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MAYAN HAIM Évoluer entre ciel et terre (Elie LELLOUCHE) - Prendre pour épouse (Michäel SOSKIN) -
La prière d’Eliézer (Jean David HAMOU) - L’acquisition de Mé’arat Hama’khpéla (Raphaël ATTIAS)

PARACHAT ‘HAYÉ SARAH


Un
Samedi Beth
3 NOVEMBRE 2018
MAYAN HAIM
Hamidrach
25 ‘HECHVAN 5779 parisien EDITION
entrée chabat : 17h10
sortie chabat : 18h17

ÉVOLUER ENTRE CIEL ET TERRE


Rav Elie LELLOUCHE

La Mé’arat HaMa’khpéla, dans laquelle furent enterrés les C’est également le sens de l’expression apparemment
Avot et les Imahot, tire son nom, nous explique Rachi, de superflue utilisée à la fin du premier verset de notre
la configuration particulière que revêtait son édification. Paracha et énonçant « Telles furent les années de la vie
Cette caverne se présentait sous la forme d’une bâtisse de Sarah » (Béréchit 23,1). Le terme années, Chéné, a
naturelle construite sur deux étages. Le terme Ma’khpéla, également le sens du chiffre deux. Pour le Rav Itah, la
qui vient de la racine Kafal, double en français, fait Torah veut mettre ici l’accent sur la double signification que
référence à ce double étagement de la grotte appelée à Sarah Iménou avait donnée à chacun des moments de sa
abriter la sépulture des patriarches et des matriarches. vie. Car chaque geste qu’opérait l’épouse d’Avraham dans
Cependant le Séfat Emeth voit dans cette appellation ce monde, la reliait directement à sa source spirituelle
un sens plus profond, dépassant le renvoi à des critères dans les mondes supérieurs. Le Ohr Ha’Haïm explique,
architecturaux. La Mé’arat HaMa’khpéla, explique le Rabbi d’ailleurs, que sans la faute originelle de Adam et ‘Hava,
de Gour, avait une double dimension. À sa matérialisation l’homme aurait été à même d’évoluer simultanément
terrestre faisait écho une réalité spirituelle qui en constituait dans ce monde-ci et les mondes supérieurs, à l’instar de
sa source. Telle une maison à deux étages dans laquelle l’occupant d’une maison pouvant passer sans difficulté
le rez-de-chaussée soutient l’étage supérieur, la Mé’arat du rez-de-chaussée à l’étage et de l’étage au rez-de-
HaMa’khpéla se présentait, elle aussi, sous la forme d’un chaussée. En d’autres termes, l’homme aurait eu la
édifice au double étagement, spirituel et physique.                       capacité de saisir le lien indissoluble entre ses actions et
leur traduction spirituelle.          
Cependant, à l’inverse d’une construction matérielle, c’était
ici la partie supérieure et céleste qui en soutenait la partie Ce double étagement, céleste et terrestre, de la Mé’arat
inférieure terrestre. Si Avraham tenait tant à l’acquisition HaMa’khpéla, nous invite, plus amplement, à poser le sens
de cette grotte pour y enterrer Sarah, c’est qu’il y avait de notre présence sur la terre d’Israël. Celle-ci ne doit pas
décelé cette double dimension. Or celle-ci correspondait répondre au besoin de posséder une terre pour y affirmer
précisément au sens que lui-même et Sarah Iménou avait notre souveraineté. Notre présence en terre d’Israël vise
donné à leur vie, à savoir que tout acte, toute entreprise à mettre en lumière, au quotidien, la spiritualité que revêt
ici-bas, sont gravés éternellement dans les mondes chaque parcelle que celle-ci contient. Ce faisant, Hachem
supérieurs et permettent en retour d’insuffler une nouvelle nous assurera la promesse qu’il nous a adressé dans le
énergie à l’engagement humain. livre de Devarim et que nous lisons chaque jour lorsque
C’est le sens donné par Rabbi Haïm De Vologhin à nous récitons le Chéma: « Afin que se prolongent vos
l’enseignement des Pirké Avot selon lequel nous devons jours et les jours de vos enfants sur la terre que J’ai juré à
être conscients de ce qu’il y a au dessus de nous (chapitre vos pères de leur donner autant que durent les jours où se
3, 1ère Michna). Pour l’auteur du Néfech HaHaïm cette maintiennent les cieux au-dessus de la terre ».
Michna peut se comprendre comme un appel lancé à
l’homme afin qu’il prenne, non seulement, la mesure Car notre présence en terre d’Israël vise, assurément, à
de l’influence déterminante des mondes supérieurs sur établir ce lien indissoluble entre les cieux et la terre, en
notre monde mais qu’il réalise, également, que ces flux, établissant la primauté de la réalité céleste au-dessus des
provenant des mondes supérieurs en direction de notre contingences terrestres.
monde, trouvent leur origine dans les propres actions des
hommes.    

