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La Revue de médecine interne 37 (2016) 173–185

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Mise au point

Les porphyries héréditaires : anomalies du métabolisme de l’hème


Porphyrias and haem related disorders
K. Peoc’h a,b , C. Martin-Schmitt a,c , N. Talbi a , J.-C. Deybach a,c , L. Gouya a,c , H. Puy a,c,∗
a
Centre français des porphyries, hôpital Louis-Mourier, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), 92701 Colombes, France
b
U1149/ERL CNRS 8252, centre de recherche sur l’inflammation Paris, Montmartre, université Paris Diderot, site Bichat, Sorbonne Paris Cité,
75004 Paris, France
c
Laboratoire d’excellence, GR-Ex, 75015 Paris, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : Les huit porphyries héréditaires sont des maladies liées chacune à une atteinte spécifique d’une des
Disponible sur Internet le 7 janvier 2016 enzymes de la biosynthèse de l’hème. Cliniquement, elles se manifestent par des symptômes neuro-
viscéraux aigus et/ou des lésions cutanées, conséquence de l’accumulation de précurseurs de l’hème.
Mots clés : Sept porphyries sont la conséquence d’un déficit partiel d’activité enzymatique de la chaîne de biosyn-
Hème thèse tandis que la dernière porphyrie, récemment décrite, est due à un gain de fonction limité au tissu
Porphyries érythroïde. Les porphyries aiguës se manifestent par des crises intermittentes neuroviscérales, asso-
Métabolisme
ciant typiquement des douleurs abdominales sévères, des nausées, une constipation, une confusion, se
Érythropoïèse
compliquant parfois de crises comitiales et d’atteintes neurologiques sévères pouvant mettre en jeu le
pronostic vital. Les porphyries cutanées se présentent sous la forme soit de photoalgie, soit sous la forme
d’une photodermatose avec fragilité de la peau accompagnée de lésions bulleuses. Ces maladies monogé-
niques et autosomiques pour la plupart sont de transmission dominante. Les rares porphyries récessives
quant à elles se manifestent habituellement dans la petite enfance soit par une photosensibilité cutanée
sévère avec hémolyse chronique, soit par des symptômes neurologiques chroniques. La fréquence des
porphyries est sous-estimée du fait de leur expressivité variable et de la pénétrance incomplète. La struc-
turation en réseau à l’échelle européenne des centres de référence a permis des avancées importantes
notamment pour le diagnostic et la prise en charge des patients et de leur famille. Selon la présentation
clinique, quelques tests biologiques très simples permettent d’établir un diagnostic de certitude chez
tous les patients symptomatiques et d’instaurer rapidement un traitement spécifique.
© 2015 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS.
Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Keywords: The hereditary porphyrias comprise a group of eight metabolic disorders of the haem biosynthesis path-
Haem way characterised by acute neurovisceral symptoms, skin lesions or both. Each porphyria is caused by
Porphyrias abnormal function of a separate enzymatic step resulting in a specific accumulation of haem precursors.
Metabolism Seven porphyrias are the consequence of a partial enzyme deficiency while a gain of function mechanism
Erythropoiesis
has been recently characterised in a novel porphyria. Acute porphyrias present with severe abdominal
pain, nausea, constipation, confusion and seizure, which may be life threatening. Cutaneous porphyrias
can be present with either acute painful photosensitivity or skin fragility and blisters. Rare recessive por-
phyrias usually manifest in early childhood with either severe chronic neurological symptoms or chronic
haemolysis and severe cutaneous photosensitivity. Porphyrias are still underdiagnosed, but once they
are suspected, and depending on the clinical presentation, a specific and simple front line test allows the
diagnosis in all symptomatic patients. Diagnosis is essential to institute as soon as possible a specific treat-
ment. Screening families to identify presymptomatic carriers is crucial to prevent chronic complications
and overt disease by counselling on avoiding potential precipitants.
© 2015 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Published by Elsevier Masson SAS.
All rights reserved.

∗ Auteur correspondant. Inserm U1149, faculté Xavier-Bichat, 16, rue Henri-Huchard, 75018 Paris, France.
Adresse e-mail : herve.puy@aphp.fr (H. Puy).
http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.12.005
0248-8663/© 2015 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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1. Introduction ALAS1 est l’enzyme limitante de la synthèse d’hème dans le


foie, sous la dépendance d’une régulation par rétroaction néga-
Les porphyries regroupent 8 désordres métaboliques hérédi- tive du pool intracellulaire d’hème libre (Fig. 3). En revanche, dans
taires affectant tous la biosynthèse de l’hème [1]. Les porphyries les cellules érythrocytaires, la synthèse d’hème est régulée pen-
sont retrouvées dans toutes les ethnies et chacune d’entre elles dant la différenciation érythroïde en réponse à l’érythropoïétine
résulte d’une altération enzymatique spécifique de la chaîne [7]. Dans ces cellules, ALAS2 n’est transcrit que pendant la période
métabolique (Fig. 1). Des profils spécifiques d’accumulation des où la synthèse d’hème est active. Cette synthèse est limitée par
précurseurs de l’hème : acide ␦-aminolévulinique (ALA), porpho- la biodisponibilité en fer et n’est pas inhibée par le produit final,
bilinogène (PBG) et de molécules photosensibles, les porphyrines l’hème (Fig. 4).
(Fig. 2) sont associés à des atteintes cliniques caractéristiques : Les macrophages de la rate et du foie dégradent l’hème par
attaques neuroviscérales aiguës, lésions cutanées ou les deux types l’hème oxygénase 1 (HO-1, Fig. 3) et recyclent le fer issu de la pha-
associés [2]. gocytose des cellules érythrocytaires [8].
Les porphyries sont souvent classées en hépatiques et érythro-
poïétiques, en référence à l’organe dans lequel l’accumulation des
2. Métabolisme de l’hème et classification des porphyries précurseurs de l’hème prédomine (Fig. 1). Cependant, une classifi-
cation basée sur leur présentation clinique en porphyries aiguës,
Huit enzymes participent successivement à la biosynthèse de porphyries cutanées et quelques rares porphyries récessives est
l’hème à partir de glycine et de succinyl-CoA [3]. Cette voie méta- plus aisée en pratique médicale (Fig. 5).
bolique est initialement intramitochondriale, puis présente trois
étapes cytoplasmiques, avant de réintégrer la mitochondrie pour
former l’hème (Fig. 1). 3. Les porphyries aiguës
Biochimiquement, l’hème est une molécule plane de proto-
porphyrine IX complexée à un atome de fer (Fig. 2). Le passage Les trois porphyries aiguës hépatiques (PAH), de transmissions
de l’état ferreux ou ferrique de cet atome de fer permet à la autosomiques dominantes, de pénétrance faible et d’expressivité
molécule d’hème de participer aux réactions de respiration et variable sont : la porphyrie aiguë intermittente (PAI, OMIM
d’oxydoréduction de très nombreuses hémoprotéines (Fig. 2). 176000), la porphyrie variegata (PV, OMIM 176200) et la copro-
Indispensable à la vie cellulaire, l’hème participe également au porphyrie héréditaire (CH, OMIM 121300).
transport et stockage du dioxygène, et sa synthèse est ubiqui- Toutes peuvent se révéler sous forme de crises aiguës neurolo-
taire [3,4]. Quantitativement, la plus grande part est produite dans giques mettant en jeu le pronostic vital [9]. Ces crises aiguës sont
les cellules érythropoïétiques pour la synthèse d’hémoglobine et difficiles à diagnostiquer car elles sont non spécifiques. Les lésions
dans les cellules parenchymateuses du foie pour la synthèse des cutanées ne s’observent jamais dans la PAI, mais peuvent être les
cytochromes et des hémoprotéines (Fig. 2). La régulation de la pro- seules manifestations cliniques de la PV (60 % des cas) et de la CH
duction d’hème diffère entre ces deux tissus essentiellement par (Fig. 5) [1,2]. En Europe, la PAI atteint environ une personne sur
la différence de taux de synthèse d’ALA [5]. La première enzyme, 75 000 tandis que la prévalence de la PV est d’environ la moitié
l’acide ␦-aminolévulinique synthase (ALAS, EC 2.3.1.37), est codée [10]. Les crises neurologiques aiguës sont plus fréquentes chez les
par deux gènes : ALAS1 donc l’expression est ubiquitaire (gène porté femmes en période d’activité génitale avec un pic de fréquence
par le chromosome 3) et ALAS2 à expression érythroïde spécifique chez les trentenaires. La plupart des patients vont présenter une
porté par le chromosome X [6]. ou plusieurs crises suivies d’une rémission complète pour le reste

