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SAMEDI 02 DECEMBRE 2017 - 14 KISLEV 5778

MAYAN HAIM
MAYAN HAIM MAYAN HAIM MAYAN HAIM MAYAN HAIM MAYAN HAIM MAYAN HAIM

VOCATION SPIRITUELLE ET RICHESSES MATÉRIELLES


Rav Elie LELLOUCHE

Le Tana Dévé Eliyahou Zouta (chapitre 19) se fait l’écho d’une discussion étonnante qu’eurent Yaacov et És-
sav lors de leurs retrouvailles après vingt longues années de séparation. Apercevant son frère se dirigeant
vers lui doté d’une richesse considérable, entouré de nombreux serviteurs veillant à son or et son argent et
conduisant son troupeau impressionnant, l’aîné de Yts’hak ne pût s’empêcher de manifester son étonnement
exlsyv tsrp à Yaacov. Pour Éssav il allait de soi que le monde matériel avec son luxe et ses biens lui revenait tandis que
son frère cadet hériterait, quant à lui, du monde futur et des bienfaits spirituels qui lui sont attachés.
Comment dès lors Yaacov pouvait-il afficher une telle profusion de biens matériels en totale contradiction
vocation spirituelle et richesses.. avec son idéal et ses aspirations?
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Yaacov, la vraie richesse ... «Yaacov mon frère», lui déclara Éssav, «Ne t’étais-tu pas engagé à vouer ton existence au monde futur et à
ses valeurs me laissant en partage l’exclusivité de ce monde ci avec ses richesses?
Page 2 Que signifie cette masse impressionnante d’esclaves, d’argent et de bétail marchant à tes côtés? Comment
La force du juste peux-tu te laisser tenter et t’abandonner à la jouissance des nourritures terrestres au même titre que moi»?
Page 3 «Il ne s’agit là», lui répondit Yaacov, «que d’un petit nombre de biens dont HaKadoch Barou’kh Hou m’a fait
don afin de répondre à mes besoins durant mon passage dans ce monde». Prenant conscience de la réussite
A’h - A’hva - Lea’hot
matérielle exceptionnelle de son frère,Éssav, poursuit le Tana Dévé Eliyahou Zouta, se fit le raisonnement
Page 4 suivant: «si Hachem consent à léguer à Yaacov une telle masse de richesses matérielles alors que celles-ci
ne revêtent pour lui qu’une importance secondaire, que doit être l’ampleur du monde futur, monde auquel
Yaacov a voué toute son existence, qui lui est réservé»?
Spontanément, conclue le Tana Dévé Eliyahou, Éssav proposa une association à Yaacov; partageons équita-
blement toi et moi, et notre monde ici-bas et notre monde futur. Yaacov déclina l’offre de son frère.

Ce Midrach remarquable résume d’une manière saisissante la portée du conflit idéologique qui oppose Yaa-
cov et Éssav et, dans son prolongement historique, l’idéal spirituel du peuple juif et la civilisation occidentale.
ENTRÉE: 16H38 Le ‘Am Israël, dont l’essence constitutive est portée par sa vocation spirituelle, peut-il revendiquer une part
des richesses matérielles de ce monde? Ne viole-t-il pas, ce faisant, son aspiration et son engagement à
ouvrir le monde à la conscience de la présence divine?
Le Rav Dessler, dans le cinquième volume de son œuvre magistrale, Mi’khtav MéEliyahou, nous éclaire. Pour
SORTIE: 17H49 Yaacov Avinou le monde matériel ne constitue pas un objectif en soi. Il représente, cependant, un instrument
incontournable et indispensable à la mise en œuvre du projet divin, projet auquel l’Élu des Avot a décidé
de consacrer toute sa vie. Tout l’enjeu pour le troisième de nos patriarches est de ne pas se laisser piéger
par l’attrait superficiel que revêt ce monde, de parvenir à «l’utiliser» sans jamais en devenir prisonnier. C’est
le sens de la réponse que donne Yaacov à Éssav lorsque ce dernier exprime tout son étonnement face à la
masse imposante des richesses accumulées par le père des douze tribus d’Israël. Ces richesses, explique
Yaacov, sont les moyens qu’Hachem a mis à ma disposition, pour répondre à mes besoins dans ce monde

