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Article paru dans la revue „Drôle d’époque“ N° 17 (automne 2005)

Pas de printemps pour Beyrouth

Cet article est dédié à la mémoire de l’intellectuel & journaliste Samir Kassir,
plume libre pour un Moyen-Orient démocratique, lâchement assassiné le 2 juin
2005

Un manque de fondations (1)

La République libanaise qui portait en elle, dès sa naissance, les germes


de sa désintégration, était dès l’origine condamnée à une mort lente et
douloureuse :

„Le fait demeure que la République libanaise avait été à l’origine formée
d’un certain nombre de communautés diverses, dont chacune avait une éthique
particulière et une culture propre et pouvait se rappeler sa propre histoire, et
qui chacune historiquement et philosophiquement concevait à sa manière le
Liban. Par essence, ces communiés étaient ce qu’on pourrait appeler des tribus,
et forger une nation à partir d’elles demandait un effort d’imagination qui ne se
manifestait pas toujours, et une forme de hauteur de vues et de desseins dont les
dirigeants du pays étaient rarement capables.“ (2)

Mais encore sous domination ottomane, ses germes étaient déjà présents
au Liban. Dans „Iram, Cité des Hautes Colonnes“, une pièce jouant un après-
midi de l’été 1883, Khalil Gibran, un des précurseurs majeurs de la modernité
arabe et un auteur animé d‘un souffle religieux qui visait ultimement la fraternité
humaine, fait dire à Najib : „si nous faisions abstraction des diverses religions,
nous nous trouverions unis et partagerions une grande foi en une même
religion, dans la fraternité totale.“ (3)

Dans „Origines“, Amin Maalouf retrace le chemin parcouru par sa famille


à travers les âges Dans le cadre de la montagne libanaise, sous domination
ottomane, l’histoire de cette famille se déroule traversant divers conflits :
appartenances et convictions religieuses, famine, révolte et exil. Botros, le
grand-père rebelle et moderniste de l’auteur, est omniprésent dans ce livre. Il
était un homme “des Lumières” qui rêvait de moderniser les pays d’Orient, sans
calquer ceux-ci sur l’Occident et était persuadé que ces pays avaient leurs
propres moyens d’évoluer dans tous les domaines tels que l’enseignement, la
connaissance, la démocratie, la liberté, les droits de la femme. Conformément à
ces convictions, il est resté au village, a tenu tête à l’influence de l’Eglise en
fondant une “école universelle“, non catholique et mixte de surcroît. Il a, par
ailleurs, refusé de baptiser ses enfants, voulant les laisser libres de leur choix,
une fois qu’ils seront adule. Une idée d’autant plus généreuse que les massacres

1
communautaires de 1860 hantaient encore les mémoires. „ Mais au village, ce
fut le scandale des scandales. Que l’on défende une telle opinion dans une
discussion vespérale, passe encore ; mais que l’on aille jusqu’à en tirer ces
conséquences extrêmes, la chose était impensable, inouïe, monstrueuse
presque.„ (4)

Le protectorat français ne changea rien à la structure confessionnelle du


pays des cèdres. La constitution approuvée et mise en place le 26 mai 1926 par
le haut commissaire français après la révolte syrienne s’inspire de la IIIème
République, mais renforce le pouvoir du président. C’est presque
accidentellement que l’article 95 indique l’originalité du système libanais :

„ À titre transitoire et conformément aux dispositions de l’article premier


de la Charte du Mandat et, dans une intention de justice et de concorde, les
communautés seront équitablement représentées dans les emplois publics et
dans la composition du ministère, sans que cela puisse cependant nuire au bien
de l’État.“ (5)

Depuis l’indépendance en 1943, le système politique du Liban avec ses 17


communautés repose sur un pacte national prévoyant un partage du pouvoir
entre communautés. Le président de la République doit être maronite, le Premier
ministre sunnite, le président du parlement chiite et les postes des hauts
fonctionnaires sont attribués par quotas confessionnels. On pensait ainsi éviter
que la confrontation entre deux candidats ne tourne à la confrontation entre deux
communautés. „Une idée astucieuse et sensée, en théorie. Cependant, lorsqu’on
entreprit de l’appliquer à tous les niveaux du pouvoir, de la présidence de la
République au Parlement et à la fonction publique, ce qui est arrivé en réalité,
c’est que chaque poste important est devenu la „propriété“ d’une seule
communauté ! (…) système aberrant, où entre deux candidats à une fonction, on
ne choisissait pas le plus compétent, mais celui dont la communauté „avait
droit“ à ce poste.“ (6)

Mahdî Amil, brillant universitaire marxiste, assassiné en 1987 à Beyrouth


sous le règne des milices chiites et auteur d’un ouvrage de philosophie
politique : „L’État confessionnel. Le cas du Liban“ (7), est encore bien plus
critique. Il démontre que la démocratie confessionnelle libanaise n’existe que
pour la bourgeoisie dominante, que ce système politique est un fascisme
confessionnel qui ne peut préserver sa légitimité et son efficacité que si sa nature
dictatoriale n’est pas dévoilée. Le confessionnalisme est „ une relation politique
déterminée par un mouvement particulier de la lutte de classe selon une forme
déterminée par des conditions historiques propres à une structure sociale
particulière. Dès lors, le confessionnalisme n’existe pas en soi ; il est l’œuvre de
l’État, dans cette structure sociale, selon des circonstances historiques

