Un air de famille

ACTE!

Le décor unique représente l'intérieur d'un café modeste d.e province, l,oin du centre-ville.
À jardin, l'entrée. Au fond, un escalier qui descend aux toilettes. Au centre, le bar qui
continue vers une seconde salle, à la cour: Sur le mur du fond, un passe-plat. Unejeune
femme est assise à une table, seule devant un petit verre d'alcool. C'est Betty. Le serveur
vaque à ses occupations. C'est Denis. Il est 19 h 30. C'est l'heure de lafermeture. Dujuke­
box nous parvient un air de rap ou de hard rock qu'une panne va interrompre.
On entendra la suite au deuxième acte, lorsque l'appareil sera réparé.
DENIS : Elle veut q uelq ue chose d'autre, la demoiselle ? (Betty fait «non»
de la tête.) .. . Non ? ... Elle veut pas encore un petit apéritif?
BETIY: Non. Elle veut rien, merci.
DENIS: C'est vrai• ";). ...
BETIY: Ben ou i.
DENIS: Elle va b ien reprendre une petite suze, non?
BETIY: Non, non, ça va aller, merci.
Un temps.
DENIS: Elle est en colère, la demoiselle, on dirait.. •
BETTY: Oh, ça va, arrête, Denis...
Un temps.
DENis : T u fais la tête ?
BETTY: Pas du tout.
DENIS: ... Tu ne fais pas la tête ?
BETTY: Non, non,je ne fais pas la tête du tout.
DENIS: T u es contente...
"'ai passé une très
. . • s raisons d etre contente,J
,A

BETTY.• 0 ui,. oui,J , ai p 1u tôt de

� . mon atron ça faisait longtemps que
bonnejo urnée,j'ai envoy chier e P
j'en avais envie,je suis très contente •••
L'avant-scène théâtre 155
UN AIR DE FAMILLE

DENIS: Qui, Benito?

BETTY: Oui, Benito en personne.
DENIS : ... Et. .. ton frère était là? . . .
, . t' ça , c'est dom mag e ... Quand Je vais lm
BETTY : Non, c est con, 1 1 a ra e
raconter, il va sauter au plafond.••
DENIS : Quoi, de joie, tu veux dire? • • •
BETTY: Ben, évidemment ...
DENIS : Ah bon? ... Tu crois? .. .
BETTY : Ben, évidemment... il n'att enda it q u e ça ... C'est Phili pp e q u1 se
le tape, surtout, Benito...
Un petit temps.
DENIS: Tu l'aimes bien, Philippe, hein?
BETTY: C'est mon frère.
DENIS: Henri aussi, c'est ton frère.
BETTY: Oui, mais euh... Ce n'est pas pareil,j'ai plus d'affinités avec Philippe,
quoi ... Et puis on travaille ensemble, tout ça ... (Un demi-temps.) On ne
devait pas se voir mercr edi ?
DENIS: ... Euh ... Mercredi? ... On ne devait pas s'appeler?
BETTY: Non, c'est toi qui devais m'appeler.
DENIS : Moi? Comment, moi ?
BETTY: ...
DENIS: Je t'ai dit quej'appellerais, tu en es sûre?
BETTY: Oh, arrête,je t'en prie ...
DENIS : Mais att ends !... Je ne m'en souviens pas : est-c e qu e j'ai dit que
j'appellerais, moi?
BETTY : Bon, écoute, je ne m'en souviens pas non plus, voilà !. .. Ça me
déprime, cette conversation ...
Un temps.
DENIS: Tu es sûre qu'on avait précisé les chos es à ce point?
BETTY: ...
DENIS: Alors, dans ce cas-là,j'ai complèt ement oublié. C'est bizarre.
BETTY: Ce n'est pas si bizarre que ça, ça arrive une fois su r d eux.
Petit temps.
DENIS: Mais pourquoi tu n'as pas appelé, toi?
BETIY: Bon. Euh... Denis. On va arrêter cette... cette cho
se' là' cette espèce
de relation merdeuse, à la petite semaine, on va arrê
ter de se voir et puis
c'est tout. Hein? On va arrêter tout ça. (Un tem
p s.) Ça n e changera pas
grand-chose, mais ce sera clair, au moins.
DENIS : ... Cette relation « merdeu se », tu
dis? ...
BETIY : C'est une image.

561 L'avant-scène théâtre

 U I
AJR Dh F MIU �

DENIS: Oui ... C'est une image for te

•
BETTY: Cette relatio... n à la con si tu pref, e... res • •
. .
DENIS : Ben... oui, a la limite 'j e pre� fier
' e ... • .
. . � " ' 1fDen1·s enca,,s ·e.) B
C'est toi qui deodes... on ... (Silence.)
BETTY: Comme d'habitude.
Un temps. Denis est assis, son chiffon sur les genau,
x, n est sonné
DENIS:Je ne comprends pas. On ne s , est 1a
•• . •rn• a1., ri en prorru ? ... Toi, tu ...
Tu attends autre chose?
BETIY : Quoi ? ! Quoi ? ! Qu'est-ce ciue t u veux . quej'atter
. • - 1d,c, J�
, n , attcn ds
rien,Je ne te demande pas de te • - mann. - "' .
, _ .
Je �u1 s c:omme toi, fai n a vie
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tu sais... Je te d emande, d appeler quan dtu <1.1s que tu ..,, �! ... '
•
appelle

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nt- sc è n e th eatr
L'ava