Kinésithérapie
dans les sepsis
sur prothèse totale de hanche
C L E S
Fonction
Sepsis
M O T S
Prothèse totale
U
de hanche N patient présentant
un sepsis sur pro-
thèse totale de han-
che consulte souvent
initialement pour
une douleur chroni-
que à la marche. Le descelle-
ment de la prothèse est fré-
quemment évoqué avant que
La kinésithérapie
ne soit diagnostiqué un sepsis.
dans les sepsis sur PTH
est longue et difficile Une prothèse de hanche ne
et s’adapte aux étapes doit pas être douloureuse, si
chirurgicales. elle l’est, c’est un signe d’ap-
pel majeur qui nécessite une
Elle s’intègre dans
démarche diagnostique. Les
le projet thérapeutique infections chroniques sont les
d’un patient
plus fréquentes.
souvent fragilisé
psychologiquement. Le patient doit être orienté
vers une équipe multidiscipli-
naire rodée sur la stratégie
thérapeutique à adopter en
microbiologie, chirurgie et
anesthésie.
L’ablation, puis la repose de la
prothèse après sepsis ne sont
pas sans poser de problèmes de
rééducation aux kinésithéra-
peutes pour récupérer la fonc-
tion de la marche. Pour le
patient, c’est souvent un drame
fonctionnel et un parcours long
et épuisant, tant à cause du trai-
tement médical que des inter-
ventions chirurgicales.
Statistiquement, on prévoit
85 000 poses de prothèses en
France en 2000. “Si on admet
KS n° 408 Février 2001
36
Dominique Goudard*, Mohamed Bekhtaoui**
le taux de 1 % d’infection
postopératoire, il y aura à
traiter 850 nouvelles infec-
tions cette année-là” [1].
Dans la majorité des prothè-
ses infectées, les germes en
cause sont de plus en plus
souvent résistants (staphylo-
coques résistants à la méticil-
line et entérobactéries multi-
résistantes) à plusieurs anti-
biotiques.
● Stratégie
thérapeutique
dans l’infection
osseuse
Physiopathologie
de l’infection
La pose d’une prothèse de
hanche correspond à l’implan-
tation d’un matériel étranger
dans le corps humain. Elle
déclenche des réactions chez
l’hôte : une encapsulisation
progressive lui permettant
d’être tolérée [2].
Dans le cas d’une multiplica-
tion bactérienne à l’interface
os-matériel et en fonction de
leur rapidité et leur pouvoir
pathogène, l’infection peut
être aiguë, retardée ou tar-
dive, bien qu’acquise en per-
opératoire. Lorsque l’implant
relargue des débris de poly-
éthylène ou de métal, une
réaction inflammatoire chro-
nique s’installe à l’interface
des tissus en contact avec le
matériel. Cette réaction induit
un descellement progressif du
matériel et une sensibilisation
osseuse à l’infection.
Les lésions fondamentales
provoquées par la multiplica-
tion bactérienne dans l’os pré-
sentent plusieurs étapes : une
réaction inflammatoire conges-
tive, puis suppurée, se compli-
quant de thromboses vascu-
laires enfin, 10 jours après la
nécrose osseuse. Les séquestres
osseux se trouvent encerclés
par une fibrose qui les isole du
tissu sain.
La réparation tissulaire s’ef-
fectue à partir de la program-
mation de la réaction inflam-
matoire locale qui a pour but
d’éliminer l’agent pathogène,
le corps étranger, les tissus
nécrosés et de réparer le tissu.
La réparation ne peut se faire
que par l’intermédiaire d’un
tissu de bourgeonnement riche-
ment vascularisé qui va tapisser
les structures osseuses excisées.
* Cadre de santé kinésithérapeute.
** Kinésithérapeute.
Service de chirurgie orthopédique du
Pr Lortat-Jacob, Unité Toulouse-Lautrec,
Hôpital Ambroise Paré, Boulogne (92).
Texte issu des 13e Rencontres kinési-
thérapiques de l’AP-HP, 4 mars 2000.
Kinésithérapie dans les sepsis sur prothèse totale de hanche
Dans la réparation tissulaire,
le tissu conjonctif hypervas-
cularisé véhicule les agents de
défense locaux contre l’infec-
tion et les antibiotiques, et
participe à la mise en place de
structures tissulaires vivantes.
La stratégie antibiotique
La stratégie thérapeutique est
essentielle et nécessite une
réflexion multidisciplinaire
entre le microbiologiste, le
chirurgien et l’anesthésiste.
