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11-036-F-20

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 11-036-F-20

Troubles du rythme et de la conduction


chez l’enfant
E Villain

Résumé. – La connaissance et le traitement des troubles du rythme de l’enfant se sont développés grâce aux
progrès de la pharmacologie, de la génétique et des méthodes interventionnelles. Les différentes tachycardies
non sinusales sont mieux connues et leur traitement est codifié selon l’âge de l’enfant et l’origine de la
tachycardie. Une meilleure connaissance des traitements médicaux permet de traiter les patients avec plus
d’efficacité et de sécurité, et les troubles du rythme chroniques ou menaçants bénéficient des méthodes
ablatives. Les progrès de la génétique moléculaire ont bouleversé la compréhension des syndromes de QT
long. Enfin, le diagnostic précoce des troubles de la conduction auriculoventriculaire permet de prendre en
charge les enfants dès la naissance et d’éviter les conséquences d’une bradycardie sévère, puisque l’on peut
implanter un stimulateur à tout âge. Nous nous limiterons aux arythmies sur cœur sain, car les séquelles
rythmiques de la chirurgie cardiaque sont très complexes et s’intègrent dans un contexte malformatif
nécessitant une prise en charge très spécialisée.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Introduction : rythme normal Mécanismes des troubles du rythme


de l’enfant cardiaque
Les troubles du rythme cardiaque sont la conséquence d’une
L’interprétation d’un trouble du rythme chez l’enfant doit tenir
anomalie dans la genèse de l’influx ou/et de troubles de la
compte des données concernant le rythme normal. Les
conduction.
enregistrements sur 24 heures (méthode de Holter) réalisés chez des
enfants normaux montrent que la fréquence sinusale s’accélère de la
naissance jusqu’à la fin du premier mois, puis qu’elle décroît ensuite AUTOMATISME CARDIAQUE ANORMAL
à partir du troisième mois. Près de la moitié de cette décroissance Il est caractérisé par la survenue d’une dépolarisation diastolique
est obtenue avant l’âge de 2 ans [44, 45]. Chez le nouveau-né, la spontanée, aboutissant à un potentiel d’action dans des fibres
fréquence maximale est d’environ 170 à 190/min, et la fréquence cardiaques normalement dépourvues d’automatisme. Les
minimale ne descend pas au-dessous de 80/min. Chez le nourrisson, tachycardies par automatisme anormal ont pour caractéristique de
la fréquence maximale lors des cris peut atteindre 220, voire ne pouvoir être ni déclenchées, ni arrêtées par la stimulation. Les
240/min, et la fréquence minimale reste au-dessus de 60/min. tachysystolies atriales (TSA), les tachycardies hisiennes et certaines
L’écart entre le jour et la nuit apparaît à partir du troisième mois. tachycardies ventriculaires relèvent de ce mécanisme.
Chez l’enfant plus grand, le ralentissement est d’environ 10 à
15/min tous les 2 ans jusqu’à 10 ans, puis devient moindre jusqu’à
l’adolescence. La limite supérieure du rythme sinusal à l’activité est ACTIVITÉS DÉCLENCHÉES
de 180 à 200/min et les fréquences minimales peuvent s’abaisser Elles sont toujours précédées d’une activité électrique préalable. Il
jusqu’à 45/min. Au repos, l’accentuation de la variabilité sinusale s’agit de dépolarisations anormales se présentant sous la forme
est banale au-delà de 8 à 10 ans. Les pauses sinusales nocturnes d’oscillations faisant suite à un potentiel d’action et appelées, par
n’excèdent pas 1 800 ms. référence à ce dernier, postdépolarisations précoces ou tardives [1].
La constatation d’extrasystoles, atriales ou ventriculaires, est rare Ces oscillations peuvent atteindre un potentiel seuil initiant la
chez le nouveau-né et le nourrisson. Elles sont habituellement dépolarisation de la cellule et déclencher ainsi une réponse
propagée.
bénignes et régressent dans les premiers mois de vie. Chez l’enfant
normal, on observe parfois des extrasystoles ventriculaires qui sont – Les postdépolarisations précoces apparaissent à la fin de la phase
considérées comme bénignes lorsqu’elles sont toutes identiques, de plateau du potentiel d’action (fig 1). Les activités déclenchées
isolées, et qu’elles disparaissent à l’effort. induites par ces postdépolarisations précoces apparaissent pour des
Les troubles de la conduction auriculoventriculaire sont fréquences basses. On pense que les torsades de pointes sont liées à
exceptionnels chez le nourrisson normal. Chez l’enfant, on peut de telles activités déclenchées.
observer sur les tracés nocturnes des aspects de PR long, voire des – Les postdépolarisations tardives apparaissent après la
périodes de Wenckebach. repolarisation (fig 1) et sont favorisées par l’élévation de la
concentration intracellulaire de calcium et des catécholamines
circulantes. Certaines tachycardies ventriculaires sont dues à des
Elisabeth Villain : Praticien hospitalier, service de cardiologie pédiatrique, département de pédiatrie, groupe
activités déclenchées induites par ces postdépolarisations tardives.
hospitalier Necker - Enfants malades, 149, rue de Sèvres, 75743 Paris cedex 15, France. On les observe aussi en cas d’intoxication digitalique.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Villain E. Troubles du rythme et de la conduction chez l’enfant. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Pédiatrie,
4-071-A-70, Cardiologie, 11-036-F-20, 2000, 12 p.
11-036-F-20 Troubles du rythme et de la conduction chez l’enfant Cardiologie

1 Mécanismes des troubles du rythme.


A, B. Mécanisme de réentrée. L’influx bloque
sur une des voies de conduction (grisée) qui
est ensuite empruntée de façon rétrograde,
amorçant ainsi le circuit.
C. Réentrée sur voie accessoire.
D. Réentrée intranodale.
E. Postdépolarisations tardives.
F. Postdépolarisations précoces.
E
A B

C D F

PHÉNOMÈNE DE RÉENTRÉE auriculoventriculaire (BAV) transitoire. Chez le nouveau-né, la


Les phénomènes de réentrée le long d’un circuit impliquent la méthode non invasive la plus efficace pour stimuler le tonus vagal
présence de deux voies de conduction possibles pour l’influx est l’application d’une vessie de glace sur le visage durant
électrique. Un bloc unidirectionnel sur une des voies (fig 1) est 10 secondes. Chez l’enfant plus grand, on a recours au réflexe
l’élément initiateur de la réentrée ; l’influx progresse alors le long de oculocardiaque. En milieu hospitalier, le test à l’adénosine
l’autre voie, dans laquelle la conduction doit être suffisamment lente triphosphate (ATP) (Striadynet) est le plus utilisé pour identifier
pour qu’il puisse ensuite emprunter dans le sens rétrograde la l’origine des TSV. L’injection se fait par voie intraveineuse rapide, à
première voie de conduction, devenue perméable. Le circuit est ainsi la dose de 0,5 à 2 mg/kg, répétable, l’estomac ayant été vidé. Il est
amorcé et l’influx circule de façon circulaire entre les deux voies de préférable de préparer également une seringue d’atropine en cas de
conduction. La plupart des tachycardies de l’enfant sont des pause cardiaque prolongée lors du BAV induit par l’ATP.
réentrées : les tachycardies jonctionnelles réciproques et le flutter
obéissent à ce mécanisme. TACHYCARDIES JONCTIONNELLES PAR RÉENTRÉE

