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‫ב"ה‬

Likouteï Si’hot
Perspectives ‘hassidiques sur la Sidra de la Semaine
d’après les causeries du Rabbi de Loubavitch

CHABBAT PARCHAT
VAYÉTSÉ
12 Kislev 5784 - 25 nov. 2023

SEFER BERECHIT
Parchat Vayétsé

Le monticule et le mur
(Etude basée sur un discours du Rabbi,
Likouteï Si’hot, tome 3, page 789)

La fin de la Parchat Vayétsé décrit la poursuite de Lavan l’araméen pour rattraper


notre père Yaakov, l’échange qu’il y eut entre eux, à cette occasion et l’alliance qu’ils
conclurent. Le verset Vayétsé 31, 46 dit que : « ils prirent des pierres et en firent un
monticule ». Puis, ils dirent, comme le rapporte le verset 31, 52 : « Ce monticule sera
témoin… Je ne traverserai pas ce monticule vers toi et tu ne le traverseras pas vers
moi ». Le monticule de pierres devait leur rappeler leur alliance et les empêcher de
nuire l’un à l’autre.

La Parchat Vayétsé est toujours lue pendant le mois de Kislev, qui est lié à la
révélation de la dimension profonde de la Torah, à laquelle on trouve d’ailleurs une
allusion dans différents passages de la Torah qui sont alors lus. Ainsi, à propos du
verset : « ce monticule sera témoin », on trouve une explication surprenante, dans
le Siddour de l’Admour Hazaken, porte de Lag Ba Omer, à la page 304c : « Ce verset
est une allusion de la Torah à Lag Ba Omer », jour de la Hilloula de Rabbi Chimeon
Ben Yo’haï, auteur du Zohar, qui révéla l’enseignement profond de la Torah.

On peut s’interroger sur l’allusion figurant dans ce verset. En effet, le Rabbi Ma-
harach explique, dans le Torah Chmouel 5638, à la page 152, que l’allusion à Lag Ba
Omer figure dans un autre verset. « Ouvre mes yeux et je verrai les merveilles de
Ta Torah » et l’on peut le comprendre, car il est bien clair que Rabbi Chimeon Ben
Yo’haï révéla : « les merveilles de Ta Torah » figurant dans sa dimension profonde.
En revanche, l’allusion figurant dans le verset : « ce monticule sera témoin » peut
surprendre. Quel rapport y a-t-il entre le monticule que dressèrent Yaakov et Lavan
pour se séparer l’un de l’autre, d’une part, la révélation de la dimension profonde
de la Torah, d’autre part ? Nous répondrons à toutes ces questions en exposant,
tout d’abord, la raison profonde de l’antagonisme qui opposait notre père Yaakov à
Lavan l’araméen, de même que la signification de ce monticule qu’ils décidèrent de
dresser entre eux.

La Parchat Vayétsé relate le voyage de notre père Yaakov à ‘Haran, son arrivée
dans l’endroit du Temple et la prière qu’il y formula, puis son arrivée à ‘Haran et le
travail qu’il y effectua pour le compte de son oncle, Lavan l’araméen. Il fut, en effet,
le berger de son troupeau pendant vingt ans. Il épousa Léa et Ra’hel, ses deux filles,
puis il s’en revint en Terre sainte. Lavan le poursuivit, le rattrapa et ils conclurent

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ensemble une alliance, après avoir dressé un monticule de pierres. Le Paracha se
conclut par : « Yaakov avança sur son chemin », jusqu’en Erets Israël.

Comme on le sait, « les actions des Père sont une indication pour les fils ». Chaque
récit, chaque événement de la vie de Yaakov est un enseignement pour le service de
D.ieu des « fils », des enfants d’Israël, en toutes les générations. Comme l’explique le
saint Or Ha ‘Haïm, dans son commentaire du verset Vayétsé 28, 14 : « L’ensemble de
cette Paracha fait allusion à l’homme. ‘Et, Yaakov quitta’ indique que l’âme a quitté
le monde céleste ». Il souligne ainsi que le verset : « Et, Yaakov quitta Béer Cheva et
il se rendit à ‘Haran » illustre la descente de l’âme au sein d’un corps physique.

