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LES HEPATITES

4ème année de Pharmacie


Faculté de Médecine et de Pharmacie de
Port-au-Prince

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Docteur Florence Lescure
I) L’HEPATITE A

L’hépatite A est une maladie du foie qui est due à un virus à ARN de la famille des
Picomaviridae et du genre hépatovirus.

1) Mode de transmission

L’hépatite A se transmet par voie orale par l’ingestion d’eau ou d’aliments souillés
par des matières fécales qui contiennent le virus.

Une mauvaise hygiène ou des conditions sanitaires défavorables favorisent donc la


transmission de la maladie. On parle ainsi de péril fécal.

2) Physiopathologie

Le cycle viral est le suivant :

- Ingestion d'aliments contaminés,


- Absorption par l'estomac et le grêle,
- Réplication dans le foie,
- Sécrétion dans la bile,
- Excrétion dans les selles et réabsorption.

3) Clinique

L’infection par le virus de l’hépatite A débute par une période d’incubation de 2 à


4 semaines pendant la quelle le sujet est contagieux sans le savoir.

Elle est en général asymptomatique, c’est-à-dire qu’elle passera inaperçue.

Si elle est symptomatique on observera : une jaunisse (ictère), de la fièvre, des


douleurs, des nausées, de la fatigue.

Dans la grande majorité des cas, l’hépatite A évolue spontanément vers la guérison
sans séquelles. Il n’y a pas d’évolution vers la chronicité.

Les complications sont rares (hépatite fulminante, hépatite cholestatique, hépatite


récidivante).

4) Diagnostic

Les premiers examens demandés par le médecin seront une étude des marqueurs
qui signent l’existence d’une atteinte du foie (transaminases…).

Il prescrira aussi une sérologie c’est-à-dire une recherche dans le sang de la


présence d’anticorps spécifiques. Ces anticorps sont un des moyens de défense de
l’organisme contre le virus, ils ne sont présents qu’en cas d’infection mais
apparaissent relativement tardivement après l’infection.

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5) Traitement

L’hépatite A évoluant spontanément vers la guérison, aucun traitement n’est mis en


place et il n’en existe aucun de spécifique.

Mesures à prendre en début d’hépatite : repos, arrêt de certains médicaments, arrêt


des boissons alcoolisées.

6) Prophylaxie

- Mesures d'hygiène : bien se laver les mains, éviter de boire de l’eau de provenance
inconnue et préférer l’eau en bouteille, éviter de manger des aliments crus lavés
avec de l’eau de provenance inconnue.
- Vaccination : la vaccination permet de donner une immunité efficace pendant près
de 10 ans. La vaccination est recommandée aux voyageurs qui se rendent en zone
d’endémie ou aux personnes pouvant être en contact avec le virus (personnel de
santé, employés des services d’entretien et de l’alimentation…).

Caractéristiques du vaccin:
- Vaccin antiviral inactivé,
- Injection intramusculaire,
- Effets indésirables rares : douleur locale, érythème et induration au site d’injection,
céphalées, fièvre modérée,
- Contre-indications : infections fébriles,
- Une injection avec un rappel après 6 à 12 mois, puis tous les 10 ans.

II) L’HEPATITE B

L’hépatite B est une maladie du foie qui est due à un virus à ADN de la famille des
Hépadnavirus.

La capside qui contient le génome du virus est faite d'antigène HBc (c pour
capside) et est entourée d'une enveloppe formée de lipides cellulaires et de protéine
virale appelée antigène HBs (s pour surface). L'antigène HBs est le principal
marqueur sérique d'infection.

1) Mode de transmission

Le virus de l’hépatite B se transmet par voie sexuelle et sanguine.

On retrouve des virus dans la salive mais cette salive ne peut transmettre le virus
que si elle est en contact avec le sang (lésions…).

La contamination maternofoetale est aussi un mode de transmission : les enfants


contaminés à la naissance restent souvent porteurs chroniques du VHB (état de
tolérance vis-à-vis du virus), expliquant la pérennisation du portage.

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2) Physiopathologie

L'antigène HBs apparaît dans le sang environ un mois après le contage. Il disparaît
au cours de la convalescence mais il persiste chez les porteurs chroniques => on
définit le portage chronique par la persistance de l'antigène HBs au-delà de 6 mois.
L'antigène HBc est masqué par l'antigène HBs et n'est pas détecté par les tests
usuels.