Article et contenu réalisés par TORAT HAIM VECHALOM - 35, rue Emile Lepeu 75011 PARIS - 01.44.93.51.50
Association reconnue d’utilité générale habilitée à recevoir les DONS et les LEGS. Directeur : Rav Elie LELLOUCHE
PRENDRE POUR ÉPOUSE ? Michaël SOSKIN

Qu’est-ce que la Torah a à enseigner prendra [YIKA’H] une femme...”, l’insinue d’ailleurs la suite du verset
sur le mariage ? Le Rambam (Michné Devarim 24,1) et dans la transaction (Devarim 24,1): “Quand un homme
Torah, Ichout, 1,1) le résume ainsi : dans laquelle Avraham dit à Efron prendra une femme, et s’unira à elle,
“Avant le don de la Torah, un homme (le propriétaire du champ): “L’argent alors si elle ne trouve pas grâce à
qui rencontre une femme dans la rue, du champ, prends-le moi [KA’H ses yeux car il aura trouvé en elle
s’ils veulent l’un et l’autre se marier, MIMENI]” (Berechit 23,13). On peut quelque chose de vicieux, il écrira
l’homme fait rentrer la femme chez donc apprendre d’un verset à l’autre une lettre de divorce (…)”. C’est
lui et ils vivent une vie maritale dans (guezera chava) : tout comme le peut-être cette ambiguïté du verbe
l’intimité, et c’est cela être marié. champ a été “pris” (c’est-à-dire “prendre” que nos Sages ont cherché
Avec le don de la Torah, les Juifs ont acquis) par l’argent, de même la à lever avec l’exemple d’Avraham,
reçu l’obligation que si un homme femme peut être “prise” (c’est-à-dire en explicitant comment il faut
souhaite épouser une femme, il épousée) par l’argent. “prendre”. Comme une façon de dire
doit avant toute chose l’”acquérir” : cet acte d’acquisition qui forme le
devant des témoins, et seulement Mais ici, les questions reviennent mariage, doit être dans une optique
après elle sera considérée comme avec force. La comparaison entre de donner, et non de prendre. Rav
son épouse, comme il est écrit : le mariage et l’achat d’un champ Dessler développe d’ailleurs l’idée
“lorsqu’un homme “prendra” une est surprenante. Est-ce qu’on se pourtant contre-intuitive, que l’amour
femme, [puis] s’unira à elle”. marie avec une femme comme on émerge chez celui qui donne, plus
achète un champ ? Et pas n’importe que chez celui à qui il donne. C’est le
Qu’est-ce que cette acquisition ? Il quel champ : c’est de surcroit celui fait de donner qui génère le sentiment
est insensé d’imaginer que la femme qui sert à enterrer Sarah, l’épouse d’amour, plus encore que le fait de
appartient à son mari comme une d’Avraham. Cet argent (ou la bague recevoir. Il fait remarquer que le mot
maison à son propriétaire. Si le sens aujourd’hui) utilisé pour contracter “Ahava” est à rapprocher de la racine
commun ne suffit pas à se défaire le mariage, ferait funestement écho “hav” qui veut dire “donner”. Il n’est
de cette idée, de multiples exemples à la mort du conjoint... N’y avait-il donc pas anodin que le mariage soit
dans le Talmud montrent clairement pas d’autre exemple dans la Torah contracté par un geste de don.
que ce n’est pas le cas. En fait, la de transaction par l’argent où le
