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Avec l’aide de D.

ieu

90 Décrets
Les décrets de D.ieu concernant les enfants de Noa’h (Noé) : en les appliquant,
ils vivront vraiment, pour le bien, toujours.

Par Rav Moché Weiner

Traduit du texte original en hébreu par Feiga Lubecki


Mise en page par David, ben Noa'h
BS''D

C'est avec reconnaissance que je rédige ces lignes en remerciant de tout cœur Rav Moshé
Weiner qui met généreusement à notre disposition son ouvrage magistral qui sera pour
chacun d'entre nous un guide dans les détails de notre vie.
Ce livre réalisé avec une grande précision est non seulement une véritable exclusivité
mondiale, puisque c'est la première fois qu'il est accessible, mais il est aussi une véritable
référence pour apprendre la voie droite à suivre dans tous les détails de notre vie. La voie de
la Torah pour les nations du monde !
L'auteur, Rav Moshé Weiner, réside en Eretz Israël à Jérusalem, il est Poseq en Lois de STaM,
c'est-à-dire Décisionnaire en Lois qui concernent la préparation de parchemin - Sefer torah
Tefiline Mezouza – avant écriture. Le Rav est également l'auteur du livre Seven Gates of
Righteous Knowledge (Sept Portes de la Connaissance Juste – éditions Ask Noah
International Inc) et du Sefer Sheva Mitsvoth Hashem, (The Divine Code – éditions Ask Noah
International Inc) le Code de Lois pour bnei Noa'h en 3 volumes édité en 2008 et examiné par
d'éminents Rabbanim, il a notamment été soumis à l'examen intégral et en détail de
l'Autorité Rabbinique HaGa'on Rav Zalman Ne'hemya Goldberg Shlit''a [membre de la Cours
Suprême Rabbinique d'Israël] qui a ajouté des commentaires dans de nombreuses notes de
bas de page. Rav Moshé Weiner l'a réalisé suite au projet historique lancé en 2005 par Ask
Noah International (asknoah.org) dont le Directeur est Rav Dr Michael Schulman qui précisait
dans un article réalisé par RC Berman que «La tâche de Rabbi Weiner n'était pas d'innover
mais de collecter le nombre surprenant de références dans la Torah, le Talmud, dans les écrits
de Maïmonide et d'autres premiers commentateurs qui traitent de la façon dont le code
moral divin s'applique aux non-Juifs. Les références ont été «dispersées dans tellement
d'endroits que personne n'a réalisé leur véritable ampleur et profondeur», ce qui a nécessité
trois années de recherches approfondies.
Aujourd'hui le Rav nous offre un support nommé ‫[ תשעים חוקים‬Tish'im 'Houqim] 90 Décrets
qu'il m'a partagé en hébreu et qui a été traduit en français par Madame Feiga Lubecki,
originaire de Strasbourg, ancienne élève du Séminaire de Gateshead (Angleterre). Madame
Lubecki a traduit de nombreux livres - en particulier le 'Houmach Rashi mot-à-mot
(Edition Biblieurope - 50 rue Curial - 75019 Paris), Tehilim (Psaumes) et le Pirké Avot avec
commentaires (Edition Tsivot Hashem). Elle a publié avec son fils le rabbin Schnéour Zalman
Lubecki une Histoire du Peuple Juif : trois volumes sont déjà parus, le 4ème
doit paraître très prochainement et le 5ème un peu plus tard (Edition Kehot - 8 rue Meslay -
75003 Paris). Journaliste, elle écrit dans Actu J, La Sidra de la Semaine, Tsivot Hashem, le
Cashère Magazine etc.
Par cette étude détaillée de nos Lois en passant également par des chapitres comme la Torah
du Ciel, la Réparation du Monde, le Guer Toshav, l'Epoque Messianique...le Rav nous
emmène à la découverte de notre identité, de notre mission.
Rentrons pleinement dans cette étude et raffinons davantage nos connaissances pour une
meilleure application de nos obligations.

(Préface rédigée avec autorisation de Rav Moshé Weiner et approuvée par le Rav) David, ben Noa'h

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90 décrets

Introduction de l'auteur
Le but de ce livret est de clarifier les décrets essentiels que doivent accomplir
les Enfants de Noa’h. Nous énumérons ici 90 décrets dérivées de chacune des
Sept Lois des Enfants de Noa’h. Je ne prétends pas en expliquer tous les détails
mais juste les chapitres essentiels et les idées qui les sous-tendent.
J’ai divisé ces décrets en 90 paragraphes, en indiquant à chaque fois desquelles
des Sept Lois ils sont dérivés.
Je ne fixe pas un nombre spécifique car il est possible qu’il existe des décrets
supplémentaires qui ne sont pas mentionnées ici et qu’il est donc possible de
les classer différemment.
Je n’ai pas indiqué les sources des décrets que je mentionne afin de ne pas
alourdir la lecture (quiconque désire s’approfondir peut consulter mon livre
sefer sheva mitsvoth Hashem (Sept Lois de D.ieu) dans lequel j’ai longuement
cité les références). Je n’ai cité ici que les références de la Bible ou celles qui
sont les plus connues du Talmud ou des Premiers Codificateurs.
J’ai appelé ce livret 90 Décrets et non 90 Lois car il faut distinguer une loi d’un
décret. Une loi est un enseignement explicite pour les Enfants de Noa’h écrit
dans la Torah. Par contre, la plupart des dérivés ne sont pas décrits
explicitement : nos maîtres les ont déduits selon les méthodes transmises
exclusivement par la tradition orale. Les lois que les Sages ont ajoutées d’eux-
mêmes ne sont pas dérivées de ces Sept Lois mais sont à considérer comme
impliquées dans l’idée générale. C’est pourquoi j’ai appelé ce livret 90 Décrets
car ce chiffre inclut tous les décrets s’appliquant aux Enfants de Noa’h – que ce
soit une loi explicite de la Torah ou un décret déduit selon les lois transmises
par la Torah orale.

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Ce livret comprend 13 chapitres :
1) Les Sept Lois des Enfants de Noa’h enseignées par Moché Rabbénou
(Moïse notre maître)
2) La Torah du Ciel, Torah écrite et Torah orale
3) L’obligation d'accomplir la Mitsva pour l’Enfant de Noa’h, récompense et
punition
4) La réparation du monde
5) L’interdiction de l‘idolâtrie et ses implications
6) L’interdiction du blasphème et ses implications
7) L’interdiction de manger le membre d’un animal vivant et ses
implications
8) L’interdiction du meurtre et ses implications
9) L’interdiction de l’immoralité et ses implications
10) L’interdiction du vol et ses implications
11) L’obligation de respecter les lois civiles et ses implications
12) Habiter en Terre d’Israël – le Guer Tochav
13) L’époque messianique

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Chapitre 1

Les Sept Lois des Enfants de Noa’h


enseignées par Moché Rabbénou (Moïse notre maître)

Le Maître du monde a donné six lois à Adam, le premier homme le jour de sa


création : l’interdiction de l’idolâtrie, du blasphème, du meurtre, de
l’immoralité, du vol et l’obligation d’obéir aux lois civiles. (Sanhédrine 56, Rambam
Lois des Rois chapitre 9).

C’est ce qui est écrit dans Béréchit (Genèse – 2 : 16) : « D.ieu ordonna à l’homme
en disant : Tu mangeras de tout arbre du jardin ». Selon nos Sages, ceci
implique :
1) Je suis ton D.ieu, ne m’échange pas contre un autre – donc
l’interdiction de l’idolâtrie
2) Je suis ton D.ieu, ne Me maudis pas – donc interdiction du blasphème
3) Je suis ton D.ieu – donc que Ma crainte soit sur vous, obligation de
craindre D.ieu (Sanhédrine 56)
Ainsi, le verset « D.ieu ordonna à l’homme » implique l’acceptation de D.ieu
comme divinité, acceptation de Son autorité avant même l’ordre lui-même à
propos du fruit de l’arbre. En effet, s’il n’y a pas reconnaissance de l’autorité du
Maître qui ordonne, pourquoi l’homme devrait-il accomplir le commandement
– quel qu’il soit ?
Après le déluge, D.ieu ajouta à Noa’h une loi supplémentaire : l’interdiction de
manger le membre d’un animal vivant comme il est écrit (Béréchit – Genèse 9 : 4) :
« Mais de la viande vivante, vous ne mangerez pas son sang ». Ainsi, Noa’h et
ses descendants avaient maintenant sept Lois qui sont appelées les Sept Lois
des Enfants de Noa’h. Celles-ci sont contraignantes pour toute l’humanité qui
est issue de Noa’h.
Moché a reçu la Torah de D.ieu sur le Mont Sinaï. L’essentiel de la Torah doit
être appliqué par les Enfants d’Israël. Cependant, Moché a aussi reçu l’ordre –
dans la Torah – d’enseigner aux Enfants de Noa’h leurs Sept Lois qu’ils avaient
déjà reçues auparavant, avec Noa'h et Adam. Cela signifie qu’après le Don de la

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Torah sur le Mont Sinaï, les Sept Lois de Noa’h sont dérivées de la Torah de
Moché.
La Torah a été donnée à Moché de la bouche de D.ieu Lui-même. Elle comprend
la Torah écrite et la Torah orale. La Torah orale est une explication et un
éclaircissement de la Torah écrite : D.ieu a ordonné d’accomplir les
commandements de la Torah écrite tels qu’ils sont explicités dans la Torah orale
(voir Rambam – Introduction au livre Yad Ha’hazaka). Il en est de même pour les Sept
Lois des Enfants de Noa’h : leurs principes généraux et leurs dérivés se trouvent
dans la Torah écrite et dans la Torah orale. Les Enfants de Noa’h ont reçu l’ordre
d’écouter Moché leur ordonner leurs Sept Lois, dans la Torah écrite et orale.
Ils ont l’ordre d’obéir à ces Sept Lois comme elles ont été énoncées par Moché
dans la Torah écrite et orale parce qu’ils en ont reçu l’ordre de D.ieu transmis
par Moché sur le Mont Sinaï. C’est l’ordre de D.ieu à Moché sur le Mont Sinaï
qui décrit la vérité et l’éternité de cet ordre divin qui ne sera jamais modifié ou
échangé. Par contre, les ordres donnés à Adam, Noa’h, Avraham et d’autres –
qui ont vécu avant le Don de la Torah – étaient des ordres ponctuels qui
pouvaient être adaptés et modifiés, auxquels on pouvait rajouter
éventuellement des détails. Ce n’est qu’au moment du Don de la Torah que ces
ordres ont été donnés définitivement et ils ne peuvent plus être modifiés ou
échangés.
Les Sept Lois des Enfants de Noa’h sont sept principes généraux ; chacun
d’entre eux contient de multiples dérivés (Séfer Ha’hinou’h Mitsva 416). Les Enfants
de Noa’h sont assujettis à chaque détail – du fait de de ces Sept Lois.
Bien que l’Enfant de Noa’h soit obligé de croire dans la Torah de Moché et
d’accomplir ces Lois comme elle sont explicitées dans la Torah de Moché, il n’est
pas obligé de se convertir et d’accomplir les 613 commandements de la Torah
(s’il veut se convertir, il en a la possibilité et le tribunal rabbinique l’accueillera
comme un Guer Tsédek, converti sincère).

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Chapitre 2

La Torah du Ciel, Torah écrite et Torah orale

Qu’est-ce que la Torah ?


Il est évident que quand D.ieu a créé le monde, c’est dans un certain but. Il n’est
pas logique qu’Il ait dissimulé ce but des yeux de l’homme et que donc,
l’homme ne sache pas pourquoi il a été créé, dans quel but et ce qu’il doit
accomplir. C’est dans la Torah que D.ieu a dévoilé ce but. Car la Torah a été
donnée comme un enseignement pour toute l’humanité qui doit connaître le
but de sa création.
L’accomplissement de la Torah et de ses commandements vise le bien de
l’homme et de la création. Ainsi qu’il est écrit (Deutéronome 6 : 24 et 25) : « D.ieu
nous a ordonné d’accomplir tous ces décrets, de craindre l’Eternel notre D.ieu,
pour notre bien, tous les jours, pour nous faire vivre comme ce jour. Ce sera un
bienfait (mérite) pour nous car nous (les) garderons pour accomplir tout ce
commandement devant l’Éternel notre D.ieu comme Il nous l’a ordonné ». Et
encore (Deutéronome 30 : 15 – 20) : « Vois, J’ai mis devant toi la vie et le bien, la
mort et le mal (c’est-à-dire : ces éléments dépendent de ton choix) que Je
t’ordonne aujourd’hui pour aimer l’Éternel ton D.ieu, pour marcher dans Ses
voies, pour garder Ses commandements, Ses décrets et Ses jugements. Tu
vivras, tu te multiplieras et l’Éternel ton D.ieu te bénira … J’ai appelé comme
témoins pour vous aujourd’hui le ciel et la terre, la vie et la mort (que) J’ai mis
devant toi. Tu choisiras la vie afin que tu vives, toi et ta descendance. Pour
aimer l’Éternel ton D.ieu, écouter Sa voix et s’attacher à Lui car Il est ta vie et la
longueur de tes jours ».
La Torah vient du Ciel comme il est écrit (Exode 20 : 19) : « Car du ciel Je vous ai
parlé », c’est-à-dire qu’elle vient de D.ieu Lui-même. Elle a été transmise de
façon prophétique à Moché Rabbénou sur le Mont Sinaï pour qu’il l’enseigne
aux Enfants d’Israël et qu’il leur ordonne d’accomplir tous ses
commandements. Cette prophétie adressée à Moché Rabbénou lors du Don de
la Torah s’est passée ouvertement, devant tout le peuple Juif comme il est écrit
(Exode 19 : 11) : « D.ieu descendit devant tout le peuple sur le Mont Sinaï »,
(Exode 20 : 15) : « Le peuple tout entier vit les voix » et encore (Deutéronome 4 :
33) : « Est-ce qu’un peuple a entendu la voix de D.ieu vivant, parlant depuis le
feu comme toi, tu as entendu et as continué de vivre ! ».
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Une prophétie de cette envergure, le peuple tout entier l’a entendue – six cent
mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, ce qui signifie
qu’ensemble ils étaient au moins deux millions de personnes. Ensemble ils ont
entendu en même temps la voix divine qui leur parlait et qui désignait Moché
comme l’envoyé de D.ieu et Son prophète pour recevoir la Torah à leur place et
leur enseigner Ses commandements. Il n’y avait jamais eu un événement de ce
genre auparavant et il n’y en aura pas après comme il est écrit (Deutéronome 5 :
19) : « Ces paroles (les Dix Paroles) D.ieu les a prononcées devant toute votre
assemblée sur la montagne, du sein du feu, de la nuée et du nuage ; une voix
puissante et Il n’ajoutera plus ». Donc c’était une voix puissante et claire pour
tous ; « Et Il n’ajoutera plus » : jamais plus Il ne se montrera ainsi aussi
ouvertement.
Lors du Don de la Torah au Mont Sinaï, le peuple tout entier a entendu la voix
de D.ieu ordonnant les Dix Paroles comme il est écrit (Deutéronome 4 : 12 et
13) : « L’Éternel votre D.ieu a parlé du sein du feu… Il vous a expliqué Son
alliance qu’Il vous a demandé d’accomplir, les Dix Paroles ». Ensuite, D.ieu a
ordonné à Moché de monter vers Lui sur le Mont Sinaï pour recevoir toute la
Torah, les 613 Mitsvot.
Toute la Torah a été donnée à Moché Rabbénou quand il se trouva sur le Mont
Sinaï pendant 40 jours, chaque Mitsva avec son explication. Cette Torah a été
donnée par écrit et oralement. Moché reçut l’ordre d’écrire la Torah sous forme
de livre et il commença cette écriture juste après le Don de la Torah sur le Mont
Sinaï. Ce fut achevé juste avant sa mort, au bout des 40 années passées dans le
désert comme il est écrit (Deutéronome 31 : 24) : « Et ce fut, quand Moché acheva
d’écrire les paroles de cette Torah dans un livre jusqu’à leur fin ». De même,
Moché reçut, sur le Mont Sinaï, la Torah orale c’est-à-dire que D.ieu la lui a
transmise et c’est l’explication de la loi écrite, les principes généraux qui
permettent de la comprendre mais aussi des enseignements oraux appelés par
nos Sages : « Lois de Moché (reçues) sur le (Mont) Sinaï », c’est-à-dire une
tradition transmise parmi les Sages du peuple Juif comme quoi cette loi a été
donnée à Moché en ces termes par D.ieu sur le Mont Sinaï.
Moché reçut l’ordre d’accomplir les enseignements consignés dans la Torah
écrite selon l’éclairage que D.ieu lui enseigna à travers la Torah orale. Ainsi qu’il
est écrit (Exode24 : 12) : « D.ieu dit à Moché : Monte vers Moi sur la montagne, tu
y seras et Je te donnerai la Table de pierre ; la Torah et la Mitsva que J’ai écrites
pour leur enseigner » :
« Monte vers Moi sur la montagne, tu y seras » implique que Moché est monté
sur le Mont Sinaï et y est resté avec D.ieu 40 jours.

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« Je te donnerai la Table de pierre », ce sont les deux Tables de l’Alliance sur
lesquelles D.ieu avait gravé les Dix Paroles qu’Il avait exprimés oralement aux
yeux de tout le peuple lors du Don de la Torah.
« La Torah et la Mitsva » : Torah, c’est la Torah écrite, Mitsva, c’est son
explication et son enseignement oral.
« Que J’ai écrites pour leur enseigner » : J’ai écrit pour leur enseigner selon la
loi orale (comme s’il était écrit : La Torah que J’ai écrite et la Mitsva pour leur
enseigner »).
C’est pourquoi l’homme ne doit pas se fier à sa compréhension du texte mais
seulement à la tradition transmise oralement à Moché sur le Mont Sinaï car
c’est elle et elle seule qui est l’enseignement divin donné à Moché puis de
Moché au monde.
Cette Torah (écrite et orale) a été transmise par Moché à Yehochoua puis aux
Anciens de la génération ainsi qu’à tous les Enfants d’Israël de la génération.
Eux l’ont transmise de génération en génération à leurs élèves et, jusqu’à
aujourd’hui, cette Torah aussi bien écrite qu’orale renferme les enseignements
de D.ieu à l’homme pour toujours, pour qu’il sache ce qu’il doit faire dans ce
monde.

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Chapitre 3

L’obligation d’accomplir la Mitsva pour l’Enfant de Noa’h :


récompense et punition.

Tout Enfant de Noa’h qui accomplit ces Sept Mitsvot parce que D.ieu a
demandé sur le Mont Sinaï à Moché de les leur transmettre est considéré
comme un ‘Hassid (un homme pieux) et il a une part dans le Monde Futur (le
Jardin d’Eden et le monde futur au moment de la Résurrection des Morts). Mais
s’il les accomplit parce que sa conscience lui dit que c’est juste – et non parce
que ce sont des commandements de D.ieu – il est appelé ‘Ha’ham (intelligent) :
il recevra une récompense dans ce monde–ci pour ses bonnes actions comme
tout homme jugé selon ses actes mais il ne recevra pas une portion dans le
Monde Futur.
Voici quelle est la différence entre un ‘Hassid et un ‘Ha’ham :
Le ‘Hassid accomplit toute Mitsva avec soumission devant la royauté divine,
parce que telle est la Volonté de D.ieu et c’est pourquoi sa récompense lui est
aussi accordée dans le Monde Futur – un monde spirituel et divin – le Jardin
d’Eden.
Mais le ‘Ha’ham accomplit de bonnes actions selon son raisonnement logique
et sa conscience : c’est une conduite normale pour un être humain donc sa
récompense correspondra à ce critère normal du monde présent – et non à
ceux du Monde Futur.
C’est pourquoi la Torah emploie le mot Mitsva – une action qui unit l’homme à
son Créateur qui a ordonné cet acte. L’homme accomplit cet acte parce que
cela lui a été ordonné et il soumet sa volonté à celle de D.ieu : il accepte le joug
de la royauté divine par ses actions.
Par contre, celui qui agit de façon naturelle, en suivant sa logique, ses
sentiments et sa conscience n’a pas accompli de Mitsva, ne s’est pas lié à D.ieu.
Pour lui, c’est une obligation morale, une conduite juste qui reste du domaine
de ce monde inférieur. Donc sa récompense sera à la mesure des lois de la
nature – dans ce monde ci uniquement.
Il existe de nombreux niveaux, différents niveaux de récompenses, selon les
actes de l’homme et ses intentions. En général, on distingue trois niveaux :
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1) La récompense pour une bonne action dans ce monde ci.
2) La récompense dans le Monde Futur – le Jardin d’Eden. Pour certains
actes, on peut recevoir une récompense dans ce monde et dans le
Gan Eden.
3) La récompense dans le Monde Futur, avec la Résurrection des morts.
Il en va de même pour les punitions que D.ieu envoie pour les mauvaises
actions, qu’on peut aussi classer en nombreux et différents niveaux, en fonction
des mauvaises actions et des mauvaises intentions. En général, on distingue
trois différents niveaux de punitions – correspondant aux trois niveaux de
récompenses déjà évoqués :
1) Lapunition dans ce monde ci, qui découle et qui est une conséquence
de la mauvaise action de l’homme.
2) La punition dans le Guéhinam, qui est une punition spirituelle pour
l’âme qui a fauté.
La punition dans le Monde Futur, au moment de la Résurrection des
3)
morts.

Le niveau de ‘Ha’ham n’est pas égal chez tout le monde ; il existe un petit
‘Ha’ham, il existe un plus grand ‘Ha’ham et un ‘Ha’ham incomparablement plus
grand. Le petit ‘Ha’ham comprendra avec son intelligence ce qu’il faut faire
mais pas ce qui est au-delà de sa compréhension. Seul le ‘Ha’ham plus grand
comprendra et agira.
Il en est de même à propos du ‘Hassid : un ‘Hassid n’a pas le même niveau
qu’un autre ‘Hassid. L’un veillera à agir minutieusement selon l’ordre de D.ieu
mais pas davantage. Un ‘Hassid plus grand veillera à accomplir des actes
supplémentaires (que le premier ne fera pas ou ne connaît pas). Il agira au-delà
de la lettre de la loi au point qu’en ce qui concerne cette qualité de ‘Hassid, on
peut affirmer qu’elle ne connaît pas de limites.

Un ordre divin et une obligation logique.


Les obligations de l’Enfant de Noa’h se divisent en deux groupes :
1) Mitsva : Un enseignement et une obligation venue directement de
D.ieu, faire ou ne pas faire quelque chose : ce sont les Sept Lois elles-
mêmes.

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2) ‘Hok : un enseignement moral que chaque Enfant de Noa’h doit
accomplir. Et bien qu’il n’y ait pas été obligé par D.ieu, D.ieu exige de
l’homme qu’il sache d’après sa logique morale qu’il agisse de façon juste.
Et s’il ne le fait pas, D.ieu lui demande des comptes et le juge car il a
dévoyé son chemin et sa conduite en agissant contrairement au bon
sens et à sa conscience.
Une partie des 90 Décrets exposés dans ce livret sont vraiment des dérivés de
la Mitsva et sont absolument obligatoires d’après la Torah en ce qui concerne
les Enfants de Noa’h : par exemple l’interdiction de l’homosexualité et de la
zoophilie qui font partie des interdictions liées à l’immoralité. De même,
l’interdiction de la violence, de l’oppression, de la tromperie dans les poids et
mesures, l’interdiction d’abîmer les possessions de son prochain sont des
dérivés de l’interdiction de voler son prochain (ce ne sont pas juste des
commandements dictés par le bon sens mais ce sont des détails liés aux deux
Lois des Enfants de Noa’h citées précédemment). Il se peut que certains de ces
décrets soient des dérivés de Mitsvot particulières ou qu’ils soient simplement
des obligations conformes à la morale humaine comme par exemple l’obligation
de donner de l’argent aux pauvres : d’après certains Rabbanim, la Tsedaka fait
partie intégrante des Lois des Enfants de Noa’h. Selon d’autres, ce n’est qu’un
dérivé de l’obligation d’obéir aux lois sociales du pays (« Dinim »). Enfin,
d’autres estiment que ce n’est pas du tout une obligation divine mais que c’est
dicté par la morale et la logique. Il existe aussi d’autres obligations qui, elles, ne
sont motivées que par la morale humaine comme le respect des parents.
Quelle est la différence entre une Mitsva et un ‘Hok – pour l’Enfant de
Noa’h qui y est assujetti ?
1) Concrètement : si la logique dicte de se conduire autrement, du
moment qu’il s’agit d’un ordre divin, l’individu n’a pas le droit
d’enfreindre cet ordre. Comme l’a dit le roi Salomon (Michlé – Proverbes
21 : 30) : « Il n’existe ni intelligence, ni discernement ni conseil devant la
volonté divine ». Mais si l’ordre n’était que du domaine de la logique et
de la morale, il peut arriver des cas où la logique et la morale dicteraient
une conduite différente.
Prenons deux exemples :
a) L’interdiction de manger un membre d’un animal vivant et
l’interdiction de faire souffrir les animaux se ressemblent – comme ce
sera expliqué dans le chapitre 7. Cependant, l’interdiction de manger
le membre d’un animal vivant est un ordre divin et non un ordre dicté
par notre conscience tandis que l’interdiction de se conduire avec
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cruauté envers les animaux n’est qu’une question de moralité. Donc,
quand le cerveau demande de couper le membre d’un animal vivant,
l’ordre divin l’interdit – en contradiction avec la logique humaine.
Mais l’interdiction de faire souffrir un animal pourrait être repoussée
par une considération logique qui la justifierait pour une raison
quelconque.
Un vétérinaire qui observerait un animal en danger de mort s’il ne
coupe pas l’un ou l’autre de ses membres, a-t-il le droit de le
faire pour le sauver ? S’il ne s’agit que d’empêcher un animal de
souffrir, on pourrait penser que la préservation de la vie de l’animal
est plus importante que sa souffrance. Mais s’il s’agit d’un ordre divin,
nous n’avons pas le droit de faire intervenir notre raisonnement
contre la volonté de D.ieu.
b) Les Enfants de Noa’h ont l’obligation d’obéir aux lois sociales. Ceci
inclut l’obligation d’établir des lois permettant la vie en société. Si le
législateur fixe des lois parce que les 7 Lois de Noa’h l’y obligent, il n’a
pas le droit de les changer. Mais s’il ne fixe des lois que parce que sa
logique lui demande de le faire – bien que le fait-même d’établir des
lois soit un ordre de D.ieu - alors chaque pays peut choisir ce qu’il veut
fixer selon sa logique. Mais il n’a pas le droit de ne pas établir du tout
de lois car par cela, il enfreindrait l’ordre de D.ieu.
D’après la Torah, l’assassin doit être tué. Les Enfants de Noa’h ont
donc l’obligation d’établir la peine de mort pour le meurtrier et n’ont
pas le droit de changer.
Mais si un Enfant de Noa’h blesse son prochain, bien que ce soit
interdit d’après la Torah et que les Enfants de Noa’h doivent le juger,
sa punition n’est pas fixée par la Torah (punition physique, financière
ou prison ?). Donc bien que les Enfants de Noa’h aient l’obligation
d’établir une loi qui prévoit quelle serait la punition dans un tel cas, il
se peut que dans certains cas, le juge estime qu’il ne faut pas le punir.
Puisque la fixation de la punition est laissée à la discrétion de sa
logique, il peut agir comme bon lui semble et même le dispenser
complètement de punition.
2) La récompense : la récompense d’une Mitsva est spirituelle, elle
permet de s’attacher à D.ieu qui donne le commandement. Donc
l’essentiel de la récompense (le Monde Futur) est pour
l’accomplissement des Sept Lois des Enfants de Noa’h exclusivement ;
l’âme jouira de ses actes dans le Jardin d’Eden. Mais la récompense pour
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l’accomplissement d’un ‘Hok sera le bien dans ce monde ci, dans un
corps physique.

