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Utilisation des SIG pour la modélisation des réseaux hydrologiques et


l’analyse spatiale des bassins versants du sahel de Sfax

Article · September 2012

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Nadia Trabelsi Moncef Zairi


Ecole Nationale d'Ingénieurs de Sfax Ecole Nationale d'Ingénieurs de Sfax
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Hamed Ben Dhia


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Utilisation des SIG pour la modélisation des
réseaux hydrologiques et l’analyse spatiale
des bassins versants du sahel de Sfax

Nadia TRABELSI, Moncef ZAIRI, Ibtissem TRIKI et Hamed BEN DHIA


Laboratoire « Eau, Energie et Environnement », ENIS, B.P. « W » 3038 Sfax, TUNISIE.
E-Mail: nadysonia@yahoo.fr

Dans tous les domaines s’intéressant à l’étude de phénomènes spatiali- nous extrairons une représenta-
sés, un besoin en automatisation émerge, notamment pour les structures tion du réseau hydrologique. Cela
permettra la délimitation et la cara-
géographiques de types « réseaux », vue leur organisation systémique de ctérisation des différents bassins,
l’espace qui n’est pas explicitée dans les bases de données géographiques qui constituent un élément clef
(Paget et al, 2008). Dans l’optique de satisfaire ce besoin d’automatisation, pour toute gestion hydrologique
le recours à l’utilisation des Systèmes d’informations géographiques s’est (Bentekhici, 2006 ; Fossy, 2008)
avéré rentable (Hocine et al, 2007 ; Charleux et al, 2000). Le présent travail
La modélisation hydrologique
décrit une méthodologie d’exploitation des données MNT SRTM permettant est faite sous Arc Hydro et
une extraction du réseau hydrologique à l’aide de deux outils SIG. Il s’agit du sous Rockworks (version 15).
programme Rockworks15 et Arc Hydro sous ArcGIS 10. L’originalité de notre approche
tient dans l’exploitation des fonc-
tionnalités de ce dernier outil pour
Introduction compte tenu de la croissance
des besoins en eau (développe-
l’établissement d’une carte de
drainage.
La gestion et la préservation de ment industriel, accroissement
la ressource en eau constitue démographique…). C’est dans
une préoccupation mondiale l’optique d’une gestion intégrée
Secteur d’étude
majeure (Mutin, 2009; Louise, des ressources du sahel de Sfax Dans la présente étude, nous
2007), et tout spécialement dans que cette étude a été conduite. prenons comme zone test le sahel
les pays à climat aride et semi- On s’est intéressé à l’étude de Sfax, situé au sud-est de la
aride où le patrimoine hydrique du réseau hydrologique, qui Tunisie, entre les latitudes 35° 40’
est sans cesse mis à l’épreuve constitue un élément clef pour et 34° 10’ Nord et les longitudes
toutes opérations de planifica- 9°33 et 11°10 ouest (figure 1).
Figure 1 : Carte de localisation tion (Le Pape, 1998 ; Paget et Vue sa situation géographique, la
géographique du secteur d’étude. al, 2008). plaine de Sfax se caractérise par
(source : Google Earth)
un climat à la fois saharien aride
Nous proposons une méthodolo- et méditerranéen semi-aride.
gie permettant l’extraction et la Plus ou moins épargnée par les
délimitation des bassins versants phases tectoniques majeures,
à l’aide d’un système d’information elle montre une topographie
géographique. Plus précisément, monotone présentant des anticl-
nous utiliserons un SIG pour traiter inaux à grand rayon de courbure
des données SRTM. À partir des dont les altitudes ne dépassent
modèles numériques de terrain, pas les 200 m.

