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Veri diletti 

Veri diletti 
Les vrais plaisirs
Quà giù non regnano
Ici-bas ne règnent;
L'erbe e i fioretti 
Les herbes et les fleurs
Virtù n' insegnano
La vertu n’enseignent.
Voli pensiero 
S’envole la pensée
Al sommo impero
Vers la plus haute autorité
Dov' ammirabile
Où, admirable,
Bellezz'è stabile
La beauté dure.

Aure volanti 
(Deux demoiselles)
(Due damigelle)
Brises passagères, chants célestes,
Aure volanti, augei canori
Sources naissantes, Grâces et Amours,
Fonti stillanti, grazie ed amori,
D’ici et alentours
Quinci d’intorno,
Rendez plus brillant le Soleil,
Fate più chiar’ il sol,
Plus doux le jour.
Più lieto il giorno.

(Tre damigelle) (Trois demoiselles)

Antri gelati, fulgido sole Antres glacés, éclatant Soleil,


Erbosi prati, gigli e viole Verts pâturages, lys et violettes,
Quinci d’intorno, D’ici et alentours
fate più chiar’ il sol, Rendez plus brillant le Soleil,
Più lieto il giorno. Plus doux le jour.

Occhi belli, occhi sereni

Occhi belli, occhi sereni, Beaux yeux, yeux sereins;


Vita sol de la mia vita, Seule vie de ma vie !
Il vedervi ogn’ ora pieni De te voir pleine
Di beltà somma infinita, d'une infinie beauté à chaque heure,
Accendete a questo core Tu allumes en ce cœur
Un soave e dolce ardore. une suave et douce ardeur.

Occhi belli, occhi amorosi,


Beaux yeux, yeux amoureux ;
Gioia sol de la mia gioia,
seule joie de ma joie !
Il vedervi sì vezzosi
De te voir si belle...
Fate ognor ch’io viva e moia
Tu me fais vivre ou mourir
In dolcezza et in contento,
dans la félicité et le contentement, sans
Fuor d’affanno e di tormento.
chagrin et sans tourment.

Occhi belli, occhi leggiadri Beaux yeux, yeux brillants


Luce sol de la mia luce, seule lumière de ma lumière !
L’esser voi de l’alma ladri Vous êtes des voleurs d'âmes,
Il contrario me n’adduce: mais en moi vous faites le contraire:
Ché, credendo di dar morte, Croyant que tu me donnes la mort
Date vita in meglior sorte. Tu donnes la meilleure des vies.

Lumi miei, cari lumi


Lumi miei, cari lumi, Mes lumières, mes chers yeux,
Che lampeggiate un sì veloce sguardo Eclairs dans un si véloce regard,
Ch’a pena mira e fugge Qui regarde à peine et fuit,
E poi torna sì tardo Puis revient si lentement
Che’l mio cor se ne strugge; Que mon coeur en est oppressé.
Volgete a me, volgete Redonnez-moi, redonnez
Quei fuggitivi rai, Ces fugitifs rayons,
Ch’oggetto non vedrete Vous ne ne verrez jamais,
in altra parte mai con sì giusto desio, Nulle part avec un si juste désir,
che tanto vostro sia quanto son io. rien qui ne soit tant à vous comme je suis.

O primavera gioventù dell’anno (Giovanni


Battista Guarini) - parte prima, seconda e terza
Prima Pars
O primavera, gioventù de l'anno, 
bella madre di fiori, Ô Printemps, jeunesse de l’année,
d'erbe novelle e di novelli amori,  Mère belle des fleurs,
De l’herbe nouvelle et des nouveaux
tu torni ben, ma teco  amours,
non tornano i sereni  Tu reviens, mais avec toi
e fortunati dì de le mie gioie;  Ne reviennent les sereins
Tu torni ben, tu torni,  Et fortunés jours de mes joies;
ma teco altro non torna Tu reviens, oui, tu reviens,
che del perduto mio caro tesoro Mais avec toi ne revient
la rimembranza misera e dolente. Que de la perte de mon cher trésor
Tu quella se', tu quella  le souvenir triste et dolent.
ch'eri pur dianzi sì vezzosa e bella;  Tu es bien celle, oui, celle
ma non son io già quel ch'un tempo fui  Qui était hier si gracieuse et belle;
sì caro agli occhi altrui. Mais moi, je ne suis plus celui que j’étais,
Si chers aux yeux d’autrui.
Secunda Pars
O dolcezz’ amarissime d’amore, 
Quant’è più duro perdervi che mai  Ô très amères douceurs d’Amour,
Il est encore bien plus cruel de vous avoir
Non v’aver o provate o possedute!  perdues
Que de ne vous avoir jamais connues ou
Come saria l’amar felice stato,  possédées.
Se’l già goduto ben non si perdesse  Il aurait été si doux de vous aimer,
O quand’egli si perde Si la jouissance ne se perdait pas;
Ogni memoria ancora del dileguato ben  Oh, une fois qu’elle se perd,
Si dileguasse.  Il serait si bon que tout souvenir de ce qui
s’est estompé s’estompât.
Terza Pars
Ma se le mie speranz’oggi non sono
Mais, si mes espoirs aujourd’hui ne sont
Com’è l'usato lor di fragil vetro plus,
Comme ils le furent alors, fragiles comme
O se maggior del vero non fa  du verre
la speme il desiar soverchio Ou si, plus que la réalité, l’espérance
Qui pur vedrò colei,  Permet que le désir ne soit pas excessif,
Ch’è’l sol degl’ occhi miei.  Je pourrais voir celle
Qui est le soleil de mes yeux;

