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Eric Daniel El-Baze

L’Œuvre de la création
La Kabbale du Ari Zal
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A Charles Cohen, mon Ami.

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Lorsque l’on contemple l’immensité, la majesté et
l’harmonie de l’univers, l’on ne peut s’empêcher d’y
reconnaître Celui qui l’a créé et le maintient en existence ;
« Qu’elles sont grandes Tes Œuvres, ô !
Eternel, infiniment profondes Tes Pensées » ;
« Téhilim/Psaumes 92, 6 ».

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L’étude de la Kabbale pénètre des réalités qui
n’appartiennent ni à l’espace ni au temps, c’est pourquoi la
Science ésotérique n’est pas une science de cosmologie. Là
où s’arrête Einstein débute l’enseignement du Ari Zal, avec
pour seul et unique objectif : l’amélioration de l’être !
Après notre premier ouvrage, « Les Racines de
l’Existence », qui traite, entre autres, de l’Œuvre du Char
Céleste, le « Maasséh Merkavah », nous allons proposer ici
une suite à cet écrit, en traitant sur l’Œuvre du
commencement, le « Maasséh Béréchit », deuxième
support de la Mystique juive.
Le processus créatif n’étant ni figé ni passéiste, nous
prendrons pour référence l’enseignement fondamental du
« Ari Zal », (Rabbi Isaac Louria, 1534-1572), rapporté par
« ’Hayim Vital » (1543-1620), dans son « Séfér Ets ‘Hayim »,
le livre de l’Arbre de vie, complété par les interprétations du
« Baal Ha Soulam », (Rabbi Yehouda Ashlag, 1885-1954),
qui s’adressent à notre génération.
Les niveaux du dévoilement de la Kabbale de l’Ashlag
seront largement développés par « Léon Ashkénazi » (1922-
1996), dans ses séminaires sur la création, et par le physicien

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« David Hansel », dans ses écrits ; ils nous serviront comme
base de travail, dans cette étude complexe, que nous
présenterons volontairement de façon concise, afin de
permettre au lecteur de mieux comprendre les mécanismes
de la « Briah » : la création du monde.

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Préambule

En développant sur l’Ordre des Racines qui unissent


D.ieu à Ses créatures, la Kabbale nous enseigne que l’univers
physique naît de l’empreinte d’un univers métaphysique ;
c’est seulement au niveau de cette interface, que Torah et
science vont parfois se rencontrer, en utilisant de mêmes
mots pour décrire de mêmes états.
Cependant, si la science s’adresse à l’homme pensant
par ses constatations puis ses démonstrations, la Torah,
parce qu’elle est un enseignement de vie, se destine à
l’homme de foi. Mais comme il s’agit du même homme, les
deux faces humaines, celles de la rationalité et de
l’irrationalité vont devoir se rejoindre : là se situe le Projet
du Divin ! Ce temps, de la parfaite fusion de la matière
physique, la « ’Homeriout », avec la Matière spirituelle, la
« Rouakhniout », sera celui de l’avènement de « Mashia’h » ;
le Messie.
Pour la Kabbale du « Ari Zal », la création est le fruit d’une
Pensée créatrice, et le processus créatif s’est déroulé en trois
temps dénommés : « Tsimtsoum » – « Shvirath » –
« Tiqoun » ;

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1. En amoindrissant Son Unité par le « Tsimtsoum »,
D.ieu laissera place à un espace libre pour Sa
création,
2. Dans cet espace spirituel, se produira la « Shvirath
Ha Kélim », la brisure des réceptacles ou vases
primordiaux, pour séparer le fini de l’infini. Ce
processus originel, réactivé par les fautes de l’homme,
sera le point de départ des réalités imparfaites
séparées de l’Essence primordiale,
3. Un travail de restauration ou « Tiqoun », sera donc
nécessaire, pour rétablir l’Unité brisée ; il incombera
à la créature : il sera sa mission, sa destinée !

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Ein Sof
l’Essence originelle

Suivant la Kabbale, l’Essence du monde est un état sans


consistance, hors du temps et de l’espace. Le « Ari Zal »
enseigne à son sujet ; « Nul ne connaît la cause de l’impulsion
qui a permis la sortie de cet état, mais ; Atsmouth Pashout vé
Or Pashout, la substance est simple et la lumière est simple ».
Dans la Torah, est considéré comme « Pashout » ce qui
n’est pas différencié, ce qui est Un, et ce qui est Un, est
considéré comme Saint, « Qadosh ». Puisque l’Acte créateur
a été un Acte d’ordre moral, car fondé sur le principe
altruiste, l’Essence « Pashout » de l’Etat originel, fera que la
dimension de la simplicité sera la forme de la vraie
Grandeur : c’est dans la simplicité que se logera la Majesté de
la Perfection et de l’Unité.
Mais en hébreu, simple se dit également « Tam ». Aussi,
c’est dans l’homme simple, « Ish Tam », que résidera le
« Emét », la Vérité : la permutation des lettres de
l’expression « Ish Tam », l’homme simple nous le montre ;
elle révèle « Yeich Emét », il y a la Vérité.

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Ish Tam, l’homme simple

Yeich Emet, il y a la Vérité

Ein : le néant
Bien que l’Essence du monde soit dans un état de non-
existence, la Kabbale va, dans son expérience mystique, y
différencier deux niveaux : le néant et l’infini.
A l’origine, la Quintessence primordiale a dû être
néantisée pour que le monde puisse exister, mais le néant
qui émana n’est pas un néant absolu, puisqu’il renferme en
lui un Je abyssal : Celui de l’Etre antérieur ; la transposition
des lettres du « Ein », le néant, nous l’enseigne, en dévoilant
« Ani », qui veut dire je en hébreu.

Ani - je

Ein - le néant
Le Je caché, démontre que le néant est un néant à partir
de il y a, « Ayin Mé Yeich », et au final, le rien comme le tout
émanent de D.ieu.

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Ein-Sof : l’infini
Le « Ein Sof », littéralement le sans fin, débute le « Sof
Ein », la fin du néant, la fin de la dissimulation du Je
originel. Perçu par le Kabbaliste comme une lumière
invisible car sans consistance, l’« Ein Sof », l’infini, est le
Premier Aspect de D.ieu qui peut être perçu ; l’Unité divine
qui Se manifeste, par Son « Or Ratson Elyon », la lumière
de Sa Pensée suprême.
Dans l’enseignement du « Ari Zal », la lumière de
l’« Ein Sof » est l’Emanation primordiale, en elle se
superpose le tout existant de la nuit des temps à la fin des
temps, du début à la fin de l’espace : c’est ce que nous dévoile
le « Séfér Ets ‘Hayim » ; « sache qu’avant que ne soient
émanés les émanés et que les créatures ne soient créées, la
lumière supérieure simple et unique remplissait toute la
réalité. Il n’y avait aucune place libre, tout était Ein Sof, c’est-
à-dire rempli de cette lumière infinie simple ; elle n’avait ni
début ni fin, tout était lumière, une, simple et homogène,
d’une homogénéité une ».
La Pensée suprême, le « Ratson Elyon », ne peut être
connue que par D.ieu Lui même, elle situe le niveau de Sa
Transcendance : le D.ieu Eternel « Y.HVH », qui Etait Est
et Sera. C’est d’elle, que naitra plus tard la Pensée divine
créatrice, mais sa substance est si élevée qu’on ne peut la
concevoir. Aussi ; « ne nous est-il pas permis de parler
davantage de ce lieu, mais de discuter que de ce qui est émané
de lui ; le véritable sage, est celui qui comprendra le
commencement d’une chose par sa fin ».

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La Torah
l’Ame du monde

Dans ce qui était un état sans être ni existence, et avant


que ne monte dans Son Désir suprême le Désir de créer,
D.ieu contemplait déjà dans l’« Ein Sof », l’infini, Sa Torah.
Les Sages nous le disent dans « Béréchit Rabba 1 : 1 » ;
« deux mille ans avant la création, le Saint béni Soit-Il se
réjouissait en compagnie de la Torah » et dans « Mishley 8 :
30 » ; « J’étais dans un perpétuel enchantement ».
Mais, malgré Son attachement pour Sa Torah, Il la
donna par amour pour Israël et la projeta en cinq lumières
dans Sa création ; le mot « Or », lumière, qui apparaît cinq
fois dans le récit biblique du premier jour de la création,
évoque les cinq livres de la Torah, le « ’Houmach », et
lumières, qui se dit « Oroth » en hébreu, a pour valeur
numérique 613, le nombre de commandements ou
« Mitsvoth », qui seront donnés par D.ieu.
Lieu de la Révélation et de la Tradition, la Torah sera
l’Ame du monde, le fondement de la création : Rav
« Abraham Azoulay » nous l’enseigne dans son ouvrage

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« Or Ha ‘Hamah », la lumière du soleil ; « La Torah est la
Substance même de l’Emanation qui s’épanche. Elle est une
Création divine destinée à lier l’homme à D.ieu, à purifier les
âmes, à les éclairer de la lumière de vie ».

Torah Qédoumah : la Torah primordiale


Le « Zohar I 2b à 3b » va toutefois préciser : « Lorsque
D.ieu s’apprêta à créer le monde, toutes les lettres de l’alphabet
étaient encore embryonnaires et durant deux mille années, Il les
contempla et se réjouit d’elles. Puis, quand Il décida de créer le
monde par Son Verbe Divin, toutes les lettres se présentèrent à
Lui, mais dans l’ordre inverse de l’alphabet sacré, et toutes
L’implorèrent d’être énoncée la première, pour que soit
inaugurée par son essence la Briah, la création ».
Ainsi, et malgré leurs vertus ;
– la lettre « Tav » ne fut pas retenue, parce qu’elle
conclut le mot « Mavèth », la mort,
– les lettres « Shin – Qof – Réich » furent aussi rejetées,
car ensemble elles forment le mot « Shéker », le
mensonge,
– le « Tsadé », signe des « Tsadiqim », les justes, fut
également écarté, puisqu’il désigne la vertu qui doit
rester cachée, sinon elle devient une offense pour le
monde,
– « Pé » fut repoussée, parce qu’elle représente la
transgression, le « Pésha »,
– « ’Ayin » fut aussi rejetée, car elle introduit « ’Avon »,
l’iniquité,
– « Samèkh » devait rester à sa place, et continuer à être
le soutien, la « Semikha », pour celui qui tombe,

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– « Noun » ne fut pas admise, car elle représente la
chute, la « Néfilah »,
– « Mèm Laméd » devaient également rester à leurs
places, pour former avec le « Kaf » le mot « Mélèkh »,
le Roi, sans qui le monde ne peut exister,
– la lettre « Kaf » se présenta alors seule, et voilà que
deux cent mille mondes s’ébranlèrent s’apprêtant à
tomber en ruines, car le « Kaf », est la première lettre
du « Kavod », le Trône de la Gloire divine sans lequel
rien ne se maintient. Mais, parce que dans le « Kaf »
se trouve la « Kélayah », l’extermination, il sera
refusé,
– le « Yod », devra lui aussi rester à sa place, à cause de
son rang, le premier des quatre lettres du Nom
ineffable ; le « Y.HVH »,
– « Téit » et « ’Héit » furent également refusées, car
ensemble elles forment le mot « ’Héit », le péché ;
pour cette même raison, ces deux lettres ne figureront
pas dans les noms des douze tribus d’Israël,
– « Zayin » fut aussi repoussée, mais à cause de sa
forme, celle d’un glaive, symbole de guerre,
– « Vav » et « Hé » ne furent pas choisies, pour rester
dans le Saint Nom « Y.HVH »,
– « Dalèt » et « Guimél » ne furent pas retenues, pour
que la pauvreté, la « Dalouth » et la bienfaisance, la
« Guemilouth », ne soient pas séparées.
Après que toutes les lettres soient passées, c’est au final
la lettre « Beith » qui fut choisie, car elle représente la
« Berakha », la Bénédiction.
Quant au « Aléf », il sera le seul à pouvoir révéler et
exprimer l’Unité Divine en trônant de sa première place sur

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les lettres de l’Alphabet sacré et en devenant la Marque, le
Sceau de « Aloufo Chel Olam » : le Maître du monde.

« Ha Qadosh Baroukh Hou Vé Oraïta E’had », le Saint


Béni Soit-Il et Sa Lumière ne font qu’Un, voilà pourquoi, la
Torah antérieure à la création ne doit pas être considérée
comme séparée de D.ieu. Bien au contraire, le « Zohar »
l’identifie à Sa Sagesse, telle qu’elle réside dans la « Sefirah
de la sagesse » (‘Hokhma), de l’« Adam Qadmon »,
l’Homme primordial. C’est elle, que le « Proverbes 8,22 »
glorifiera, en énonçant : « L’Eternel m’a créée la première de
Ses Œuvres, avant Ses Œuvre les plus anciennes ».

Torah Elyon : la Torah suprême


Parce que le tout sera créé à partir des quatre lettres du
« Y.HVH », le « Zohar I 2b à 3b » va analyser les quatre
premiers mots du récit biblique qui sont « Béréchit Bara
E.lohim Eth ». A partir de leurs structurations, il nous fait
remarquer ; « si les deux premiers mots de la Genèse
commencent par un Beith, (Béréchit – Bara), et les deux mots
qui suivent par un Aléf, (E.lohim – Eth), c’est pour nous
signaler : lorsque le Saint Béni Soit-Il créa le monde, Il le fit
par les grandes lettres d’en haut et les petites lettres d’en bas ».
De la flamme de la Torah primordiale, la « Torah
Qédoumah » (les grandes lettres d’en haut), D.ieu va graver
dans Son « Rouakh Ha Qodesh », Son Souffle Saint, les
lettres suprêmes (les petites lettres d’en bas), puis Il va les
extraire, les considérer, les permuter, pour en faire la
« Thora Elyon », Substratum du Verbe Divin.
La « Thora Elyon », l’Ame de tout ce qui est et sera, est
la Puissance du sacré, le Secret de ces mondes cachés qui

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maintient la création dans son état d’existence ; Rabbi
« Shimon Bar-Yo’haï » nous l’enseigne dans ses saintes
assemblées initiatiques : « et sache que le monde, même dans
ce qu’il a de profane, ne subsiste que par le Secret » (Idra
Rabba ; Zohar III, 127b-128a).

Torah Shé Bi Khtav : la Torah écrite


Suite à la faute du veau d’or, les « Othioth Elyon », les
lettres suprêmes, vont devoir se matérialiser sous une forme
encrée, pour sceller par l’écriture d’un Texte sacré l’accord
du Pardon divin. Ce Texte, écrit par « Moïse » sous la Dictée
divine, deviendra la Thora écrite ou « Shé bi Khtav » que
nous connaissons, « un Feu noir sur un Feu blanc – Eish
Sha’horah ‘al Eish Lévanah », nous dit le « Zohar III, 132 a ».
En allant plus loin, le « Zohar 2,60a » va lui établir un
lien direct entre D.ieu et Sa Torah, affirmant : « la Torah est
le Saint bénit soit-il, et le Saint Bénit Soit-Il est la Torah.
Voilà pourquoi, l’ensemble du Texte sacré est le
développement complet du Nom ineffable Y.HVH ! ».
Lien direct entre D.ieu et Sa créature, « HaShem », Le
Nom, sera la Quintessence du tout existant, le Moyen
incontournable pour que l’homme puisse atteindre la
Perfection du « Tsélèm Elokim » ; l’Image du Divin. Mais,
pour que ce Projet puisse se réaliser, il faudra que l’être
apprenne à pénétrer l’essence de la Thora suprême, la
Thora Elyon, dissimulée dans le blanc du Texte sacré, pour
y découvrir les secrets de l’existence.