Messirout Néfech – le dévouement total


Quand l’Enfant de Noa’h deviendra parfait dans toutes ses actions, il désirera
s’attacher encore davantage et encore davantage à D.ieu ; il recherchera
constamment la Présence de D.ieu et sera prêt à donner sa vie pour Lui.
En effet, le ‘Hassid comprend que l’homme n’est pas l’essentiel et que toute
l’importance de la vie, c’est la Volonté de D.ieu, c’est comprendre autant que
possible le chemin de D.ieu. Donc il se vouera à D.ieu de toutes les manières
possibles, il voudra monter vers Lui, vers ce qui ne peut être appréhendé par
son intelligence et ses sentiments : il s’élancera dans un mouvement de
véritable sacrifice de soi.
Or n’est-il pas clair que l’Enfant de Noa’h n’a pas l’obligation de se sacrifier pour
D.ieu ?
Effectivement, du point de vue de la loi stricte, il n’est obligé de se sacrifier pour
aucune des Sept Lois des Enfants de Noa’h : il a le droit de les transgresser si
ainsi, il sauve sa vie d’un danger.
C’est ce que nos Sages (Sanhédrine 74) ont appris des paroles du prophète Élicha
(Élisée) au général Naamane (Livre des Rois II 5 : 17 et 18) : celui-ci avait accepté
d’accomplir les Sept Lois des Enfants de Noa’h mais n’était pas obligé de se
sacrifier jusqu’à la mort en désobéissant à son maître, le roi d’Aram, qui exigeait
qu’il se prosterne devant son idole. En effet, Naamane avait déclaré : « Ton
serviteur n’offrira plus de sacrifices à d’autres divinités – sauf à D.ieu. Que D.ieu
pardonne à ton serviteur quand mon maître se rendra à Beth Rimone (le
temple d’une idole) : il s’appuie sur moi et je serai obligé de me prosterner
(avec lui). Que D.ieu me pardonne pour cela ! ». (Quand le roi se prosternait
devant son idole Beth Rimone, il s’appuyait sur son serviteur, le général
Naaman qui devait donc se prosterner avec lui : Naamane demandait donc à
Élicha si D.ieu lui pardonnerait car il était obligé d’agir ainsi par respect pour
son maitre). Élicha ne le lui interdit pas. De là on apprend qu’un Enfant de
Noa’h n’est pas obligé de mettre sa vie en danger ou de se sacrifier, que ce soit
pour l’interdiction de l’idolâtrie ou une autre Loi des Enfants de Noa’h.
Mais le ‘Hassid qui est sincère dans sa compréhension et son amour de D.ieu,
dont toutes les actions sont guidées par la vérité divine, ne voudra pas du tout
se séparer de D.ieu, ni pour un petit détail ni pour un grand. Il sera heureux de
donner sa vie pour D.ieu et cela lui sera compté comme un grand mérite : il est
14
mort pour le Nom de D.ieu, il n’a pas voulu vivre dans le mensonge et le déni de
D.ieu pour un profit personnel et une vie qui n’aurait plus de sens ni de valeur.
C’est ce qui s’est passé avec Avraham notre père : il était prêt à mourir pour
affirmer la vérité du D.ieu Un. Une fois qu’il eut réalisé où se trouvait la vérité, il
a commencé à rassembler autour de lui les foules pour les persuader de briser
les idoles : il fournissait des preuves évidentes que tous ces gens vivaient dans
le mensonge et la vanité. Mais ce fut en vain. Nimrod, le puissant roi de
Babylone voulut le tuer et le fit jeter dans une fournaise ardente. Il arriva un
miracle et Avraham fut sauvé car D.ieu est bon envers ceux qui Le craignent.
Mais Avraham n’hésita pas, ne voulait pas vivre une vie de mensonges : il
ressentait que toute sa vie, que la raison pour laquelle il avait été créé était
cette Vérité et il était prêt à tout pour cette vérité.
Il en est de même pour un ‘Hassid : la vie sans D.ieu ne vaut rien, sa vie n’a de
sens que pour servir D.ieu.
Ce dévouement extrême n’est pas seulement valable dans le cas où il faut
mourir pour le Nom de D.ieu – D.ieu nous en préserve – mais cela figure dans
son agenda : il est persuadé de cette vérité dans son cœur et n’acceptera sous
aucune condition de se séparer de D.ieu. Quoi qu’il arrive.
C’est avec cette conviction de Messirout Néfech que doit VIVRE LE ‘HASSID. Tout
instant de sa vie, toutes ses actions, toutes ses capacités, il les donne à D.ieu.
Toutes ses pensées sont consacrées à D.ieu, toute sa volonté n’est que dans la
recherche de mieux connaître et servir D.ieu. Telle est la définition du ‘Hassid
parfait.

15
Chapitre 4

Tikoun Haolam
La Réparation du Monde

Le but général de D.ieu en créant le monde et en ordonnant les Sept Lois des
Enfants de Noa’h est de réparer le monde. C’est pourquoi il faut considérer
dans chaque Mitsva ou ‘Hok (loi ou décret) de D.ieu que c’est un détail qui fera
avancer le monde vers sa perfection.
C’est ce que dit le prophète Yechayahou (Isaïe 45 : 18) : « Ainsi parle D.ieu qui
créé le ciel ; Il est le D.ieu qui forme la terre, c’est Lui qui la stabilise, Il ne l’a pas
créée pour le désordre (mais) pour qu’elle soit habitable, Je suis D.ieu et il n’en
existe pas d’autres ».
Quand il est écrit « pas pour le désordre », cela signifie non seulement qu’elle
n’a pas été créée pour être détruite mais l’essentiel, c’est qu’il n’y ait pas de
désordre, pas d’absence de but et de raison d’être.
- D.ieu affirme : « Je n’ai pas créé le monde pour qu’il n’y ait pas d’ordre, pas de
but mais pour qu’il soit habitable ! Je suis D.ieu et il n’en existe pas d’autres : Je
suis Celui qui créé tout, qui fixe un but à la création et il n’existe pas d’autre
autorité » et donc : rien d’autre que Ma volonté n’a de sens.
Le but du monde entier sera achevé par les actes de l’être humain. Et il consiste
à rendre ce monde habitable pour que s’y dévoile la Gloire de la Présence
divine.
« Il ne l’a pas créé pour le désordre mais pour qu’il soit habitable ; Je suis D.ieu,
il n’en existe pas d’autres » : il s’agit aussi bien de la création du monde que de
la création de l’homme. Non seulement le monde entier a été créé dans ce but
mais même l’homme – détail de la création générale – a été créé pour rendre le
monde habitable, pour être « civilisable », pour devenir l’agent de D.ieu dans la
direction voulue par Lui. Pour cela, il doit perfectionner son caractère,
améliorer sa conduite et ses sentiments afin d’être digne d’avancer vers le but :
faire en sorte que la Gloire de D.ieu soit dévoilée par son intermédiaire.
Aucun individu n’a été créé pour « le désordre », sans but dans la vie : chacun a
une fonction à remplir pour que la volonté de D.ieu puisse s’accomplir et que le
monde devienne habitable.
16
« Je suis D.ieu et il n’en existe pas d’autres ». Les actes de l’homme doivent et
peuvent exprimer et dévoiler en l’homme lui-même et en son environnement
que « Je suis D.ieu et il n’en existe pas d’autres ». La compréhension et la
conduite de l’individu doivent être conformes à ce but et bâties sur cette
fondation.
« Je suis D.ieu » : ceci implique l’obligation de connaître D.ieu (comme ce sera
encore expliqué dans le chapitre 5, décret 2). Il en est de même pour
l’accomplissement de toute Mitsva et ‘Hok divins : ils impliquent une sorte de
connaissance et de reconnaissance que « Je suis D.ieu, le Maître du monde et
Celui qui le gouverne ».
« Et il n’en existe pas d’autres » : c’est le concept négatif : interdiction de
l’idolâtrie, du blasphème et toutes les conduites nuisibles qui sont interdites.
Elles démontrent qu'il n’existe pas d’autre divinité, le monde n’a aucune autre
finalité, il n’existe aucune autre autorité et donc personne d’autre capable
d’ordonner une loi.

On pourrait distinguer deux niveaux généraux dans la « réparation du


monde » :
1) Établir de l’ordre dans le monde, agir en sorte que le monde ne soit
pas une jungle en démontrant qu’il existe une loi et un juge, une
union de la société vers un but commun.
2) Construire le monde, l’améliorer, le rendre habitable pour la société et
pour tous les instruments de la volonté de D.ieu pour faire descendre
Sa Présence sur terre.
Le premier niveau correspond en général au ‘Ha’ham : ces buts, cette
« réparation » se comprennent d’après le raisonnement logique (cela ne signifie
pas que l’Enfant de Noa’h qui agirait ainsi n’aurait atteint que le niveau de
‘Ha’ham mais pas de ‘Hassid ; mais plutôt que l’essentiel de ces actes et de cet
ordre est compréhensible par la logique). Par contre, le second niveau (parvenir
à faire de ce monde un endroit digne de recevoir la révélation divine)
correspond au niveau du ‘Hassid. C’est ce que nos Sages déclarent : « Qui est le
‘Hassid ? Celui qui agit au-delà de la lettre de la loi » c’est-à-dire qui agit au-delà
de ce que lui demande l’intelligence.

17
Chapitre 5

'Isour Avoda Zara


L’interdiction de l’idolâtrie et ses implications

C’est la toute première Mitsva à laquelle sont contraints les Enfants de Noa’h :
l’interdiction de l’idolâtrie.
1. Il est interdit à un Enfant de Noa’h de servir une idole, d’accepter sur soi
l’autorité d’une divinité quelconque en-dehors de D.ieu. Ceci est appelé « un
service étranger » ou « l’adoration d’idoles » - peu importe si l’idole en
question revêt la forme habituelle qu’on lui prête ou non. Il est donc interdit de
s’agenouiller devant toute idole, de lui offrir un sacrifice ou une libation
(offrande liquide de vin etc.), de faire brûler toute sorte d’encens devant elle.
De même il est interdit de pratiquer tout rite habituel de cette idole – que ce
soit l’essentiel de ce culte ou juste un détail, tout est interdit. C’est ce genre de
pratiques qui est décrit dans la Torah (Exode 20 : 2 à 4) : « Tu n’auras pas d’autre
divinité devant Ma face… Tu ne te prosterneras pas devant elles et tu ne les
serviras pas ».
Dans cette interdiction de l’idolâtrie est comprise aussi toute acceptation de
son autorité par exemple par la parole : affirmer que cette idole est mon maître
ou toute action ou parole de ce type, quelle que soit l’idole.
On compte 23 dérivés de cette interdiction.

2. L’Enfant de Noa’h est obligé de croire en l’existence de D.ieu et de Le


connaître comme il est écrit dans la Torah (Deutéronome 4 : 39) : « Tu sauras
aujourd’hui et tu auras à cœur (de savoir) que l’Éternel est D.ieu, dans le ciel
en-haut et sur la terre et en dessous : il n’y a rien d’autre ».
L’obligation de connaître D.ieu consiste à s’efforcer de comprendre avec la
logique humaine qu’il existe un seul D.ieu. Bien qu’il soit impossible qu’un
homme puisse comprendre intellectuellement une existence aussi spirituelle, il
a l’obligation de comprendre, d’apprendre pour connaître au mieux le D.ieu Un
qui créé le monde et le dirige. Jusqu’à ce qu’il imprègne son cœur et sa pensée
de cette foi et de cette connaissance comme d’un paramètre évident et
contraignant.
18
Ce D.ieu surveille et s’occupe de chacune de Ses créatures, juge chacun et
chacune selon ses actions, donne une récompense à ceux qui pratiquent Ses
commandements et punit ceux qui les transgressent.
Cette connaissance implique donc non seulement la foi en l’existence de D.ieu
mais aussi le fait que ce D.ieu est Un et n’est pas (constitué de) deux entités. Il
n’a pas de corps et n’a aucune forme, aucune limite. Il est Premier et, seul, a
tout créé par Sa volonté.
Quiconque réfléchit et estime qu’il n’existe pas de D.ieu du tout ou qu’Il est
composé de deux éléments, ou qu’Il possède un corps ou qu’Il ne précède pas
tout, est considéré comme un hérétique qui renie l’essentiel.
Ce commandement de croire en D.ieu et de chercher à Le connaître est le plus
important ; c’est la fondation de tout car, sans lui, aucune croyance ou aucun
commandement n’a de sens ni de valeur. Ainsi que nous expliquons dans le
premier chapitre le concept même de « commandement » (Genèse 2 ;
16) : « D.ieu ordonna à l’homme ». Ce verset inclut l’obligation de croire et de
connaître le D.ieu Un, qui créé et dirige tout. Cela inclut aussi l’obligation
d’accepter Son joug (voir plus loin, décret 4) : car, s’il n’y a pas d’autorité d’un
Maître qui ordonne, l’homme ne ressent pas le besoin d’accomplir les
commandements et les décrets.

Connaître l’existence de D.ieu


Le fondement de toute connaissance exacte, c’est la connaissance de D.ieu. De
même, le but de toute science et de toute conduite morale humaine, c’est la
connaissance de D.ieu.
C’est l’obligation primordiale de l’individu : s’efforcer de connaître D.ieu, chacun
selon ses capacités et ses possibilités. Tel est le but de l’homme, telle est sa
supériorité.
Pour cela, la croyance n’est pas suffisante : chacun doit s’efforcer de
comprendre et d’assimiler dans son cœur l’existence de D.ieu – selon ses
possibilités.
Cette connaissance n’est pas qu’intellectuelle : elle concerne aussi le cœur et
les sentiments. C’est pourquoi le croyant et celui qui cherche à connaître D.ieu
se conduira aussi selon les élans de son cœur pour se lier aux qualités de D.ieu
en sachant qu’il est possible à l’homme de connaître D.ieu – à sa mesure
évidemment. Cela signifie que cette recherche de connaissance est toute sa

19
vie : une compréhension intellectuelle, des sentiments dans son cœur et
l’adoption d’une conduite en accord.
Et, malgré cela, l’homme a encore l’obligation de croire tout simplement dans le
Créateur et le Maître de tout. En effet, il est impossible pour l’homme de
connaître et comprendre complètement le Créateur car l’existence de D.ieu est
absolument au-delà de la compréhension humaine qui ne peut en saisir qu’une
partie infime. Donc l’homme a l’obligation de savoir, de connaître ce qui lui est
possible de comprendre, de remplir son esprit et son cœur de cette
connaissance du Créateur, de tenter d’imiter Ses façons d’agir pour le bien –
autant que c’est humainement possible. Et (en plus de tout cela) il croira que
l’existence de D.ieu est inaccessible au raisonnement humain, non seulement
de son raisonnement mais du raisonnement de tout homme sur terre. Telle est
la Mitsva : croire et reconnaître avec son intelligence que D.ieu est Un et est la
Vérité absolue.
L’existence de D.ieu ne ressemble pas à celle des créatures. En effet, elle ne
dépend de rien d’autre. Par contre, toute créature dépend de la volonté du
Créateur de la créer – alors que D.ieu ne dépend de rien d’autre. C’est ce que
les Sages décrivent comme « Me’houyav Hametsiout (obligé d’exister) »,
n’ayant aucune cause à son existence car Il existe de par Lui-même ; ce qui n’est
pas le cas des créatures qui sont « Efchari Hametsiout (pouvant éventuellement
exister) » car leur existence dépend d’une volonté autre. Il est donc possible
qu’elles existent et il est possible qu’elles n’existent pas.
Le Créateur ne ressemble aucunement aux créatures : toute créature est
limitée dans son existence, dans ses capacités ; elle est aussi composée de
plusieurs éléments. Mais le Créateur ne connaît aucune limite ou fin, Ses
capacités ne sont pas limitées car Sa puissance est « Eyn Sof sans limites », Son
existence n’est pas composée de plusieurs éléments. Il est Un, ne connaît
aucune limite ou but et l’homme ne peut absolument pas imaginer pareille
entité.
La Vérité du Créateur est supérieure et complètement différente de la vérité de
la créature. La créature, du fait qu’elle est limitée et que ses capacités sont
limitées, ce qu’elle considère comme vérité est tributaire de ses limites et est
donc une vérité relative par rapport à la vérité objective et absolue du Créateur.
L’homme ne peut imaginer la vérité que conformément à sa compréhension,
ses connaissances et ses sentiments. En dehors de ces domaines, il n’a aucune
possibilité d’appréhender la vérité. Donc il ne connaît pas la Vérité. De plus,
pour l’homme, la vérité doit se définir d’après les critères qui sont importants
pour lui car la pauvreté de sa compréhension limite ce qu’il peut concevoir

20
comme vérité. On peut prendre l’exemple de l’enfant : ce qui lui semble une
vérité absolue ne le sera plus du tout quand il grandira et il n’en restera qu’une
petite partie.
De même que l’existence de D.ieu ne ressemble pas du tout à celle des
créatures, de même Sa vérité ne ressemble pas du tout à celle des créatures. En
effet, toutes les créatures ont besoin de Lui et sont donc partielles et
dépendantes de Lui. Mais D.ieu n’a besoin d’absolument rien du tout et donc Sa
vérité est différente de celle des créatures. C’est ce qu’explique le prophète
(Jérémie10 : 10) : « L’Éternel D.ieu est Vérité » : Lui seul est Vrai et aucune vérité
ne ressemble à la Sienne, comme il est écrit dans la Torah (Deutéronome 4 :
35) : « Rien n’existe en-dehors de Lui », c’est-à-dire qu’il n’existe aucune
existence Vraie semblable à Lui.
Dans l’obligation de connaître son Créateur et Son existence est inclus le fait
que l’homme doit s’efforcer - dans la mesure de ses possibilités - de
comprendre cette vérité. De fait, jamais il ne pourra comprendre entièrement
cette vérité (alors que le Créateur, Lui, connaît Sa propre Vérité). Mais ce que
l’homme comprend de la Vérité de D.ieu, c’est sa façon à lui de comprendre son
Créateur et de s’approcher de Lui.
Comment l’homme peut-il appliquer cette Mitsva de connaître D.ieu ?
Voici comment appliquer cette Mitsva : l’homme doit s’occuper d’essayer de
comprendre D.ieu, Son existence, le fait que Son existence est une obligation. Il
réfléchit et étudie Ses façons d’agir pour le bien ainsi que le soulignent nos
Sages à propos des versets (Deutéronome 28 : 9) : « Tu marcheras dans Ses voies »
et (Deutéronome 13 : 5) : « Vous vous attacherez à Lui » : est-il possible de
marcher dans les voies de D.ieu ? Est-il possible de s’attacher à Lui ? Mais
attache-toi à Ses voies qui sont bienveillantes ! De même qu’Il est
miséricordieux, qu’Il a pitié, qu’Il visite les malades, qu’Il dispense de la Tsedaka
etc. toi aussi conduis-toi ainsi afin d’accomplir ce qui est écrit dans la Torah
(Deutéronome 11 : 22) : « Marcher dans toutes Ses voies et s’attacher à Lui ».

Cette obligation de croire et de connaître D.ieu doit être une préoccupation


constante, pour chaque être humain, en tous temps. C’est ce que dit le roi
David dans les Tehilim (Psaumes 16 : 8) : « Je place D.ieu devant moi
constamment ». Cela signifie que, bien qu’il ait déjà réfléchi, qu’il ait compris et
approfondi le sujet, il doit continuer tous les jours de sa vie à fournir des efforts
pour comprendre encore mieux, de toutes les manières possibles.

21
On peut poser la question : si cette Mitsva est si primordiale, pourquoi les Sages
l’ont-ils exprimée d’une façon négative (NE PAS servir les idoles) ? Ils ont
considéré l’aspect positif de la Mitsva (L’OBLIGATION de connaître D.ieu)
comme secondaire ! Ils auraient dû établir l’ordre inverse : la Mitsva serait de
connaître D.ieu tandis que le dérivé serait l’interdiction de l’idolâtrie !
Réponse : La croyance et la connaissance se situent surtout au niveau du cœur
et du cerveau tandis que l’acte interdit s’exprime par des actions, des lois et,
éventuellement, une punition par le tribunal. Les Sages ont exprimé les Sept
Lois des Enfants de Noa’h en considérant surtout les actes et l’aspect législatif
puisque les tribunaux sont chargés de juger les actes (et non les intentions et
les pensées du cœur et de l’esprit).
Mais en fait, il y a dans les Sept Lois des Enfants de Noa’h des aspects moraux,
terre à terre, nécessaires pour la construction du sens moral, de l’esprit et du
bon sens en général ainsi que pour la vie en société.
(Cette raison est aussi valable pour les cinq Mitsvot - blasphème, immoralité,
meurtre, vol et membre d’un animal vivant – qui sont toutes énoncées par les
Sages sous une forme négative : en effet, c’est l’aspect législatif plutôt que
moral ou social qui est retenu).

3. Les Sages se sont demandé si les Enfants de Noa’h ont le droit de croire
dans le chitouf (association) : de quoi s’agit-il ?
Chitouf, c’est croire dans son cœur ou même exprimer verbalement qu’il existe
une autre entité qui a autorité, à part le D.ieu Un qui a créé le monde. Cet
« associé » aurait la permission du Maître du monde de diriger ce monde ou au
moins une partie de ce monde. Cet « associé » pourrait être soit des
constellations astrologiques, soit des anges, soit des forces de la nature.
Donc l’homme penserait et dirait qu’il existe une seconde autorité, « associée »
au Créateur. Il jurerait par ces deux « puissances », c’est-à-dire par D.ieu le
Créateur et Son « associé » qui l’aide. Par exemple, si le tribunal lui demandait
de jurer selon sa croyance pour justifier ses arguments lors d’un procès, il
jurerait par D.ieu associé à une autre « Force », comme si les deux étaient sur le
même niveau de vérité dans son esprit.
Dans le cas du chitouf, il n’y a pas de différence qu’il s’agisse d’un ou de
plusieurs « associés » : par exemple, certains prétendent que le Créateur a de
nombreux « associés », qu’Il leur aurait donné la permission de diriger un
certain domaine.