2
déterminées qui sont elles-mêmes les circonstances propres à la lutte des
classes. „ (8)

De l’aveu même de Michel Chiha, qui contribua à ériger le régime


capitalo-confessionnel de la bourgeoisie libanaise et fut l’éminence grise de
Bichara al Khouri, premier président du Liban indépendant, „ le système
politique libanais est une dictature déguisée “. (9)

Boucs émissaires, violence et ordre social

Les Libanais qui refusent d’admettre et de résoudre leurs propres conflits


les détournent contre les Palestiniens ce qui conduit en 1975 à une guerre civile
qui s’étendra sur 15 ans.
Bien avant l’arrivée de nombreux palestiniens à partir de 1967, le Liban
était secoué par une première crise en 1958, mais la situation de ces réfugiés fait
d’eux les „boucs émissaires“ idéaux. Les maronites ont peur du poids
démographique des palestiniens qui remettrait en cause leur pouvoir sur le Liban
et le fragile équilibre confessionnel. Les chefs et notables traditionnels
garantissaient la domination économique de la bourgeoisie libanaise, dont ils
étaient maintenant devenus les agents politiques. On arrive ainsi à une
séparation entre le politique et l’économique. Ainsi „l’impensé est
l’économique, domaine du sacré selon une pensée magique où la paix des
confessions est la condition de la réalisation du „miracle économique“. Car la
sécurité est le plus grand trésor de ce pays dépourvu de grandes richesses
naturelles ; elle est le „pétrole“ des libanais, selon la formule célèbre du leader
des Phalanges Pierre Gémayel. Mais l’idéologie sécuritaire de cette bourgeoisie
verse facilement dans la recherche de „complots étrangers“et de „boucs
émissaires“, ce qui la pousse facilement à la recherche de solutions de type
militaire et fascisant. Le couple : liberté économique/répression militaire n’est
pas une exclusivité libanaise.“ (10)

René Girard remarque qu’.“À notre époque, en somme, la question du


bouc émissaire se dissimule volontiers derrière les statistiques et les angoisses
spécifiquement modernes que suscite leur gonflement.“ (11)

À coté de celui de bouc émissaire, un autre concept clé de la pensée de


René Girard est celui de mimétisme, dont la violence n’est en fin de compte que
la forme exaspérée. Par l’imitation, qui n’est pas un processus d’harmonie
sociale, l’homme veut s’approprier un objet devenu cause de rivalité, parce que
convoité par plusieurs membres d’un même groupe. Nos désirs naissent donc de
la „mimésis d’appropriation“. Rapidement, l’individu reportera l‘attention qu’il
accordait, dans un premier temps, à l’objet sur son rival qui le convoitait en

3
même temps que lui. Le conflit s’envenimant, l’objet à l’origine de leur dispute
passera pour chacun des deux rivaux au second plan. L’acquisition de l’objet est
supplantée par l’élimination de leur rival. À partir de cet instant-là, la logique de
violence dominera les rapports mimétiques entre les rivaux.

L’objet disputé étant le pouvoir et les rivaux les différentes communautés,


où les grandes familles à l’intérieur d’une même communauté, ce mécanisme est
à l’œuvre dans la guerre civile libanaise. Du coté maronite, les Phalanges (12)
éliminent souvent dans le sang les notables maronites traditionnels. C’est ainsi
qu’en 1978, ils ont mené une opération à Ehden au Liban-Nord contre la famille
Frangieh et en 1980 à Safra contre le clan Chamoun. Coté chiite, le pouvoir à
l’intérieur de la communauté et les fonctions réservées à celle-ci au sein de
l’État étaient aux mains des aristocrates terriens. Ces grandes familles sont
contestées par Amal, émanation politique et militaire du Mouvement des
Déshérités créé par l’Imam Sadr.. Dès le début du conflit, divers partis
politiques sunnites qui se réclament du nassérisme s’arment pour eux aussi
contester l’influence des notables de leur communautés. „ C’est même la logique
de l’affrontement interne qui pousse à l’extrémisme communautaire, et amplifie
en conséquence le contentieux historique entré communautés.“ (13)

Au Liban, „un pays particulièrement vulnérable aux phénomènes de


contagion et de mimétisme„ (14) la guerre civile illustre donc les propos de René
Girard : „ Les rivalités mimétiques débouchent aisément sur la folie et le
meurtre.„ (15). Dans son roman „Les échelles du Levant“, Amin Maalouf
cherche à savoir si cet âge où les hommes de toutes les origines vivaient côte à
côte, dans les échelles du Levant est une réminiscence d’autrefois, ou une
préfiguration de l’avenir ,et met en scène la vie d’un homme qui lutte pour ses
idéaux dans un monde déchiré par la violence et les luttes intercommunautaires.
Son engagement pour la tolérance isolera le héros, puisqu’il semble un “fou”
aux yeux de sa propre société et sera interné dans une clinique modèle à une
quinzaine de kilomètres de Beyrouth. Un des pensionnaires de „ce repaire de
riches aliénés“, devenu meurtrier dans un accès de folie, est décrit comme suit :