Yaakov se trouvait, tout d’abord, en Erets Israël, à Béer Cheva, un lieu de sainteté,
auprès de son père Its’hak. Puis, il quitta cet endroit pour se rendre à ‘Haran, « lieu
de la colère de D.ieu dans le monde », selon l’expression de Rachi, dans son com-
mentaire de la fin de la Parchat Noa’h. ‘Haran était l’opposé de la sainteté et Lavan
l’araméen y résidait. En parvenant dans cet endroit, Yaakov subit donc une chute
vertigineuse. Et, celle-ci devait se solder par une élévation, au-delà de l’endroit du-
quel il était parti. Du reste, c’est précisément quand il se trouvait auprès de Lavan
que notre père Yaakov donna naissance à ses douze fils, à l’origine des douze tribus
et, selon les termes du verset Vayétsé 30, 43 : « L’homme devint très, très puissant ».

Certes, au sens le plus simple, cela veut dire que : « il eut de nombreux trou-
peaux, des servantes et des serviteurs », mais il est clair que sa richesse matérielle
était également liée à la richesse spirituelle. C’est précisément à ‘Haran que Yaakov
devint spirituellement puissant. Et, il en est de même pour chaque Juif, quand son
âme descend ici-bas, dans ce monde matériel. Cette âme quitte sa source, Béer
Cheva, les stades les plus hauts du domaine de la sainteté et elle parvient dans ce
monde matériel, envahi par les forces du mal, en lequel existe le mauvais penchant
suscitant la « colère de D.ieu ». Là, elle doit affronter Lavan l’araméen, la tromperie
et le mensonge de ce monde. La source de l’âme s’appelle Béer Cheva car, pour
qu’elle puisse assumer avec succès la mission qui lui est confiée ici-bas, « on lui fait
faire un serment : ‘tu seras un Juste et tu ne seras pas un impie », selon la Guemara,
à la fin du troisième chapitre du traité Nidda, qui est citée au début du Tanya.

En ce sens, Béer Cheva est le puits du serment, Chevoua, que l’on peut lire aussi
Sova, satiété et Cheva, sept, car on rassasie cette âme de sept forces particulières,
correspondant aux sept Attributs de l’émotion. Pour descendre ici-bas, l’âme tra-
verse aussi le Temple céleste, « il pria dans l’endroit ». Elle obtient ainsi toutes les
forces nécessaires pour mener à bien, d’une manière fructueuse, la mission qui lui
est confiée au sein de la matière du monde.

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On peut apprendre de notre père Yaakov la finalité de la descente d’une âme
dans ce monde et la nature de la mission qui lui est confiée, quand elle s’y trouve.
En effet, on peut être surpris par les efforts considérables développés par Yaakov
pour s’occuper du troupeau de Lavan. Nos Sages, dont la mémoire est une béné-
diction, disent, dans le Midrash Béréchit Rabba, chapitre 47, au paragraphe 6, que :
« les Patriarches étaient comme une charrette », totalement soumise à celui qui la
conduit. Le Tanya explique, au chapitre 23, que : « tous les membres de leur corps
étaient saints et séparés des domaines de ce monde. Ils se soumirent uniquement à
la Volonté de D.ieu, tout au long de leur vie ».

Ce qui vient d’être dit permet de reformuler la question précédemment posée.


Pourquoi notre père Yaakov consacra-t-il tant de temps et tant d’efforts au troupeau
de Lavan, une activité en apparence très grossière ? Bien plus, il fit don de sa per-
sonne pour cela, au point de ne pas dormir pendant de nombreuses nuits. S’agissait-
il uniquement d’obtenir la richesse matérielle ? De ce fait, nos Sages expliquent que
sa motivation était spirituelle. Il y avait, dans le troupeau de Lavan, des parcelles de
sainteté d’une grande élévation. Le travail de Yaakov eut pour effet de libérer ces
parcelles et de les réintégrer à leur source première, dans le domaine de la sainteté.

Ainsi, l’Admour Hazaken explique, dans le Torah Or, à la page 23c, que : « tout
le travail effectué par Yaakov auprès de Lavan pendant six ans, avec son troupeau,
révéla la lumière de l’En Sof, béni soit-Il, par ses propres actions. Tous ses accom-
plissements furent un sanctuaire et un réceptacle pour la révélation de la Lumière
de l’En Sof, béni soit-Il ». Ceci s’applique aussi à : « l’indication pour les fils ». Un Juif
parvient dans ce monde et il doit gagner sa vie avec des objets matériels, ici-bas. Il
doit donc avoir conscience qu’en agissant de la sorte, il met en pratique la Volonté
de D.ieu, ainsi qu’il est dit : « L’Eternel ton D.ieu te bénira en tout ce que tu feras ».
Son objectif est d’apporter l’élévation aux parcelles de sainteté se trouvant dans ces
objets matériels.

