terre, cris de la Mère.

La Mère : Philippe !

Denis (à Betty qui le retient) : T’as vu comment il me parles là ! Pour qui il se prend celui là ?
Attention hein, parce que je mets peut être du temps mais quand j’y suis, j’y suis !

Philippe (estomaqué) : Putain… (à Henri) Tu lui dis rien toi ?

Henri : Non, moi je m’en fous de vos histoires, j’ai envie de fermer, d’aller me coucher…

Philippe : Ah tu t’en fous de mes histoires, je te remercie !

Henri : Ouais, parce que tu t’intéresses aux miennes ? Hein, tu les connais mes histoires à
moi ? A part ton émission de télé, que j’ai pas vue d’ailleurs, tu t’intéresses à qui ? Tu
t’intéresses à quoi toi ? Est-ce que t’en as de la considération ?

Philippe : Qu’est ce que ça veut dire ?

Henri :Ah, t’as vu il sait même pas ce que ça veut dire !

Denis : Vous avez encore besoin de moi patron ? Parce que, je partirai bien maintenant vous
voyez.

Henri : Ouais, vas-y… Et merci pour le coup de mains.

Denis : Y’a pas de quoi. Betty on… On va boire un verre quelque part, tranquilles, tous les
deux ?

Betty : D’accord. (aux autres) Bon bah, à un de ces jours…

Yolande (avec un grand sourire) : Au revoir Betty !

Betty : Salut Yolande. (à Henri) Au revoir…

Henri (un peu surpris de la voir partir avec Denis) : Salut…

Ils sortent tous les deux.

Denis : Ton fiancé là, il serait serveur au « Père Tranquille » par hasard ?

Elle l’embrasse. Ils s’en vont en amoureux.

Henri : Betty et Denis, ça alors ! Ah je me disais aussi, toujours à bavasser tout les deux…

La Mère : Alors c’est lui le garçon exceptionnel.


Henri : Et alors, pourquoi pas ?

Yolande : Elle m’avait bien dit qu’il se connaissait mais alors à ce point là ! Je ne savais pas
moi. (à la Mère) Vous saviez vous ? Il fait partie de la famille maintenant alors. C’est mon
beau frère ! C’est votre gendre quoi !

La Mère : Oui, voilà c’est ça Yoyo… Bon je crois que tout le monde est fatigué, on pourrait
peut être y aller, non ?

Yolande : En tout cas, elle a de la chance Betty : il est gentil Denis !

Henri approuve.

Philippe : Bon, allez…

Il se lève et va aider la Mère à mettre son manteau. Elle va vers Henri.

La Mère : Allez, au revoir chéri. Et ne t’en fais pas va, hein ! Ca va aller ?

Henri : Ouais, bien sûr ça va aller.

La Mère : T’es arrivé là bas, elle a pas voulu te parler.

Henri : Voilà, c’est ça.

La Mère : Tu vois, je t’avais dit qu’il fallait pas.

Henri : Bah oui, c’est ce que tu m’avais dit.

La Mère : A vendredi prochain, alors ?

Henri : Oui, à vendredi.

La Mère : Bah, tu m’embrasses pas ?

Henri : Si.

Ils s’embrassent. Elle le réconforte.

La Mère : Et ne t’en fais pas, hein !

Elle sort. Philippe passe devant son frère. Ils se saluent froidement.

Philipe (à Yolande) : Tu viens ?

Yolande : Tu veux qu’on t’aide un peu, Henri ?

Henri : Non, ça va aller. Je ferai ça demain, je me lèverai plus tôt et je le ferai.


Philippe : Yoyo !

Yolande : Vas y, j’arrive.

Philippe : Allez, viens…

Yolande (hausse le ton) : J’arrive je te dis ! Une seconde quand même… (elle passe devant
Henri, Philippe sort) Personne ne t’a rien dit, mais il était très bon ton canard.

Henri : Mmmm

Yolande : Et je m’y connais tu sais !

Henri : Merci, c’est gentil Yoyo…

Yolande : Non, non, non c’est vrai ! Je m’y connais. (elle l’embrasse) Il était très bon.

Elle sort. Henri reste seul. Il éteins les lumières petit à petit, reste le juke box. Il lance
« Una Furtiva Lagrima » de Caruso et reste pensif à écouter la musique. Il fredonne un peu.
Il va voir le chien.

Henri : C’est pas encore aujourd’hui qu’on va se remettre à chanter tout les deux !

Le téléphone sonne. Il décroche.

Henri : Ouais ? Arlette ! Ouais, ouais… ils viennent de partir. Ah ? Ah bon ? Ah, ça t’a fait
plaisir alors… Et euh… Tu ne m’as pas trouvé trop con ? Non, trop con ? Bah je sais pas… (il
soupire) bah ouais mais ça peut changer ça. Ouais, mais je peux changer moi. Bah quoi ? Bah
ouais, bien sûr… (s’emporte un peu) Je te dis que je vais changer ! Arlette, tu sais ce qu’on
pourrait faire ? Un pub.

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