Traitement médical, ablation et
repose de prothèse sont discutés
pour toute infection sur PTH.
Dans les infections chroni-
ques, l’excision chirurgicale
élimine les tissus nécrosés
(l’interface os-ciment), la pro-
thèse totale de hanche infec-
tée et le ciment, elle est asso-
ciée à une antibiothérapie.
Les infections chroniques
sont les plus fréquentes, d’ori-
gine peropératoire, elles ont
un développement lent, de
façon torpide [3].
Le diagnostic bactériologique
est indispensable pour choisir
l’antibiothérapie. Les prélève-
ments sont effectués dans le
site de l’infection par ponction
directe au niveau de la hanche
en préopératoire et en peropé-
ratoire en prélevant des tissus
infectés.
Il faut noter que 30 % des
infections osseuses chroni-
ques sont polymicrobiennes.
L’interprétation des résultats
des prélèvements repose sur
la positivité de plusieurs pré-
lèvements profonds avec le
ou les mêmes germes ayant le
même profil de résistance.
L’antibiothérapie doit être
adaptée aux bactéries respon-
sables de l’infection ainsi
Technique
Pratique
qu’au malade, pendant toute
la durée du traitement.
Le choix de l’antibiothérapie
[4] se fait sur l’antibio-
gramme qui sélectionne les
molécules actives, le pouvoir
bactéricide des associations
d’antibiotiques qui ne doivent
pas sélectionner des mutants
résistants, et la pénétration
osseuse des antibiotiques,
d’où l’intérêt des perfusions
continues à des concentra-
tions sériques importantes
pendant de longues périodes
pour certains patients.
Ceci nécessite une hospitali-
sation de plusieurs semaines.
L’antibiothérapie est lourde,
adaptée à des germes multiré-
sistants : un mois de bithéra-
pie parentérale, suivi d’un
mois de bithérapie orale, puis
une monothérapie orale jus-
qu’au 90e jour.
L’approche chirurgicale
D’après la littérature, 80 % de
résultats sont satisfaisants
dans l’ensemble des pre- ▲ Fig. 1a : La fémorotomie de nettoyage. Séquences techniques (d’après
A. Lortat-Jacob “Prothèses de hanche infectées”. Cahiers d’enseignement
mières reposes de PTH d’ori- de la SOFCOT. Conférence d’enseignement 1998 : pp. 61-81).
gine septique. Nous excluons 1- trochantérotomie ; 2- ablation de la pièce fémorale ;
3- abord transvaste ; 4- fémorotomie frontale ; 5- coupes (ciment en grisé)
dans cette présentation la
dépose et la repose de PTH en
un temps. Nous traiterons la L’opérateur reprend la voie Si le germe est sensible à la
d’abord précédente souvent gentamicine, l’opérateur pose
technique du deux temps opé-
ratoire court ou long. externe. Lors du temps de net- des chapelets de billes à la gen-
toyage, l’opérateur effectue tamicine directement dans la
La tendance va vers une chi- une fémorotomie [6] (valve cavité laissée par l’ablation de
rurgie en deux temps rappro- postérieure avec trait transver- la prothèse (fig. 2). La diffusion
chés (un mois à 6 semaines). sal d’ostéotomie en gardant les d’antibiotiques directement au
Le changement de prothèse insertions musculaires sur la contact de tissus sains favorise
pour infection est une inter- ligne âpre) permettant d’assu- la lutte contre l’infection.
vention majeure, hémorra- rer l’ablation de la prothèse, de
gique et longue, décidée après tous les corps étrangers endo- En cas de perte de substance
un bilan général. médullaires (ciment), et de importante sur le fémur, un
faire un grattage satisfaisant de clou centromédullaire est mis
LE “DEUX TEMPS COURT” l’os (fig.1a). en place permettant de cali-
brer la reconstruction de la
• Le premier temps opératoire Le fémur est refermé avec un pièce fémorale prothétique
[5] correspond à l’ablation de double cerclage. Suite à la lors de la repose.
la prothèse totale, le nettoyage trochantérotomie, le trochan-
de l’interface avec l’os, au ter est abaissé et maintenu par • Le deuxième temps opératoire
niveau du cotyle et du fémur. un cerclage (fig.1b). correspond à la repose de PTH
KS n° 408 Février 2001
37
 Kinésithérapie dans les sepsis sur prothèse totale de hanche
▲ Fig. 1b : La fémorotomie de nettoyage. Séquences techniques (d’après
A. Lortat-Jacob “Prothèses de hanche infectées”. Cahiers d’enseignement
de la SOFCOT. Conférence d’enseignement 1998 : pp. 61-81).