Quarta Pars

E, s’altri non n’inganna, 


Qui pur verrolla al suon de’miei sospiri Et si d’autres ne me trompent pas,
Fermar il piè fugace.  Je pourrai, au son de mes soupirs,
Qui pur dalle dolcezze di quel bel volto La voir arrêter son pied fuyant.
Ainsi donc, de la douceur de ce beau
Avrà soave cibo nel suo lungo digiuno l’avida visage,
vista: La vue avide obtiendra une suave nourriture
Qui pur vedrò quell’empia girar in verso me le au cours de son long jeûne:
luci altere,  Ainsi donc, je verrai cette cruelle diriger
Se non dolci, almen fere, vers moi les yeux altiers,
S’ils ne sont doux, qu’ils soient au moins
E, se non carche d’amorosa gioia, féroces,
Sì crud’almen ch’io moia. Et s’ils ne sont chargés d’amoureuse joie,
Qu’ils soient au moins féroces et que j’en
meure.
Quinta Pars
Oh lungamente sospirato in vano avventuroso
dì,  Oh, que le jour fortuné arrive,
Se dopo tanti foschi giorni di pianti,  Si longuement et vainement désiré,
Si, après tant de tristes journées passée à
Tu mi concedi, Amor, di veder oggi pleurer,
Tu me concèdes, Amour, de pouvoir voir,
Ne’ begl’occhi di lei aujourd’hui
Girar sereno il sol degli occhi miei.  Dans ses beaux yeux
Se refléter le soleil serein des miens.

Amarilli mia bella 

Amarilli mia bella Amaryllis, ma belle,


Non credi, o del mio cor dolce desio  Ne sais-tu pas, ô de mon coeur le doux
désir
D’esser tu l’amor mio.  Que tu es celle que j’aime?
Credilo pur, e se timor t’assale  Crois-le et si la peur t’assaille
Prendi questo mio strale  Prends cette flèche
Aprim’il petto, e vedrai scritto il core  Ouvre-moi le sein, et tu verras écrit sur mon
coeur
Amarilli è’l mio amore. Amaryllis est mon amour.
Che fai tu

Che fai tu? Que fais-tu?


Che di’ tu, vita mia?  Que dis-tu, ma vie ?

Per quai piagge a coglier fior movi i passi,  Sur quelles berges marches-tu pour
ramasser des fleurs ?
O per qual via dove spieghi quel fin or, 
Ond’i lacci Amor ordia?  Ou de quelle manière poses-tu ta tête dorée
là où Cupidon a tendu son filet ?

Che fai tu?  Que fais-tu?


Che di’ tu, vita mia?  Que dis-tu, ma vie ?

Je ne peux pas être sans toi,


Senza te star più non so, 
Je ne sais même pas qui je suis
nè più so ch’io mi sia, 

Ma so ben ch’io mi morrò,  Mais je sais pertinemment que je meurs de


Di dolor, di gelosia.  douleur et de jalousie.

Que fais-tu?
Che fai tu? 
Que dis-tu, ma vie ?
Che di’ tu, vita mia?

Occhi de’ miei desiri

Occhi de' miei desiri Yeux de mes désirs


E d'amor nidi, et nids d’amour,
Vorrei chiedervi in don  Je voudrais vous demander en cadeau
Qualche mercede,  Une petite grâce,
Pria che l’aura mi tolga Avant que l’aube n’arrache
I cari lidi. Les rivages que j’adore.

