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Les déchets sont l’un des meilleurs indicateurs de la vitalité économique et du mode de vie d’une
société. La croissance de la production et le développement, toujours plus rapide, de biens de
consommation ont marqué en profondeur la structure socio-économique des pays industrialisés ; une
société de gaspillage est née en l’espace d’un demi-siècle. Les instances politiques essaient de
modifier l’approche que l’on a des produits et des déchets en recourant à de nouveaux instruments,
basés sur l’incitation financière. Hormis ceux que l’on conserve dans des musées, tous nos biens de
consommation finissent leur vie sous la forme de déchets. Il n’y a pas de doute, la propension à la
consommation et au gaspillage dépend étroitement du pouvoir d’achat et de la prospérité d’une
société. La protection de l'environnement devient de plus en plus une préoccupation collective.
La question des déchets est quotidienne et touche chaque être humain tant sur le plan
professionnel que familial. En qualité de consommateur, producteur, usager du ramassage des
ordures et trieur de déchets recyclables, citoyen ou contribuable, chacun peut et doit être
acteur d'une meilleure gestion des déchets.
Parmi les déchets les plus dangereux on a les déchets d'équipements électriques et électroniques
( appelés DEEE ) sont une catégorie de déchets constituée des équipements en fin de vie,
fonctionnant à l'électricité ou via des champs électromagnétiques, avec une tension ne dépassant pas
1000 Volts en courant alternatif et 1500 Volts en courant continu, ainsi que les équipements de
production, de transfert et de mesure de ces courants et champs. Ce sont par exemple des ordinateurs,
imprimantes, téléphones portables, appareils photos numériques, réfrigérateurs, jeux électroniques ou
télévisions. (Au-delà, ils sont considérés comme des déchets industriels).
Les DEEE en provenance des ménages sont souvent désignés par 3 grandes catégories : produits
bruns qui désignent les appareils audiovisuels (TV, magnétoscope, Hi-Fi), produits gris qui désignent
les équipements informatiques et bureautiques et les produits blancs qui désignent les appareils de
lavage (lave-linge ou lave-vaisselle), de cuisson et de préparation culinaire.
1
Chapitre I :
Génér
alités
sur
les
déche
ts
2
I-1- Définition d’un déchet :
Selon le Code de l'environnement (art. L541-1), un déchet se présente comme tout résidu d'un
processus de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus
généralement tout bien, meuble, abandonné ou que son détenteur destine à l'abandon.
Un déchet est donc :
un objet abandonné,
un objet utilisable ou non,
un objet utilisable en l'état ou après modification. [1]
Déchets de jardin _voir figure 1_ qui sont produits par les collectivités, les sociétés privées
d'entretien des espaces verts et les particuliers.
Déchets alimentaires _voir figure 2_ ou « eaux grasses » qui sont issus essentiellement des
métiers de la restauration et de l’industrie agro-alimentaire.
Déchets de maison qui est produits par les particuliers.
3
Figure 2 : Déchets alimentaires
4
Figure 3 : Déchets d’activités de construction
5
Les DIB (Déchets Industriels Banals) correspondent quant à eux aux déchets des entreprises non
dangereux. Ils sont aussi appelés "déchets assimilés aux déchets ménagers"
Les DBEC (Déchets Banals des Entreprises du Commerce) sont également assimilables aux déchets
ménagers par leur caractère non toxique. Ils proviennent des filières industrielles, commerciales,
artisanales ou de services et dont les producteurs ne sont pas les ménages. Ils comprennent des
produits et déchets connexes à la filière bois, des déchets communs aux entreprises (emballages,
déchets de bureaux, papiers, cartons, etc...) et de déchets spécifiques à une activité (chutes, déchets de
fabrication, etc...). [2]
6
Les déchets dangereux contiennent des éléments toxiques ou dangereux présentant des risques pour
la santé humaine et/ou pour l'environnement.