22
Selon le Rambam (Maïmonide) et le Ramban (Na’hmanide), le chitouf est un
mensonge et donc interdit aux Enfants de Noa’h. Mais les Tossfot tiennent
qu’un Enfant de Noa’h n’est pas coupable s’il croit au chitouf et qu’il a le droit
de jurer ainsi.
Cependant, selon toutes les opinions :
a) Le chitouf n’est pas la vérité : il n’existe qu’un seul D.ieu qui créé
le monde et le dirige tout seul, sans aucun « associé » et Lui
seul est Vérité. Donc un Enfant de Noa’h sincère et droit, qui ne
désire que la Vérité, ne croira pas dans le chitouf et ne jurera
pas par lui.
b) Participer à un culte : par exemple s’agenouiller, offrir un
sacrifice ou de l’encens ou tout autre rite devant un chitouf –
que ce soit dans le cadre d’une cérémonie commune à D.ieu et
au chitouf ou juste au chitouf - c’est de l’idolâtrie qui est donc
interdite à l’Enfant de Noa’h.
c) Même selon ceux qui estiment que les Enfants de Noa’h n’ont
pas l’interdiction du chitouf, celui qui garderait cette croyance
dans son cœur ne serait pas un ‘Hassid des Nations du monde.
d) Quand on parle de chitouf, il ne peut s’agir que d’une entité qui
serait secondaire par rapport à D.ieu, qui aurait reçu Sa
permission mais qui resterait soumis à l’Essentiel, c’est-à-dire
D.ieu qui conserverait Sa primauté. Mais si on pense que le
chitouf est égal à son Créateur c’est-à-dire qu’il existe deux
Puissances égales, que chacune possède par elle-même une
autorité, on se rend coupable d’idolâtrie. En effet, quiconque
prétend qu’il existe plus qu’un D.ieu (deux ou trois ou
davantage…) pratique l’idolâtrie.
Dans la Torah (Deutéronome 6 : 4) il est ordonné : « Écoute Israël, l’Éternel est
notre D.ieu, l’Éternel est Un ». C’est un ordre (Mitsva positive) de savoir que
D.ieu, le Créateur, est le seul D.ieu et il faut affirmer Son Unité de tout son cœur
et de toutes ses forces. Cet ordre ne s’adresse qu’au peuple Juif qui a
l’obligation de croire en D.ieu Un : les Enfants de Noa’h ne sont pas astreints à
cette Mitsva si sublime.
« L’Unité de D.ieu », ce n’est pas que la négation du chitouf (« associé »
expliqué plus haut) – rappelons que, selon certains décisionnaires, le chitouf est
interdit aux Enfants de Noa’h. Proclamer l’unité de D.ieu, c’est un tout autre
travail, bien plus ardu et élevé que la simple négation du chitouf. Bien sûr, cela
23
comprend aussi la négation du chitouf mais il s’agit d’un tout autre niveau de
croyance. Le peuple Juif doit révéler l’Unité de D.ieu dans tous ses actes,
sentiments et réflexions. La négation du chitouf, ce n’est que nier qu’il puisse
exister une force autre que D.ieu. Mais cela n’entraîne pas une union de
l’homme avec D.ieu dans tous ses actes – en tant que Mitsva (comme expliqué
dans le 3ème chapitre : la Mitsva permet d’unir le maître qui ordonne avec celui
qui exécute l’ordre).
Les prophètes nous ont promis que cette proclamation « Écoute Israël, l’Éternel
est notre D.ieu, l’Éternel est Un » résonnera dans le monde entier, dans la
bouche de tous les êtres humains.
L’Éternel qui est notre D.ieu (le D.ieu d’Israël) pour le moment est destiné à
devenir Un, l’unique Maître du monde comme il est écrit (Tsefania – Sophonie 3 :
9) : « Alors Je changerai vers tous les peuples du monde (qui n’aurons plus qu’)
une langue, claire, pour proclamer tous ensemble le Nom de D.ieu ». Cela
signifie que tous les peuples du monde ne croiront plus en aucune autre
divinité et ne prieront plus aucune autre divinité. Et il est écrit (Ze'haria – Zacharie
14 :9) : « En ce jour, D.ieu sera Un et Son Nom sera Un » : le monde entier
reconnaîtra la vérité de D.ieu Un et reniera le chitouf car il n’existe rien d’autre
en dehors de Sa Vérité.

4. L’obligation pour l’Enfant de Noa’h d’accepter le joug divin et d’accomplir ce


que D.ieu lui ordonne
Suite à cette obligation (de croire en D.ieu), l’Enfant de Noa’h est obligé
d’accepter sur lui et d’accomplir les Sept Lois des Enfants de Noa’h, avec tous
leurs détails qui ont été explicités dans la Torah orale – comme elles ont été
précisées sur le Mont Sinaï à Moché (Moïse) notre maître.

5. La crainte de D.ieu
Les Enfants de Noa’h ont l’obligation de craindre D.ieu comme il est écrit dans
la Torah (Deutéronome 10 : 20) : « Tu craindras l’Éternel ton D.ieu ». Cela consiste
à éveiller dans sa pensée et son cœur la crainte de D.ieu, chacun selon ses
capacités. Cela consiste à préserver l’honneur de D.ieu (ce qu’on appelle « la
crainte devant la grandeur de D.ieu ») ainsi qu’une crainte simple de base : ne
pas transgresser Ses commandements (ce qu’on appelle « la crainte du
pêché »).

24
Ce commandement implique une conduite morale : s’habituer à l’humilité,
s’efforcer d’acquérir cette qualité. L’homme s’efforcera d’accueillir les autres
avec un visage avenant ; si on l’humilie (et à plus forte raison si on lui manque
de respect), il ne se mettra pas en colère et ne tiendra pas rigueur afin de
s’habituer à être humble.
Celui qui craint D.ieu sera conscient de sa petitesse et donc humble devant
D.ieu et les hommes. Le contraire de cette conduite serait l’orgueil. C’est
pourquoi les Sages affirment que l’homme orgueilleux est considéré comme
servant les idoles : en effet, il se considère comme détaché de D.ieu, comme
étant lui-même une « existence », donc « étranger » à D.ieu : il s’occupe de lui-
même, fait ce qui lui plait et se sépare donc de la croyance en D.ieu.
Le dérivé de l’humilité, c’est la Tsniout (la discrétion). Celui qui craint D.ieu se
conduit avec Tsniout, dans toutes les circonstances : dans la façon de parler, de
s’habiller et surtout dans ses relations avec autrui.
La Tsniout permet à l’homme d’être conscient de la Présence de D.ieu, de
s’abaisser devant Lui comme il est écrit (Michlé – Proverbes 22 : 4) : « Grâce à
l’humilité il y a la crainte de D.ieu ». L’homme se gêne devant les autres et les
honore. Par contre, l’homme orgueilleux qui se vante devant les autres n’a pas
honte devant eux et ne les respecte pas.
L’homme qui se conduit avec Tsniout envers D.ieu ressent qu’Il le regarde,
inspecte ses actions et sa conduite ce qui l’amène à avoir honte devant Lui.
Donc la Tsniout le rend humble devant D.ieu et l’anime d’une crainte
respectueuse.
Une des façons d’être Tsniout – obligatoire pour qui veut être un ‘Hassid – est
l’habillement. Un homme doit toujours s’habiller de façon digne, convenant à
son rang en couvrant son corps comme il convient et ne pas évoluer dans la rue
comme un animal qui n’a pas de vêtements : l’animal n’a pas de discernement
et ne ressent pas du tout le besoin d’être honoré mais l’homme créé à l’image
de D.ieu se doit de faire attention à son honneur.
La femme en particulier doit couvrir son corps comme il convient. Si elle ne
s’habille pas comme il faut, elle risque de faire trébucher moralement et fauter
ceux qui la regardent (voir encore à ce sujet plus loin, le Décret 49) ; mais, de
plus, le manque de Tsniout la prive de son honneur et de « l’image de D.ieu »
qui rayonne dans chaque être humain. Quiconque se déshonore méprise
l’image de D.ieu qui est en lui.
Il en est de même pour toutes les façons de se conduire de l’être humain : il
doit s’efforcer de se conduire avec Tsniout en toutes circonstances comme le
25
recommande le prophète (Mi’ha – Michée 6 : 8) : « Marche avec Tsniout avec ton
D.ieu ». Cela signifie que celui ou celle qui se comporte avec Tsniout marche
avec D.ieu.

6. Amour de D.ieu
L’Enfant de Noa’h doit aimer D.ieu comme il est écrit dans la Torah (Deutéronome
6 : 5) : « Tu aimeras l'Eternel ton D.ieu de tout ton cœur ». L’homme doit éveiller
dans son cœur un amour intense de D.ieu. De quelle façon éveiller dans son
cœur amour et crainte de D.ieu ?
Il doit réfléchir aux actions et aux créatures extraordinaires du Créateur qui sont
une preuve de Son intelligence qui n’a pas de limite, qui n’est en rien
comparable à celle de l’être humain : aussitôt il aimera et louera D.ieu ; il
nourrira une grande envie de mieux Le connaître comme le dit le roi David
(Tehilim – Psaumes 42 : 3) : « Mon âme a soif du D.ieu vivant ».

Surtout : l’homme réfléchira que D.ieu fait vivre le monde à chaque instant et
que lui, l’individu, fait partie de cette Création merveilleuse ; or, comme
l’homme aime sa vie et sa vie lui est donnée à cet instant même par le Créateur,
il en viendra à aimer D.ieu car c’est sa vie ! Comme il est écrit dans la Torah
(Deutéronome 30 : 20) : « Aimer l’Éternel ton D.ieu, écouter Sa voix, s’attacher à
Lui car Il est ta vie et la longueur de tes jours ». Cela signifie qu’on doit aimer
D.ieu. Et comment cela se manifeste-t-il ? « Écouter Sa voix » en accomplissant
Ses Mitsvot, « s’attacher à Lui » en imitant Ses façons d’agir. Pourquoi ? « Car Il
est ta vie », c’est Lui qui te donne la vie et, en respectant Ses commandements,
tu vivras longtemps, « la longueur de tes jours ».
Quand l’homme réfléchit à la grandeur et aux merveilleuses créations de D.ieu,
au fait que la Création se perpétue constamment grâce au Créateur, il sera
impressionné et craindra ce grand D.ieu ; il réalisera qu’il n’est lui-même qu’une
créature infime, méprisable, à l’intelligence limitée et minime alors que D.ieu
est parfait en tout. C’est ce que dit le roi David (Tehilim – Psaumes 8 : 4 et
5) : « Quand je considère Tes cieux, l’œuvre de Tes doigts, la lune et les étoiles
que Tu as établies : qu’est-ce que l’homme pour que Tu t’en souviennes ? »,
c’est-à-dire : Quand je constate l’immensité de Ton œuvre, je me considère
comme un homme faible, de peu de valeur, qui ne mérite pas que D.ieu se
souvienne de lui.
Cette obligation d’aimer et craindre D.ieu est un must que l’intelligence
humaine comprend et qui est logique.

26
Puisque D.ieu a créé le monde – avec l’homme dans ce monde – pour les
missions qu’Il lui a assignées, que le monde Lui est soumis et que rien d’autre
que D.ieu n’existe, l’homme réalisera qu’il ne peut qu’être un serviteur de D.ieu.
C’est là toute sa grandeur.
Cependant, l’homme par nature ni n’aime ni ne craint ce qu’il ne ressent pas ; il
doit donc utiliser son intelligence et son discernement pour réfléchir à la
grandeur du Créateur et à la petitesse de l’homme. Ceci le rapprochera de la
connaissance de D.ieu et des sentiments qui en découlent et ceci l’amènera à
l’amour et la crainte.
L’homme devrait réfléchir à cela à tout instant. Afin d’être constamment
conscient de la Gloire de D.ieu et de l’obligation de Le craindre et de L’aimer.
Cependant, l’instant le plus propice à cela, c’est le moment de la prière, quand
l’homme se tient devant son Créateur et déverse son cœur, quand il se lie à
D.ieu pour recevoir Ses bénédictions. (Voir à ce propos - Décret 13).
Une autre façon de se lier à D.ieu pour L’aimer et Le craindre, c’est d’imiter Ses
façons d’agir et de les étudier. Ceci influencera l’homme et l’amènera à aimer et
craindre D.ieu comme il est écrit (Deutéronome 8 : 6) : « Tu préserveras les
commandements de l’Éternel ton D.ieu pour marcher dans Ses voies et Le
craindre » ou encore (Deutéronome 10 : 12) : « Marcher dans toutes Ses voies et
L’aimer ». Apparemment, ce sont deux directives (marcher dans Ses voies et Le
craindre) mais le fait qu’elles sont réunies dans un même verset prouve que tel
est le moyen de parvenir à L’aimer et Le craindre : s’attacher à Ses façons d’agir.
Quand on imite D.ieu, quand on se conduit de la manière qui Lui plait, cela
devient une seconde nature et on L’aime, on Le craint et on Le respecte.
Une conséquence de cet amour pour D.ieu sera la qualité très importante
d’aimer autrui. On éveillera des pensées positives quant à la conduite de l’autre
et on voudra l’aider. Le FAIT d’aider l’autre est un dérivé de l’interdiction du
meurtre (comme ce sera expliqué dans le Décret 38) mais l’ÉVEIL dans le cœur,
l’envie d’être bienveillant et d’aimer l’autre est un dérivé de l’amour pour D.ieu :
on fait l’impasse sur son égo et on se dévoue pour les autres.

7. Interdiction de prophétiser faussement au Nom de D.ieu


Un prophète est celui à qui D.ieu parle. Si un individu prétend en public que
D.ieu lui a parlé : dans certains cas, il nous est impossible de savoir s’il dit la
vérité ou non (il est expliqué dans le Décret 9 comment traiter le prophète que
nous ne connaissons pas comme tel et qui affirme que D.ieu lui a demandé de
nous transmettre quelque chose).
27
Selon la Torah, il existe des critères intangibles dans la Torah et si quelqu’un
prétend les modifier, c’est sûr que c’est un faux prophète. Ainsi, s’il prétend que
D.ieu lui dit de transgresser une loi de la Torah ou de l’annuler complètement
ou de servir une idole même un seul instant, c’est un faux prophète. C’est ce qui
est écrit dans la Torah (Deutéronome 18 : 20) : « Mais le prophète qui
intentionnellement dira en Mon Nom des paroles que Je ne lui ai pas
ordonnées (c’est-à-dire mentira et prétendra que J’ai dit telle ou telle parole
fausse en Mon Nom – ce qui inclut de modifier l’une ou l’autre des Mitsvot
données à Moché sur le Mont Sinaï), c’est certainement un prophète de
mensonge ».
Inclut dans cette interdiction : celui qui prétend que D.ieu lui a enseigné une
nouvelle Mitsva qui ne figure pas dans la Torah de Moché – que ce soit pour les
Juifs ou pour les Enfants de Noa’h.

8. Interdiction pour un Enfant de Noa’h de prophétiser au nom d’une idole


Ceci implique aussi celui qui influence les autres à pratiquer l’idolâtrie ou à
transgresser une Mitsva de la Torah – aussi bien un Juif qu’un Enfant de Noa’h.
Ceci implique qu’un Enfant de Noa’h n’a pas le droit d’écouter ou d’accepter les
fausses prophéties ou les incitations de gens à pratiquer l’idolâtrie – que ce soit
des paroles fausses prétendument prononcées par D.ieu ou des paroles qu’ils
attribueraient à une idole – ou encore d’inciter les gens à commettre des actes
interdits.
Quiconque « prophétise » au nom d’une idole et prétend que l’idole ou l’étoile
ou toute autre force lui a demandé de faire ceci ou cela, c’est un faux prophète.
Même s’il demande de faire ou de ne pas faire quelque chose de permis ou
même s’il ne fait que prédire l’avenir en effectuant un « miracle » comme
preuve de sa « vérité », il est interdit de l’écouter car cela fait partie des
stratégies de l’idole.
Même s’il s’agit de choses permises, s’il prétend que cela provient d’une idole,
il est en fait en train de donner une force à cette idole comme si elle avait la
capacité d’ordonner ou de prédire et par cela-même, c’est de l’idolâtrie.
C’est ce qui est écrit dans la Torah (Deutéronome 13 : 2 à 6) : « S’il se lève en ton
sein un prophète ou un rêveur, qu’il te donne un signe ou un prodige et que
ceci se réalise puis qu’il te dise : Allons après d’autres divinités que vous ne
connaissez pas ou que vous ne savez pas et adorons-les ! Tu n’écouteras pas les
paroles de ce prophète ou de ce rêveur car c’est D.ieu qui vous met à l’épreuve
pour déterminer si vous aimez l’Éternel votre D.ieu de tout votre cœur et de
28
toute votre âme. Vous marcherez après l’Éternel votre D.ieu, c’est Lui que vous
craindrez, ce sont Ses commandements que vous garderez, c’est Sa voix que
vous écouterez, c’est Lui que vous servirez et c’est à Lui que vous vous
attacherez. Quant à ce prophète ou ce rêveur, il sera mis à mort ».
Que ce soit le prophète qui répète des paroles fausses au nom de D.ieu (en
particulier en suggérant de transgresser Ses commandements) ou celui qui
parle (ouvertement) au nom d’une idole, c’est le même cas : tous deux sont
dans le mensonge et c’est pourquoi ils sont tous deux appelés « prophètes de
mensonge ».
C’est pourquoi la Torah juxtapose la loi de celui qui ajoute ou enlève une Mitsva
à la loi du prophète de mensonge comme il est écrit (Deutéronome 13 :
1) : « Toute parole que Je vous ordonne, vous la garderez pour l’accomplir, tu n’y
rajouteras rien et tu n’en enlèveras rien » puis le verset continue avec le cas du
prophète de mensonge : « S’il se lève en ton sein un prophète… qui te dise :
Allons après d’autres divinités que vous ne connaissez pas et servons-les ». En
effet, l’essentiel de la prophétie de mensonge consiste à tromper les gens et
leur faire accepter des paroles qui ne viennent pas de D.ieu : D.ieu a déjà fait
connaître Ses commandements à Moché sur le mont Sinaï et a promis de ne
jamais les modifier et de ne jamais changer d’avis. Or maintenant ce (faux)
prophète prétend que D.ieu aurait changé d’avis comme si, - D.ieu préserve – Il
aurait dit des mensonges à Moché et à nous dans Sa Torah ! C’est pourquoi ils
sont tous appelés « prophètes de mensonge » : celui qui prétend parler au nom
de D.ieu en fait parle en son nom propre et, ainsi, se considère comme une
divinité qui parlerait au nom de D.ieu.

9. L’obligation pour un Enfant de Noa’h d’écouter un vrai prophète qui parle


au nom de D.ieu qui préciserait comment effectuer une Mitsva.
Rambam affirme (Hil’hot Yessodé Hatorah - Lois des Fondements de la Torah chapitre
7) : « Un des fondements de la connaissance, c’est de savoir que D.ieu parle aux
hommes ». Pourquoi est-ce un fondement du judaïsme ?
La parole, c’est le lien qui unit D.ieu à l’homme. L’être humain qui est parvenu
par ses efforts à se rapprocher de D.ieu – après avoir nettoyé son cerveau et
son cœur de toutes les bêtises, vanités et mensonges du monde – devient un
réceptacle digne de recevoir tout ce que D.ieu souhaite lui donner pour éclairer
son chemin. Puisque D.ieu a créé le monde dans un certain but et qu’il est
impossible que l’être créé comprenne par lui-même quel est le but du monde, il

29
est donc obligatoire que D.ieu le lui révèle : c’est la prophétie, la transmission
de la connaissance et le lien entre D.ieu et l’homme.
Puisque D.ieu s’occupe de l’homme et le fait vivre, Sa volonté c’est que
l’homme soit comme Il le désire. Si l’homme mérite et est parvenu à se raffiner
pour que toute sa volonté soit conforme à celle de son Créateur, alors il s’est
unifié dans une certaine mesure à la volonté de D.ieu. Ce qui se révèle chez cet
homme - dans son cœur et son cerveau – c’est le début de l’étincelle de la
prophétie. Le réceptacle est prêt pour l’image de D.ieu en lui ; l’esprit et l’image
de D.ieu se trouvent en lui puisque c’est D.ieu qui le fait vivre toujours
complètement à chaque instant et, puisque le réceptacle est prêt, la volonté de
D.ieu s’y révèle et met dans ses pensées et son cerveau les bonnes directions
où il s’engagera.
Voici l’essentiel de la prophétie : l’union de la compréhension humaine à celle
de D.ieu (et non - comme le pensent les gens - la prédiction de l’avenir ou
l’accomplissement de tel ou tel prodige).
Ceci, ce n’est que le début, le premier niveau de la prophétie, avec la
Providence Divine et l’aide de D.ieu pour le guider vers la Vérité. Mais il existe
des niveaux plus élevés : la révélation divine aux grands ‘Hassidim qui sont
parfaitement attachés à D.ieu qui déverse sur eux un esprit divin pour faire
savoir au monde entier la parole de D.ieu : c’est le niveau des prophètes
mentionnés dans le Tana’h (la Bible).
La prophétie la plus sublime aussi bien par sa qualité (c’est-à-dire la prophétie
transmise à l’homme car c’était pour le monde entier et pour toutes les
générations) que par la qualité du prophète et son lien avec D.ieu, c’est la
prophétie de Moché Rabbénou quand il a reçu la Torah sur le Mont Sinaï. A
propos de Moché et de sa prophétie, il est écrit (Deutéronome 34 : 10) : « Il ne
s’est pas levé un autre prophète du peuple Juif comme Moché que D.ieu a
connu face à face ». La connaissance de D.ieu donnée à Moché n’a jamais été
accordée à quelqu’un d’autre.

La prophétie et l’enseignement de Moché


Ce qui est remarquable dans la prophétie de Moché et ce qui la rend si
différente et si supérieure à celle de tous les prophètes avant et après lui, c’est
la prophétie de la Torah qui est un enseignement général pour le monde entier.
Elle renferme la raison de toute existence – la révélation de la Volonté de D.ieu
au monde.

30
La prophétie de Moché n’était pas destinée qu’à un individu particulier ou à un
seul peuple et même pas seulement à toute une génération. C’est une
prophétie éternelle, destinée à tous les êtres humains, dans laquelle D.ieu
dévoile quel est le but du monde. C’est la Torah de Moché notre maître à qui
D.ieu l’a confiée, aux yeux et aux oreilles de tout le peuple Juif.
Elle se distingue aussi par la qualité du dévoilement. Tout prophète qui vient et
accomplit des prodiges ou même des grands miracles, on n’a pas le moyen de
discerner s’il agit vraiment sur ordre de D.ieu : peut-être agit-il avec des
moyens magiques ou de la sorcellerie. Celui qui ne croit qu’à cause des miracles
éventuels que cet homme accomplirait n’est pas vraiment convaincu et doute
toujours s’il n’y a pas là de la sorcellerie.
Mais le peuple Juif n’a pas complètement cru en Moché à cause des merveilles
(pourtant extraordinaires qu’il a accomplis) car c’était des miracles
« nécessaires » pour sauver le peuple de la main des Égyptiens, le guider et le
nourrir dans le désert … et non pas des miracles pour prouver la véracité de sa
prophétie.
Alors quand le peuple Juif a-t-il vraiment cru complètement en Moché ? Lors du
Don de la Torah. Car là, tous les Juifs ont vu de leurs yeux le dévoilement de la
Présence Divine et ce ne fut pas une légende racontée par des ancêtres. Leurs
oreilles ont entendu la voix de D.ieu proclamant les Dix Paroles sur le Mont
Sinaï. Le peuple tout entier a entendu D.ieu demandant à Moché : « Va leur dire
ceci et cela… ». Moché s’est approché dans le nuage et la Voix divine lui parlait
comme il est écrit (Exode 19 : 9) : « Afin que le peuple entende quand Je te parle
et ils auront toujours foi en toi ». Il est aussi écrit (Deutéronome 5 : 4) : « Face à
face D.ieu vous a parlé sur la montagne » c’est-à-dire que D.ieu s’est dévoilé
prophétiquement à tout le peuple Juif, ils ont tous entendu la parole divine et
ont tous compris que la mission de Moché était d’être l’émissaire de D.ieu pour
recevoir la Torah et la leur transmettre.
Donc tous les Juifs sont témoins que la prophétie de Moché est vraie et il n’a
pas eu besoin d’accomplir d’autres miracles. Tous étaient comme deux témoins
qui attestent que les autres ont bien vu et entendu ce qu’ils ont eux-mêmes vu
et entendu. Tous étaient témoins du Don de la Torah et étaient donc convaincus
de la véracité de la prophétie de Moché.

La véracité de tous les prophètes résulte de la Torah de Moché


De tout ceci on déduit que nous ne croyons pas à tout prophète qui se lèverait
après Moché à cause de prodiges qu’il accomplirait éventuellement. Nous ne
31
l’écoutons que parce que Moché a ordonné dans la Torah (Deutéronome 18 :
15) : « L’Éternel ton D.ieu fera se lever un prophète de ton sein, de parmi tes
frères comme moi : c’est lui que vous écouterez ». De même que la Torah nous
enjoint de ne trancher un jugement que sur la foi de deux témoins – bien que
nous ne puissions pas être sûrs à 100% qu’ils disent la vérité – de même c’est
une Mitsva d’écouter ce prophète bien que nous ne soyons pas sûrs qu’il soit
sincère ou qu’il n’use de sorcellerie.
Donc si se lève un prophète qui exécute de grands prodiges et demande à
annuler la prophétie de Moché, nous ne l’écoutons pas et nous sommes
certains que ce ne sont là que des tours de magie et de sorcellerie. En effet, la
prophétie de Moché n’est pas validée par ses miracles mais par le fait que nous
avons-nous-mêmes été témoins que D.ieu a nommé Moché comme Son
prophète sur le Mont Sinaï. Ces faux prophètes ressemblent à des « témoins »
qui tentent de persuader quelqu’un que ce qu’il a vu n’est pas vrai : on ne
l’écoute pas car ce qu’il prétend est faux !
C’est pourquoi la Torah précise que, même si le miracle ou le prodige se
réalisent, il ne faut pas écouter cet homme car il cherche à nier ce que tes yeux
ont vu. Puisque nous ne croyons pas à un prophète à cause des miracles qu’il
accomplit mais simplement parce que Moché nous a ordonné de croire dans les
(vrais) prophètes, comment pourrions-nous accepter celui qui veut nier la
prophétie de Moché que nous avons vue et entendue ?

