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SAMEDI 25 NOVEMBRE 2017 - 07 KISLEV 5778

MAYAN HAIM
MAYAN HAIM MAYAN HAIM MAYAN HAIM MAYAN HAIM MAYAN HAIM MAYAN HAIM

UNIFIER LA CRÉATION AUTOUR D’HACHEM


Rav Elie LELLOUCHE

Fuyant la menace brandie par son frère Éssav, encore animée d’une haine meurtrière à son en-
contre, Yaacov parvient au Har Hamoriah pour y prier. Le soleil s’étant couché prématurément,
Yaacov décide de passer la nuit dans ce lieu empli de sainteté. Cherchant à se protéger de la
présence éventuelle de bêtes sauvages, il rassemble des pierres de l’endroit et les dispose
eaoyv tsrp en forme de muret autour de sa tête avant de se coucher. Selon le Midrach ces pierres étaient
au nombre de douze.
Cependant, nous rapporte Rachi, ces dernières commencèrent à se disputer, chacune voulant
Unifier la création autour de D. s’emparer du privilège de servir de repose-tête pour le Tsadik (Béréchit Rabba 68,11). Aus-
Page 1 sitôt, Hachem les fondit en une seule. C’est pourquoi, lorsqu’après s’être réveillé, Yaacov
L’échelle de Yaacov décide d’ériger une stèle à l’endroit même du rêve prophétique qu’il avait fait durant son
sommeil, le texte ne cite qu’une seule pierre ainsi qu’il est écrit: «VaYka’h Ete HaÉven Acher
Page 2 Sam MéRaachotav» (Et il prit la pierre qu’il avait placée sous sa tête)
La maison de Dieu (Béréchit chapitre 28,verset 18).
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Ce Midrach, qui, selon le Maharal, n’est pas qu’allégorique, donne, en fait toute l’ampleur de
Berakhot et changement d’endroit
la dimension absolument gigantesque de Yaacov Avinou, Bé’hir HaAvot (l’Élu des patriarches).
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Pour le père des douze tribus d’Israël, l’enjeu est d’unifier l’ensemble de la création autour
du Créateur. Ce défi doit s’ancrer, préalablement, dans la constitution d’une famille au sein
de laquelle chacun des enfants incarnera une voie fondatrice dans le service divin. C’est tout
le sens du questionnement récurrent de Yaacov, tel que nous le rapporte nos maîtres, sur
«la perfection de sa couche». Il ne s’agit pas uniquement, pour le troisième de nos Pères, de
maintenir chacun de ses enfants dans la voie tracée par Avraham Avinou. L’enjeu est autre-
ment plus considérable.
ENTRÉE: 16H49 Assurer une «couche parfaite» c’est construire une famille qui constituera le vecteur de l’unité
divine sur un plan universel. Chacune des douze pierres placées autour de la tête de Yaacov
revendique la primauté du lien avec l’Élu des patriarches dans la mise en œuvre du projet
divin. Cependant Yaacov, quant à lui, incarne la dimension de l’unité divine dans sa réalité
SORTIE: 17H58 complexe et harmonieuse.Il ne peut accepter, comme le développe le Maharal, le fractionne-
ment. Ainsi l’unification des pierres à laquelle procède Hachem, répond à la nature profonde
de l’engagement du dernier des Avot dans ce combat.

C’est tout le sens de l’échange que le père des douze tribus d’Israël aura avec ses enfants,
à l’approche de son départ de ce monde, alors qu’il voit se fermer devant lui les portes de
l’esprit prophétique, du Roua’h HaKodech. S’interrogeant sur les raisons de cette «cécité

aim Vec
spirituelle» et craignant que l’un de ses enfants ne se soit écarté du projet divin, Yaacov ex-
prime ses inquiétudes à ces derniers: «Y-aurait-il un enfant parmi vous qui aurait entaché ma
H couche?» s’exclame-t-il. Et ses enfants de lui répondre: «Écoute Israël (notre père) Hachem
ha l

est notre D-ieu, Hachem est un».