Torah nous indique par ce verset qu’il verbe “prendre” (pourtant fréquent) Nous nous sommes étonnés que la
y a une étape officielle précédant la est utilisé, et qui aurait pu servir source de ce mode de contraction du
vie maritale : la contractualisation du à enseigner que “prendre”, c’est mariage soit l’achat par Avraham de
mariage devant témoin. Cet acte, prendre par l’argent ? la sépulture de sa défunte femme,
que la Torah décrit par le fait qu’un ce qui ne semble pas être l’apogée
homme “prend” une femme avant de Mais nos sages n’ont certainement du mariage de notre patriarche...
pouvoir vivre intimement avec elle, pas choisi ce verset par hasard. Loin d’être de funeste augure,
est appelé par nos sages Kiddouchin, Si l’on observe bien (cela n’a pas cette comparaison est au contraire
sanctification. C’est cette solennité échappé à Tossefot), l’objet du verbe porteuse d’un bel enseignement. En
qui assure le plein engagement et “prendre”, n’est pas le champ mais acquérant à prix fort le champ d’Efron,
la fidélité des conjoints, et donc la l’argent du champ, et Avraham ne le Avraham fait preuve d’une générosité
stabilité du couple dans le temps au- prend pas, mais il demande à Efron de très haut niveau. S’occuper des
delà des épreuves. de le prendre –donc, il le donne ! besoins funéraires d’un défunt est
qualifié de “hessed chel emet”, une
Les Kiddouchin, c’est la procédure Ce “KA’H MIMENI” décrit donc plus générosité authentique, car celui qui
dans laquelle le ‘Hatan donne à sa l’action de donner que celle de le fait n’attend absolument rien en
Kala une bague sous la ‘Houpa. prendre. Et on retrouvera la même retour de celui pour qui il le fait –et
C’est par ce geste que les époux nuance lorsque le ‘Hatan épouse qui n’est plus de ce monde. C’est
contractent le mariage. La Guemara la Kala. Donner une bague, c’est du ‘hessed à l’état pur, absolument
(Kiddouchin 2a) demande : d’où certes un acte qui a la forme et la désintéressé. C’est donner, sans
sait-t-on que l’on peut réaliser cet solennité d’une acquisition. Mais il prendre rien en retour. Et c’est de cet
acte d’acquisition (de mariage) n’en reste pas moins que le premier acte de don ultime dont on s’inspire
avec de l’argent (ou un objet de geste du ‘Hatan, celui qui génère la pour savoir comment l’homme doit
valeur : de nos jours, la bague) ? relation maritale, c’est le geste de “prendre” sa femme pour épouse.
Et de répondre : nous l’apprenons donner –pas celui de prendre.
de l’achat par Avraham du champ Un mariage qui est réalisé dans cette
d’Efron, en vue d’y installer la Celui qui se marie pour “prendre” forme et dans cette optique, est un
sépulture de sa défunte épouse au sens simple, c’est à dire pour mariage qui est éternel, qui dépasse
Sarah. En effet, le même terme ce que sa femme va lui apporter, même la disparition physique du ou
est utilisé dans le verset qui établit les besoins qu’elle va combler, son des conjoints tant il s’inscrit au-delà
le mariage (“Lorsqu’un homme mariage est voué à l’échec, comme du monde physique.
LA PRIÈRE D’ELIÉZER Jean David HAMOU