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Métsiout Ha Maqor
la Réalité primordiale

Si la « Mahouth », la Substance de la création est


l’« Ein Sof », l’infini, si son « Atsmouth », l’Essence de son
existence est Celle du Nom inexprimable « Y.HVH »
retranscrit dans le « Séfér Torah », sa « Métsiout Ha
Maqor », sa Réalité primordiale, littéralement la Réalité de
la source, n’est pas Celle du D.ieu Transcendant
« Y.HVH » ; le « Ari Zal » nous l’enseigne dans le « Ets
‘Hayim » : « la réalité qui précède l’émanation de notre
monde, la Métsiout Ha Maqor, n’est pas l’Essence de D.ieu
mais celle du monde. Quant à l’espace de la création, il est
dans son essence un espace spirituel, qui nait de l’expansion
d’un univers métaphysique ».

L’expansion de l’univers métaphysique


Déjà, au 1er siècle, Rabbi « Nehounia ben ha-Kahana »
révéla dans le « Séfér Hatémunah » (retranscrit au
13e siècle) ; « l’histoire de l’univers se déroulera sur
49000 années en sept séquences de créations distinctes de

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7000 ans… Au 50e millénaire, tout retournera à son état
originel : ce sera le grand Jubilé céleste… Chacune des sept
phases est une relâche cosmique, une Shemittah, où
prédomine l’une des émanations séfirotiques de ‘Héssèd à
Malkhouth… Les mondes créés par les trois premières
Sefiroth (Kéter, ‘Hokhma et Bina), sont si élevés, qu’ils ne
peuvent être explorés même par la Science de vérité… Chaque
Sefirah dominante, contient en elle le Séfér (les lettres), le
Sefar (le compte), et le Sipour (le récit), de la création en
question… Dans le cycle général de l’histoire cosmique, nous
sommes dans la Shemittah de Guevourah, dont la spécificité
est la Rigueur, le Din, et donc la limitation ».
Le « Ram’hal », Rabbi « Moshé ‘Hayim Luzzato »
(1707-1747), va plus tard rajouter ; « si l’on compte à partir
des Shemittoth (relâches) de ‘Hokhma et Bina, nous sommes
au 4e monde, celui de Guevourah, dans la chronologie des
10 mondes qui nous amèneront au ‘Olam Haba (le monde à
venir)… cela explique la couronne à quatre branches qui
coiffe (dans certaines retranscriptions) la première lettre de la
Torah ; le Beith du mot Béréchit ».
Ainsi, la maturation spirituelle de notre univers, va,
suivant la Kabbale, se faire en un enchainement de sept
réalités primordiales et ce, à partir d’une Essence
commune ; l’« Ein Sof ». Suivant la relâche cosmique dans
laquelle évoluera notre monde, son histoire spirituelle (son
récit biblique, son Sipour), l’aspect et la valeur numérique
de ses lettres sacrées (son Séfér et son Sefar), seront
spécifiques à la « Shemittah » dans laquelle il évoluera.

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N.D.A
– La « Shemittah » qui nous a précédé, a été sous la
gouvernance de la « Sefirah ‘Héssèd », la Bonté, dont
le gigantisme créatif n’a connu ni limites ni mesures.
Le récit biblique l’évoque lorsqu’il mentionne au
cinquième jour de la création les « Taninim
Guedolim » (Béréchit 1, 21), les reptiles énormes.
Apparus il y a 240 millions d’années, les dinosaures
ont évolué dans un espace-temps spirituel qui se
serait terminé il y a 65 millions années. La durée de
leur présence sur terre (175 millions de nos années),
correspondrait aux 7 000 années spirituelles de la
« Shemittah ‘Héssèd ».
– La « Shemittah » qui suivra notre ère, sera celle de
l’illumination du monde par la « Sefirah Tiférèt », la
Beauté, la Splendeur. C’est dans cette relâche
cosmique que débutera, à partir du Rayonnement
révélé de la Gloire Divine, la réparation progressive
des corps en corps de lumière, pour permettre la
« Thi’hyath Ha-Métim », la résurrection des morts
(dont les âmes auront réalisé leur projet d’être). C’est
ce que le prophète « Isaïe » nous dévoile ; « Il m’a
revêtu des vêtements du Salut, Il m’a couvert du
manteau de la Délivrance » (Isaïe 61 : 10), et le
« Zohar 1 : 36b » de préciser ; « c’est en fautant
qu’Adam perdit son vêtement de lumière, le Kotnoth
Or, c’est là, qu’il se trouva nu (dévêtu de la Sainteté),
et que son habit fut remplacé par une tunique de peau,
le Kotnoth ‘Or ».

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Le temps suivant la Kabbale
Le concept de sept Genèses consécutives, fait percevoir
dans la « Métsiout Ha Maqor » une autre réalité
primordiale ; celle du temps, le « Zman » en hébreu. Réalité
spirituelle, le temps est désigné dans le langage
Kabbalistique ; « Maqor vé Shorech », Source et racines ou
Cause et conséquences, pour montrer l’avant et l’après.
La Kabbale différencie cependant dans l’unité du temps
deux entités : le temps potentiel et le temps réel ;
1) – le temps potentiel ou « Zman shebékoa’h », est le
temps nécessaire à la maturation spirituelle de notre
univers dans l’espace de la création ; sa durée est de
49 000 années spirituelles,
2) – le temps réel, le « Zman shebépoal », est le temps
d’un cycle cosmique ou séfirotique ; il correspond à 7000
années spirituelles.
Dans le temps séfirotique, la Conduite Divine du monde,
la « Hanagah », vers sa maturation spirituelle, sera, nous
venons de le voir, fondamentalement guidée par les forces de
la « Sefirah » dans laquelle il évoluera : les sept canaux ou
couloirs séfirotiques que devront traverser notre monde,
définiront les sept « Shemittoth » ou relâches cosmiques.
Dans notre « Shemittah » qui est celle de
« Guevourah », la Rigueur, la maturation de notre univers
est sous la dominance du « Din », le principe de la limitation
de l’Unité traditionnellement assimilée au Jugement. La
réalité spirituelle du temps, engendrée par la brisure des
vases (voir ce chapitre), se manifestera sous la forme de
7000 années de douze ou treize mois lunaires suivant les

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années hébraïques. Si les six premiers millénaires seront
accordés à la création pour finaliser le Projet du Divin, le
septième sera Messianique, c’est-à-dire « Shabbatique », car
totalement baigné dans la Réalité révélée du monde de
« Atsilouth » ; le monde de la Pensée créatrice.

Les sept millénaires de notre cycle cosmique,
appartiennent donc aux 49 000 années spirituelles du temps
potentiel. Si l’on se réfère aux calculs scientifiques (basés sur
notre temps réel), la période de la maturation spirituelle de
notre univers aurait débuté il y a 13,819 milliards d’années.
L’âge de la terre étant de 4.57 Milliards d’années, la Torah
(parce qu’elle n’est pas un livre de science), va résumer la
phase dense et chaude de l’histoire de l’univers, par son seul
récit du premier jour de la Genèse.
L’espace-temps spirituel (9,249 milliards d’années), qui
sépare le « Big-Bang » de la naissance de notre planète,
appartient aux trois premières relâches cosmiques ;
« Kéter », « ’Hokhma » et « Bina ». Du fait de son rang
spirituel extraordinairement élevé, la réalité de ce temps, qui
est du domaine du méta temps, n’apporte pas
d’enseignement particulier à la créature mortelle. Voilà
pourquoi, cette période sera tout simplement évoquée dans
l’histoire biblique par l’expression « Yom E’had » ou Jour
Un, pour finaliser le premier jour de la création ; cette
formulation (Yom E’had et non Yom Rischon, le premier
jour), sera choisie, pour montrer l’Unité qui précéda le tout
créé.
A partir de l’apparition de notre terre, décrite
initialement comme « Tohu – Bohu », un chaos et une
désolation, le processus créatif va se poursuivre en plusieurs

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étapes qui seront marquées dans l’Histoire sacrée par les
expressions deuxième jour, troisième jour… C’est par ces
énonciations, que nous sera montrée la contraction
progressive du temps. Enfin, et avant que ne se réinstalle la
« Qdoushah », la Sainteté dans la création par le jour du
« Shabbat », ce sera le « Yom Ha Shishi », le sixième jour où
l’homme véritable (Adam) sera créé, pour aider l’humanité
vers son évolution spirituelle (voir le chapitre le Projet
d’être, dans notre livre les Racines de l’existence).
Comme le couloir spirituel dans lequel évolue aujourd’hui
notre univers est celui de la limitation de l’Unité, il générera
dans notre monde le principe de la différenciation (et donc de
la séparation), jusqu’à aboutir à un monde formé ou
matérialisé, un monde que l’on voit et qui est vu, le monde des
conséquences où chaque forme (ou histoire), sera l’expression
matérialisée d’une réalité spirituelle.
Ainsi, dans notre « Shemittah », le monde va engendrer
au cours de sa maturation spirituelle des changements de
formes qui s’enchaineront les uns aux autres. Le temps, sera
donc la réalité spirituelle à partir de laquelle l’étude
ésotérique va pouvoir localiser la place d’une forme dans un
processus d’engendrement. Mais quelque soit la forme que
prendra notre monde, son essence restera à jamais Celle de
l’Unité de D.ieu.
Quelque chose est donc en train de s’engendrer ; il
s’agit du monde qui n’est (ou nait) pas encore, il est en
constitution d’être, en cours d’histoire. Voilà pourquoi, le
Langage biblique utilise dans son récit le mot « Toldoth »
pour dire histoire, car il veut littéralement dire
engendrements ! (Parchat Toldoth – Genèse 25 : 19-28 : 9).

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Pour la Kabbale, nous sommes aujourd’hui au stade
embryonnaire de cet engendrement ; embryon qui se dit
« ’Ouvar » en hébreu, dérive de la racine « ’Avar » qui
signifie passer, traverser, et de cette même racine, vient le
mot « ’Ivrith » qui veut dire Hébreux ; le peuple qui fera
naître, ou renaître l’humanité, en lui dévoilant le
monothéisme, mais aussi, le peuple saint, « Goy Qadosh »,
qui aidera l’humanité à passer de la matérialité à la
spiritualité, en lui dévoilant l’Ame de la Torah.

‘Avar – ‘Ouvar, l’embryon

‘Ivrith – Hébreux

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Ratson Ha Boré
la Pensée Créatrice

C’est dans son commentaire du « Zohar », « Or


Yakar », la lumière précieuse, que le « Ramaq », Rabbi
« Moïse Cordovéro » (1522-1570), explique et détaille
comment D.ieu élabora une réalité finie, à partir d’une
lumière infiniment créatrice ; « la lumière infinie est
l’expression d’une Volonté divine créatrice : le Ratson Ha
Boré. Cette Pensée, qui s’exprime par dix Fonctions ou
Manifestations divines créatrices, les Sefiroth, a pour essence
une Volonté suprême sans limites ni mesures, le Ratson
Elyon, dont la demeure est l’Ein Sof, le sans fin, l’infini ».
Le « Ari Zal » va toutefois préciser ; « D.ieu n’est pas
seulement Créateur. En effet, si Son Désir suprême est infini
et illimité, c’est à partir de Son autolimitation que va naître
le Désir divin créateur – le Ratson Ha Boré ».
A ce niveau du dévoilement de la Kabbale, se construit
le système de pensée de l’« Ashlag » ; « la limitation de
l’Unité du Désir suprême, instaure dans la création le
principe de la dualité, scindant ainsi le monde en un monde
de la réalité et un monde de vérité ».

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Les deux niveaux du monde
La Pensée Divine créatrice est appelée en hébreu
« Ratson Ha Boré », c’est d’elle, que va jaillir le premier
monde, le monde de la Pensée ou monde de « Atsilouth ».
La lumière qui émane de ce monde est le « Or Ein Sof », la
lumière infinie, dont la Vérité créatrice, le « Emét », est
l’essence du monde à venir, le « ’Olam Haba ».
Dans notre précédent écrit (les Racines de l’existence),
nous avions étudié que ce monde ci, le « ’Olam Hazé », est
l’antichambre du monde qui vient, un « Prozdor », un
corridor qui prépare à l’entrée dans le « ’Olam Haba »
(Pirqey Avot – Michna IV, 21).
Bien que ces deux mondes soient radicalement
opposés, il s’agit du même monde mais à deux niveaux
différents ;
1) le « ’Olam Hazé », est la réalité du monde que l’on
perçoit,
2) le « ’Olam Haba », est la vérité du monde dans son
essence.
Mais comme il s’agit du même Créateur qui a voulu le
monde de vérité et qui a créé le monde de la réalité, pour
satisfaire à Son Désir de créer, le Projet pour l’être (qui sera
l’être véritable), devra se structurer sur les deux niveaux du
monde.
En dévoilant la « ’Hokhmath Ha Nistar », la Sagesse
cachée de l’univers métaphysique, l’étude de la Kabbale va nous
réapprendre à regarder le monde au travers de ses deux réalités
(matérielle et spirituelle), et nous dévoiler le moyen de
réaliser le projet de l’être authentique, en restaurant la Vérité
de l’Unité de la terre supérieure, « Haarets Shel Maalah » (le

30
monde à venir), dans la réalité chaotique de la terre
inférieure, « Haarets Shel Maatah » (notre monde).
Ce Projet, attribué par le Divin à Sa créature, est sous
entendu dans les deux premiers versets de la Genèse
lorsqu’ils mentionnent deux fois le mot terre ;
1) « Genèse 1.1 », au commencement D.ieu créa les
cieux et la terre (supérieure),
2) « Genèse 2.2 » ; et la terre (inférieure) était Tohu
Bohu…
Le deuxième verset qui décrit le monde comme un
chaos, ne parle plus du ciel. Il nous montre par là, que la
deuxième terre (la terre inférieure, notre terre, celle du
Tohu), va rentrer dans sa forme (ou histoire), dépourvue de
la lumière apparente de la terre supérieure (le ‘Olam Haba) ;
cette lumière de Vérité, (celle du Or Ein Sof, la lumière
infinie), qui devra être recherchée, permettra au monde de
retrouver la Perfection de la Pensée qui l’a créé !

Ratson Lékabèl et Ratson Léashpia


Le « Ari Zal » dévoile ; « le Désir divin devenu Pensée
créatrice, va fixer trois objectifs » :
1) qu’il y ait un espace de création,
2) que dans cette création il y ait de l’être ; la créature,
3) que cet être soit un réceptacle, un « Kéli », à la
lumière infinie.
L’« Ashlag » va préciser ; « … Le Kéli, le réceptacle, la
créature vivante, sera suivant le plan du Divin structuré sur un
désir de recevoir : ce désir devra, pour retrouver la Vérité de
l’Unité, devenir un désir de donner à l’image de l’Acte créateur ».