Le rôle d’un prophète dans les générations après Moché


Il est clair et explicite que la Torah est éternelle, elle ne sera pas modifiée, on ne
peut rien y ajouter ou en retrancher. Ainsi qu’il est écrit (Deutéronome 13 :
1) : « Tout ce que Je vous ordonne, vous garderez pour l’accomplir, tu
n’ajouteras rien et tu n’en enlèveras rien ». Il est aussi écrit (Deutéronome 29 :
28) : « Ce qui est dévoilé est pour nous et nos enfants pour toujours, afin
d’accomplir toutes les paroles de cette Torah ». Nous avons donc l’obligation de
nous soumettre à cette Torah éternellement ainsi qu’il est écrit (Lévitique 23 :
14) : « C’est un décret éternel pour vos générations ». Il est aussi écrit dans la
Torah (Deutéronome 30 :11 et 12) : « Car cette Loi que Je t’ordonne aujourd’hui
n’est pas extraordinaire pour toi et n’est pas lointaine, elle n’est pas dans les
cieux ». Cela signifie que la Torah a été donnée dans son intégrité au peuple
Juif, pour l’étudier et l’accomplir. D.ieu n’ordonnera pas du haut du ciel de
nouvelles lois : donc aucun prophète n’a le droit de changer quoi que ce soit
dans la Torah, maintenant après le Mont Sinaï.

32
Si un homme, Juif ou non, exécute des prodiges et prétend que D.ieu l’a envoyé
pour ajouter une Mitsva ou pour en enlever une ou pour en donner une
explication que nous n’avons pas entendue de Moché ou que les lois données
sur le Sinaï ne sont pas valables pour toutes les générations (mais seulement
pour un temps qui serait maintenant révolu) – ce serait un faux prophète. En
effet, il veut déraciner une loi de Moché alors que D.ieu a précisé à Moché que
cette Torah est éternelle, pour toutes les générations. Or D.ieu n’est pas un être
humain qui se rétracterait.
Alors pourquoi est-il écrit dans la Torah (Deutéronome 18 : 18) : « Je ferai se lever
un prophète pour eux… Je mettrai Mes paroles dans sa bouche et il vous dira
tout ce que J’ordonne » ? (En d’autres mots : dans quel but D.ieu nous enverrait
un prophète ?).
Il ne viendrait pas pour fonder une autre religion, pour donner d’autres lois !
Non, il viendrait renforcer les paroles de la Torah, avertir les gens de ne pas les
transgresser comme l’a précisé le dernier prophète, Mala’hi (Malachie - 3 :
22) : « Souvenez-vous de la Torah de Moché Mon serviteur » ! Ou encore : il
pourrait donner des lois dans des domaines « neutres » du genre : Allez dans
tel endroit ou n’y allez pas ; faites la guerre aujourd’hui ou ne la faites pas ;
construisez cette muraille ou ne la construisez pas etc. Ce sera une obligation
de l’écouter.
On ne croit pas que quiconque accomplirait un prodige serait un prophète. Il
faut que ce soit un homme que nous connaissons car, depuis ses débuts, il est
digne de la prophétie par son intelligence et ses actions dans lesquelles il se
distingue de toute sa génération ; il s’élève dans le chemin de la prophétie, se
conduit avec pureté et sainteté : si cet homme vient et accomplit des miracles
et dit que D.ieu l’a envoyé, c’est une obligation de l’écouter comme il est
écrit (Deutéronome 18 : 15) : « Lui, vous l’écouterez ».

Providence Divine
Croire dans la perfection de l’existence de D.ieu et la reconnaître dans chaque
détail de la création et de la vie de l’être humain, cela l’amène à reconnaître la
Providence Divine dans tout ce qui arrive dans le monde.
Puisque tout a été créé par D.ieu qui fait vivre chacun à chaque instant, cette
existence et cette vitalité se renouvellent à chaque instant par un effet de la
Volonté divine. D.ieu connaît et ressent à chaque instant ce qui affecte chaque
détail de la création.

33
Tout est calculé et a une fonction. Pourquoi tel homme va ici ou là, tout ce qui
lui arrive, tout est l’effet de la Providence Divine. Ce n’est pas seulement les
mouvements de l’homme mais même les objets inanimés comme une feuille
morte qui tombe d’un arbre qui sont dirigés par la force de la Providence
Divine.
Quand l’être humain réfléchit comment la Providence Divine guide chacun de
ses pas, il recherche D.ieu dans toutes ses décisions, dans tout ce qui lui arrive.
Rien que cela – dans la plupart des cas – l’amène à comprendre comment il doit
se conduire dans telle ou telle situation. S’il réalise que D.ieu l’observe et l’a
amené dans tel endroit à tel moment pour un but précis, c’est que c’est
certainement dans une bonne intention.
Quand le ‘Hassid se demande dans quel but D.ieu l’a placé dans telle situation,
D.ieu dans Sa bonté lui donnera un esprit plus sensible, un peu comme une
petite prophétie pour comprendre ce qui est attendu de lui et ce qu’il doit
accomplir ici et maintenant.
S’il ne comprend pas dans certains cas ce qui lui arrive, le ‘Hassid priera et
demandera à D.ieu de lui révéler le but de ce qui se passe et D.ieu lui répondra
et le guidera en tout.
La méditation sur la Providence constante qui enveloppe la vie de l’homme lui
donnera la confiance en D.ieu : il réalise que ce n’est pas lui qui dirige sa vie
mais c’est D.ieu qui l’a créé depuis le début, qui le guide en chaque circonstance
et qu’il existe donc un but dans tout ce qui se passe. Le ‘Hassid – même s’il ne
parvient pas à le comprendre avec sa logique – aura néanmoins confiance en
D.ieu qui agit avec lui certainement pour le bien.
Ces trois principes – la prophétie, la récompense / la punition et la Providence
Divine en tous lieux et à chaque instant – se renforcent l’une l’autre. Nous
croyons en D.ieu qui créé l’être humain pour un but et, pour cela, lui dévoile la
finalité de son existence, se préoccupe de ce qui lui arrive et le juge selon ses
actions – pour le bien ou pour le mal.

10. Interdiction de fonder une autre religion ou de lancer une nouvelle Mitsva
Il est interdit à un Enfant de Noa’h (ou à plusieurs) d’inventer une nouvelle
Mitsva en prétendant que c’est D.ieu qui l’a ordonné – à la manière des Sept
Lois des Enfants de Noa’h définies dans la Torah de Moché. C’est ce qui est écrit
dans la Torah (Deutéronome 13 : 1) : « Tout ce que Je vous ordonne, vous garderez
pour l’accomplir, tu n’y ajouteras rien et tu n’en retrancheras rien ». Il n’y a pas
de différence selon qu’il s’agisse d’une nouvelle initiative qu’ils auraient
34
imaginée – par exemple fixer une nouvelle fête à une date quelconque en
prétendant que D.ieu leur a ordonné de célébrer durant le 5 ème mois une fête
comme un Chabbat avec des rites particuliers - ou s’imaginer qu’ils sont obligés
de respecter une Mitsva que D.ieu n’a donnée qu’au peuple Juif : par exemple
que D.ieu leur aurait ordonné de mettre les Tefilines ou de porter des Tsitsits.
Il va sans dire qu’il leur est interdit de fonder une nouvelle religion avec des
rites nouveaux en dehors de ces Sept Lois des Enfants de Noa’h – comme l’ont
fait les fondateurs du christianisme et de l’islam.
Quiconque invente une nouvelle religion renie l’ordre de D.ieu à Noa’h et ses
enfants de respecter les Sept Lois et il renie le Don de la Torah sur le Mont Sinaï.
Même si cette nouvelle religion englobait ces Sept Lois telles qu’elles ont été
données aux Enfants de Noa’h, ce serait une négation de la Loi de Moché car il
les accomplirait de sa propre initiative et non en conséquence d’un ordre divin.
Mais si un Enfant de Noa’h choisit d’adopter un de ces bons comportements de
son propre gré, individuellement, librement et non comme un ordre de D.ieu, il
en a le droit.
Par exemple, un Enfant de Noa’h désire prélever le dixième de ses récoltes ou
de son salaire pour les pauvres et s’en fait une loi intangible, c’est valable, cela
lui sera compté comme une Tsedaka et un grand mérite. En effet, c’est une
conduite logique : aider autrui. De même, si un Enfant de Noa’h désire, de lui-
même, se faire circoncire comme Avraham notre père, il en a le droit et c’est
une bonne chose car cela diminue son mauvais penchant (ou pour toute autre
raison). Ce sont des conduites neutres, permises qui ont une raison logique.
Mais l’Enfant de Noa’h n’a pas le droit d’adopter une conduite qui n’est pas
compréhensible selon la logique et qui, de fait, serait une copie d’un décret de
la Torah spécifique au peuple Juif et n’a, apparemment, aucun impact positif sur
le monde. Une telle attitude démontrerait de sa part qu’il veut ajouter une
Mitsva.
Ainsi, un Enfant de Noa’h qui prendrait comme principe de ne pas porter de
vêtement Chaatnez (un mélange de lin et laine que la Torah interdit aux Juifs)
ou de ne pas cuire ensemble du lait et de la viande (donc des Mitsvot qui ne
peuvent pas être expliquées logiquement) enfreindrait cette loi puisqu’il
adopterait une loi spécifique au peuple Juif.

11. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de respecter le Chabbat comme il est
écrit (Genèse 8 : 22) : « Ils ne s’arrêteront pas » (qui peut aussi se traduire : Ils ne
feront pas le Chabbat).
35
Un Enfant de Noa’h n’a pas non plus le droit de respecter un jour de repos
comme le Chabbat un autre jour de la semaine. Il n’a pas non plus le droit de
respecter les jours de fêtes spécifiques au peuple Juif (Rambam – Hil’hot Mela’him
10 : de là on déduit que :) l’Enfant de Noa’h n’a pas le droit de se fixer pour lui-
même un jour de jeûne comme Yom Kipour, de s’obliger à manger des Matsot à
Pessa’h ou de manger dans la Soucca pendant Souccot. En effet, en agissant
ainsi, il s’impose des fêtes et s’invente une nouvelle religion.
Mais il a le droit de se fixer un jour de repos si ce n’est pas dans le but d’en faire
un jour de Chabbat comme le peuple Juif.
On pourrait alors se poser la question : n’est-il pas écrit dans la prophétie de
Zacharie qu’à l’avenir, tous les peuples fêteront Souccot ?
De fait, cette prophétie évoque les temps futurs, qui suivront la Guerre de Gog
et Magog : « Ceux qui resteront (survivront des guerres de Gog et Magog) de
tous les peuples qui viendront à Jérusalem monteront chaque année se
prosterner devant le Roi D.ieu des armées et célébrer la fête de Souccot ». Il
continue : « Celui des familles de la terre (des peuples du monde) qui ne
montera pas vers Jérusalem se prosterner devant le Roi D.ieu des armées n’aura
pas de pluie », c’est-à-dire : ce ne sera pas seulement un mérite de monter et
célébrer Souccot mais ce sera une obligation et celui qui ne le fera pas sera
puni.
Ces versets spécifient : « Célébrer la fête de Souccot ». Tous les peuples
monteront en pèlerinage vers le futur Temple se prosterner devant le Roi D.ieu
des armées et célébrer Souccot, chaque année. Ne s’agit-il pas ici d’un rajout
d’une fête spécifique aux Juifs ? Même s’il est précisé que ce sera une directive
émanant d’un prophète, aucun prophète n’a le droit d’ajouter quelque chose de
nouveau (comme expliqué dans les Décrets 7 et 9) ?
Il me semble que l’explication simple (du point de vue de la Hala’ha en accord
avec le verset) est que l’essentiel de leur obligation à l’avenir sera le fait de
monter vers Jérusalem et de se prosterner dans le Beth Hamikdach (le Temple)
pour prier. Donc ce ne sera pas une innovation mais un dérivé de l’obligation
des Enfants de Noa’h de prier et de se soumettre à D.ieu (comme ce sera
expliqué dans le Décret 13). Mais la nouveauté, c’est qu’ils seront obligés de se
prosterner devant D.ieu justement lors de la fête de Souccot. Il est écrit qu’ils
célébreront la fête de Souccot mais ce ne sera pas une nouvelle loi pour eux : la
preuve, c’est qu’en dehors de Jérusalem, ils ne célébreront pas Souccot.
Puisqu’ils seront obligés de monter en pèlerinage au Temple au moment de la
fête de Souccot, ils seront obligés de suivre les coutumes autour d’eux : comme

36
les Juifs seront en train de fêter Souccot, ils s’associeront à eux et mangeront
dans la Soucca. Mais ce ne sera pas une fête spécifique des non-Juifs.

12. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de modifier une Mitsva ou même un
détail ou d’annuler une des Sept Lois que Moché a transmises depuis le Mont
Sinaï. C’est ce qui est écrit dans la Torah (Deutéronome 13 : 1) : « Toute la parole
que Je vous ordonne, vous la garderez pour l’accomplir, tu n’y ajouteras rien et
tu n’en retrancheras rien ».
Modifier : par exemple accepter qu’il y a une Mitsva de ne pas manger le
membre d’un animal vivant mais, dorénavant, cela ne vaudrait que pour le
bétail et non pour les animaux sauvages.
Retrancher : par exemple en annulant complètement une de ces Lois,
reconnaître qu’au Mont Sinaï il y a eu cette interdiction de manger le membre
d’un animal vivant mais que maintenant, cette loi est caduque et qu’il serait
donc permis de le manger.
Et de même pour chacune des Sept Lois des Enfants de Noa’h données à Moché
sur le Mont Sinaï.
En effet, nous avons la tradition que les lois de la Torah données sur le Mont
Sinaï sont éternelles ; D.ieu ne les modifiera jamais comme Il l’a promis dans la
Torah de Moché Son serviteur (Lévitique 27 : 34) : « Ce sont les Lois que l’Éternel a
ordonnées à Moché pour les Enfants d’Israël sur le Mont Sinaï ». Il ne rajoutera
pas de Lois comme il est aussi écrit (Mala’hi 3 : 6) : « Moi D.ieu, Je n’ai pas
changé », Je ne change pas d’avis et de paroles car l’Éternel D.ieu est la Vérité et
Sa parole est vraie.

13. Les Enfants de Noa’h ont l’obligation de prier D.ieu et de Lui demander
tous leurs besoins comme il est écrit (Deutéronome 11 : 13) : « Et Le servir de tout
votre cœur ». Les Sages ont expliqué : Quel est le travail du cœur ? C’est le
travail de la prière. C’est un grand principe dans la croyance en D.ieu ; il inclut la
confiance : avoir confiance en D.ieu, qu’Il pourvoira à tous les besoins ainsi que
l’espoir : n’espérer qu’en D.ieu, Le prier et Lui demander tout ce dont on a
besoin car on est conscient que Lui seul est digne de confiance.
Pourquoi la prière est-elle appelée « travail du cœur » ? C’est parce que
l’essentiel de la prière, c’est l’intention du cœur : asservir son cœur et ses
pensées au Maître du monde. Le travail, c’est se lier à D.ieu d’une façon

37
essentielle. Le ‘Hassid comprend que ceci (cet attachement à D.ieu) est ce dont
il a le plus besoin et c’est ce qu’il demande à D.ieu de lui accorder.
La prière pour un Enfant de Noa’h doit être fixe, c’est-à-dire qu’il doit se fixer un
moment pour se tenir devant D.ieu, prier, accepter sur lui le joug de la royauté
divine, Le remercier pour son existence et toutes les bénédictions qu’il a reçues
jusqu’à présent et demander ce dont il a besoin. Il convient que l’Enfant de
Noa’h se fixe un endroit et un temps spécifiques pour prier chaque jour. Et si
cela ne lui est pas possible, qu’il se fixe un moment de prière dans la semaine
selon ses possibilités.
Il convient que l’endroit de la prière soit propre et honorable, que son corps
aussi soit propre et digne, qu’il soit habillé de façon respectable quand il se
tient devant le Maître du monde et qu’il prie devant Lui.
Bien que l’essentiel de la prière soit dans le cœur, il convient de prononcer les
mots avec les lèvres. S’il prie seul, il peut prier à voix haute. Mais s’il prie en
communauté, il priera à voix basse pour ne pas déranger les autres fidèles.
S’il peut prier dans une synagogue – un endroit saint et propice à la prière, c’est
très bien. S’il peut prier en communauté avec d’autres gens qui prient, c’est une
très bonne chose. Malgré cela, il devra aussi se réserver un moment pour des
prières personnelles où, seul, il pourra bien se concentrer.
En aucun cas, il ne priera dans une église ou une mosquée ou tout autre temple
idolâtre car ce sont des endroits impurs.
Il est recommandé d’adopter un texte de prière fixe afin que la prière soit
usuelle dans sa bouche. Il faut être sérieux dans son devoir de prière ; même si
on ne parvient pas à canaliser ses idées, il faut garder ses habitudes afin que
cela devienne une seconde nature. (Il est vrai que les Sages préconisent : « Ne
fais pas de ta prière une fixation mais des supplications et demandes de pitié
auprès de D.ieu », c’est-à-dire que cela ne doit pas devenir une routine dans
laquelle il n’y a plus aucune intention et réflexion. La prière doit être un
épanchement de l’âme, une supplication et une requête de pitié. Les paroles
des Sages sont vraies et chacun doit s’efforcer d’agir ainsi. Néanmoins, il arrive
des situations où il est difficile de se concentrer et où il faut, malgré tout, prier
comme on en a pris l’habitude).
Dans le devoir de prière, il y a aussi le devoir de se prosterner et d’offrir des
sacrifices. L’Enfant de Noa’h qui s’est engagé à offrir un sacrifice d’holocauste
dans le Temple (quand il sera reconstruit), les Cohanim accepteront son
sacrifice et le feront brûler sur l’autel de D.ieu.

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L’Enfant de Noa’h peut se prosterner de tout son long en tout endroit devant
D.ieu. Quand il se prosterne, il prononcera des paroles de louange devant D.ieu
et présentera ses requêtes dans son langage. Il veillera auparavant à ce que
l’endroit soit propre et digne comme nous l’avons expliqué plus haut à propos
de la prière.

14. L’Enfant de Noa’h a l’obligation de remercier D.ieu pour chaque bonne


chose qui lui arrive, que ce soit un bienfait constant ou ponctuel, en particulier
pour sa nourriture et sa subsistance en général.
Il n’y a pas de texte précis pour ces remerciements, l’essentiel c’est de ressentir
dans son cœur un remerciement à D.ieu pour tout le bien qu’Il fait à l’homme.
Nous proposons ici un texte de bénédiction pour certains aliments :
avant de manger un repas avec du pain : Béni soit D.ieu qui me donne ce pain à
manger
ou : Béni sois-Tu Éternel notre D.ieu Roi du monde, qui fait sortir le pain de la
terre.
Pour un autre aliment, il prononcera une bénédiction correspondante pour
remercier D.ieu. Par exemple, s’il mange de la viande ou du poisson et qu’il
boit, il dira : Béni sois-Tu Éternel notre D.ieu Roi du monde qui a tout créé par Sa
parole.
S’il boit du vin qui est considéré comme une boisson particulièrement
importante, il dira : Béni sois-Tu Éternel notre D.ieu, Roi du monde, qui créé le
fruit de la vigne.
S’il mange des fruits ou des légumes, il dira : Béni sois-Tu Éternel notre D.ieu Roi
du monde qui créé le fruit de l’arbre (ou : de la terre).
Et de cette manière, il bénira D.ieu à chaque occasion pour tout le bien qu’il
reçoit.
Après le repas, il prononcera le Birkat Hamazone (actions de grâces) qui est une
louange à D.ieu pour sa nourriture et pour sa santé. Voici le texte que je
propose :
« Nous Te remercions, Maître du monde, qui nourrit le monde entier dans Sa
bonté, avec Sa grâce, Sa bonté et Sa pitié. Il donne du pain à tout être humain
car Sa bonté est éternelle. Et dans Sa grande bonté avec nous, Il ne nous a
jamais laissé manquer de rien et ne nous fera manquer de rien ni de nourriture
à jamais pour Son grand Nom. Car Il est D.ieu qui nourrit et assure la
39
subsistance de tous, qui prodigue du bien à tous et qui prépare de la nourriture
pour tous les êtres qu’Il a créés comme il est écrit : « Tu ouvres Ta main et Tu
rassasies chaque être vivant » selon Sa volonté. Béni soit le D.ieu du monde de
qui nous avons mangé.
De grâce, Maître du monde accorde-nous dans Ta bonté la vie, la santé, la
subsistance pour que nous Te louions et Te remercions éternellement. De grâce,
ne nous fais pas dépendre des cadeaux des êtres humains et de leurs prêts mais
seulement de Ta main pleine, ouverte et large, afin que nous n’ayons pas honte
et ne soyons jamais humiliés. Louez D.ieu car Il est bon car Sa bonté est
éternelle. Béni soit l’homme qui aura confiance en D.ieu et pour qui D.ieu sera
Son appui. »
De même il faut remercier D.ieu pour toute jouissance dans ce monde ci. Cela
fait partie du service de D.ieu : reconnaître Sa bonté constante.
De même qu’il faut bénir D.ieu pour le bien, il faut accepter Ses décrets parfois
durs et Le bénir dans le malheur également. Car l’homme doit être conscient
que tout vient de Lui, que ce qui a été décrété est juste et vrai, que c’est pour
son bien. Comme l’a écrit le roi David (Tehilim – Psaumes 145 – 17) : « D.ieu est
juste dans tous Ses chemins et bon dans tous Ses actes ».

15. L’Enfant de Noa’h devrait s’efforcer d’imiter D.ieu, Ses qualités sublimes,
Ses actes de bonté ; c’est-à-dire qu’il doit perfectionner son caractère. Ceci est
une loi qu’on comprend et qui est mentionnée dans la Torah (Deutéronome 28 :
9) : « Tu marcheras dans Ses voies », ou encore (Deutéronome 13 : 5) : « Vous vous
attacherez à Lui ». Nos Sages ont commenté : Est-il possible de marcher dans
les voies de D.ieu ? Est-il possible que l’homme s’attache à D.ieu ? Mais voilà :
Attache-toi à Ses voies qui sont bonnes ! De même qu’Il est rempli de
compassion, de pitié, de justice, toi aussi conduis-toi ainsi ! De la sorte, tu
accompliras ce qui est écrit dans la Torah (Deutéronome 11 : 22) : « Pour marcher
dans toutes Ses voies et t’attacher à Lui ».
De même que D.ieu déverse du bien sur Ses créatures, toi aussi prodigue le
bien autour de toi, c’est-à-dire perfectionne ton caractère afin de te conduire
selon Ses bonnes manières.
De même qu’Il habille ceux qui n’ont pas de vêtements comme il est écrit
(Genèse 3 : 21) : « L’Éternel D.ieu a confectionné pour l’homme et sa femme des
tuniques de peau et les a habillés », toi aussi, donne des vêtements à ceux qui
n’en ont pas. De même que D.ieu rend visite aux malades comme il est écrit
(Genèse 13 : 18) : « D.ieu lui apparut dans les plaines de Mamré » quand Avraham
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était faible après la circoncision, toi aussi rend visite aux malades. D.ieu console
les endeuillés comme il est écrit (Genèse 28 : 11) : « Ce fut après la mort
d’Avraham, D.ieu bénit son fils Yits’hak », toi aussi va consoler les endeuillés.
D.ieu a enterré les morts comme il est écrit (Deutéronome 34 : 6) : « Il l’enterra
dans la vallée », toi aussi, enterre les morts. De même qu’Il entend le cri de la
veuve et de l’orphelin, toi aussi prête l’oreille aux pleurs de ces malheureux.