La prière d’Eliézer près du puits aspirait ardemment à connaître la fort de souhaiter, inconsciemment,
suscite des interrogations. Nos volonté divine. Bien sûr, il se réjouit qu’aucune fiancée ne fût trouvée
sages, dans le Midrach, suggèrent vivement quand il comprit – d’après pour Isaac. C’est pourquoi il pria
que la requête d’Eliézer n’était le signe qu’il s’était fixé – ce qu’était Hachem de l’aider à n’être en
pas pertinente. Certes, d’un côté, cette volonté. La controverse entre rien influencé par ses intérêts
s’en remettre au choix divin est nos sages, quant au fait de savoir si personnels, afin de pouvoir se hâter
une belle et bonne chose ; mais Eliézer a agi de manière adéquate, d’accomplir tout effort nécessaire à
de l’autre, d’où sait-on qu’Hachem a certes lieu de s’appliquer a sa mission.
agréera le principe même de priori, lorsqu’il se fixa ce moyen
manifester sa volonté par un signe, de « divination ». Mais a posteriori, Or nous rencontrons, ici encore,
et comment donc peut-on prendre quand les signes se manifestent, il une difficulté  : l’homme ne doit-il
le risque  d’agir comme si cet n’y a plus place à la controverse : pas surmonter par lui-même son
agrément était certain ? il n’est pas douteux qu’il fallait voir penchant au mal  ? Ne disons-
la volonté divine dans la disposition nous pas  : «  Tout est entre les
Il existe trois catégories d’actes  : de la jeune fille à désaltérer Eliézer mains du Ciel, sauf la crainte du
ceux auxquels la Torah oblige, ceux et à abreuver ses chameaux. Nous Ciel » (Berakhot 33b) ?
qu’elle interdit, et ceux qui, sans comprenons donc pourquoi Eliézer
être positivement prescrits, sont bénit l’Éternel qui l’a « conduit dans Effectivement, le principe de
permis : ainsi du choix que l’on fait un chemin de vérité ». En d’autres libre arbitre suppose que le Saint
d’un métier, ou d’un conjoint. termes : s’il constate que l’œuvre béni soit-Il ne tranche pas, ni ne
de ses mains prospère, c’est une contraigne l’homme à suivre tel côté
Nous voyons aussi trois sortes preuve en faveur de cette voie et un plutôt qu’un autre. « Là où l’homme
d’hommes : ceux dont la volonté se encouragement à y poursuivre ; et veut aller, on le conduit »  (Makot
croit plus forte que celle d’Hachem ; s’il avait vu de nombreux obstacles 10b). Cependant, «  celui qui vient
ceux dont la volonté propre est forte, sur sa route, c’eût été le signe que, pour se purifier, on lui vient en
mais qui, en pratique, effacent leur du Ciel, on voulait l’empêcher. aide » (Yoma 38b). Par conséquent,
opinion devant la volonté divine ; si un homme prie Hachem de tout
et ceux qui, a priori, modèlent leur Aussi semble-t-il bien qu’il n’y son cœur de l’aider à atteindre la
volonté d’après celle d’Hachem. ait point ici le moindre pari ni la plénitude, alors Hachem exaucera
moindre supputation : Eliézer, de sa demande. Cela ne contredit en
Nous trouvons un exemple de la lui-même, estima que la jeune fille rien le principe de libre arbitre, mais
première catégorie en la personne capable de lui répondre « bois, et s’y conjugue au contraire. Car c’est
de Bil’am  : bien que le Saint béni j’abreuverai aussi tes chameaux » l’homme qui aura choisi de prendre
soit-Il place de nombreux obstacles serait précisément celle qui serait courage et de prier. Il méritera
sur son chemin, Bil’am pense avoir digne d’entrer dans la maison donc, comme celui qui vient pour se
la possibilité de changer la volonté d’Abraham, parce qu’une telle purifier, que le Saint béni soit-Il lui
divine, car il est sûr et certain de jeune fille se caractériserait par vienne en aide.
sa volonté propre. Un exemple de sa bienfaisance  ; toute sa prière
Extrait du Héguioné Moché (à paraître en français).
la deuxième catégorie se trouve consistait donc à demander que le Traduction : Jean-David Hamou
en Laban et Béthuel. Ils étaient Saint béni soit-Il la fît apparaître,
opposés, dans leur for intérieur, qu’elle se trouvât en effet au bon
à ce que Rébecca s’en allât avec endroit, au bon moment.
Eliézer ; mais lorsque celui-ci leur
raconta les événements, et qu’ils Ajoutons un beau commentaire
comprirent que telle était en effet trouvé dans le Sfat Emet : Eliézer
la volonté divine, ils résilièrent savait bien qu’en cette affaire il avait
leur volonté et dirent : « C’est de un intérêt particulier. Nos sages
l’Éternel que cela émane ; nous ne enseignent en effet qu’Eliézer
pourrons rien te dire, ni en mal, ni avait une fille, et qu’il cherchait à
en bien. » la donner pour épouse à Isaac :
à cela fait allusion le verset « Je
Quant à la troisième catégorie, on dis à mon maître  : “Peut-être ne
en voit un exemple en la personne marchera-t-elle pas à ma suite ?” »,
d’Eliézer, qui, s’agissant du choix verset dans lequel le mot peut-être
d’une épouse pour Isaac – choix (oulaï) est orthographié comme à
de nature facultative (rechout) – moi (élaï). Aussi Eliézer craignait-il
L’ACQUISITION DE MÉ’ARAT HAMA’KHPÉLA Raphaël ATTIAS