Il „avait commencé à avoir, à cette époque-là, un comportement


inquiétant. Non pas violent, (…), mais une sorte de jubilation muette. Chaque
fois que nous parvenait le son d’une fusillade, Sikkine arborait une mine réjouie,
comme s’il venait de recevoir le message codé d’un complice. Ou comme si le
monde extérieure, après l’avoir longtemps maltraité, venait enfin de reconnaître
ses mérites. (…) Quand les combats se sont intensifiés et rapprochés de la
localité où nous nous trouvions, Sikkine est entré dans une sorte d’extase
permanente.„ (16)

4
Dans „L’Épouvantail“ (17) un roman récent deux auteurs libanais – un
professeur d’allemand et un employé de banque – décrivent le Proche-Orient
actuel par la surenchère conséquente de la folie ordinaire. Le 11 septembre
2001, alors que les images de l’attentat du World Trade Center inondent les
écrans télé, leur héros Adam se confectionne un épouvantail, semblable à ceux
du village de son enfance au sud de Beyrouth. Avec cet épouvantail cet orphelin,
qui dans son enfance vit la petite bibliothèque de son village incendiée, parce
qu’elle représentait la culture et le progrès, et qui durant la guerre faisait partie
d’une milice, créé une „République du silence“. et sombre peu à peu dans la
folie.
Qu’arrive-t’il quand l’autorité, représenté par le père et la mère, fait défaut, que
les règles du vivre-ensemble, qui ne semblent faites que d’arbitraire et de
contrainte, sont remplacées par la pure violence ? C’est à ces questions que les
deux auteurs veulent répondre, à la lumière de la guerre civile et des années qui
ont suivi.

Une guerre orwellienne

La guerre du Liban, qualifiée par Georges Corm de „ guerre civile


infinie“ (18) est une guerre orwellienne. Dans „1984“ George Orwell décrit une
dictature atroce dont l'un des objectifs est de maintenir son peuple dans un état
de guerre permanent, non pas pour gagner une guerre mais tout simplement pour
maintenir les structures de sa propre société :

« L'atmosphère sociale est celle d'une cité assiégée dans laquelle la


possession d'un morceau de viande de cheval constitue la différence entre la
richesse et la pauvreté. En même temps, la conscience d'être en guerre, et par
conséquent en danger, fait que la possession de tout le pouvoir par une petite
caste semble être la condition naturelle et inévitable de survie .» Tout cela parce
qu' « une société hiérarchisée n'est possible, nous dit-il, que sur la base de la
pauvreté et l'ignorance. »

C’est une guerre orwellienne car „ elle aide à préserver l'atmosphère mentale
spéciale dont a besoin une société hiérarchisée „. (19)

Dans son „Histoire de Beyrouth“, Samir Kassir, intellectuel et journaliste à


An Naha, quotidien libanais arabophone, donne quelques raisons qui peuvent
expliquer la pérennité d’une société libanaise hiérarchisée : „ Dans la politique
intérieure aussi, le personnel politique au pouvoir, qui ne peut se prévaloir
d’une légitimité incontestable mais se réclame essentiellement de l’appui de la
Syrie, s’est ingénié à ignorer les nécessités d’une réconciliation nationale et
d’un travail collectif de mémoire. Du coup, le confessionnalisme a été plus
présent et pesant qu’il n’a jamais été en temps de paix.“ (20)

5
En se penchant sur la vie culturelle libanaise, il est possible de se faire une
idée de l’atmosphère mentale au pays des cèdres. Aujourd'hui le cinéma libanais
n'existe qu'en dehors du Liban. La liberté d'expression reste le plus gros
problème auquel se heurtent les réalisateurs. Sont particulièrement visées des
séquences qui traitent de trois sujets tabous: le pouvoir, le sexe et la religion.

Avec sa liberté de réflexion et d'expression, „Civilisés“, film réalisé par une


jeune cinéaste libano-française, Randa Chahal Sabbagh, va à l'encontre des
représentations officielles de la guerre civile et a valu à son auteur quelques
sérieux ennuis en son pays en 2000 : la Sûreté libanaise a exigé 47 minutes de
coupe, soit plus de la moitié du film. Civilisées serait attentatoire à l'islam,
pornographique et ordurier... Un jugement couperet qui, dans le climat de mise
au pas des intellectuels et des artistes (affaires Marcel Khalife, Maurice
Béjart...), isolait et exposait la réalisatrice autant à des poursuites judiciaires qu'à
d'éventuelles représailles. Le film, qui se passe durant l'année 1980, dans le
Beyrouth dévasté et déchiré qu'elle a filmé pendant treize ans, aurait dû sortir sur
les écrans en décembre 1999. Après de difficiles négociations et ayant accepté
de bloquer le film pour en retirer quatre dialogues, „Civilisées“ est finalement
sorti en France le 26 avril 2000. Sans la coproduction franco-suisse, ce film
aurait été jeté aux oubliettes. La réalisatrice résume la situation en ces mots :

„ Ceci veut dire que le Liban entre dans une ère de " raidissement ", où l’on ne
me permet plus une certaine liberté d’expression, pas plus que pour un chanteur
de chanter ce qu’il veut ou pour Maurice Béjart de danser comme il en a envie.
On en est là ! " (21)

C e n’est donc que très lentement que le Liban commence à s’interroger sur
la guerre civile et seulement 14 ans après la fin de celle-ci qu’est lancé l’appel
de Beyrouth :