31
Puisque l’homme a été créé « Kéli », réceptacle ;
recevoir l’être sera la condition de l’existence ! Pour cette
raison, le premier sentiment qui animera la créature sera le
« Ratson Lékabèl », le désir de recevoir, nommé dans la
Torah ; « Yétsèr Ha Ra’», le penchant au mal ! : « le Yétsèr
(penchant) de l’homme n’est que Ra’(mauvais) depuis son
enfance » (Béréchit 6.5).
En développant sur cet enseignement de la Torah, la
Kabbale de l’« Ashlag » nous révèle ;
– le désir de recevoir, lorsqu’il se construit sur le
principe exclusif du recevoir pour recevoir, « Lékabèl
al Ménat Lékabèl », définit la véritable racine du mal ;
l’égoïsme,
– parce qu’il émane du Désir divin (suprême) amoindri
en un Désir de créer, le désir de recevoir chez
l’homme, le « Ratson Lékabèl », a pour fondement le
principe de la limitation. Voilà pourquoi, il est un
« Kéli », un réceptacle, dont l’essence est « Midat Ha
Din », l’Attribut de Rigueur, car, par nature, « le
réceptacle ne fait que garder (pour lui-même) sa
propre lumière, son propre être »,
– à l’inverse du recevoir la vie ou l’être, c’est le donner
la vie ou l’être, qui définit le « Yétsèr Ha Tov », le
penchant au bien, racine du « Ratson Léashpia », le
désir de donner chez l’homme ; la volonté généreuse,
dont la source est le « Ratson Elyon », le Désir illimité
du Divin. Voilà pourquoi, le désir de donner chez la
créature est une lumière, « Or », qui émane de
« Midat Ha ‘Héssèd », l’Attribut de générosité.
Ainsi, et suivant le libre arbitre accordé, l’homme pourra
choisir de rester soit séparé de D.ieu en restant dans son

32
unique désir de recevoir, soit de participer à la réalisation
altruiste du Projet créateur, en apprenant à donner.
Cet apprentissage du don de soi, qui permettra le
passage de l’« être-Kéli », l’être réceptacle, à l’« être-Or »,
l’être lumière, est une maturation spirituelle, qui ne pourra
se faire qu’en recevant, pour la retransmettre, la Sagesse
émanée de l’univers métaphysique.
Au final, recevoir en vue de donner, « Lékabèl Al
Ménat Léashpia », ce qui n’aura pas été attribué d’une façon
innée, est bien le Plan du Divin. Ainsi ; c’est par le
dépassement des limites, « Métsarim », du moi et de la
pensée, que l’homme pourra se libérer de sa propre Egypte,
« Mitsraïm », (autre lecture de Métsarim – voir notre
précédent ouvrage), pour faire le « Tiqoun », sa réparation
et celle du monde chaotique dans lequel il a été placé, par le
rétablissement de l’Unité du monde à venir.
Cette notion essentielle, explique pourquoi le D.ieu
Transcendant se présentera à Sa création, non pas en tant
que l’Etre Inaccessible et Inconnaissable, mais comme
Celui qui offrira à toute créature, la potentialité de
l’authenticité et donc de liberté ! ; c’est ce que le premier
Commandement exprime ; « Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui
t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude…
(sous entendu de ta propre servitude) » (verset Exode 20, 2).

33
34
Béréchit
le Commencement

En expliquant l’Œuvre du commencement, le


« Maasséh Béréchit », le « Ari Zal » va dévoiler les
mécanismes secrets du « Tsimtsoum », de la « Shvirath » et
du « Tiqoun ». Ce faisant, il ouvrira l’ère de la nouvelle
Kabbale encore appelée Kabbale du dévoilement.

Le Tsimtsoum : la lampe d’obscurité


La création (de notre monde matériel), va être initiée
par le « Tsimtsoum », qui n’est pas l’origine du monde, mais
le processus qui fera naître un espace (spirituel et non
cosmique) dans l’univers métaphysique, adapté à une
nouvelle forme de maturation (spirituelle) de notre monde.
« ’Hayim Vital » dans son « Ets ‘Hayim » nous le rapporte ;
« lorsque monta à Sa Volonté simple de créer les mondes et
d’émaner les émanés, pour manifester la perfection de Ses
Actions, de Ses Noms et de Ses Attributs (ce qui était la cause
de la création des mondes) alors, Il se contracta Lui-même,
l’infini, en Son point central. La lumière, s’éloigna sur les
côtés, autour du point central en délimitant des bords. Il resta

35
alors une place vide, de l’air, un creux vide… Quand cette
restriction prit place, il y eut un endroit dans lequel toutes
choses purent être créées… ».
Le « Zohar » appelle le « Tsimtsoum », « Boutsina dé
Qardinouta », la lampe d’obscurité, car il réduit la lumière de
l’« Ein Sof » ; « une lampe d’obscurité jaillit du frémissement
de l’infini, dans le Secret de son secret, telle une forme dans
l’informe inscrite sur le Sceau » (Zohar I Béréchit 15a).
Si le sens talmudique du mot « Tsimtsoum » est la
contraction (puisqu’il dérive de Létsamtsèm qui veut dire
contracter), dans le langage Kabbalistique il exprime aussi
le retrait.
Le « Tsimtsoum » est donc pour la Kabbale une double
action, d’abord de contraction de la lumière (simple et
unique) de l’infini, ensuite de rétraction. Par ce processus,
D.ieu va refouler son « Ein Sofiyouth », Son Infinitude, et
laisser place à Sa création ; ce double mouvement de
contraction-rétraction de l’Etat originel, sera le premier
souffle de notre Genèse.
Le « Tsimtsoum » ne doit cependant pas être considéré
comme une réduction de l’Essence de D.ieu, mais comme
un amoindrissement, une « Hitmaatout », de Son Unité. Et
puisqu’il est impossible et inconcevable que la Substance
divine même puisse être affectée, le « Tsimtsoum » n’aura
de réalité que pour la créature.
Le « Zohar I 2b » va plus loin préciser ; « lorsque
l’enfermement de tous les enfermements (Stima Dékol Stimin),
désira se dévoiler, il façonna d’abord un point qui devint la
Pensée ; c’est là qu’Il dessina toutes les figures (les Partsoufim)
et tailla tous les signes (les lettres de la Torah Elyon) ».

36
Le point central (ou premier) est appelé « Nékoudah Ha
Emtsaï », le point médian, il correspond à « Even Chtiya », la
pierre de fondement ou angulaire. Bien qu’informel, ce point
représente la première matérialisation du « Ratson Ha
Boré » : le Désir de créer à partir duquel D.ieu va fixer Son
Objectif pour la création. C’est à partir de son hyper
concentration, que D.ieu va retirer, siphonner l’« Ein Sof »,
l’infini, pour créer une limite, « Sof », à l’Emanation
primordiale.
Plus tard, dans la constitution de l’être, la « Nékoudah
Ha Emtsaï » projettera l’éclat de son essence, dans la
« Néquoudat Ha Lèv », le point du cœur, d’où naîtra le désir
de spiritualité, la « Rouakhniout ».

Les conséquences du Tsimtsoum


Si l’« Ein Sof » désigne l’infini et donc D.ieu (puisqu’Il
est Infini), il indique encore notre monde sous sa forme
idéale, c’est-à-dire dans sa parfaite unité.
La limitation de l’Unité (qu’imposera le Tsimtsoum),
va donc faire perdre au monde sa perfection originelle
appelée « Ein Sof ». Voilà pourquoi, il apparaîtra sous une
autre modalité ; celle d’un univers hiérarchisé en quatre
niveaux d’êtres, appelés mondes.
En provoquant le retrait de l’Infini, le « Tsimtsoum » va
aussi dissimuler la Présence divine dans ce qui deviendra
fini et imparfait. Ce concept essentiel expliquera ;
1) l’Omnipotence divine,
2) la possibilité d’une création à partir d’un néant qui
n’en est pas un,
3) la construction de la pensée messianique : le Messie

37
déjà présent, n’aura plus qu’à se révéler grâce aux
efforts de l’homme !

L’« Ein Sof », le monde idéal devenu imparfait, les


actions réparatrices de l’homme, seront donc le but de la
création !
Mais, en créant un libre espace pour la création, le
« Tsimtsoum » va aussi laisser place à la libre conscience, au
libre choix entre deux volontés opposées ; celle de recevoir
et celle de donner. La dimension morale de la création
vient de se dévoiler, elle offrira à l’être la possibilité de
l’évolution véritable, en le faisant participer à la réalisation
du Projet créateur.
La perte de la perfection du monde (par le processus du
Tsimtsoum), va aussi permettre à la Perfection de se
manifester au travers du Nom « E.lohim », le Divin. Ce
Nom, qui est au pluriel car il résume à lui seul l’ensemble
des Forces créatrices, désigne la Face (visible) de D.ieu ;
Celle qui sera connue… par Ses Manifestations !
Mais le D.ieu Inconnaissable « Y.HVH » du « Ein Sof »
transcendant le monde et le D.ieu « E.lohim » immanent au
monde, sont un seul et même D.ieu. C’est ainsi, qu’après le
« Tsimtsoum », la théologie va devenir la Science du Divin,
dont l’étude portera sur les interactions secrètes qui
s’opèrent entre la Source et ses racines. C’est ce que le « Ari
Zal » nous révèle : « le principe de la limitation apporté par
le Tsimtsoum, a permis à la lumière suprême, le Ratson
Elyon, de devenir visible par un Rayon, le Qav, mais aussi de
pouvoir être comprise par l’essence d’une Volonté devenue
limitée, le Ratson Ha Boré ».

38
Au final, c’est en Se retirant de Lui-même, que D.ieu
va créer la matrice du monde (l’espace de la création), et
offrir à Son Œuvre un avenir, une histoire, un lendemain :
en hébreu « Ma’har », qui veut dire demain, s’écrit avec les
mêmes lettres que « Ré’hèm », l’utérus.

Ma’har - demain

Ré’hèm – utérus

L’espace de la création : le vide puis le lieu


L’espace de la création vient d’être formé, il est appelé
vide ou « ’Halal Hapanouï ». Par rapport à l’infini cet espace
est insignifiant, par rapport à la création, il représente tout
l’univers.

Tsimtsoum – ‘Halal

39
Le vide, le « ’Halal », sera plus tard appelé dans le
processus créatif, le lieu ou « Maqom Panouï », pour
indiquer qu’il s’agit d’abord d’un espace d’existence, puis
d’un espace de vie.
La langue hébraïque utilise le pluriel pour différencier
la vie de l’existence ; vie qui se dit « ’Hayim » en hébreu, veut
littéralement dire les vies ou deux vies. Vivre au singulier
n’est pas vivre mais exister et exister signifie ne recevoir que
pour soi. Cette vie dénuée de sens est une vie vide, un vide
dans la vie, un « ’Halal », dont la racine hébraïque fait
percevoir les mots « Ma’halah », la maladie, et « ’Holéh », le
malade.
Ainsi, pour la Kabbale, le « ’Holéh », l’être en
souffrance, est celui qui ne fait qu’exister, parce qu’il ne
considère que le « ’Hol », le profane ; c’est en se
déconnectant du Flux vital qu’apparaissent des vides de
Sainteté, des zones en carence d’être, qui délient
progressivement le corps (mortel) de son âme (immortelle).
A l’inverse, celui qui étudie et pratique les
Commandements du Divin, qui cherche à se rapprocher de
son Créateur par une vie devenue spirituelle, apprendra
l’échange, à recevoir en vue de donner, pour reproduire
l’Altruisme de l’Acte créateur. Cette vie au pluriel, au travers
des autres vies, est la vraie vie, la vie « ’Hayim », la vie
authentique ; le Projet de la Pensée divine.
Le passage d’exister à vivre qui ne pourra se faire que
par une évolution (véritable) de l’être, le sera sous la
gouvernance de la « Qdoushah », la Sainteté, car, nous dit le
« Zohar », le « ’Halal », le vide de l’existence, devenu
« Maqom », le lieu de la vie, est lui même soutenu par un

40
autre Lieu qui est la lumière de l’« Ein Sof », la Lumière du
D.ieu Infini : la Guématria le confirme ; l’addition des lettres
mises au carré du « Y.HVH » (pour rajouter à la Sainteté de
la Transcendance, l’Immanence de D.ieu dans ce monde),
donne le chiffre 186 qui est la valeur numérique du mot
« Maqom » : YxY (10x10) + HxH (5x5) + VxV (6x6) + HxH
(5x5) = 100 + 25 + 36 + 25 =186.
D.ieu étant le Maqom du tout existant, c’est en Lui que
le monde est en gestation. La vraie question ne sera donc pas
de savoir qui est D.ieu, mais : quelle est la place du monde
au sein de D.ieu !
Au final, vivre « ’Hayim », sera d’apprendre à dépasser
les limites de sa propre vie par la compréhension de la
Sagesse créatrice, mais encore, savoir dépasser la limitation
du temps, le « Zman », pour vivre dans une perspective
d’éternité car, nous dit la Science ésotérique ; « la mort n’est
pas un processus naturel, puisque l’homme a été créé à
l’Image du Divin, l’Etre éternel ». Voilà pourquoi, vivre
« ’Hayim » tiendra aussi compte de l’autre vie, celle qui est
ailleurs et immortelle : celle du monde à venir !
N.D.A
– L’homme qui vit dans le temps spirituel rentre dans le
« Zman shebékoa’h », le temps potentiel nécessaire à
sa pleine évolution, et s’extirpe du « Zman
shebépoal », le temps réel de son existence. Ces deux
temps sont symboliquement représentés par la
consommation d’un œuf au cours du deuil, afin de
nous rappeler que la mort n’est pas une issue fatale,
mais un passage, un cheminement temporaire vers
l’éternité. Si l’œuf représente la vie qui s’est terminée

41
et donc la fin du temps réel de l’existence, il évoque
aussi la naissance d’une nouvelle vie, d’une nouvelle
potentialité.
– Le mot tombeau qui se dit « Quévèr » en hébreu, est
constitué des mêmes lettres que « Boquèr », le matin,
il nous indique par là, le temps (potentiel) nécessaire à
la maturation spirituelle, et le « Guilgoul Ha
Néshamoth », le cycle des âmes, le cycle des
réincarnations que devra connaître l’âme, pour
pouvoir réaliser son projet d’être.

Le Réshimou : la trace de l’être


L’objectif du Créateur, pour Sa création, n’a pas été le
« Or », la lumière, mais « le Kéli », le réceptacle, l’être
recevant l’Etre ; c’est ce que le « Ram’hal » nous enseigne
(Séfér Ha Kélim, ch.5) ; « la force qui demeure à la racine du
monde est le Réshimou, il sert de base à la réalité inférieure
inachevée, il est la racine du mal ».
Le terme « Réshimou » dérive de « Roshèm », mot qui
veut dire impression en hébreu. Il est la trace de la lumière
suprême laissée dans l’espace de la création après que l’« Ein
Sof », l’infini, se soit retiré sous l’effet du « Tsimtsoum ». Si
la lumière du « Réshimou » est par essence infinie, c’est son
empreinte qui définira le principe de la limitation, et de
l’obscurité.
En effet, ce qu’un état illimité n’aurait pu produire, ce
sont les traces du « Réshimou » qui vont l’apporter par leur
état d’être en creux. C’est ainsi qu’elles serviront de base à la
réalité limitée, fondement des créatures imparfaites et de
leur désir de recevoir, dont l’exacerbation engendre le mal.

