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Nous vous écrivons pour porter la voix des Camerounaises et des Camerounais de différentes catégories
et régions du Cameroun.
En tant que femmes leaders issues de différentes régions et officiant dans différents secteurs d’activités,
nous portons une parole publique de citoyennes engagées et déterminées à contribuer au changement
et à la justice. Depuis des années, nous luttons sans relâche, sur plusieurs fronts, pour surmonter les
obstacles au bien-être de nos communautés. Aujourd'hui, force est de constater cependant que nos
efforts sont réduits à néant, du fait des multiples crises que traverse le Cameroun, qui créent peur,
désespoir et confusion dans tout le pays.
Autrefois connu comme le bastion de la stabilité en Afrique centrale, le Cameroun est au bord de
l’implosion.
Plus de 10 000 Camerounaises et Camerounais sont morts dans les conflits liés à Boko Haram et à la crise
anglophone. Nos enfants sont plus d'un million à avoir interrompu leur scolarité du fait de ces conflits. La
violence la plus impitoyable est infligée quotidiennement à notre peuple, qui subit des violations
flagrantes et permanentes des droits humains. Tout ceci dans un contexte où l’accès aux besoins basiques
tels que l'eau potable, l'électricité, les routes, les emplois, les hôpitaux et les écoles relève d’un véritable
défi, même pour les citoyens vivant dans les régions du pays considérées comme paisibles.
Lorsque nous regardons au-delà de nos frontières, notre appréhension s'intensifie. La violence ne cesse
de croître au Nigeria voisin, nous accueillons des réfugiés de la République Centrafricaine depuis plus
d'une décennie alors même que les combats continuent, et la stabilité du Tchad est plus précaire que
jamais. Si rien n’est fait pour mettre fin aux conflits qui traversent le Cameroun, et que celui-ci bascule
davantage dans l'instabilité et la violence, c'est l’avenir de toute la sous-région qui est mis en péril.
Nous vous écrivons donc aujourd'hui, car malgré la gravité de la situation décrite ci-dessus, le Conseil de
Sécurité des Nations Unies n'a toujours pas officiellement inscrit le Cameroun à son ordre du jour, et
encore moins discuté et analysé cette situation afin de prendre des mesures efficaces pour mettre fin aux
souffrances du peuple camerounais.
• Que l’examen de la situation du Cameroun soit officiellement inscrit à l'ordre du jour du Conseil
de Sécurité de l'ONU, et qu’une analyse approfondie des différents conflits qui traversent notre
pays soit établie.
• Qu’une deuxième réunion Arria sur le Cameroun ait lieu afin de vous mettre à jour sur la situation
humanitaire qui ne cesse de se détériorer dans notre pays.
• Qu’il y ait une déclaration publique des Nations Unies exigeant que le Gouvernement du
Cameroun, qui nous y représente en tant qu'État membre, mette en œuvre de véritables solutions
en faveur du retour à la paix et à la sécurité au Cameroun.
Plusieurs actions importantes doivent être impérativement entreprises par le Gouvernement du
Cameroun.
Dans l’immédiat :
Diminuer les tensions existantes et désescalader mettre un terme à la violence, notamment envers les
civils.
• Libérer tous les prisonniers politiques non violents, arrêtés arbitrairement dans le cadre de la
lutte contre Boko Haram, la Crise anglophone et les mobilisations politiques au Cameroun,
• Assurer le respect de la loi dans toutes les interactions entre les forces de l'ordre et la
population dans les zones de conflit. Arrêter les arrestations illégales !
• Améliorer la situation humanitaire. Permettre l'accès des organisations humanitaires aux zones
de conflit et assurer leur sécurité lorsqu'elles fournissent des services.
• Faire du respect des droits humains la matrice des interactions entre l'État et les Camerounaises
et les Camerounais.
A court terme :
Négocier un cessez-le-feu avec les groupes armés non étatiques sur le terrain.
Initier un processus de dialogue et de résolution des conflits, à partir de la base, qui permettra aux groupes
armés de déposer les armes, aux communautés de se réconcilier et de contribuer efficacement à la
pacification du territoire.
Rendre la justice
Par le biais du processus judiciaire et avec célérité, résoudre les cas spécifiques où des violations des droits
ont été prouvées : Doublé, Magdémé, Ngarbuh, Mautu, etc.
Les risques d'un changement brusque à la tête de la nation sont élevés. Ce qui, dans le contexte actuel de
flou et d’absence de consensus sur le processus de transition politique, risque d'entraîner une
augmentation de la violence.
Il est dans l'intérêt du Cameroun, de toute la sous-région et du monde entier que la discussion sur la
transition politique au Cameroun puisse avoir lieu et se déroule sereinement afin d’élaborer un cadre
consensuel permettant d’assurer une transition pacifique et la stabilité du Cameroun.
Chers membres du Conseil de Sécurité de l'ONU, nous osons vous rappeler que nous, citoyennes du
Cameroun, sommes membres de cette organisation. Vous êtes mandatés par la charte, que nous avons
nous aussi signée, d’assurer notre paix et notre sécurité. Nous aussi faisons partie de la communauté
internationale.
Nous ne souhaitons pas être l’objet de la prochaine mission de maintien de la paix. Nous ne souhaitons
pas accueillir des casques bleus. En prenant quelques mesures simples aujourd’hui, le monde entier peut
éviter cela.
Agissez maintenant pour contribuer à ramener la paix et la sécurité dans notre pays, notre région !
Ce petit coin du monde nous est si précieux. Nous sommes déterminées à ce qu’y reviennent la paix et
la stabilité pour le bien-être de nos populations.
Sincèrement,