Fig. 1. Biosynthèse de l’hème : enzymes, métabolites et porphyries. Les porphyries hépatiques sont dans un encadré vert en regard du défaut enzymatique correspondant ;
les porphyries érythropoïétiques dans un encadré rouge en regard du défaut enzymatique correspondant.

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Fig. 2. Hème, oorphyrines et hémoprotéines. A. La molécule d’hème condense un atome de fer au sein d’un noyau tétrapyrrolique de protoporphyrine IX. Les réactions
d’oxydoréduction ou de transport du dioxygène se font via l’atome de fer et son passage de l’état ferreux à ferrique. B. Propriété photo-excitable des porphyrines sous lumière
de Wood. C. Liste non exhaustive des protéines à groupement prosthétique héminique.

de leur vie ; moins de 10 % de ces patients vont présenter une forme sympathique tels que tachycardie, hypersudation ou hypertension
chronique de la maladie [2,9]. artérielle. L’examen clinique est négatif et le bilan radiologique
est généralement normal, ou subnormal, ne mettant en évi-
3.1. Présentation clinique dence qu’un léger météorisme abdominal. Pendant ces phases
aiguës, une déshydratation et des troubles hydro-électrolytiques
Les crises de porphyries débutent habituellement par une phase apparaissent fréquemment. Dans 40 % des cas, une hyponatré-
prodromique incluant des changements de comportement mineurs mie par sécrétion inappropriée d’ADH peut s’observer, menant à
à type d’anxiété, troubles de l’humeur, insomnie et impossibi- des convulsions dans les cas sévères. Au cours de ces attaques
lité de trouver le repos. Puis, la crise débute par des douleurs aiguës, des crises comitiales peuvent également apparaître, révé-
abdominales et dorsolombaires sévères fréquemment avec irra- lant souvent une hyponatrémie associée. Une couleur rouge ou
diation vers les cuisses. Ces douleurs s’accompagnent de nausées, sombre des urines, après exposition à la lumière, peut occasionnel-
vomissements et constipation et d’autres signes d’hyperactivité lement aider les médecins dans leurs investigations. Chez 20 à 30 %

Succinyl CoA
+ ALA
Glycine ALAS1

α
PGC 1α
+ pré-ALAS1

- Pool
Hème
oxygénase CO
HEME Fe2+
Retro inhibition Biliverdine

Jeûne

Cytochromes Cytochromes des TRP dioxygénase


P-450s Chaînes respiratoires Catalases,
(5 - 65 %) (15 %) NOS, etc.
Hémoprotéines
Hémoproteines Constitutives
Inductibles

Fig. 3. Régulation hépatique de la biosynthèse de l’hème et hémoprotéines. Le foie synthétise 15 % de l’hème total d’un individu. L’ALA synthase 1 est l’enzyme limitant
régulateur sur lequel s’exerce un rétrocontrôle inhibiteur par le produit final. Trois mécanismes d’induction d’ALAS1 responsable de crises aiguës de porphyrie ont été
identifiées : (1) dérépression de l’ALAS1 par induction du catabolisme de l’hème par l’hème oxygénase 1 en situation pro-inflammatoire ; (2) dérépression de l’ALAS1 par des
médicaments ou hormones porphyrinogéniques entrainant l’induction du des hémoproteines des familles de cytochromes P450 ; (3) activation de l’ALAS1 par le jeûne médié
par une induction du peroxisome proliferator-activated receptor 1 alpha (PGC-1␣). CO : monoxyde de carbone ; NO : oxyde nitrique ; TRP : tryptophane.

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Succinyl CoA
+ Glycine
ARNm
ALAS2
ALAS2
+ ALA

Fe2+ FECH
(Hème + globine) x4
-
Tf-r
Hb
Fe-Tf-Fe
Fig. 5. Signes cliniques des porphyries. PAI : porphyrie aiguë intermittente ; ALAD :
porphyrie par déficit en acide delta aminolévulinique déhydratase ; CEP : porphy-
Fig. 4. Régulation érythropoïétique de la biosynthèse de l’hème. La moelle osseuse rie érythropoïétique congénitale (maladie de Günther) ; PC : porphyrie cutanée ;
synthétise 80 % de l’hème total d’un individu. Le fer joue un rôle central dans la PV : porphyrie variegata ; CH : coproporphyrie héréditaire ; EPP : protoporphyrie
régulation de la biosynthèse de l’hème érythroïde. Le fer agit principalement au érythropoïétique ; XLPP : protoporphyrie liée à l’X.
niveau de la première étape en stabilisant les ARNm de l’ALA synthase 2 et au niveau
de la dernière étape de cette synthèse en tant que substrat de la ferrochélatase.
Enfin, le niveau de fer intracellulaire régule sa captation cellulaire au niveau de d’une neuropathie généralement motrice dont les manifestations
l’expression à la membrane plasmique du récepteur 1 à la transferrine. ALA : acide initiales sont très fréquemment des douleurs des extrémités
delta aminolévulinique ; TF-r : récepteur à la transferrine ; TF : transferrine ; FECH : (« douleurs musculaires ») ainsi qu’une faiblesse débutant dans les
ferrochelatase.
muscles proximaux (plus souvent les bras que les cuisses). Une
parésie des extrémités peut également se déclarer, parfois très
des patients, des perturbations mentales telles qu’anxiété, dépres- localisée. Cette faiblesse musculaire peut s’aggraver jusqu’à la tétra-
sion, désorientation temporospatiale, hallucinations, paranoïa, ou plégie avec paralysie bulbaire et respiratoire. Si le diagnostic est
états confusionnels complètent le tableau clinique [1,9]. Dans une établit et le traitement mis en place, les paralysies en général dispa-
moindre mesure, on peut retrouver une faiblesse musculaire pou- raissent graduellement sur plusieurs mois ou années ; cependant,
vant aller jusqu’à la paralysie (Fig. 6). la récupération peut être incomplète avec des séquelles siégeant
Ces crises neurologiques aiguës durent généralement de 1 à surtout aux extrémités. Des signes pyramidaux, un syndrome céré-
2 semaines et en l’absence de facteurs « déclenchants », peuvent belleux, une cécité transitoire ou des troubles de la conscience
être spontanément résolutives. Toutefois, si elles se prolongent peuvent aussi compléter le tableau. Le liquide céphalo-spinal (LCS)
en cas d’errance diagnostique, elles mènent généralement à une est le plus souvent normal. Actuellement, grâce à la prévention des
perte de poids importante et à des complications neurologiques crises chez les porteurs présymptomatiques et l’amélioration du
sévères qui menacent le pronostic vital. En particulier, une neu- diagnostic, la neuropathie porphyrique est beaucoup moins fré-
ropathie apparaît souvent lorsque des médicaments connus pour quente que par le passé, et les attaques aiguës sont rarement fatales
être porphyrinogéniques sont utilisés pendant la crise. Il s’agit [2].