„ Nous savons aujourd'hui que la violence n'entraîne que la destruction et la


mort et que chrétiens et musulmans sont désormais liés par un même destin,
pour le meilleur et pour le pire. Nous pouvons en faire un destin d'ouverture et
d'avenir si nous réhabilitons le modèle de convivialité en le libérant des
pesanteurs communautaires et des querelles politiciennes, si nous comprenons
que l'ouverture à l'autre ne doit pas se limiter au voisinage ou à la simple
coexistence, si nous savons gérer les différences en ayant recours au dialogue et
au compromis et si nous faisons face aux courants extrémistes. Par contre, si
nous restons prisonniers du passé et que nous nous opposons sur les priorités
nationales sans voir leur complémentarité, nous pouvons en faire un destin de
déchéance.“ (22)

6
Dans une atmosphère mentale qui reste donc pratiquement inchangé, la mort
de Rafic Hariri réveille les vieux mécanismes du pays qui reverse dans la
recherche de „complots étrangers“ et de „bouc émissaire“ :

„C'est la guerre de l'ombre qui a tué Rafic Hariri, et déjà les pouvoirs
libanais et syrien invitent à regarder en dehors du couple qu'ils forment, du côté
d'Israël notamment, vieille rengaine, ou même, pourquoi pas? du côté de la
CIA. „ (23)

Pour le Liban le meurtre de Rafic Hariri est le meurtre fondateur qui „a


réellement rassemblé la communauté et mis fin à une crise mimétique
réelle.“ (24) On peut toutefois s’interroger sur la portée politique réelle de ce
meurtre comme le fait le poète Adonis :

„Mais, si l'intégrité politique du Liban et celle de son avenir m'importe, je


dois aussi me poser la question suivante: «Le retrait de la Syrie du Liban et la
découverte des assassins de Hariri suffiront-ils à réparer la défaillance
libanaise? » “ (25)

Par son sacrifice, la victime Rafic Hariri a été rendue sacré et les participants
aux manifestations politiques qui ont culminé le 14 mars, Place des Martyrs
occulte sa véritable personnalité et les questions politiques, économiques et
sociales qui se posent au Liban et aux libanais :

„Homme d’affaires, très impliqué dans le BTP, se disant « ami » de Jacques


Chirac, l’ancien Premier ministre libanais avait également tendance à
confondre ses affaires personnelles et celles du pays. Ainsi, Henri Eddé,
architecte libanais et auteur d’un livre intitulé Rafic Hariri. Le Liban d’où je
viens, dénonce la main mise de la société foncière Solidère sur la reconstruction
du centre-ville de Beyrouth, dévasté par la guerre civile. « Solidère, dont le
principal actionnaire et maître absolu n’était autre que le Premier ministre en
personne, allait prendre possession du centre-ville et s’imposer comme un
véritable État dans l’État. » Le journaliste franco-libanais René Nabaa n’est
guère plus tendre dans son ouvrage Rafic Hariri. Un homme d’affaires Premier
ministre. Pour lui, il s’agissait d’un homme à qui « tout était dû parce qu’il
pouvait tout acheter (...) et qui achètera tout et rien, beaucoup de biens et de
personnes, au mépris de l’histoire de son propre pays.» Faut-il chercher dans
cette collusion entre milieux d’affaires et politique les raisons de l’assassinat de
Rafic Hariri ? “ (26)

Depuis les écrits de Mahdi Amil qui s’est efforcé, par le détour d’Althusser,
de fonder en théorie l’adoption officielle par le Parti Communiste Libanais de la
problématique du mouvement de libération nationale arabe et qui n’oublia pas

7
un seul instant, que la perspective d’un Liban indépendant, uni, démocratique et
ouvert au changement social au profit de ses masses laborieuses, passait
nécessairement par l’abolition du système confessionnel“ (27) son analyse n’a
rien perdu de son actualité.

Elias Atallah, dirigeant de la "Gauche démocratique", est pratiquement le


seul homme politique à poser la question de la laïcité et de la pauvreté. Ce
mouvement laïque né d’une scission du PCL prône des réformes, notamment en
faveur d'un plan d'action politique mettant fin au partage du pouvoir entre les
différentes communautés confessionnelles du pays et le renforcement des droits
des citoyens garantis par l’État. La "Gauche démocratique", plaide pour l'octroi
de droits civils, sociaux et politiques aux quelque 400.000 Palestiniens ayant le
statut de réfugiés au Liban et pour la conclusion d'un accord avec leurs
représentants légitimes pour que l'Etat libanais leur assure la sécurité et
rassemble les armes qu'ils conservent dans la douzaine de camps qui abritent
plus de la moitié d'entre eux.

Pax Americana et tutelle occidentale ?

Ainsi à la lumière des remarques précédentes même l‘application immédiate


de la seule résolution 1559 du Conseil de sécurité voté en septembre 2004 et
demandant la tenue d’une élection présidentielle libre et le retrait des forces
étrangères du Liban, à la demande des États-Unis et de la France ne résoudrait
pas les problèmes dont souffre le Liban.

Une analyse de la politique étrangère amérique montre que de toute façon


celle-ci ne contribuerait guère à la réolution des problèmes de modernisation
auxquelles le Moyen-Orient est confronté.