42
La lumière du « Réshimou » est encore appelée en
Kabbale, « Malkhouth de l’Ein Sof », la Royauté (ou la
partie basse) du monde de l’infini qui jouxte le fini. C’est ce
que le « Zohar I 29a » révèle ; « lorsque la Volonté créatrice
(Ratson ha Boré) a surgi pour créer le monde, Malkhouth de
l’Ein Sof en fut la source, puis Il s’enveloppa dans une Robe
de Splendeur supérieure, la Zihara Ilaah, et c’est alors qu’il y
eut consistance. Ensuite, ce furent les Sefiroth, et à partir de
la 10e Sefirah émanée, il y eut existence car cohérence ».

Le Qav : le Or-Ein-Sof
La lumière suprême s’est rétractée puis retirée du centre
de l’infini par l’axe tourbillonnaire de l’« Ein Sof » devenu
Ether Primordial, « Avir Qadmon », puis Ether subtil,
« Avir Daqia ». Si l’infini réintégrait l’espace créé par le
« Tsimtsoum », il annulerait par l’intensité de sa lumière la
possibilité de création.
Le « Ari Zal » propose alors une seconde phase du
« Tsimtsoum » où la lumière suprême va bien réintégrer
l’espace vide, mais sous la forme amoindrie d’un Rayon de
lumière-énergie appelé « Qav ». C’est ce que nous dit le
« Séfér Ets ‘Hayim » ; « Il dessina alors une ligne
unidirectionnelle de l’infinie lumière qu’il inséra dans cet
espace de vacuité… C’est à travers cette ligne, que la lumière
atteignit l’en-bas ».
Retrouvant la plénitude de son essence dans l’éclat
résiduel du « Réshimou », le « Qav » va, à partir des traces
de l’infini (laissées dans la Malkhouth de l’Ein Sof), débuter
la création en dix « ’Igoulim » ou cercles de lumière ;
« chacun à l’intérieur de l’autre et remplissant tout l’espace
de la création » : c’est à partir de cette nouvelle rencontre de

43
la lumière de l’infini avec l’empreinte d’elle-même, que
s’édifiera la racine de l’être !
En effet, les dix cercles de lumière dessinés par le
« Qav », vont devenir dix « Kélim » ou réceptacles à la
lumière simple et unique de l’infini, pour la filtrer, puis la
canaliser en dix aspects absolus appelés « Sefiroth » ou
Emanations divines : le premier édifice séfirotique vient
d’être créé, il définira le premier monde qui sera ; celui de
l’« Adam Qadmon », l’Homme primordial, essence des
quatre mondes à venir.

Les dix réceptacles primordiaux


Les dix vases primordiaux seront nommés suivant la
spécificité qu’ils attribueront à la lumière infinie. Ils sont de
la périphérie au centre ; « Kéter » – la Couronne,
« ’Hokhma » – la Sagesse, « Bina » – le Discernement,
« ’Héssèd » – la Bonté, « Guevourah » – la Rigueur,
« Tiférèt » – la Splendeur, « Nétsa’h » – la Victoire, « Hod »
– la Gloire, « Yessod » – le Fondement, et « Malkhouth » –
la Royauté.

44
Dans la constitution de l’homme, ces dix émanations
originelles seront projetées en un Arbre de vie, ou « ’Ets Ha
‘Hayim », pour structurer, façonner la créature en dix
qualités ou « Midot », qui lui permettront la réalisation de
son projet d’existence.
Ce moment, où le passage à l’être va sortir de sa
potentialité pour devenir première réalité, fera que la
lumière du « Qav » sera considérée par la Kabbale comme
l’Emanation créatrice, le véritable commencement ; le « il y
a à partir de il y a », le « Yeich Mi Yeich ».
Cependant, la tendance du « Qav » sera de revenir au
centre du « ’Halal ». Mais ce point, qui situe le niveau de la
restauration de l’Unité, est l’Objectif pour la création.
Aussi, tant que la création n’aura pas finalisé ce Projet, il
faudra qu’il y ait un empêchement continu (par le
Tsimtsoum), pour éviter que l’espace de vie ne soit inondé par
la lumière suprême. Voilà pourquoi, la dénomination qui sera
donnée à la lumière du « Qav » est : « Or Ein-Sof », la lumière
infinie ou sans fin, car le « Sof », la fin, l’aboutissement, serait
qu’elle atteigne le centre de l’espace de la création.
Le Tsinor : le canal
« Or Ein-Sof », la lumière infinie, est une lumière
infiniment créatrice de réalités et d’événements, qui
permettront à la créature d’achever sa réparation suivant la
Volonté divine, qui est le « Ratson ».
Les lettres de « Tsinor », le canal, par lequel la lumière
infinie se retire puis réintègre l’espace de la création, sont les
mêmes que celles du mot « Ratson », mais dans un sens
inversé, pour nous signaler symboliquement, que le libre
choix a été donné à la créature dans le même temps que lui
a été offert la racine de son être !

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C.haddaï : la Contre force
Mais le « Qav » va continuer son introduction
impétueuse, et pour empêcher l’Absolu d’inonder le monde,
il faudra qu’une Contre force qui ait la Vaillance de D.ieu
devienne l’Abri du monde ; si l’Absolu entre totalement
dans le monde, le monde est détruit ! Cette force, est celle
du Nom « C.haddaï », le Tout Puissant, « Chéamar Daï Lé
‘Olam, vé Elakouto Daï ! » ; « Celui qui a dit jusque là à Son
monde, et jusque là à Sa divinité ! ».
Si D.ieu a créé le monde par le « ’Héssèd Elyon », la
Bonté absolue, Il lui a permis d’exister par Sa contre force
« C.haddaï », qui exprime « Guevourah », la Rigueur.
Et comme c’est par Son Nom « C.haddaï » que D.ieu va
S’auto-contenir pour laisser place à la créature,
« Guevourah », deviendra la vertu essentielle du monde :
« c’est en étant plus fort que soi, plus fort que son désir de
recevoir, que l’on pourra donner vie à l’autre ». Mais aussi,
« celui qui résistera à la colère, l’emportera sur le héros, et
celui qui dominera ses passions, surpassera le conquérant des
villes » (Proverbes 16.32).
Le mystère de « C.haddaï », est celui de sa valeur
numérique 314, qui évoque le chiffre 3,14 ; la valeur du
nombre « Pi », qui montre que l’espace existe.
Mais 3,14 c’est aussi la valeur du rapport 22/7, pour
nous rappeler que l’Œuvre de la création, le « Maasséh
Béréchit », a été divinement composée à partir des 22 lettres
sacrées, en un cycle accompli de 7 jours, représenté par les
7 mots du premier verset biblique : « Béréchit Bara E.lohim
Eth HaShamayim VéEth HaAréts », au commencement
D.ieu créa les cieux et la terre.

46
Le Dibour Elokit : la Parole créatrice
Le « Midrash » nous enseigne ; « Ainsi s’est faite la
création du monde, à partir de la Parole créatrice… de la
même manière la Torah a été donnée dans la Langue sainte
(l’hébreu), de la même manière les cieux et le monde seront
créés avec la Langue sainte, et de la même manière les dix
Commandements contiendront en eux les 613 Mitsvoth, de la
même manière les dix Paroles (divines) créatrices
renfermeront en elles l’ensemble des mots créateurs ».
N’étant constitué que de « ’Héssèd Elyon », de Bonté
sans limites, le début de la pénétration impétueuse du
« Qav » va provoquer l’hyper contraction de la « Nékoudah
Ha Emtsaï », le point médian, jusqu’à provoquer son
éclatement en 22 fragments informels ; les 22 lettres de la
Torah suprême, la « Torah Elyon » (voir chapitre l’Ame du
monde) : cela se traduira par un cri, celui du vide (le ‘Halal) ;
« Yéhi Or », que la lumière soit !
Cherchant à retrouver l’Unité perdue par l’éclatement
de la « Nékoudah Ha Emtsaï », les 22 lettres suprêmes, les
« Othioth Elyon », vont alors se combiner les unes aux
autres ; c’est ce combinatoire ou « Tsérouf », qui donnera
naissance au « Laschon Ha Qodesh », la Langue sainte du
« Dibbour Elokit », le Verbe divin créateur : la Guématria le
confirme ; « Tsérouf » et « Laschon » ont une même valeur
numérique, égale à 386 !

47
Pour tenter de percevoir l’Essence de la Parole
créatrice, l’exégèse du Texte sacré va donc rechercher les
différentes combinaisons possibles entre le chiffre 26
(valeur du Y.HVH) et le chiffre 22 (le nombre des lettres de
l’alphabet créateur). Citons parmi elles ;
– le verset « Genèse 2,24 » qui fait allusion à la terre et
qui dit concernant « Adam et Eve » : « ils deviendront
une seule chair », « Véhayou LéBassar E’had » ; cette
expression qui a pour valeur numérique 572, est égale
à 22x26.
– le mot « Kokhav », l’étoile en hébreu, qui symbolise la
création du ciel ; il se décompose en « Kaf-Vav »
(valeur 26) et « Kaf-Beith » (valeur 22),

Kokhav - l’étoile

Kaf - Vav (26) et Kaf - Beith (22)


Cependant, pour permettre la matérialisation de notre
monde, certaines lettres devront se remplacer. C’est ainsi
que par le remplacement du « Aléf » par la lettre « ’Ayin »,
« Or », la lumière, va devenir « ’Or », la peau, et le
« Yotsér », qui est le Potier céleste (le Divin qui façonne Son
monde), va offrir à Sa créature le « Yétsèr », le penchant…
au mal et au bien.

Or, la lumière

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‘Or, la peau
Mais, dans cette descente vers les mondes de l’en bas,
une lettre s’abîma, il s’agit du « Shin », qui, en perdant sa
quatrième branche, deviendra le « Shin » à trois branches
que nous connaissons. Voilà pourquoi : « le rétablissement
de la branche manquante à la lettre de Vérité, deviendra le
Tiqoun de l’humanité ; la raison de sa destinée ! ».

49
50
Adam Qadmon
l’Essence de l’être

Le Souffle créateur du Verbe divin est représenté par la


lettre « Hé », il est le Souffle de vie. C’est ce que la Genèse
exprime dans le verset 4 de son chapitre 2 ; « voici les
engendrements des cieux et de la terre en leur création,
Béhibaram : le mot « Béhibaram » qui peut être lu « Bé Hé
Baram », nous apprend qu’avec le « Hé », Il créa
(traduction littérale de Bé Hé Baram).
La structure spirituelle fondamentale du tout créé va
ainsi se construire ; à partir de la lettre « Hé », dont la valeur
numérique cinq désigne une essence et ses quatre racines,
symboliquement évoquées dans le récit biblique par son
verset « Genèse 2,10 » où il est dit : « Un fleuve sortait de
l’Éden pour arroser le jardin ; de là, il se divisait et formait
quatre bras. ».
Suivant ce schéma archétypal, la création (le jardin du
verset précité), s’édifiera en quatre mondes à partir d’une
essence suprême, celle de l’« Adam Qadmon » ou l’Homme
primordial, encore appelé monde de l’infini ; le « ’Olam Ha

51
Ein Sof » : le monde (‘Olam), qui est à la ressemblance,
(Doméh-racine du nom Adam), de la lumière (infinie) qui
l’a précédé.
Ce monde originel, le plus élevé et le plus exalté des
univers, toute première expression de la Volonté créatrice,
essence absolue des quatre niveaux d’être subséquents, définira
l’archétype du projet d’être réalisé. Voilà pourquoi, sa
quintessence sera plus tard projetée dans la création, en la
personne de « Adam Ha Rischon », le premier homme
véritable de la Genèse, pour révéler à l’humanité la Source du
tout existant : les quatre lettres du Nom ineffable « Y.HVH ».

Le monde de l’infini : Adam Qadmon


Le mot « ’Olam », monde en hébreu, a pour racine
« ’Elèm », qui exprime la dissimulation, la disparition : un
monde cache l’Essence inaccessible, pour la redistribuer
par ses niveaux de dévoilement, que sont les « Sefiroth ».
Si la forme de notre monde (matériel), représente le plus
haut degré du voilement de l’éternité, le monde de l’infini sera
lui, la toute première structure qui permettra, malgré sa
nature hautement spirituelle, de percevoir la lumière
(invisible) de la Pensée suprême ; le « Or Ratson Elyon ».
C’est en pénétrant par l’« Hitbonenouth », la méditation
mystique, la réalité abyssale du monde de l’« Adam Qadmon »,
que la Kabbale du « Ari Zal » va dévoiler pour la toute première
fois un concept essentiel à sa doctrine : celui du « Kéli » ; « la
lumière de l’Ein Sof est si grande, qu’elle ne peut être reçue
seulement si elle est transmise par un filtre, un réceptacle (Kéli)
à la lumière ». Si le terme réceptacle a été choisi ; « ce ne sera
que pour différencier la lumière supérieure simple et unique de

52
l’Ein Sof qu’ils devront contenir, car : les vases primordiaux, sont
eux-mêmes des lumières d’une pureté extrême, fine et
brillante ».
Le processus de la formation des réceptacles du monde
de l’infini, le « ’Olam Ha Ein Sof », est détaillé dans le « Séfér
Ets ‘Hayim » ; « Tu dois savoir qu’Adam Qadmon est le plus
antique des êtres primordiaux, tous les niveaux d’existence
lui succèdent. Il fut émané dans le vide par le Qav, le Rayon
de l’infinie lumière, en dix ‘Igoulim (Sefiroth circulaires),
chacun à l’intérieur de l’autre qui ont rempli la totalité de
l’espace vide… c’est à cause de la contraction originelle, le
Tsimtsoum, dans laquelle cet Adam fut créé, qu’apparurent
dans sa lumière les premiers réceptacles ».
Il sera ainsi expliqué ; « l’effet d’amoindrissement du
Tsimtsoum, s’intensifiant au fur et à mesure de l’éloignement
du Qav de la Source originelle, chacune des dix
circonvolutions que dessinera le Rayon de l’infinie lumière,
va réduire l’Emanation créatrice en dix Midot ou mesures de
lumière-énergie, qui deviendront la substantialité des vases
primordiaux ; « à partir de ces filtres (de l’infini), se
construiront puis se structureront les mondes à venir ».
Suivant ce processus de production de réceptacles, des
quantités innombrables d’univers émaneront de l’« Adam
Qadmon », mais ; « il fallut attendre l’apparition de ses
ouvertures que sont les yeux, les oreilles, le nez et la bouche –
Einaïm, Ozen, ‘Hotem vé Pé ! ».
Une Image mystique, premier reflet de la Pensée
suprême vient d’être révélée : celle d’un Visage ou
« Partsouf », première potentialité d’échange entre l’infini et
le fini, entre l’Absolu inaccessible et le créé : il sera le

53
premier regard, la première illumination sur l’humanité.