¶ Réentrées du nouveau-né et du nourrisson


Tachycardies supraventriculaires
Les tachycardies jonctionnelles par réentrée ou rythme réciproque
Les tachycardies supraventriculaires (TSV) sont les troubles du représentent 70 % des TSV néonatales. Elles sont plus fréquentes
rythme pédiatriques les plus fréquents, et s’observent surtout au chez les garçons et une cardiopathie est présente dans 10 à 15 % des
cours des premiers mois de vie. Même très rapides, supérieures à cas. Ces tachycardies obéissent à un mécanisme de réentrée dont le
300/min, les tachycardies néonatales peuvent bénéficier d’une bonne circuit est variable. Dans la plupart des cas, la voie de conduction
tolérance initiale et le diagnostic repose dans ces cas sur normale nodohisienne est empruntée dans le sens antérograde, des
l’auscultation systématique des nouveau-nés. Ultérieurement, la oreillettes vers les ventricules, et un faisceau de conduction
persistance de la tachycardie a pour conséquence l’épuisement accessoire, appelé faisceau de Kent, ramène l’influx à son point de
ischémique du ventricule gauche et une défaillance cardiaque plus départ. Il existe également des réentrées à l’intérieur du nœud
ou moins sévère. auriculoventriculaire appelées réentrées intranodales (fig 1).
L’ECG de surface montre une tachycardie à QRS fins, entre 250 et
Par définition, les TSV naissent au-dessus de la bifurcation du
320/min, comportant autant d’ondes P’ que de QRS. On ne voit
faisceau de His. Sur l’électrocardiogramme (ECG) de surface, ces
jamais de BAV ni de dissociation auriculoventriculaire.
tachycardies se caractérisent donc par des complexes QRS fins,
inférieurs à 80 ms. Le diagnostic de l’origine de la tachycardie repose Les manœuvres vagales entraînent l’arrêt brutal de la crise dans
sur l’identification des auriculogrammes P’ et sur l’analyse de la 80 % des cas, en bloquant le circuit de réentrée dans le nœud
liaison entre les ondes P’ et les complexes ventriculaires QRS (fig 2). auriculoventriculaire (fig 3). Lorsque le circuit n’est pas interrompu,
la tachycardie n’est pas modifiée : c’est la loi du tout ou rien. La
Lorsque l’ECG montre autant d’ondes P’ que de complexes QRS, ou
cardioversion n’a d’intérêt qu’en cas d’échec des manœuvres
quand on ne voit pas bien les auriculogrammes, il est nécessaire de
vagales, pour arrêter une TSV menaçant les fonctions vitales. Il est
recourir à des manœuvres vagomimétiques qui créent un bloc
alors important de ne pas dépasser 1 à 3 J/kg. L’injection par voie
intraveineuse de vérapamil ou d’amiodarone est formellement
Identification des auriculogrammes P' contre-indiquée chez les nouveau-nés, en raison du risque de
collapsus cardiovasculaire irréversible [24].
(spontanés ou manœuvres vagales)
Dans la moitié des cas environ, l’ECG en rythme sinusal inscrit une
préexcitation ventriculaire, avec PR court et onde delta, indiquant
que la voie accessoire est également perméable dans le sens
antérograde (syndrome de Wolff-Parkinson-White [WPW]).
P > QRS P = QRS P < QRS (ou dissociation)
- tachycardie atriale - réentrée jonctionnelle Tachycardie hisienne En l’absence de traitement d’entretien, les récidives sont fréquentes
- flutter - voie accessoire au cours de la première année [9]. Classiquement, le traitement repose
- tachysystolie - réentrée intranodale sur la digoxine per os, à des doses variant avec le poids de l’enfant
- tachycardie atriale chaotique
(tableau I). Cependant, un travail récent concernant 141 nourrissons
2 Diagnostic de l’origine d’une tachycardie supraventriculaire (TSV). de moins de 1 an a montré que la digoxine n’avait été efficace que

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Cardiologie Troubles du rythme et de la conduction chez l’enfant 11-036-F-20

¶ Tachycardies par réentrée chez l’enfant


Les accès de tachycardie débutent parfois plus tardivement dans
l’enfance. La décision de donner un traitement médical préventif
journalier dépend alors de la fréquence des crises, des facteurs
déclenchants éventuels (stress, effort) et de la tolérance clinique. Une
amélioration spontanée avec l’âge peut s’observer. Les formes
A chroniques et invalidantes bénéficient des méthodes ablatives chez
les enfants les plus âgés.

¶ Tachycardie jonctionnelle réciproque permanente


Ce trouble du rythme, qui peut survenir à tout âge, est chronique et
difficile à traiter. Il s’agit d’une réentrée entre la voie
atrioventriculaire normale, empruntée dans le sens antérograde, et
une voie accessoire qui n’est perméable que dans le sens rétrograde,
conduit lentement l’influx et émerge à l’orifice du sinus coronaire.
Ce trouble du rythme se reconnaît sur l’ECG de surface : les ondes
P’ rétrogrades sont éloignées du QRS précédent (QRS-P’ long) et
sont négatives dans les dérivations inférieures DII, DIII et aVF (fig 3).
Les manœuvres vagales confirment le diagnostic, car elles
interrompent transitoirement le circuit ou n’ont aucun effet. Chez le
grand enfant, ce trouble du rythme est souvent peu rapide car la
voie accessoire n’est pas très perméable ; la « tachycardie » peut
alors passer inaperçue et ces enfants sont hospitalisés tardivement,
en défaillance cardiaque et avec une altération myocardique sévère.
Dans d’autres cas, la TSV évolue par accès paroxystiques, d’où la
B règle de faire systématiquement un Holter devant une
3 Tachycardie supraventriculaire (TSV) du nouveau-né et du nourrisson. Électro- myocardiopathie inexpliquée de l’enfant, car le traitement du trouble
cardiogramme en 25 mm/s. du rythme permet la guérison totale. Le traitement repose
A. Tachycardie à QRS fins, à 280/min avec des ondes P difficiles à identifier. L’in- essentiellement sur l’amiodarone. Lorsque la TSV ne disparaît pas
jection de Striadynet « casse » la tachycardie (flèche) avec retour en rythme sinu- avec l’âge, l’ablation par radiofréquence donne d’excellents résultats
sal. Il s’agit donc d’une TSV par réentrée jonctionnelle.
B. Tachycardie jonctionnelle réciproque permanente. TSV avec QRS-P’ long
[27, 41]
.
et ondes P rétrogrades négatives en DII, DIII et VF.
¶ Syndrome de Wolff-Parkinson-White
Le syndrome de WPW se définit par la présence d’une voie
dans 65 % des cas [51]. En outre, trois nouveau-nés, dont deux avaient
accessoire (faisceau de Kent) auriculoventriculaire, court-circuitant
un syndrome de WPW, ont eu une fibrillation ventriculaire en début
la voie de conduction normale. En rythme sinusal normal, l’influx
de traitement. électrique circule simultanément dans la voie nodohisienne et dans
L’amiodarone par voie orale (tableau I) s’est en revanche révélée la voie accessoire (dépourvue du frein vagal), si bien qu’un des
efficace (97 % de succès) avec des effets secondaires exceptionnels, ventricules est activé avant l’autre. Il est résulte un aspect de
sous couvert d’une surveillance thyroïdienne [13]. Suite à cette étude, préexcitation avec PR court et onde delta sur l’ECG de surface (fig 4).
la prévention des récidives des TSV du nourrisson dans notre Le syndrome de WPW peut se révéler par des accès de TSV par
département est désormais assurée par l’amiodarone. En cas d’échec, réentrée. Durant ces accès, la voie normale est empruntée des
on y associe la digoxine ou les bêtabloquants. En cas d’utilisation de oreillettes vers les ventricules, et la voie accessoire exclusivement
la digoxine chez les nouveau-nés de moins de 3 kg, de plus faibles dans le sens rétrograde, si bien que les QRS sont fins. On traite par
doses et un contrôle de la digoxinémie sont recommandés. Le l’amiodarone les nourrissons de moins de 1 an et la préexcitation
traitement doit être maintenu entre 9 mois et 1 an. Les récidives disparaît souvent durant cette période [9]. Un traitement préventif
après sevrage sont rares. est également indiqué chez les grands enfants ayant des accès de

Tableau I. – Utilisation des antiarythmiques cités dans le texte.