aim Vec
afin de me permettre de réaliser ma mission sur terre. Elles ne constituent en aucun cas pour moi un objectif
et une fin en soi. Autrement dit, Yaacov ne partage pas ses aspirations entre sa vocation spirituelle et une
H quelconque recherche de satisfaction sur le plan matériel. Pour lui ce monde, et ce qu’il offre, est totalement
ha l

assujetti au but qu’il s’est assigné d’œuvrer pour la gloire d’Hachem. Le monde ici-bas devient ainsi partie
Torat

intégrante d’un projet autrement plus essentiel. Mais ceci Éssav ne peut le comprendre et l’admettre. Tout
om

au plus pour lui peut-on se résigner à ce que la moitié de l’existence humaine soit consacré à des enjeux
spirituels. Pour autant le monde matériel reste pour Éssav une valeur en soi qui ne saurait se fondre dans

Beth Hamidrach
le projet divin.
C’est cette différence fondamentale d’approche entre Yaacov et Éssav qui consacrera définitivement la
rupture entre la vision juive et la pensée occidentale. C’est elle qui jette les bases de la solitude d’Israël et
de l’intimité naissante avec son D-ieu.

Article et contenu réalisés par TORAT HAIM VECHALOM - 35, rue Emile Lepeu 75011 PARIS - 01.44.93.51.50
Association reconnue d’utilité générale habilitée à recevoir les DONS et les LEGS. Directeur : Rav Elie LELLOUCHE
YAACOV, LA VRAIE RICHESSE ET LE CHABBAT
Michael SOSKIN