6- nettoyage-ablation du ciment ; 7- aspect en fin de nettoyage ;
8- cerclage
(fig. 3) qui associe une prothèse
cimentée avec reconstruction
par os de banque et croix de
soutien (croix de Kerboull).
L’os de banque est utilisé
pour les pertes de substance
cotyloïdienne obtenue lors de
l’excision nettoyage vue
précédemment. Le comble-
ment s’effectue dans le vide
entre la croix (rôle mécanique
de soutien du fond du cotyle)
et le cotyle osseux.
Le cotyle prothétique est
rétentif pour minimiser le
risque de luxation.
Pour le temps fémoral, il y a
deux possibilités :
38
- soit la perte de substance os-
seuse est peu importante,
l’opérateur pose une prothèse
cimentée à queue longue
dépassant de plus de 5 cm le
trait transversal d’ostéotomie
fémorale (pose rare d’une
prothèse cimentée standard
permettant une désescalade
thérapeutique) ;
- soit la perte de substance
demande une grande recons-
truction fémorale avec greffe
diaphysaire supérieure, l’opé-
rateur utilise une prothèse
sans ciment verrouillée.
Le grand trochanter est fixé
avec des crochets trochanté-
riens vissés.
KS n° 408 Février 2001
▲ Figure 2
LE “DEUX TEMPS LONG”
Dans ce choix thérapeutique,
nous trouvons un premier
type de malades qui viennent
consulter en résection tête et
col depuis plusieurs années et
qui souhaitent une repose de
PTH.
Celle-ci avait été abandonnée
après plusieurs tentatives de
repose suivies de récidives de
sepsis. L’infection de hanche
est guérie, ce qui permet d’en-
visager une intervention.
Le deuxième type de patients
présente des situations infec-
tieuses difficiles, le germe est
résistant à de nombreux anti-
biotiques et que les paramè-
tres biologiques ont du mal à
se régulariser ; de plus, la
cicatrisation après le premier
temps opératoire est longue
avec parfois un écoulement
au niveau de la voie d’abord.
Le patient sera réopéré quel-
ques mois, voire un an après
l’ablation du matériel quand
tout sera rentré dans l’ordre.
Le “deux temps long” est un
choix au cas par cas avec de
grandes variations dans le
▲ Figure 3
type de patients, la difficulté
technique, l’intervalle de
temps entre dépose et repose
de PTH.
1er temps opératoire :
Ablation de la prothèse
Nettoyage de l’interface
cotyloïdienne et fémorale
avec fémorotomie
Trochantérotomie
● Traitement
kinésithérapique
Entre le “2 temps court”
La prise en charge débute dès
J0 lors du retour du patient du
bloc opératoire installé en
traction-suspension (fig. 4).
Le membre inférieur est en
résection tête et col fémoraux.
Cette période de 3 à 4 semaines
aura pour axes thérapeutiques :
la surveillance, l’entretien
musculo-articulaire, le déve-
loppement de l’autonomie du
patient en vue de la repose de
prothèse. Dans ce contexte
infectieux, le patient est placé
en isolement septique.
Il est à noter que le service
n’utilise pas la méthode du
Kinésithérapie dans les sepsis sur prothèse totale de hanche
spacer en ciment acrylique [7]
(espaceur) dans l’espace laissé
par l’ablation de la prothèse,
car son bienfait n’est démontré
ni sur le plan mécanique ni sur
le plan fonctionnel.
De plus, cette méthode est
peu sûre sur le plan infec-
tieux. Le spacer en appui
cotyloïdien est incompatible
avec la fémorotomie. Le
choix de la fémorotomie per-
met un nettoyage parfait. Le
“2 temps court” limite le pré-
judice fonctionnel.
LA REEDUCATION POSTOPERATOIRE
La surveillance de l’installa-
tion du patient ne diffère pas
des tractions-suspensions
habituelles : surveillance des
axes, élingues, poids et du
positionnement du membre
inférieur.
Nous avons constaté que le
pied nécessite souvent la
confection d’une semelle anti-
équin (fig. 5) malgré la réédu-
cation active des releveurs de
cheville.
➢ ➢
▲ Figure 4
Cette semelle est réalisée en
matériau thermoformable
moulé sur le pied avec pose
de gros élastiques servant de
rappels sur l’étrier de la sus-
pension. La hanche n’est pas
mobilisée mais le membre
inférieur opposé est entretenu
par une rééducation active.