Nom commun Nom de spécialité Posologie orale journalière Précautions, surveillance


Digitaliques Digoxinet < 3 kg : 15 µg/kg Diminuer la dose si :
3-6 kg : 20 µg/kg - défaillance cardiaque
6-12 kg : 15 µg/kg - association avec amiodarone
12-24 kg : 10 µg/kg
> 24 kg : 7 µg/kg

Bêtabloquants
- propranolol Avlocardylt 3-5 mg/kg (trois ou quatre prises) Surveillance de la conduction auriculoventriculaire
- nadolol Corgardt 50 mg/m2 (deux prises)
- sotalol Sotalext 100 à 200 mg/m2 Surveillance QT
2
Amiodarone Cordaronet Dose de charge : 500 mg/m /j (10 jours) Surveillance de la thyroïde, de la peau
Dose d’entretien : 250 mg/m2/j Radiographie du thorax
ECG (mesure QT)

Propafénone Rythmolt 300 mg/m2/j ECG (PR et QRS larges)


Enzymes hépatiques
Flécaïnide Flécaïnet 3 à 7 mg/kg/j ECG (mesure QT), flécaïninémie

ECG : électrocardiogramme.

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C
4 Syndrome de Wolff-Parkinson-
White.
A. Électrocardiogramme en rythme
sinusal, avec PR court et onde delta
sur les ventriculogrammes.
B. Fibrillation atriale conduite par la
voie accessoire. Les complexes QRS
ont une morphologie variable et l’es-
pace RR le plus court correspond à
une fréquence ventriculaire de
300/min.
C. Investigation transœsophagienne.
On voit le passage d’un QRS préex-
cité (onde delta) à un QRS fin (points
A noirs), lorsque la conduction auricu-
loventriculaire est bloquée dans la 5 Réduction d’un flutter néonatal par stimulation œsophagienne.
voie accessoire et se fait exclusive- A. Flutter atrial, bloqué 2/1 vers les ventricules.
ment par la voie nodohisienne. B. Bloc auriculoventriculaire induit par la Striadynet, démasquant les ondes de
flutter.
C. Stimulation atriale très rapide, en « rafale », suivie du retour en rythme
TSV fréquents et/ou mal supportés. Le choix du traitement dépend
sinusal.
des circonstances de survenue des crises, de l’âge de l’enfant et des
caractéristiques électriques de la voie accessoire. Il repose sur les
antiarythmiques et sur l’ablation par radiofréquence, recommandée cardiaque et consiste à appliquer sur la zone à détruire, grâce à une
chez les plus grands en cas d’échec du traitement médical, de non- électrode spéciale et durant 20 à 60 secondes, un courant électrique
observance du traitement, ou de voie accessoire potentiellement dont la fréquence est de l’ordre de 500 kHz. Le tissu au contact du
« dangereuse ». cathéter est « chauffé » et la lésion thermique réalisée est
En effet, toute la gravité du syndrome de WPW tient au risque de proportionnelle à la surface de contact entre l’électrode et le tissu
syncope, voire de mort subite, auquel sont exposés les patients. Ces myocardique. Il est donc indispensable que l’application du courant
accidents surviennent souvent à l’effort et sont la conséquence de la de radiofréquence se fasse très exactement sur la zone myocardique
conduction très rapide vers les ventricules d’un trouble du rythme générant le trouble du rythme. Ce procédé a une efficacité
d’origine atriale (fibrillation) à travers une voie accessoire très supérieure à 95 % pour supprimer les voies accessoires et les
perméable, court-circuitant le nœud auriculoventriculaire (fig 4). complications sont rares [ 4 6 , 6 2 ] . Cependant, dans certaines
Cette complication est rare, mais elle peut survenir chez tous les localisations, l’ablation peut se compliquer de BAV ou de lésions
patients ayant un syndrome de WPW, même s’ils sont coronariennes. Sur des modèles de jeunes animaux, on a également
asymptomatiques [34, 37, 38]. Chez les grands enfants, en pratique vers observé une extension de certaines lésions cicatricielles au prorata
l’âge de 10 ans, on teste donc systématiquement la perméabilité de la croissance. Les techniques d’ablation restent donc pour
antérograde de la voie accessoire de façon à estimer s’il existe un l’instant réservées aux enfants les plus grands. Chez le nourrisson,
risque de syncope. La disparition de la préexcitation lors de les TSV ont un excellent pronostic et disparaissent souvent
l’épreuve d’effort est en principe un élément rassurant. On réalise spontanément, si bien qu’il n’y a aucune indication d’ablation.
aussi une investigation par voie transœsophagienne, qui consiste à
stimuler l’oreillette à fréquence croissante et à essayer de déclencher
une fibrillation atriale (fig 4). On considère comme potentiellement TROUBLES DU RYTHME ATRIAL
« dangereuses » les voies accessoires capables de conduire l’influx Le diagnostic de l’origine atriale d’une TSV se fait sur l’ECG de
vers les ventricules à une fréquence supérieure à 280/min, lors de la surface qui montre plus d’ondes P’ que de QRS, soit spontanément,
stimulation atriale ou surtout lors d’une fibrillation atriale soit à la faveur d’une manœuvre vagale.
déclenchée [ 2 , 3 9 , 6 6 ] . On recommande alors l’ablation par
radiofréquence de la voie accessoire. Chez les enfants les plus jeunes, ¶ Flutter atrial néonatal
il est caractéristique de trouver des faisceaux de Kent très
perméables, sans que l’on puisse déclencher de trouble du rythme Le flutter est un trouble du rythme fréquent, survenant chez des
atrial, ce qui explique vraisemblablement la rareté des syncopes à nouveau-nés ayant un cœur normal. Sur l’ECG, le flutter se
cet âge [50]. caractérise par des ondes P en « dents de scie » (ondes F), sans retour
à la ligne isoélectrique. La fréquence atriale est très rapide, environ
¶ Ablation par radiofréquence 400/min, et la conduction vers les ventricules se fait habituellement
en 2/1, si bien que la tolérance clinique est initialement bonne (fig 5).
Elle permet de guérir définitivement les enfants ayant une TSV Lorsque les ondes de flutter sont mal dégagées, l’origine de la TSV
chronique ou un syndrome de WPW menaçant [46]. est facile à mettre en évidence grâce aux manœuvres vagales (fig 5).
Cette méthode consiste à détruire les structures myocardiques Le flutter est une réentrée, dont la réduction peut être obtenue par
responsables des troubles du rythme, voie accessoire ou foyer stimulation atriale rapide. Comme la proximité anatomique de
d’automatisme. L’ablation est réalisée lors d’un cathétérisme l’oreillette gauche et de l’œsophage permet de stimuler l’oreillette

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Cardiologie Troubles du rythme et de la conduction chez l’enfant 11-036-F-20

B
6 Tachysystolie atriale.
A. Tachycardie supraventriculaire à 160/min dont les ondes P sont masquées dans
la repolarisation ventriculaire (PR long). 7 Tachycardie atriale chaotique néonatale. L’activité atriale est irrégulière, polymor-
B. Échocardiographie du même patient montrant une myocardiopathie dilatée très phe et instable. Alternance de flutter (A), d’extrasystoles atriales (B), d’accès de tachy-
sévère. systolie atriale avec bloc de branche intermittent (C).