8
Aérosols _voir figure 10_ ;
équipements de protection individuelle (EPI) _voir figure 11_, chiffons souillés, bois traités.
Les déchets d'activités de soins à risques infectieux (DASRI) et les déchets de laboratoire :
9
Les DASRI sont des déchets produits par une activité de soins individuelle (patients) ou collective
(professionnels et établissements de santé) _voir figure 12_ qui présentent un risque infectieux et de
contamination pour l’homme et l’environnement. Ils nécessitent de ce fait un traitement particulier.
[3]
Figure 12 : Déchets d'Activités de Soins à Risques Infectieux
Il existe également les déchets de laboratoire : petites quantités de déchets dangereux provenant des
entreprises, des artisans et des laboratoires de recherche.
Quelle que soit leur origine ou la quantité produite, les déchets sont classés dangereux s’ils présentent
une ou plusieurs des 15 propriétés de danger énumérées à l’annexe I de l’article R. 541-8 du code de
l’environnement. Ils peuvent être de nature organique (solvants, hydrocarbures…etc.), minérale
(acides, boues d’hydroxydes métalliques,…etc.) ou gazeuse. [3]
Les propriétés qui rendent les déchets dangereux et leur code :
H1 Explosif ;
H2 Comburant ;
H3-A Facilement inflammable ;
H3-B Inflammable ;
H4 Irritant ;
H5 Nocif ;
H6 Toxique ;
H7 Cancérogène ;
H8 Corrosif ;
H9 Infectieux ;
H10 Toxique pour la reproduction ;
10
H11 Mutagène ; Les
H12 Substances et préparations qui, au contact de l'eau, de l'air ou d'un acide, dégagent un gaz
toxique ou très toxique ;
H13 Sensibilisant ;
H14 Écotoxique ;
déch
ets
H15 Substances et préparations susceptibles, après élimination, de donner naissance, par
quelque moyen que ce soit, à une autre substance, par exemple un produit de lixiviation, qui
possède l'une des caractéristiques énumérées ci-dessus. [3]
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Chapitre II : roni
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et
leur
recy 11
II-1- Définition des déchets électroniques :
Les déchets d'équipement électrique et électronique (DEEE) _voir figure 13_ sont les déchets issus
des équipements fonctionnant grâce au courant électrique (ou à des champs électromagnétiques) avec
une tension ne dépassant pas 1.000 volts en courant alternatif et 1.500 volts en courant continu. On
entend par déchets d'équipements électriques et électroniques, tous les composants, sous-ensembles,
et produits consommables faisant partie intégrante du produit au moment de la mise au rebut.
Une classification des déchets d'équipement électrique et électronique (DEEE) peut être faite en
fonction de trois critères :
- L'origine du déchet : de la même façon que pour les emballages, le devenir des DEEE des
professionnels relève de la responsabilité du détenteur alors que pour les DEEE ménagers, la
responsabilité est partagée entre les fabricants, les distributeurs et les collectivités locales.
- La composition matière : notamment en fonction de la présence d'éléments polluants (nécessitant
généralement une intervention manuelle) et de la part des fractions métalliques. Tout DEEE
contenant un composant dangereux (exemples : PCB, HFC, HCFC, amiante...) est un déchet
dangereux.
12
- L'encombrement : on distingue en général les produits portables (< 30 kg) des produits non
portables (>30 kg), car les modalités de collecte sont sensiblement différentes. [4]
Figure 13 : Déchets d’équipement électriques et électronique
14
Soit le recyclage proprement dit. [8]
Figure 14 : Les six réflexes à adopter pour réduire nos déchets électroniques et les recycler
Non seulement les métaux précieux contenus dans les DEEE sont réutilisables, mais en plus
leurs métaux lourds sont dangereux pour la santé. Il y a tout à gagner à recycler ces produits.