Représentation anthropomorphique :
la figure mystique de l’Adam Qadmon
Les lumières qui sortiront de l’« Adam Qadmon », vont
d’abord produire des réceptacles (de lumière), capables, par
leur pureté, de contenir sans qu’ils ne se rompent, l’émanation
circulaire du « Or Ein-Sof ». C’est ainsi, que seront créés des
mondes englobants ou mondes « ’Igoulim », qui resteront
présents dans la création sous leur forme spirituelle.
En interagissant sur nos fonctions psycho corporelles,
ces univers immatériels font percevoir ce qui est au delà de
la forme. C’est ce que la Torah nous signale dés son premier
mot « Béréchit », au commencement, lorsqu’il est lu
« Barachit », Il créa le Six ou un sixième sens… pour
permettre la connexion au « Or Maqif », la lumière qui
entoure des mondes circulaires.
Cette lumière transcendantale qui enveloppe notre
monde, « Sovèv Kol ‘Almin », est la lumière universelle ;
c’est à partir de son illumination, que toute créature pourra

54
retrouver le chemin de lumière, qui mène au projet d’être.
Les premiers mondes qui émaneront de la Figure
mystique sont ;
– Le monde de l’odorat, « ’Olam ‘Housh Ha Ria’h ». Il
est l’univers Olfactif, évoqué dans la Torah par les
rites sacrificiels, dont « les odeurs sont agréables à
D.ieu » (Exode 29 : 41) ; les sacrifices (remplacés par
les prières après la destruction du Temple), se disent
« Korbanot » en hébreu, et la traduction littérale de
« Korban » (singulier de Korbanot) qui est
l’élévation, nous montre la montée vers les mondes
supérieurs. Les vertus réparatrices de cet univers,
sont à la base de l’Olfactothérapie.
– Le monde de l’audition ou « ’Olam Ha Ezna » est le
monde de l’Ecoute, célébré dans la prière du
« ’Hassid », le dévot, par le « Nigoun », l’air
fredonnant sans paroles dont le tournoiement
permet, plus que ne le fait le « Zémèr », le parlé
chanté, la pénétration dans les structures suprêmes.
La Musicothérapie utilise cet univers.
– Le « ’Olam Dibour », le monde de la Parole, encore
dénommé « ’Olam Ha’aqoudim », le monde du lien,
émane de la bouche du Visage mystique. Il est le
discours poétique qui lie le tout créé, « un chant
d’extase qui peut être perçu dans chaque brin d’herbe »
nous dit Rabbi « Na’hman de Breslèv ». Ce chant, qui
est celui de la vibration universelle, est appelé dans le
langage biblique « Tal », la rosée, qui dissipe l’ombre
de la matérialité ; ombre qui se dit « Lat » en hébreu,
s’obtient en inversant les lettres mêmes du mot
« Tal », et sa valeur numérique 39, nous rappelle les

55
39 travaux interdits du « Shabbat ».
– Suivant ce modèle de production de réceptacles,
d’autres mondes émaneront du Crâne ou
« Goulgaltah » de l’« Adam Qadmon » ; mais leurs
structures hautement spirituelles (immatérielles),
feront qu’ils resteront profondément dissimulés dans
la création.
Cependant, l’image anthropomorphique complète de
l’« Adam Qadmon », telle que décrite par la Kabbale, est
celle d’un homme au corps de lumière, qui se tient debout,
car : dans les « Sefiroth » circulaires, apparut la forme
linéaire, le « Yochér » ; « parce que toutes les autres
ouvertures du visage de l’Homme primordial ont été remplies
par les lumières des autres mondes, et parce que l’Adam
primordial fit un voile, un Tsimtsoum, au centre de son corps
pour restreindre la lumière qui descendait, un nouveau
monde a jailli avec puissance, mais cette fois de ses yeux, en
une succession de points ». Le cinquième monde émané de la
Figure mystique vient d’être révélé, il s’agit du « ’Olam
Riyah », le monde de la Vision, encore appelé « ’Olam Ha
Néqoudoth », le monde des points, dont l’émanation
punctiforme ou pulvérisée, deviendra la source du
« Yochér », la droite.
En effet, en instaurant par sa lumière atomisée le
principe de la séparation, la lumière du monde des points
va, par son intense jaillissement, provoquer une brisure
dans la structure originelle de l’« Adam Qadmon ». C’est
cette brisure, qui fera naître dans le processus créatif le
monde qui suivra, celui du « Tohu » : source du désir de
non-recevoir, et du « Néfèsh », le niveau inférieur de l’âme
qui anime la créature.

56
Nous comprenons à présent, pourquoi la Kabbale va
nommer le premier monde « Adam Qadmon », l’Homme
Primordial, car c’est lui, qui définira l’essence de l’être ;
1) en différenciant progressivement, par ses réceptacles
de lumière, la Perfection originelle,
2) en instaurant dans la création par des émanations en
points, le principe du « Yochér », la forme linéaire, et
le principe vital, l’âme végétative de la créature.
N.D.A
– En hébreu, « Neshamah », l’âme à proprement dite,
est l’âme supérieure, une partie de D.ieu, « ’Hélek
Eloka Mimaal », placée en l’homme. A la différence
du « Néfèsh », l’âme inférieure ou animale qui donne
le branle au corps, la « Neshamah » est la force
spirituelle, qui guide l’être sur le chemin de sa
destinée. Emanée de « Stima Dékol Stimin », l’état
occulte, la source des « Néshamoth » (singulier de
Neshamah), précède l’apparition du point premier
(la Nékoudah Ha Emtsaï), et donc l’émergence de la
Pensée créatrice (le Ratson Ha Boré).
– Il nous faut toutefois préciser ; si l’âme est une et
indivisible, elle est constituée de cinq rayonnements
qui la connectent aux mondes spirituels. Ces cinq
nuances ou couleurs de l’âme, sont : « Néfèsh » ou
« Néfèsh Habahamith » – l’âme animale, « Rouakh »
– le souffle (de l’existence) ou l’esprit inférieur,
« Neshamah » ou « Néfèsh Elokit » – l’âme divine,
l’esprit supérieur, « ’Haya » – la vivante (le souffle de
la vie authentique et éternelle), et « Yé’hida » –
l’Unique (qui relie les hommes, car sa racine est dans
l’Ein Sof, le degré supérieur de l’Unité).

57
Le « ’Igoul », le cercle, est donc la base de départ du
« Yochér », la droite, l’être en devenir, dont la mission sera,
suivant le Plan du Divin, la quête de la perfectibilité dans
une réalité devenue imparfaite.
Le rétablissement de l’Unité qui se fera par la réalisation
du projet d’être, est sous entendu par l’anagramme « Yachar
El » du nom « Israël », car il veut dire droit vers D.ieu ; le
« Yochér » – la droite, retrouvera la perfection du « ’Igoul »
– le cercle, en atteignant le centre de l’espace de la création.
Autrement dit ; la créature retrouvera la perfection de
son essence (Adam Qadmon), lorsqu’elle atteindra le point
central du tout existant (la Pensée créatrice) : c’est à cette
seule condition, que pourra se faire la construction de l’être
authentique !
Lorsque l’humanité toute entière aura réalisé ce Projet,
son histoire sera alors terminée dans sa perspective, et le
D.ieu Transcendant se révélera à Son monde. Cet
aboutissement qui est le Souhait du Divin, nous est
symboliquement montré par l’écriture à la verticale des
quatre lettres de Son Nom « Y.HVH » : en dessinant une
silhouette, celle de l’homme véritable, les quatre lettres du
Nom ineffable révèlent le projet d’être réalisé.

58
« Y.HVH » écrit à la verticale : le projet d’être réalisé

Ainsi, pour aider la créature dans la réalisation de son


projet d’existence, l’image mystique de l’« Adam Qadmon »,
archétype du projet d’être accompli, sera projetée en un
Arbre de vie, ou « ’Ets Ha ‘Hayim », dans les quatre niveaux
d’êtres (ou mondes) de l’homme, pour le structurer en un
corps séfirotique, apte à recevoir l’Essence de l’Etre
primordial « Y.HVH ».
Cet Arbre, structuré en trente deux voies de la Sagesse,
les « Lèv Nétivot » (les dix Sefiroth et les 22 canaux des
lettres créatrices), montrera les dix qualités essentielles ou
« Midot », qu’il faudra acquérir pour devenir « Doméh », à
l’Image du Divin, mais aussi les 22 états de la conscience
qu’il faudra franchir, pour retrouver l’Unité de la Pensée
créatrice.

59
Le corps séfirotique

L’’Av Sag Mah Ban


Comme nous l’avions étudié dans notre précédent
ouvrage, le tout sera créé à partir des quatre lettres du
« Y.HVH », et chaque lettre hébraïque a un nom, qui se
décompose en plusieurs lettres.
L’univers métaphysique étant en expansion (comme le
sera l’univers physique), corrélativement la création des
cinq univers spirituels que nous venons de citer (l’univers
Olfactif, le monde de l’Ecoute, le monde de la Parole, les
mondes émanés du Goulgaltah, et le monde de la Vision), qui
habilleront, entoureront les quatre niveaux d’être de notre
monde, se fera suivant une extension, un développement ou
« Milouï », des quatre lettres du Nom Ineffable « Y.HVH ».

60
C’est ainsi, que toutes les émanations qui sortiront de
l’« Adam Qadmon », le seront sous forme de lettres, qui
proviendront d’un déploiement du Nom « Y.HVH »
suivant quatre aspects développés, dont les valeurs
numériques 72,63,45 et 52, donnent en écriture hébraïque
ce qui est nommé l’« ’Av-Sag-Mah-Ban ».

‘Av-Sag-Mah-Ban – 72,63,45,52

– Dans chacun des développements du « Y.HVH », le


« Yod » s’écrit ; Yod-Vav-Dalèt,
– Le chiffre 72 qui se prononce « ’Av », est la forme
développée du Nom « Y.HVH » par la lettre « Yod » ;
Hé-Yod, Vav-Yod-Vav, Hé-Yod,
– le chiffre 63 qui se dit « Sag », est la forme développée
du Nom « Y.HVH » par les lettres « Yod-Aléf-Yod » ;
Hé-Yod, Vav-Aléf-Vav, Hé-Yod,
– Le chiffre 45 qui désigne en hébreu « Mah », est la
forme développée du Nom « Y.HVH » par la lettre
« Aléf » ; Hé-Aléf, Vav-Aléf-Vav, Hé-Aléf,
– Le chiffre 52 qui se dit en hébreu « Ban », est la forme
développée du Nom « Y.HVH » par les lettres « Hé,
Vav, Hé » ; Hé-Hé, Vav-Vav, Hé-Hé.
Les Mondes émanés du Crâne ou « Goulgaltah » de
l’« Adam Qadmon », seront issus du Nom de « ’Av » (72). Du
fait de leur rang spirituel très élevé, ils sont symbolisés dans les
textes sacrés par les « Taguim », les couronnes qui coiffent
certaines lettres comme l’est le « Beith » du mot « Béréchit ».

61
Les lumières des Mondes émanés des Narines, Oreilles
et Bouche de l’« Adam Qadmon », viendront du Nom de
« Sag » (63). Sollicités par le chant liturgique, ces mondes
sont représentés par les « Taamim », les signes de
cantillations qui accompagnent l’écriture sainte.
Quant au Monde du « Tohu », « ’Olam Ha
Néqoudoth », il émanera des Yeux de l’Homme Primordial
à partir du Nom de « Ban » (52). Représenté par les points
qui déterminent les voyelles de l’écriture hébraïque, cet
univers sera restauré par les lumières du Nom de « Mah »
(45), émanées cette fois par le front de l’« Adam Qadmon » ;
un sixième monde vient de se dévoiler, celui de la
réparation : le monde du « Bohu ».
N.D.A :
– Comme les mots sacrés ne sont constitués que de
consonnes, leur sens change suivant les voyelles utilisées
(exemples ; Mitsraïm, l’Egypte peut être lu Métsarim, les
limites, et Koulam, tous, peut être lu Kloum, rien). En
donnant un sens précis au mot (par le rajout de voyelles
ou de points), le monde du « Tohu » (ou monde des
points), va instaurer la différenciation (le désordre, le
chaos) dans l’Unité indifférenciée.
– C’est par les intentions mises dans la prière que sont
attirées les lumières réparatrices du monde du
« Bohu ». Ces intentions, qui font monter les prières
vers la Source originelle, n’ont pas de représentations
symboliques ; elles sont dans l’homme et définissent
la « Dvéqouth » : l’attachement à D.ieu.
– Le rang spirituel du « Séfér Torah », est au dessus des
mondes spirituels émanés de l’« Adam Qadmon » ;
son écriture est donc faite sans signes de cantillations

62
(Taamim), ni voyelles, ni points. Seules sont
retranscrites les consonnes sacrées, dont les formes
symboliques reproduisent la Vibration créatrice.
Cependant, certaines lettres sont consacrées par des
« Taguim » (les couronnes), pour signaler les mondes
les plus élevés ; ceux de la proximité de l’« Ein Sof ».
Avec le blanc de son Parchemin sacré (qui renferme
les secrets de l’existence – l’essence de la Torah
suprême), le « Séfér Torah » représente la plus haute
forme de réparation spirituelle (Tiqoun), que puisse
atteindre notre monde dans cette « Shemittah ».
– Enfin, le point premier de la création, la « Nékoudah Ha
Emtsaï », est symboliquement représenté par la lettre
« Yod » (Zohar 2 : 126B), dont la valeur numérique 10,
évoque les 6 univers spirituels (que nous venons de
citer), perpétuellement émanés de l’« Adam
Qadmon », et les 4 niveaux d’être, qui charpenteront
notre monde. Bien que le « Yod » soit la plus petite lettre
de l’alphabet sacré, c’est en elle que sera placée la toute
Puissance créatrice ; aussi, sera-t-elle la première des
quatre lettres du Nom « Y.HVH ». Quant à sa valeur
numérique (10), elle deviendra l’unité de base du
« Sefar » (le compte de notre Shemittah), pour définir
Dix Nombres primordiaux qui rythmeront la création ;
ainsi sera créé le monde par les 10 Paroles (Séfér Ha
Bahir Chap. 118), seront données la Loi et la Morale par
les 10 Commandements (incluant eux mêmes les 613
Mitsvoth ; 6 + 1 + 3 =10), et seront façonnées la
structure spirituelle du monde et de l’être, à partir de
l’« Arbre aux 10 Sefiroth » ; l’Arbre de vie.

la lettre Yod – valeur 10

63
64
Shvirath Ha Kélim
la Brisure des vases

Le premier état du « ’Olam Hazé », notre monde, a


donc été un « Tohu », un chaos, sous la gouvernance du
Nom de « Ban » (52). Cet univers singulier, deuxième étape
du processus créatif, fut engendré par la « Shvirath Ha
Kélim », la brisure des vases primordiaux : les réceptacles de
l’« Adam Qadmon ».
A partir de cette brisure originelle, l’infini va se séparer
du fini pour lui permettre de devenir, et seront créés le
temps et l’espace (l’espace-temps physique ou cosmique) de
la création, pour débuter l’histoire du monde.