par voie transœsophagienne [30], cette méthode est devenue le mode


électif de réduction du flutter néonatal (fig 5). En cas d’échec, la
stimulation endocavitaire est presque constamment efficace. Si on
ne dispose pas du matériel de stimulation, la digoxine seule ou
associée à l’amiodarone est efficace, mais d’action lente. En cas de
détresse circulatoire liée à la conduction rapide du flutter vers les
ventricules, il faut donc faire un choc électrique. Après retour en
rythme sinusal, le traitement d’entretien est la digoxine durant
6 mois et les enfants sont définitivement guéris [35].
8 Tachycardie hisienne. La fréquence ventriculaire est à 166 battements par minute
(bpm) et on voit une activité atriale dissociée et plus lente (P), à 150 bpm.
¶ Tachysystolies atriales
Les TSA sont dues à l’automaticité anormale d’un foyer ectopique TACHYCARDIES HISIENNES
auriculaire. Dans les cas simples, il y a plus d’ondes P’ que de QRS Ce sont les plus rares des TSV du nourrisson, mais les plus graves,
et leur morphologie est différente de l’onde P sinusale. Le diagnostic car elles peuvent évoluer vers la défaillance cardiaque et la mort en
est plus difficile lorsque l’auriculogramme a la morphologie d’une l’absence de traitement ralentisseur. Ces tachycardies sont liées à
onde P normale, car ces TSA ressemblent alors à des tachycardies l’activité d’un foyer ectopique situé dans le tronc du faisceau de
sinusales, en particulier chez les enfants en défaillance cardiaque [52]. His, dont la fréquence est le plus souvent comprise entre 150 et
L’attention doit être attirée par un espace PR un peu long compte 280/min. Dans les formes les plus typiques, l’ECG montre une
tenu de la fréquence rapide (fig 6) et les manœuvres vagales sont tachycardie à QRS fins avec dissociation auriculoventriculaire et
très utiles pour démasquer les ondes P’ en créant un BAV transitoire. complexes de capture (fig 8). Dans les cas avec conduction
Les enregistrements Holter peuvent également montrer des passages ventriculoatriale 1/1, l’injection de Striadynet conduit au diagnostic
en bloc ou des variations trop brutales de la fréquence cardiaque [18]. en créant un bloc rétrograde (QRS > p’). Les chocs électriques n’ont
Ces tachycardies sont difficiles à traiter et la digoxine a peu d’effet. habituellement pas d’effet, car le foyer reprend immédiatement son
Les bêtabloquants, seuls ou associés à l’amiodarone, sont plus activité. L’amiodarone est le traitement le plus efficace des
efficaces, de même que les agents de la classe IC (flécaïnide et tachycardies hisiennes ; il ne réduit pas le trouble du rythme mais
propafénone). À long terme, le pronostic de ces TSA de l’enfant est ralentit la fréquence du foyer d’automatisme jusqu’à ce que le sinus
excellent. La myocardiopathie régresse toujours et les foyers reprenne la commande de l’activité électrique du cœur, parfois après
ectopiques finissent par disparaître avec la croissance [5, 52, 63]. Nous plusieurs années, ce qui permet alors le sevrage thérapeutique [61].
pensons donc que ces TSA ne constituent pas une indication D’autres agents, tels que la flécaïnide et la propafénone, sont
d’ablation par radiofréquence [26]. efficaces, mais d’un maniement plus difficile chez le jeune enfant.

¶ Tachycardie atriale chaotique


Troubles du rythme ventriculaire
Cette tachycardie s’observe exclusivement chez les nourrissons et
son diagnostic est très facile, en raison du polymorphisme de Chez l’enfant, les troubles du rythme ventriculaire sont beaucoup
l’activation atriale (fig 7). Sur l’ECG de surface, on voit de multiples plus rares que les TSV et leur pronostic dépend du terrain sur lequel
foyers d’activation atriale, avec des aspects de bloc de branche et ils surviennent (cœur normal, myocardiopathie), du caractère plus
des ondes P bloquées. Des passages en flutter et en fibrillation sont ou moins organisé de l’activité ventriculaire et de leur étiologie.
souvent visibles. Les formes rapides sont traitées par la digoxine Devant un malaise ou une syncope d’effort, il faut toujours penser à
et/ou l’amiodarone, et la guérison définitive est la règle après 12 à rechercher un syndrome de QT long congénital et une tachycardie
18 mois de traitement [11]. ventriculaire (TV) catécholergique (tableau II).

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11-036-F-20 Troubles du rythme et de la conduction chez l’enfant Cardiologie