12 Géomatique ExpertN° 88Septembre-Octobre 2012


Matériel
et méthodologie
La méthodologie adoptée
consiste à exploiter et à interpréter
des données altimétriques SRTM
dans le but de cartographier le
réseau hydrologique qui permettra
une description des différents
paramètres topographiques
(pente, crête, longueur du cours
d’eau…) et par la suite une
délimitation des bassins versants.
Dans la bibliographie, nombreux
sont les auteurs qui se sont inté-
ressés à cette approche, dont
l’étude nécessite la vectorisa-
tion du fond topographique des
différentes zones d’intérêt afin de
générer les MNT. Selon Hingrey
et al. (2009), cette méthode de
production conduit à des impréci-
sions dans certaines zones, d’où
l’importance de la télédétection. Figure 2 : Méthodologie de travail.
Cependant, notre approche a le
mérite de la simplicité et du faible (Blue Marble Géographics, 2012) la gestion des eaux (Maidement,
coût. En effet, le seul support de sert de visualisateur et calcule le 2002). Il comporte deux aspects :
travail requis sera les données MNT dérivé. le premier concerne la gestion
SRTM, qui sont disponibles sur de la base de données géos-
Internet. En outre, cette étude Après la récupération du MNT, patiale relative aux ressources
montre l’intérêt de l’utilisation on procède à la modélisation hydriques et le second regroupe
des SIG dans le processus hydrologique. Dans ce but l’ensemble des outils d’analyse et
de l’extraction des réseaux nous avons utilisé deux outils d’intégration des données.
hydrologiques. Le croisement (figure 2). Le premier correspond
des résultats permettra de vérifier au modèle Arc hydro intégré au Dans un premier temps, nous
la fiabilité de des outils Rockworks programme ArcGIS 10 (ESRI, procédons à la correction des
et Arc hydro dans la modélisation 2010). Le second correspond anomalies du terrain, afin d’éviter
hydrologique. au programme Rockworks 15 soit les erreurs de calcul liées à
(Rockware, 2011). des artefacts altimétriques, soit
Extractions et traitement la génération d’interruptions dans
les chemins hydrographiques. La
des données altimétriques Modélisation du fonction fill sinks est utilisée pour
La première étape de notre travail réseau hydrologique et éliminer les dépressions du MNT
consiste à télécharger les fichiers (Figure 3a).
SRTM (Shuttle Radar Topography délimitation des bassins
Mission), support principal de
notre étude. Ils correspondent à
versants Le processus de l’extraction du
réseau hydrologique à partir d’un
des fichiers matriciels et vectori- MNT se déroule comme suit :
Modélisation sous
els topographiques fournis par la
Arc Hydro
NASA et la NGA. Ces données  D é t e r m i n a t i o n d u s e n s
altimétriques ont été recueil- Ce module intégré à la solution d’écoulement du MNT : cette
lies par interférométrie radar. Le SIG ArcGIS 10 offre la résolu- méthode part du principe que
programme Global mapper 13 tion de divers problèmes liés à la topographie représente un

Géomatique ExpertN° 88Septembre-Octobre 2012 13


a b

c d

Figures 3 : Modélisation hydrologique sous Arc hydro : (a) fill sinks ; (b) : calcul des directions d’écoulement ; (c) : calcul des accumula-
tions ; (d) : délimitation des bassins versants.