Torat

om

Cette unité harmonieuse de la création autour du Maître du monde que tu t’est assigné de
révéler, nous en faisons, nous aussi, notre combat, lui répondent les Chévatim. Ainsi le mot

Beth Hamidrach
É’had (Un),souligne le Maharal, correspond-t-il à la valeur numérique du chiffre 13; l’unité
divine (le Alef de É’had) portée par Yaacov autour de laquelle s’articulent le service divin des
8 enfants de Léa et Ra’hel (le ‘Het de É’had) et celui des 4 enfants des servantes (le Daleth
de É’had).

Article et contenu réalisés par TORAT HAIM VECHALOM - 35, rue Emile Lepeu 75011 PARIS - 01.44.93.51.50
Association reconnue d’utilité générale habilitée à recevoir les DONS et les LEGS. Directeur : Rav Elie LELLOUCHE
L’ÉCHELLE DE YAACOV
Raphaël ATTIAS

Dans la Paracha de Vayétsé, Ya’akov prendre conscience de la sainteté de la Il ajoute que le Beth Hamikdach sera
quitte son pays et la maison de ses Terre d’Israël et de lui donner le désir également le siège du Sanhédrin qui
parents pour fuir ‘Essav. Il se dirige d’y retourner dès qu’il le pourra. diffusera la Torah et la Sagesse qui
vers ‘Haran. La nuit arrivée, il prend s’acquiert par étapes. La réflexion de-
une des pierres de l’endroit en guise - Le Midrach considère que l’échelle vra d’abord porter sur la réalité d’ici-
d’oreiller et passe la nuit dans ce lieu. fait allusion au Mont Sinaï, les anges à bas, qui correspond à « l’échelle dres-
« Il fit un rêve: Et voici qu’une échelle Moché et Aaron ; et Hachem se tient au sée sur la terre ». Puis, elle s’élèvera
était dressée sur la terre et que son sommet de l’échelle comme Il se tien- ensuite au niveau du monde intermé-
sommet atteignait le ciel ; et voici des dra plus tard sur le Sinaï pour donner diaire qui correspond à « et son som-
anges de D. montant et descendant la Torah à ses descendants. D’ailleurs met atteignait le ciel ». Elle parviendra
dessus. Et voici que Hachem se tenait le Ba’al Hatourim (1270-1343) nous fait ensuite au monde supérieur « et voici
sur lui … ». remarquer que les mots « Sinaï » et « les anges montant et descendant des-
Soulam » ont la même valeur numé- sus » pour enfin accéder à la présence
Ce songe prophétique a suscité chez rique 130. La Torah d’Hachem, ensei- d’Hachem « et voici que Hachem se te-
nos Maîtres de nombreuses interroga- gnée par Moché et Aaron et par la suite nait au dessus ».
tions : par les Hakhamim (qui doivent res-
A quelle catégorie appartient ce rêve ? sembler à des anges de D.) permet de - La Psikta de Rav Cahana (23) inter-
De quelle échelle s’agit-il ? Quels sont faire la liaison entre le monde matériel prète ainsi ces versets :
les anges qui montent et descendent (la terre) et le monde spirituel (le ciel). « Les anges d’Hachem montaient et
sur cette échelle ? (De plus, les anges descendaient dessus » - il s’agit des
qui sont des créatures célestes au- - Le Rambam (1138-1204), dans son anges tutélaires des nations, cela nous
raient dû commencer par descendre) « Moré Névoukhim », indique que apprend que D ; a montré à Ya’akov
l’échelle symbolise les stades que la l’ange de Babel qui montait puis des-
Dans le Sefer Béréchit, nous rencon- pensée doit franchir pour parvenir cendait, celui de Madaï qui montait et
trons deux sortes de rêves : jusqu’à Hachem. Il en répertorie 4 qui descendait, celui de Grèce qui montait
- Les songes dans lesquels Hachem correspondent à : 1) « dressée sur la puis descendait et enfin celui d’Edom
parle à des hommes pour leur trans- terre » ; 2) « et son sommet atteignait qui montait et descendait. Hachem a dit
mettre un message clair, comme le le ciel » ; 3) « et voici des anges de D. à Ya’akov : Pourquoi ne montes-tu pas
rêve d’Avimélekh au sujet de Sara (Bé- montaient et descendaient » ; 4) « Et ? A ce moment, Ya’akov a eu peur et il a
réchit XX, 3) ou comme celui de Lavan voici Hachem se tenait dessus ». dit : Les autres sont descendus, en se-
lorsqu’il poursuit Ya’akov (Béréchit ra-t-il de même pour moi ? Hachem lui