[9]
4- Le matériel d’éclairage :
17
Figure 18 : Quelques appareils d’éclairage
19
Qu’ils fournissent automatiquement des boissons chaudes, des bouteilles, des canettes, de l’argent ou
des produits solides, tous les types de distributeurs sont regroupés au sein de cette famille de déchets
électroniques ou électriques _voir figure 22_. [10]
Figure 22 : Les distributeurs automatiques
20
10- Les instruments de surveillance et de contrôle :
Cette catégorie de produits concernés par la collecte et le recyclage des déchets électroniques et
électriques comprend plusieurs sous familles d’appareils, parmi lesquelles :
Les instruments de gestion et de régulation d’énergie
Les appareils électroniques de sécurité (systèmes d’alarme, de contrôle d’accès, détecteurs
d’intrusion, interphones etc.)
Les systèmes de sécurité incendie (détecteurs de fumée, systèmes d’alarme etc.)
_voir figure 24_ [10]
Figure 24 : Détecteur des fumés
Les systèmes de fermeture et de protection solaire (portes motorisées, récepteurs radio, volets
roulants, stores etc.)
Les instruments de mesure et de test (appareils de mesure chronométrique, acoustique,
magnétique ou photométrique, multimètres, chromatographes _voir figure 25_ etc.) [10]
Les DEEE sont collectés par des opérateurs mandatés par les éco-organismes spécialisés, chez les
distributeurs et les producteurs, mais aussi dans les centres de collecte mis en place par les
collectivités. Ils sont alors acheminés dans des centres de traitement pour y être dépollués et
démantelés.
Les matériaux extraits (fer, cuivre, inox, aluminium, métaux précieux, plastique…) sont ensuite
envoyés dans des filières spécifiques pour être valorisées en matière première secondaire. [10]
22
Collecter les déchets d’équipements électriques et électroniques par catégories et les transporter vers
les usines spécialisées _voir figure 27_. [10]
Figure 27 : Collection des déchets électroniques
Notons par ailleurs que l’enlèvement le tri et le recyclage des DEEE doivent être impérativement pris
en charge par quelques éco-organismes agréés par les pouvoirs publics. Un principe qui n’empêche
pas ces organismes de coopérer avec des collecteurs locaux, ou d’établir des partenariats avec des
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entreprises de recyclage des déchets électroniques et électriques comme Paprec pour dépolluer et
traiter les déchets électroniques et électriques. [10]
24
Figure 28 : Le tri des déchets électroniques
Figure 29 : Le broyage des déchets irrécupérables
(comme l’or de ces fameuses cartes) et ainsi transformer en flux entrant en produits de plus en plus
fins pour répondre aux exigences des fabricants. Dans certains cas, l’intervention d’un second
25
transformateur est nécessaire, pour passer, par exemple, d’un pourcentage de 90 à 99% de pureté, et
ainsi favoriser l’utilisation finale des ex-déchets électroniques ou électriques.
Mais tous les déchets électroniques ou électriques recyclés ne sont pas obligatoirement réinjectés
dans le domaine industriel dont elles sont issues. L'usine est ainsi capable de revendre, après
micronisation ou régénération, les fractions plastiques issues des volumes de DEEE aux plasturgistes,
et les autres types de matière, plus globalement, aux industries susceptibles d’utiliser l’un des
nombreux composants captés au sein des volumes de déchets recyclables collectés. C’est donc ainsi
que s’achève un des nombreux cycles du recyclage des déchets électroniques. [10]
26
Les postes les plus exposés sont ceux du démantèlement, de la dépollution et du broyage. [11]
En Algérie :
- CUISITECH,Sarl
- AUP Algeria Universal Paper,Sarl
- ARAB METALS,Spa
- R-TECH
- INCINERA D'ALGER [12]
27
Le
trafic
illégal
des
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28
III-1- L’Europe introduit illégalement ses e-déchets au Nigeria dans des voitures
d’occasion :
Une étude financée par l’EPA (Environmental Protection Agency) montre que le vieux problème de
l'importation déchets électroniques a pris une nouvelle forme.