Verset Genèse 1,2


Le deuxième verset de la Genèse, décrit de façon occulte
les mécanismes de la brisure des vases engendrée par le
« ’Olam Ha Néqoudoth », le monde des points émané du
Nom de « Ban », par les yeux de l’« Adam Qadmon ». Il
nous dit ;

65
– « Vé HaAréts Haïtah Tohou Va Vohou » : et la terre
était Tohu Bohu,
– « Vé ‘Hoshékh ‘Al Péné Téhom », et les ténèbres
couvraient la face de l’abîme,
– « Vé Rouakh E.lohim Méra’héfèt ‘Al Péné Ha
Mayim » ; et le Souffle de D.ieu planait sur la face
des eaux.
1) Ce verset contient 52 lettres ; la valeur numérique du
Nom de « Ban » (52),
2) « ’Olam Ha Tohou », le monde de la confusion et du
désordre, évoque la brisure des réceptacles
primordiaux ; ils sont mentionnés dans les dernières
lettres (Soféi Téivos) de « Vé ‘Hoshékh ‘Al Péné
Téhom », qui forment ensembles le mot « Kélim » ;
réceptacles,
3) Le terme « Méra’héfèt » peut se décomposer en
« Rapa’h-Mèt », les 288 morts, faisant ainsi allusion
à la mort des rois d’Edom, les « Mélakhim
Qadmonim », « les rois primitifs qui ont vécu, et qui
sont morts », et à la brisure de leurs réceptacles, les
« Kélim Shvirim », qui tiendront prisonnières 288
étincelles, ou « Nitsotsoth », de la Sainteté.

Le monde du Tohu : le monde du chaos


Comme nous l’avons vu, l’essence de la lumière infinie,
le « Or Ein Sof », est totale Unité, mais les forces qui la
constituent, sont des forces contraires d’expansion appelées
dans le langage Kabbalistique « ’Héssèd » ou Bonté, et de
limitation dénommées Rigueur ou « Din » ; à partir de ces
deux puissances, sera attribué au « Or Ein Sof » son pouvoir
infiniment créateur : toutes les énergies qui structureront

66
l’existence seront ainsi présentes dans la lumière infinie,
mais sous une forme indifférenciée. Lors de sa traversée
dans l’espace de la création, le « Qav », le Rayon de lumière
infinie, en s’éloignant de la Source originelle, va accentuer
le processus d’amoindrissement du « Tsimtsoum ». C’est
ainsi que sera donnée une puissance concentrée aux forces
du « Din », jusqu’à différencier la lumière infinie
(intimement liée à la lumière des réceptacles), en dix aspects
absolus ou unités de valeur.
Ne voulant « garder pour eux que leur propre lumière »,
c’est-à-dire l’unité de valeur qui leur était rattachée, les vases
primordiaux (encore appelés les rois primitifs), s’épaissirent
jusqu’à ne plus transmettre ni interagir entre eux. Devant
cette impossibilité d’absorber les lumières voisines, les
réceptacles s’alourdirent puis se mirent « Zé Ta’hath Zé »,
les uns en dessous des autres ; c’est dans cette disposition
disharmonieuse, qu’ils explosèrent sous la puissance
concentrée des projections atomisées qui jaillissaient des
yeux de l’« Adam Qadmon ».
Cependant, la brisure n’affecta pas les trois premiers
réceptacles qui sont « Kéter », « ’Hokhma » et « Bina », car,
leurs lumières, restées dans l’éclat originel, purent se
maintenir dans l’ordre harmonieux, « Zé Mal Zé », les uns
à côté des autres, compatible avec l’émanation circulaire du
« Qav ».
Dans son « Séfér Ets ‘Hayim », « ’Hayim Vital » va
cependant préciser ; « Il n’y a rien du monde du minéral, du
végétal, du monde animal et des humains où l’on ne puisse
trouver des étincelles de Sainteté mélangées aux écorces. Nous
vivons dans un monde fait des débris des vases de lumière ».

67
En effet, les éclats opaques des sept « Sefiroth » brisées,
les « Ta’htonoth », les sept multiples ou inférieures (les
Sefiroth de ‘Héssèd à Yessod – les six premiers rois), et dans
une moindre mesure ceux de la « Sefirah Malkhouth » (le
septième roi), vont, en tombant dans la création, libérer des
forces obscures appelées « Qlipoth » ou coquilles. Ce sont
ces forces ténébreuses, qui tiendront prisonnières les 288
étincelles de la Sainteté : elles devront être déliées ; ce sera la
mission d’Israël au cours de son histoire : son « Tiqoun ».
N.D.A :
– Les rois Primitifs, les sept rois d’Edom, sont les anciens
mondes qui n’ont pu subsister, qui n’ont pu se réaliser
avant que les formes fussent établies pour servir
d’intermédiaire entre la création et l’Essence divine. Ils
sont mentionnés dans le chapitre 36 de la Genèse (versets
32 à 39 – Parchat Vayishlakh) : « Ce sont les rois qui ont
régné dans le pays d’Edom, avant que ne règne un roi sur
les Israélites ; il s’agissait de Bela’ fils de Be’or… Yovav fils
de Zéra’h… ‘Housham du pays des Témanites… Hadad
fils de Bedad… Samlah de Masréqa… Shaül de
Re’hovoth… Ba’al-’Hanân fils d’Akbor ».
– L’ordre conforme « Zé Mal Zé », ou côte à côte des
trois premières « Sefiroth », sera le point de départ de
trois lignes célestes au travers desquelles va se
déverser le Flux divin suivant trois directions qui
sont : Bonté (Pilier droit), Miséricorde (Pilier central)
et Rigueur (Pilier gauche). Ces trois directions, qui
alimentent la structure « Yochér » de la création, sont
influencées par les actions des hommes. A l’inverse,
les émanations qui alimentent « ce qui n’est pas
Yochér dans la création » (les quatre éléments, le

68
règne animal et végétal), participent avec le temps (le
Zman), à la direction générale du monde ; elles ne
sont pas influencées par l’homme. Cependant, si ces
structures (qui font partie intégrante de l’Harmonie
universelle), sont elles mêmes déstabilisées par
l’homme, la Source vitale commune va être ébranlée,
empêchant alors le libre flux destiné à l’humanité.
– le nombre 288 étincelles, correspond à 4 fois
72 étincelles qui sont sorties des quatre Noms de
l’« ’Av-Sag-Mah-Ban », par une expansion
progressive du « Y.HVH » en ; « Y » = 10, puis en
« Y.H » = 15, ensuite en « Y.HV » = 21, et enfin en
« Y.HVH » = 26 (10 + 15 + 21 + 26 = 72).

l’expansion 72 du « Y.HVH »
– 86 étincelles seront libérées lors de la sortie d’Egypte,
après l’épreuve de l’esclavage.
– Pour la Kabbale, « Vé Rouakh E.lohim Méra’héfèt. »,
et le Souffle de D.ieu planait sur la face des eaux, doit
être entendu comme : le Messie (Mashia’h – l’Esprit,
le Souffle de D.ieu dans le verset), dans l’attente de se
révéler (Méra’héfèt, planait), jusqu’à ce que les 288
étincelles (les Rapa’h-Mèt, transposition du mot
Méra’héfèt), soient libérées par l’homme, lorsqu’il
révélera la Sagesse cachée dans les eaux de la

69
Connaissance ; l’enseignement de la Torah.
– Le « Zohar » compte quatre types de « Qlipah »
(singulier de Qlipoth) ; trois sont totalement mauvaises
mais la quatrième, « Qlipath Nogah », est une coquille
translucide qui contient un peu de bien. Le principe
vital de la créature (son âme animale émanée du
monde des points), dérive de « Qlipath Nogah ».
Si la brisure des vases primordiaux a été le processus
indispensable à l’existence, en permettant à l’infini
d’enfanter le fini et en instaurant le principe du « Yochér »
(la droite), dans la création, elle restera une source néfaste, car
c’est elle, qui produit le monde chaotique du « Tohu ». En
effet, lorsque l’homme faute, il réactive (comme le fit Adam
Ha Rischon), la « Shvirath Ha Kélim ». C’est ainsi qu’il libère
dans notre monde les forces nocives du monde du « Tohu »,
les Qlipoth impures des rois d’Edom, qui confondent l’homme
pour l’attirer dans un domaine que la Kabbale désigne être
l’autre côté, la « Sitra Akhara » ; le domaine du mal.
Le péché, est donc un crime pour la Kabbale, car il
mène l’homme à sa perte en l’éloignant de la Source de la
Sainteté : péché en français, qui dérive du mot hébreu
« Pésha’», le crime, s’obtient en inversant les lettres de
« Shéfa’», le flux de l’Abondance divine.
A l’inverse, c’est par son mérite, que l’homme peut
libérer les étincelles de la Sainteté prisonnières des
« Qlipoth ». Cette qualité qui lui est demandée, puise ses
forces dans la source des « Rishonoth », les trois premières
« Sefiroth » ou les trois Mères, épargnées de la brisure par la
pureté de leur lumière : en hébreu, le mot « Zrouth », mérite,
dérive de « Zakh », qui veut dire pur !

70
Tiqoun
la Réparation

Le monde du « Tiqoun », ou de la restauration de


l’Unité, sera le suivant dans le processus créatif. C’est lui, qui
va permettre l’échange, le « Léashpia », entre les « Sefiroth »
imparfaites du monde du « Tohu ».

Le Tiqoun originel : le monde du Bohu


Sous la gouvernance du nom de « Mah » (45), le monde
du « Tiqoun », encore appelé monde du « Bohu », va émaner
du front de l’« Adam Qadmon », pour réparer les « Sefiroth »
désordonnées puis brisées du monde du « Tohu ».
La traduction littérale de « Bohu », qui est la désolation
et qui exprime le vide, nous apprend que la réparation des
vases brisés consista en un évidement de leur propre
lumière ; le mot « Bohu » qui se dit « Bohou » en hébreu
nous l’indique, lorsqu’il est décomposé en « Bo Hou », il
vient en lui, montrant ainsi l’état de vide, prêt à recevoir
l’Emanation primordiale.

71
Une fois restaurés, les réceptacles, devenus Sefiroth du
Tohu, vont désormais pouvoir recevoir les autres aspects
absolus du « Or Ein Sof », et interagir en groupes, ou
personnifications, appelés Visages ; les « Partsoufim ».
Les Partsoufim du monde du Bohu, sont des Visages
lumineux, les Visages séfirotiques, ils sont symboliquement
évoqués dans le deuxième verset de la Genèse par le mot
« Péné », qui veut dire face en hébreu ; « Vé ‘Hoshékh ‘Al
Péné Téhom, Vé Rouakh E.lohim Méra’héfèt ‘Al Péné Ha
Mayim » ; et les ténèbres couvraient la face de l’abîme, et le
Souffle de D.ieu planait sur la face des eaux.
Ces Visages, qui se dirigeront différemment sur la
création suivant les actions des hommes, sont nommés :
« Arikh Anpin » – le Long Visage ou le Longanime, essence
des quatre « Partsoufim » subséquents qui sont ; « Abba » –
le Père, « Imma » – la Mère, « Zéir Anpin » – le Fils ou le
Visage restreint, et « Noukvé » – la Fille, qui désigne la
« Malkhouth », la royauté, la création.
L’interaction dans une totale harmonie du système
séfirotique, achèvera le « Tiqoun » céleste par la création
d’un monde devenu totalement pur ; le monde de
« Atsilouth ». Ce monde, qui sera la demeure de la Pensée
créatrice, le « Ratson Ha Boré », va plus tard se déployer en
trois mondes ; ceux de la construction : les mondes de
« Briah », « Yétsirah » et « ’Assiah » (voir notre prochain
chapitre).

Le Tiqoun de l’homme : l’exil


L’exil ne doit pas être considéré comme une épreuve
pour la foi, ni comme une punition pour les fautes, mais

72
comme une mission. En effet, avant la brisure chaque
élément du monde occupait sa place, mais avec la brisure
tout est devenu imparfait, écarté, et les étincelles divines
furent dispersées dans la création. Cet état de dispersion de
la Sainteté, expliquera l’exil et sa mission réparatrice ;
récupérer les étincelles éparpillées, pour restaurer l’Unité
primordiale.
Pour ce faire, il faudra que l’homme attire sur la
création le regard bienveillant des « Partsoufim », pour que
s’accomplisse le « Tiqoun ». Voilà pourquoi, l’école du « Ari
Zal » insistera sur l’« Hitbonenouth », la méditation, les «
Kavanoth », les intentions, et les « Yi’houdim », les Unions
mentales des Noms Divins.
Enfin, il sera demandé que chacun devienne un
« Mishkan », un sanctuaire (même racine que Shakhin-Hé, la
demeure du Souffle créateur), en renforçant sa « Dvéqouth »,
son adhésion à D.ieu, pour que la « Shekhinah » (autre
lecture de Shakhin-Hé), la Présence divine qui accompagne
la communauté d’Israël dans ses épreuves, retrouve Son Roi
Bien Aimé, « Ha Qadosh Baroukh Hou », le « Saint Béni Soit-
Il » (voir notre précédent ouvrage).

Le Tiqoun de la pensée : apprendre à donner


La Kabbale nous enseigne ; « Machia’h sera l’âme de
Moshé (Moïse), dans le corps du roi David. Son travail, sera
de prendre les lumières désordonnées du Tohu, pour les
mettre dans des réceptacles réparés du Bohu ».
« David » et « Moise » furent des homme réels, avec des
défauts humains réels, mais la force qui les animait était leur
foi qui resplendissait. Si « David » symbolise par sa royauté

73
le « Néfèsh », l’âme de la terre inférieure, « Moshé »
représente lui la « Neshamah », l’âme de la terre supérieure,
car il dévoila la Sagesse créatrice rattachée au monde de la
Pensée ; le monde de « Atsilouth ».
Il est important que nous sachions cela, pour nous
rappeler que le couple corps-âme est antinomique ; car le
penchant de la Sagesse est de monter vers le haut, tandis que
celui du corps et d’attirer vers le bas. Aussi, le travail du
« Tiqoun » sera de restaurer d’une manière stable l’Unité :
« pour que l’âme animale (végétative), le Néfèsh, s’élève et
s’unisse à l’âme divine, la Neshamah ».
A l’image de l’âme dans le corps, exilée de la Source de
la vie éternelle, nous devons réapprendre à percevoir et à
fonctionner dans ce monde, le « Olam Hazé », le monde de
l’en bas, avec les critères de la Sagesse du monde à venir, le
« ’Olam Haba », le monde de l’en haut. Cette
transformation essentielle de notre perception, mais aussi
de notre pensée, ne pourra se faire qu’en recevant la Sagesse
altruiste pour répondre au Projet fixé ; celui de recevoir en
vue de donner ; « Lékabèl al Ménat Léashpia ». A ce stade de
restauration de l’être, il deviendra possible à l’homme de
sortir des méandres du destin (où les péripéties de
l’existence lui sont imposées), pour rentrer dans la voie
lumineuse de sa destinée (où l’aboutissement est fixé).
Passer de destin à destinée, c’est prendre conscience
qu’il y a un objectif dans notre vie ; il s’agit du projet d’être.
C’est ce projet réalisé, qui ressuscitera lors de la « Thi’hyath
Ha-Métim », la résurrection des morts.