de collapsus, sans jamais dépasser une intensité d’énergie de 1 à


Tableau II. – Malaises et syncopes de l’enfant. 3 J/kg. Chez les enfants qui vont bien, des épisodes prolongés de
Chaleur, foule, TV rapide peuvent entraîner une détérioration hémodynamique et
Circonstances Exercice, baignade il est donc conseillé de traiter ceux qui ont une TV permanente. Les
station debout
bêtabloquants sont efficaces chez les patients dont les accès sont
Prodromes Vertiges, scotomes visuels,
Non déclenchés par l’accélération sinusale. Pour les autres, l’amiodarone
nausées, chaleur...
a le mérite de ralentir constamment la fréquence de la TV et d’être
Blessure Oui, traumatisme
Rare
de la face
bien tolérée. L’alternative est de laisser ces enfants sans traitement,
mais cette attitude nécessite une surveillance très étroite. Le
Durée < 1 min > 1 min pronostic est excellent puisque le trouble du rythme s’éteint en règle
Convulsions Rares Oui spontanément avant 1 an [47, 55].
Risque vital Non Mort subite
¶ Tachycardies ventriculaires « idiopathiques »
Étiologie Malaise vasovagal QT long, BAV, WPW du nourrisson
BAV : bloc auriculoventriculaire ; WPW : syndrome de Wolff-Parkinson-White. Les TV du nourrisson surviennent de manière sélective entre 6 et
18 mois et se révèlent volontiers par des signes de défaillance
cardiaque. La fréquence ventriculaire varie entre 160 et 300/min,
d’où le caractère parfois retardé du diagnostic dans les formes peu
rapides. L’échocardiographie montre des structures cardiaques
normales, mais il existe fréquemment une myocardiopathie sévère,
conséquence de la tachycardie chronique. Quand le pronostic vital
A est immédiatement engagé, on peut avoir recours au choc électrique
externe, en sachant qu’il est inefficace quand ces TV sont la
conséquence d’automatismes anormaux. Le traitement le plus
efficace et le moins dangereux est l’amiodarone par voie orale, que
l’on utilise à des doses d’attaque parfois très élevées (500 à
2 000 mg/m2). En cas de myocardiopathie sévère, on prescrit une
héparinothérapie intraveineuse, à poursuivre jusqu’à amélioration
B de la contraction ventriculaire.
9 Tachycardie ventriculaire (TV) monomorphe. Le caractère « idiopathique» de la TV doit être vérifié, en éliminant
A. TV avec QRS larges et complexes de capture (C). FV : fréquence ventriculaire. les troubles métaboliques, les tumeurs macroscopiques
B. Tracé de Holter montrant le début d’un accès de TV chez un nouveau-né. intracardiaques et les myocardiopathies. Certains ont incriminé dans
TACHYCARDIES VENTRICULAIRES MONOMORPHES
la genèse de ces TV des tumeurs ventriculaires microscopiques
accessibles à la chirurgie d’exérèse [16]. Il n’est pas exclu que certaines
On définit comme TV une suite d’au moins trois complexes QRS TV soient effectivement secondaires à de tels hamartomes
d’origine ventriculaire. Le diagnostic repose sur l’ECG 12 dérivations myocardiques et guérissent sous l’effet du traitement médical, grâce
qui montre une tachycardie à QRS larges et surtout différents des à un bloc de sortie induit par l’amiodarone autour du foyer tumoral.
complexes sinusaux. L’existence d’une dissociation Chez tous les patients, l’amiodarone à doses d’entretien est
auriculoventriculaire, de complexes de fusion et de capture, permet maintenue entre 2 et 4 ans, et le pronostic à long terme est excellent
d’affirmer le diagnostic de TV (fig 9). Une TV monomorphe se définit car ces TV disparaissent spontanément avec l’âge [53].
par des ventriculogrammes identiques entre eux. On considère
comme soutenus des accès de TV durant plus de 30 secondes, et ¶ Tachycardies ventriculaires monomorphes de l’enfant
comme incessantes les TV représentant plus de 10 % des 24 heures.
Dans tous les cas, il est indispensable de réaliser au moins un Chez le grand enfant, les anomalies le plus fréquemment observées
enregistrement Holter pour préciser la durée, la répétition et la sont des salves de TV. La tolérance clinique est en règle excellente,
fréquence des épisodes de TV (fig 9). et on considère ces troubles du rythme comme bénins quand les
Le fait que les enfants aient des fréquences sinusales élevées rend conditions suivantes sont réunies : cœur normal, TV monomorphe
parfois difficile la distinction avec les « rythmes idioventriculaires et disparaissant à l’effort, absence de potentiels tardifs. Les potentiels
idiopathiques ». Ce terme désigne un trouble du rythme bénin, tardifs sont des signaux électriques de faible amplitude, survenant à
ayant son origine dans les ventricules et dont la fréquence est la fin du QRS et qui peuvent être enregistrés par une méthode
inférieure à celle d’une TV [47]. On retient en règle comme critère de électrocardiographique à haute résolution. Ils correspondent à des
TV une fréquence ventriculaire d’au moins 150/min chez le zones myocardiques de conduction lente et constituent le témoin
nouveau-né et le nourrisson, et d’au moins 120/min chez l’enfant. d’un substrat anatomique de la TV.
Bien que ce diagnostic soit exceptionnel, les troubles du rythme
¶ Tachycardies ventriculaires néonatales
ventriculaire de l’enfant doivent faire rechercher une dysplasie
Les TV sont très rares en période néonatale et le diagnostic en est arythmogène du ventricule droit [33]. Il s’agit d’une myocardiopathie
souvent fait de façon fortuite, sur une auscultation irrégulière ou associant des troubles du rythme ventriculaire et un substrat
rapide. Il faut penser à rechercher une anomalie métabolique, anatomique constitué d’une dégénérescence fibroadipeuse du
hyperkaliémie en particulier, et éliminer une intoxication maternelle ventricule droit. En l’absence d’histologie, le diagnostic repose sur
(héroïne, anesthésiques). Une échocardiographie doit être faite pour l’association de critères électrophysiologiques et d’anomalies
éliminer une étiologie tumorale ou une myocardiopathie. On peut morphologiques et cinétiques du ventricule droit. Les TV ont une
mettre en évidence, dès la période néonatale, des tumeurs de type morphologie de retard gauche et sont souvent induites par l’effort.
rhabdomyomes, isolées ou s’intégrant dans une sclérose tubéreuse La présence de potentiels tardifs est très spécifique. Les anomalies
de Bourneville. Certaines atteintes myocardiques sont difficiles à du ventricule droit sont difficiles à mettre en évidence dans les
diagnostiquer quand l’échographie est normale. C’est le cas des formes débutantes, si bien que l’angioscintigraphie isotopique et
anomalies de l’oxydation des acides gras à longues chaînes, qui l’imagerie par résonance magnétique sont actuellement les examens
peuvent se révéler par des troubles du rythme ventriculaire sévères les plus contributifs [14]. Il est important de faire le diagnostic car la
et mal tolérés, parfois très précoces et isolés [6]. dysplasie arythmogène du ventricule droit reste une des premières
Faut-il traiter ces enfants ? La question ne se pose pas dans les TV causes de mort subite chez le sujet jeune et le sportif. Le traitement
mal tolérées. Le choc électrique externe garde ses indications en cas de cette affection repose en première intention sur les bêtabloquants.

6
Cardiologie Troubles du rythme et de la conduction chez l’enfant 11-036-F-20

Tableau III. – Critères diagnostiques des syndromes de QT long


(adultes).

Anomalies de l’ECG Score


QTc

≥ 480 ms 3

≥ 460-470 ms 2

450 (hommes) 1

Torsades de pointes 2

T alternans 1

T bifide dans trois dérivations ECG 1

Bradycardie pour l’âge 0,5

Histoire clinique

Syncope

Liée au stress 2

Non liée au stress 1

Surdité congénitale 1

Histoire familiale

Membre de la famille avec syndrome QT long 1

Mort subite inexpliquée < 30 ans chez des membres de la famille 0,5
proche

ECG : électrocardiogramme. QTc : QT corrigé.


En fonction du nombre de points :
≤ 1 point : QT long peu probable.
2 à 3 points : probabilité intermédiaire de QT long.
≥ 4 points : probabilité élevée de QT long.

critères diagnostiques ont également été proposés par Schwartz et


al [43], si bien que le diagnostic de syndrome de QT long congénital
repose sur un ensemble de critères électrocardiographiques,
cliniques et historiques (tableau III).
Ainsi, les anomalies morphologiques de la repolarisation sont très
10 Syndrome de QT long congénital. caractéristiques et souvent plus frappantes que le simple
A. Mesure de QT corrigé sur l’électrocardiogramme de surface : Qtc = allongement de QT (fig 10). La bradycardie est également un signe
0,56/=≠≠ 0,72, soit 0,56/0,84= 0,66 s. d’appel fréquent chez le nouveau-né. Ces critères diagnostiques sont
B. Anomalies de repolarisation dans le syndrome de QT long. Tracé montrant particulièrement utiles en l’absence de symptôme. En effet, 40 % des
la variation de la polarité de T d’un QRS à l’autre (T alternans). enfants sont asymptomatiques au moment du diagnostic fait par un
C. Bloc auriculoventriculaire sur syndrome de QT long. On voit les ondes P blo-
quées dans la phase lente.
ECG systématique ou plus souvent lors d’une enquête familiale [17].
D. Torsades de pointes. Une transmission familiale des syndromes de QT long est observée
chez environ 50 % des patients et deux syndromes distincts avaient
été individualisés : le syndrome de Romano-Ward, à transmission
Plus rarement, chez le grand enfant, on observe des TV soutenues autosomique dominante, et le syndrome de Jervell et Lange-Nielsen,
paroxystiques, proches de celles observées chez l’adulte, et dont le récessif autosomique et comportant une surdité de perception. Ce
traitement dépend de l’origine ventriculaire et du mécanisme [12]. n’est que récemment que la génétique moléculaire a transformé nos
connaissances sur les syndromes de QT long congénital, en montrant
qu’ils étaient la conséquence d’anomalies des gènes codant pour les
TROUBLES DU RYTHME VENTRICULAIRE
POLYMORPHES
canaux ioniques responsables du potentiel d’action [20, 22, 65].
Actuellement, quatre gènes impliqués dans les syndromes de QT
Ils sont graves et responsables de syncopes et de mort subite, long ont été identifiés (tableau IV) :
survenant à l’effort. Ils s’intègrent dans les syndromes de QT long et
dans les TV catécholergiques. – la forme de QT long la plus fréquente s’appelle LQT1 ; elle est la
conséquence d’anomalies du gène KVLQT1 qui code pour un des
¶ Syndromes de QT long congénital canaux potassiques (Iks) responsables de la repolarisation
ventriculaire ; pour produire des canaux potassiques fonctionnels,
Ils sont caractérisés par un allongement de l’espace QT sur l’ECG et ce gène doit s’exprimer en même temps qu’une autre protéine,
par la survenue de syncopes ou de morts subites survenant à l’effort appelée MinK, dont les mutations définissent un autre syndrome de
et lors de stress. Une syncope est le premier symptôme chez 9 % des QT long, LQT 5 ; certains patients ayant un syndrome de Jerwell et
enfants [17]. Avant tout, le diagnostic de QT long repose sur la mesure Lange-Nielsen sont homozygotes pour les mutations touchant
de l’espace QT, du début du complexe QRS à la fin de l’onde T [15]. KVLQT1 et/ou MinK ;
Cet espace varie avec la fréquence cardiaque et doit être « corrigé » – le gène HERG est impliqué dans le syndrome LQT2, lié au
en fonction de la fréquence sinusale instantanée, grâce à la formule chromosome 7 ; il code pour un autre canal potassique (Ikr) ;
de Bazett (fig 10) :
– le syndrome LQT3, lié au chromosome 3, est la conséquence de
QT corrigé (QTc) = QT mesuré(s) / =≠≠ RR précédent(s) mutations dans le gène qui code la synthèse du canal sodique,
Chez l’enfant, on parle de QT long lorsque QTc est supérieur à responsable de la phase 0 du potentiel d’action.
0,45 seconde au cours des 6 premiers mois de vie et lorsque QTc est Les troubles du rythme ventriculaire, torsades de pointes et TV, sont
supérieur à 0,44 seconde chez l’enfant et l’adolescent. D’autres la complication la plus sévère des syndromes de QT long congénital.