16. Techouva (retour à D.ieu)


L’Enfant de Noa’h a l’obligation de réfléchir aux actes qu’il a commis et à sa
conduite : sont-ils justes et corrects ? Est-il nécessaire de les corriger ? Inutile
de préciser qu’il se doit de regretter et de faire Techouva sur ses mauvaises
actions et les erreurs qu’il a commises contre la volonté divine – que ce soit
intentionnellement ou par mégarde. L’homme doit toujours s’efforcer
d’améliorer sa conduite, ce qui s’appelle Techouva.
C’est ainsi que D.ieu a montré la voie à Caïn, après que son sacrifice n’ait pas
été agréé par D.ieu et que Caïn en fut mortifié (Genèse 4 : 7) : « N’est-ce pas que,
si tu t’améliores, ce sera porté » (Si tu améliores ta façon d’agir, il te sera
pardonné). D.ieu lui enseigna la possibilité de faire Techouva. La déception et la
colère de Caïn étaient le début de sa faute et de sa chute dans le mal. Pour
l’empêcher de tomber encore plus bas (comme cela s’est effectivement
malheureusement produit par la suite puisqu’il a fauté et a tué son frère Abel),
D.ieu lui assura qu’aucun chemin n’est barré pour celui qui décide de changer et
d’agir dorénavant pour le bien.
La Techouva comprend plusieurs étapes :
a) Avouer ses fautes
b) Demander pardon à D.ieu
c) Regretter le passé
d) Prendre de bonnes décisions pour l’avenir.
Avouer ses fautes : se tenir devant D.ieu (par exemple pendant le moment de
la prière ou tout autre moment), prononcer avec la bouche en disant (par
exemple) : « De grâce, oh mon D.ieu, j’ai pêché devant Toi en faisant ceci cou
cela (détailler le pêché en question). Je reconnais que j’ai pêché devant Toi, j’en
ai honte et je veux revenir vers Toi. Accepte mon sincère repentir ».
Si on se trouve dans une communauté, on prononcera ces mots à voix base
pour que les gens autour n’entendent pas.
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Demander pardon : A la suite de la confession, on dira (par exemple) « Je Te
supplie de pardonner tel et tel pêché que j’ai commis devant Toi. Lave-moi,
purifie-moi de cette faute ! ».
Regretter le passé et prendre des bonnes décisions : « Je regrette ce que j’ai
fait, j’en ai honte et je ne recommencerai plus. A partir de maintenant, je
m’engage à me conduire comme Toi Tu le veux et, de toutes mes forces, je
tâcherai d’accomplir toutes Tes lois ».
La Techouva sert pour des pêchés qu’on a commis envers D.ieu (par exemple
l’idolâtrie, le membre d’un animal vivant, une relation interdite) ou envers un
autre être humain (exemple le vol, la blessure physique ou financière).
Cependant, dans le cas des relations avec autrui, même si on a fait Techouva,
D.ieu ne pardonne pas tant qu’on n’a pas présenté des excuses à l’autre et
qu’on n’a pas réparé la situation autant que possible. (Voir Décret 43).
Cette obligation inclut le devoir d’adresser des reproches à ceux qui ont fauté
afin qu’ils regrettent leurs actions. De même qu’on doit scruter ses propres
actions et les réparer, de même – si c’est possible – on doit aider les autres à
améliorer leur conduite. On n’est pas obligé d’adresser des reproches si on
estime que ses paroles ne seront pas acceptées et, au contraire, provoqueront
de l’inimitié et de la haine. (L’obligation d’adresser des reproches fait aussi
partie de l’obligation d’établir des cours de justice – d’enseigner aux gens où est
la vérité et la volonté de D.ieu – voir Décret 66).

17. Ne pas se tourner vers les idoles


L’Enfant de Noa’h ne doit pas se tourner vers tout ce qui touche à l’idolâtrie
comme il est écrit (Lévitique19 : 4) : « Ne vous tournez pas vers les fausses
divinités ». Il est aussi écrit (Deutéronome 12 : 30) : « Ne recherche pas leurs
divinités en disant : Comment ces peuples servaient-ils leurs divinités ? Je veux
agir de même ! ». Cela signifie qu’on ne doit pas chercher à se renseigner sur
leurs cultes et leurs façons de vivre : en effet, ceci peut entraîner l’envie de
servir des idoles et d’agir comme eux. Par exemple, on ne lira pas leurs livres
qui enseignent leur façon d’adorer leurs divinités etc. On n’entrera pas dans
leurs temples.

18. Interdiction de se joindre aux fêtes païennes


L’Enfant de Noa’h ne rejoindra pas les païens dans leurs fêtes, il ne mangera pas
les mets qu’ils consomment pendant leurs fêtes ou les sacrifices qu’ils offrent à
42
leurs idoles comme il est écrit (Exode 34 : 15) : « Ils sacrifieront à leurs idoles, ils
t’appelleront et tu mangeras de leurs sacrifices ». Cette conduite appelle à agir
comme eux et donc à pratiquer leurs cultes. De plus, celui qui participe à ces
festins reconnaît et loue leurs divinités – ce qui est aussi interdit (voir Décret
19).

19. Interdiction d’honorer l’idole même si on ne l’adore pas


Toute forme d’honneur accordée à l’idole – même si on ne la sert pas et qu’on
ne se soumet pas à elle, ce qui serait à coup sûr de l’idolâtrie comme expliqué
dans Décret 1) – est interdite. On ne lui manifestera aucune forme de respect.
De même, il est interdit d’admirer une idole, de s’extasier devant la beauté
d’une idole ou la façon de la servir. Il est aussi interdit de prier devant une idole,
de jurer en son nom ainsi qu’il est écrit (Exode 23 : 13) : « Vous ne mentionnerez
pas le nom des autres divinités, on ne les entendra pas sortir de votre
bouche ».
De cela, on déduit aussi qu’il est interdit de faire jurer les autres par leurs idoles
car ainsi, on entraînerait les gens à leur accorder du respect : « Le nom des
autres divinités ne sera pas mentionné à cause de toi ». On n’entendra pas leurs
noms à cause de toi et tu ne causeras pas les autres à les mentionner avec
adoration.

20. L’Enfant de Noa’h n’a pas le droit de construire une idole même s’il n’a pas
l’intention de l’adorer, même s’il ne la fabrique pas pour son usage personnel
mais pour d’autres gens. C’est ce que la Torah décrit ainsi (Exode 20 : 4) : « Tu ne
feras pas pour toi une idole ou toute image » ou encore (Lévitique 19 : 4) : « Vous
ne ferez pas pour vous des idoles de métal ».
Il est interdit de sculpter une idole de forme humaine ou de forme d’ange juste
pour l’art ainsi qu’il est écrit (Exode 20 : 20) : « Vous ne ferez pas avec Moi des
idoles d’argent et d’or » c’est-à-dire des formes artistiques qui se tiendraient
« avec Moi », à côté de Moi car cela entraînera très probablement de l’idolâtrie.

21. L’Enfant de Noa’h n’a pas le droit de réparer ou d’établir des objets de
culte idolâtres
Non seulement il ne doit pas façonner des idoles mais il ne doit pas non plus
fabriquer des objets pouvant servir au culte de l’idole, quels qu’ils soient.
43
Donc il ne plantera pas des arbustes qui servent à l’idolâtrie que certains
adorent comme s’ils étaient des idoles ou qui ont une forme spéciale pouvant
servir les idolâtres (par exemple un arbre planté à côté d’un autel idolâtre pour
augmenter sa beauté ou pour offrir ses fruits ou son feuillage en sacrifice à
l’idole).
De même l’Enfant de Noa’h n’aura pas le droit d’ériger une Matséva, un
bâtiment ou une colonne ou tout autre signe remarquable dont le but est
d’inciter les gens à venir adorer l’idole ou de rendre publique la présence d’une
idole. C’est ce qui est écrit (Lévitique 26 : 1) : « Une idole ou une Matséva vous
n’érigerez pas pour vous » ou encore (Deutéronome 16 : 22) : « Tu n’érigeras pas
pour toi une Matséva que D.ieu a en horreur ».
De même il est interdit de construire une salle pour l’idolâtrie ou un autel.

22. Ne pas bénéficier de l’idolâtrie


L’Enfant de Noa’h n’a pas le droit de profiter de l’idolâtrie : ni des idoles, ni des
objets de culte, ni des sacrifices, ni du vin des libations comme il est écrit
(Genèse 35 : 2) : « Enlevez les idoles étrangères qui se trouvent parmi vous et
purifiez-vous » ou encore (Deutéronome 13 : 18) : « Rien de ce butin banni ne
restera attaché dans ta main ».

23. L’obligation pour tous les Enfants de Noa’h de détruire et de déraciner


toutes les idoles, tous les objets nécessaires à leurs cultes
Il est écrit (Deutéronome 12 : 2 et 3) : « Vous détruirez certainement tous les
endroits (c’est-à-dire : de tous ces endroits) où ces peuples ont servi … leurs
idoles sur les montagnes… vous détruirez leurs autels et vous briserez leurs
Matsévot, leurs arbres sacrés vous brûlerez par le feu et vous annulerez leurs
divinités, vous ferez oublier leurs noms de cet endroit ».
C’est une obligation aussi bien pour l’individu que pour l’état qui serait
gouverné par des Enfants de Noa’h : détruire toutes les idoles et leurs objets de
culte qui se trouveraient en leur possession.
Ces décrets concernant l’idolâtrie incluent l’interdiction de conserver toute
forme d’idole ou d’objet consacré donc de les conserver en l’état comme il est
écrit (Deutéronome 7 : 26) : « Tu n’apporteras aucune abomination dans ta
maison ».

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Cependant, l’idolâtre peut annuler une idole ou un objet de culte. Comment ?
Un homme sensé qui comprend ce qu’est l’idolâtrie et qui l’annule en lui
enlevant son importance, démontre qu’elle ne vaut plus rien, qu’elle n’a plus
aucune importance : il l’a ainsi annulée. Il peut par exemple couper l’oreille de
l’idole ou son nez, ou la briser complètement ou toute autre action qui est
normalement interdite à celui qui adore cette idole. Celui qui agit ainsi prouve
que ce n’est pas une idole et qu’elle n’a aucun pouvoir. Après cette
« annulation », l’idole perd son importance et il devient permis d’utiliser ce
qu’il en reste.
De la même manière, on peut annuler les objets nécessaires au culte idolâtre.
Il me semble qu’un Enfant de Noa’h reconnu comme tel, qui croit en D.ieu et
accomplit les Sept Lois serait apte – selon la loi de la Torah – à annuler les idoles
et leurs objets de culte pour qu’on puisse s’en servir pour un usage normal.
Mais il me semble que ce ne serait pas vraiment digne d’un ‘Hassid d’accepter
qu’un homme « cachère » comme lui annule cette idole (l’essentiel de
l’annulation doit être accompli par ceux qui adorent cette idole et qui
maintenant veulent l’annuler).

24. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de suivre les mœurs des idolâtres, de
se conduire comme eux dans leur adoration des idoles, par exemple : user de
magie, de sortilèges, de nécromancie (questionnement auprès des morts) etc.
C’est ce qui est écrit (Lévitique 18 : 3) : « Vous ne marcherez pas dans leurs
coutumes » ou encore (Deutéronome 18 : 9 à 12) : « Tu n’apprendras pas à agir
selon les abominations de ces peuples, il ne se trouvera pas parmi toi quelqu’un
qui fait passer son fils ou sa fille dans le feu (de l’idole Molo’h), qui pratique des
sortilèges, de la divination, de la sorcellerie, de la nécromancie car quiconque
agit ainsi pratique des abominations ».
De même il est interdit de se tatouer ou de se brûler une partie du corps
comme le font les idolâtres pour leur culte ainsi qu’il est écrit (Lévitique 19 :
28) : « Une entaille pour un mort (c’est-à-dire en signe de deuil) vous ne ferez
pas sur votre chair et vous ne pratiquerez pas de tatouage sur votre chair ».
(Bien que ce verset évoque des pratiques de deuil, les Sages les ont égalées aux
pratiques idolâtres car l’idole est aussi appelée « mort ». De là on apprend qu’il
ne convient pas à un Enfant de Noa’h de se taillader ou de se tatouer en
l’honneur d’un mort).

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Il est aussi écrit (Rois I – 18 : 28) à propos des prophètes du Baal et de
l’Achéra : « Ils appelèrent d’une voix forte (leurs divinités), ils se tailladèrent
selon leur coutume avec des épées et des javelots jusqu’à se faire saigner ».

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Chapitre 6

'Isour Birkat Hashem


L’interdiction du blasphème et ses implications

C’est la deuxième Mitsva à laquelle sont contraints les Enfants de Noa’h :


l’interdiction du blasphème.
Formulée comme « interdiction de bénir D.ieu », cette loi signifie en fait
l’interdiction de maudire D.ieu. Mais nous employons un euphémisme (de la
même manière qu’en parlant d’un aveugle, les Sages utilisent l’expression :
Celui qui voit d’énormes lumières) afin de préserver l’honneur de D.ieu.

25. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de maudire D.ieu comme il est écrit
(Exode 27 : 27) : « Tu ne maudiras pas D.ieu » et (Lévitique 24 : 15) : « Un homme
qui maudit son D.ieu sera fautif » c’est-à-dire devra répondre de cette parole et
sera puni en conséquence.
Nous avons déjà rapporté dans le chapitre 1 l’explication de nos Sages sur le
premier commandement divin à l’homme (Genèse 2 : 16) : « L’Éternel D.ieu
ordonna à l’homme en ces termes : De tout arbre du jardin tu mangeras ». Cela
signifie : Je suis l’Éternel, ne M’échange pas contre un autre » (ne M’échange
pas contre une autre divinité, donc interdiction de l’idolâtrie) ; Je suis D.ieu, ne
Me maudis pas (donc interdiction de blasphémer) ; Je suis D.ieu, que la crainte
de Moi soit sur vous (l’homme a reçu l’ordre de craindre D.ieu). Donc ces deux
commandements (interdiction de l’idolâtrie et du blasphème) sont liés l’un à
l’autre fondamentalement.
La morale commande aussi, à la suite de cela, de ne maudire aucun être
humain. Certains ajoutent que dans cette interdiction de maudire D.ieu est
incluse l’interdiction de la Torah de ne pas maudire le juge. En effet, le juge est
aussi appelé dans la Torah « Élo-him » (parce qu’il a l’autorité nécessaire pour
juger).
Cette Mitsva comporte 4 décrets qui en sont les dérivés.

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26. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de mépriser et de diminuer le respect
dû à D.ieu car tout mépris est inclus dans « Tu ne maudiras pas ». Cela inclut
aussi l’interdiction de mentionner le Nom de D.ieu si ce n’est pas nécessaire (ce
qui est aussi un manque de respect envers D.ieu) comme il est écrit (Exode 20 :
7) : « Tu ne prononceras pas le Nom de l’Éternel ton D.ieu en vain ».

Il faut donc veiller soigneusement à ne pas prononcer (quelle que soit la


langue) le Nom de D.ieu pour rien car cela dénote un manque de respect. On
ne prononcera ce Nom que pour des louanges et de l’admiration, pour
l’honorer comme il est écrit (Deutéronome 28 : 58) : « Craindre ce Nom
respectable et redoutable, celui de l’Éternel ton D.ieu ». Cela signifie qu’il faut
craindre le Nom de D.ieu, c’est-à-dire en fait, craindre D.ieu Lui-même car
l’obligation de Le craindre inclut qu’on ne prononce pas Son Nom en vain.
Et il n’est interdit que de prononcer le vrai Nom de D.ieu ; cependant les noms
qui sont plutôt des adjectifs qui Le décrivent – même si chacun comprend de
qui on parle – ne sont pas interdits à condition évidemment qu’on ne les
prononce pas d’une façon méprisante ou désobligeante.
Cette Mitsva inclut aussi l’interdiction de mépriser la parole de D.ieu. De là on
apprend l’obligation de respecter tout ce qui a trait à D.ieu, la croyance en Lui,
Sa Torah et Ses lois. On doit Le remercier et Le louer (même si cela fait aussi
partie des lois évoquées dans le Décret 14, comme dérivé de l’interdiction de
l’idolâtrie, cela est aussi inclus dans l’interdiction de blasphème).

27. Interdiction de déchirer ou détruire un objet portant le Nom de D.ieu


L’Enfant de Noa’h n’a pas le droit de détruire un objet avec le Nom de D.ieu,
par exemple brûler un Séfer Torah ou même une partie d’un Séfer, d’abîmer une
synagogue ou tout endroit où des Juifs se rassemblent pour prier et où réside la
Présence de D.ieu comme il est écrit dans la Torah (Deutéronome 12: 2 à
5) : « Vous détruirez tous les endroits où les peuples ont servi leurs divinités…
vous briserez leurs autels… vous détruirez leurs noms de cet endroit. Vous
n’agirez pas ainsi envers l’Éternel votre D.ieu ». Donc : vous n’agirez pas ainsi
envers D.ieu (détruire l’endroit où on Le prie ou les objets de Son culte).

28. Interdiction de jurer de façon mensongère comme il est écrit (Lévitique 19 :


12) : « Vous ne jurerez pas avec Mon Nom pour le mensonge et tu profanerais le
Nom de ton D.ieu ». De là on déduit aussi l’interdiction générale de proférer
des mensonges.

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29. L’obligation de respecter ses promesses et ses vœux
Celui qui promet de donner la Tsedaka ou d’offrir un animal en holocauste dans
le Temple doit respecter son engagement d’un point de vue moral.
S’il ne peut pas tenir son engagement, le Tribunal rabbinique pourra – dans
certains cas – le délier de sa promesse selon les principes généraux énoncés
dans la Torah à ce sujet.

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Chapitre 7

'Isour 'Ever Min Ha'Haï


L’interdiction de manger le membre d’un animal vivant et ses implications

C’est la troisième Mitsva à laquelle sont contraints les Enfants de Noa’h :


L'interdiction de manger le membre d'un animal vivant
30. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de manger le membre d’un animal
vivant (bétail, animal sauvage ou volaille) et de le manger alors que l’animal est
encore vivant comme il est écrit (Genèse 9 : 3) : « Mais de la chair encore vivante,
vous ne mangerez pas son sang ». Cela signifie qu’il est interdit de manger la
chair d’un animal dont la vitalité réside encore dans son sang c’est-à-dire qui est
encore vivant. De même tout membre ou toute viande arrachée de la bête –
quelles que soient les circonstances - alors qu’elle est encore vivante est
interdite à la consommation. Les Sages ont inclus dans cette loi l’interdiction de
manger la viande arrachée à la bête vivante même une fois que l’animal serait
mort.
La raison de cette loi, c’est qu’il est interdit d’agir avec cruauté envers un
animal. Nous devons nous conduire avec compassion. Même quand les
animaux sont à la merci de l’homme pour constituer sa nourriture ou pour le
servir, il ne doit pas le faire pour s’amuser.
Cette loi inclut aussi l’interdiction de faire souffrir un animal car toute vie est
confiée à l’homme pour contribuer à Tikoun Haolam, la réparation du monde.
Noa’h a reçu la permission de tuer les animaux domestiques ou sauvages
comme il est écrit (Genèse 9 : 3) : « Tout rampant qui est vivant sera pour vous
pour manger » mais pas de les détruire et de les faire souffrir inutilement.
Cette interdiction ne s’applique pas aux poissons et aux insectes bien qu’il y ait
l’interdiction d’agir envers eux avec cruauté. La chair qui aurait été arrachée
d’eux de leur vivant n’est pas interdite à la consommation.
C’est pourquoi, bien que l’Enfant de Noa’h ait le droit de chasser les animaux
sauvages, les oiseaux et les poissons pour se nourrir ou pour tout autre but (par
exemple pour sa fourrure, son cuir ou ses ossements), il n’a pas le droit de les
chasser pour son plaisir.
Cette loi comprend 4 dérivés.
50
31. L’Enfant de Noa’h a l’obligation de veiller à la nature et à la faune et de ne
pas les détruire comme il est écrit (Genèse 1 : 28) : « (D.ieu dit à
l’homme :) Gouvernez les poissons de la mer et les oiseaux du ciel et tous les
animaux sauvages qui évoluent sur terre » c’est-à-dire que l’homme a
l’obligation de veiller à la nature : il peut s’en servir mais n’a pas le droit de la
détruire si ce n’est pas pour réparer le monde.

32. L’Enfant de Noa’h n’a pas le droit d’encourager des animaux d’une espèce
à s’accoupler avec d’autres espèce – que ceci entraîne la naissance d’une
troisième espèce (par exemple : de l’union d’un âne et d’une jument naîtrait
une mule) ou non.

33. L’Enfant de Noa’h n’a pas le droit de procéder à des greffes d’arbres
fruitiers de différentes espèces entre eux ou d’arbres fruitiers avec des arbres
sans fruits. Mais il peut greffer entre eux des arbres qui n’ont pas de fruits.
La raison pourquoi il est interdit de procéder à ces accouplements et ces greffes
est qu’il ne faut pas changer la nature que D.ieu a créée. Lui connaît les besoins
de chaque espèce et du monde et il ne faut pas ajouter notre logique à Son
intelligence comme pour insinuer qu’Il aurait manqué ou oublié quelque chose
dans Son monde et qu’il manque quelque chose à la nature.

34. Certains Richonim (premiers décisionnaires) estiment qu’un Enfant de


Noa’h n’a pas le droit de castrer un être humain ou un animal. Mais la Hala’ha
n’est pas tranchée ainsi puisque le Rambam a omis cette loi dans ses décisions.
Néanmoins, ceci est interdit à l’Enfant de Noa’h comme une loi logique. En
effet, cela implique plusieurs interdictions. Castrer un être humain consiste à le
blesser (voir Décret 40) ; castrer un animal consiste à le faire souffrir. Ceci
implique aussi empêcher cet être de se reproduire et de se multiplier alors que
D.ieu a donné cette possibilité aussi bien à l’être humain qu’à l’animal. Il est
donc interdit de castrer un être humain, homme ou femme ; il est interdit de se
castrer soi-même ou de castrer quelqu’un d‘autre – même s’il le veut. Il est
aussi interdit de castrer un animal.
Comme ce n’est pas une interdiction de la Torah mais une conduite morale, si
vraiment il y avait un grand besoin d’y procéder, on pourrait le permettre si
c’est pour le bien de l’être humain.

51
C’est aussi la raison pour laquelle il est interdit de procéder à des opérations
trans-gendre car cela implique de changer la création telle que D.ieu l’a voulue
– sans compter que c’est une abomination. (Voir Décret 46).

52
Chapitre 8

'Isour Retsi'ha
L’interdiction du meurtre et ses implications

C’est la quatrième Mitsva à laquelle sont contraints les Enfants de Noa’h :


l'interdiction du meurtre
35. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de tuer un être humain comme il est
écrit (Genèse 9 : 5 et 6) : « Mais votre sang pour vos âmes Je le réclamerai de
chaque animal Je le réclamerai, l’homme de la main de son frère Je réclamerai
l’âme de l’homme. Celui qui verse le sang de l’homme, son sang sera versé car
c’est à l’image de D.ieu qu’Il a créé l’homme ». Il est aussi écrit dans les Dix
Paroles (Exode 20 : 12) : « Tu ne tueras pas ». Ceci implique tout assassinat,
d’homme ou de femme, d’enfant ou d’adulte, pour toute raison (sauf dans le
cas d’un Rodef (poursuivant) qui sera expliqué dans le Décret 38 et dans le cas
d’un tribunal rabbinique habilité à prononcer des sentences de mort d’après la
loi divine). L’avortement est vraiment un assassinat.
Voici comment les Sages ont expliqué les détails de cette loi à Noa’h (Genèse 9 : 5
et 6) :

« Mais votre sang pour vos âmes Je le réclamerai » : c’est celui qui se suicide
sciemment.
« De chaque animal Je le réclamerai » : c’est celui qui livre son ami devant un
animal sauvage pour le tuer.
« De la main de l’homme de la main de son frère » : c’est celui qui envoie les
autres se faire tuer.
Pour les trois cas, le mot « réclamerai » est employé, c’est-à-dire que D.ieu
réclamera le sang versé par le meurtrier dans les cas évoqués ici.
« Celui qui verse le sang de l’homme », c’est celui qui tue de ses mains,
intentionnellement.
« Dans l’homme », c’est celui qui tue l’embryon dans le ventre de sa mère,
c’est-à-dire à l’intérieur de l’être humain. - « Son sang sera versé » : le tribunal a
l’obligation de juger l’assassin et, s’il est reconnu coupable, de l’exécuter pour
son crime.
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La raison de cette loi est évidente. L’homme n’est pas maître de la vie des
autres ; seul le tribunal habilité à juger des cas d’homicides selon les lois de la
Torah peut décréter la mort comme il est écrit : « Son sang sera versé ». La vie
appartient à D.ieu qui l’a donnée et seul Lui a le droit de la reprendre. « Car
c’est à l’image de D.ieu qu’Il a créé l’homme » et donc l’homme n’a pas le droit
de prendre cette vie sauf s’il s’agit d’un tribunal habilité à cela par D.ieu.
Donc, « donner la mort par compassion » est absolument interdit et c’est
assimilé à du meurtre. Vraiment. Même si le malade souffre et
qu’apparemment il ne sert à rien de le laisser en vie car il est en phase
terminale et même s’il supplie qu’on le fasse mourir, c’est absolument interdit.
Car l’homme n’a pas d’autorité sur sa vie et, à plus forte raison, sur la vie
d’autrui. Il n’a pas le droit de décider qu’il a assez vécu, que sa vie ne vaut plus
rien et qu’il est possible d’y mettre fin. Seul le Maître de toutes les âmes est
habilité à décider de la vie et de la mort de tout être – par des moyens naturels
que Lui aura choisi.
L’interdiction du meurtre est aussi de la responsabilité de la société. En effet, la
société doit prendre toutes les mesures possibles pour protéger la vie de ses
membres, prévenir les dangers éventuels et, bien sûr, empêcher tout ce qui
mène au meurtre.
De même, chaque peuple (roi ou toute autorité gouvernementale) a
l’interdiction de mener des guerres, que ce soit pour conquérir des terres ou
tout autre motif – sauf pour se protéger.
Cependant, l’homme (la société ou le peuple) a l’obligation de se protéger du
Rodef, « poursuivant ». Le Rodef est celui qui met en danger la vie d’autrui.
L’Enfant de Noa’h a l’obligation de sauver le « poursuivi » de la main de son
agresseur. Bien entendu, celui qui est agressé a la permission et l’obligation de
se défendre contre l’agresseur. S’il ne peut le faire qu’en tuant l’agresseur, c’est
permis.
L’avortement est considéré comme un crime car l’embryon est déjà « une âme
vivante ». Une femme ou un médecin n’ont donc pas le droit de procéder à un
avortement – même si la femme le demande.
Dans certains cas, il est possible de procéder à un avortement dans les
premières semaines de la grossesse, c’est-à-dire jusqu’au 40ème jour depuis la
fécondation : en effet, l’embryon n’est pas considéré comme « âme vivante »
pendant les 40 premiers jours et ce ne serait donc pas vraiment un meurtre. Il
est évident que ceci n’est permis que dans des cas très rares et particuliers
permis par la Hala’ha (Loi Juive).