Dans la Paracha, nous assistons aux choses qu’il possède la trace et la quelque chose à faire, on peut tou-
retrouvailles des deux frères Yaakov signature d’Hachem. Chacune de ses jours continuer à travailler.
et Essav, qui par miracle se passe possessions est reliée à sa source di- Et Rachi de répondre : effectivement,
mieux qu’attendu, notamment grâce vine. Yaakov est dans une démarche il est impossible pour un homme de
à l’offrande abondante que Yaakov constante de reconnaissance envers finir tout son travail en six jours.
avait précédemment envoyée à son Hachem pour la part qu’il lui a confé- Mais le verset vient nous dire que
frère pour l’amadouer. Essav, voulant ré : « Ce sont les enfants dont D-ieu quand Chabbat arrive, tout notre tra-
signifier à Yaakov qu’il n’a pas besoin à gratifié ton serviteur » (Berechit, 33, vail doit être considéré à nos yeux
de son offrande, lui dit : « Je possède 5) et plus loin : « car D-ieu m’a favori- comme fait. On retrouve ici l’état
beaucoup (« yech li rav »). Mon frère, sé et je possède tout ». d’esprit du « kol » : le chabbat permet,
que ce qui est à toi reste à toi. » Et C’est ce niveau de proximité avec Ha- à travers le repos de tout travail, de
Yaakov répond : « Prends-donc cette chem dans la vie de tous les jours, profiter pleinement de ce que l’on a,
offrande que je t’ai offerte, car D-ieu qui enrichit Yaakov. Lorsqu’on arrive là où la tentation de continuer à tra-
m’a favorisé et je possède tout (« à voir dans chaque moindre détail vailler, à amasser, nous aurait menés
yech li kol »). Il insista, puis [Essav] son origine, sa raison d’être, alors à une course incessante et à une im-
accepta. » ce petit détail vaut le monde entier, possibilité de profiter, d’être vraiment
(Berechit, 33, 9-11). car quand on se rappelle qu’il nous a riche.
été donné par Hachem, on lui donne Plus encore, à Chabbat on témoigne
Les commentateurs (Kli Yakar, Or du sens, on en profite. C’est l’inverse que le monde a été créé, ce qui per-
Hahaim) nous indiquent que le « je de celui qui a tellement qu’il ne voit met d’en profiter pleinement.
possède beaucoup » de Essav est même plus la beauté des petits dé-
d’un niveau bien inférieur au « Je tails et ne peut profiter de ce qu’il a. Notons que ce lien entre Yaakov et le
possède tout » de Yaakov. Chabbat dans cette dimension du «
Le Sfat Emet demande : comment kol » est déjà suggérée par le Midrach
quelqu’un peut-il dire qu’il a tout ? Il y Cela permet également d’expliquer qui nous dit que, juste après l’épisode
a bien des choses que Yaakov ne pos- ce que Rachi cite au nom du Midrach des retrouvailles, « Yaakov arriva en
sède pas. Mais cela ne se joue pas au pour expliquer que Yaakov, la nuit paix (« chalem ») à la ville de Chkhem
niveau quantitatif. Il est vrai qu’en d’avant sa rencontre avec Essav, est (…). Il campa face à la ville »
terme quantitatif, Yaakov n’a pas tout. resté seul sur une rive du fleuve alors (Berechit, 33,18).
que le reste de sa famille l’avait déjà
Mais quand Essav dit qu’il « possède traversé. Il est retourné en arrière Nos sages nous disent que Yaakov
beaucoup », cela sous-entend : beau- pour récupérer des petits ustensiles était « chalem », entier dans son rap-
coup, mais pas tout ! Je peux encore (pa’him ketanim) qu’il avait oublié. port à la propriété, et qu’il ne ressen-
recevoir – et d’ailleurs à la fin Es- Non pas que Yaakov soit parcimo- tait aucun manque bien qu’il venait
sav accepte. Quelqu’un qui possède nieux, mais plutôt parce qu’il avait d’offrir de nombreux biens à Essav.
beaucoup n’est pas pour autant né- conscience de la valeur de chacun De plus, le Midrach nous dit que Yaa-
cessairement satisfait de ce qu’il a, et des objets en sa possession, et les kov est arrivée à Chkhem veille de
on observe même souvent l’inverse. voyait comme des outils donnés par Chabbat, si bien qu’il a eu recours à
Quand Yaakov, en revanche, dit qu’il Hachem pour remplir sa mission. A un Erouv Te’houmin (en campant en
« possède tout », c’est un état d’es- ce titre, ils revêtaient une valeur in- face de la ville), car à Chabbat, on
prit dans lequel il est : il n’a pas tout, finie. est soumis à l’interdiction : « aucun
mais c’est tout comme. Il est entiè- homme ne doit sortir de son endroit »
rement satisfait de ce qu’il a, et n’a (Chemot 16,29).
Le Sfat Emet fait le pont entre cette
besoin de rien de plus. dimension du « kol » que Yaakov a
réussi à atteindre, et la dimension de Chabbat est le moment où, en se
Comme le dit la Michna dans Pirké chlémout (entièreté), du Chabbat. connectant à notre Source, on peut
Avot (4,1) : l’homme réellement riche L’interdit de travailler le Chabbat est pleinement se satisfaire de sa part,
est « celui qui est content de sa part ». mentionné en ces termes dans Che- sans chercher à s’en éloigner.
Mais il ne faut pas voir dans ce mot (20, 9-10) : « Pendant six jours tu C’est l’héritage de Yaakov « Nahalat
contentement une résignation ou une travailleras, et tu feras tout (« kol ») Yaakov ».
discipline d’autosatisfaction (Yaakov ton travail. Et le septième jour, c’est le
était d’ailleurs très riche en posses- Chabbat pour Hachem ton D-ieu. Tu Le Chabbat, c’est notre vraie ri-
sions). ne feras aucun travail (…) ». chesse…