Les appareils électroniques du quotidien vieillissent souvent mal. De ce fait, on ne fait pas pire
endroit qu'une décharge pour entreposer les smartphones, téléviseurs et ordinateurs usagés. En effet,
les e-déchets regorgent de métaux lourds, de terres rares et d’autres matériaux potentiellement
dangereux. La plupart d'entre eux sont difficiles à recycler ; leur élimination est onéreuse et
dangereuse. Pendant des décennies, l’Europe et les États-Unis ont esquivé le problème en envoyant
leurs e-déchets sur les continents africain et asiatique, parfois illégalement. Depuis peu, ce problème
ancien a pris une nouvelle dimension : certains exportateurs européens dissimulent des appareils
électroniques usagés dans des voitures d’occasion.
L'Union européenne a adopté des lois contre l’export et le déchargement des e-déchets en Afrique
mais le problème subsiste. Selon une nouvelle étude, le Nigeria est désormais l'un des dépotoirs
préférés de l’Europe. Les deux auteurs de l'étude, l’United Nations University (UNU) et le Basel
Convention Coordinating Center (BCCC) pour l’Afrique, ont découvert que sur 66 000 tonnes de
produits électroniques de seconde main envoyés au Nigeria, 16 900 ne fonctionnaient pas.
Envoyer des appareils électroniques hors d’usage depuis l’Europe vers le Nigeria est illégal.
Cependant, profitant de lacunes dans l’application des lois, des importateurs rusés ont réussi à duper
les contrôleurs en chargeant des produits électroniques dans des voitures d’occasion qu'ils
29
expédiaient ensuite de l’autre côté de l’océan. « À notre grande surprise, les conteneurs ne
représentaient pas le circuit d’importation principal. En fait, ce sont les navires rouliers qui
transportent des véhicules à moteur, m’explique Otmar Deubzer, un conseiller à l’UNU et co-auteur
de l’étude, au téléphone. Environ 70% du matériel arrive par eux. » [13]
30
2001 par l'OCDE ainsi que "l'interdiction de Bâle" et en rationalisant et précisant les procédures
existantes.
Deux Directives sur les DEEE :
1- Directive DEEE 2002/96/CE, fixant pour décembre 2006 un taux minimal moyen annuel de
ramassage sélectif de 4 kg par habitant (pour les ménages).
III-4- Les problèmes sanitaires et environnementaux posés par le trafic illégal des DEEE :
Les transferts de DEEE des pays développés vers les PED posent un certain nombre de problèmes
environnementaux et sanitaires liés au contenu en métaux de ces déchets. Ils soulèvent tout d'abord la
question générale du gaspillage de matériaux précieux et/ou rares qui ne sont pas récupérés (argent,
or, palladium mais aussi bismuth, indium ou ruthénium). Ensuite, la concentration de substances
toxiques bioaccumulables persistantes (barium, béryllium, cadmium, chromium, mercure, plomb,
31
Solu
etc.) pose de graves problèmes sanitaires et environnementaux. L'importance des problèmes
sanitaires tient aux conditions primitives de travail des ouvriers dans les "arrière-cours" de
désassemblage des DEEE dans les PED. La manipulation des DEEE sans aucune protection et sans
tion
aucun dispositif de sécurité, les fumées cancérigènes des matières incinérées (plastiques et câbles
isolants principalement), l'utilisation de bassines d'acides à l'air libre pour faire fondre les
microparticules de métaux précieux contenus dans les composants électroniques, etc. exposent les
ouvriers à d'importants dommages physiques : problèmes respiratoires et cardiaques, dommages au
s
cerveau, au système nerveux, aux intestins et aux reins, impact sur le système reproducteur (par
exemple, avortement des femmes vivant près des décharges), etc. Ces problèmes sanitaires sont
aggravés par les problèmes environnementaux que soulève cette "gestion" sauvage et primaire des
DEEE : contamination des eaux (nappes phréatiques, rivières), des sols et de l'air. Plusieurs études
inno
menées à Guiyu, un des villages du sud-est de la Chine où se concentrent ces activités informelles de
traitement des DEEE, indiquent des niveaux de dioxines et de furanes dans l'air largement supérieurs
aux seuils définis par l'Organisation mondiale de la santé (Leung et al., 2007 ; Li et al., 2007). Il en
résulte des concentrations sanguines en ignifugeants chimiques particulièrement élevées chez les
vant
personnes travaillant à ce "recyclage" (Bi et al. 2007).