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Si la poursuite de la grossesse représente un danger pour la mère, l’embryon
sera considéré comme un Rodef par rapport à elle et l’avortement pourrait alors
être permis – même après 40 jours.
Bien qu’un Enfant de Noa’h n’ait pas le droit de procéder à un avortement, il a
le droit d’empêcher une grossesse, c’est-à-dire de pratiquer la contraception.
Cette loi comprend 9 dérivés.

36. L’Enfant de Noa’h n’a pas le droit de se suicider comme il est écrit : « Mais
votre sang pour vos âmes Je le réclamerai ». Même s’il souffre énormément, il
n’a pas le droit de mettre fin à sa vie ou de demander à quelqu’un d’autre de le
tuer. Il sera interdit à toute autre personne d’accéder à sa demande et d’être
alors considérée comme un meurtrier comme mentionné plus haut.
L’Enfant de Noa’h n’a pas l’obligation de mettre fin à sa vie Al Kidouch Hachem
(pour la sanctification du Nom de D.ieu) pour éviter de transgresser une des
Sept Lois. Il a donc le droit dans ces conditions de pratiquer même l’idolâtrie s’il
est menacé sinon d’être tué. Mais s’il n’y a pas danger de mort, il n’a le droit de
transgresser aucune des Sept Lois.
Cependant, le ‘Hassid qui désire malgré tout donner sa vie pour ne pas servir
les idoles, il en a le droit et ce n’est pas considéré comme un suicide.
Quelle loi l’Enfant de Noa’h a-t-il le droit de transgresser s’il est menacé de
mort ? Toutes sauf le meurtre. Il n’a pas le droit de sauver sa vie en tuant
quelqu’un d’autre. Il devra être prêt à mourir ou à être tué et n’aura pas le droit
de tuer quelqu’un comme l’expriment nos Sages : « En quoi ta vie a-t-elle plus
de valeur que celle de l’autre ? ». Il n’a même pas le droit de blesser celui qui
agonise : la vie de l’un n’a pas plus de valeur que la vie de l’autre. Il n’a pas le
droit de tuer l’autre même si, à cause de cela, lui qui est en bonne santé devra
mourir.

37. L’Enfant de Noa’h n’a pas le droit de payer un tueur à gages ou d’envoyer
quelqu’un d’autre (ou un animal) pour tuer quelqu’un comme il est écrit (Genèse
9 : 5) : « De chaque animal Je le réclamerai, l’homme de la main de son frère ».
La Torah orale déduit qu’il s’agit là de celui qui envoie quelqu’un d’autre ou qui
le paie –ou qui envoie un animal et l’incite à tuer.
Tout conseil qu’il pourrait donner à d’autres afin de blesser quelqu’un
physiquement sera également considéré comme inclus dans l’interdiction de
tuer.
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38. L’Enfant de Noa’h a l’obligation de sauver une personne en danger
C’est une obligation morale dérivée de l’interdiction de tuer car nous avons
l’obligation de tout mettre en œuvre pour faire vivre les autres et les sauver.
Mais l’Enfant de Noa’h n’a pas l’obligation pour cela de se mettre en danger,
simplement de s’efforcer physiquement de le sauver. C’est ce qui est écrit dans
la Torah (Lévitique 19 : 16) : « Tu ne te tiendras pas sur le sang de ton ami » c’est-
à-dire tu ne resteras sur le côté sans rien faire alors que le sang de ton ami est
en danger.
C’est de là qu’est déduite la loi du Rodef (poursuivant) : quand un homme en
poursuit un autre pour le tuer, il faut tout mettre en œuvre pour sauver
l’agressé. Ceci n’incombe pas seulement à ceux qui sont témoins mais aussi à
l’agressé qui doit sauver sa vie s’il en a la possibilité. Si toute autre issue est
impossible (ni de le convaincre, ni de le soudoyer etc.), alors il est obligatoire de
sauver la personne agressée en tuant l’agresseur.
L’obligation de sauver l’autre implique aussi qu’il est interdit de mettre sa vie ou
même sa santé en danger.
Un autre dérivé de cette loi est l’obligation morale d’aimer son prochain et de
ne pas le détester. En effet, quand on aime l’autre, on se soucie de son bien-
être et de sa santé. Par contre, la haine mène à la violence et à l’envie de nuire
à son prochain. L’amour du prochain amène à tout faire pour le sauver tandis
que la haine mène à l’envie de lui nuire et même de le tuer.

39. L’Enfant de Noa’h qui a tué par inadvertance a l’obligation morale de


partir en exil afin de se faire pardonner sa faute. (Bien entendu, il a aussi
l’obligation de demander pardon à D.ieu pour la terrible faute qu’il a commise).
On en trouve une allusion dans la Torah (Genèse 4 : 12) quand D.ieu imposa l’exil
à Caïn qui venait de tuer son frère Abel : « Tu seras errant sur la terre ». Nos
Sages ont déduit de ce verset (Genèse 9 : 5) : « De la main de l’homme, son frère,
Je réclamerai l’âme de l’homme » c’est-à-dire : de la main de celui qui aime son
frère et l’a tué par inadvertance Je réclamerai son sang s’il ne part pas en exil et
ne demande pas pardon pour sa faute. Celui qui tue par inadvertance doit
obtenir le pardon pour cette faute si grave qui est arrivée par sa main.
Le tribunal rabbinique installé en Eretz Israël a l’obligation d’envoyer en exil
dans une ville de refuge le Ben Noa'h Guer Tochav qui aurait tué par
inadvertance. Les villes de refuge en Eretz Israël (quand elles sont en service,
c’est-à-dire que la royauté de la dynastie de David y est établie) sont habilitées
à accueillir ce Guer Tochav qui aurait tué par inadvertance un autre Guer
56
Tochav. Cependant, elles ne sont d’aucune utilité à celui qui n’a pas pris
l’engagement d’accomplir les Sept Lois et qui habite en Eretz Israël (Le Guer
Tochav est l'Enfant de Noa'h qui s'engage à accomplir les Sept Lois et qui habite
en Eretz Israël, voir chapitre 12).

40. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de blesser quelqu’un


La Torah appelle celui qui blesse ou même qui frappe : méchant comme il est
écrit (Exode 2 : 13) : « Il (Moché) dit au méchant : Pourquoi frappes-tu ton
prochain ? » c’est-à-dire : Tu es un méchant en cela que tu frappes ton
prochain. Il est aussi interdit de lui faire honte, de lui faire peur, de le menacer
ou de lui causer tout tort physique ou moral : il sera appelé méchant pour tous
ces actes.
Il a aussi l’interdiction de se faire du mal à lui-même : de même que son âme
n’est pas sa possession et qu’il n’a donc pas le droit de se suicider, de même son
corps ne lui appartient pas et il n’a pas le droit de le blesser. Il n’a donc pas le
droit de se faire mal gratuitement. Cependant il peut le faire pour sa Parnassa
(gagne-pain) ou pour une opération chirurgicale pour soigner son esthétique et
améliorer sa santé.

41. Un Enfant de Noa’h a l’obligation de veiller à ce que ses biens ne nuisent


pas aux autres, ni physiquement ni financièrement. Ainsi, il surveillera son
bétail pour qu’il n’encorne pas les gens et il veillera à ce que personne ni aucun
animal ne puisse tomber dans le puits qu’il a creusé. Il circonscrira le feu qu’il a
allumé afin qu’il ne s’étende pas dans le champ de son voisin etc. C’est ainsi que
la Torah ordonne de construire un parapet sur le toit comme il est écrit
(Deutéronome 22 : 8) : « Quand tu construiras une nouvelle maison, tu érigeras un
parapet sur son toit et tu ne te rendras pas coupable de verser du sang dans ta
maison quand en tombera celui qui tombe ».

42. Un Enfant de Noa’h ne doit pas causer du tort par la parole, par exemple
en appelant quelqu’un d’un terme désobligeant, en lui faisant honte, en
racontant du mal de lui aux autres et en colportant des racontars. C’est ce qui
est écrit dans la Torah (Lévitique 19 : 16) : « Ne va pas en colportant dans ton
peuple », ne raconte pas des commérages et des paroles blessantes contre les
autres. La médisance est comptée comme un dérivé de l’interdiction du
meurtre car ces paroles provoquent la dispute et la haine entre les gens et
peuvent même provoquer le meurtre.
57
De même qu’il est interdit de parler ainsi, il est aussi interdit d’écouter ces
paroles et d’encourager ceux qui parlent ainsi.
Il est interdit de raconter du mal des autres si c’est juste pour rendre publics
leurs défauts et leurs fautes mais si c’est pour prévenir un malheur ou un
problème, c’est permis. Par exemple : on peut exposer le mauvais
comportement de quelqu’un si l’autre peut y apporter un remède ou lui
adresser des reproches constructifs qui l’aideront à faire Techouva. On peut
aussi prévenir les autres de se méfier de quelqu'un qui est nuisible – non pas
pour le plaisir de raconter mais pour avertir les gens naïfs de se méfier de lui.
De même si on demande des renseignements sur une personne dans la
perspective d’une association pour affaires par exemple, on doit dire la vérité
afin d’aider et protéger celui qui demande.
On ne doit pas faire honte à qui que ce soit et surtout pas en public. Les Sages
ont déclaré : « Quiconque fait pâlir (de honte) autrui en public n’a pas de part
au Monde Futur ». Le Sage Hillel a résumé tout cela : « Ce que tu as en horreur,
ne le fais pas à ton ami ».
Cette interdiction est aussi valable en ce qui concerne les média : toute société
doit maîtriser la liberté d’information qui ne doit pas se transformer en
diffamation – ce qui est nuisible à la société et aux particuliers. Dans de
nombreux cas, ces allégations n’ont aucune utilité, foulent aux pieds la morale
la plus élémentaire et nuisent gravement aux gens et à leur dignité.
Toute société d’Enfants de Noa’h doit contrôler les moyens de communication,
les publicités et les média afin de ne pas véhiculer des abominations qui
entraînent les gens à fauter en leur donnant des mauvaises idées et des
conseils dévastateurs.

43. L’Enfant de Noa’h doit demander pardon à celui qu’il a blessé ou offensé
Par exemple, s’il l’a frappé ou a parlé mal de lui ou lui a fait honte, lui a fait mal
d’une manière ou d’une autre, il a l’obligation de s’excuser auprès de lui autant
de temps que nécessaire pour obtenir son pardon. Il ne sera pardonné dans le
Ciel qu’à partir du moment où celui qu’il a blessé lui aura pardonné.
Celui qui a volé ou blessé ne sera pas pardonné tant qu’il n’aura pas rendu
l’objet volé ou payé les frais occasionnés par la blessure (à moins que la victime
ne lui pardonne et l’exempte de tout remboursement).

58
44. Il est interdit à l’Enfant de Noa’h de détruire sa semence (c’est-à-dire de se
masturber) comme il est écrit à propos de la génération du déluge (Genèse 6 :
12) : « Toute chair avait perverti sa nature sur terre ». Il est aussi écrit à propos
des fils de Yehouda, Er et Onan qu’ils sont morts à cause de ce pêché (Genèse
38 : 9) : « Quand il s’approchait de la femme (dont le mari était mort sans laisser
de descendance) de son frère, il détruisait (sa semence) à terre sans donner de
descendance à son frère… ce fut mal aux yeux de l’Éternel qui le fit mourir lui
aussi ».
Cette interdiction signifie que c’est en-dehors de rapports conjugaux. Ces
rapports doivent se dérouler normalement ou par l’arrière mais non par une
autre partie du corps (par la bouche, c’est interdit).

59
Chapitre 9

'Isour Guilouy Arayot


L’interdiction de l’immoralité et ses implications

C’est la cinquième Mitsva à laquelle sont contraints les Enfants de Noa’h :


l’interdiction de l’immoralité
45. L’Enfant de Noa’h n’a pas le droit d’avoir des relations avec une femme qui
lui est interdite : une femme mariée, la femme de son père (même après qu’il
en ait divorcé ou qu’il soit mort), sa mère, sa sœur du côté maternel (la « fille
de Noa’h » aussi doit se préserver de ces relations. Donc une femme n’aura pas
le droit d’avoir des relations avec un autre homme que son mari, avec le fils de
son mari, avec son fils à elle ou avec son frère du côté maternel). C’est ce que la
Torah écrit (Genèse 2 : 24) : « C’est pourquoi un homme quittera son père et sa
mère et s’attachera à sa femme et ils seront une seule chair ». La Torah orale
explicite : « Un homme quittera », il quittera les femmes qui lui sont interdites à
cause de « son père » (donc la femme de son père) et les femmes qui lui sont
interdites à cause de « sa mère » et « s’attachera à sa femme » et donc pas à la
femme d’un autre.
Nous apprenons d’Avraham l’interdiction de la sœur du côté maternel : en effet,
Avraham répondit à Avimélè’h (Genèse chapitre 20) que Sarah était sa sœur (sous-
entendu qu’elle n’était pas sa femme). C’est pourquoi Avimélè’h s’était permis
de la kidnapper et D.ieu le frappa de grandes souffrances à cause de cela.
Avraham lui répondit (verset 12) : « C’est ma sœur du côté paternel mais non du
côté maternel et j’ai donc pu la prendre comme femme ». De là nous apprenons
que seule la sœur du côté maternel est interdite à l’Enfant de Noa’h.
Une « femme mariée » - en ce qui concerne les Enfants de Noa’h – c’est celle
qui habite de façon fixe et publiquement avec un homme : elle est donc
appelée « femme mariée ». Elle est donc interdite à tout autre homme (par
contre, si ce n’est pas public et évident aux yeux de tous, elle n’est pas appelée
« mariée »). A partir de quand serait-elle considérée comme divorcée et à
nouveau permise à quelqu’un d’autre ? Quand ils se sépareront publiquement
et qu’il sera clair qu’ils n’habitent plus ensemble. Mais tant qu’elle habite avec
son mari, elle est interdite à tout autre homme – même si elle est consentante,
même si son mari y consent, c’est interdit. Il en est de même dans tous les
60
autres cas d’immoralité : sa sœur, sa mère, la femme de son père lui sont
interdites même si elles sont consentantes car ce pêché est contraire à la
volonté de D.ieu.
Cette loi comprend 7 dérivés.

46. Il est interdit à l’Enfant de Noa’h de pratiquer l’homosexualité comme il


est écrit dans la Torah (Lévitique 18 : 22) : « Tu ne t’étendras pas avec un homme
comme si c’était une femme, c’est une abomination ». La Torah l’interdit aussi
aux Enfants de Noa’h (Genèse 2 : 24) : « « C’est pourquoi un homme quittera son
père et sa mère et s’attachera à sa femme et ils seront une seule chair », sa
femme et donc pas un homme.
L’interdiction s’applique aussi bien à l’homme qu’à celui qui prend la place de la
femme.
Les femmes aussi ont l’interdiction de jouer entre elles comme un homme et
une femme. La Torah appelle ces pratiques « abomination » comme il est écrit
(Lévitique 18 : 3) : « Vous n’agirez pas comme les actes pratiqués en terre
d’Égypte où vous avez habité » puis, à la suite, le verset 27 ajoute : « Car ils ont
pratiqué toutes ces abominations ». Nos Sages ont expliqué : Que sont les
« actes des Égyptiens » ? Un homme épousait un homme, une femme épousait
une femme, une femme épousait deux hommes.
La Torah résume : « Vous n’agirez pas comme les actes pratiqués en terre
d’Égypte où vous avez habité ; vous n’agirez pas comme les actes pratiqués en
terre de Canaan où Je vous amène ; et vous n’irez pas dans leurs voies ». La
Torah nous exhorte qu’en général, ceux qui veulent servir D.ieu et s’attacher à
Lui doivent s’éloigner des pratiques de ces gens vicieux qui pratiquent des
abominations en matière de mœurs et qui pratiquent l’idolâtrie (comme
expliqué dans le Décret 24) qui consiste aussi en des actes horribles. Il est
connu que de nombreux rites idolâtres comportent des pratiques immorales et
celui qui veut préserver sa relation avec D.ieu s’en éloignera. Bien que les
Enfants de Noa’h ne soient pas concernés directement par ces interdictions
(« Comme les actes pratiqués en Égypte et en Canaan »), celui qui est avisé
comprend qu’il s’agit d’actes répréhensibles qui l’éloignent de la vérité de D.ieu
et de Sa Torah. Donc, d’un simple point de vue moral, il conviendra de s’écarter
de ces pratiques.
Un homme qui a pratiqué une opération pour prendre l’apparence d’une
femme (ou une femme qui prendrait l’apparence d’un homme) restent des
hommes ou des femmes comme ils ont été créés en ce qui concerne les
61
interdictions de l’immoralité. Ces opérations (transgenre) sont en elles-mêmes
une abomination et sont donc interdites.
Il existe encore d’autres interdictions que certaines sociétés réprouvent car
elles les considèrent comme des abominations. Par exemple : on n’épouse pas
sa fille ou sa tante etc. Si telle est la coutume dans l’endroit où il habite, l’Enfant
de Noa’h s’y conformera car toute relation qui n’est pas conforme aux critères
de cette société ne sera pas considérée comme un mariage mais comme une
union incestueuse et donc interdite.

47. Il est interdit aux Enfants de Noa’h (hommes et femmes) de pratiquer la


zoophilie comme il est écrit dans la Torah (Exode 22 : 18) : « Quiconque s’étend
avec un animal sera mis à mort ». Ou encore (Lévitique 18 : 23) : « Tu ne
t’étendras pas avec un animal pour te rendre impur et une femme ne se tiendra
pas devant un animal pour des relations ».

48. Après le déluge, les Enfants de Noa’h se sont d’eux-mêmes imposé


l’interdiction du viol des femmes et des jeunes filles. Ceci a été décrété par le
tribunal de Chem (l’ancêtre des Sémites), fils de Noa’h et est contraignante
pour tous les Enfants de Noa’h afin de les éloigner au maximum de l’immoralité
et du vol dont s’étaient rendues coupables les générations précédentes. Selon
le Ramban, celui qui viole une femme doit être mis à mort par le tribunal des
Enfants de Noa’h pour avoir volé : en effet, il s’est servi du corps d’une femme
sans son consentement.
Le tribunal de Chem, fils de Noa’h a aussi interdit aux Fils de Noa’h d’épouser
une femme idolâtre et à une Fille de Noa’h d’épouser un idolâtre. Il a aussi
interdit – éventuellement sous peine de mort – à une Fille de Noa’h de
consentir à une relation immorale avec un idolâtre. La raison de ces
interdictions : empêcher les Enfants de Noa’h d’être attirés par l’idolâtrie et ses
partisans.

49. Les Enfants de Noa’h n’ont pas le droit de manifester de l’affection pour
une personne qui leur est interdite ni de s’isoler avec elle. Cette interdiction
est logique. Tout rapprochement entre deux personnes qui sont interdites l’une
à l’autre est à proscrire : ni geste affectueux (embrassade, enlacement…), ni
dévoilement de la nudité ou toute attitude susceptible de mener à des actes
interdits. Il est interdit de s’isoler dans un endroit fermé car cela ne peut que
mener à des actes interdits.
62
On ne s’isolera pas avec une femme mariée et elle ne s’isolera pas avec un
autre homme que son mari afin de ne pas risquer de fauter. S’ils ont besoin de
parler en privé, ils veilleront à ce qu’une troisième personne soit présente ou
laisseront la porte ouverte ou rechercheront un endroit ouvert à l’extérieur etc.
Une femme adoptera un comportement Tsniout (discret), aussi bien dans sa
façon de s’habiller que de se conduire ; elle ne dévoilera pas certaines parties
de son corps et n’évoluera pas de façon vulgaire afin de ne pas inciter les autres
à la débauche. La Torah avertit ainsi (Lévitique 19 : 14) : « Tu ne placeras pas
d’obstacle devant l’aveugle ». Ne place pas d’écueil devant une personne faible
qui risque de succomber et il n’y a pas d’écueil plus grand qu’une femme qui se
conduit de façon légère.
Elle ne se baignera pas dans un endroit où évoluent aussi des hommes, même
si elle est vêtue d’un maillot de bain. Hommes et femmes n’ont pas le droit de
se baigner ensemble dans une piscine ou dans la mer car cela mène à des actes
immoraux.
Une Fille de Noa’h s’habillera de façon modeste, en couvrant son corps jusqu’au
cou ; elle mettra des bas sur ses jambes au moins jusqu’aux genoux et couvrira
ses bras jusqu’au coude. Une Fille de Noa’h mariée devrait couvrir ses cheveux
par mesure de Tsniout.
Enfin, en général, il convient aux Enfants de Noa’h, hommes et femmes, de
veiller attentivement à ces lois, de toutes les manières possibles afin de ne pas
être amené à l’immoralité. C’est ainsi que s’est exprimé Job le ‘Hassid (Iyov 31 :
1) : « J’ai scellé une alliance avec mes yeux et je ne regarde pas une jeune fille ».

50. D.ieu a béni Adam et Eve pour qu’ils aient beaucoup d’enfants comme il
est écrit (Genèse 1 : 28) : « D.ieu les bénit et D.ieu leur dit : Croissez et multipliez-
vous et remplissez la terre ». Nos Sages ont enseigné que le fait d’avoir des
enfants n’est pas tant une loi pour les Enfants de Noa’h que plutôt une attitude
logique.
C’est pourquoi chaque Enfant de Noa’h (homme ou femme) a l’obligation de se
marier, de fonder une famille et de mettre des enfants au monde pour
accomplir cette volonté de D.ieu. Cependant, un homme ou une femme pour
qui ce serait une difficulté ou une souffrance est dispensé de cette Mitsva.
Un homme doit se marier de façon durable pour fonder une famille car D.ieu
désire que ce monde soit habité d’une société stable. Le début de toute société,
c’est la famille fondée par un homme et une femme. Il est aussi normal qu’une
femme se marie pour fonder une famille et mettre des enfants au monde. C’est
63
ce qui est écrit (Genèse 2 : 24) : « C’est pourquoi un homme quittera son père et
sa mère, s’attachera à sa femme et ils seront une seule chair ».
Selon la loi stricte de la Torah, les Enfants de Noa’h n’ont pas l’obligation
d’officialiser leur mariage par une cérémonie particulière mais à partir du
moment où ils ont décidé de vivre ensemble comme mari et femme, comme
cela se fait partout, elle sera considérée comme « femme mariée » (voir Décret
45). De même, aucune formalité n’est exigée pour les Enfants de Noa’h en
matière de divorce : quand ils se sépareront, ils seront considérés comme
divorcés et elle redevient une « femme non mariée ». De même, si le mari
meurt, elle redevient une « femme non mariée » et peut se remarier avec
quelqu’un d’autre.
Néanmoins, selon la loi de la Torah, il convient que toute société établisse des
cérémonies pour le mariage et le divorce afin que tout ceci soit clairement
exposé et évident pour tous. Ainsi les gens mal intentionnés ne pourront pas
jouer avec ces sujets et n’échangeront pas leurs femmes etc. en prétendant
chaque jour : « Nous sommes divorcés, elle n’est plus mariée etc. » ce qui
remplirait la terre d’immoralité. Toute société civilisée a donc l’obligation
d’officialiser les mariages et les divorces comme l’avait fait Chem, fils de Noa’h
avec son tribunal qui avait posé les principes de toute société organisée après le
déluge.
Les Enfants de Noa’h se conformeront donc à ces lois.

Selon la Torah, un Juif n’a pas le droit d’épouser une Fille de Noa’h et une
femme juive n’a pas le droit d’épouser un Fils de Noa’h. Ce ne serait d’ailleurs
pas considéré comme un mariage. Ils n’ont pas le droit d’avoir des relations
entre eux, même à la sauvette. De même un Fils de Noa’h n’a pas le droit
d’épouser une femme Juive car elle ne peut pas être une épouse pour lui et
vice-versa. Ceci est une loi de la Torah et de telles unions sont contraires à la
volonté de D.ieu.

51. Certains décisionnaires estiment qu’un Fils de Noa’h et une Fille de Noa’h
n’ont pas le droit d’avoir des relations anormales (Rabbi ‘Hanina – Sanhédrine 58).
Cependant, la Loi n’est pas fixée ainsi et donc mari et femme peuvent avoir les
relations qu’ils veulent. Cependant, un ‘Hassid ne le fera pas ; d’ailleurs tout
être humain qui agit ainsi régulièrement se conduit comme un animal.
(Celui qui se conduit ainsi avec une jeune fille qui n’est pas sa femme agit avec
immoralité).
64
52. La prostitution est interdite à un Enfant de Noa’h, selon la morale la plus
logique. Qu’est-ce que cette immoralité ? Une femme qui a des relations avec
tout homme qui l’y invite, même si elle n’est pas mariée, c’est de la
prostitution. Même s’il ne s’agit que d’un petit nombre d’hommes qui ont
l’habitude d’avoir des relations avec elle. C’est une chose interdite par la
logique car cela conduit à une grande immoralité et cause beaucoup de mal à la
société. Une société d’Enfants de Noa’h se doit d’interdire ces pratiques.
Mais une jeune fille qui a des relations avec un certain homme et n’a pas
l’intention de l’épouser, ce n’est pas considéré comme de la prostitution. C’est
néanmoins interdit pour un Enfant de Noa’h qui aspire à se conduire
correctement et certainement pour un ‘Hassid. Il doit se marier avec une
femme qui vivra avec lui comme expliqué dans le Décret 50. De même une Fille
de Noa’h correcte aspirera à se marier avec un homme correct qui soit digne
d’elle.