Un travail de diffusion vers le
membre inférieur opéré est
effectué ayant pour objectif la
reprise ultérieure de la marche.
Nous nous sommes question-
nés sur l’utilité de mobiliser
le genou dès le début postopé-
ratoire. Les 15 premiers jours,
le patient reste douloureux au
niveau de sa hanche quand le
kinésithérapeute soulage les
poids de la traction pendant la
mobilisation de genou.
L’orientation actuelle est de
reprendre la mobilisation du
genou en flexion une semaine
avant la repose (fig. 6).
L’expérience montre que la
mobilité du genou est retrou-
vée rapidement dans une
angulation fonctionnelle. La
KS n° 408 Février 2001
▲ Figure 5
▲ Figure 6
fragilité osseuse du fémur en
fonction de la perte de sub-
stance osseuse et de la fémoro-
tomie doit être gardée en
mémoire lors de toutes mani-
pulations du patient au cours
des soins ou des mobilisations.
LA DOULEUR
La douleur est prise en charge
d’emblée par le centre anti-
douleur en postopératoire.
C’est un signe d’appel pour
l’ensemble du personnel : au
niveau des appuis fessiers
dans le nursing, de la hanche
(le fémur remonte dans le
bassin quand la traction n’est
pas correctement installée), et
de la tige transtibiale.
La surveillance de la tige
transtibiale prévient le risque
d’arrachement de la tubéro-
sité tibiale antérieure qui reste
rare.
La douleur restera un signe
d’alerte même après la repose
de prothèse quand le malade
sera rentré chez lui. Il faut
rappeler qu’une prothèse de
Technique
Pratique
hanche ne doit pas faire mal
passée la période postopéra-
toire immédiate. Initialement
dans l’infection chronique, le
motif de consultation est
presque toujours la douleur.
Cette surveillance de la dou-
leur fait partie des conseils à
donner au patient lors de sa
sortie.
L’ETAT PSYCHOLOGIQUE
Cet état dépend beaucoup du
chemin thérapeutique par-
couru par le patient depuis la
première pose de prothèse de
hanche.
Cette pose a un but antalgique
et fonctionnel permettant la
continuité voire la reprise
d’activités. La marche est
essentielle dans le projet de
vie du patient. Or, le scénario
est très différent, le patient est
resté douloureux, il peut
même avoir perdu la marche.
L’infection sur prothèse de
hanche est un drame dans la
vie de ce patient. Le traite-
ment médical et chirurgical
39
 Kinésithérapie dans les sepsis sur prothèse totale de hanche
est long et contraignant. De
plus, 20 % des cas de pre-
mière repose de PTH pour
sepsis sont des échecs.
LES MESURES D’HYGIENE
De nombreux patients sont
porteurs de bactéries muti-
résistantes (BMR), confir-
mées lors des prélèvements
peropératoires. La kinésithé-
rapie s’effectue dans le res-
pect des procédures des
patients porteurs de BMR.
La procédure d’isolement sep-
tique [8] est mise en place avec
isolement géographique (signa-
lisation par le logo autocollant
sur la porte de la chambre), et
isolement technique.
La kinésithérapie est considé-
rée comme un soin très conta-
minant. Celui-ci exige un
lavage antiseptique des mains
avant et après le traitement,
une tenue de protection (gants
et surblouse) à éliminer dans
la chambre avant la sortie.
Lors de la mobilisation, le
kinésithérapeute est en contact
direct avec le patient, le panse-
ment, les redons. La contami-
nation est principalement
manuportée et matérioportée.
Il faut donc rester vigilant dans
le nettoyage des coussins et
attelles de positionnement et
leur désinfection.
LA SURVEILLANCE BIOLOGIQUE
ET MICROBIOLOGIQUE
L’indication du traitement
antibiotique et son mode de
réalisation sont discutés de-
vant l’antibiogramme effectué
à partir des prélèvements pro-
fonds peropératoires.
Le malade est surveillé sur la
biologie (VS et CRP) et la
microbiologie (les drains sont
mis en culture tous les 5 jours).
40
La CRP protéine C-réactive
témoigne d’une inflammation
[9]. La courbe de CRP débute
avec les données préopéra-
toires, son suivi témoigne de
l’évolution de l’infection.
La repose de prothèse est pro-
grammée en fonction de deux
critères : la chute de la courbe
postopératoire de CRP et la
négativité des prélèvements
des drains.