74
ABYA
les Quatre mondes

Le « Zohar » nous apprend que tout dans la matière de


notre monde, et corrélativement que toutes réalités, se
renouvellent à partir d’un même commencement éternel et
immuable. Il enseigne également que les énergies qui
émaneront perpétuellement de l’infini, vont progressivement
devenir créatrices, en traversant quatre mondes (les quatre
niveaux d’être) ; « les uns emboîtés dans les autres ».
Qu’ils soient spirituels ou matériels, tous les mondes
seront créés dans un seul sens ; celui de l’action, à partir
d’un schéma archétypal qui naitra dans le monde le plus
élevé : le monde de « Atsilouth ».
Dans le processus perpétuellement créateur, les quatre
mondes vont interagir dans une parfaite concordance suivant
un principe d’enchainement appelé « Hishtashlout ». Voilà
pourquoi, le récit biblique de l’Œuvre du commencement, le
« Maasséh Béréchit », va utiliser trois verbes bien distincts pour
décrire la création de notre univers : ils sont ; « Liveroh »,
créer – « Lé’atsèv », former, façonner – « La’asot », faire.

75
Mais ce n’est qu’à partir d’une révélation du prophète
« Isaïe », que le nom des trois mondes nous sera dévoilé ;
« Ainsi parle l’Eternel, le Créateur des cieux (Boré Ha
Shamayim), ce D.ieu qui a formé, façonné la terre (Yotsér
HaAréts), qui l’a affermie, Lui qui l’a créée (Vé ‘Aussa Hou),
non pour demeurer déserte, mais pour être habitée : Je suis
l’Eternel, et il n’en est pas d’autre ! » (Isaïe 45-18).
– « BORÉ », le Créateur des cieux, dérive de
« Liveroh », il révèle le nom du monde de « BRIAH »,
– « YOTSER », le Façonneur de la terre, dévoile le nom
du monde de « YETSIRAH »,
– « ’AUSSA », le Créateur de la terre, découvre le nom
de « ’ASSIA », le monde de l’action qui est ce monde ;
le « ’Olam Hazé ».
Cependant, un monde suprême, celui de « Atsilouth »,
qui gouverne les trois mondes subséquents, n’est nul part
mentionné dans la Torah. Seul le « Séfér Bahir 15 » l’évoque,
lorsqu’il nous enseigne ; « la queue du Beith qui initie la
création, est ouverte à l’arrière, si elle ne l’était pas, l’homme
n’existerait pas ! ».
En effet, la base inférieure du « Beith » du mot
« Béréchit » qui débute le texte de la Torah, se dirige vers
l’arrière, pour nous montrer qu’un univers que nul ne peut
concevoir ni connaître, est la Source des mondes de la
Genèse. La valeur numérique du « Beith » étant égale à 2, le
mot « Béréchit » va ainsi désigner le début d’un deuxième
commencement ; le premier étant celui de l’émanation qui
précéda toute manifestation : le monde de « Atsilouth ».

76
Béréchit
N.D.A
– Le « Zohar » utilise deux expressions (en araméen)
pour différencier les mondes cachés des mondes
révélés. La première, « ’Alma Dééthkassya », fait
référence au monde de « Atsilouth » et à tout ce qui
est au dessus de lui, notamment le « ’Olam Ha Ein
Sof », le monde de l’infini. La deuxième est « ’Alma
Ditgalya », qui désigne les mondes de « Briah –
Yétsirah – ‘Assiah ».
– Les essences de ces mondes hiérarchisés, qui
définissent respectivement la Transcendance et
l’Immanence de l’Energie Divine, sont personnifiées
dans le récit biblique par « Léa » et « Rachel » ; c’est
ce que nous dit le « Zohar II 29b » : « Léa a été
ensevelie dans la caverne (la grotte ou Caveau des
patriarches – la Méarath Hama’hpéla), parce qu’elle
est à l’image de ‘Alma Dééthkassya, Rachel a été
ensevelie au point de la bifurcation des routes, parce
qu’elle est à l’image de ‘Alma Ditgalya ».

‘Olam Atsilouth : le monde de l’émanation


Comme nous venons de le voir, à partir de la brisure
originelle, la « Shvirath Ha Kélim », un affaissement de l’infini
en mondes, va se produire, par l’établissement du principe du
« Yochér », la droite, dans une Emanation créatrice
originellement circulaire. La réparation du « Tohu » par le

77
« Bohu », fera naître un univers redevenu parfait, le monde
de « Atsilouth », qui va ensuite s’habiller en trois
« Lévouchim » ou habits progressivement manifestés ; les
mondes de « Briah – Yétsirah – ‘Assiah » (BYA).
« Atsilouth », synthèse des quatre mondes (Atsilouth –
Briah – Yétsirah – ‘Assiah ; ABYA), explique pourquoi le
monde qui est au-dessus de lui, le monde suprême de
l’« Adam Qadmon », essence commune aux quatre mondes,
sera considéré par la Kabbale comme étant l’âme du monde
de la Pensée (Atsilouth).
« ’Olam Atsilouth », est le monde de l’émanation, monde
parfait, noble, « Atsil » car « Etsel », à côté du Divin. Il est
« Eich », le feu, la flamme qui tire de la Flamme divine.
Bien que ce monde de la proximité du « Ein-Sof » soit
dans un état d’infinité et de non-être, il est le lieu où s’élabore
le Désir divin de créer, le « Ratson Ha Boré ». Ainsi, c’est en
« Atsilouth », que seront contenues l’ensemble des forces qui
définiront les archétypes des créations à venir.
En « Atsilouth », les dix Sefiroth restaurées par le
« Bohu », ont retrouvé la Pureté originelle, aucun voilement
n’est là pour cacher le Rayonnement de la Gloire divine,
l’Unité y est parfaite.
Ce monde, associé à la lettre « Yod » du Tétragramme,
est appelé en Kabbale ; « Erets Israël : la Terre spirituelle
promise à celui qui voudra se hisser à son niveau ».

‘Olam Briah : le monde de la création


C’est par ce monde que commence la Torah, « Béréchit
Bara… » ; « au commencement D.ieu créa… ». Le monde de

78
« Briah » est donc le monde de la création à proprement dite,
il est le passage du « Ein », le néant, le non-être, à l’être, le
« Ani », le je. Ce monde, est associé au premier « Hé » du
Tétragramme, le Souffle créateur des mondes supérieurs.
Création « Ex Nihilo » ou « Yeich Mé ‘Ayin », à partir
de rien, le « ’Olam Briah », nait d’une flamme à partir de la
flamme de « Atsilouth » ; et comme « Atsilouth » est
« Eich », le feu qui tire de la Quintessence divine, la création
« Briah » sera rendue possible par une alliance au Feu divin :
le mot « Béréchit » nous le montre, lorsqu’il est lu « Brith –
Eish », l’alliance par le Feu.

Béréchit, Au commencement

Brith - Eish, l’Alliance par le Feu

La racine du Nom « Bria » est « Bar », qui signifie


extérieur, mais aussi fils en araméen (un enfant est ce qui
sort de ses parents). Elle nous enseigne par là que le « ’Olam
Briah », est une projection à l’extérieur des archétypes de
« Atsilouth ».
Ainsi, c’est en dehors du « Ein Sof », de l’infini, que va
débuter le deuxième commencement (le premier étant celui
de Atsilouth), et au final, l’expression « Béréchit Bara
E.lohim » (les trois premiers mots de la Genèse), traduite
communément par au commencement D.ieu créa, devra être
comprise comme ;

79
– BERECHIT : Par un deuxième commencement (le
premier étant celui du monde de Atsilouth),
– BARA : D.ieu créa le monde de Briah (le monde à
venir), en projetant (à l’extérieur de Sa Pensée dont la
demeure est en Atsilouth),
– E.LOHIM : Ses Forces créatrices (regroupées en un
seul Nom au pluriel).
Plus loin, le « Zohar » nous enseigne ; « dans ‘Olam
Briah, les Forces aspirées de Atsilouth, vont se concentrer
en Noms ou Shémoth, qui sont les Noms divins ».
Ces Noms : « E.YÉH, Y.AH, E.LOHIM s’écrivant
Y.HVH, E.L, E.LOHIM, Y.HVH, T.SÉVAOTH, E.LOHIM-
T.SÉVAOTH, C.HADDAÏ, A.DONAÏ », vont représenter
la plus haute Forme de concentration possible de la
Puissance créatrice.
En habillant les « Sefiroth », les NOMS vont leurs
conférer des Puissances à partir desquelles D.ieu dirigera et
guidera Son monde ; la « Hanaga des ‘Olamim ».
Ce processus de la Conduite des mondes, est celui que
le Kabbaliste tente d’orienter par les « Kavanoth », les
intentions et les « Yi’houdim », les Unions mentales des
Noms Divins, pour maintenir l’Unité dans la création.

‘Olam Yétsirah : le monde de la formation


Un « Yotsér » est celui qui met en ordre, pour donner
forme. « Yétsirah » va ainsi se définir, comme le monde de
la formation, monde intermédiaire, extérieur à « Briah » ; le
monde du « Yotsér », le Potier céleste, le D.ieu qui façonne
Son monde.

80
Les Noms divins de « Briah » vont se projeter en
« Yétsirah » sous l’aspect d’énergies médiatrices ou
angéliques. Troisième niveau dans l’être, cet univers définit
les émotions, le ressenti. Voilà pourquoi, la Torah s’adresse
à des enfants, les « Bnéi Israël », pour qu’ils retrouvent au
travers de leur innocence primordiale, le chemin qui mène
au Monde du Divin.
Pour permettre la montée vers les structures célestes, le
monde intermédiaire de « Yétsirah » sera associé à la lettre
« Vav » du « Y.HVH », car, par sa forme en crochet, le « Vav »
fait la jonction des mondes. Cette potentialité (de connexion)
qui a été conférée au « Vav », explique pourquoi cette lettre
initie la quasi totalité des pages du « Séfér Torah ».

la lettre Vav, le crochet

‘Olam ‘Assiah : le monde de l’action


Le « ’Olam ‘Assiah » est le monde matérialisé, il
représente le monde de l’action. Il est le « ’Olam Hazé », ce
monde, le monde de la forme, la « Tsourah », que l’on voit
est qui est vue, le monde des soixante dix formes
primordiales, des soixante dix nations ou familles des
peuples, des soixante dix pensées propres ou « Néfèsh »
(voir notre précédent ouvrage).
Associé au dernier « Hé » du Tétragramme qui donne
le Souffle de vie, « ’Assia » sera l’objectif de la création, mais
aussi le monde des conséquences, dont la forme ou histoire,
sera la résultante des réalités des mondes spirituels.

81
82
L’Homme Adamique
le Projet du Divin

Pour terminer notre étude, rappelons que la Torah est


le Livre de l’histoire de l’homme, « Séfér Toldoth Ha
Adam » ; son sujet n’est pas la connaissance de D.ieu, mais
bien au contraire, celle du Projet, qui est l’homme ! Il est
par ailleurs dit ; « Ne sont Mes enfants que ceux qui ont
construit, ceux qui auront apporté à Mon édifice, lorsque sera
terminée leur vie terrestre ».
Le premier acteur qui participera à la réalisation du
Plan divin est « Adam Ha Rischon », le premier homme
véritable placé dans l’humanité. En naissant de « Adamah »,
la poussière de la terre, mais aussi la face féminine de Adam
Qadmon (Adamah étant le féminin du nom Adam), « Adam
Ha Rischon », le fils de l’infini, héritera de toute la
Quintessence primordiale.
L’homme authentique est appelé dans le langage
biblique « Bnéi Adam », fils ou enfant de « Adam ». Ce nom,
qui dérive de « Doméh » ou ressemblance, scelle en lui le
Projet fixé : qu’il soit à l’Image du Divin créateur… mais

83
aussi un bâtisseur, car « Bnéi », enfant, peut être aussi lu
« Boné », qui veut dire constructeur.
Façonné dans cette perspective par les Forces créatrices
de « E.lohim », le Nom au pluriel, l’essence structurée en
quatre niveaux d’être du « Bnéi Adam », l’homme
Adamique, pourra recevoir le flux émané des mondes
supérieurs. C’est ainsi que « Atsilouth » génèrera en lui la
pensée véritable, que « Briah » permettra à cette pensée de
devenir projet, que « Yétsirah » structurera le projet, pour
qu’en « ’Assiah », le projet puisse enfin se réaliser par l’acte.
Mais pour que le Dessein du Divin puisse se finaliser, le
« Bnéi Adam » devra rechercher dans la « Néquoudat Ha
Lèv », le point du cœur, la lumière de la Sagesse créatrice.
C’est à partir de cette Sagesse, révélée par Rabbi « Shimon
Bar-Yo’hai » dans le « Zohar », qu’il deviendra possible au
« Bnéi Adam » de retrouver le point central du tout existant :
la Pensée créatrice ; la permutation des lettres du mot
« Béréchit » en « Eth Rashbi » nous le signale, elle désigne
l’« Aléf-Tav » ou l’Alphabet révélateur (la parole) du Rashbi
(Rashbi étant l’acronyme de Rabbi Shimon Bar-Yo’hai).

Béréchit

Eth Rashbi, la parole du Rashbi

84
La Guématria va rajouter ; dans le mot « Béréchit » se
trouve toute entière l’unité des quatre niveaux de l’être ;
c’est ce que nous montre le petit nombre de sa valeur
numérique 913 : il est égal à 13 (9 + 1 + 3) !
En révélant le chiffre 13, mais aussi le chiffre 4 (1 + 3 =
4, les 4 niveaux ou la profondeur de l’être), la Guématria
dévoile la valeur des mots « E’had’ » et « Ahava », un et
amour en hébreu. Elle nous enseigne par ce nombre 13, que
le Projet du Divin sera que l’humanité rétablisse par
l’amour du prochain, l’Unité du monde à venir dans le
« Olam Hazé », notre monde ; « alors, les univers cachés,
‘Alma Dééthkassya, se dévoileront, et le D.ieu éternel se
révélera à Son monde ».
Cette ère, qui sera celle de l’avènement de « Mashia’h »,
le Messie, se réalisera, lorsque l’être aura acquis le désir de
recevoir en vue de donner. C’est par ce désir émané du Désir
suprême du Divin, le « Ratson Elyon », que seront déliées
les 288 étincelles de la Sainteté des écorces négatives du désir
égoïste.
Une fois délivrées, les étincelles divines pourront
remonter à la Source originelle pour finaliser le Projet du
Créateur ; ramener l’humanité au centre de l’espace de la
création, là où jaillit la Pensée créatrice. La maturation
spirituelle de notre monde pourra alors se poursuivre, dans
la relâche cosmique qui suivra, celle de la Beauté et de la
Splendeur, la « Shemittah de la Sefirah Tiférèt », où sera
révélé à la création, le Rayonnement de la Gloire Divine !