Su su prendi la cetra

Su su prendi la cetra o pastore,  Allons, prends donc ta lyre, ô berger,


Meco canta d’amore.  Et avec moi chante l’amour.
Qui v’è l’aura e la piaggia fiorita,  Ici règnent la brise et le rivage fleuri
Et al suonet al canto n’invita.  Qui nous incitent à jouer et chanter.

Donna, siam’ rei di morte

Donna, siam’ rei di morte, errasti, errai,  Ma dame, nous sommes coupables de
mort, tu as trompé, j’ai trompé -
Di perdon non son’ degni i nostri errori: Du Pardon ne sont pas dignes nos erreurs:

Tu ch’avventasti in me sì fieri ardori,  Toi qui as allumé en moi une lueur si


sauvage ;
Io, ch’a sì caro sol gli occhi levai.  Moi qui ai levé les yeux vers un soleil qui
m'est si cher.
Io, che una fera rigida adorai, 
Moi qui adorais une bête aussi froide que
toi ;
toi qui étais insensible à ma douleur;
Tu, che fusti sord’aspe a miei dolori;
Toi qui étais figé dans ta colère ; moi dans
Tu nell’ire ostinata, io negli amori;
mon amour ;
Tu pur troppo sdegnasti, io troppo amai. 
Toi qui méprisais trop; Moi qui ai trop aimé.

Hor la pena laggiù nel fiero averno La punition appropriée pour nos offenses
nous attend en enfer.
Pari al fallo n’aspetta, arderà poi Et ceux qui ont vécu dans le feu de l'amour
Chi visse in foco, in vivo foco eterno; continueront à brûler dans les flammes
éternelles.
Quivi, s’Amor sia giusto ambedue noi Par conséquent, si l'amour est juste, nous
Tra le fiamme dannati avrem’ l’inferno; serons tous les deux condamnés dans le
Tu nel mio cor, ed io negli occhi tuoi. feu de l'enfer :
Toi dans mon cœur et moi dans tes yeux.

Amorosi miei sol

Amorosi miei sol,  Mes beaux soleils,


miei vivi lumi, Mes vives lumières,
E voi fontane e fiumi, et vous, sources et rivières :
Gite a colei che ha sol desio d’onore, Allez vers celui qui ne désire que l'honneur -
Ahi, che non sente Amore! hélas ! mais qui ne ressent pas l'amour !

Cara mia cetra

Cara mia cetr' andianne a ritrovar colei. Ma chère lyre, allons retrouver celle
Ch'è mio solo desio tuo sol oggetto. Qui est mon seul désir et ton seul objet.
Quivi, quivi à te da le corde à me dal petto Qu’ici, de tes cordes et de mon coeur
escan gl'accenti tuoi gl'affanni miei. Sortent tes accents et mes tourments.
Che pietos' armonia può Car une harmonie plaintive pourra
fors'impetrar pace a l'alma mia. Peut-être apaiser mon âme.

Queste lagrime amare

Queste lagrime amare, Ces larmes amères,


Quest'angoscioso pianto, Ces pleurs agonisants,
Pianto non è, ma sangue Ne sont pas des pleurs mais le sang
Del misero cor mio, De mon cœur hanté,
Ferito dallo strale Blessé par la flèche
Del vostro sdegno adamantino e rio. De ton cruel mépris.
Ahi, lasso! e si ne langue Oh! Comment souffre
Il mio spirto vitale, Mon esprit vital
Ch'io mi sento morire. Pour que je me sente mourir!
Fero sdegno, empio cor, aspro desire! Mépris cruel, cœur hanté, désir amer !
Volete pur ch'io mora? Alors tu veux que je meure ?
Morirò, ma chi mor'è un che v'adora. Je mourrai, mais ce mourant est quelqu'un
qui vous adore.

Chi mi fura il ben mio?

“Chi mi fura il ben mio?  “Qui me vole mon bonheur?


Chi me lo toglie, ohimè Qui me le prend, hélas
Chi me l'asconde? ” Qui me le cache?”
Dicalo il pianto mio doglioso e rio,  Ainsi parlent mes regrettables et amères
pleurs
Che fatto ha nere l’ore mie gioconde. Qui ont rendu noires mes plus belles
heures.

