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II) Généralités 

:
La turbulence, dans un écoulement, revêt un caractère essentiellement aléatoire toujours
tridimensionnel. Elle se développe aux nombres de Reynolds relativement élevés et est une
propriété de l'écoulement et non pas du fluide comme l'est la viscosité par exemple. On
constate que la turbulence augmente la capacité de transport à l'intérieur du fluide par
augmentation des termes de diffusion (diffusion de quantité de mouvement, diffusion de
chaleur, etc) et augmente également la dissipation d'énergie mécanique en énergie thermique.

Ainsi, et comme cela a aussi été indiqué au début de cet article, un écoulement turbulent est
un écoulement instationnaire dans lequel, selon la théorie de Reynolds encore appelée théorie
statistique, on peut mettre en évidence des valeurs moyennes des paramètres auxquelles se
superposent des fluctuations. L'échelle des fluctuations étant grande par rapport au libre
parcours moyen des molécules, l'hypothèse locale d'homogénéité est encore vérifiée et on
peut appliquer, aux paramètres instantanés, les équations fondamentales, du type Navier-
Stokes, de la mécanique des fluides. Le traitement de ces équations peut être de deux natures
différentes.[1]

II.1. Expérience de Reynolds :


Ces expériences réalisées par Reynolds(1883) lors de l’écoulement d’un fluide dans une
conduite cylindrique rectiligne, ont montré l’existence de deux régimes d’écoulement :
laminaire et turbulent.
En utilisant des fluides divers (viscosité différente), en faisant varier le débit et le
diamètre de canalisation, Reynolds a montré que le diamètre qui permettait de déterminer
si l’écoulement est laminaire ou turbulent est un nombre sans dimension appelé nombre
de Reynolds, il quantifie le rapport entre les effets d’inertie et les effets visqueuses, il est
donné par la relation :
 d d
Re  Re 
 ou  (II.1)
FIG II.1 : expérience de Reynolds

L’expérience montre que :


Si 𝑅𝑒 < 2000 ⇒ 𝑙𝑒𝑟é𝑔𝑖𝑚𝑒𝑒𝑠𝑡𝑳𝒂𝒎𝒊𝒏𝒂𝒊𝒓𝒆
Si 2000 < 𝑅𝑒 < 3000 ⇒ 𝑙𝑒𝑟é𝑔𝑖𝑚𝑒 𝑒𝑠𝑡 𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟𝑚é𝑑𝑖𝑎𝑖𝑟𝑒
Si 𝑅𝑒 > 3000 ⇒ 𝑟é𝑔𝑖𝑚𝑒 𝑒𝑠𝑡 𝑻𝒖𝒓𝒃𝒖𝒍𝒆𝒏𝒕
Ces résultats sont valables pour les écoulements internes, pour les écoulements ;
externes comme le cas de notre mémoire 𝑅𝑒 ≥ 5 ∗ 105 [2]
II.2Les origines de la turbulence
Dans cette partie, on s’intéresse à la manière dont les écoulements deviennent
instationnaires et désordonnés à grand nombre de Reynolds. L’origine de ce désordre
repose sur le terme non-linéaire de l’équation de Navier-Stokes qui est le terme
inertiel de transport par convection. Ainsi, plus le nombre de Reynolds est grand, plus
ce terme aura de poids dans la dynamique et plus on aura affaire à des écoulements
complexes et turbulents.
II.2.1 Les instabilités
Les instabilités sont directement associées au terme non-linéaire inertiel de l’équation
de Navier Stokes et sont les ingrédients essentiels de la turbulence. Dans tout ce qui
suit on considère des conditions aux limites et/ou un forçage stationnaire.
Définition
Très succinctement, une instabilité est une bifurcation dans la solution d’une équation
non linéaire qui s’opère pour une certaine valeur d’un paramètre de contrôle. Ce
paramètre est un rapport entre le terme linéaire et non linéaire de l’équation. Pour
l’équation de Navier Stokes c’est le nombre de Reynolds qui joue le rôle du paramètre
de contrôle. Il existe grosso-modo deux familles de bifurcations modèles qui sont
d’une grande importance pour les écoulements (voir figure 3.2). Il s’agit des
bifurcations super-critiques et sous-critiques. Pour la bifurcation super critique, la
solution stable de l’équation passe de stationnaire à instationnaire à Recritique. La
branche stationnaire existe toujours au dessus de Recritique mais elle est instable et
donc non observable. La solution instationnaire est caractérisée par la croissance
d’une perturbation qui sature sur un mode périodique dont l’amplitude varie
Comme la racine carrée du paramètre de contrôle (bifurcation de Hopf). La
bifurcation sous-critique est très brutale car elle est hystérétique. Le système peut
passer de stationnaire à instationnaire en sautant d’une branche à l’autre, ainsi
l’amplitude du mode périodique passe discontinuent de zéro à une valeur finie. La
solution stationnaire existe au delà de Recritique mais est instable et donc non
observable. Nous verrons que ces deux types de bifurcation sont couramment
rencontrés dans les écoulements. Avant de discuter de la nature des bifurcations nous
exposerons certaines origines physiques des instabilités inertielles en écoulement non
visqueux.