Les anticorps apparaissent après les antigènes. Ce sont d'abord les anti-HBc : les
IgM anti-HBc, fugaces, signent l'infection aiguë, tandis que les IgG anti-HBc sont très
durables, probablement toute la vie. Les anti-HBs apparaissent durant la
convalescence (= signe de guérison) et persistent des années. L'antigène HBe
(témoin de la réplication virale) est un indicateur d'évolutivité et d'infectiosité. Sa
disparition est de bon pronostic, comme l'apparition des anticorps correspondants.

En cas d’hépatite B chronique :

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3) Clinique

Après contamination, la durée d’incubation est variable selon les personnes (jusqu’à
6 mois et 3 mois en moyenne). L’hépatite B aiguë est souvent asymptomatique ou
paucisymptomatique (asthénie, fièvre).

- L’hépatite fulminante est une forme exceptionnelle d’hépatite d’apparition brutale,


s’accompagnant en quelques jours d’une destruction rapide de tout le tissu
hépatique et d’une atteinte cérébrale conduisant au coma. Le seul recours est alors
la greffe du foie. Elle s’observe dans 1% des cas.

- L’infection par le virus de l’hépatite B évolue spontanément vers la guérison dans


environ 90 % des cas et vers la chronicité dans 10 % des cas (cela signifie que le
patient sera porteur du virus à vie mais ne sera pas forcément malade).

Les porteurs chroniques peuvent présenter une hépatite chronique active qui pourra
évoluer en cirrhose. A terme, la cirrhose peut évoluer en cancer.

4) Traitement

Mesures à prendre en début d’hépatite : repos, arrêt de certains médicaments, arrêt


des boissons alcoolisées.

Seule l’hépatite B chronique active (c'est-à-dire avec multiplication virale) est traitée
par des médicaments spécifiques.

A) Interféron alpha-2a ou alpha-2b

L’interféron est une cytokine obtenue par génie génétique, produite normalement par
les macrophages et les lymphocytes et ayant une activité :
- Antivirale (inhibition de la réplication virale dans les cellules),
- Immunomodulatrice (augmentation de l’activité des macrophages et des
cellules natural killer),

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- Antiproliférative.

Effets indésirables :
- syndrome pseudo-grippal,
- anorexie,
- diarrhées, nausées, vomissements,
- troubles neuro-psychiques,
- hypotension,
- troubles du rythme,
- troubles thyroïdiens,
- sécheresse cutanée…

Contre-indications :
- Affection cardiaque sévère, insuffisance cardiaque,
- Insuffisance rénale, hépatique, médullaire,
- Antécédents d’épilepsie ou d’atteintes du SNC,
- Hépatite chronique décompensée ou cirrhose hépatique,
- Hépatite auto-immune,
- Troubles thyroïdiens non contrôlés,
- Grossesse et allaitement.

Autres indications : leucémies, lymphomes, sarcome de Kaposi, myélome…

B) Peginterféron alpha-2a

Le peginterféron est un interféron pégylé (c'est-à-dire conjugué à de grandes


molécules, les Poly-Ethyléne Glycols), diminuant ainsi sa clairance rénale et
aboutissant à une augmentation importante de sa demi-vie. Cette modification
galénique permet d’obtenir une concentration plasmatique d’interféron plus stable et
prolongée, permettant un schéma thérapeutique plus souple et plus efficace
(une injection/semaine au lieu de 3).

Contre-indications :
- Affection cardiaque sévère, insuffisance cardiaque,
- Hépatite chronique décompensée ou cirrhose hépatique,
- Hépatite auto-immune,
- Grossesse et allaitement.

C) Lamivudine

La lamivudine est un agent antiviral très actif contre le virus de l'hépatite B.


Dans les cellules infectées ou saines, la lamivudine est transformée en un métabolite
triphosphate (TP), qui constitue la forme active de la molécule mère. La lamivudine
triphosphate se comporte comme substrat de la polymérase du virus de l'hépatite B
(VHB). L'incorporation de lamivudine-TP dans le génome du VHB bloque la formation
de l'ADN et sa réplication ultérieure. Cette molécule, connue aussi sous son
abréviation 3TC, est utilisée depuis longtemps dans le traitement de l’infection par le
VIH.

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D) Adéfovir dipivoxil

L’adéfovir dipivoxil est une prodrogue de l’adéfovir, analogue nucléotidique


possédant une activité antivirale. Il inhibe les polymérases virales après
biphosphorylation et incorporation dans l’ADN viral.
Il possède un spectre d’activité large : il agit sur les Hepadnavirus, les Rétrovirus et
les Herpès virus.

5) Prophylaxie

Les précautions à prendre sont donc :

- une utilisation systématique de préservatifs pendant les rapports sexuels,


- d’éviter l’échange de seringues usagées pour les toxicomanes,

- d’éviter l’échange de matériels en contact avec le sang (brosses à dents,


rasoirs, ciseaux à ongles, matériel d‘épilation...).