7
11-036-F-20 Troubles du rythme et de la conduction chez l’enfant Cardiologie

troubles du rythme ventriculaire et de les réduire en délivrant un


Tableau IV. – Causes génétiques des syndromes de QT long congé- choc électrique ; ils trouvent donc des indications dans les formes
nital.
incontrôlables de syndrome de QT long, mais leur utilisation dans
Syndrome Localisation Canal ionique ces affections est encore très limitée [25] ; on les réserve aux formes
Gène muté
de QT long chromosomique atteint les plus sévères du syndrome affectant des enfants déjà grands,
LQT1 11 p 15-5 Potassique Iks
rescapés de troubles du rythme ventriculaire rebelles aux traitements
KVLQT1
conventionnels.
LQT2 7 q 35-36 HERG Potassique Ikr
En fait, la grande majorité des syndromes de QT long de l’enfant
LQT3 3 p 21-24 SCN5A sodique Sodique répond bien au traitement prophylactique par les bêtabloquants
[17, 48, 58]
et ces patients peuvent mener une vie normale.
LQT4 4 p 25-27 ?

LQT5 21 q 22.1-22.2 MinK Potassique IKs ¶ QT long transitoire


On constate parfois chez les nouveau-nés des allongements
transitoires de QT, qui exposent les patients à un risque de mort
Ils sont responsables de syncopes et d’une mortalité très élevée, 50 % subite, et nécessitent un traitement par les bêtabloquants tant que
à 10 ans en l’absence de traitement. Les torsades de pointes ont un persistent les anomalies de la phase lente [57]. L’espace QT se
aspect bien particulier, les « pointes » des complexes QRS tournant normalise en règle dans les 6 à 16 premiers mois de vie.
autour de la ligne isoélectrique (fig 10). L’accès se termine en règle
spontanément, sauf si l’anoxie myocardique se prolonge assez pour
¶ Syndromes de QT long acquis
conduire à une fibrillation ventriculaire. Chez l’enfant, ces troubles
du rythme ventriculaire sont déclenchés par des efforts ou des Ils s’observent lors de désordres ioniques (hypokaliémie,
émotions et les premières syncopes surviennent fréquemment lors hypocalcémie, hypomagnésémie), des grandes bradycardies, et après
de baignades. Seul le phénotype des patients ayant le syndrome administration de substances dont la liste s’allonge d’année en
LQT3 est différent, puisqu’ils sont peu sensibles aux stimulations année. Les antiarythmiques arrivent en tête, surtout les
adrénergiques. quinidiniques et les produits modifiant la phase lente (sotalol,
Les syndromes du QT long peuvent également entraîner des amiodarone). Le diphémanil (Prantalt), très utilisé en pédiatrie pour
troubles de la conduction. Il s’agit de blocs partiels, alternant avec accélérer la fréquence cardiaque, a été incriminé dans la survenue
une conduction normale quand la fréquence sinusale se ralentit de BAV sur allongement de QT chez des nouveau-nés [23]. Quelle
(fig 10). Ces blocs sont fonctionnels et apparaissent seulement quand que soit l’étiologie en cause, le traitement des BAV et des torsades
des influx sinusaux trop rapides tombent en période réfractaire de pointes iatrogènes repose sur la stimulation artificielle
ventriculaire. Ils compliquent surtout des formes néonatales sévères temporaire.
de QT long, dont le pronostic à court terme est très sombre. Le
traitement associe les bêtabloquants, pour ralentir la fréquence ¶ Tachycardies ventriculaires catécholergiques
sinusale, et la stimulation cardiaque. Une fois passée la période
Ce sont des affections très rares, concernant de grands enfants et
néonatale, le pronostic lointain de ces enfants est plus favorable [3].
des adolescents, caractérisées par des syncopes à répétition
Les enfants ayant un syndrome du QT long doivent être pris en survenant à l’effort ou aux émotions, et secondaires à des troubles
charge dans un centre de cardiologie pédiatrique, a fortiori lorsqu’il du rythme ventriculaire (fig 11). L’origine cardiaque des symptômes
s’agit de formes sévères dans lesquelles le traitement bêtabloquant est souvent ignorée et on considère en général ces patients comme
ne suffit pas à prévenir les syncopes. Certaines mesures doivent être des épileptiques ou des hystériques, d’où l’importance de
prises en urgence. Les torsades de pointes subintrantes secondaires l’interrogatoire qui conduit au diagnostic en retrouvant le facteur
à la bradycardie requièrent une stimulation cardiaque urgente, adrénergique déclenchant les syncopes. L’ECG de repos est normal,
réalisée par mise en place percutanée d’une sonde ventriculaire mais montre une bradycardie sinusale dans 25 % des cas. L’épreuve
droite. En attendant le transfert dans un service spécialisé, seul le d’effort permet de faire le diagnostic, car elle reproduit le trouble du
sulfate de magnésium par voie intraveineuse lente mérite d’être rythme de façon stéréotypée : accélération sinusale progressive, puis
tenté, à la dose de 2 mL/kg (une ampoule de 10 mL=1,5 g de sulfate apparition d’extrasystoles ventriculaires de plus en plus nombreuses
de magnésium). et polymorphes volontiers bidirectionnelles, TV polymorphe enfin.
Le traitement de fond des syndromes de QT long repose sur les Le plus souvent, l’activité ventriculaire reste organisée et la crise se
bêtabloquants à vie. Chez le grand enfant et l’adolescent, on choisit termine spontanément, mais l’ischémie myocardique prolongée peut
le produit le plus puissant possible, le nadolol (Corgardt). Chez le entraîner une fibrillation ventriculaire. L’évolution habituelle est la
nourrisson, on prescrit du propranolol (Avlocardylt). L’effet du mort subite avant l’âge de 20 ans, mais le traitement bêtabloquant,
traitement doit être vérifié par des épreuves d’effort et par des très efficace, a transformé le pronostic de ces patients. La plupart
enregistrements Holter pour s’assurer que la fréquence cardiaque des décès signalés concernaient des sous-dosages ou des
maximale ne dépasse pas 130/min. Lorsque le traitement interruptions thérapeutiques [31].
bêtabloquant seul ne suffit pas à éviter la répétition des syncopes,
d’autres thérapeutiques sont proposées :
– l’implantation d’un stimulateur cardiaque est indiquée chez les Bradycardies de l’enfant
enfants ayant un BAV ; il en va de même quand les torsades de
pointes sont déclenchées par des pauses ou par des bradycardies ;
MALAISES VAGAUX ET SYNCOPES VASOVAGALES
– l’hypothèse sympathique la plus ancienne pour expliquer le Le diagnostic de malaise vagal repose sur un faisceau d’arguments
syndrome du QT long congénital faisait intervenir un déséquilibre cliniques et paracliniques. Chez le nourrisson, il s’agit typiquement
du système sympathique comportant une réduction de l’innervation d’accès de pâleur avec hypotonie, parfois perte de conscience et
sympathique droite et une hyperactivité gauche réactionnelle, apnée. Ces malaises sont la conséquence d’une bradycardie brutale,
diminuant la stabilité électrique du myocarde et le rendant plus d’origine réflexe vagale, souvent déclenchée par un stimulus
vulnérable aux stimulations adrénergiques ; dans des syndromes du douloureux tel qu’un reflux gastro-œsophagien. L’enregistrement
QT long très sévères résistant au traitement, on peut donc proposer Holter varie avec l’âge [8, 28] : dans les premiers mois de vie, on
une sympathectomie stellaire étendue [42] ; observe des ralentissements brutaux et brefs ; chez les nourrissons
– les défibrillateurs automatiques implantables sont des générateurs plus grands, apparaissent des pauses plus ou moins longues, par
d’impulsions reliés à des électrodes, capables de reconnaître des bloc sinoauriculaire (fig 12). Dans certains cas enfin, on voit un