Le Sfat Emet explique que cet état Le Midrach cité par Rachi, pose
d’esprit de Yaakov, qui atteint le ni- une question simple : est-ce qu’un
veau du « kol », vient du fait que homme peut vraiment finir tout son
Yaakov cerne dans la moindre des travail en six jours ? Il reste toujours
LA FORCE DU JUSTE
Y. K
Notre paracha débute par ce passouk: Ce principe concerne toutes les futili- Ainsi, lors de sa rencontre avec son
«Jacob envoya des anges vers son tés de ce monde, ainsi que nous l’ap- frère, Jacob s’était préparé à toutes les
frère Esaü … » prennent les pirkei avot (chap 4) « La éventualités, même à la guerre. Nous
(chemot Chap32, verset 4). jalousie, le désir, et les honneurs ex- aurions pu croire que Jacob était infé-
D’une part, Esaü ne semble pas im- pulsent l’homme du monde », pas seu- rieur physiquement, et qu’il préférait,
pressionné par les anges envoyés par lement du monde futur mais également donc, amadouer Esaü, en lui offrant des
Jacob venant à sa rencontre « Les de ce monde ci. Chacun est conscient cadeaux, par crainte de se confronter
anges dirent: « lui-même (Esaü) vient de cela, seulement la tentation est trop à lui. Mais le Midrach mentionne, que
à ta rencontre accompagné de 400 forte et on ne parvient pas toujours à la lorsque Jacob arriva à proximité de Ha-
hommes » ». Pourtant, le Midrach nous vaincre. ran, à la rencontre de son oncle Lavan,
apprend, au sujet du roi David, que de- C’est cela que notre père Jacob eut il souleva la pierre couvrant le puits (né-
puis sa vision d’un ange brandissant un l’intelligence de comprendre. Il prit cessitant de nombreux bergers pour la
glaive, la peur et l’effroi ne le quittèrent conscience que la meilleure arme qu’il soulever) comme on ouvre le bouchon
plus jusqu’à sa mort. D’autre part, nous pouvait brandir, et qui avait toutes les d’une bouteille. Ainsi, Jacob était doté
constatons quelques versets plus loin chances de soumettre Esaü, était l’hon- d’une force colossale, mais il ne voulait
qu’Esaü se soumet à son frère Jacob. neur. Il y parvint de la meilleure manière. pas faire la guerre car il comprit que
L’attitude d’Esaü apparait donc contra- En effet, non seulement la haine de pour vaincre son adversaire il devait
dictoire. Esaü ne s’est pas matérialisée, mais l’apaiser et s’incliner devant lui.
son cœur s’est adouci à l’égard de son
Comment comprendre que ce mé- frère, Jacob. Ainsi, le juste sait comment On a l’habitude de désigner une per-
créant, qui n’est même pas impression- renverser la colère et la haine en amo sonne comme forte quelqu’un qui
né par les anges, soit à même de chan- ur. soumet les gens sous sa domination.
ger complètement d’attitude, au point Nous pouvons comprendre plus aisé- Mais les pirkei avot nous enseignent
de tomber dans les bras de son frère et ment que Esaü n’a pas embrassé Jacob « Qui est le puissant ? Celui qui sou-
de l’embrasser ? de tout son cœur, en effet, il s’étonna met son mauvais penchant ». En effet,
lui-même de sa réaction en se disant: il est plus aisé de faire preuve d’une
Ainsi, nos maitres s’interrogent pour «Pourquoi je perds ma clairvoyance grande force sur les autres que de se
savoir si Esaü a embrassé son frère de alors que je suis venu pour le com- combattre personnellement, de cas-