À la fin de la guerre froide l’Amérique vit pendant une dizaine d’années une
période prospère et optimiste avant de se lancer dans une entreprise néo-
impérialiste, méprisant le droit et les opinions des autres, encore accentuée après
le 11 septembre 2001. Dans ce contexte la guerre d’Irak ne représente que le
premier pas de la démocratisation du monde islamique. Cette stratégie est
largement structurée par les néoconservateurs américains, dont le principal
inspirateur est Léo Strauss (1899-1973). Cet historien de la pensée acclamait la
démocratie, honnissait le libéralisme, et appelait l’Amérique, qu’humanisme et
féminisme devaient selon lui conduire à un hédonisme antinational et
antireligieux, à les séparer rigoureusement.

Dans cette même mouvance, Gertrude Himmelfarb, épouse du parrain


autoproclamé du néoconservatisme Irving Kristal, critique radicalement la
philosophie des Lumières dans son ouvrage « The Roads to Modernity : The

8
British, French and Amecican Enlightments » (Knopf, 2004). Elle y redéfinit les
Lumières en en accordant le crédit à leur version anglaise, incarnée par Burke et
définie par « les vertus sociales de compassion et de religiosité ». À l’inverse,
elle condamne la version française, incarnée par Rousseau et Voltaire, pour son
utopisme, son élitisme, et surtout son athéisme.

Avant de devenir le bras-droit de Condoleezza Rice pour le Moyen-Orient au


sein du Conseil national de sécurité, où il intrigue avec succès pour repousser
aux calendes grecques la promesse faite par Bush aux palestiniens de faciliter la
création de leur État, Élliott Abrams, autre figure emblématique de cette
mouvance, avait mis à profit une traversée du désert consécutive à l’Irangate
pour rédiger son livre « Faith or Fear: How Jews Can Survive in a Christian
America» (Free Press, 1999). Il s’agit à la fois d’une apologie des chrétiens
fondamentalistes, à qui Abrams pardonne facilement leur antisémitisme, et
d’une mise en garde des juifs américains sur le risque de leur disparition par
assimilation. (2 8). Cet ouvrage et son auteur semblent exemplaires pour les
néoconservateurs, influencés par les chrétiens fondamentalistes, qui s’engagent
au profit d’Israël, plus précisément du Likoud de Sharon et Netanyahu, tout en
étant antisémites.

Pour les chrétiens évangélistes fondamentalistes qui prennent une influence


croissante sur la politique des USA, l’Histoire est tendue vers l’avènement du
royaume du Christ. Après le 11 septembre 2001, ils ont retrouvé cette „majorité
morale“, perdu durant les années Clinton, mais pour eux, il y a plus important :
ce n’est qu’une fois qu’une fois qu’Israël et les Lieux Saints seront entièrement
aux mains des juifs, que le Christ reviendra. Cela ne laisse aucune place aux
revendications palestiniennes et explique que ces chrétiens évangélistes versent
annuellement plus d’un milliard de $ US à la droite dure israëlienne, même si
ils pensent qu’à la fin des temps, tous les juifs qui ne reconnaîtront pas le Christ
comme Messie seront tués, car d’après leur lecture de la Bible, Dieu a promis
Israêl aux seuls chrétiens (29)

Il paraît justifier de se demander si la politique américaine au Moyen-Orient,


aussi fortement influencée par les néoconcervateurs opposés à la modernités et
aux Lumières, et aussi ouvertement associée aux fondamentalistes chrétiens, ne
s’avèrera pas contreproductive.

Certains intellectuels, qui militent pour des politiques d’ouverture dans le


monde arabe et islamique, restent très sceptique sur cette vague de
démocratisation initiée par les américains. Ainsi Burhan Ghalioun, professeur de
sociologie politique à Paris 3, auteur en 1997 de „Islam et politique-la modernité
trahie“ et en 2001 l’un des principaux animateurs du Printemps de Damas, qui
récuse toutefois „ le discours selon lequel les peuples arabes seront les grands

9
perdants : s’ils obtiennent ne serait-ce que dix pour cent de leurs droits, ce gain
sera incontestable. Face au discours euro-américain prônant moins de
despotisme dans la région, le comble serait de répondre : « nous sommes
attachés au despotisme et nous ne voulons aucun changement ». Pour autant
cela n’implique pas de reconnaître ce système de tutelle occidentale : il faut
continuer à se battre pour arracher une souveraineté et une véritable
démocratie issues d’un suffrage universel et populaire. “ (30)

Est-il d’ailleurs historiquement justifier de parler de tutelle occidentale quand


il est question de démocratisation ?

Au vu du système politique - on votait, mais on n' élisait pas - qu’elle a


adopté dès la fin du VIe siècle avant J-C et de sa tradition du débat public, la
Grèce est généralement considérée comme le berceau de la démocratie.
Toutefois on oublie un peu vite que les Grecs dialoguaient plutôt avec les
Perses, les Indiens ou les Egyptiens, qu’avec les peuplades établis en Europe
continentale, notamment le long du Rhin et du Danube. C’est avant tout l'Orient
qui fascinait les philosophes grecs.

Au Printemps 334 avant notre ère. Alexandre III, roi de Macédoine et élève
d'Aristote débarque sur les côtes de l'Asie Mineure. avec moins de cinquante
mille hommes C'est le début d'une gigantesque expédition qui durant plus de dix
ans va emmener les Grecs jusqu'en Afghanistan et en Inde, à la conquête de
l'empire Perse. En 323 Alexandre meurt à Babylone, la ville du code
Hammourabi, première trace écrite connue des « droits de l'homme », même si
ce jugement doit être nuancé.