Fig. 6. Crise aiguë de porphyrie : manifestations cliniques.

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Fig. 7. Tests de première intention à réaliser an cas de suspicion clinique de porphyrie.

La difficulté majeure de diagnostic réside dans l’absence de 3.2.3. Diagnostic pendant les rémissions et investigations
spécificité des manifestations cliniques. En revanche, les analyses familiales
biochimiques simples sont pathognomoniques et permettent dans En période de rémission, les concentrations de porphyrines uri-
tous les cas un diagnostic positif d’une crise aiguë. naires, fécales ou plasmatiques peuvent être normales dans les trois
PAH. Le test le plus sensible pour une PV en rémission ou en phase
présymptomatique est la spectrométrie par émission de fluores-
3.2. Examens paracliniques
cence du plasma si le patient est âgé de plus de 15 ans (sensibilité
de 60 % et spécificité de 100 %). Pour le diagnostic de CH, un rapport
3.2.1. Diagnostic d’une crise aiguë
des isomères III/I des coproporphyrines fécales supérieur à 2,0 est
La recherche de PBG et d’ALA en excès dans les urines est
sensible chez l’adulte ; chez l’enfant ce test n’est pas actuellement
l’examen essentiel de première ligne chez des patients suspects
validé [4].
d’une attaque de porphyrie aiguë (Fig. 7). La mesure de l’ALA
Le dépistage familial est essentiel pour prévenir la survenue
aide à différencier les autres causes métaboliques de douleurs
de crises aiguës chez des patients présymptomatiques. Le recours
abdominales porphyriques telles que le saturnisme ou la très rare
aux dosages enzymatiques, et surtout l’analyse de l’ADN en vue
porphyrie liée à un déficit en ALA déshydratase (ADP ; cf. Section
d’identifier la mutation sont indispensables. L’analyse molécu-
5). PBG et ALA urinaires sont augmentés dans les trois porphy-
laire nécessite une identification préalable de la mutation chez un
ries hépatiques aiguës (PAI, PV et CH), même si l’élévation est
patient atteint sans équivoque possible. Les gènes de toutes les
plus importante et plus prolongée dans la PAI. La quantification
porphyries ont été caractérisés et un grand nombre de mutations
des porphyrines urinaires est sans intérêt à ce stade, et peut
spécifiques de chacune des pathologies a été identifié [11]. Des
même engendrer des confusions, en particulier du fait d’une copro-
listes régulièrement mises à jour des mutations sont disponibles
porphyrinurie fréquente et non spécifique dans de nombreuses
sur le site de la base de données « Human Gene Mutation Database »
pathologies [11]. Devant une élévation de l’excrétion urinaire de
(http://www.hgmd.org). Les mesures enzymatiques sont utiles
PBG supérieure à 10 fois la norme, un traitement doit être immédia-
pour les familles chez lesquelles aucune mutation n’a été identifiée
tement instauré tandis que des analyses plus poussées vont définir
(Tableau 1). La mesure des protoporphyrinogène et coproporphyri-
le type de porphyrie (Tableau 1).
nogène oxydases, et celle, plus répandue, de l’HMBS devraient être
réalisées dans un centre de référence labellisé.
3.2.2. Diagnostic du type de porphyrie aiguë chez le patient en
crise
La spectrométrie par émission de fluorescence du plasma des 3.3. Pathogénie et traitement d’une crise aiguë
patients est l’analyse simple et peu coûteuse de première intention
pour identifier la porphyrie en cause. En effet, un pic à 624–628 nm Toutes les manifestations cliniques d’une crise aiguë peuvent
établit le diagnostic de PV, même si elle ne différencie pas la PAI et être expliquées par des lésions du système nerveux périphérique,
la CH dans lesquelles le pic d’émission est à 620 nm [12]. L’analyse autonome ou central. L’hypothèse majeure repose sur la neuro-
des porphyrines urinaires seule n’est pas suffisamment discrimi- toxicité de l’ALA hyper-produit par le foie [13,14]. Cette origine
nante (Tableau 1). La concentration de porphyrines fécales totales hépatique quasi exclusive est corroborée par l’amélioration spec-
est normale en cas de PAI mais augmentée dans la PV, avec une taculaire des patients atteints de PAI sévère après transplantation
concentration de protoporphyrine IX (PPIX) plus élevée que celle de hépatique [15]. De plus, les crises aiguës sont provoquées par
coproporphyrine. Dans la CH, la concentration de porphyrine fécale des facteurs qui, dans le foie, soit induisent directement l’ALAS1,
totale est également augmentée, mais cette élévation porte essen- soit augmentent la demande de synthèse d’hème et en consé-
tiellement sur la coproporphyrine, avec un ratio des isomères III/I quence dérépriment l’ALAS1 (Fig. 3). Ces facteurs déclenchants
supérieur à 2,0 (Tableau 1). incluent les variations hormonales du cycle menstruel, le jeune,

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Tableau 1
Diagnostic du type de porphyrie (OMIM) chez un patient et dans le cadre d’une enquête familiale.

Porphyrie [OMIM] Présentation clinique Exploration biochimique chez un patient symptomatiquea Méthodes de détection des porteurs
présymptomatiques
Urine Selles Globules rouges Picb plasma Analyse ANDa /Activité enzymatique
(GR) (nm)

Porphyries aiguës
Porphyrie aiguë intermittente [176000] Crises aiguës PBG, ALA, porphyrines Utile uniquement pour – 618–620 Séquençage du gène HMBS, activité
distinguer PAI de CH et HMBS basse dans les GR (forme
PV classique) ou sur cellules
lymphoblastoïdes (forme non
érythroïde)

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Porphyries mixtes aiguës/cutanées
Coproporphyrie héréditaire [121300] Crises aiguës et/ou PBG, ALA, porphyrines Copro III ratio isomères – 618–620 Séquençage du gène CPOX, activité
fragilité cutanée et III/I > 2,0 CPOX lymphocytaire basse
bulles
Porphyrie variegata [176200] Crises aiguës et/ou PBG, ALA, copro III Proto IX > copro III – 624–627 Pic plasmatique uniquement chez
fragilité cutanée et l’adulte
bulles Séquençage du gène PPOX, activité
lymphocytaire PPOX basse

Porphyries cutanées
Porphyrie cutanée sporadique [176090] Fragilité cutanée et Uro I/III, hepta Isocopro, hepta – 618–620 Non identifié
bulles
Porphyrie cutanée familiale [176100] Fragilité cutanée et Uro I/III, hepta Isocopro, hepta – 618–620 Séquençage du gène UROD, activité
bulles UROD basse dans les GR

Porphyries photoalgiques
Protoporphyrie érythropoïiétique Sensation de brûlure Normal ± Proto IX Proto IX libre 630–634 Séquençage du gène FECH incluant la
[177000] intense (> 80 %) détection de l’allèle faible IVS3-48C,
post-exposition solaire activité lymphocytaire FECH basse
Protoporphyrie liée à l’X [300752] Sensation de brûlure Normal Proto IX Proto IX libre et zinc 630–634 Séquençage du gène ALAS2
intense (40 %)
post-exposition solaire
Porphyries recessives rares
Porphyrie ALA déhydratase [125270] Neuropathies aiguë et ALA, copro III Normal ± Zn-proto – Séquençage du gène ALAD, activité
chronique ALAD effondrée dans les GR
Porphyrie congénitale érythropoïétique Photosensibilité Uro I, copro I Copro I Uro I, copro I 615–618 Séquençage des gènes UROS et GATA1c ,
[606938]c sévère ± hémolyse activité UROS effondrée dans les GR
Porphyrie hépato-érythropoïétique Photosensibilité sévère Uro III, hepta Isocopro, hepta ± Zn-Proto 618–620 Séquençage du gène UROD, activité
[176100] UROD effondrée dans les GR

Ces investigations doivent être réalisées en relation avec un centre de référence spécialisé pour les porphyries (http://www.porphyria-europe.com). ALA : acide ␦-aminolévulinique ; PBG : porphobilinogène ; uro : uroporphyrine ;
copro : coproporphyrine ; proto : protoporphyrine ; isocopro : isocoproporphyrine ; hepta : heptacarboxyl-porphyrine ; I ou III : type d’isomères ; GR : globule rouge.
a
L’analyse ADN doit être privilégiée pour confirmer le typage de la porphyrie chez le proband ; l’identification de la mutation chez un patient symptomatique est un prérequis pour mener l’enquête familiale au niveau
moléculaire.
b
Émission d’un pic de fluorescence (longueur d’onde en nm).
c
Une mutation du facteur de transcription érythroïde spécifique GATA1 a été décrite dans une famille PEC.
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Tableau 2
Prise en charge des porphyries aiguës.