XXXI, 24 ! Ces 4 échelons correspondent à la pro- a dit : Si tu montes, tu n’auras pas de
- Les songes par lesquels la révélation gression nécessaire pour atteindre la descente ! Ya’akov n’a pas eu confiance
d’Hachem s’exprime par des images connaissance et aussi les étapes indis- et il n’est pas monté.
ou des symboles qui nécessitent une pensables pour arriver à une concen-
interprétation, comme les rêves de tration optimale dans la Téfila. … Hachem lui a dit : Si tu avais eu
Yossef, ceux de l’échanson et du pane- confiance et tu étais monté, tu ne serais
tier et ceux du Pharaon. - Le Chlah Hakadoch (1558-1630) jamais descendu, mais étant donné que
Quant au rêve de Ya’akov, il contient à considère que les 4 stades de la pen- tu n’as pas eu confiance, tes descen-
la fois une image à interpréter et un sée décrits par le Rambam coïncident dants seront asservis à ces 4 royaumes
message direct. avec les 4 mondes de la Kabbala et dans ce monde. Ya’akov a dit : Est-ce
aux 4 parties principales de la Téfila : que ce sera pour toujours ? Hachem lui
Nous nous limiterons aux commen- le monde de l’action (‘Olam Ha’assiya), a dit : « Ne crains rien, mon serviteur
taires de nos exégètes concernant le monde de la formation (‘Olam Hayét- Ya’akov et ne sois pas effrayé, Israël,
cette vision. sira), le monde de la création (‘Olam car je te sauverai des régions lointaines
Habéria) et le monde de l’émanation ta descendance de leur terre d’exil »
- Rachi (1040-1105) explique que les (‘Olam Haatsilout) Dans ce Midrach, nous remarquons
anges qui montaient d’abord étaient que l’échelle est celle de l’histoire, que
ceux qui avaient accompagné Ya’akov à - Le Kli Yakar (1540-1619) rappelle les anges sont les anges tutélaires des
l’intérieur d’Erets Israël et qu’ils ne de- que Ya’akov se trouvait, cette nuit là, au 4 royaumes qui vont asservir Israël qui
vaient pas sortir du pays : ils sont donc Mont Moria et que la vision de l’échelle vont connaître grandeur et décadence.
remontés au ciel. Et ceux attachés aux est annonciatrice de la construction fu- Le peuple juif connaîtra la souffrance
autres pays sont descendus pour l’ac- ture dans ce lieu du Beth Hamikdach des exils, mais Hachem ne nous aban-
compagner. qui servira de trait d’union entre le donnera jamais. Du haut de l’échelle, il
monde matériel et le monde spirituel. prépare notre libération et la venue du
Rachi considère que le rêve de Ya’akov « Les anges de D. montant et des- Machia’h.
lui fait savoir qu’il sera toujours pro- cendant » correspondent aux Téfilot
tégé par Hachem aussi bien dans son (prières) et aux Korbanot (sacrifices) L’Histoire a un sens. Montrons-nous
pays qu’en exil. C’est le sens du verset : qui renforcent les mondes spirituels dignes du Projet Divin !
« Et Hachem se tenait sur lui… ». Cette ainsi que la profusion et les bénédic-
vision a également pour but de lui faire tions qui seront déversées sur la terre.
LA MAISON DE DIEU
Yohanan NATANSON
« Il eut peur, il dit : « Que ce lieu [est] vient de la maison de D.ieu. » D.ieu, par la prière en particulier.
redoutable ! Ceci n’est autre que la Mais si nous lisons les versets en te- Le présent fait à Ya’aqov, la bénédic-
maison de Éloqim, et ceci [la] porte des nant compte du Midrash, la difficulté tion providentielle de la paix et de la
Cieux. » [...] disparaît : Ya’aqov sait parfaitement tranquillité, est lié à sa caractéristique
Il appela le nom de cet endroit Beith-El. que le Beit HaMiqdash est l’interface personnelle : l’accomplissement du
Et cependant Louz [était le] nom de la entre le Ciel et la terre. Il comprend que ‘hessed dans toutes ses dimensions.
ville, à l’origine. » c’est à travers lui que la Providence di-
Bereshit 28,17 et 19 vine s’épanche dans le monde entier. Le ‘hessed est la seule des trois béné-
Il sait aussi qu’une telle émanation dé- dictions liées à l’existence des Avot qui
Le Pshat (le sens simple) semble sim- pend des diverses modalités de la ré- ouvre la voie au plus grand nombre.