Les quelques 300 paragraphes code d’Hammourabi avaient trait aux relations
sociales, à la morale, à la vie commerciale et à la vie domestique. On y énonçait
des règles sur le service militaire, y compris l’exemption, le commerce des
boissons alcooliques, l’épargne et le prêt, la responsabilité d’un homme envers
sa femme et ses enfants, etc. On y reconnaissait les droits des femmes, ainsi une
épouse négligée pouvait obtenir le divorce. À faute égale, le code prévoyait une
peine plus sévère pour un criminel de classe aisée que pour un homme du
commun. Il faisait ainsi montre d’une certaine compréhension du concept de
justice sociale et était beaucoup moins sévère que la loi primitive, même si la
peine capitale s’appliquait non seulement au meurtre mais également au vol, à
l’adultère, au faux témoignage…

Ce que nous considérons comme l‘héritage grec serait plutôt oriental et l’on
commet donc une erreur historique lorsque l’on rattache rétrospectivement tous
les débats ayant abouti à la définition de la démocratie formulée par les
Lumières à une tradition occidentale. (31) Surtout quand il est question de

10
démocratie, l'opposition Orient-Occident est d'ailleurs aussi artificielle que les
oppositions fondées sur la race. (32) :

„Lorsque au XIIème siècle, le philosophe juif Maïmonide fut contraint


d’émigrer et de quitter une Europe intolérante, il trouva refuge et un havre de
tolérance dans le Monde arabe, et se vit attribuer une position élevée et honorée
à la cour de l’empereur Saladin au Caire. (…).“ (33)

La refondation de l’Orient

„Une sorte de rêve américain sur la terre d’Orient, pour minoritaires


généreux et déboussolés …“, c’est par ces mots qu’Amin Maalouf qualifie ce
que son grand-père et d’autres ont voulu faire au XIXème siècle : „diffuser
autour d’eux les Lumière du savoir afin que l’Orient rattrape l’Occident, et que
l’Empire ottoman devienne un jour un vaste État moderne, puissant, prospère,
vertueux et pluraliste ; un État où tous les citoyens auraient les mêmes droits
fondamentaux, quelles que soient leurs appartenances religieuses ou
ethniques.„ (34)

Dans la modernisation de l’Empire ottoman, dont il est ici question, les


dönmes, (apostats en turc) ou sabbataïstes jouent un rôle important. Sabbataï
Tsevi, un jeune rabbin, qui était né en 1626 à Smyrne, se proclama Messie en
mai 1665, car alors que mysticisme et le messianisme tentent de transformer en
aube de la résurrection les grandes catastrophes vécues par les juifs : expulsion
d’Espagne en 1492, massacres en Pologne et en Ukraine en 1648 les temps sont
mûrs pour le rétablissement du Royaume. Son retentissement fut immense : en
Europe et dans le monde entier les juifs préparaient la liquidation de leurs
affaires pour entamer le grand départ. On annonçait que le Sultan allait lui-
même remettre la couronne à Sabbataï Tsevi. De fait, en septembre 1666, le
Sultan, inquiet, finit par le convoquer pour lui proposer le choix suivant : la
conversion à l'Islam ou la mort. Le faux messie sommé de choisir entre être
décapité et se convertir, a estimé que mieux valait être un musulman vivant
qu’un juif mort.

Beaucoup de ses partisans ressentirent cet acte comme une trahison mais un
groupe d’irréductibles continua à croire en lui et imagina une théorie pour le
justifier : il entrait au sein même de la qelipa pour mieux la combattre. Ses
derniers partisans le suivirent jusque dans l’apostasie en apostasiant à leur tour,
pendant qu’un grand désespoir s’abattait sur les communautés juives. Les
sabbataïstes survécurent à la mort du messie de Smyrne en 1676 et à partir du
XIXe siècle, ils se laïcisent rapidement, envoyant leurs enfants étudier en Suisse
ou en France.

11
Mais les dönmes, nés d’un mouvement messianique du XVIIème siècle, ne
sont pas le seul „vecteur de laïcité et de modernité“ auquel le Liban pourrait
actuellement se référer. Il y aurait également la „Nahda“, mouvement
d'émancipation intellectuelle, né au milieu du XIXème siècle. En défendant
l'arabisme et la modernisation en même temps que la promotion de la langue
arabe, cette renaissance à la fois politique, culturelle et religieuse surmonte la
division entre musulmans et non musulmans et donne ainsi naissance à un
espace culturel qui voit naître les premiers journaux, les premières
encyclopédies, de nouveaux genres littéraires comme le théâtre et le roman.