La Paracha Hayé Sara, que nous lirons ce - Le Zohar (I, 127) ajoute que la caverne de Ces dix fois correspondent aux Dix
Shabbat, nous fait le récit de la mort et de Makhpéla constitue l’entrée du Gan Eden. Commandements. Ceci t’enseigne que la
l’enterrement de Sara Iménou à Hevron. mise au point du marché d’un juste importe
Le chapitre XXIII de Béréchit est consacré - Rabbi Abraham Ibn ‘Ezra (1089-1167) autant que l’accomplissement des Dix
à la description en détail des négociations considère que cette Paracha vient nous Commandements »
entreprises par Avraham Avinou afin faire connaître la supériorité de la terre sur
d’acquérir une sépulture pour Sara. toutes les autres terres aussi bien pour les - Le Malbim (1809-1879), dans Torah Or,
vivants que pour les morts. Elle nous fait après avoir cité le Midrach précédent,
On ne comprend pas pourquoi la Torah aussi savoir que s’accomplit la promesse explique que la Torah a développé
accorde- une si grande importance à cette d’Hachem à Avraham de lui donner ce pays longuement les détails de la transaction, car
transaction et pourquoi elle donne tant de en héritage. Avraham a voulu inculquer aux peuples un
détails, alors qu’en général ses mots sont fondement essentiel de la foi : la croyance
pesés. - Le Ramban (1194-1270) conteste les en l’éternité de l’âme après la mort ainsi que
Pourquoi Avraham se donne-t-il tant de explications d’Ibn ‘Ezra. Il ne voit pas dans la rétribution et la résurrection. Aussi,
peine pour acheter particulièrement la en quoi le fait de ne pas enterrer Sara il faut préparer une sépulture pour les morts
caverne de Makhpéla à Kiryat Arba’  ? ailleurs prouve l’importance de cette terre. dans un lieu choisi, parmi les membres
N’aurait-il pas pu choisir un emplacement D’autre part, il soutient que la promesse de sa famille et les hommes justes. Ceci
différent ? d’Hachem concernait la totalité de la terre semblait étrange aux yeux des Hettéens qui
d’Israël et qu’elle ne réalisera que pour sa pensaient que les morts ne ressusciteraient
- Rachi (1040-1105), explique  l’importance descendance. pas et qu’il n’y aurait pas de jugement
de ce lieu, dans les commentaires suivants : Il explique que cette Paracha nous apprend après la mort  ; l’ensevelissement n’était
A Kiryat Arba’ – Du nom des quatre géants les bienfaits d’Hachem envers Avraham qui pour eux qu’une situation temporaire …
qui s’y trouvaient : A’himan, Chichaï , Talmaï va être considéré comme un Prince de L’insistance d’Avraham pour acquérir une
et leur père (Bamidbar XIII, 22). Autre D.ieu dans le pays où il va résider alors qu’il sépulture à tout prix pour son épouse avait
explication : du nom des quatre couples qui est seul. Tous les habitants vont l’appeler pour objectif de cultiver en eux la foi et
y seront enterrés, mari et femme : Adam et « seigneur » alors que lui ne leur accorde de leur faire comprendre que toutes les
‘Hava, Avraham et Sara, Its’hak et Rivka, pas ce titre… La Torah veut aussi nous faire possessions de ce monde sont éphémères