FIG. II.2 – diagramme de bifurcations, les branches correspondant aux solutions


stables sont en traits continues, les branches instables en pointillé. A représente
l’amplitude du mode périodique qui devient instable pour Re ≥ Recritique
. Dans le cas sous-critique, le Reynolds critique dépend des perturbations extérieures.
II.2.2 Instabilité de cisaillement

En écoulement inviscide 
  0
, le théorème du point d’inflexion de Rayleigh
énonce que tout profil de vitesse ayant un point d’inflexion est potentiellement

instable
 U  ys    0 avec changement de signe). Il existe une forme plus restrictive
''

de ce théorème énonçant que tout profil ayant un point d’inflexion en (yS) et vérifiant

·
U ''  y   U  y  U  ys    0 est potentiellement instable.
L’instabilité, si elle a lieu, va se traduire par le fait qu’un champ de vitesse
initialement parallèle et stationnaire va devenir non parallèle et instationnaire. Pour
comprendre le mécanisme de cette instabilité, il suffit de rappeler qu’un écoulement
présentant un point d’inflexion est en fait une nappe de vorticité. En écoulement
inviscide la dynamique de la nappe sera entièrement pilotée par l’équation de
convexion et la loi de Biot et Savart. Prenons la nappe infiniment fine où la vorticité
est distribuée suivant une ligne. Chaque élément de cette ligne induit sur les autres
éléments une vitesse perpendiculaire à la ligne. La nappe rigoureusement droite est
instable : c’est-à-dire que la moindre déformation de celle-ci sera amplifiée par le jeu
des vitesses induites, et la nappe va s’enrouler. La nappe infiniment fine est instable

2
pour toute longueur d’onde k de perturbation. En fait le taux d’amplification de

l’instabilité  varie linéairement avec k. En présence de viscosité, le cisaillement doit


1

avoir une certaine épaisseur  , dans ce cas il va s’opérer un filtrage passe bas et seuls

1
0  k  kc 
les nombres d’ondes instables seront compris dans une bande 
.L’instabilité sélectionnera un nombre d’ondes correspondant au taux de croissance le
plus grand. Typiquement, la longueur d’onde sélectionnée (i.e. le nombre de d’onde

k n est de l’ordre de 15 fois plus grande que l’épaisseur du cisaillement initial. Un fois

les tourbillons formés, ils grossissent et fusionnent pour former des tourbillons plus

 t  U  t 
gros. Il en résulte que la taille du cisaillement évolue comme .
L’instabilité de cisaillement est à l’origine de l’enroulement des nappes de vorticité en
tourbillons.
i  kx t 
où k et  Sont les
t
L’évolution de la perturbation est donnée par e e
fréquences de la perturbation. Pour un taux d’amplification  0 , la perturbation
croît exponentiellement et le système est dit instable.

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