L'exportation, le plus souvent illégale, vers les PED dissimule souvent l'externalisation par les firmes
des pays développés de la gestion de leurs DEEE. Ce faisant, elles reportent sur les PED le coût et les
es
risques associés à cette gestion. La corrélation positive sur le plan macroéconomique entre niveau des
exportations de DEEE et niveau de développement du pays d'origine laisse envisager une première
explication, celle des coûts comparés de la gestion des DEEE dans les pays développés et dans les
PED. L'existence de mouvements transfrontaliers de DEEE malgré des cadres juridico-réglementaires
pour
de plus en plus nombreux et contraignants suggère une seconde explication d'ordre institutionnel.
Deux lectures non exclusives permettent ainsi d’expliquer les comportements des firmes, c'est-à-dire
au niveau micro-économique, en matière de DEEE : économique et institutionnelle. [15]
les
équi
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Chapitre IV :
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ues 32
IV-1- Des appareils biodégradables :
On pourra jeter le vieil appareil électronique sans risquer de polluer. Un rapport des Nations Unies
qui tire la sonnette d’alarme. On jette aujourd’hui près de 50 millions de tonnes de télés, ordinateurs,
téléphones et autres produits électroménagers.
Le problème avec les composants électroniques, c’est qu’ils contiennent souvent des produits
toxiques comme du plomb, de l’arsenic ou du mercure. Des matériaux très difficiles, voire
impossibles à recycler. Donc c’est un enjeu majeur d’arriver à rendre l’électronique biodégradable. Et
c’est ce qu’ont réussi à faire les scientifiques de l’université de Stanford aux États-Unis.
Qu’est-ce qu’ils ont fabriqué comme appareil ?
Une sorte de bracelet connecté comme ceux que l’on utilise pour compter les pas. Leur principale
avancée aura été de concevoir des transistors biodégradables grâce à une molécule que l’on trouve
dans l’encre de tatouage ! Résultat : la carte électronique peut se dissoudre totalement en quelques
semaines si on la laisse tremper dans du vinaigre - il y a besoin d’un peu d’acidité pour accélérer le
processus.
Mais il y aussi le problème des batteries. On arrive à les biodégrader ?
Oui. C’est qu’ont réussi à faire des ingénieurs de l’université de Binghampton aux Etats-Unis. Ils ont
conçu des batteries à base de papier et remplacé les produits chimiques (le lithium-Ion) par des
bactéries et de la salive.
33
La seule chose qui manque désormais, c’est d’être capable de recycler les écrans. Mais là aussi, la
recherche avance. Il faut donc espérer que, bientôt, il n’y aura plus besoin d’envoyer nos appareils
électroniques dans les pays pauvres pour qu’ils soient recyclés, parfois par des enfants, alors qu’il y a
des produits toxiques. [16]
Outre le polymère, qui est pour l'essentiel une matière plastique flexible et conductrice, l’équipe a
développé un circuit électronique dégradable et un nouveau substrat biodégradable destiné au
montage des composants, moulable et suffisamment flexible pour s’adapter à toutes les surfaces, des
plus lisses aux plus rugueuses. En fin de vie, un appareil électronique ainsi conçu peut donc se
transformer, par dégradation, en composants non toxiques.