Misérable, qui m’a privé


Misero, chi m’ha tolto
de son si beau visage?
Il bel leggiadro volto? 
Qui m’a conduit à un sort si étrange
Chi mi conduce a così strania sorte, 
Que pour donner la vie, j’aspire à la mort?
Che per dar vita bramo la morte? 
Que puis-je donc faire,
Dunque che far poss’io, 
Nouveau Tantale au milieu des eaux
Tantalo novo in mezz’ alle chiar’onde, 
claires,
Sinon pleurer: “Ô Dieu,
Se non gridar, “O Dio,
Qui me vole mon bonheur?
Chi mi fura il ben mio? 
Qui me le prend, hélas
Chi me lo toglie, ohimè
Qui me le cache?”
Chi me l'asconde?”

Cieco Amor

Cieco Amor non ti cred'io, Cupidon, je ne crois pas que tu sois


aveugle,
ma fai cieco 'l desio Mais tu rends aveugle le désir
di chi ti crede; De ceux qui te croient,
che, s'hai pur poca vista, hai minor fede. Car si ta vue est faible, ta loyauté
est encore plus faible :
Cieco, oh no mi tenti invano, Aveugle ou pas, tu me tentes en vain,
e per girti lontano Et, pour vous égarer,
ecco m'allargo: Maintenant, je vous donne une large place,
che così cieco ancor vedi più d'Argo, Car, aveugle comme tu es, tu vois plus
qu'Argus.
così cieco m'annodasti, Ainsi aveugle tu m'as pris au piège,
e cieco m'ingannasti, Et aveugle tu m'as trompé;
or che vo sciolto, Maintenant que je suis libre,
se ti credessi più, sarei ben stolto. Je serais vraiment stupide de te croire à
nouveau.
Fuggi, e scherza pur se sai, Courez et traînez si vous le pouvez ;
già non sara' tu mai, Jamais plus tu ne pourras
che 'n te mi fidi: Me donner confiance en toi,
perché non sai scherzar se non ancidi. Car tu ne sais pas traîner sans tuer.
Mais pourtant, infidèle et aveugle,
Ma tu, pur perfido cieco
Tu me demandes de traîner avec toi,
mi chiami a scherzar teco,
Et donc je fais :
ed ecco scherzo,
Avec mes pieds je t'évite, et avec mes
e col piè fuggo, e con la man ti sferzo.
mains je te bats.
E corro, e ti percoto,
Et je cours et te frappe,
e tu t'aggiri a voto.
Pendant que vous tournez en vain;
Ti pungo ad ora ad ora,
De temps en temps je te pousse,
né tu mi prendi ancora
Et pourtant tu ne m'attrapes pas,
o cieco Amore,
Cupidon aveugle,
perché libero ho 'l core.
Parce que mon cœur est libre.

Sciolto cor fa piè fugace: Un cœur libre fait un pied rapide,


o lusinghier fallace O faux trompeur,
ancor m'alletti Encore une fois, tu m'attires
a' tuoi vezzi mentiti, a' tuo' diletti? Avec vos charmes et vos délices feints ?
E pur di nuovo i' riedo, Et encore une fois je reviens,
e giro, e fuggo, e siedo, Et tourner et fuir et te blesser,
e torno, e non mi prendi, Et reviens, pourtant tu ne m'attrapes pas,
e sempre invan m'attendi. Et toujours en vain tu m’attends,
Oh cieco Amore, perché libero ho il core. O Cupidon aveugle, parce que mon coeur
est libre.
Mira nume trionfante, Voici la divinité triomphante,
a cui dà il mondo amante A qui le monde des amoureux
empio tributo, Rend un hommage impie !
eccol oggi deriso, eccol battuto. Le voici aujourd’hui tourné en dérision et
vaincu.
Siccome ai rai del sole Comme dans les rayons du soleil
cieca nottola suole, Aveugle est la chouette
c'ha mille augei d'intorno, Qui de mille oiseaux entourée
che le fan guerra, e scorno, Leur fait la guerre, les méprisent,
ed ella picchia Et eux qui la pique
col becco invano, e s'erge, e si rannicchia: Avec leurs becs en vain, se dressent, puis
se dérobent :
così se' tu beffato, Et ainsi tu te moques,
Amore in ogni lato, Cupidon, de tous côtés :
chi 'l tergo, e chi le gote On aiguillonne et frappe ton dos,
ti stimola, e percote. Un autre tes flancs,
E poco vale; Et cela sert peu
perché stendi gli artigli, o batti l'ale. De montrer vos griffes oude battre des
ailes.
Gioco dolce ha pania amara, Ton joli jeu a un piège amer,
e ben l'impara Et tout oiseau qui est piégé
augel, che vi s'invesca. Apprend bien sa leçon :
Non sa fuggir Amor chi seco tresca. Qui cabriole avec Cupidon ne pourra pas de
lui s'enfuir.

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