Type de traitement Conduite à tenir Traitements

Préventif Prescrire des médicaments autorisés dans la liste dédiée Liste disponible : http://www.porphyrie.net ou
Arrêt alcool, tabac, drogues http://www.porphyria-europe.com
Supprimer les régimes hypocaloriques, le jeûne
Spécifique Réprimer la synthèse d’hème hépatique Arginate d’héminea (4 mg/kg/j durant 3 à 4 jours consécutifs)
Maintien de l’hydratation et apport calorique
Prévenir les modifications métaboliques : hyponatrémie Cas modéré : 2 litres de soluté isotonique contenant 5–10 % de
et jeûne dextrose ou glucose (± 200 g/j).
Cas sévère hyponatrémie : perfusion de soluté salin 3 % (500 mmol/L)
correction ≤ 12 mmol/L par jour

Symptomatique Neuropathie dysautonomique


Douleurs abdominales Opiacés : péthidine, morphine, diamorphine ; aspirine, paracétamol
per os, dihydrocodéine
Vomissement/sédation Promazine, chlorpromazine, cyclizine, ondansétron
Constipation Lavement laxatif, lactulose
Hypertension/tachycardie Bêtabloquants : propanolol, aténolol, labétalol
Dysfonction sphinctérienne Cathéter uréthral
Arythmie Bétabloquants, prise en charge en unité de soin intensif
Neuropathie périphérique sensitive-motrice
Douleur des extrémités, douleurs dorsales Opiacés
Faiblesse musculaire Kinésithérapie précoce
Parésie des muscles respiratoires Transfert en unité de soin intensif ; ventilation artificielle si besoin
Parésie bulbaire (dysarthrie, dysphagie, dysphonie) Signe de mauvais pronostic, sonde naso-gastrique, orthophonie
Neuropathie système nerveux central
Insomnie/anxiété Diazépam, lorazépam
Hallucinations Chlorpromazine
Altération de la conscience Transfert en unité de soin intensif
Convulsions Transfert en unité de soin intensif ; monitoring et correction de
l’hyponatrémie diazépam (IV 10 mg 1 injection unique), clonazépam,
sulfate de magnésium ; gabapentine ou clonazépam si un traitement
prolongé est nécessaire

Cas chroniques très Altération majeure de la qualité de vie Indication de transplantation hépatique à discuter
sévères récurrents
a
L’arginate d’hémine (Normosang® ) est distribué par le laboratoire Orphan Europe (Paris, France).

le tabagisme, les infections et l’exposition à des médicaments por- riche en hydrates de carbone, soit, en cas de vomissements, par
phyrinogéniques. La plupart de ces médicaments qui exacerbent perfusion de sérum salé normal avec 5 % de dextrose. Les compli-
les porphyries sont intimement liées à l’induction de cytochromes cations cardiovasculaires comme l’hypertension ou la tachycardie
P450, hémoprotéines qui accélère le « turn-over » hépatique et les sont rarement sévères mais imposent parfois la prise de bêtablo-
besoins en hème [16]. Les maladies inflammatoires ou infectieuses quants. Très occasionnellement, la crise aiguë s’accompagne d’une
induisent l’expression hépatique de HO-1 qui catabolise l’hème et crise adrénergique sévère (hypertension grave, encéphalopathie,
donc diminue le pool d’hème libre. Enfin, récemment la transcrip- crises comitiales et modifications d’allure ischémique au scanner.
tion hépatique du gène ALAS1 est apparue régulée positivement L’apparition de complications neurologiques impose le transfert
par les facteurs de transcription PGC-1␣ et PPAR␣ [17]. Ceci pour- du patient en unité de soin intensif. Des signes de PRES syn-
rait expliquer l’association entre PAI et altération du métabolisme drome (encéphalopathie postérieure réversible) ont été retrouvés
énergétique hépatique, notamment dans le cadre d’une dénutrition sur l’IRM cérébrale de patients en crise aiguë avec encéphalo-
chronique [18,19]. pathie sévère. Une perfusion de sulfate de magnésium pourrait
Le traitement (Tableau 2) doit être débuté au plus vite. Il repose être efficace pour contrôler ces formes adrénergiques. L’apparition
en première intention sur la recherche et l’éviction de tous les fac- d’une neuropathie motrice est souvent marquée par des douleurs
teurs déclenchants, en particulier les médicaments (y compris les sévères et des raideurs dans les cuisses et le dos, suivies d’une perte
estrogènes et progestérone), une infection intercurrente à traiter des réflexes tendineux et une paralysie motrice. Quand des signes
et une diète hypocalorique à corriger. La liste complète de drogues précoces de paralysie des muscles intercostaux apparaissent, une
potentiellement sures ou non sont accessibles sur Internet, sur le ventilation artificielle devient nécessaire.
site du réseau européen : http://www.drugs-porphyria.org.

3.3.2. Traitement étiopathogénique spécifique


3.3.1. Traitement symptomatique L’administration intraveineuse d’hémine est le traitement de
Le traitement symptomatique d’une crise de porphyrie est iden- choix des crises sévères (avec vomissements) biologiquement
tique quelle que soit la porphyrie aiguë et vise à prendre en charge prouvées. L’apport d’hème exogène réprime l’ALAS1 surexprimée,
la douleur, l’anxiété et les troubles digestifs, nausées et vomis- et abaisse l’excrétion urinaire d’ALA et de PBG. La plupart des
sements. Seul l’utilisation des opiacés est autorisée et permet patients présentant des attaques non compliquées s’améliorent
de calmer efficacement la douleur ; on y associe une phénothia- dans les 5 premiers jours. Cependant, l’hémine humaine ne per-
zine (type chlorpromazine) à visée anxiolytique et sédative et met pas la régression d’une neuropathie installée, elle prévient son
un antiémétique. L’équilibre hydro-électrolytique doit être suivi apparition si elle est administrée suffisamment tôt. Une prépara-
avec soin, en évitant des volumes importants de dextrose hypo- tion stable contenant une solution d’hémine humaine complexée
tonique, de manière à minimiser le risque d’une hyponatrémie à de l’arginine (Normosang® , Orphan Europe) est largement dis-
sévère qui peut entraîner des convulsions. Il est très important ponible en Europe, alors qu’aux États-Unis on trouve une forme
d’assurer un apport calorique suffisant, soit par un régime oral lyophilisée d’hème (Panhematin® , Lundbeck Inc.). Le dosage de