plement désigner le lieu où Ya’aqov a ponse spirituelle de l’homme. Tous les hommes, Juifs ou non, peuvent
rêvé peut-être le plus fameux des rêves mériter la Berakha du Shalom, symboli-
de l’histoire humaine. À l’époque, ce Il est surpris de voir que dans son ex- sée par la maison, en accomplissant
n’est qu’un « maqom », un lieu sans périence personnelle, la Providence se des actes de ‘hessed.
signes distinctifs, à proximité de la manifeste sous la forme d’une maison.
ville de Louz. Avec le temps, Louz s’est Pour ses Pères, les choses ne s’étaient Il est évident que les Juifs, héritiers de
développée, pour s’étendre à la région pas présentées de cette façon. Pour Ya’aqov, ont une disposition particu-
de Beith-El, qui à son tour a donné son Abraham, c’est une montagne qui a lière dans ce domaine.
nom à la ville ainsi agrandie. marqué sa proximité avec D.ieu, et Et cette pratique méthodique du
l’assistance qu’il avait reçue dans ses ‘hessed, l’amour concret du prochain,
‘Hazal (nos Sages de mémoire bénie), y guerres. Pour son père Yts’haq, c’est et la recherche de la paix sont devenues
voient le lieu où sera construit le Beit un champ qui symbolise le réceptacle une stratégie de survie dans l’exil, qui
HaMiqdash, huit siècles plus tard (Ber. de l’émanation, comme source de la s’achèvera bientôt et de nos jours.
Rabba – cité par Rashi – et Sifri). nourriture et de la parnassa du Peuple
Ya’aqov a vu que l’échelle qui relie le de D.ieu. Alors, la dimension de ce maqom re-
Ciel et la terre est posée sur le mont doutable aperçue par Ya’aqov sera plei-
Moriah. Il y de bonnes raisons à cela. Pour Ya’aqov, c’est une figure différente nement réalisée, et « Ma Maison devien-
qui s’impose, celle de la maison, que la dra une maison de prière pour toutes
L’expression « Eyn zé ki im Beth Éloqim Providence va réellement fournir au les nations » (Yeshayiahou 56,7)
» – Ceci n’est rien d’autre que...) indique Peuple juif, dans ses nombreuses péré-
habituellement une restriction, une di- grinations parmi les nations. Librement adapté du Rav Itzhaq Adlerstein – Torah.org
minution de la valeur attendue. Ya’aqov
pensait que ce lieu était d’une élévation La maison représente la voie de la
inaccessible à la compréhension hu- paix. Plutôt que de se lancer dans des
maine. Mais à présent, il comprend qu’il guerres pour le pouvoir et la domina-
n’est pas aussi saint qu’il le pensait. tion, la dimension d’Israël est celle
d’une coexistence pacifique, qui évite
Mais une telle explication, enseigne le le combat, et permet à chaque partie de
Netziv, n’est pas conforme au sens du rentrer « à la maison » en paix, comme il
texte, parce qu’en réalité, c’est l’inverse est écrit : « ‘Essaw reprit ce jour-là son
: en disant ces mots, Ya’aqov montre chemin vers Sé’ir. Et Ya’aqov partit vers
qu’il réalise que ce « Maqom » est beau- Soukoth, il s’y bâtit une maison » (Ber.
coup plus grand qu’il ne l’imaginait ! 33,16-17)
Il avait vu ce « terrain vague », qui s’ap-
pellera Beit-El, comme un lieu dépour- Ya’aqov, poursuit le Netziv, a vu l’ouver-
vu de signification particulière. Après ture de cette Maison non comme une
l’expérience de son rêve prophétique, il porte, mais comme un « sha’ar » (un
comprend que le lieu où elle s’est pro- portail).
duite est beaucoup plus important qu’il Une porte est faite pour permettre à un
ne le pensait. individu dûment autorisé d’entrer. Un
portail invite le grand nombre à le fran-
On pourrait aussi comprendre le ver- chir. Les dons providentiels accordés à
set comme une réaction de Ya’aqov à Avraham et Yits’haq restaient réservés
sa propre frayeur : « J’ai eu peur parce à une élite sélectionnée.
que je me suis trouvé dans la maison
de D.ieu. » Mais si c’était le cas, le texte La victoire militaire est accordée par le
aurait du dire : « Ceci (c’est à dire ma mérite de ceux qui étudient la Torah. La
frayeur) n’est rien d’autre que ce qui parnassa dépend de notre service de
BERAKHOT ET CHANGEMENT D’ENDROIT
Michael OUAKNINE