tout cœur ou pas. Toujours est-il que de battre?» ser ses envies. Cela demande une
passer d’un état de guerre à une scène grande force intérieure: la victoire sur
de retrouvailles avec son frère dont il En dépit de tout cela, Esaü ne parvint soi est la plus grande des victoires.
était séparé, interpelle. On ne peut pas pas à se libérer des chaines de l’hon- Dans la Amida, nous disons : « Tu es
penser que ce changement d’attitude neur octroyées par Jacob. La consé- fort à jamais Hachem ». Le fondement
d’Esaü résidait dans le fait qu’il désirait quence fut que, contre son gré, Esaü de cet attribut divin réside dans le fait
les biens de Jacob, si cela avait le cas embrassa Jacob, car la personne avide de ressusciter les morts et non pas de
il se serait accaparé ses biens après de plaisirs est esclave de ceux-ci, il ne tuer les vivants. Il s’agit donc, d’une
l’avoir vaincu. peut se libérer de leur emprise. Les im- force constructrice et non destructrice.
pies savent que la vie s’arrête un jour. Ainsi, Jacob a puisé dans cette force di-
Le Rav Y.L Hisman, dans « Or Yahel Néanmoins leurs désirs paraissent trop vine et a compris qu’il ne fallait pas s’en
», nous donne un élément de réponse appétissants et il leur est difficile de servir pour détruire en faisant la guerre.
selon l’adage « les lèvres du juste s’en séparer.
connaissent la volonté ». Le juste A chaque génération, les dirigeants
sonde le cœur de l’homme et connait Dans le livre des Richonims, on com- des nations cherchent le moyen de
sa volonté. Ainsi, Jacob savait que les pare la personne prenant plaisir de la faire cesser les guerres et les conflits
moutons, les chèvres et les chameaux matérialité à un chien qui attrape un dans le monde. Hélas, ils ne prennent
qu’il avait envoyés ainsi que le fait de os sec dans sa bouche. Lorsqu’il com- pas conscience que la racine du mal
se prosterner, corrompraient Esaü et mence à le mordre, il casse ses dents et se trouve dans la recherche des hon-
combleraient l’âme de cet impie. du sang commence à couler à l’intérieur neurs et des envies. En les enlevant,
de sa bouche. Dès qu’il ressent le goût les guerres cesseraient d’elles-mêmes.
Tel est le cheminement des impies ; du sang, il ne se rend pas compte que C’est ce principe que nous enseigne
lorsqu’ils voient leurs envies concréti- c’est le sien, il pense qu’il possède un Jacob, qui malgré sa force physique et
sées matériellement, ils perdent l’esprit. os d’une qualité supérieure, c’est pour- la possibilité de gagner cette guerre, a
Leur cœur se remplit d’une ultime as- quoi il lèche avec une joie intense. Ainsi préféré s’incliner devant son frère Esaü.
piration : l’atteinte de leur désir et rien en est-il pour les gens avides de désir ;
d’autre. En ce sens, ils ressemblent le fait de jouir de tous les plaisirs maté- Bien qu’en apparence Jacob se soit
réellement à des animaux dont la vie riels ne leur est pas profitable, mais au soumis, il a, de cette manière, pu inver-
n’est faite que de jouissances instan- contraire, cela les vide de leur essence ser la situation en sa faveur, rendant
tanées. jusqu’à en mourir. ainsi, Esaü malléable et inoffensif.
librement inspiré du Leka’h Tov
A’H - A’HVA - LEA’HOT
Judith GEIGER