65
Chapitre 10

'Isour Guezel
L’interdiction du vol et ses implications

C’est la sixième Mitsva à laquelle sont contraints les Enfants de Noa’h :


l’interdiction du vol
53. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de voler de l’argent comme il est écrit
dans les Dix Paroles (Exode20 : 12) : « Tu ne déroberas pas » et dans le Lévitique
(19 : 13) : « Tu ne voleras pas ». Voler, c’est agir avec violence. Dérober, c’est agir
en cachette, pour ne pas être vu. Que ce soit de l’argent ou des objets, que ce
soit de l’argent d’un particulier ou de la communauté, tout est interdit.
Il est aussi interdit de voler des terrains et d’emprunter un objet sans en
demander la permission à son propriétaire, même si ce n’est pas pour le voler,
juste pour l’utiliser sans permission, tout est interdit.
Cette Loi comprend 10 dérivés.

54. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de voler (kidnapper) un être humain
c’est-à-dire de lui ôter la liberté, de le prendre d’un endroit de force et de le
séquestrer sans permission. Même s’il ne le réduit pas en esclavage, le
kidnapping et la séquestration sans son consentement sont interdits.
Selon le Ramban, ceci inclut l’interdiction de violer une femme, c’est-à-dire
voler son corps pour s’en servir sans son consentement – même s’il ne l’a pas
kidnappée et enlevée d’un endroit à un autre.
Celui qui séduit une fillette âgée de moins de douze ans commet un viol et c’est
interdit.

55. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de s’approprier l’argent d’un autre
avec la tromperie comme il est écrit (Lévitique 19 : 13) : « Tu ne tromperas pas ».
En quoi consiste la tromperie ? Celui qui a reçu l’argent ou un objet de l’autre
de façon permise (par exemple un objet qu’on lui a remis pour qu’il le surveille,
ou s’il a trouvé un objet et il sait que cela appartient à quelqu’un ou un prêt
66
qu’on lui a accordé) puis il refuse de le rendre, c’est appelé de l’argent obtenu
par la tromperie et c’est interdit aux Enfants de Noa’h.

56. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de retarder le salaire d’un employé
De même toute location ou tout service (par exemple le loyer, le
remboursement d’un crédit etc.) qu’on refuserait de payer sera considéré
comme de l’argent frauduleux et du vol.
Même s’il ne fait que retarder (intentionnellement) le salaire ou le
remboursement de crédit, c’est interdit car considéré comme de l’extorsion : en
effet, il est écrit (Deutéronome 24 : 14 et 15) : « Tu n’extorqueras pas le salaire de
l’employé, pauvre et nécessiteux… le jour-dit tu lui donneras son salaire ».

57. Un Enfant de Noa’h ne doit pas employer la violence comme il est écrit à
propos de la génération du déluge (Genèse 6 : 11) : « La terre se détruisait devant
D.ieu et la terre se remplit de violence ».
Qu’est-ce que la « violence » ? C’est le fait de prendre de force les biens des
autres, contre leur volonté. Ainsi, celui qui menace quelqu’un de le tuer s’il ne
lui remet pas son argent – même si l’autre, de peur, lui donne l’argent pour
sauver sa vie – cela s’appelle du vol et de la violence. De même, celui qui
s’empare par la force des biens de l’autre – même s’il les paie entièrement – est
appelé voleur violent.

58. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de tromper financièrement comme il


est écrit (Lévitique 25 : 14) : « Vous n’opprimerez pas l’un l’autre ». Qu’est-ce que
« l’oppression » ? Quand le vendeur ou l’acheteur trompe l’autre partie quant à
la valeur de l’objet, par exemple : si un objet vaut normalement 100 pièces mais
il persuade l’acheteur qu’il vaut 200 et le lui vend à ce prix ; ou l’acheteur
marchande : il estime que l’objet ne vaut pas le prix proposé par le vendeur et
n’en paie pas la valeur exacte.
Mais si le vendeur avertit qu’il n’est pas d’accord avec le prix payé chez ses
concurrents et que l’acheteur accepte ses conditions, ce n’est pas de la
tromperie. Il n’y a tromperie que si l’une des deux parties ment (« vole l’esprit
de l’autre »).

67
Toute tromperie dans le commerce, par exemple sur la qualité de la
marchandise (vendre un objet bas de gamme au prix d’un objet de bonne
qualité) est interdite.
Cependant s’il y a « erreur » dans le compte de l’argent (par exemple : le
vendeur rend moins d’argent qu’il ne le faudrait quand il fait la monnaie, ou
qu’il prend plus d’argent que prévu ou qu’il donne un objet de moindre qualité
ou en moindre quantité que convenu ; ou que l’acheteur paie moins que
prévu), ce n’est pas de la tromperie mais du vol vraiment.

59. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de tromper avec des poids ou des
mesures erronées, c’est du vol
Chaque commerçant a le devoir de vérifier ses poids et mesures comme il est
écrit dans la Torah (Lévitique 19 : 35 et 36) : « Vous ne ferez pas de faute dans le
jugement, dans la mesure et le poids. Des balances justes, des poids justes et
des mesures justes, vous aurez ». Cela signifie qu’on ne doit pas agir
malhonnêtement, ni dans les poids ni dans les mesures, en trompant l’acheteur,
en lui faisant croire par exemple qu’on lui vend un kilo alors que c’est moins que
cela. C’est à ce propos qu’il est écrit (Deutéronome 25 : 16) : « C’est une chose que
D.ieu a en horreur, quiconque agit ainsi, quiconque agit par tromperie ».

60. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de convoiter l’argent ou la femme de


l’autre comme il est écrit (Exode 20 : 14) : « Tu ne convoiteras pas ni la maison de
ton ami ni la femme de ton ami ». Convoiter, c’est élaborer des plans et agir de
sorte à ce que l’autre accepte de donner un objet ou sa femme.
De même celui qui séduit une femme mariée transgresse l’interdiction « Tu ne
convoiteras pas la femme de ton ami ». (Mais : une femme mariée qui séduit un
homme qui lui est interdit pour qu’il ait des relations avec elle ne transgresse
pas « Tu ne convoiteras pas » mais lui fait transgresser à lui l’interdiction de
l’immoralité – voir Décret 67).

61. Un Enfant de Noa’h ne doit pas s’associer à un acte de vol ou partager le


butin du voleur (recel) ou l’aider de quelque manière que ce soit parce qu’ainsi,
il renforce le voleur. Il est donc interdit d’acheter des marchandises si on sait
qu’elles ont été volées (contrebande) ou même d’en profiter d’une manière ou
d’une autre car cela renforce les voleurs.

68
62. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit d’abîmer les biens de l’autre
Les tribunaux des Enfants de Noa’h doivent juger celui qui abîme les biens d’un
autre ou qui le blesse. L’agresseur devra rembourser les frais et payer des
compensations selon l’estimation de la justice.

63. L’Enfant de Noa’h doit rendre l’argent ou l’objet volé, que ce soit par le vol
dissimulé, la tromperie, la violence ou tout autre moyen immoral. C’est ainsi
qu’il est écrit à propos des habitants de la ville de Ninive (Jonas 3 : 8) : « Chacun
s’est repenti de ses actions mauvaises et des objets acquis par la violence »,
c’est-à-dire qu’ils ont regretté et ont rendu l’argent et les objets volés à leurs
victimes.
Le tribunal des Enfants de Noa’h doit juger les affaires de vol sous toutes leurs
formes et veiller à ce que les victimes récupèrent leurs biens et soient
indemnisées.

69
Chapitre 11

Mitsvat Dinim
L’obligation de respecter les lois civiles et ses implications

C’est la septième Mitsva à laquelle sont contraints les Enfants de Noa'h :


Instituer des lois
64. Les Enfants de Noa’h doivent instituer des lois et veiller au bon
fonctionnement de la société selon les 7 Lois des Enfants de Noa’h. ainsi nous
trouvons à propos de Noa’h : D.ieu lui a demandé de juger les
meurtriers (Genèse 9 : 6) : « Dans l’homme, son sang sera versé », c’est-à-dire que
le meurtrier sera mis à mort après un procès devant un tribunal humain. De
même, les tribunaux des Enfants de Noa’h doivent administrer la justice en ce
qui concerne les 7 Lois ainsi que toute loi permettant le fonctionnement normal
d’une société.
Cette obligation implique qu’il faut nommer des juges dans chaque région et
chaque ville pour administrer la justice, aussi bien pour les procès d’assises
(compétents pour les crimes) que pour les procès en correctionnelle (affaires
d’argent). Ils doivent aussi éditer des lois réglant la bonne marche de la société
et punir les contrevenants.
Les juges doivent aussi rappeler à l’ordre leurs administrés, leur enseigner les
lois qu’ils doivent connaître et établir un réseau éducatif adapté à la mentalité
du pays.
Ceci implique de nombreux détails, aussi bien pour les particuliers que pour la
communauté en général ; ce sont des lois logiques que l’être humain peut
comprendre car elles permettent de vivre en société et entrent donc dans
l’obligation d’instituer des lois et un système judiciaire.
Cette Loi implique 26 dérivés.

65. Les Enfants de Noa’h n’ont pas le droit d’étudier la Torah qui n’a été
donnée qu’au peuple Juif comme il est écrit (Deutéronome 33 : 4) : « Moché nous
a enseigné la Torah, c’est un héritage pour la communauté de Jacob ». Cela
signifie que la Torah est l’héritage des enfants de Jacob (donc du peuple Juif).

70
Un Enfant de Noa’h qui l’étudierait en profondeur volerait la Torah qui
appartient au peuple Juif.
Cependant, l’Enfant de Noa’h a l’obligation d’étudier ses Sept Lois qu’il doit
appliquer. Il doit en comprendre la raison profonde et les connaître
parfaitement pour bien savoir les appliquer. De même, il a la permission
d’étudier toutes les Mitsvots logiques qu’un Enfant de Noa’h doit pratiquer (par
exemple le respect des parents et la Tsedaka) ainsi que les Mitsvot logiques
qu’un Enfant de Noa’h a le droit d’appliquer et pour lesquelles il reçoit une
récompense (par exemple : rapporter un objet perdu, prélever les dîmes et
appliquer les lois du commerce selon la Torah).
Alors qu’est-ce qu’il n’a pas le droit d’étudier dans la Torah ?
Il ne peut pas étudier ce qui ne concerne pas l’action, ce que les Sages
appellent la Torah Lichma, pour la Mitsva de l’étude, uniquement pour
s’attacher à D.ieu - car cela ne le concerne pas. Ceci n’a été donné qu’aux
Enfants d’Israël et leur permet de s’unir complètement à D.ieu : un étranger n’a
pas le droit de se l’approprier.
De même, un Enfant de Noa’h n’a pas le droit d’étudier les Mitsvot qu’il n’a pas
le droit d’appliquer car elles n’ont pas de fondement logique (comme expliqué
dans le Décret 10) ; il n’aura pas de récompense s’il les applique et s’il les étudie
puisqu’elles ne lui sont pas d’un usage concret. Bien évidemment, l’Enfant de
Noa’h n’a pas le droit d’étudier la Kabala qui n’a pas d’application pratique.
L’essentiel de cette interdiction concerne l’étude approfondie de la Torah orale
qui n’a pas d’application pratique pour un Enfant de Noa’h. Cependant, la Torah
écrite avec les commentaires usuels comme celui de Rachi leur est permise et
même conseillée.

L’étude de la Torah à laquelle les Juifs sont astreints comporte deux aspects :
a) L’étude pour savoir comment il faut se conduire : pour cela il faut
connaître la Hala’ha, l’application pratique des lois. (C’est donc une
étude pour un but spécifique : connaître les Mitsvot pour les
accomplir).
b) L’étude Lichma, pour l’étude elle-même. Même si un Juif a déjà
appris toute la Torah et connaît toutes les lois par-cœur et en
profondeur, il ne doit jamais délaisser même pour un seul jour ou
un seul instant l’étude de la Torah : il doit lui être attaché car c’est
cela qui le lie à D.ieu et Sa Sagesse.
71
L’Enfant de Noa’h n’a aucun rapport avec cette étude-là, il n’y est
pas astreint car la Torah ne lui a pas été donnée. Lui n’est obligé
d’étudier que pour l’aspect pratique de la Torah, pour connaître la
loi à appliquer. C’est pour cela que, en ce qui concerne le premier
aspect de la Torah, il ne peut étudier que ce qu’il doit appliquer.

Les Sages (Sanhédrine 56) estiment que cette interdiction est un dérivé de
l’interdiction du vol et de la relation interdite avec une femme mariée (car la
Torah est « mariée » avec le peuple Juif). Cependant, dans son essence, elle fait
partie de l’obligation d’établir des cours de justice : en effet, les Enfants de
Noa’h doivent juger les coupables en fonction de leurs lois et non des lois qui
ne leur appartiennent pas. Or s’ils s’approprient des lois qui ne les concernent
pas et jugent en fonction de ces lois, c’est considéré comme du vol et le rapt
d’une femme mariée.
Cette interdiction fait partie de la Mitsva de connaître D.ieu (Décret 2). Les
Enfants de Noa’h doivent s’efforcer de connaître D.ieu – dans la mesure qui leur
est permise. Mais il existe un niveau de connaissance auquel ils n’ont pas accès
car il est trop sublime pour eux.
Pour résumer : les Enfants de Noa’h doivent connaître leurs lois ; mais ils n’ont
ni l’obligation ni la permission de s’approfondir sur des concepts trop élevés
pour eux et qui ne les concernent pas.
Prenons un exemple : un « simple » Juif (et, à plus forte raison un Enfant de
Noa’h) n’a pas le droit d’entrer dans la partie du Temple qui est réservée aux
Cohanim : en effet, c’est un endroit qui est très saint et il n’est pas en mesure
d’en apprécier la sainteté, il ne peut pas absorber ce dévoilement divin. Si un
homme « simple » y pénètre, il en profane la sainteté.
Il en est de même à propos du Chabbat (Décret 11) : une des raisons pour
lesquelles un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de respecter le Chabbat, c’est qu’il
n’est pas en mesure d’en apprécier pleinement la sainteté qui ne peut être
ressentie que par le peuple d’Israël.

66. Tout Enfant de Noa’h (individu, communauté, autorité gouvernementale…)


qui a la possibilité d’exercer une certaine influence a l’obligation de guider les
autres sur le droit chemin de la connaissance de D.ieu, accepter sur eux le joug
de la royauté divine et accomplir les Sept Lois. Ils apprendront ces lois et les
appliqueront ; ils s’efforceront d’acquérir de bons traits de caractère.

72
Une des façons d’agir pour cela est d’encourager l’éducation, d’enseigner aux
enfants que D.ieu existe et qu’ils doivent bien se conduire.
Cette directive fait partie des ordres que D.ieu a donnés à Moché sur le Mont
Sinaï quand Il lui a enseigné la Torah orale. Il a ordonné à Moché d’obliger tous
les peuples du monde à appliquer les Sept Lois données aux Enfants de Noa’h.
Ce n’est pas qu’à Moché que D.ieu a donné cet ordre mais à tout homme qui a
la possibilité d’obliger (de convaincre avec tact) les Enfants de Noa’h à se plier à
ces Sept Lois.
Cette directive implique aussi d’adresser des reproches à celui qui se trompe et
s’égare pour le ramener vers le droit chemin - voir Décret 16.

67. Les Enfants de Noa’h n’ont pas le droit de faire fauter les autres, de leur
causer des problèmes dans leurs vies, de leur causer à enfreindre leurs Sept
Lois ou toute autre loi divine.
Dans la Torah, les Enfants d’Israël ont reçu l’ordre (Lévitique 19 : 14) : « Ne met
pas d’obstacle devant un aveugle », c’est-à-dire : ne place pas d’embûche
devant celui qui est aveugle dans un certain domaine, qui ne voit pas l’écueil,
qui risque de tomber spirituellement et de se blesser (ceci est interdit selon le
Décret 40 : il est interdit de causer une blessure physique ou de mettre
quelqu’un en danger). De même, il est interdit de placer un écueil spirituel
devant celui qui est « aveugle », qui ne connaît pas ou ne distingue pas ce qui
lui est interdit et qui pourrait donc en arriver à fauter. Il est donc interdit de le
placer en situation de pêché ou même de l’aider dans la faute. Les Enfants de
Noa’h ne sont pas astreints à cela de par la Torah mais il s’agit d’une obligation
morale qui peut être dérivée de l’obligation d’établir des Lois.
Il est donc interdit d’inciter quelqu’un à la faute, de lui donner des conseils pour
qu’il accomplisse ce qui lui est interdit.
De même il est interdit d’aider celui qui veut transgresser une loi ou un décret.
Par exemple : il est interdit de vendre des objets de culte spécifiques à une
certaine idole quand on sait que l’acheteur a l’intention de s’en servir pour une
idole.
Par contre, il n’est pas inclus dans cette interdiction d’aider un malfaiteur si
celui-ci pourrait se passer de cette aide pour accomplir ses méfaits. S’il ne fait
que demander de l’aide pour acheter un objet dont il n’a pas l’intention de se
servir pour un culte idolâtre, c’est permis de l’aider. L’Enfant de Noa’h n’a pas
l’obligation de perdre une bonne affaire de crainte que l’acheteur en fasse un
usage interdit, s’il sait que le malfaiteur pourra acheter la même marchandise
73
dans un autre magasin, au même prix et sans effort particulier. Le vendeur veut
donc simplement gagner de l’argent et ne participe pas à la faute. Telle est la loi
stricte ; mais un ‘Hassid s’abstiendra.

68. Les Enfants de Noa’h ont l’obligation d’aider les pauvres et de leur donner
de l’argent.
L’obligation de la Tsedaka repose sur le particulier comme sur la communauté :
il faut aider les nécessiteux. Toute société qui empêche ses membres de donner
la Tsedaka finit par être détruite comme cela s’est passé avec les villes de
Sodome et Gomorrhe dont les habitants refusaient d’aider les pauvres comme il
est écrit (Ézékiel 16 : 49 et 50) : « Telle était la faute de Sodome : l’orgueil d’être
rassasié de nourriture… Ils n’ont pas aidé le pauvre et le nécessiteux, ils ont volé
et pratiqué des abominations devant Moi et Je les ai effacés parce que J’ai vu ».
Il n’existe pas de limite aux bienfaits et à l’aide qu’on peut prodiguer aux gens ;
nous ne donnerons que quelques exemples généraux que chacun devrait
s’efforcer de suivre. Mais il existe toutes sortes d’autres façons d’aider et de
donner et elles font toutes partie de l’obligation de répandre le bien.
L’hospitalité : donner à l’étranger un endroit où manger et dormir : telle était la
coutume d’Avraham qui faisait entrer les invités dans sa tente, les recevait avec
un visage accueillant et les aidait dans tous leurs besoins, leur donnait à
manger et les raccompagnait sur leur chemin.
Aider les jeunes mariés. Aider les jeunes gens à trouver avec qui se marier, les
aider dans les préparatifs du mariage et leur permettre de fonder une famille.
La bienfaisance : prêter de l’argent à celui qui en a besoin, prêter des objets,
aider physiquement celui qui en a besoin par exemple en portant ses courses
ou ses valises.
Rendre visite aux malades
Enterrer les morts. Accompagner les morts à leur dernière demeure et les
enterrer de façon digne, c’est une façon de respecter les morts et d’aider les
vivants à surmonter leur peine. A ce propos : chaque homme mérite d’être
enterré dans la terre comme il est écrit (Genèse 3 : 19) : « Jusqu’à ce que tu
retournes à la terre car c’est d’elle que tu as été pris car tu es poussière et tu
retourneras à la poussière ». Le corps humain a été créé à partir de la poussière
comme il est écrit (Genèse 2 : 7) : « L’Éternel-D.ieu forma l’homme poussière de
la terre ». Quand l’homme meurt (Ecclésiaste 12 : 7) : « La poussière retourne à la
terre comme elle était tandis que l’esprit retournera vers D.ieu qui l’a donné ».
74
Cela signifie que, quand l’âme se sépare du corps, chacun retourne à sa source :
la poussière retourne à la terre dont elle provient et l’âme retourne à D.ieu qui
l’avait placée dans un corps. C’est pourquoi il est important de veiller à ce que
chaque corps humain soit enterré, cela fait partie de sa dignité et il ne faut pas
se débarrasser autrement des corps, par exemple en les brûlant (incinération).
Consoler les endeuillés : il est recommandé de consoler les endeuillés et ceux
qui souffrent, il faut les encourager et les renforcer.
Une autre forme de bienfaisance : rapporter les objets trouvés. Il existe des
objets trouvés qu’un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de prendre et de
conserver et, s’il les prend, c’est du vol et il sera donc obligé de rendre ces
objets volés (voir Décret 63). Mais l’Enfant de Noa’h n’est pas obligé de
s’occuper de certains objets perdus : cependant, par bonté, il s’efforcera de les
rapporter à leurs propriétaires. S’il sait à qui ils appartiennent, il les rendra
directement – afin d’agir avec bonté et de faire régner la paix dans le monde.
Quel est l’objet interdit car ce serait du vol ? Un objet qui porte des signes
distinctifs de leur appartenance et donc on déduit que le propriétaire ne s’est
pas découragé de retrouver son bien. Cet objet appartient à quelqu’un et on n’a
pas le droit de le prendre. Mais un objet qui n’a pas de signe distinctif, on peut
déduire que les propriétaires se sont découragés ; à plus forte raison si on est
sûr qu’ils se sont découragés : l’objet est donc disponible et on peut le prendre.
Même dans le premier cas où on n’a pas le droit de le prendre, l’Enfant de
Noa’h n’est pas obligé de le rendre et peut poursuivre son chemin sans le
ramasser. Cependant, par gentillesse, il s’efforcera de le rendre à son
propriétaire et ira au-delà de la lettre de la loi. De même, celui qui rend l’objet
perdu à son propriétaire même s’il sait qu’il s’est découragé a accompli un acte
méritant.

69. C’est une obligation morale pour l’Enfant de Noa’h de s’attacher à des
gens corrects et de s’écarter des gens nuisibles. En effet, l’homme est influencé
par son entourage et, dans la mesure du possible, il choisira une bonne
compagnie et non le contraire.
Ainsi la Torah nous demande de ne pas sceller d’alliance avec les idolâtres
comme il est écrit (Deutéronome 7 : 2) : « Tu ne concluras pas d’alliance avec
eux ». La raison est que nous ne devons pas accepter que les idolâtres habitent
parmi nous quand cela nous est possible. Bien entendu, nous ne devons pas
encourager ou aider une telle cohabitation comme il est écrit (Exode 23 : 32 et
33) : « Tu ne scelleras pas d’alliance avec eux et leurs divinités. Ils n’habiteront
75
pas sur ta terre de peur qu’ils ne t’entraînent à fauter envers Moi car tu
servirais leurs idoles et ce sera pour toi un écueil ». Donc le verset avertit que
nous ne devons pas nous laisser influencer par leurs actes et, s’ils habitent
parmi nous, nous risquons d’être attirés par leurs mauvaises actions.
Il en est de même pour toute société qui risque d’influencer gravement
l’homme, sa famille et ses proches : il faut s’en éloigner au maximum.

70. L’Enfant de Noa’h devrait s’habituer à agir correctement selon ce que lui
commande sa conscience et la morale la plus élémentaire, par exemple le
respect des parents et le respect des Anciens comme il est écrit (Lévitique 19 :
32) : « Tu honoreras le visage de la personne âgée ». De même, on respecte
l’autorité du juge. Le fait de respecter les autres – et, en particulier ceux qui
méritent ce respect – implique de bons traits de caractère, entre autres la
reconnaissance des services rendus. Cela aura, de plus, un effet contagieux sur
les autres qui accorderont aussi du respect à ces personnes, qui voudront
apprendre d’elles et recevoir de leur part une influence positive. (Il est évident
qu’il ne convient pas d’honorer des gens malfaisants, de sorte à ce qu’ils ne
soient pas honorés par les autres et qu’ils ne les influencent pas pour le mal).
A propos du respect des parents, il est écrit dans la Torah (Exode 20 :
13) : « Honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent ». Cela
signifie que, par le mérite de cette Mitsva, l’homme mérite de vivre longtemps
dans ce monde. Il est aussi écrit (Lévitique 19 : 3) : « L’homme craindra sa mère et
son père … Je suis l’Éternel ». Craindre ses parents est placé au même niveau
que craindre D.ieu.
Comment se manifeste le fait de craindre ses parents ? Par exemple : on ne les
contredira pas, on ne considérera pas avec légèreté leur honneur et on ne
s’assoira pas à leur place.
Comment respecte-t-on ses parents ? On se lèvera quand ils entrent et on
s’efforcera de les aider de toutes les manières possibles.