Néanmoins, un Juif peut croiser, sur son chemin, Lavan l’araméen, qui tentera
de le troubler et lui expliquera qu’on ne peut pas se consacrer aux objets matériels
et rester parfaitement attaché à D.ieu, que cela est possible uniquement pendant
la prière ou l’étude de la Torah, mais non dans les domaines de ce monde matériel.
Car, le troupeau appartient à Lavan l’araméen, qui est un trompeur et un menteur.
De fait, ce monde est celui du mensonge, de sorte que la recherche de la Divinité et
de la spiritualité n’y a pas sa place.

Ce monde est celui du mensonge, non seulement parce que les hommes y sont
des menteurs, mais aussi parce que son existence même est un mensonge, car

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chaque être existe par la Parole de D.ieu qu’il porte en lui. Celle-ci le crée, à chaque
instant, à partir du néant et, si elle n’était pas renouvelée, la créature retournerait
immédiatement au néant. Cela veut dire que l’existence matérielle n’est pas une
réalité tangible. Le troupeau de Lavan n’a pas d’existence intrinsèque et seule l’est
la Présence de D.ieu, Qui veut que le troupeau existe et c’est pour cela qu’il est pos-
sible de l’observer, dans le monde. Pourtant, le monde semble posséder une exis-
tence autonome et c’est en ce sens qu’il est un monde du mensonge.

Le discours de Lavan l’araméen est le suivant : « L’existence des créatures maté-


rielles est la force divine qui les anime. C’est une belle idée. Il est possible de l’étu-
dier dans la Torah et d’y méditer pendant la prière. En revanche, quand on se rend
dans le monde pour y gagner sa vie, si l’on veut obtenir la richesse matérielle, dans
ce monde du mensonge, il faut oublier toutes ces belles idées et se consacrer plei-
nement à ses affaires. » Bien plus, dira Lavan, il n’y a pas le choix. Pour connaître la
réussite, il faut adopter le comportement de toutes les créatures de ce monde du
mensonge, la fourberie, la tromperie, la concurrence déloyale. Aussi Lavan affirma-
t-il à Yaakov, selon les termes du verset 31, 43, que : « les filles sont mes filles, les fils
sont mes fils, le troupeau est mon troupeau et tout ce que tu vois m’appartient ».

Lavan l’araméen revendique la propriété de tous les objets matériels de ce monde


et il affirme qu’il est impossible d’introduire en eux la sainteté. Certes, il est pos-
sible de prendre place dans la maison d’étude d’Ever, d’y étudier la Torah jour et
nuit. Dans ce domaine, Lavan n’intervient pas. En revanche, quand on fait paître un
troupeau matériel, « il est à moi » et c’est alors Lavan qui est le maître. De ce fait,
notre père Yaakov insuffle à chaque Juif la force dont il a besoin, en chaque généra-
tion, car : « les actions des Père sont une indication pour les fils ». Grâce à lui, tous
peuvent affirmer que le troupeau n’appartient pas à Lavan, ce qu’à D.ieu ne plaise.

L’action au sein de la matérialité, l’activité commerciale et tout ce qui en est l’équi-


valent sont partie intégrante du service de D.ieu. Tout comme un Juif prie et étudie
la Torah parce que D.ieu lui demande de le faire, il doit aussi gagner sa vie parce que
telle est l’Injonction divine, ainsi qu’il est dit : « L’Eternel ton D.ieu te bénira en tout
ce que tu feras », avec pour objectif d’introduire la sainteté dans les objets maté-
riels. De cette façon, l’activité au sein de la matière du monde ne réduit pas l’atta-
chement à D.ieu, qu’Il nous garde de le penser. Bien au contraire, elle apporte l’élé-
vation aux parcelles de sainteté se trouvant dans les objets matériels. Et, l’homme
qui assume cette mission s’élève, lui aussi. C’est ainsi que : « l’homme devint très,
très puissant ».