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l’excrétion urinaire de PBG est utile pour évaluer et suivre la 4. Les porphyries cutanées
réponse métabolique à l’hémine humaine. Les effets secondaires
rapportés au cours d’un traitement de courte durée par hémine 4.1. Les porphyries bulleuses
humaine sont rares. Les troubles de la coagulation observés lors
de l’utilisation d’autres préparations d’hème n’ont pas été notés 4.1.1. Présentation clinique
avec le traitement par Normosang® . Selon les recommandations du Les lésions de photosensibilité cutanée de la porphyria variegata
réseau européen, il est préférable de prédiluer l’ampoule d’arginate (PV), de la coproporphyrie héréditaire (CH) et de la porphyrie cuta-
d’hémine dans une solution d’albumine humaine qui augmente la née (PC) ne sont pas différentiables cliniquement [28]. La PC est la
solubilité et la stabilité de l’hème, réduisant l’incidence des troubles plus fréquente des porphyries à travers le monde, et se présente
veineux. Enfin, le Normosang® peut être utilisé pendant la gros- avec des signes cutanés isolés. Les PV et CH peuvent se manifester
sesse avec la même efficacité et sans effet indésirable, aussi bien par des atteintes cutanées et/ou des symptômes neuropsychia-
chez la mère que chez le fœtus [2,9,11]. triques (Fig. 5). Les investigations paracliniques sont essentielles
pour éviter une erreur d’orientation et l’apparition de crises neuro-
viscérales aiguës (Fig. 5 ; Tableau 1). Les lésions cutanées bulleuses
3.3.3. Crises aiguës récurrentes
érosives, plus intenses en été et à l’automne, sont restreintes aux
Moins de 10 % des patients présentent des crises aiguës récur-
zones exposées au soleil comme le dos des mains, le visage, le
rentes, sans facteur favorisant clairement identifié. La prise en
cou, et aussi, chez les femmes, les jambes et le dessus des pieds
charge de ces formes chroniques suffisamment sévères pour néces-
(Fig. 8A). Une hypertrichose s’observe souvent sur le haut des joues,
siter l’hospitalisation est difficile et requiert un traitement au long
les oreilles et les bras. La fragilité de la peau est peut être l’élément le
cours par de l’hémine humaine. L’administration régulière, par-
plus spécifique ; elle se manifeste au traumatisme le plus minime
fois hebdomadaire, d’une seule ampoule, peut permettre d’aider
par une érosion superficielle très rapidement recouverte par une
à contrôler la maladie et de ne pas trop altérer la qualité de
croûte. L’apparition de papules blanches (milia) à l’emplacement
vie. La complication la plus fréquente observée chez ces patients
des bulles, en particulier sur le dos des mains, signe une évolution
après plusieurs traitements par hème est l’altération du réseau vei-
favorable. Secondairement, au niveau des lésions bulleuses peuvent
neux superficiel, nécessitant la pose d’un cathéter permanent (avec
apparaître des séquelles atrophiques ou de couleur brunâtre et une
toutes les complications qui y sont liées). Une dose simple d’hémine
augmentation de la pigmentation dans les zones exposées au soleil
humaine contient 22,7 mg de fer et la surcharge en fer est un pro-
est fréquente [29]. Des atteintes hépatiques de sévérité variable
blème potentiel chez les patients qui reçoivent des doses régulières
sont communes chez les patients PC, en particulier en association
d’hème arginate. Dans les cas les plus sévères, la qualité de vie est
avec une consommation excessive d’alcool [1,2].
très affectée au point de recourir à la transplantation hépatique
[1,2]. Elle permet de normaliser l’excrétion de l’ALA et du PBG, et
de supprimer les crises aiguës ; la transplantation hépatique doit
4.1.2. Physiopathologie de l’atteinte cutanée
être réservée aux formes les plus sévères de PAI [15,20]. Un essai de
Dans les porphyries bulleuses, de grandes quantités de por-
thérapie génique non intégrative basée sur l’utilisation d’un siRNA
phyrines s’accumulent dans la peau. Le noyau tétrapyrrolique des
anti-ALAS1 hépatique est en cours d’expérimentation et représente
porphyrines rend celles ci très photosensibles, et elles absorbent
un espoir pour ces patients [21].
l’énergie lumineuse dans le spectre visible autour de 400 nm. Après
excitation, les molécules de porphyrines retournent à leur état
3.3.4. Prévention et suivi des porphyries aiguës de base par transfert d’énergie à d’autres molécules biologiques,
Le diagnostic précoce et précis ainsi que des conseils pré- entraînant ainsi la peroxydation des membranes lipidiques ou
ventifs et des traitements efficaces ont considérablement réduit l’oxydation des acides nucléiques et des polypeptides. L’examen
l’incidence et la mortalité des porphyries aiguës hépatiques. Les histologique de la peau révèle des bulles pauvres en cellules sous
porteurs d’un trait génétique de porphyries aiguës hépatiques, l’épiderme. Les membranes basales ont un aspect en multicouches
qu’ils soient symptomatiques ou présymptomatiques, doivent avec présence de dépôt de matériel hyalin PAS positif dans la
bénéficier d’une prévention efficace basée sur un régime ali- lumière et autour des vaisseaux sanguins du derme. Les études
mentaire équilibré normocalorique, sur le sevrage alcoolique et immunochimiques révèlent la présence d’immunoglobulines, de
tabagique, et sur le recours à la consultation systématique de la liste fibrinogène et de complément au voisinage des parois vasculaires
des médicaments potentiellement porphyrinogéniques lorsqu’une [28]. Ces résultats suggèrent que le principal site d’atteinte lumi-
pathologie intercurrente nécessite un traitement ponctuel ou neuse est le vaisseau sanguin du derme papillaire. Cliniquement,
chronique (http://www.drugs-porphyria.org). La prescription de la biopsie cutanée est sans intérêt, et même contre-indiquée pour
médicaments chez un patient atteint de porphyrie doit tou- le diagnostic positif ou étiologique, qui sont aisément faits par les
jours prendre en considération le rapport bénéfice/risque, en tests biochimiques [2,29].
relation avec la sévérité de la pathologie intercurrente à trai-
ter et de l’activité de la porphyrie [2]. Les consensus sur les
problèmes de prescription dans les champs de l’anesthésie et 4.1.3. Diagnostic biochimique
de la contraception hormonale sont disponibles sur le site Le spectre de fluorescence du plasma est le meilleur test initial
http://www.porphyria-europe.org. Quand des choix difficiles sont pour le diagnostic des porphyries cutanées, différenciant les PV et
à faire, il y a lieu de contacter un centre national de référence. la PC (Fig. 7 ; Tableau 1). Les profils d’excrétion des porphyrines
Par ailleurs, tant les patients symptomatiques que ceux pré- urinaires et fécales sont aussi utiles (Tableau 1). Chez les patients
sentant une maladie latente présentent un risque augmenté de présentant une PC symptomatique, en dehors d’une forte excrétion
développer une hypertension chronique, un carcinome hépato- d’uroporphyrine et de 7-carboxy-porphyrine, la principale porphy-
cellulaire qui survient sur foie sain [22–24] et une insuffisance rine excrétée dans les selles est l’isocoproporphyrine. Toutefois les
rénale chronique [25,26]. Ces facteurs de comorbidité doivent être profils d’excrétion redeviennent normaux après une rémission pro-
considérés individuellement avec les patients, sachant que les longée [12,30].
recommandations européennes préconisent la prescription d’un La PC est due à un déficit en activité uroporphyrinogène décar-
examen biologique et échographique hépatique annuel à partir de boxylase (UROD) dans le foie. Il en existe deux formes principales
50 ans [27]. [2,28,29] :

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Fig. 8. Porphyries cutanées et porphyrie érythropoïétique congénitale. A. Porphyries cutanées : (a) lésions bulleuses (flèche rouge), cicatrice (flèche bleue) ; (b) dépôts
hépatocytaire d’aiguilles d’uroporphyrines sur une biopsie (microscopie électronique à transmission) ; (c) fluorescence des porphyrines intrahépatiques (microscope à
fluorescence). B. Porphyrie érythropoiétique congénitale : (a) lésions érosives et délabrements cutanées sur les zones photo-exposées ; (b) teint hâlé reflétant une surcharge
martiale post-transfusionnel chronique ; (c) érythrodontie.