La vaccination :

Il existe un vaccin contre l’hépatite B assurant une immunité durable.

Une polémique concernant un lien éventuel entre cette vaccination et la survenue de


la sclérose en plaque a fait grand bruit. Aucune étude scientifique n’a permis de
démontrer ce risque mais la surveillance s’est renforcée : le vaccin n’est pas
recommandé chez les personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de
sclérose en plaque.

Caractéristiques du vaccin:
- Vaccin antiviral inactivé,
- Injection intramusculaire,
- Effets indésirables rares : douleur et/ou induration locale, céphalées, fièvre
modérée,
- Contre-indications : infections fébriles,
- Trois injections (J0-J30-J180).

III) L’HEPATITE C

L’hépatite C est une maladie du foie qui est due à un virus à ARN de la famille des
Flavivirus infectant les hépatocytes et les lymphocytes.

1) Mode de transmission

Le virus de l’hépatite C se transmet par voie sanguine.

La transmission sexuelle existe bien mais elle demeure exceptionnelle car liée au
contact sanguin (lésions génitales ou pendant les règles). On ne retrouve pas de
virus dans le sperme, les sécrétions vaginales ou séminales.

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Il y a un risque de transmission de la mère à l’enfant, au moment de l’accouchement,
seulement si des virus sont détectables dans le sang de la mère.

2) Clinique

L’infection par le virus de l’hépatite C débute par une période d’incubation d’une
durée variable qui serait fonction de la quantité de virus transmise (4 à 6 semaines).

Après cette période, l’infection se manifeste par une hépatite aiguë dans 10 à 20 %
des cas. Celle-ci dure environ 3 mois et se caractérise par de la fatigue, des troubles
digestifs, une douleur au foie et éventuellement une jaunisse.

La fréquence d’évolution vers une hépatite chronique qui pourra se terminer en


cirrhose et en cancer du foie est élevée (70 à 80 % des cas). Evolution lente sur 10
à 20 ans. Dans la majorité des cas, les patients atteints d’hépatite C chronique ne
présentent aucun signe clinique. La présence de signes cliniques traduit une forte
évolutivité de la maladie ou la présence de complications.

3) Diagnostic

Les premiers examens demandés par le médecin seront une étude des marqueurs
qui signent l’existence d’une atteinte du foie (transaminases…).

Aussi, il prescrira une sérologie c’est-à-dire une recherche dans le sang de la


présence d’anticorps spécifiques (anti-VHC).

4) Traitement

Mesures à prendre en début d’hépatite : repos, arrêt de certains médicaments, arrêt


des boissons alcoolisées. Seule l’hépatite C chronique active est traitée par des
médicaments spécifiques.

A) Interféron alpha-2a ou alpha-2b

B) Peginterféron alpha-2a ou alpha-2b

C) Ribavirine

La ribavirine est associée à l’interféron alpha 2b. C’est un analogue nucléosidique de


la guanosine possédant un large spectre d’action antivirale. Son mécanisme d’action
sur le VHC est encore aujourd’hui inconnu mais par extrapolation à d’autres virus, on
suppose que la ribavirine vide le stock cellulaire des nucléotides, entraînant une
diminution de la réplication du génome viral. Elle inhibe aussi l’ARN-polymérase du
virus et la synthèse protéique cellulaire, et aurait également un effet
immunomodulateur.

Effets indésirables :
Le principal est une anémie, qui nécessite un arrêt du traitement (5 % des cas),

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- Existence d’effets indésirables psychiques, digestifs…
- La sécheresse cutanée est prévenue dès l’instauration du traitement par l’utilisation
d’une crème hydratante
- La sécheresse de la bouche et des yeux est atténuée par l’utilisation de substituts
de salive ou de larmes artificielles.
- Des antihistaminiques, voire des corticoïdes locaux sont utilisés en cas de prurit.

Contre-indications :
- Affection cardiaque sévère, insuffisance cardiaque,
- Insuffisance rénale, hépatique,
- Cirrhose hépatique,
- Hémoglobinopathies (telles que thalassémies, drépanocytose),
- Grossesse car hautement tératogène => toutes les précautions doivent être
prises afin d'éviter la survenue d'une grossesse chez les patientes,
- Allaitement.

5) Prophylaxie

Les précautions à prendre sont donc :

- une utilisation de préservatifs pendant les rapports sexuels,


- d’éviter l’échange de seringues usagées pour les toxicomanes,

- d’éviter l’échange de matériels en contact avec le sang (rasoirs...)

Il n’existe pas de vaccin pour l’hépatite C.

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