Le Michna Beroura introduit ce sujet par une D’après le Or Letsion (livre 2, ch. 12, note 16) un aliment dont berakha akharona est birkat
introduction afin de nous aider à comprendre un balcon ou une terrasse sont considérées hamazone ou méèn chaloch ne nous contrain-
les différentes opinions et les lois qui en dé- comme des pièces de la maison bien qu’il n’y dra pas à refaire la berakha. Il faut préciser
coulent. Il faut savoir, dans un premier temps, ait pas de toit au-dessus. Le Piské Techouvot que si la quantité consommée est inférieure à
qu’un réel changement de lieu (chinouy ma- cite néanmoins certaines opinions qui pensent un kazaït (28 g) il n’y a pas de berakha akha-
kom) fait perdre la berakha faite dans le pre- qu’il vaut mieux éviter de changer de pièce au rona, donc le chinouy makom fera « perdre »
mier lieu. Pour prendre un exemple simple, cours d’un repas et surtout de le continuer la berakha.
si je mange une pomme chez moi et que mon dans une autre pièce. Il faut préciser que
voisin dans la maison d’en face m’appelle, que même dans un cas de changement de « mai- Si on a fait un chinouy makom :
je vais chez lui et qu’il me donne une autre son », si plusieurs personnes sont attablées D’après le Rambam, un chinouy makom cor-
pomme, il faudra refaire la berakha sur sa et partagent le même repas, le fait de sortir respond à un essekh daat (on ne pense plus
pomme. Les questions qui se posent sont de n’entraine pas de chninouy makom tant que du tout au fait que nous sommes en train de
savoir : les convives n’ont pas fait la berakha akharo- manger) ; il s’agit donc d’une interruption to-
na (pour les Séfaradim, cela ne compte pas si tale. Il faut donc, toujours d’après le Rambam,
1) Quels sont les lieux concernés ? (Est-ce que c’est boré néfachot). faire la berakha akharona (sur ce qu’on a déjà
changer de pièce dans une même maison fait mangé) puis refaire la berakha sur ce qu’on
perdre la berakha ? et si je suis dehors ?) Les berakhot concernées : va consommer à présent. C’est l’opinion re-
2) Quels sont les bénédictions concernées ? Il s’agit d’un makhloket dans la guemara tenue par le Choulkhan Aroukh. Les autres
(motsi, mézonot, chéakol ?) (Pessahkim 101 b). Rav Chechet estime que poskim pensent que seule la berakha avant
3) Que faire si on a effectivement changé d’en- peu importe la berakha, dès lors qu’il y a un de consommer à nouveau l’aliment est à re-
droit selon les cas ? chinouy makom, la berakha est « perdue ». faire, la berakha akharona qui sera faite sur le
4) Quelle est l’attitude à adopter si on sait Rav Hisda, de son côté, pense que tout dé- deuxième « repas » comptant pour les deux.
qu’on doit changer d’endroit (il se met à pleu- pend de l’obligation de faire oui ou non la Comme expliqué précédemment, en vertu du
voir dans la souccah par exemple) berakha akharona à l’endroit où l’on a mangé. principe de « SABAL », tout le monde suivra
Le motsi qui nécessite que le birkat hamazone la deuxième opinion.
Les lieux : se fasse à l’endroit où l’on a mangé n’est pas,