• le sous-type sporadique (75 % des cas, sPC, MIM 176090) est plus allèles C282Y et H63D du gène HFE, dans différentes combinaisons
souvent observé chez des hommes sans antécédent familiaux de génotypiques, sont associés à une augmentation du risque de PC
PC. Dans la sPC, l’activité UROD est déficiente seulement dans de 3 à 48 par rapport au génotype sauvage [28]. La biopsie du foie
le foie et pendant les phases actives de la maladie [2]. Il s’agit montre fréquemment une surcharge en fer (Fig. 8). La saturation
d’une pathologie multifactorielle dans laquelle l’apparition des de la transferrine, et les concentrations de fer sérique et de fer-
symptômes associe une prédisposition génétique complexe et ritine sont fréquemment élevées. Des polymorphismes des gènes
des facteurs de risque environnementaux ; TFRC1 et CYP1A2 pourraient conférer un risque plus élevé de PC [32].
• le sous-type familial (25 % des cas, fPC, MIM 176100) est La sidérose hépatique de la PC résulte partiellement d’une dérégula-
d’apparition plus précoce et s’observe également dans les deux tion de l’expression d’hepcidine indépendamment du génotype HFE
sexes ; la fPC est de transmission autosomique dominante à péné- [33]. Il a été proposé que l’inactivation hépatique de l’UROD dans
trance faible, associée à une anomalie du gène UROD affectant la PC soit médiée par l’uroporphométhène, un inhibiteur compé-
tous les tissus, et responsable d’une déficience constitutive de titif résultant de l’oxydation partielle de l’uroporphyrinogène par
50 % de l’activité UROD. CYP1A2 par un mécanisme d’oxydation dépendant du fer [34].
L’hémodialyse chez les patients porteurs d’insuffisance rénale chro-
La différence entre sPC et fPC est utile en conseil génétique pour nique pourrait prédisposer à la PC [2], mais dans l’insuffisance
détecter les patients fPC présymptomatiques et prévenir leur expo- rénale chronique et les atteintes hépatiques terminales il est pos-
sition à des facteurs précipitants. L’activité UROD érythrocytaire est sible de retrouver des vésicules proches de celles de la PC et souvent
normale dans les sPC et réduite dans les fPC pour lesquelles un cri- qualifiées de « pseudo-porphyriques » [35]. Le diagnostic différen-
blage mutationnel est utile pour détecter les membres de la famille tiel entre PC et pseudoporphyrie devrait être réalisé par l’analyse
porteurs sains (Tableau 1). des porphyrines dans le plasma ou les fèces, qui est anormale seule-
ment dans les PC.
4.1.4. Facteurs de risque
Les mêmes facteurs de risque contribuent soit à une inactivation 4.1.5. Prévention, traitement et suivi
partielle de l’UROD hépatique dans la sPC ou une inactivation majo- Une fois que la PV et la CH ont été exclues et que la s/fPCT a
rée de l’UROD hépatique dans la fPC. La PCT pourrait être considérée été diagnostiquée, un bilan initial du style de vie du patient, de
comme une maladie hépatique à effet de seuil dans laquelle des sa prise d’alcool, d’estrogènes, HCV, HIV, fonctions rénale et hépa-
symptômes apparaissent lorsque l’activité résiduelle UROD dans le tique, métabolisme du fer et génotypage de l’hémochromatose,
foie descend en dessous d’un seuil de 25 % [28,29]. doit être réalisé. Le sevrage alcoolique est indispensable en phase
Parmi les facteurs de risque qui contribuent à l’inactivation ou à active de la maladie. Éviter l’exposition au soleil, porter des vête-
l’inhibition de l’UROD hépatique on retrouve principalement l’abus ments protecteurs et lorsque c’est possible des écrans protecteurs
d’alcool, les traitements par œstrogènes, l’hépatite C, les hémo- opaques, sont des traitements symptomatiques utiles dans les cas
chromatoses et, à un moindre degré, les infections à VIH [31]. Ces de PC et sont les seuls traitements des signes cutanés dans la PV et
facteurs précipitants agissent soit seul, soit en combinaison avec la CH (Tableau 3) [28].
une surcharge hépatique en fer, pratiquement retrouvé dans tous Chez les patients porteurs de PC sans hémochromatose, la chlo-
les cas de PC, qui génère un mécanisme oxydatif fer-dépendant. Les roquine est maintenant largement utilisée par les dermatologues. Il

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Tableau 3
Prise en charge des porphyries cutanées.

Porphyries cutanées Type de traitement Conduite à tenir Traitements

Tous les cas Symptomatique Photoprotection


Éviction solaire, vêtements protecteurs, écrans
solaires (opaques)
PV et CH Préventif Prescrire des médicaments autorisés dans la Liste disponible : http://www.porphyrie.net ou
liste dédiée http://www.porphyria-europe.com
Arrêt alcool, tabac, drogues
(cannabis, hallucinogènes)
Supprimer les régimes hypocaloriques, le jeûne
PC sporadique ou familiale Préventif Supprimer alcool, tabac, drogues et
estrogénothérapie
Spécifique Déplétion martiale et porphyrines Saignées 300/500 mL hebdomadaires jusqu’à
rémission et/ou chloroquine 100–200 mg deux
fois par semaine jusqu’à rémission

PHE Spécifique Anémie hémolytique Transfusion sanguine

PEC Spécifique Anémie hémolytique Transfusion sanguine


Restaurer la synthèse d’hème érythroïde pour Transplantation médullaire
les cas sévères
PPE Spécifique Augmenter la tolérance solaire ␤-carotène 100–300 mg/ja
Analogue ␣-MSHb
Insuffisance hépatique Transplantation hépatique/médullaire

XLPP Spécifique Augmenter la tolérance solaire ␤-carotène 100–300 mg/ja


Analogue ␣-MSHb
Insuffisance hépatique Transplantation hépatique
Carence martiale Supplémentation martiale

PV : porphyrie variegata ; CH : coproporphyrie héréditaire ; PC : porphyrie cutanée ; PHE : porphyrie hépato-érythropoïétique ; PEC : porphyrie érythropoïétique congénitale ;
PPE : protoporphyrie érythropoïétique ; XLPP : protoporphyrie érythropoétique lié à l’X ;
a
Contre-indiqué chez les fumeurs
b
En cours d’évaluation Clinuvel Pharmaceuticals Limited (Melbourne, Australia).