L’équipe a constaté qu'en modifiant la structure chimique du matériau flexible, elle se désagrégeait
sous l’effet de faibles contraintes. « Nous avons imaginé de fabriquer ces molécules en adoptant un
type particulier de liaison chimique qui permette de préserver la possibilité, pour un électron, de se
déplacer librement le long de la molécule », précise Zhenan Bao. « Mais il se trouve que cette liaison
chimique est sensible aux acides faibles, même moins forts que le vinaigre ». Résultat : un matériau
capable de transmettre un signal électronique, mais dégradable au moyen de procédés légers.
Les chercheurs ont choisi la cellulose pour créer le substrat servant de support au circuit électronique
et au polymère, cette même cellulose qui entre dans la composition du papier. Sauf que l’équipe a
modifié les fibres pour que ce « papier »devienne un film mince, transparent et flexible, mais
facilement dégradable _voir figure 30_. [17]
Figure 30 : Semi-conducteur flexible et biodégradable, récemment développé par des ingénieurs de
l’université Stanford, étendu sur un cheveu
34
Ils travaillent sur des matériaux biodégradables issus d'extraits de plantes et d'isolants fabriqués avec
la même gélatine que celle employée dans l'enrobage de certains médicaments. L'objectif est de
pouvoir fabriquer des composants électroniques biodégradables qui, une fois arrivés en fin de vie,
puissent être « jetés dans la poubelle des déchets biologiques ou sur les tas de compost, où ils vont
pourrir comme une peau de banane », explique l'équipe du KIT.
Une solution viable d’ici trois ans
Ce programme actuellement en cours vient de recevoir un financement de 1,7 million d'euros de la
part du ministère fédéral de l'éducation et de la recherche. L'un des points clés concerne le
développement d'encres qui combinent les propriétés conductrices et environnementales tout en étant
compatibles avec le matériel d'impression existant afin que les industriels puissent adopter ces
solutions sans avoir à changer d'outil. En ce qui concerne les substrats sur lesquels ces circuits sont
imprimés, les chercheurs du KIT planchent également sur des alternatives aux polymères et silicium
habituellement employés. L'amidon, la cellulose ou encore la chitine sont cités comme de potentiels
substituts.
Les scientifiques de l’Institut de Karlsruhe pour la technologie pensent pouvoir proposer cette
électronique organique d'ici trois ans. « Ils n'auront peut-être pas la durée de vie des alternatives
inorganiques, mais ils survivront facilement à la durée de vie des appareils électroniques jetables »,
promet le professeur Gerardo Hernandez-Sosa qui pilote ce projet.
Signalons qu'en France, la jeune entreprise innovante Genes'Ink a signé au printemps dernier un
partenariat avec le LICSEN (Laboratoire d'innovation en chimie des surfaces et des nanosciences) du
CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives) de Saclay, dans l'Essonne.
Spécialisée dans les encres conductrices, Genes'Ink travaille sur deux programmes de recherche et
développement dans le domaine de l'électronique imprimée. [18]
Il s'agit de développer avec le LICSEN des solutions à la fois écologiques et économiques destinées
aux industriels dans les domaines de l'aéronautique et des objets connectés. [18]
35
Du magnésium pour remplacer le cuivre et l'argent
Quelques adaptations ont été requises pour rendre tous les composants électroniques dégradables. Le
cuivre et l'argent, des métaux stables, ont été bannis et remplacés par du magnésium, bien accepté par
l'organisme et particulièrement réactif en présence d'eau. Une antenne, pour un contrôle à distance, et
des fils reliés à une source d'alimentation électrique externe ont également été produits dans ce
matériau.
Pas question en revanche de bannir le silicium, mais comment le faire disparaître ? La solution
trouvée est simple, il faut l'amincir ! En effet, en présence d'eau, cet élément perd environ 4,5 nm
d'épaisseur par jour. Des circuits imprimés épais de 100 nm ont donc été développés. Ils se dégradent
approximativement en 22 jours, contre 1.000 ans pour un circuit classique !