2e temps opératoire :
Repose de la PTH
Reconstruction
avec os de banque
Croix de soutien
au niveau du cotyle
Fixation du grand trochanter
par crochet vissé
Après la repose de PTH
dans le “2 temps court”
La rééducation comprend
deux phases, avant et après
l’autorisation d’appui à J45.
J0 A J45
Au cours de la première
phase, il faut garder en
mémoire que le patient a eu
de multiples interventions
osseuses qui ont fragilisé son
capital osseux cotyloïdien et
fémoral.
Le temps de consolidation du
grand trochanter est de 45 jours.
Il faut rester vigilant face au
risque de luxation de la pro-
thèse. Malgré la pose d’un
cotyle rétentif, les excisions
des muscles fessiers entraî-
nent une instabilité de la
hanche lors des changements
de position (passage lit-
fauteuil) et à la marche.
Cette phase de rééducation
doit trouver un compromis
entre la nécessité de retrouver
KS n° 408 Février 2001
▲ Figure 7
une mobilité fonctionnelle
dans les mouvements de la
hanche tout en restant mesuré
vis-à-vis de cet objectif, car
les muscles périarticulaires ne
pourront assurer qu’une stabi-
lité imparfaite.
Nous privilégions la stabilité
par cette mobilité “mesurée”
et un travail actif des muscles
de la hanche.
La hanche est mobilisée en
analytique, en priorité pour
récupérer une flexion de
hanche fonctionnelle (fig. 7)
dans la station assise. Au
début, le kinésithérapeute
obtient difficilement 50° de
flexion en sollicitant le
patient en actif-aidé.
L’objectif de flexion de han-
che est de 70° minimum pour
une mise au fauteuil facile du
patient. Au lit, le patient posi-
tionne souvent son membre
inférieur en rotation externe,
10 à 15° sont tolérables
sachant qu’il doit pouvoir
ramener activement sa hanche
en rotation neutre.
Nous estimons que 10° d’ab-
duction de hanche sont suffi-
sants dans un premier temps
lors de cette mobilisation
analytique.
La rééducation doit demeurer
prudente : pas d’appui, pas
de travail actif contre résis-
tance du moyen fessier, tra-
vail des muscles à distance
par diffusion. Le kinésithéra-
peute peut solliciter le moyen
fessier en douceur, en actif
aidé lors de la mobilisation de
la hanche grâce à la solidité
du montage par crochet vissé.
Le mouvement de flexion de
hanche genou tendu et le
mouvement de soulèvement
du bassin en appui sur les
deux membres inférieurs sont
à proscrire.
Le premier lever s’effectue
environ à J5 avec un béquillage
sans appui. Il est souvent dif-
ficile après cet alitement pro-
longé.
A PARTIR DE J45
Après la repose, l’appui est
autorisé sous couvert de
cannes autant pour la consoli-
dation trochantérienne que
fémorale.
L’appréciation de l’appui dé-
pend de critères radiologiques :
l’aspect du trait transversal de
la fémorotomie qui disparaît
habituellement vers le 90e jour.
Kinésithérapie dans les sepsis sur prothèse totale de hanche
La reprise de l’appui dépend
de la reconstruction osseuse.
Le “2 temps long”
Après l’ablation de la PTH,
les patients sont installés en
traction-suspension comme
dans le “2 temps court” pour
diminuer la douleur en phase
de cicatrisation et garder une
souplesse des muscles de la
hanche. La traction est retirée
3 à 4 semaines après.
Les objectifs de la rééduca-
tion, d’un patient en résection
tête et col [10] pour un long
intervalle de temps, sont d’en-
tretenir la souplesse muscu-
laire de la hanche et de prépa-
rer la reprise de la marche.
Les mobilisations passives
associées à des tractions dans
l’axe du fémur assouplissent
les muscles et les plans cica-
triciels. Cette souplesse mus-
culaire facilitera la récupéra-
tion de la longueur du
membre inférieur lors de la
repose de PTH.
La préparation à la marche
s’effectue à partir d’un travail
en actif aidé du membre dans
la limite de la douleur due au
mouvement de piston du
fémur dans le bassin. Le
genou est plus facilement
mobilisé au fauteuil. Son
amplitude fonctionnelle est
assez rapidement récupérée.
L’entretien du quadriceps
s’effectue de préférence en
isométrique.
Le premier lever a lieu dans
les jours qui suivent l’ablation
de la traction. Le patient est
d’autant plus fatigable que
son taux d’hémoglobine est
bas et que l’alitement a été
prolongé.