71. Il est une obligation morale pour tout Enfant de Noa’h de se conformer à
l’injonction de la Torah (Lévitique 19 : 15) : « Tu jugeras ton prochain de façon
juste »
Les Sages ont expliqué ainsi ce verset (en plus du sens littéral à propos du juge
qui doit juger correctement) : même un particulier doit juger les autres et leurs
actions avec justice (dans son cœur et, à plus forte raison, dans ses paroles et

76
se actes). Il s’efforcera de leur trouver des circonstances atténuantes et de ne
voir que leurs aspects positifs et non ce qui est négatif.
De ce verset, on apprend aussi qu’il convient d’établir des compromis entre les
plaignants. Même le juge devrait essayer de parvenir à un compromis quand les
plaignants se présentent devant lui : car tel est le jugement qui comprend en lui
paix et acceptation. Il est toujours préférable de parvenir à la paix et à l’accord
des deux parties.
Chaque Enfant de Noa’h a l’obligation morale et sensée de rechercher la paix et
d’établir la paix entre les gens car c’est de cette façon que le monde peut être
habitable.

72. Toute société ou autorité (gouvernement etc.) des Enfants de Noa’h


devrait nommer des juges compétents pour leurs procès. Il est interdit de
nommer juge ou policier celui qui n’est pas digne de ce poste : soit qu’il ne
connaisse pas la loi et les façons de juger, soit qu’on ne lui a pas bien enseigné,
soit qu’il n’est pas digne à cause de ses actions passées et qu’il n’est pas une
personne correcte.
Il est interdit de nommer quelqu’un juge parce qu’il a de l’argent ou parce qu’il
a usé de corruption pour obtenir ce poste ou que sa nomination arrange le
gouvernement.

73. L’Enfant de Noa’h doit accepter le jugement émis par le tribunal et ne doit
pas se faire justice lui-même.

74. Les juges compétents pour les Enfants de Noa’h jugeront en fonction des
Sept Lois, selon les principes émis dans la Torah et ne s’en éloigneront pas en
émettant des jugements basés sur leur conscience et leur logique. Cependant,
en ce qui concerne les autres problèmes, ils jugeront en fonction des principes
acceptés par leur société et leur logique. En effet, il existe deux groupes de lois
pour les Enfants de Noa’h :
a) Les lois fixes : ce sont les Sept Lois des Enfants de Noa’h transmises
par D.ieu à Moché sur le Mont Sinaï : ils n’ont pas le droit de les
changer.
b) Les lois acceptées, qu’ils ont l’obligation de décréter, d’utiliser dans
leurs procès selon ce qui les concerne pour le bon fonctionnement de
77
la société. Mais ces lois n’ont pas la même force que celles de la
Torah.
Donc : un tribunal des Enfants de Noa’h n’a pas de compétence pour
changer l’interdiction de pratiquer l’idolâtrie, le vol, le meurtre (et toutes
les autres Sept Lois). Il ne peut pas gracier celui qui les a enfreintes car
ces lois sont du domaine de D.ieu et donc intangibles.
Par contre, les lois sur lesquelles ils se sont mis d’accord (par exemple
comment punir celui qui blesse son prochain, celui qui viole une femme
etc.), ils jugeront selon leur estimation logique.

75. Un juge des Enfants de Noa’h doit appliquer la loi avec justice et ne pas la
pervertir comme il est écrit (Lévitique 19 : 15) : « Vous ne commettrez pas
d’injustice dans le procès » et aussi (Deutéronome 24 : 17) : « Tu ne feras pas
pencher le jugement ».
Ceci inclut aussi l’interdiction de fausser la justice, par exemple repousser la
sentence sans raison valable : cela fait souffrir une des deux parties, cela lui
cause des pertes financières et l’empêche de prouver sa bonne foi.
Ceci inclut encore une autre faute mentionnée dans la Torah (Deutéronome 1 :
17) : « Vous ne favoriserez pas une partie dans le procès ; vous écouterez le
grand comme le petit ». Ou encore (Deutéronome 16 : 19) : « Tu ne feras pas
pencher le jugement, tu ne favoriseras pas l’un (aux dépens de l’autre) et tu ne
prendras pas de pot-de-vin ». Les Sages ont expliqué : Tu ne feras pas pencher
le jugement – vers l’un ou l’autre des plaignants car quand un justiciable
constate que le juge favorise son adversaire, il perd ses moyens et oublie ses
arguments. Le juge doit mettre les deux parties sur un pied d’égalité afin que le
jugement soit correct.

76. Le juge doit s’efforcer de sauver l’agressé des griffes de son agresseur, de
sauver celui qui est opprimé des mains de son oppresseur, de sauver les
malheureux (veuve, orphelin…) des violences de leurs bourreaux.
Mais si le droit est contre le pauvre et le malheureux, le juge n’a pas le droit de
les favoriser comme il est écrit (Exode 23 : 3) : « Tu ne favoriseras pas le pauvre »
ou encore (Lévitique 19 : 15) : « Vous ne ferez pas d’injustice dans le jugement, tu
ne favoriseras pas le pauvre, tu ne seras pas agréable avec celui qui est
important, tu jugeras avec justice ton peuple ». Qu’il soit grand (important) ou

78
pauvre, ne change rien à la vérité de la loi en sa faveur ; ne juge que selon la
justice objective.

77. Un juge des Enfants de Noa’h ne doit pas esquiver un procès par peur
d’une des deux parties comme il est écrit (Deutéronome 1 : 17) : « Vous ne
craindrez aucun homme car le jugement appartient à D.ieu ».

78. Un juge des Enfants de Noa’h n’a pas le droit d’accepter un pot-de-vin
pour faire pencher le jugement comme il est écrit (Exode 23 : 8) : « Tu ne
prendras pas de pot-de-vin ». De même le policier n’a pas le droit de prendre
un pot-de-vin puis de modifier la mission qui lui est assignée.
De même, un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de proposer un pot-de-vin au
juge afin qu’il le favorise dans son procès.
Le gouvernement a l’obligation de limoger un juge qui aurait accepté un pot-de-
vin et d’annuler les sentences qu’il aurait émises après avoir accepté ces
présents corrupteurs.

79. Les juges et les témoins des Enfants de Noa’h seront des hommes. Une
femme ne peut ni juger ni témoigner en ce qui concerne les Sept Lois comme il
est écrit (Genèse 9 : 5) : « Un homme de la main de son frère » - et non de la
main d’une femme : le meurtrier ne sera pas mis à mort sur le témoignage
d’une femme ou par le jugement d’une femme –juge.
Ceci ne s’applique qu’en ce qui concerne les Sept Lois fixes car elles ont été
données sur le Mont Sinaï et un Enfant de Noa’h n’a pas du tout le droit de les
modifier. Cependant, en ce qui concerne les lois civiles éditées par les hommes
pour le bon fonctionnement de la société et qui ne sont pas des lois données
sur le Sinaï, les Enfants de Noa’h peuvent appliquer la loi comme ils le
souhaitent et donc une femme pourra juger ou témoigner.

80. Le juge ou le témoin dans un procès concernant les Enfants de Noa’h


peuvent être des proches parents des plaignants (contrairement à la
législation s’appliquant aux Juifs, où le juge ou le témoin ne peuvent pas être
des proches parents des plaignants) car il est écrit (Genèse 9 : 5) : « Un homme
de la main de son frère », ce qui signifie qu’un Enfant de Noa’h peut juger son
frère et peut témoigner pour ou contre lui. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit
79
de refuser de juger son frère ou de témoigner pour (ou contre) lui sous prétexte
que c’est interdit dans la Torah pour les Juifs : s’il est témoin d’un incident
impliquant son frère, il est obligé de témoigner dans son procès et le tribunal
doit accepter son témoignage (bien entendu, si le témoignage a été authentifié
sérieusement par le juge) - à condition qu’il s’agisse d’un procès portant sur les
Sept Lois. Mais s’il s’agit d’un procès portant sur des questions d’argent, en
général le témoin ne peut pas témoigner pour ou contre son frère car tout
témoignage concernant l’argent n’est pas accepté de la part d’un proche (voir
Décret 81).
S’il s’agit des lois civiles spécifiques au pays, l’Enfant de Noa’h est libre de
décider si un proche parent peut témoigner ou non.

81. Les Enfants de Noa’h doivent vérifier que le ou les témoin(s) soient dignes
de foi comme il est écrit (Genèse 9 : 6) : « Dans l’homme », c’est-à-dire par le
témoignage d’un homme « Son sang sera versé » la sentence sera prononcée.
Avec cet ordre, on déduit que, dans les procès des Enfants de Noa’h, un seul
témoignage suffit si les juges ont vérifié sa cohérence. Il en est de même pour
tout procès concernant celui qui aurait transgressé une des Sept Lois. Mais les
juges des Enfants de Noa’h n’ont pas le droit d’accepter – dans un cas
impliquant les Sept Lois - le témoignage de celui qui ne se conduit pas
correctement.
Voici celui qui est accepté pour témoigner : un homme, d’âge adulte, sensé et
qui se conduit correctement.
Voici celui dont le témoignage n’est pas accepté : une femme, un sourd, un fou,
un enfant, un homme qui transgresse les Sept Lois des Enfants de Noa’h, un
homme méprisable dont on doute de l’honnêteté et celui qui a un intérêt
financier dans le procès.
On ne prononce pas une sentence de mort si le présumé coupable s’accuse lui-
même du crime : il ne pourra être jugé que s’il y a un témoignage acceptable.
Tout ceci concerne les Sept Lois qui doivent être jugées selon la Torah. Mais
pour les lois civiles, tout témoignage qui semble correct peut être accepté,
selon la compréhension des juges et les aveux vérifiés et vraisemblables des
accusés.
Le tribunal des Enfants de Noa’h est aussi habilité à juger les infractions aux
Sept Lois s’il n’y a pas de témoignage valable selon les règles de la Torah (donc
comme les lois civiles). Donc un tribunal des Enfants de Noa’h a le droit de
punir de mort un meurtrier même en l’absence de témoignage valable selon la
80
Torah ou même sur simple présomption de culpabilité si le crime semble
évident. Il s’agit là d’une loi « civile », c’est-à-dire acceptée dans tous les codes
de lois des sociétés civilisées et non d’une loi spécifique de la Torah et on peut
donc juger même en l’absence de témoins répondant aux critères de la Torah.

82. Un Enfant de Noa’h qui pourrait fournir un témoignage probant dans un


procès concernant les Sept Mitsvot est obligé d’aller témoigner devant le
tribunal et n’a pas le droit de se dérober. Selon le Rambam, un Enfant de Noa’h
qui refuse d’aller témoigner transgresse la Mitsva 7 concernant l’obligation
d‘éditer des lois et de s’y conformer.

83. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de fournir un témoignage mensonger


comme il est écrit (Exode20 : 13) : « Tu ne porteras pas de faux témoignage
contre ton prochain ».
Un « faux témoignage » :
a) s’il n’a pas vu l’incident dont il parle (bien que, pour lui, c’est une
évidence et qu’il y a de nombreux indices prouvant la réalité de
l’événement)
b) s’il n’est pas habilité à témoigner pour ce qui concerne les Sept Lois
c) s’il dit qu’il a vu ce qu’il n’a pas vu.
Mais il peut rapporter ce qu’il a entendu, c’est-à-dire qu’il devra préciser devant
le juge : « Voici ce que j’ai entendu ». Le tribunal évaluera si on peut accepter sa
déposition : celle-ci peut lui être utile pour clarifier des détails même si elle
n’est pas déterminante dans le verdict final.
De même : le plaignant n’a pas le droit de mentir dans sa plaidoirie devant le
tribunal (même s’il sait qu’il a raison et que, s’il dit la vérité, il perdra le procès –
à cause des arguments mensongers de l’autre partie : il est absolument interdit
de mentir devant les juges).

84. Un Enfant de Noa’h n’a pas le droit de louer les services d’un faux témoin
qui témoignera en sa faveur.

81
85. Le tribunal des Enfants de Noa’h a l’obligation de vérifier et recouper les
témoignages pour les authentifier. Inclus dans cette loi : le tribunal doit punir
les faux témoins.

86. Le tribunal des Enfants de Noa’h doit prononcer la peine de mort pour
celui qui a transgressé une des Sept Lois fixes et ne peut pas accepter
d’échanger cette punition contre une amende comme il est écrit (Nombres 35 :
31) : « Vous ne prendrez pas de réparation en échange de l’âme du meurtrier
qui est un méchant (pour échapper à) la mort ; mais il sera mis à mort ». De
même le verdict ne sera pas remplacé par une autre sentence mais on
procédera à l’exécution décidée et on se conformera au châtiment prescrit par
la Torah (Genèse 9 : 6) : « Celui qui verse le sang de l’homme, son sang sera
versé » par le tribunal. De même, le tribunal est obligé de prononcer la peine
de mort dans tous les cas envisagés par la Torah pour les Enfants de Noa’h (à
propos des Sept Lois fixes). Il ne modifiera pas la punition.
Il est interdit d’avoir pitié du meurtrier et on ne retardera pas l’exécution de la
sentence comme il est écrit (Deutéronome 19 : 13) : « Tu n’auras pas pitié de lui et
tu élimineras le sang de parmi toi ».

87. Le tribunal des Enfants de Noa’h doit distinguer entre le meurtre


volontaire et l’accident involontaire afin de ne pas appliquer la peine de mort
pour rien ! Si le meurtre est véritablement le fruit d’un acte involontaire, le
meurtrier sera condamné à l’exil ; s’il est vraiment irresponsable (sourd,
dérangé mental ou enfant), il sera exempté de tout châtiment. On ne punira pas
celui qui est exempté de punition comme il est écrit (Exode 23 : 7) : « Vous ne
tuerez pas celui qui est innocenté et qui est juste ».

88. Le tribunal des Enfants de Noa’h doit juger les questions d’héritage
comme il est écrit (Deutéronome 2 : 9) : « Car J’ai donné aux enfants de Loth (la
ville moabite de) Ar en héritage ».
La Torah a décrété que, pour les Enfants de Noa’h, le fils ou la fille hérite du
père : ils sont égaux et partagent de façon égale (contrairement à la loi pour les
Juifs où seul le garçon hérite).
Mais en ce qui concerne l’héritage des autres proches parents (qui n’auraient
pas d’enfants), la loi est fixée selon la loi du pays (et la loi des Enfants de Noa’h
ne s’applique pas).
82
89. Tout gouvernement des Enfants de Noa’h doit nommer des policiers qui
veilleront à l’application des décisions des tribunaux comme il est
écrit (Deutéronome 16 : 18) : « Tu appointeras des juges et des policiers ».

90. Les Enfants de Noa’h doivent accepter les lois du gouvernement ; la loi du
roi (ou du gouvernement) fait autorité. La raison en est qu’ils doivent obéir à
tout chef accepté et nommé par le peuple qui a accepté de plein gré son
autorité ou toute autre forme de gouvernement que le peuple a choisie. Ceci
implique donc qu’ils acceptent toute loi que celui-ci décrète.
C’est pourquoi il est interdit de voler les impôts fixés par le gouvernement ou
toute autre loi concernant les finances. Tous les citoyens doivent les accepter et
juger en conséquence celui qui se soustrait à ses obligations. Ceci, à condition
que la loi soit la même pour tous les citoyens. (Mais si la loi n’a été établie que
pour un homme en particulier ou un groupe particulier, ce n’est plus la loi mais
du vol).
Le roi ou le gouvernement a autorité pour mettre à mort les grands criminels
qui mettent la société en danger ou ceux que les tribunaux ne peuvent pas
juger – par mesure exceptionnelle, pour le bien de l’état.
De même le roi ou le gouvernement ont l’obligation d’émettre des décrets pour
le bien des citoyens dans le cadre de la Loi (des Enfants de Noa’h concernant)
l’établissement de lois (expliquée dans le Décret 64 : des lois qu’un individu seul
n’a pas le droit d’instituer). Ceci comprend les lois du commerce afin que le
pays soit correctement administré et puisse fonctionner normalement.
Le roi ou le gouvernement ne peut pas décréter des lois qui contredisent les
Sept Lois des Enfants de Noa’h en général ou l’une d’entre elles en particulier.
(S’ils ont néanmoins agi ainsi, l’Enfant de Noa’h ne doit pas leur obéir en ce qui
concerne ce sujet précis).

83
Chapitre 12

Habiter en Terre d’Israël – le Guer Tochav

La Terre d’Israël est plus sainte que toutes les autres terres. C’est le pays que
D.ieu a choisi pour le donner en héritage à Ses enfants, le peuple Juif. Ce n’est
que dans ce pays qu’on peut appliquer parfaitement toutes Ses lois.
Quand un gouvernement Juif se conduira d’après les lois de la Torah en Eretz
Israël, il ne laissera pas des non-Juifs s’installer dans le pays – à moins qu’ils ne
s’engagent à respecter les Sept Lois des Enfants de Noa’h, comme elles ont été
spécifiées à Moché sur le Mont Sinaï : « Obliger tous les habitants du monde à
s’engager à respecter ces Sept Lois ».
Un Enfant de Noa’h qui a accepté ces Sept Lois et désire habiter en Eretz Israël
est appelé « Guer Tochav » (un étranger habitant le pays d’Israël). Il peut
habiter dans n’importe quel endroit du pays – sauf à Jérusalem, la ville sainte.
En effet, un gouvernement se conduisant selon la Torah ne peut pas laisser un
« Guer Tochav » habiter de façon définitive à Jérusalem : cependant, il peut y
entrer pour faire du commerce ou, à plus forte raison, prier dans le Beth
Hamikdach (le Temple reconstruit) ou les synagogues de la ville.
L’Enfant de Noa’h doit accepter ces Sept Lois comme elles ont été transmises à
Moché sur le Mont Sinaï – parce que c’est D.ieu qui les a ordonnées dans la
Torah. Il doit officialiser cette acceptation devant un tribunal rabbinique puis il
sera appelé « Guer Tochav » et pourra habiter de façon définitive en Eretz
Israël.
(Un tribunal rabbinique ne peut accepter un « Guer Tochav » comme nous
l’avons défini qu’à l’époque où s’applique la loi du Yovel (50ème année, quand les
terrains reviennent automatiquement à leurs propriétaires). Ceci arrivera quand
toutes les lois de la Torah seront effectives en Eretz Israël. Mais tant que le
Yovel n’est pas rétabli, on ne peut pas accepter de « Guer Tochav ». Cela signifie
qu’un gouvernement Juif ne peut pas accorder de permis de s’installer à un
non-Juif tant que le Yovel ne sera pas rétabli. Le principe du « Guer Tochav »
n’existe donc plus actuellement).
Le peuple Juif a l’obligation d’aider un « Guer Tochav » à vivre correctement et
de le sauver comme il est écrit (Lévitique 25 : 35) : « Tu soutiendras le « Guer
Tochav » et il vivra avec toi ». Que signifie : l’aider à vivre correctement ? Il faut
84
l’aider à trouver du travail, l’aider de toutes les manières possibles pour qu’il
puisse habiter et vivre en Eretz Israël de façon digne. S’il a besoin d’aide
financière ou de soins médicaux, c’est une Mitsva que de l’aider.
Selon le Rambam, même actuellement alors que le concept de « Guer Tochav »
n’existe pas puisque le Yovel n’est pas appliqué, on est obligé de prendre soin
d’un Enfant de Noa’h qui s’est sincèrement engagé à appliquer les Sept Lois et
de le sauver – même en-dehors d’Eretz Israël.

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Chapitre 13

L’époque messianique
(d’après les deux derniers chapitres du Michné Torah du Rambam).

Le roi-Machia’h (le roi Messie) se lèvera et délivrera le peuple Juif de son exil. Il
rassemblera les Juifs éparpillés aux quatre coins du monde vers Eretz Israël. Il
construira le Beth Hamikdach (le Temple) selon ses lois.
La fonction essentielle du Machia’h sera de rétablir toutes les lois de la Torah de
façon complète afin que la croyance en D.ieu puisse être parfaite ainsi que
l’accomplissement des Mitsvot.
Il oeuvrera aussi de manière à ce que tous les habitants de la terre
reconnaissent la royauté du D.ieu Un, abandonneront toutes les idolâtries, se
joindront à la foi véritable comme quoi : à D.ieu seul appartient la royauté et
tout le but du monde est de connaître D.ieu et de s’en rapprocher.
La Présence de D.ieu enveloppera le Machia’h et il aura la capacité d’influencer
vraiment le monde entier à reconnaître la Vérité divine comme il est écrit (Isaïe
11) : « Un bourgeon jaillira de Yichaï (Jessé – donc ce sera un descendant du roi
David c’est-à-dire le Machia’h fils de David)… il reposera sur lui un souffle divin,
un esprit de sagesse, de discernement, un esprit de conseil et de puissance, un
esprit de connaissance et de crainte de D.ieu. Il jugera avec équité les pauvres,
il reprochera avec justesse les opprimés de la terre ; il frappera la terre avec les
paroles de sa bouche et mettra à mort les méchants par le souffle de ses lèvres.
La justice ceindra ses reins et la foi le maintiendra… Ce sera, en ce jour, la racine
de Yichaï (Jessé, le père du roi David) sera un étendard pour les peuples. Les
nations chercheront son conseil et lui apporteront des cadeaux dignes ». Un
autre prophète a annoncé (Tséfania - Sophonie 3 : 9) « Alors Je changerai les
peuples qui parleront une langue claire et invoqueront tous le Nom de D.ieu »,
c’est-à-dire que tous les peuples reconnaîtront d’une façon nette (l’existence de
D.ieu), voudront ardemment invoquer seulement le Nom de D.ieu et ne
croiront plus dans aucune autre divinité.
Tous les peuples se rendront à Jérusalem, dans l’endroit du Beth Hamikdach (le
Temple) où sera le Machia’h afin d’apprendre de lui comment servir D.ieu
comme il est écrit (Isaïe 2) : « A la fin des temps, la Montagne de la Maison de
D.ieu sera fermement établie au sommet des montagnes et plus haut que les
86
collines. Tous les peuples se dirigeront vers elle. De nombreux peuples
viendront et diront : Venez et montons vers la Montagne de D.ieu, vers la
Maison du D.ieu de Jacob : Il nous enseignera Ses voies et nous marcherons
suivant elles car depuis Sion jaillira la Torah et la parole de D.ieu depuis
Jérusalem. (Le Machia’h) établira la justice entre les peuples et adressera des
reproches à de nombreux peuples. Ils transformeront leurs épées en socs de
charrues et leurs javelots en outils ; un peuple ne lèvera plus l’épée sur un autre
et ils n’apprendront plus la guerre ».
Bien que les prophètes aient insisté que le Machia’h accomplira des merveilles
et des prophéties afin d’authentifier sa parole, ce n’est pas le but essentiel de sa
venue ! Sa fonction principale sera de dévoiler la vérité de la connaissance de
D.ieu afin qu’on accomplisse de façon parfaite Ses lois.
La Torah évoque la période du Machia’h qui viendra délivrer le peuple Juif et
réparer le monde comme il est écrit (Deutéronome 30 : 3 à 5) : « L’Éternel ton D.ieu
ramènera tes captifs, aura pitié de toi, te ramènera et te rassemblera de parmi
tous les peuples où Il t’a dispersé. Même si tes exilés se trouveront aux
extrémités du ciel, de là l’Éternel ton D.ieu te rassemblera et de là, Il te prendra.
L’Éternel ton D.ieu t’amènera vers le pays que tes ancêtres ont possédé et tu en
prendras possession. D.ieu te fera du bien, te multipliera bien davantage que
tes ancêtres ». Ces faits (le rassemblement des exilés à la fin des temps) sont
explicitement écrits dans la Torah ; ils comprennent tout ce que les prophètes
ont prévu pour le peuple Juif avec la venue du Machia’h.
Même Bilaam a prophétisé à propos du Machia’h comme il est écrit (Nombres
24 : 17 et 18) : « Je le vois mais pas maintenant, je l’aperçois mais il n’est pas
proche. Une étoile jaillira de Jacob et un sceptre se lèvera de parmi le peuple
d’Israël, il écrasera les princes de Moav et détruira tous les descendants de
Shet » (il s’agit du roi Machia’h à propos duquel il est écrit (Zacharie 9 : 9 et
10) : « Voici, ton roi viendra ; ce sera un Tsadik (un Juste) et un Sauveur… L’arc
de la guerre sera brisé, il parlera de paix avec les peuples ; il régnera d’une mer
à l’autre et depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. Edom sera sa
possession etc. ». C’est aussi ce qu’a exprimé le prophète Ovadia (Abdias 1 :
21) : « Les sauveurs graviront la montagne de Sion pour juger la montagne
d’Esaü et la royauté appartiendra à l’Éternel ».

Les Sages et les prophètes n’ont désiré les jours du Machia’h – non pas pour
régner sur le monde entier, non pour dominer les idolâtres, non pour que les
peuples les hissent très haut et non pour manger, boire et s’amuser – mais pour

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être libres d’étudier la Torah et sa sagesse : il n’y aura ni policier ni justicier
(pour les en empêcher) afin de mériter la vie dans le Monde Futur.
A cette époque, il n’y aura plus là-bas ni famine, ni guerre, ni jalousie ni
compétition dans le monde entier. Car le bien sera abondant et tous les délices
seront disponibles comme la poussière. L’occupation du monde entier ne sera
que de connaître l’Éternel et c’est pourquoi le peuple Juif sera (composé de)
grands Sages qui connaîtront les choses cachées, qui comprendront la
connaissance de leur Créateur selon la force de l’homme comme il est écrit
(Isaïe 11 : 9) : « Ils ne feront plus de mal et ils ne détruiront plus sur toute Ma
montagne sainte car la terre sera remplie de la connaissance de D.ieu comme
l’eau recouvre la mer ».

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