Ya’akov et Léa (Béréchit Raba 58, 4) connaître l’emplacement de la sépulture de (à part les quatre coudées de la sépulture).
De Makhpéla (littéralement  : «  double  ») nos ancêtres car nous avons l’obligation En leur disant : «  Je suis un étranger et
– Le sol et l’étage au dessus. Autre d’honorer ce lieu. un résident parmi vous…  », il leur a fait
explication  : double par les couples qui y comprendre que les hommes sont des
seront inhumées (‘Erouvin 53a) - Le Traité Baba Batra (15b) nous enseigne étrangers et non des résidents dans ce
que ce chapitre vient nous révéler la monde. D’autre part, en demandant la
- Le Midrach Béréchit Raba (58, 10) grandeur, la modestie et la foi d’Avraham Mé’arat Hamakhpéla (double) qui était
enseigne que l’expression Makhpéla auquel Hachem avait promis l’héritage de la composée de deux niveaux (le sol et
(double) nous apprend que tout celui qui y terre d’Israël et qui a été obligé de supplier l’étage au dessus), il a montré par allusion
est enterré peut être assuré que son salaire les Hettéens et verser une fortune à ‘Efron que lorsque le corps reposera dans le sol,
sera dédoublé. pour ensevelir son épouse. l’âme continuera à planer au-dessus.
On retrouve la même explication dans le Le caveau se trouvait à l’extrémité du
- Le Pirké DéRabbi Eliézer (Chap. 36), Midrach Hagadol ainsi que dans Chémot champ pour indiquer que la fin de l’homme
se fondant sur le verset «  Puis Abraham Raba (6,4). et de son action dans le champ va se situer
courut au troupeau et choisit un jeune veau là-bas et que toutes les richesses de ce
tendre et bon… » (Béréchit XVIII, 7), donne - Rabbénou Yona (1210-1263) considère monde n’ont aucune importance au regard
l’explication suivante  : «  …Le veau s’était même qu’il s’agit de la dixième épreuve de l’éternité de l’âme et des récompenses
enfui et il s’arrêta à l’entrée de la caverne de d’Avraham qui reviendront à celui qui a su remplir
Makhpéla. Avraham courut à sa poursuite et convenablement sa mission sur terre.
l’y rejoignit. Il fut émerveillé du caveau où - Le Midrach Béréchit Raba (58, 10)
reposaient Adam et ‘Hava qui était illuminé s’étonne de cette description si détaillée en Cet enseignement qu’Avraham a délivré
et dégageait un parfum. Il conçut alors le ces termes : aux peuples lors de l’acquisition de la
désir d’en acquérir la propriété comme lieu Rabbi Eliézer disait : « Combien d’encre a Mé’arat Hamakhpéla comme celui des Dix
de sépulture » coulé et combien de plumes ont été brisées Commandements ont développé la foi en
pour écrire dix fois les mots « Béné Hét » Hachem et la croyance en la récompense et
Avraham connaissait donc depuis (enfants de Hét) dans la Torah  ! [8 fois en la punition !
longtemps le caveau de Makhpéla situé à dans ce chapitre, 1 fois à la fin de la Sidra
l’extrémité du champ d’Efron le Hettéen. (Béréchit XXV, 10) et 1 fois (Béréchit XLIX,
32)]

Ce feuillet d’étude est dédié à la mémoire de Elicha Ben Yaacov DAIAN.

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