La paracha Vaychlah nous raconte l’his- gnés de 400 hommes, il n’arrive toujours C’est pourquoi il décline l’offre d’Essav
toire de la rencontre entre Yaakov qui re- pas à sonder les intentions de son frère. de se rejoindre à lui, car il sait que lorsque
tourne en Erets Cana’an après 20 ans pas- Essav se montre aimant et généreux, il
sées chez Lavan, et Essav son frère. Le Or haHaïm, dans son commentaire du est bien plus dangereux pour sa descen-
verset 12 explique que Yaakov adresse sa dance.
A la lecture attentive des versets qui prière à Hachem et lui demande « Sauve
ouvrent la paracha, nous trouvons que le moi, de grâce, de la main de mon frère, Il sait que dès qu’on «marche» ensemble,
nom d’Essav est accompagné par la préci- de la main d’Essav...» on devient Essav en perdant notre che-
sion «le frère «: «Yaakov envoya des anges De même que dans le verset 8 on lit que min.
devant lui, vers Essav son frère...»(32,4) «Yaakov eut très peur et fut angoissé...» Le « Pardès Yossef» dis «C’est très mau-
vais pour Israël lorsque Essav le persé-
Et lorsque les anges reviennent ils infor- Selon le Or haHaim, Yaakov est angoissé cute, mais c’est encore pire lorsqu’il l’ap-
ment Yaakov en disant» Nous sommes ar- à l’idée que Essav livre une guerre contre proche et cherche son affection, car c’est
rivés chez ton frère, chez Essav...» (32,7). lui, mais il a peur d’avantage d’une frater- ainsi qu’Israël parmi Essav, oublie la To-
nité mensongère. rah de Hachem et meurt même si le corps
Frère en hébreu se dit «ah» du mot survit»
«ahva», la fraternité et dans la forme ver- En effet, il y a deux stratégies pour atta-
bale il s’agit de «léahot», c’est à dire répa- quer Yaakov : Après la rencontre entre Yaakov et Essav,
rer, coller quelque chose d’abîmer, de - à la manière guerrière d’Essav, agres- les deux frères se séparent:
déchirer pour le remettre à son état initial. sive, qui consiste à le combattre ouver- En refusant de marcher avec Essav «Je
Le lien le plus fort qui puisse exister entre tement pour l’éliminer physiquement vais les conduire à mon pas lent, le tra-
deux être humains est justement ce lien comme ferait tout ennemi. vail devant moi et les enfants...»(33,14),
de la fraternité biologique, car tous les - à la manière d’un frère sournois, en Yaakov affirme ainsi ses valeurs, il a un
membres de la même famille sont issus du apparence aimant qui étreint et qui em- autre rythme que celui d’Essav, il marche
même lieu originaire, ils se ressemblent et brasse en vue d’éliminer l’esprit de Yaa- au rythme du travail, selon certains com-
partagent le même patrimoine génétique kov. mentateurs, il s’agirait du travail rituel
et culturel intra-familial. des Haguim, de Chabbat et surtout, au
Yaakov qui est conscient de la colère de Yaakov dans sa prière implore Hachem rythme des enfants qu’il faut éduquer aux
son frère envers lui, car pour ce dernier de le sauver à la fois d’Essav et de son Tora et Mitsvot.
Yaakov lui a volé la bénédiction de son frère, car il est conscient que si la pre-
père qui lui était initialement destinée. mière stratégie vise la destruction phy- C’est seulement en se séparant ainsi d’Es-
sique de sa descendance, la deuxième la sav, en affirmant ses valeurs et ses convic-
A son retour de Haran, Yaakov ne sait plus grave, vise la destruction de l’esprit tions que « Yaakov arriva indemne à la
pas s’il a à faire à Essav, celui qui jurait de Yaakov celui qui représente la royauté ville de Chékhem...»(33,18).
de le tuer qui ne décolère pas et qui veut de Hachem dans le monde.
rompre le lien de fraternité à tout jamais, Il arrive ainsi sans Essav, «chalem».
ou qu’il s’agit d’un frère qui souhaite ré- Yaakov est très vigilant, il connaît la
parer et dépasser leur dispute pour réta- force de la séduction d’Essav (Royaume
blir ce lien naturel si précieux. d’Edom, l’occident de nos jours), surtout
celle qui s’exercent auprès des enfants
Yaacov est très inquiet, d’autant plus n’ayant pas encore un esprit solide et bien
qu’au retour des anges qui l’ informent formé, «de peur qu’il vienne et me ter-
que Essav vient à sa rencontre accompa- rasse, mère et enfants»(32,12) .

Mémoire Avec une


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Anniversaire de
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Ce feuillet d’étude est dédié à la mémoire de Elicha Ben Yaacov DAIAN

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