s’agit de traitement par faibles doses de chloroquine qui complexe dans les érythrocytes, puis secondairement dans d’autres tissus
les porphyrines, les mobilise lentement à partir du foie et augmente (foie, peau) ou les fluides biologiques (bile, selles) conduit à une
leur excrétion urinaire (100–200 mg deux fois par semaine) [36]. photosensibilité douloureuse et des complications hépatiques
Le traitement par de fortes doses de chloroquine doit être abso- potentielles. La plus fréquente des manifestations cliniques est une
lument évité car responsable de syndrome « hépatite-like » chez photosensibilité algique saisonnière des zones cutanées exposées
les patients porteurs de PC. La saignée est le traitement de choix au soleil (Fig. 5). Cette photosensibilité apparaît dans la petite
pour les patients avec PC et surcharge en fer, et ce, même dans enfance mais peut, dans de rares cas, se manifester plus tardive-
les cas où les niveaux de fer sérique et de ferritine ne sont que ment. Les symptômes associent la sensation de brûlures, intenses,
très légèrement augmentés. Une unité de sang (350–500 mL) est piqûres et prurit des zones exposées au soleil. La réaction photo-
retirée chaque semaine jusqu’à la normalisation des réserves de toxique apparaît dans les minutes qui suivent l’exposition au soleil,
fer. Les saignées sont poursuivies jusqu’à ce que la saturation de et la sensation de brûlure douloureuse est atténuée par l’application
la transferrine tombe en dessous de 16 %, ou que la concentration d’eau froide [37]. Des symptômes modérés comme un œdème et un
de ferritine atteigne la limite inférieure de la normale, mais elles érythème apparaissent immédiatement après l’exposition solaire,
pourront être interrompues si le taux d’hémoglobine descend en et des lésions chroniques comme l’épaississement de la peau des
dessous de 11 g/dL. Les taux de porphyrines urinaires et/ou plasma- mains ou des cicatrices d’allure cireuse sur le visage sont fréquentes
tiques sont vérifiés tous les trois mois et généralement reviennent [38]. Une kératodermie palmaire saisonnière a été rapportée chez
à la normale en 6 mois. La rémission clinique est obtenue en 6 à quelques patients hétérozygotes composites ou homozygotes
9 mois [29]. pour des mutations de FECH [39]. Ces patients présentent souvent
Dans les cas sévères, la combinaison de saignées et du traitement une discrète anémie microcytaire hypochrome [40]. Une atteinte
par chloroquine permet une rémission plus rapide. Pour détecter hépatique biologique cholestatique est observée chez 10 à 20 % des
les rechutes, et du fait de l’incidence élevée des atteintes hépa- patients présentant une EPP. Les malades peuvent aussi développer
tiques, les porphyrines urinaires et/ou plasmatique, le métabolisme des lithiases biliaires composées de PPIX. Chez 2 % des patients
du fer et la fonction hépatique devraient être suivis annuellement. porteurs d’EPP, une atteinte hépatique sévère rapidement progres-
Chez les patients porteurs de PC avec insuffisance rénale chronique, sive et irréversible peut apparaître [41,42]. Le dysfonctionnement
une supplémentation en érythropoïétine qui mobilise le fer pour la hépatique est causé par l’accumulation de PPIX dans les hépato-
synthèse d’hémoglobine permet de diminuer les réserves en fer cytes et les canalicules biliaires, entraînant des atteintes cellulaires,
excessives [28,29]. une cholestase, une cytolyse et rétention ultérieure de PPIX.
Le mode de transmission le plus fréquent de l’EPP est complexe,
4.2. Les porphyries photoalgiques il associe presque toujours deux déficits moléculaires : chez environ
94 % des patients symptomatiques, l’expression clinique requiert
4.2.1. La protoporphyrie érythropoïétique la co-transmission d’une mutation privée de FECH portée par un
4.2.1.1. Présentation clinique et diagnostic. La protoporphyrie allèle et en trans d’un allèle FECH hypomorphe portant le polymor-
érythropoïétique (EPP, MIM 177000) est un désordre héréditaire phisme fonctionnel IVS3-48C qui réduit l’activité FECH sous le seuil
usuellement causé par un déficit partiel en ferrochélatase mito- critique d’environ 35 % [42,43]. Seul 4 % des familles ont une forme
chondriale (FECH, EC 4.99.1.1), l’enzyme terminal de la biosynthèse récessive d’EPP avec deux mutations de FECH soit homozygotes, soit
de l’hème (Fig. 1 et 9). L’accumulation de PPIX libre, principalement hétérozygotes composites. Ces patients homo- ou hétéro-alléliques

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Fig. 9. ALAS2, FECH : deux gènes, trois maladies. Physiopathologie des porphyries photoalgiques (protoporphyrie érythropoïétique et protoporphyrie liée à l’X) et de l’anémie
sidéroblastique liée à l’X. La protoporphyrie érythropoiétique (PPE, MIM 177000) est due à un défaut partiel de l’activité ferrochélatase (FECH). La protoporphyrie liée à l’X
(XLPP, MIM 300752) résulte d’un gain de fonction de l’enzyme ALAS2. L’anémie sidéroblastique liée à l’X (ASLX, MIM 301300) est due à des mutations pertes de fonction du
gène codant pour l’enzyme ALAS2.

ont un risque augmenté d’atteinte hépatique sévère [39]. Enfin, des recommandées pour réduire les atteintes phototoxiques poten-
mutations somatiques acquises de FECH ont été décrites chez des tielles des organes intra-abdominaux. Après la transplantation, la
patients qui ont développé une EPP après l’âge de 40 ans en asso- PPIX peut s’accumuler dans le foie greffé, démontrant ainsi la pré-
ciation avec une myélodysplasie ou un désordre myéloprolifératif dominance de la moelle osseuse dans la surproduction de PPIX. Une
[37,38]. transplantation concomitante de foie et de moelle osseuse pourrait
Parce que la PPIX est strictement lipophile, il n’existe pas être réalisée pour prévenir une rechute de l’atteinte hépatique [38].
d’augmentation de l’excrétion de porphyrine urinaire. Le diagnostic
est basé sur une augmentation massive des taux de PPIX libre dans 4.2.2. La protoporphyrie érythropoïétique liée à l’X
les érythrocytes (Fig. 7) [38]. La mesure de la fluorescence plasma- Ces dernières années, une nouvelle porphyrie a été décrite
tique des porphyrines retrouve un pic caractéristique à 634 nm chez en France et au Royaume-Uni [48]. La présentation clinique est
les patients symptomatiques. L’activité enzymatique FECH, mesu- très similaire à celle de l’EPP classique avec d’importantes quan-
rée dans des cellules nucléées, est réduite de 10 à 35 % des valeurs tités de PPIX accumulées dans les érythrocytes. Toutefois, environ
normales chez les patients symptomatiques et d’environ 50 % chez 40 % de cette PPIX est liée au zinc, démontrant la fonctionnalité
les porteurs asymptomatiques. La recherche de mutations du gène de la ferrochélatase (Tableau 1 ; Fig. 9). Cette nouvelle porphy-
FECH et de l’allèle hypomorphe IVS3-48C/T permet de dépister les rie, appelée protoporphyrie érythropoïétique liée à l’X (XLPP, MIM
membres de la famille asymptomatiques et de définir le mode de 300752), résulte d’une activité augmentée de l’ALAS2 (EC 2.3.1.3.7)
transmission intrafamilial (Tableau 1) [43,44]. conséquences de mutations « gain de fonction » du gène ALAS2
(Fig. 9) [49,50]. Toutes les autres mutations précédemment décrites
4.2.1.2. Traitement. La protection de la lumière solaire est essen- du gène ALAS2 entraînent des pertes de fonction à l’origine de
tielle dans la prise en charge symptomatique de l’EPP. Des l’anémie sidéroblastique liée à l’X (XLSA) [51]. Le gain de fonction
vêtements spéciaux, des écrans solaires topiques opaques sont ALAS2 conduit à une production de PPIX en excès par rapport à
indispensables pour améliorer la qualité de vie des patients. Une la production d’hémoglobine, mais en quantités suffisantes pour
photothérapie par UVB pourrait améliorer la tolérance à la lumière causer une photosensibilité et des troubles hépatiques, en dépit
[38]. Le ␤-carotène par voie orale (75 à 200 mg par jour) a été d’une activité FECH normale. Jusqu’ici les traitements curatifs et
proposé pour améliorer la tolérance à la lumière mais les résul- préventifs sont identiques à ceux de l’EPP.
tats sont incertains et son utilisation contre-indiquée chez les
fumeurs (Tableau 3). Récemment l’alfamélanotide, un analogue de 5. Les porphyries récessives rares
l’˛-melanocyte-stimulating hormone, qui stimule la formation pho-
toprotectrice de mélanine épidermique vient d’être autorisée par 5.1. La porphyrie érythropoïétique congénitale ou maladie de
l’agence européenne dans cette indication [45]. Sa prise en charge Günther
en France est très attendue par les patients et soignants. Il n’est
pas possible de prédire quels sont les patients qui vont dévelop- La porphyrie érythropoïétique congénitale (PEC ou maladie de
per une atteinte hépatique sévère, et leur prise en charge devrait Günther ; MIM 263700) se transmet selon un mode autosomique
donc comprendre une évaluation biologique annuelle de la fonction récessif, et résulte d’un déficit marqué (activité résiduelle infé-
hépatique [46]. Quand l’insuffisance hépatique apparaît, le traite- rieure à 15 %) en activité uroporphyrinogène III synthase (UROS,
ment par cholestyramine qui diminue la PPIX hépatique ou par EC 4.2.1.75). Le défaut enzymatique est à l’origine d’une hyper-
charbon activé qui fixe la protoporphyrine dans l’intestin devrait production et d’une excrétion spécifiques de l’isomère I des
être tenté, mais leur efficacité reste à prouver [47]. La transplanta- uroporphyrines et coproporphyrines, non physiologiques et patho-
tion est généralement le seul traitement capable d’assurer la survie géniques (Fig. 1 ; Tableau 1). L’étude moléculaire du gène UROS
[37]. Pendant la chirurgie, une protection par une barrière physique chez les patients porteurs de PEC a mis en évidence une grande
et une modification de l’éclairage chirurgical (filtre jaune) sont hétérogénéité moléculaire [52]. Cependant, la mutation faux-sens,