8
Cardiologie Troubles du rythme et de la conduction chez l’enfant 11-036-F-20

TROUBLES DE LA CONDUCTION
AURICULOVENTRICULAIRE

¶ Bloc auriculoventriculaire complet congénital


Le BAV complet correspond à une interruption totale de la
conduction entre les oreillettes et les ventricules. Le diagnostic est
très facile à faire sur l’ECG de surface, qui montre une dissociation
complète entre l’activité sinusale normale et un rythme
d’échappement ventriculaire, plus lent (fig 13).
Le seul traitement du BAV complet est l’implantation d’un
stimulateur cardiaque.
Dans 60 % des cas, le BAV s’intègre dans une cardiopathie complexe,
comportant une absence ou un défaut d’alignement du septum
interventriculaire. C’est le cas des doubles discordances
atrioventriculaires et ventriculoartérielles, et de certains ventricules
uniques. Dans les autres cas, le bloc est isolé et il faut alors
rechercher une maladie systémique maternelle (lupus, maladie de
Gougerot-Sjögren), en raison de l’association fréquente entre la
présence d’anticorps maternels anti-SsA ou anti-SsB et le
développement d’un bloc chez le fœtus. Le bloc peut apparaître dès
la seizième semaine de gestation et il est la conséquence du passage
transplacentaire de ces anticorps maternels, qui induisent une
atteinte myocardique fœtale, dont la séquelle est la fibrose
cicatricielle définitive du tissu de conduction de l’enfant [32].
Grâce aux progrès de la surveillance anténatale, le diagnostic de
BAV complet est fait de plus en plus précocement. Si le cœur est
normal et la tolérance hémodynamique bonne, on se contente de
surveiller la grossesse ; la naissance par voie basse est autorisée en
présence d’une équipe pouvant assurer un entraînement
électrosystolique immédiat si nécessaire, puis le nouveau-né est
transféré dans un service de cardiologie pédiatrique.
Le pronostic et les indications de stimulation des enfants ayant un
BAV complet dépendent de la tolérance clinique et de la fréquence
11 Tachycardie ventriculaire (TV) catécholergique. Troubles du rythme observés lors ventriculaire de l’enfant [19] . À tout âge, la constatation de
d’une syncope chez une jeune fille de 14 ans. symptômes, syncope ou défaillance cardiaque, constitue une
A. Accélération de la fréquence sinusale précédant des extrasystoles ventriculai- indication de stimulation définitive. Chez le tout-petit, les signes de
res (points noirs). mauvaise tolérance sont parfois discrets : tachypnée et difficultés
B. TV régulière à 280/min. d’alimentation, épisodes de léthargie ou d’hypotonie, pertes de
C. TV bidirectionnelle, avec alternance d’extrasystoles d’axes opposés. contact transitoires, sont autant de signes qui doivent alerter. Chez
D. Fibrillation ventriculaire.
l’enfant plus grand, la tolérance du bloc est parfois difficile à évaluer,
car ces enfants ont toujours vécu avec une fréquence cardiaque lente
et restreignent inconsciemment leurs activités. L’épreuve d’effort est
rythme très instable avec une succession d’accélérations et de
donc indispensable pour juger des performances réelles d’un enfant
ralentissements. Le réflexe oculocardiaque, qui teste la sensibilité
en bloc complet.
vagale, est positif si la compression des globes oculaires entraîne
une pause supérieure à 1,5 seconde ou une réduction de moitié de Chez les enfants asymptomatiques, les indications de stimulation
la fréquence cardiaque (fig 12). Le traitement préventif des malaises évoluent avec l’âge de l’enfant et la fréquence cardiaque est
sévères du nourrisson repose sur le diphémanil (Prantalt) [29]. l’élément fondamental de la surveillance. Il n’y a aucune indication
à réaliser une investigation endocavitaire pour connaître le siège du
À l’âge de la marche, les spasmes du sanglot sont plus aisément bloc.
identifiables. Chutes, douleurs ou peurs déclenchent des réactions C’est au cours des premiers mois de vie que la mortalité est la plus
réflexes excessives, avec bradycardie et malaises plus ou moins élevée [36] et des études d’évolution spontanée ont montré que le
brutaux et sévères, pouvant s’accompagner de blocage respiratoire risque de mort subite s’élève quand la fréquence ventriculaire
et de cyanose. s’abaisse au-dessous d’une valeur « seuil » [4, 10, 21]. Ainsi, avant l’âge
Enfin, près de 15 % des enfants normaux s’évanouissent au moins de 2 ans, on considère comme inacceptable une fréquence cardiaque
une fois avant d’arriver à l’âge adulte. Les circonstances de survenue inférieure à 50/min si le cœur est normal, 55/min en cas de
des malaises sont assez stéréotypées et permettent le plus souvent malformation cardiaque. Au-dessous de ces valeurs, il faut implanter
d’identifier l’origine vagale des symptômes (tableau II). un stimulateur à ces enfants, même s’ils vont parfaitement bien. En
L’enregistrement Holter montre une accentuation de la variabilité outre, les nourrissons doivent être surveillés par des enregistrements
sinusale instantanée, des pauses et parfois des ondes P bloquées. sur 24 heures répétés une fois par mois durant la première année de
Plus préoccupantes sont les syncopes à l’emporte-pièce, parfois la vie, car la fréquence d’échappement est encore instable à cet
traumatisantes, survenant chez des adolescents dont l’examen âge [59]. De 2 à 4 ans, la fréquence cardiaque diurne doit se maintenir
clinique, l’ECG et l’épreuve d’effort sont normaux. On peut s’aider au-dessus de 45/min. Après l’âge de 4 ans, elle doit être
pour le diagnostic d’un test d’inclinaison, qui consiste à basculer ces constamment supérieure à 40/min. De plus, lorsque les
patients durant 20 minutes à 60°, en enregistrant le rythme enregistrements Holter montrent des pauses dont la durée excède le
cardiaque et la tension artérielle. On peut ainsi reproduire un triple du RR de base, la prudence recommande l’implantation d’un
malaise, enregistrer une chute de tension et/ou de fréquence stimulateur.
cardiaque traduisant la réponse inadaptée de ces enfants à Des critères électrocardiographiques sont parfois retenus pour
l’orthostatisme, et déterminer si un traitement est nécessaire [7]. En décider de l’implantation d’un stimulateur : QRS larges, anomalies
pratique, cet examen a surtout l’intérêt de rassurer l’enfant et sa de la phase lente avec allongement de QT, extrasystoles ou troubles
famille. du rythme ventriculaire (en particulier à l’effort).