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Ce qui vient d’être exposé nous permettra de comprendre un Midrash surpre-
nant relatif à cette Parchat Vayétsé, commentant le verset : « Il se coucha dans cet
endroit-là ». En effet, le Midrash Béréchit Rabba, chapitre 68, au paragraphe 11, dit :
« Cette fois-là, il s’était couché. En revanche, pendant les quatorze ans qu’il passa
dans la maison d’Ever, il ne dormit pas. Cette fois-là, il s’était couché. En revanche,
pendant les vingt ans qu’il passa dans la maison de Lavan, il ne dormit pas. Et, que
disait-il ? Il lisait les quinze Chir Ha Maalot du livre des Tehilim. Pour quelle raison le
faisait-il ? Parce qu’il y est dit : ‘Cantique des degrés, de David, si l’Eternel n’était pas
avec nous, dit Israël’, la Tradition d’Israël. Autre explication : il lisait tout le livre des
Tehilim. Pour quelle raison le faisait-il ? Parce qu’il est dit : Tu es saint et Tu sièges sur
les louanges d’Israël’, sur la Tradition d’Israël. »

On peut donc ici se poser deux questions :


A) Pourquoi un tel sacrifice pour garder le troupeau de Lavan, au point de ne pas
dormir pendant vingt ans ?
B) Quel est le sens de la question posée par le Midrash : « Et, que disait-il ? » ? Pour-
quoi le Midrash considère-t-il comme une évidence que Yaakov lisait un texte alors
qu’il était absorbé par la garde du troupeau de Lavan ?

On peut répondre à ces questions d’après ce qui a été expliqué ci-dessus. L’abné-
gation de Yaakov pour le troupeau de Lavan était partie intégrante de son service
de D.ieu. Il voulait apporter l’élévation aux parcelles de sainteté se trouvant dans les
objets matériels, sans s’affecter de Lavan qui revendiquait la propriété de ce trou-
peau, son appartenance au monde du mensonge. La mission que notre père Yaakov
devait mener à bien était particulièrement difficile. Il devait être particulièrement
prudent pour s’assurer que son activité dans les domaines du monde ne réduise en
aucune façon son attachement à D.ieu.

Quand un Juif se consacre à la prière et à l’étude, sans relation avec le monde


matériel, en se limitant à ce qui est strictement indispensable à son existence, la
nourriture, la boisson, son attachement à D.ieu n’a alors aucun caractère exception-
nel. A l’inverse, quand il adopte une activité matérielle, professionnelle, sans perdre
de vue que son unique objectif est le service de D.ieu, il affronte ainsi de grandes
difficultés. C’est précisément le sens de la question posée par le Midrash : « Et, que
disait-Il ? ». En effet, il est bien évident que notre père Yaakov priait, pendant qu’il
travaillait. Il demandait nécessairement à D.ieu de lui venir en aide en la mission
ardue qu’il assumait.

Le Midrash répond, selon un premier avis, que Yaakov lisait alors les Psaumes
Chir Ha Maalot, « Cantique des degrés ». En effet, le verset Tehilim 121, 2 dit que :

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« mon aide me vient de l’Eternel, Qui fait les cieux et la terre ». Ainsi, Yaakov puisait
de la force dans la conscience qu’il ne pouvait s’en remettre à ses capacités person-
nelles et que, de ce fait, D.ieu lui venait en aide. Bien plus, ce verset souligne que
D.ieu : « fait les cieux et la terre », qu’Il insuffle des forces célestes et terrestres à la
fois. Pendant les quatorze années durant lesquelles il étudia la Torah auprès d’Ever,
Yaakov n’attribua jamais son succès à ses hautes capacités. Il savait que : « mon aide
me vient de D.ieu Qui fait les cieux ».

De même, sa réussite pendant les vingt années qu’il passa dans la maison de
Lavan, la garde du troupeau, l’absence d’attirance vers la matérialité, l’attachement
à D.ieu n’étaient pas l’effet de ses propres forces, mais s’expliquaient par le fait que :
« mon aide me vient de D.ieu Qui fait la terre ». C’est de cette manière que notre
père Yaakov se préserva et, quand il s’en revint, selon les termes du verset Vaychla’h
33, 18 : « Yaakov arriva entier » et nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction,
expliquent, dans la Guemara, traité Chabbat 33b, qu’il était : « entier en son corps,
entier en son argent, entier en sa Torah », à la fois matériellement et spirituellement.