Dans „Considérations sur le malheur arabe“ Samir Kassir constate que rien,
et notamment leur héritage culturel, ne devrait empêcher les Arabes de reprendre
en mains leur propre histoire, puisque bien avant que les Etats-Unis et la France
ne le fassent des militants et des intellectuels arabes ont réclamé l‘instauration -
ou la restauration de la démocratie. L’auteur constate aussi que „Curieusement,
ces séquences assez récentes sont moins présentes que les pages plus anciennes,
tant dans la perception extérieure des Arabes que dans la représentation qu’ils
se donnent de leur propre histoire. (…) Oubliée est surtout la Nahda, sauf peut-
être chez une élite toujours attachée à l’esprit des lumières. Et pourtant, de
quelles ressources serait aujourd’hui ce travail de mémoire. Sinon pour trouver
des recettes toutes faites propres à faire cesser l’ère du malheur, du moins pour
le réinterpréter comme un moment de l’histoire. Mais aussi et surtout parce que,
sans la reconquête de cette histoire, le rapport des Arabes du XXIe siècle à la
modernité resterait gouverné par le malentendu.“ (35)

Toutefois Samir Kassir, qui était aussi membre de la Gauche démocratique


jetait un regard optimiste sur le Printemps de Beyrouth et voulait „Croire à
l'espoir“:

„ autant le Liban, vu de loin, apparaît partagé par des lignes de fractures


confessionnelles, autant Beyrouth reste une sorte de laboratoire, une sorte de
creuset, où on peut inventer quelque chose. (…) Le modèle beyrouthin de
citadinité est en train de déteindre sur les allégeances communautaires. Il y a
dans la rue des gens, dont moi-même je ne sais pas s’ils sont chiites, sunnites,
druzes ou maronites, qui parlent trois langues à la fois, qui sont complètement
acculturés. Il y a des gens qui s’en désolent, moi je m’en félicite aujourd’hui. Et
ces gens là sont très nombreux dans les rues. (…) Nous avons lancé pendant des
années des thématiques qui semblaient tomber dans l’oreille des sourds.
Aujourd’hui nous les retrouvons dans la rue, nous retrouvons un langage
beaucoup plus modéré, qu’on nous le dit. Nous retrouvons des thématiques très
nuancées, très sophistiquées dans la bouche des gens, et même dans les slogans
qui sont criés par les jeunes dans la rue.“ (36)

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L’espoir auquel il voulait croire est-il mort avec Samir Kassir lâchement
assassiné dans un attentat à la voiture piégée le 2 juin 2005 ? En revenant sur les
élections législatives (29 mai- 20 juin) la crainte semble justifier car leurs
résultats confirment la pérennité des structures mentales et sociales libanaises
déjà largement évoquée. Au sein de la première Assemblée libanaise élue après
le départ des troupes syriennes, auxquelles la droite chrétienne au pouvoir avait
fait appel contre les Palestiniens en 1976, la politique se résumera à un
affrontement entre quatre blocs définis par leur confession et emmenés par leurs
leaders traditionnels, pour la plupart aussi anciens chefs de guerre. Ainsi Michel
Aoun qui, de retour après 15 ans d’exil en France, ne tarda guère à s’allier avec
des personnalités notoirement pro-syriennes et corrompues, qui étaient des
symboles, de ce que l’on appelle un peu trop vite l’ancien régime. Cette alliance
avait d’ailleurs été dénoncé par Samir Kassir. Pour Élias Atallah, le Courant
patriotique libre (CPL) de Michel Aoun est « politiquement responsable » de la
mort du journaliste (37), dont le combat pour la modernité démocratique doit
être poursuivi avec l’optimisme de la volonté, si le Liban veut avoir la moindre
chance d’échapper un jour au « malheur arabe »

(1) Expression emprunté à Alain Ménargues : „Les secrets de la guerre du


Liban – Du coup d’État de Bachir Gémayel aux massacres des camps
palestiniens“, Albin Michel, 2004, page I (avant-propos)
(2) Kamal Salibi : „Histoire du Liban du XVIIème siècle à nos jours“, Éditions
Naufal, 1992, page 318. Du même auteur, voir également : „Une maison aux
nombreuses demeures. L’identité libanaise au creuset de l’histoire.“, Éditions
Naufal, 1989
(3) Khalil Gibran : „Les Dieux de la Terre“ (suivi de „Iram, cité des Hautes
Colonnes“ et de „Lazare et sa bien-aimée“), Éditions Mille et une nuits,
2003, page 43
(4) Amin Maalouf : „Origines“, Grasset, Paris, 2004, page 227
(5) Edmond Rabbath : „La formation historique du Liban politique et
constitutionnel“, publication de l’Université Libanaise, Beyrouth, 1986, page
400 – cité par Henry Laurens : „L’Orient arabe, Arabisme et islamisme de
1798 à 1945“, Armand Colin, Paris, 2000, page 238
(6) Amin Maalouf : „les identités meurtrières“, Éditions Grasset, Paris, 1998,
page 191
(7) Mahdî Amil : „L’État confessionnel. Le cas du Liban“, La Brèche, Paris,
1996
(8) Mahdî Amil : „Sur l’État Confessionel“, Dâr al Farâbi, Beyrouth, 1986, page
97. Cité par Massoud Daher : „Mahdi Amil et le renouvellement théorique :
À propos du confessionnalisme et de l’État Confessionnel au Liban“, in „État
et conflits sociaux dans les sociétés à solidarités plurielles – Le cas du