bon indicateur des potentiels résultat représente un réseau du mode raster en mode vecteur
gravitationnels mis en jeu dans hydrographique avec un nombre est une opération intégrée et qui
les processus d’écoulement de cellules au moins égal au seuil constitue l’un des concepts clés
de surface (Crave, 1995). fixé dés le début. La figure 3c du modèle Arc hydro ;
Le programme utilise alors montre que les cellules situées
l’algorithme D8 (Jenson et aux embouchures prennent  Délimitation des aires des
Domingue, 1988) qui détermine des valeurs élevées, un résultat bassins : représentent les diffé-
le sens d’écoulement à l’aide de prévisible puisqu’elles reçoivent rentes aires drainées par les
l’algorithme du gradient maximal l’ensemble des eaux générées différents segments du réseau
ou maximum de pente (schéma par les bassins ; hydrographique (figure 3d). Cette
unidirectionnel) (Figure 3b). Il s’agit fonction prend, en entrée, la
de calculer le sens d’écoulement  Classification du réseau direction des écoulements et
dans chaque cellule. Il corre- hydrologique : le réseau hydro- la segmentation du courant.
spond au chemin ayant la pente graphique obtenu possède une La vectorisation des différents
la plus faible (Charleux, 2001) ; identification unique, il est codifié bassins générés fait appel à
par l’ordre 1. Cependant, on la fonction catchment Polygon
 Calcul de l’accumulation réalise une classification des Processing.
d’eau : le résultat de cette opéra- branches se basant sur le nombre
tion est une grille représentant des tributaires en appliquant Modélisation hydrologique
le nombre cumulé de cellules la méthode de Strahler. Cette sous Rockworks
amont (au sens de l’écoulement classification permet de décrire
gravitaire) se déversant dans une sans ambiguïté le développe- Le programme Rockworks
cellule donnée. Le calcul néces- ment du réseau de drainage constitue l’un des puissants
site la détermination d’un seuil d’un bassin depuis l’amont vers outils de modélisation et d’analyse
correspondant à l’aire minimale l’aval (Bentekhici, 2006). Une fois de données géologiques, hydro-
de drainage et un nombre cumulé classifié, le réseau modélisé est géologiques, géophysiques,
bien déterminé de cellules. Le converti en vecteur. La transition minières… Grâce à ses fonc-

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tions spécifiques, ainsi que son
interface conviviale, il permet
une gestion et une manipulation
plus facile des diverses données
(Trabelsi, 2007).

L’intégration des algorithmes


d’extraction du réseau hydrologique
intéresse la dernière version
(version 15). La modélisation du
drainage passe par les fonctions
2D Flow Map et 3D Flow Diagram.
Le principe consiste à calculer, à
partir d’une grille, les variations des
altitudes entre des cellules vois- Figure 4 : Effet de la valeur des aires de drainage minimales sur la densité du réseau.
ines. Les directions d’écoulement
pointent des zones élevées vers ctérisation morphométrique des hydro coïncide avec la plupart des
les zones basses. Des aires de différentes unités hydrologiques cours d’eau principaux, moyen-
drainage minimales peuvent être (calcul des indices de forme, de nant localement quelques écarts
fixées au début du processus relief, densité de drainage…). d’ordre métrique (figure 5a). Ces
d’extraction en définissant un seuil En effet selon Délusca et Sildor différences peuvent être liées la
de surface amont drainée dont (2000), l’application des outils résolution des données SRTM
dépend la densité du réseau extrait SIG pourrait minimiser la marge (3 secondes d’arc).
(figure 4). Après plusieurs essais d’erreur induite dans le proces-
le seuil adopté dans notre étude sus de délimitation de bassins Le réseau de drainage extrait
est de sept cellules. Les résultats par quelques méthodes comme sous Rockworks 15 montre un
obtenus sont plus conformes au l’interprétation à partir d’une écart planimétrique plus important
réseau de référence. carte topographique ou bien par rapport à la carte de réfé-
l’observation stéréographique de rence (figure 5b). Cependant on
Les différents segments du réseau photographies aériennes. remarque que l’allure générale du
hydrologique extraits à partir du
MNT SRTM sont stockés dans
a b c
la base de données utilities. Les
résultats peuvent être représentés
soit sous la forme d’une carte
de drainage (en 2D) soit sous
la forme d’un diagramme (3D).
D’autres opérations peuvent être
effectuées, telles que le calcul
des aires.