85
86
Index des mots hébreux
rapportés dans le livre

A
A.donaï : Nom divin rattaché à la 10e Sefirah, Malkhouth
Abba ; Partsouf, le Père
Adam Ha Rischon : la première ressemblance
Adam Qadmon : l’Homme primordial, le monde de l’infini
Adamah : la poussière de la terre, féminin de l’Adam
Qadmon
Aloufo Chel Olam : le Maître du monde.
Ani : je
Arbre de vie : ‘Ets Ha ‘Hayim
Arikh Anpin : Partsouf, le Long Visage, le Longanime
Atsil : noble, concerne le monde de Atsilouth
Atsilouth : le monde de la Pensée créatrice
Atsmouth : l’essence de l’existence
Avir Daqia : Ether subtil
Avir Qadmon : Ether primordial
Ayin Mé Yeich : un néant à partir de il y a

87
‘A
‘Alma Dééthkassya : désigne les structures spirituelles
les plus élevées
‘Alma Ditgalya : désigne les mondes de BYA
‘Av : Milouï du Y.HVH, 72
‘Av-Sag-Mah-Ban : Milouï du Y.HVH
‘Avar : passer
‘Avon : l’Iniquité
B
Ban : Milouï du Y.HVH (52)
Barachit : Il créa le Six, un sixième sens
Bé Hé Baram : avec le « Hé » Il créa
Béhibaram : en leur création
Berakha : la Bénédiction
Béréchit : au commencement
Bina : le Discernement, troisième Sefirah
Bnéi : enfants
Bnéi Adam : enfant d’Adam, l’homme Adamique
Bo Hou : il vient en lui
Bohou : monde de la restauration du Tohou
Boné : bâtisseur
Boquèr : matin
Boutsina dé Qardinouta : la lampe d’obscurité, autre
dénomination du Tsimtsoum
Briah : la création
Brith – Eish : l’Alliance par le Feu
C
C.haddaï : le Tout Puissant, Nom divin rattaché à la
9e Sefirah

88
D
Dalouth : la pauvreté
Dibour Elokit : la Parole créatrice
Din : le jugement, la limitation de l’Unité
Doméh : à l’image du Divin
Dvéqouth : attachement, adhésion à D.ieu
E
E.l : Nom divin rattaché à la 4e Sefirah, ‘Héssèd
E.lohim : le Divin, Nom rattaché à la 5e Sefirah,
Guevourah
E.lohim s’écrivant Y.HVH : Nom divin rattaché à la
3e Sefirah, Bina
E.lohim T.sévaoth : Nom divin rattaché à la 8e Sefirah,
Hod
E.yéh : Nom divin rattaché à la 1re Sefirah, Kéter
Eich : le feu
Ein : le néant
Ein Sof : le sans fin, l’infini
Ein Sofiyouth : infinitude
Einaïm : les yeux, du Visage mystique
Eish Sha’horah ‘al Eish Lévanah : Feu noir sur Feu blanc
Emét : la Vérité
Erets Israël : la Terre spirituelle
Etsel : à côté du Divin, concerne le monde de Atsilouth
Even Chtiya : la pierre de fondement ou la pierre
angulaire, le point premier
‘E
‘Elèm : dissimulation, racine du mot ‘Olam
‘Ets Ha ‘Hayim : Arbre de vie

89
G
Goulgaltah : Crâne du Visage mystique
Guématria : la mesure des lettres
Guemilouth : la bienfaisance
Guevourah : 5e Sefirah, la Rigueur
Guilgoul : réincarnation
Guilgoul Ha Néshamoth : le cycle des âmes
H
Ha Qadosh Baroukh Hou : le Saint Béni Soit-Il
Haarets Shel Maalah : la terre supérieure
Haarets Shel Maatah : la terre inférieure
Hanagah des ‘Olamim : la conduite des mondes
HaShem : le Nom
Hishtashlout : l’enchainement des mondes
Hitbonenouth : la méditation mystique
Hitmaatout : l’amoindrissement de l’Unité
Hod : 8e Sefirah, la Victoire
‘H
‘Haï : la vie
‘Halal Hapanouï : le vide
‘Haya : la vivante
‘Hayim : vies ou deux vies
‘Héit : le Péché
‘Hélek Eloka Mimaal : une partie de D.ieu, désigne
l’âme divine
‘Héssèd : 4e Sefirah, la Bonté
‘Héssèd Elyon : la Bonté suprême
‘Hokhma : 2e Sefirah, la Sagesse
‘Hokhmath Ha Nistar : la Sagesse cachée
‘Hol : le profane
‘Holéh : le malade

90
‘Homeriout : la Matérialité, la matière physique
‘Hoshékh : les ténèbres
‘Hotem : le nez, du Visage mystique
‘Houmach : le Pentateuque, les cinq livres de la Torah
I
Imma : Partsouf, la Mère
Ish Tam : l’homme simple, parfait
‘I
‘Igoul : le cercle, monde circulaire
‘Igoulim : cercles de lumière
‘Ivrith : Hébreux
K
Kavanoth : intentions
Kavod : le Trône de la Gloire divine
Kélayah : l’extermination
Kéli : le réceptacle, la créature vivante
Kélim : réceptacles
Kéter : 1re Sefirah, la Couronne
Kokhav : l’étoile
Korban : sacrifice
Korbanot : pluriel de Korban
Kotnoth ‘Or : tunique de peau
Kotnoth Or : vêtement de lumière
L
La’asot : faire, révèle le monde de ‘Assiah
Laschon Ha Qodesh : la Langue sainte de la création
Lat : l’ombre de la matérialité
Lé’atsèv : former, façonner, révèle le monde de Yétsirah
Lékabèl al Ménat Léashpia : recevoir en vue de donner

91
Lékabèl Al Ménat Lékabèl : recevoir pour recevoir
Lèv Nétivot : les trente deux voies de la Sagesse
Liveroh : créer, révèle le monde de Briah
M
Ma’halah : la maladie
Ma’har : demain
Maasséh Béréchit : l’Œuvre du commencement
Maasséh Merkavah : l’Œuvre du Char Céleste
Machia’h : le Messie
Mah : Milouï du Y.HVH (45)
Mahouth : l’essence absolue et fondamentale
Malkhouth : 10e Sefirah, la Royauté
Malkhouth de l’Ein Sof : la Royauté (ou partie basse) du
monde de l’infini
Maqom : le lieu
Maqom Panouï : le lieu de la création
Maqor vé Shorech : Source et racines ou Cause et
conséquences
Mavèth : la mort
Méarath Hama’hpéla : la grotte ou Caveau des patriarches
Mélakhim Qadmonim : rois d’Edom, les réceptacles
brisés
Mélèkh : le Roi, désigne D.ieu
Métsiout Ha Maqor : la réalité primordiale, la réalité de
la source
Midat Ha ‘Héssèd : attribut de Bonté
Midat Ha Din : attribut de Rigueur
Midot : mesures de lumière-énergie, qualités
Milouï : développement
Mishkan : le sanctuaire mobile
Mitsvoth : commandements

92
N
Néfèsh : l’âme inférieure
Néfèsh Elokit : l’âme divine
Néfèsh Habahamith : l’âme animale
Néfilah : la chute
Nékoudah Ha Emtsaï : le point premier ou médian
Néquoudat Ha Lèv : le point du cœur
Neshamah : l’âme
Nétsa’h : 7e Sefirah, la Victoire
Nitsotsoth : les étincelles divines
Noukvé : Partsouf, la Fille
O
Or : lumière
Or Ein Sof : la lumière infinie
Or Maqif : la lumière qui entoure
Or Qadmon : la lumière primordiale
Or Ratson Elyon : la Lumière de la Pensée suprême
Or Yakar : la lumière précieuse, œuvre de Cordovéro
Oroth : lumières
Othioth Elyon : lettres suprêmes
Ozen : les oreilles, du Visage mystique
‘O
‘Olam : monde
‘Olam ‘Housh Ha Ria’h : Le monde de l’odorat
‘Olam Atsilouth : monde de l’émanation
‘Olam Briah : le monde de la création
‘Olam Dibour : le monde de la Parole
‘Olam Ha Ein Sof : le monde de l’infini
‘Olam Ha Ezna : monde de l’audition
‘Olam Ha Néqoudoth : le monde des points

93
‘Olam Ha’aqoudim : le monde du lien, correspond à
‘Olam Dibour
‘Olam Haba : le monde à venir
‘Olam Hazé : ce monde
‘Olam Riyah : le monde de la vision
‘Olam Yétsirah : le monde de la formation
‘Or : la peau
‘Ouvar : l’embryon
P
Partsouf : Visages séfirotiques, Personnifications
Partsoufim : pluriel de Partsouf
Pashout : simple
Pé : bouche, du Visage mystique
Péné Ha Mayim : la face ou la surface des eaux
Péné Téhom : la face de l’abîme
Pésha : le crime, la transgression
Prozdor : corridor
Q
Qadosh : Saint
Qav : le rayon de lumière
Qdoushah : la Sainteté
Qlipah : singulier de Qlipoth
Qlipath Nogah : coquille translucide
Qlipoth : coquilles
Quévèr : tombeau
R
Ra’: mauvais
Rapa’h-Mèt : les 288 morts, étincelles divines
prisonnières des écorces
Ratson : Volonté

94
Ratson Elyon : la Pensée suprême, transcendante de
D.ieu
Ratson Ha Boré : Volonté divine créatrice
Ratson Léashpia : le désir de donner chez l’homme
Ratson Lékabèl : le désir de recevoir chez l’homme
Ré’hèm : l’utérus
Réshimou : l’empreinte
Rishonoth : les trois premières Sefiroth
Roshèm : impression
Rouakh : Esprit, le Souffle de vie
Rouakhniout : la spiritualité, la Matière spirituelle
S
Sag : Milouï du Y.HVH (63)
Sefar : le compte
Séfér : livre, les lettres
Sefirah : Emanation divine
Sefiroth : pluriel de Sefirah
Semikha : le Soutien
Shakhin Hé : la demeure du Hé, autre lecture de
Shekhinah
Shéfa’: le flux de l’abondance divine
Shéker : le mensonge
Shekhinah : la Présence divine dans notre monde
Shemittah : relâche, le cycle cosmique
Shemittoth : pluriel de Shemittah
Shvirath Ha Kélim : la brisure des vases ou réceptacles
primordiaux
Shvirim : les réceptacles brisés
Sipour : le récit
Sitra Akhara : le domaine du mal
Sof Ein : la fin du néant

95
Soféi Téivos : les dernières lettres
Sovèv kol ‘Almin : l’enveloppeur des mondes
Stima Dékol Stimin : l’enfermement de tous les
enfermements
T
T.sévaoth : Nom divin rattaché à la 7e Sefirah, Nétsa’h
Ta’htonoth : les sept Sefiroth multiples ou inférieures
Taamim : signes de cantillation
Taguim : les couronnes sur les lettres sacrées
Tal : la rosée
Tam : simple
Tav Hou : Tohou, le Tav en lui
Thi’hyath Ha-Métim : la résurrection des morts
Tiférèt : 6e Sefirah, la Splendeur
Tiqoun : la restauration de l’Unité
Tohou : monde du chaos
Tohou va Vohou : Tohu et Bohu
Toldoth : histoire, engendrements
Torah Elyon : Torah suprême
Torah Qédoumah : Torah primordiale
Torah Shé bi Khtav : Torah écrite
Tsadiqim : les justes
Tsérouf : le combinatoire
Tsimtsoum : le retrait de l’Unité divine
Tsinor : le canal
Tsourah : la forme
Y
Y.ah : Nom divin rattaché à la 2e Sefirah, ‘Hokhma
Y.HVH : le D.ieu éternel qui Etait, Est et sera, Nom
divin rattaché à la 6e Sefirah, Tiférèt

96
Yachar El : droit vers D.ieu, l’être en devenir
Yé’hida : l’Unique
Yéhi Or : que la lumière soit
Yeich Emét : il y a la Vérité
Yeich Mi Yeich : il y a à partir de il y a
Yessod : 9e Sefirah, le Fondement
Yétsèr : le penchant de l’homme
Yétsèr Ha Ra’: le penchant au mal
Yétsèr Ha Tov : le penchant au bien
Yi’houdim : unions mentales des Noms divins
Yochér : la droite
Yotsér : le Potier céleste, désigne D.ieu
Z
Zakh : pur
Zé Ta’hath Zé : les uns en dessous des autres
Zéir Anpin : Partsouf, le Fils ou le Visage restreint
Zihara Ilaah : la Robe de Splendeur supérieure
Zman : le temps
Zman Shebékoa’h : le temps potentiel
Zman shebépoal : le temps réel
Zrouth : mérite

97
98
Bibliographie

BRIAN L. LANCASTER
L’essence de la Kabbale, 2009, Pocket pour la
traduction française.
DAVID HANSEL
Conférence sur « L’origine primordiale » suivant
l’Ashlag, 1998, Paris.
ERIC DANIEL EL-BAZE
Les Racines de l’existence, 2015, Ed. Edilivre.
GEORGES LAHY
Dictionnaire encyclopédique de la Kabbale, 2005, Ed.
Lahy.
L’alphabet hébreu et ses symboles, 2006, Ed. Lahy.
La vie du Monde à venir, 2009, Ed. Lahy.
La voix des maux, 2012, Ed. Lahy.
La voix du corps, 2012, Ed. Lahy.
HAYIM MELLUL
Les Clés de la Mystique juive, 2007, Ed. du Beith
Loubavitch.

99
LEON ASHKENAZI
Séminaires sur la création : Cite Akadem ; oct. 2010.
LIKOUTEI AMARIME : TANYA
RAV HAYIM DYNOVISZ
Enseignement oral.
MAHAMARIM DU RABBI DE LOUBAVITCH
REFERENCES ICONOGRAPHIQUES
Tsimtsoum et Qav : Site du Breslèv.
Adam Qadmon, « Y.HVH » : the life Picture
Collection.

100
Table des Matières

Préambule.....................................................................9
Ein Sof l’Essence originelle ..........................................11
Ein : le néant .............................................................12
Ein-Sof : l’infini ........................................................13
La Torah – l’Ame du monde ........................................15
Torah Qédoumah : la Torah primordiale .............16
Torah Elyon : la Torah suprême ............................18
Torah Shé Bi Khtav : la Torah écrite .....................19
Métsiout Ha Maqor – la Réalité primordiale ..............21
L’expansion de l’univers métaphysique ................21
Le temps suivant la Kabbale ...................................24
Ratson Ha Boré – la Pensée Créatrice .........................29
Les deux niveaux du monde ...................................30
Ratson Lékabèl et Ratson Léashpia .......................31
Béréchit – le Commencement ......................................35
Le Tsimtsoum : la lampe d’obscurité ....................35
Les conséquences du Tsimtsoum ..........................37

101
L’espace de la création : le vide puis le lieu .......... 39
Le Réshimou : la trace de l’être .............................. 42
Le Qav : le Or-Ein-Sof ............................................ 43
Le Tsinor : le canal .................................................. 45
C.haddaï : la Contre force ...................................... 46
Le Dibour Elokit : la Parole créatrice .................... 47
Adam Qadmon – l’Essence de l’être ........................... 51
Le monde de l’infini : Adam Qadmon.................. 52
L’’Av Sag Mah Ban .................................................. 60
Shvirath Ha Kélim – la Brisure des vases ................... 65
Verset Genèse 1,2 .................................................... 65
Le monde du Tohu : le monde du chaos .............. 66
Tiqoun – la Réparation ............................................... 71
Le Tiqoun originel : le monde du Bohu ............... 71
Le Tiqoun de l’homme : l’exil ................................ 72
Le Tiqoun de la pensée : apprendre à donner ..... 73
ABYA – les Quatre mondes ........................................ 75
‘Olam Atsilouth : le monde de l’émanation ......... 77
‘Olam Briah : le monde de la création .................. 78
‘Olam Yétsirah : le monde de la formation .......... 80
‘Olam ‘Assiah : le monde de l’action..................... 81
L’Homme Adamique – le Projet du Divin ................. 83
Index des mots hébreux – rapportés dans le livre ...... 87
Bibliographie ............................................................... 99

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Imprimé en France, 2015

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