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11-036-F-20 Troubles du rythme et de la conduction chez l’enfant Cardiologie

12 Hyperréflectivité vagale du nourrisson.


A. Tracé de Holter montrant un rythme sinusal instable,
avec des pauses fréquentes, de durée variable.
B. Réflexe oculocardiaque (ROC) avec pause de presque
4 secondes.

13 Bloc auriculo-
ventriculaire complet
congénital.
Les tracés A (repos) et B
(cris) montrent une dis-
sociation auriculoven-
triculaire complète avec
une fréquence sinusale
A normale, plus rapide
que la fréquence ventri-
culaire.

¶ Blocs auriculoventriculaires partiels ¶ Stimulation cardiaque pédiatrique


Bien qu’il s’agisse de cas très rares, certains enfants ont des troubles L’implantation d’un stimulateur est le seul traitement efficace des
partiels de la conduction auriculoventriculaire. Les blocs du premier BAV de l’enfant. La taille, les performances et la durée de vie des
degré se définissent par un allongement de PR. Les blocs du systèmes de stimulation sont maintenant adaptées aux exigences
deuxième degré se définissent par une conduction bloquée de façon pédiatriques et l’implantation d’un stimulateur est réalisable dès la
intermittente et on en décrit deux types : période néonatale, avec un risque opératoire faible et de bons
– dans le bloc de type I (Mobitz I ou périodes de Luciani résultats.
Wenckebach), on observe un allongement progressif de l’espace PR Le choix de la voie d’implantation dépend de l’âge et du poids de
avant un blocage de l’onde P ; l’enfant. Chez les nouveau-nés et les nourrissons, en pratique au-
– dans le bloc de type II (Mobitz II), le blocage de la conduction dessous de 10 kg, notre préférence va à la stimulation par voie
n’est pas précédé d’un allongement progressif de l’espace PR, et le épicardique chirurgicale, pour préserver le capital veineux d’enfants
nombre d’ondes P bloquées est variable. qui devront être stimulés toute leur vie (fig 15). Les électrodes sont
Certains blocs sont la conséquence d’une myocardite infectieuse ou introduites par thoracotomie gauche, puis cousues à la surface du
s’intègrent dans une pathologie plus générale (myopathies). En cœur. Leur extrémité distale est ensuite passée à travers les
l’absence d’étiologie précise, les blocs partiels de l’enfant nécessitent insertions latérales du diaphragme, jusqu’à l’espace compris entre
une surveillance étroite, car l’évolution spontanée peut se faire vers la loge rénale et le péritoine pariétal postérieur, où elles sont
un BAV complet [ 5 4 ] . Il est indispensable de réaliser des raccordées au stimulateur introduit par lombotomie [40] . Cet
enregistrements Holter car le degré du bloc varie dans le nycthémère emplacement profond du boîtier permet de réduire les risques de
(fig 14). On peut être amené à porter une indication de stimulation traumatisme, l’extériorisation du stimulateur et l’infection. Avec les
en raison de symptômes, devant des ralentissements importants de électrodes les plus récentes, les résultats de la stimulation
la fréquence cardiaque, ou quand le degré du bloc s’aggrave à épicardique sont très bons, surtout si on tient compte de l’extrême
l’effort. sévérité du pronostic spontané des enfants qu’il faut stimuler en

10
Cardiologie Troubles du rythme et de la conduction chez l’enfant 11-036-F-20

stimulation qui séparent enfants et adultes. La fréquence cardiaque


de l’enfant est rapide et constitue le principal facteur d’élévation du
débit cardiaque, en particulier à l’effort. Comme l’activité sinusale
des enfants ayant un BAV est normale, on peut chez eux réaliser un
synchronisme auriculoventriculaire piloté par le sinus, grâce à une
stimulation double-chambre. L’électrode située dans l’oreillette
détecte le sinus, dont l’activité est transmise par le pacemaker à la
sonde qui stimule le ventricule (fig 15). Si la très petite taille des
veines incite à ne mettre en place qu’une seule électrode
ventriculaire, on choisit un pacemaker qui stimule uniquement le
ventricule mais qui permet l’accélération de la fréquence lors des
efforts musculaires ; le passage en mode double-chambre est alors
réalisé lors du changement de pile [49].
La décision d’implantation implique une surveillance régulière et
une consultation spécialisée est réalisée tous les 6 mois. Les enfants
sont autorisés à mener une vie normale, à l’exclusion des activités
14 Bloc partiel chez une enfant de 12 ans. susceptibles d’endommager l’appareil (sports de combats) ; toutes
A. PR long à l’activité. les autres activités sont permises, de façon à ce que ces enfants se
B. Périodes de Luciani-Wenckebach au repos. sentent le plus « normaux » possible.
C. Bloc auriculoventriculaire complet nocturne.

période néonatale. Ainsi, sur 34 nouveau-nés et nourrissons ayant Conclusion


un BAV complet, implantés avant l’âge de 1 an à l’hôpital des
Enfants malades à Paris, il n’y a aucun décès opératoire. Trois
enfants sont décédés ultérieurement d’une myocardiopathie sévère. La plupart des troubles du rythme rapide de l’enfance sont aisés à
Les enfants vivants vont bien, mènent une vie normale et 15 ont le diagnostiquer, répondent bien au traitement médical et ont un
même stimulateur depuis au moins 5 ans. excellent pronostic. On peut également guérir les enfants les plus
Dès que le poids de l’enfant le permet, le système d’entraînement grands et les plus gênés par des accès de tachycardie grâce aux
est implanté par voie endocavitaire. Les sondes sont introduites par méthodes d’ablation par radiofréquence. Il est important de ne pas
dénudation de la veine céphalique et/ou ponction de la veine sous- méconnaître des troubles du rythme potentiellement sévères, dont le
clavière. Elles sont ensuite guidées sous contrôle scopique vers les mode de révélation est parfois trompeur. Ainsi, devant une
cavités cardiaques droites. Une fois en place, on teste leur myocardiopathie apparemment primitive, on doit toujours penser à
fonctionnement, on les visse dans la paroi myocardique, puis on les un trouble du rythme chronique et réaliser un ECG et un
raccorde au pacemaker placé devant le muscle pectoral. Les résultats enregistrement Holter. Un malaise survenu lors d’un effort
de la stimulation par voie endocavitaire de l’enfant sont très physique ne doit jamais être considéré comme bénin et il faut
satisfaisants et la croissance ne pose en pratique pas de problème [60]. rechercher un syndrome de QT long ou une TV catécholergique, un
Outre les problèmes posés par la taille et la croissance des enfants, trouble de la conduction, un syndrome de WPW. Seule cette
la spécificité de l’entraînement cardiaque en pédiatrie tient aux démarche diagnostique systématique permet d’éviter les
différences de fréquence, de niveau d’activité et de durée de conséquences dramatiques de la récidive de ces troubles du rythme.

15 Implantation épicardique néonatale.


A. Radiographie thoracoabdominale d’un nouveau-né,
montrant les électrodes atriale et ventriculaire, reliées au
stimulateur abdominal.
B. Électrocardiogramme du même enfant montrant une
stimulation en double chambre.
1. Deux P spontanées, suivies d’une stimulation ventri-
culaire, puis stimulation atrioventriculaire (*) ; 2. détec-
tion de l’activité atriale spontanée, conduite vers les ven-
tricules par le pacemaker ; 3. à l’effort, la fréquence
sinusale s’accélère à 150/min et cette accélération est
transmise de façon synchrone vers les ventricules.

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11-036-F-20 Troubles du rythme et de la conduction chez l’enfant Cardiologie

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