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La Méditation Taoiste
La Méditation Taoiste
La méditation
taoïste Ch’an
P
armi les nombreuses techniques de santé et de vitalité et la
recherche de cette fameuse immortalité que nous offre le taoïsme,
les méthodes de méditation tiennent une place très importante
sur la Voie du Tao. Nous nous proposons donc dans cet ouvrage de faire
un tour d’horizon, non exhaustif, des principales techniques de médi-
tation que nous offre le canon taoïste (Tao Tsang 道章). Les méthodes
taoïstes des origines ont avec le temps subi une forte imprégnation
bouddhiste avec la création de l’école du Ch’an 1 (禅) par Bodhidharma
aux environs du vie siècle. D’ailleurs, Ch’an en chinois signifie « médi-
tation », cette appellation vient du sanskrit dhyãna qui se traduit éga-
lement par méditation. L’école Ch’an donnera naissance à l’école zen
japonaise, école où la méditation tient une place importante.
1. Prononcer « Tch’an ».
禅 Ch’an
« méditation »
À gauche :
礻 équivalent de 示, Shi, la clé * 113 qui signifie « vénérer ».
À droite :
甲, Jia qui signifie « de premier ordre » et qui est aussi le premier
des Dix Troncs célestes. 甲 dérive de 田, Tian, la clé 102 qui
signifie « champ » ;
一 Yi, la 1re clé, « Un » (situé en dessous de Jia) ;
灬 équivalent de 火, la clé 86 qui signifie Huo, le feu (céleste),
au-dessus.
* Les idéogrammes chinois sont composés d’éléments de base appelés « clés »,
il existe ainsi 274 clés qui permettent d’interpréter ces idéogrammes.
Nous possédons pour notre part une filiation de cette école Ch’an
qui est à la base d’une partie de ce que nous enseignons au sein de
l’Institut taoïste, principalement en matière de connaissance du Tao.
Il faut signaler que la filiation Ch’an que nous possédons a été aussi
influencée par les enseignements du tantrisme, comme d’ailleurs
beaucoup d’écoles Ch’an, notamment le courant du Sud, le courant
Jean-Pierre Krasensky
2. Il existe en Chine cinq courants de cette école, correspondant aux Cinq Directions :
celui du Nord, celui du Sud, celui de l’Est, celui de l’Ouest et celui du Centre.
LES BASES
DE LA MÉDITATION TAOÏSTE
A
vant de se lancer dans la méditation, il est important de bien
en assimiler les bases indispensables, tant sur le plan physique
que sur le plan psychique.
La posture de méditation
L’assise
Pour que la posture soit stable, il est nécessaire d’avoir une bonne
assise de base. Pour cela, il est recommandé d’adopter la position assise
en tailleur. Certains préconisent la position assise en lotus (chaque pied
étant posé sur la cuisse opposée) ou en demi-lotus (un seul pied repose
sur la cuisse opposée).
Les taoïstes en ce domaine ne sont pas aussi rigoureux que les Hin-
dous pour qui la position en lotus est nécessaire à une bonne médi-
tation. Pour les taoïstes, l’assise en tailleur peut suffire. Par contre, la
position des jambes doit être respectée pour une bonne circulation
de l’énergie qui n’a pas le même sens pour les hommes et pour les
femmes. Les hommes mettront la jambe gauche devant la jambe
droite, le talon droit sera placé au niveau du Hui Yin (« Réunion des
Yin », 会引) c’est-à-dire au périnée. Les femmes mettront la jambe
droite devant la jambe gauche, le talon gauche sera également placé
au niveau du Hui Yin. Pourquoi cette position inversée chez l’homme
et chez la femme ? Tout simplement pour respecter la qualité de l’éner-
gie essentielle de l’homme et de la femme. L’homme est d’essence
Yang, représentée par la partie gauche du corps. Mais il a en lui un peu
d’essence Yin représentée par la partie droite du corps. La jambe
gauche Yang doit de ce fait être à l’extérieur et la jambe droite Yin à
l’intérieur, afin de respecter l’essence même de la virilité spirituelle
masculine. La femme est d’essence Yin, représentée par la partie
droite du corps. Mais elle a en elle un peu d’essence Yang représentée
par la partie gauche du corps. La jambe droite Yin doit de ce fait être
à l’extérieur et la jambe gauche Yang à l’intérieur, ceci pour respecter
l’essence même de la spiritualité féminine matricielle. Ainsi sont respec-
tés les deux composants Yang et Yin du Tai-Ji ([).
La colonne vertébrale
La colonne vertébrale doit être droite. En effet, cette structure verté-
brale est le support du Canal Central (Chrong Mo, 中脉) où circule
l’énergie vitale, c’est-à-dire le support de l’Orbite microcosmique com-
posée du Canal Gouverneur en arrière, par lequel monte l’énergie, et
du Canal Conception en avant, par où redescend l’énergie. La bonne
circulation de l’énergie dans le Canal Central est nécessaire à la stabi-
lisation du corps et de l’esprit.
Le menton est
rentré dans le cou
et le dos
parfaitement droit.
La tête et le visage
La tête doit rester droite, dans le prolongement de la colonne ver-
tébrale ; le Bai Hui, le sommet du crâne, dressé vers le ciel. Il ne faut
pas baisser la tête vers l’avant, pas plus que la redresser exagérément
en la penchant vers l’arrière. Les muscles faciaux doivent être bien
détendus, les mâchoires décontractées. La mâchoire inférieure tombe
légèrement vers là-bas, entrouvrant légèrement la bouche.
Les lèvres sont détendues. La langue est placée pointe contre le
palais. Les yeux doivent rester absolument immobiles, car tout mou-
vement des yeux entraîne un mouvement de l’esprit. Le regard doit
être placé dans le prolongement du bout du nez, ou tourné vers le
troisième œil pour les pratiquants les plus avancés en méditation. Au
début, on peut garder les yeux clos pour faciliter le vide en soi. Mais les
adeptes taoïstes habitués à méditer gardent les paupières très légère-
ment ouvertes pour laisser passer un léger rayon de lumière. Car pour
ces adeptes, il y a toujours un peu de Yang dans le Yin, donc un peu
de lumière dans l’obscurité. Sachant que cette obscurité créée sera la
mère de la lumière intérieure incréée au fur et à mesure de l’obtention
de la profondeur méditative. De plus, certains Maîtres taoïstes disent
que si l’on garde les yeux complètement clos, on enferme en soi nos
Nei Gui 3, nos fantômes intérieurs, qui risquent de perturber le calme
mental.
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Première partie
Les bases de la méditation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Les bases pour bien méditer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Les étapes de la méditation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Trois types de méditations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
La respiration dans la méditation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Notre nature profonde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
Les bienfaits de la méditation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Deuxième partie
Différentes méditations taoïstes . . . . . . . . . . . . . 53
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Détente préliminaire à la méditation . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Le Wu Wei . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Le Ch’ing Shen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
La méditation des cinq sens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
La méditation du lotus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
La méditation de l’arbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
La méditation des Cinq Animaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87