Ce qui vient d’être dit nous permettra de comprendre pourquoi un monticule


fut dressé entre notre père Yaakov et Lavan l’araméen. La relation entre Yaakov et
Lavan est celle qui existe entre un Juif et le monde. Elle peut être envisagée de trois
façons :

A) Cette relation peut être totalement inexistante. Un Juif s’enferme alors dans la
maison d’étude et il se consacre à la Torah, à l’exclusion de toute autre activité.

B) Il peut aussi avoir un échange avec Lavan, ce qui lui permet de le combattre
et de lui nuire. En pareil cas, la confrontation d’un Juif avec les domaines du monde
peut provoquer sa chute morale, au moins jusqu’à un certain point.

C) Il peut enfin échanger avec Lavan dans le but de lui reprendre ce qui est bon
pour lui, sans lui permette de lui nuire. Yaakov agit de cette troisième manière et ce
fut la raison d’être de ce monticule.

Le verset dit : « Ce monticule est témoin et cette stèle est témoin : je ne tra-
verserai pas ce monticule vers toi et tu ne traverseras pas ce monticule et cette
stèle vers moi pour le mal ». Rachi explique : « tu ne le traverseras pas pour le mal,
mais tu pourras le traverser pour faire du commerce ». Si Yaakov et Lavan voulaient
interrompre toute relation entre eux, ils ne se seraient pas suffi d’un monticule. Ils
auraient construit un mur solide, qui les aurait séparés hermétiquement. Mais, en

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l’occurrence, Yaakov voulait que Lavan ne lui fasse pas de mal, tout en conservant la
possibilité d’une activité commerciale. Ils bâtirent donc un monticule de pierres.

Il en résulte un enseignement pour le service de D.ieu des « fils ». Se séparer de


ce monde, dresser un mur n’est pas entre soi et sa matérialité n’est pas un but en
soi. Un Juif doit avoir une activité matérielle, non pas pour le mal, mais bien pour le
« commerce », afin de réaliser un profit, d’en obtenir les parcelles de sainteté, plus
hautes que celles qui se trouvent dans les domaines spirituels. C’est précisément
dans ce but que son âme est descendue ici-bas, en ce monde inférieur, pour « com-
mercer » avec ces parcelles. C’est la relation que l’on peut établir entre les versets :
« Ce monticule (Gal) est témoin » et : « Ouvre (Gal) mes yeux et j’observerai les mer-
veilles de Ta Torah », qui fait allusion à la révélation de la dimension profonde de la
Torah.

Selon la partie révélée de la Torah, sans sa dimension profonde, le moyen de se


préserver de la nuisance morale de ce monde matériel est d’y construire un mur,
séparant un Juif du monde. Néanmoins, Rabbi Chimeon Ben Yo’haï révéla la partie
profonde de la Torah, « ouvre mes yeux et j’observerai les merveilles de Ta Torah »,
puis, en ces dernières générations, le Baal Chem Tov et ses disciples insufflent la
force de se suffire de : « ce monticule (qui) est témoin ». Certes, le monticule sé-
pare Yaakov de Lavan, mais il ne le fait pas d’une manière hermétique. L’activité
« commerciale » reste possible et l’on peut réaliser un « profit », s’approprier les
parcelles de sainteté des objets matériels pour faire de ce monde la Résidence de
D.ieu. La ‘Hassidout permet à chaque Juif de ne pas se séparer du monde, de s’y
trouver pleinement, afin d’y mettre en pratique l’Injonction : « En toutes tes voies,
reconnais-Le ».

La révélation des sources de la ‘Hassidout est donc la préparation de la venue du


Machia’h. Au Baal Chem Tov qui lui demandait : « Quand le maître viendra-t-il ? »,
le Machia’h répondit : « Lorsque tes sources se répandront à l’extérieur », selon
le début du Kéter Chem Tov. En effet, lors de la délivrance, la Divinité ne sera plus
séparée du monde. Bien au contraire, la matière sera le réceptacle de la spiritualité,
selon les termes du verset Ichaya 40, 5 : « toute chair, ensemble, verra que la bouche
de D.ieu parle ». La chair physique percevra la révélation de la Parole de D.ieu. Ce
sera l’effet du dévoilement de la ‘Hassidout, « ouvre mes yeux et j’observerai les
merveilles de Ta Torah », qui permet à un Juif de prendre conscience que tout est
Divinité, que « Il n’est rien d’autre que Lui ».

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