Deux sortes de changement de lieu existent ; selon Rav Hisda, perdu en cas de chinouy Avant de faire le chinouy makom :
le changement de « maisons » (séparées tota- makom. Si par contre, la berakha akharona Le Or Letsion (livre 1, note 17) apporte plu-
lement) ou le changement de « pièces » (sous est boré néfachot, un chinouy makom fait sieurs preuves comme quoi le principe de «
le même toit). Le fait de changer de « maison perdre la berakha puisqu’il n’y a pas d’obliga- SABAL » ne s’applique pas si la berakha en
» (sortir de la zone couverte par un même toit) tion de faire boré néfachot à l’endroit où l’on question est « inutile ». C’est-à-dire, que pour
entraine d’après tous les avis un chinouy ma- a mangé. En ce qui concerne méèn chaloch éviter un doute sur une berakha, on peut
kom. (al hamekhiya, etc.) il s’agit d’une makhloket agir de manière à devoir faire une berakha
Dans son introduction, le Michna Beroura entre les Richonim (mais dans la pratique, le que nous n’aurions pas eu besoin de faire en
rapporte l’opinion de plusieurs poskim qui statut sera celui de motsi). temps normal. Il tranche donc qu’avant de
estiment que même d’une pièce à l’autre, le sortir, il faut d’abord faire la berakha akha-
problème de chninouy makom existe. C’est Le Choulkhan Aroukh tranche comme Rav rona pour pouvoir, après le chinouy makom,
d’ailleurs l’opinion du Choulkhan Aroukh. Chechet (opinion retenue par le Rambam) faire la berakha sur ce qu’on va consommer
Cependant, si avant (Rav Haïm Kanievsky et le Rama comme Rav Hisda (opinion rete- sans risquer de faire une berakha en vain et
Chlita, Cheelat Rav, livre 2, ch. 16, note 42- nue par le Roch). En général, les Séfaradim par la même occasion suivre l’opinion du
43) de faire la berakha, il avait l’intention de penchent vers les décisions du Choulkhan Choulkhan Aroukh.
changer d’endroit, sa berakha reste valable. Aroukh et les Ashkénazim vers celles du
De nos jours, selon Rav Shlomo Zalman Auer- Rama. Néanmoins, nous sommes ici confron- Si on mange dehors :
bach ainsi que Rav Eliashiv, il parait clair que tés au principe de « SABAL », comme quoi Si l’endroit est ouvert (comme une forêt), il
nous avons « de fait » l’intention de changer on ne fait pas de berakha en cas de doute. faut pouvoir voir l’endroit on l’on a fait la be-
de pièce dans la maison au moment où nous Les poskim séfaradim (Rav Ben Tsion Aba rakha (un obstacle comme un arbre qui nous
faisons la berakha puisque nous sommes ha- Chaoul, Rav Ovadia Yossef, le Kaf Hakhaïm, empêche de voir l’endroit est suffisant pour
bitués à aller chercher des aliments dans la le Ben Ich Haï, le Ich Matsliakh pour ne citer faire un chinouy makom). Si l’endroit est fer-
cuisine ou à aller aux toilettes pendant le re- qu’eux) tranchent donc la halakha comme le mé des quatre côtés (vezot habarekha, page
pas, etc. Rama, c’est-à-dire qu’un chinouy makom sur 57) il n’y a pas de chinouy makom.

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Ce feuillet d’étude est dédié à la mémoire de Messaouda Mazal Tov bat Téfara

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