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p.Cys73Arg, est retrouvée chez 40 % des allèles des patients PEC orangées dans les couches peut faire évoquer une porphyrie (Fig. 7 ;
d’origine caucasienne. Par ailleurs de rares cas PEC due à un déficit Tableau 1).
en UROS secondaire une mutation du gène GATA1, facteur de trans- Les cinq cas décrits de PAI homozygotes se présentent avec des
cription érythroïde spécifique, ont aussi été décrites (Tableau 1) phénotypes de sévérité variable. Le tableau clinique est complète-
[53]. ment différent de celui de la PAI à transmission dominante : ces
La présentation clinique associe une photosensibilité cutanée et enfants présentent des malformations cérébrales, un retard men-
une hémolyse chronique dont la sévérité est très hétérogène selon tal sévère, des désordres neurologiques, une cataracte, un retard
les patients. De nombreux patients présentent une photosensibi- psychomoteur, une ataxie et des convulsions. Environ 15 sujets
lité très sévère, conduisant à des lésions bulleuses, des cicatrices avec une PV récessive ont été décrits, ils présentent des lésions
et enfin une défiguration de toutes les parties du corps exposées cutanées accompagnées d’anomalies squelettiques des mains et,
à la lumière : mains, oreilles, nez et paupières (Fig. 5 et 8B). Des de manière moins constante, une petite taille, un retard mental
infections secondaires des lésions cutanées peuvent mener à des et des convulsions [2]. Deux différents types de CH homozygotes
cicatrisations et des déformations aussi bien qu’à la perte d’ongles ont été décrits avec une relation génotype/phénotype bien docu-
ou de doigts. L’ostéodystrophie érythrodontie (Fig. 8B), qui combine mentée : dans le premier type, les patients sont petits, présentent
ostéolyse, ostéoporose et une moelle osseuse hypercellulaire, est une photosensibilité cutanée, un retard mental, des atteintes neu-
pratiquement toujours présente. Des urines fluorescentes rouges rologiques et un retard psychomoteur. Dans le second type, appelé
dans les couches permettent un diagnostic aisé au lit de l’enfant « harderoporphyria », les patients présentent un ictère intense et
confirmé par le dosage des porphyrines urinaires (Tableau 1 ; Fig. 7). une anémie hémolytique à la naissance sans symptôme neurolo-
Une hémolyse modérée à sévère et un hypersplénisme indiquent gique [11]. Le profil d’excrétion fécale des porphyrines est atypique
une perturbation du métabolisme de l’hème dans les érythro- avec des taux très élevés d’harderoporphyrine en plus de la copro-
cytes. L’hétérogénéité phénotypique est très fréquente dans la porphyrine. Six cas de porphyrie liée à un déficit récessif en ALA
PEC. Des formes à début tardif présentent un phénotype modéré dehydratase (ADP) ont été rapportés et confirmés comme porteurs
souvent restreint à la photosensibilité cutanée due à une trans- de mutations ALAD. La maladie peut se manifester dans l’enfance
mission de mutations moins délétères du gène UROS maintenant par des symptômes neurologiques sévères avec un tableau de neu-
une activité résiduelle. Chez des patients plus âgés, un syndrome ropathie chronique parfois associé à des atteintes aiguës à type
« PEC-like » peut compliquer une atteinte maligne myéloïde qui pré- de douleurs abdominales, nausées vomissements. L’ADP est carac-
cède l’apparition des lésions cutanées [51,54]. À l’opposé sur le térisée par une excrétion urinaire d’ALA et de coproporphyrine
spectre clinique, des formes extrêmement sévères, qui débutent massivement augmentée (Tableau 1) accompagnée par une activité
durant l’embryogenèse, sont dominées par une anémie hémoly- ALAD érythrocytaire basse [2,11]. Dans la tyrosinémie héréditaire
tique majeure responsable d’un hydrops fœtalis et de mort in de type I, des symptômes d’ADP surviennent comme conséquences
utero. Le diagnostic le plus précoce est recommandé, puisqu’un de l’accumulation du plus puissant inhibiteur de l’ALAD dans le
soin particulier devrait être apporté aux nouveau-nés pour éviter foie, le succinylacétone, que l’on retrouve dans les urines et le sang
la photothérapie dans le traitement de l’ictère néonatal. La trans- des patients. De fait, environ 40 % de ces enfants développent des
plantation allogénique de moelle osseuse est le seul traitement symptômes de crise aiguë de porphyrie. Le traitement est iden-
curatif, et a été un succès pour de nombreux patients avec une tique à celui des crises aiguës et se révèle efficace dans certains cas.
atteinte modérée à sévère [2]. Le traitement d’entretien de la PEC Une transplantation hépatique chez un patient porteur d’ADP a peu
est basé sur une protection de la lumière du soleil et de l’exposition d’effets sur les symptômes ou même le tableau biochimique, ce qui
UV associée à des soins de peau méticuleux (Tableau 3). L’anémie suggère que les dommages neurologiques installés précocement
peut nécessiter chez certains patients le recours à des transfusions sont irréversibles.
chroniques associées à une splénectomie limitant les besoins trans-
fusionnels [28,30].
Déclaration de liens d’intérêts

5.2. La porphyrie hépato-érythropoïétique Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

La porphyrie hépato-érythropoïétique (HEP, MIM 176100) est


une porphyrie rare due à un déficit sévère en UROD conséquence Remerciements
d’une atteinte homozygote ou hétérozygote composite du gène.
Seulement 34 patients porteurs de HEP ont été rapportés. L’HEP est Cet article est dédié au Pr Yves Nordmann récemment décédé et
une porphyrie à prédominance hépatique mais qui cliniquement qui a consacré sa vie à l’étude des porphyries héréditaires.
ressemble à la PEC : apparition généralement pendant l’enfance
ou la petite enfance d’urines rouges, de lésions cutanées sévères,
Références
d’hypertrichose et de cicatrices sclérodermiforme. Une anémie
hémolytique et une splénomégalie complète le tableau clinique. [1] Karim Z, Lyoumi S, Nicolas G, Deybach JC, Gouya L, Puy H. Porphyrias: a
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