Les constituants électroniques doivent être disposés sur un support et protégés, si possible par une
matière biocompatible ne provoquant pas de réaction immunitaire. Bien évidemment, ces éléments
devraient également être solubles. La solution a été apportée par Fiorenzo Omenetto : les circuits
électroniques ont été fixés sur de la soie puis enrobés par cette même matière ! Car ce matériau se
dissout en présence d'eau ou d'enzymes spécifiques.
Une maîtrise parfaite de la dégradation de l’électronique
Voici donc les secrets de l'électronique biodégradable ! Dernier détail, les temps de désintégration
sont bien maîtrisables. Pour les modifier, il suffit de faire varier l'épaisseur des constituants
métalliques ou l'agencement des molécules de fibroïne, la protéine constituant la soie.
Des plans ont déjà été établis pour créer un système d'imagerie optique sous-cutané, un patch
thermique devant prévenir toute infection après une opération chirurgicale, des cellules
photovoltaïques ou des capteurs de température, le tout bien sûr en plus de l'injecteur déjà testé sur la
souris. [19]
36
Les chercheurs travaillent maintenant sur la fabrication à grande échelle de la soie _voir figure 31_ et
des films de silicium. Les premiers objets produits auront une vocation médicale, mais le projet
pourrait ensuite s'étendre à d'autres ustensiles de notre quotidien, par exemple aux puces de nos
téléphones portables. [19]
Figure 31 : Appareil électronique biocompatible, intégré dans de la soie, se dissout en présence
37
Conclusion
La plupart des déchets sont dangereux, qu'ils soient qualifiés comme tels ou non, si par danger l'on
entend tout simplement la capacité à nuire, quelle qu'en soit la gravité. Mais, du fait qu'ils ont une
incidence directe et particulièrement grave sur l'environnement et/ou la santé humaine, certains
déchets reçoivent le qualificatif de dangereux. Il faudrait peut-être en réalité les qualifier de déchets
particulièrement dangereux. Quoi qu'il en soit, ils méritent, parce qu'ils sont dangereux, une attention
particulière dès leur émission.
Les déchets d'équipement électrique et électronique contiennent des substances et des composants
nocifs pour l'homme et pour l'environnement. Malgré la volonté qu'ont les gouvernements à limiter
l'augmentation du nombre de ces déchets, on en compte de plus en plus du fait de l'avancée
technologique et du manque de prévention auprès de la population.
Parallèlement, des organismes comme GreenPeace luttent contre la propagation des DEEE et des
entreprises voient le jour particulièrement en Europe afin d'augmenter le volume de déchets recyclés
et donc, d'amoindrir la pollution en résultant.
Il est donc possible de limiter la pollution causée par les DEEE en sensibilisant la population au tri et
à la défense de l'environnement, tout en augmentant encore la quantité d'appareils recyclés.
La liste des substances toxiques présentes dans les déchets électroniques est impressionnante. On
trouve des métaux lourds (plomb, cadmium, chrome, cuivre, mercure), des éléments comme l'arsenic
et le sélénium, ainsi que des retardateurs de flammes bromés. Ces derniers sont mélangés aux
plastiques pour augmenter la résistance des appareils à la chaleur. Toutes ces substances toxiques
sont présentes aussi, mais dans des proportions moindres, dans les gazinières, les réfrigérateurs, etc.,
qui sont, eux aussi, désormais équipés d'électronique.
Au lieu d'être traités et recyclés en Occident, une bonne partie des déchets électroniques est encore
exportée dans les pays du Sud où ils sont pris en charge dans des conditions de sécurité inexistantes.
Ces transports se font en violation de la convention de Bâle qui, depuis 1997, interdit l'exportation
des déchets dangereux des pays membres de l'OCDE (Organisation de Coopération et de
Développement Economiques) en direction des non-OCDE.
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Références bibliographiques
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