Résultats et discussion Figures 5 : Croisement des


résultats obtenus avec la carte
de drainage de référence.
L’exploitation des données SRTM
a permis l’extraction du réseau
hydrologique. La carte de drain-
age modélisée montre un écoule- Pour valider la méthodologie, réseau de drainage modélisé est
ment qui s’effectue essentielle- nous réalisons un croisement parfaitement concordante avec la
ment vers la mer et secondaire- des résultats obtenus avec le référence numérisée (figure 5c).
ment vers les dépressions ou réseau numérisé à partir d’une
les sebkhas du secteur d’étude carte topographique couvrant le Cette étude a donc permis,
(drainage endoréique). Nous secteur d’étude. On remarque d’une part, de vérifier la fiabilité
procédons ensuite à une cara- que le réseau modélisé sous Arc des résultats et, d’autre part, de

Géomatique ExpertN° 88Septembre-Octobre 2012 15


certains processus, tel que la
délimitation des bassins versants
(Rockworks ne visualise qu’un
seul bassin, celui qui possède
l’aire de drainage la plus impor-
tante).

Conclusion
Des données SRTM qui couvrent
la région du sahel de Sfax sont
intégrées dans un SIG. Nous les
analysons à l’aide des outils Arc
hydro d’ArcGIS et Rockworks 15
afin d’en déduire et de cartogra-
phier un réseau hydrologique. Si
Figure 6 : Représentation en 3D l’outil Rockworks 15 s’avère plus
au moins satisfaisant, l’outil Arc
dégager les principaux avantages manipulation et la représenta- hydro parait plus adapté pour la
et inconvénients des outils utilisés tion tridimensionnelle automa- modélisation hydrologique. Cette
dans le processus d’extraction du tique du réseau de drainage étude a également démontré
réseau hydrologique. (figure 6). Cependant l’outil Arc la précision acceptable des
hydro demande un temps de données SRTM et la possi-
En ce qui concerne le programme calcul beaucoup moins important bilité de les utiliser pour mener
Rockworks, le point fort de cet que celui de Rockworks et offre des études hydrologiques en
outil réside dans la facilité de davantage de souplesse dans Tunisie.  |

Bibliographie
Bentekhici N. (2006). Utilisation d’un SIG pour l’évaluation des caractéristiques physiques d’un bassin versant et leurs influences sur l’écoulement
des eaux (bassin versant d’Oued El Maleh, Nord-Ouest d’Algérie). Conférence francophone ESRI.
Charleux J., Indarto et Payraudeau S. (2000). Méthode de diagnostic de la qualité d’extractiondu réseau hydrographique à partir d’un Modèle
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Charleux J. (2001). Thèse sur la qualité des modèles numériques de terrain pour l’hydrologie Application à la caractérisation des crues, 275
p, université de Marne-la-vallée
Crave, A. (1995). Quantification de l’organisation des réseaux hydrographiques. Thèse, Université de Rennes I, 209 p.
Délusca K. et Sildor E. (2000). Utilisation des systèmes d’informations géographiques dans la caractérisation morphologique des bassins versants
en Haïti : le cas du bassin versant de la ravine balan, nord d’Haïti. Centre d’application en télédétection et SIG, article (rapport technique).
Fossey M. (2008). Étude hydrologique dans le pacifique, une première étape d’une modélisation sous SIG. Rapport technique IDR. Projet GERSA.
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Hingrey B. et al (2009). Hydrologie 2 - Une science pour l’ingénieur, Volume 2. 600 pages.
Jenson S.K, et Domingue J.O. (1998). Extracting topographic structures from digital elevation data for geographic information system analysis.
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Le Pape S. (1998). Analyse et quantification du réseau hydrographique. Mémoire de projet de fin d’étude. E.S.G.T
Louise R. (2007). L’eau, source de conflits. Lex Electronica, vol. 12 n°2.
Maidment D R. (2003). Arc hydro: GIS for water resources, volume1. ESRI, Inc.
Mutin G. (2009). Le Monde arabe face au défi de l’eau Enjeux et Conflits. hal- version 2, novembre 2009
Paget A. et al (2008). La géomatique au service de la caractérisation automatique des réseaux hydrographiques. Physio-Géo - Géographie
Physique et Environnement, 2008, volume II
Rockware (2011). Guide d’utilisation de Rockworks 15.
Trabelsi N. (2007). Contribution d’un SIG à la gestion des ressources en eaux souterraines : cas de la nappe profonde de Sfax, Tunisie.
Géomatique Expert 54.

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