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Liban – Les apports du philosophe Mahdî Amil“, Cahiers du GREMAMO,
N°6, 1989, page 131
(9) Cité par Massoud Daher, page 153
(10) Fawaz Traboulsi : „la problématique en débat : État/société civile“, in
„État et conflits sociaux dans les sociétés à solidarités plurielles – Le cas du
Liban – Les apports du philosophe Mahdî Amil“, Cahiers du GREMAMO,
N°6, 1989, page 28
(11) René Girard : „Des choses cachées depuis la fondation du monde –
recherches avec J.M. Oughourlian et Guy Lefort“, Grasset, 1978, page 135
(12) Ce mot à connotation franquiste, est la traduction de „Kataëb“ que
donnent les hauts-commissaires français. Le parti Kataëb, qui a toujours
exalté les valeurs du sport, a été créé par Pierre Gemayel, alors capitaine de
l’équipe de foot, à son retour des jeux olympiques de Berlin en 1936, où ce
jeune pharmacien a été séduit par les fastes et la rigueur des organisations
nazis. Sa devise est „Dieu, Famille, Patrie“.
Voir Jacques Nantet : „Pierre Gémayel“, J-C Lattès, Paris, 1986
(13) Georges Corm : „Le Proche-Orient éclaté, 1956-2003“, troisième édition
mise à jour, Gallimard, Paris, 2003, page 424
(14) René Girard : „Des choses cachées depuis la fondation du monde –
recherches avec J.M. Oughourlian et Guy Lefort“, Grasset, 1978, page 104
(15) Albert Saraf : „L’économie libanaise et la crise civile“ in „État et conflits
sociaux dans les sociétés à solidarités plurielles – Le cas du Liban – Les
apports du philosophe Mahdî Amil“, Cahiers du GREMAMO, N°6, 1989,
page 52
(16) Amin Maalouf : „Les échelles du Levant“, Éditions Grasset, 1996, le livre
de poche, pages 237-238
(17) Haidar Safa, Mazen Abdallah : „Die Vogelscheuche“, Suhrkamp Verlag,
Frankfurt am Main 2005
(18) Georges Corm : "Liban : la guerre civile infinie : 1975-1990",
Encyclopédie italienne, 1990.
(19) Georges Orwell : "1984", édition Folio, pages 255, 253 et 265
(20) Samir Kassir : „Histoire de Beyrouth“, Fayard, Paris, 2003, page 641
(21) L’appel de Beyrouth, rendu public le 20 juin 2004 après avoir été
distribué et discuté par environ 2000 personnes appartenant aux différentes
communautés libanaises, www.beirutletter.com
(22) L’humanité, 26 avril 2000
(23) Salah Stétié : „Mort d'un homme, naissance d'un pays“, Nouvel
Observateur N° 2104 - 3/3/2005
(24) René Girard : „Des choses cachées depuis la fondation du monde –
recherches avec J.M. Oughourlian et Guy Lefort“, Grasset, 1978, page 34
(25) Adonis : „La Syrie doit quitter le Liban dès aujourd'hui“, in Nouvel
Observateur Hebdo N° 2105 - 10/3/2005
(26) „Rafic Hariri assassiné“ in L’Humanité du 15/02/2004

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(27) Fawaz Traboulsi in „État et conflits sociaux dans les sociétés à solidarités
plurielles – Le cas du Liban – Les apports du philosophe Mahdî Amil“,
Cahiers du GREMAMO, N°6, 1989, page 26
(28) Voir Ghassan Salamé : « Quand l’Amérique refait le monde », Fayard,
Paris, 2005, plus spécialement le chapitre 2 : « La dérive néoconservatrice »
(29) Voir Barbara Victor : „La Dernière Croisade-Les fous de Dieu version
américaine“, Plon, 2004. Sur le poids du schéma biblique dans la formation
de la société et du nationalisme américain, voir Élise Marienstras : « Nous, le
peuple. Les origines du nationalisme américain », Gallimard, Paris, 1988,
chapitre 20, « Une nation par la foi : citoyenneté, religion civique et
nationalisme »
(30) Entretien avec Burban Ghalioun, opposant syrien, professeur de
sociiologie à Paris 3, mené par Claire Moucharafieh, Pour la Palestine n°45.
- „Islam et politique-la modernité trahie“ a paru aux Éditions La découverte
(31) Amartya Sen : «la Démocratie des autres. Pourquoi la liberté n'est pas une
invention de l'Occident», Payot, 2005. À ce sujet, voir aussi Jack Goody :
„L’Orient en Occident“, Seuil, Paris, 1999. Pour cet anthropologue
britannique l‘Orient et l‘Occident possèdent les mêmes potentialités de
développement et selon les époques l'un fut en avance sur l'autre.
(32) Sur cette opposition voir Georges Corm : „Orient-Occident, la fracture
imaginaire“, Éditions La Découverte, Paris, 2002
(33) Amartya Sen : «la Démocratie des autres. Pourquoi la liberté n'est pas une
invention de l'Occident», Payot, 2005, page 26
(34) Amin Maalouf : „Origines“, Grasset, Paris, 2004, page 129
(35) Samir Kassir : „Considérations sur la malheur arabe“, Actes Sud, 2004,
page 51. Voir aussi plus spécialement les deux chapitres : „Que la modernité
ne fut pas le moment du malheur“ & „Que le malheur ne fut pas le résultat
de la modernité mais de son avortement“
(36) Samir Kassir dans l’émission „Tout arrive!“, par Marc Voinchet, Doria
Zénine, Réalisation : Didier Lagarde, France-Culture, 22 février 2005
(37) „Daily Star“ du 3 juin 2005 : „Opposition slams Aoun following
murder“,article d‘Adnan El-Ghoul

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