La marche avec appui est
autorisée sous couvert de
cannes sachant que le patient
va de lui-même limiter l’ap-
pui en raison de la douleur.
Cette phase de rééducation est
centrée sur le “réapprentis-
sage” de la marche pour per-
mettre un retour à domicile
dans l’attente de la repose de
prothèse.
Les résultats fonctionnels
sont médiocres sur la stabilité
à la marche. Le raccourcis-
sement du membre inférieur
est au minimum de 5 cm.
L’inégalité de longueur des
membres inférieurs est par-
tiellement compensée au
niveau de la chaussure.
Après la repose de PTH, la
mobilité fonctionnelle de la
hanche est obtenue plus diffi-
cilement parce que les tissus
manquent de souplesse. Le
risque de luxation est supé-
rieur à celui d’une première
pose.
L’excision large des tissus
infectés et la difficulté à récu-
pérer un moyen fessier fonc-
tionnel se traduisent par une
légère instabilité à la marche.
Les patients présentent fré-
quemment une petite boiterie
avec bascule du bassin lors
de l’appui monopodal. La
douleur s’estompe progres-
sivement.
Dans certains cas, le rescelle-
ment de prothèse ne peut être
réalisé face à des impossibi-
lités microbiologiques ou
mécaniques avec de grosses
pertes de substance osseuse.
● Conclusion
La kinésithérapie dans les
sepsis sur PTH est longue et
difficile et s’adapte aux étapes
chirurgicales. Elle s’intègre
dans le projet thérapeutique
KS n° 408 Février 2001
d’un patient souvent fragilisé
psychologiquement.
Le traitement antibiotique
s’étend sur plusieurs mois. Les
germes hospitaliers sont de
plus en plus résistants aux
antibiotiques. C’est la préco-
cité du diagnostic et l’orienta-
tion du patient vers une équipe
multidisciplinaire entraînée à
la prise en charge de ce type de
malade qui minimisera les
séquelles fonctionnelles.
Même si le patient retrouve
une autonomie à la marche
tout à fait satisfaisante, il ne
reste pas à l’abri d’une rechute
infectieuse.■
Technique
Pratique
BIBLIOGRAPHIE
1. LORTAT-JACOB A. Prothèses de hanche
infectée. Cahiers d’enseignement de
la SOFCOT. Conférences d’enseigne-
ment 1998 : p. 62.
2. DESPLACES N. Antibiothérapie cura-
tive chez l’adulte en chirurgie ortho-
pédique et traumatologie. Cahiers
d’enseignement de la SOFCOT.
Conférences d’enseignement 1998 :
235-247.
3. VIELPEAU C. Sauvetage thérapeuti-
que. Cahiers d’enseignement de la
SOFCOT 1986 : 161-184.
VIELPEAU C. Chirurgie de la hanche
de l’adulte. Expans. Scient. Franç.,
1994.
4. LORTAT-JACOB A. Technique de
prescription des antibiotiques en
chirurgie orthopédique. Encycl. Méd.
Chir. (Elsevier, Paris), Techniques chi-
rurgicales-Orthopédie-Traumatologie,
44-088, 4 p.
5. LORTAT-JACOB A. Prothèses de hanche
infectées. Cahiers d’enseignement de
la SOFCOT, 1998 : p. 61.
6. CADU C., NOURRISSA G. LORTAT-
JACOB A. La fémorotomie de net-
toyage dans les prothèses de hanche
infectées : à propos de 30 cas. 74e
Réunion annuelle de la SOFCOT, Paris,
novembre 1999.
7. LORTAT-JACOB A. Prothèses de hanche
infectées. Cahiers d’enseignement de
la SOFCOT, 1998 : p. 78-79.
8. Procédure isolement septique BMR.
Unité d’hygiène, Hôpital Ambroise
Paré, avril 1999.
9. LORTAT-JACOB A. Principes de traite-
ment chirurgical de l’infection
osseuse. Infection sur os non solide.
Encycl. Méd. Chir. (Elsevier, Paris),
Techniques chirurgicales-Orthopédie-
Traumatologie, 44-082, 1997 : 22 p.
10. LORTAT-JACOB A, DINH A. Arthrodèse
et résection de hanche. Editions
Techniques. Encycl. Méd. Chir. (Paris-
France), Techniques chirurgicales-
Orthopédie-Traumatologie, 44-670,
1994 : 14 p.
INDEXATION MINITEL :
Orthèses-Prothèses – Rééducation
41