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COURS CAPA
Maurice Krings
Janvier 2021
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Introduction
Comme tous les cours capa, le cours capa de droit des sociétés a pour objectif de fournir aux
avocats stagiaires une formation orientée vers la pratique.
- Ni un exposé des principes de droit des sociétés : ceux-ci sont censés avoir été assimilés
à l'université ; deux ouvrages de synthèse sont à conseiller et devraient figurer dans la
bibliothèque de tout praticien du droit des sociétés : Tilquin, T. et Simonart, V., Traité
des sociétés, Bruxelles, Kluwer, T.I, 1996, T. II, 1997, T.III, 2005 et J. Malherbe, Y. De
Cordt, P. Lambrecht, P. Malherbe et H. Culot, Droit des sociétés, Bruxelles, Éditions
Larcier, 2020 (5e édition).
Le but du cours est de familiariser l'avocat qui entame une carrière professionnelle avec la
pratique. Au cours des leçons, on s'attachera à montrer quelles sont les questions que doit se
poser l'avocat lorsqu'il est le conseil de sociétés, d'actionnaires ou des administrateurs de
sociétés et quels sont les réflexes à acquérir dans la préparation des réponses les plus
fréquemment posées à l'avocat.
L'accent sera délibérément mis sur l'avocat dans l'exercice de sa mission de conseil, plutôt que
l'avocat qui défend un client dans le cadre d'une procédure contentieuse, à l'exception sans doute
du cours consacré à la matière des responsabilités.
- De relire le code des sociétés et des associations (ci-après « CSA ») et son arrêté
d'exécution;
Il est d’ailleurs vivement recommandé de se munir de ces deux instruments juridiques
afin de suivre utilement les leçons.
- De relire votre cours de comptabilité (si vous en avez suivi un) ou, le cas échéant, de
vous familiariser avec les notions fondamentales de cette discipline grâce à un manuel
général
Parlons d’abord de la comptabilité. Je suis convaincu qu’il est indispensable de savoir lire les comptes
annuels (bilan et comptes de résultat) et comprendre ce qu'ils peuvent révéler (ou cacher) pour assumer
pleinement le rôle de conseil d'entreprises.
J'ajoute que la comptabilité des sociétés est le socle sur lequel se fonde la fiscalité des sociétés et je
suis donc également convaincu que l'avocat qui se propose de devenir le conseil de sociétés (en tout
cas pour les aspects "corporate") se doit de maîtriser correctement les conséquences fiscales des
décisions que prennent leurs dirigeants.
En ce qui concerne le CSA., on ne s'attend pas à ce que les stagiaires qui suivent le cours CAPA
"sociétés" soient parfaitement familiarisés avec l’ensemble des dispositions de ce Code, d’autant
plus que c'est tout le code des sociétés qui a récemment été modifié et que nombre d’entre vous
n’ont pas eu l’occasion d’étudier ces changements de manière approfondie.
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Ce code, adopté le 23 mars 2019 et entré en vigueur le 1er mai 2019, constitue une réponse aux
dispositions antérieures, jugées rigides, complexes, inadaptées et archaïques, et à la
prolifération et foisonnement des formes sociétaires dans notre droit.
L’objectif de la réforme est tout d’abord de simplifier le droit des sociétés et des associations.
Dans cette optique, la distinction traditionnelle entre les sociétés civiles et sociétés
commerciales a été supprimée et le nouveau critère de distinction entre les sociétés et les
associations est désormais l’octroi d’avantages patrimoniaux et/ou la distribution de bénéfices
à ses membres. Toujours dans cet objectif de simplification, le concept de société faisant appel
publiquement à l’épargne a été supprimé et nous avons désormais une nouvelle définition des
sociétés cotées. Répondant également à ce souci de simplification, le nombre de formes
sociétaires a été limité de même que le nombre de sanctions pénales a été réduit. La SPRL a été
rebaptisée « SRL », société à responsabilité limitée, et la forme de la SPRLU a été supprimée.
Ce premier objectif de simplification est complété par celui de flexibilité encouragé notamment
par l’utilisation de l’anglais pour certains documents, l’utilisation du site internet et des adresses
électroniques, le fait que de nombreuses règles deviennent subjectives, l’élection de domicile
par les dirigeants au siège de la société ou encore la suppression du concept de
« capital social » pour les anciennes SPRL et enfin la possibilité également dans le cadre des
sociétés anonymes d’avoir un administrateur unique.
Enfin, la réforme se veut être en ligne avec les développements européens et prévoit désormais
le lieu de la constitution de la société comme critère pour l’application du droit belge des
sociétés.
Le CSA est divisé en cinq parties/dix-huit livres (n° d’article par livre) :
Une dernière remarque avant de clôturer cette introduction. Le droit des sociétés comprend un
socle de règles applicables à toutes les sociétés et en outre un ensemble de règles applicables
soit aux grandes sociétés, soit aux groupes de sociétés, soit aux sociétés ayant fait appel public
à l'épargne (sociétés cotées en bourse). Compte tenu du nombre limité d'heures de cours
(actuellement réduit à 10 heures) et pour donner une place réelle à l'interactivité entre le
professeur et les avocats qui suivent le cours, on se limitera tout d'abord à l'examen des
principales dispositions communes à toutes les personnes morales régies par le Code.
Ensuite, les mêmes contraintes de temps imposent des choix quant aux types de sociétés que
nous allons examiner au cours des leçons. On se limitera à la S.R.L., la S.C et la S.A.
Ce sont ces mêmes contraintes de temps qui nous conduisent à ne pas exposer la matière des
fusions et scission de sociétés, les apports de branches d'activités ou d'universalités.
Enfin, nous ne pourrons aborder au cours CAPA les règles spécifiques aux sociétés dont les
actions sont admises aux négociations sur un marché réglementé (sociétés cotées).
Un droit spécifique à ces sociétés s'est élaboré au fil des années. Tout au plus le professeur
pourra-t-il signaler au cours des leçons que telle ou telle matière fait l'objet d'une réglementation
spécifique pour les sociétés cotées.
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La mise à jour du cours CAPA droit des sociétés est un travail permanent.
Vos réactions et commentaires sont non seulement bienvenus mais souhaités, pour que ce cours
réponde autant que possible à vos attentes.
Janvier 2021
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Situation : une personne vous consulte et vous expose qu'elle se propose de constituer une
société. Cette personne vous demande de la conseiller et de l'assister dans les démarches qui
seront nécessaires à cette fin11.
1.1.1. S'agit-il de la première société constituée par cette personne ? Vous consulte-t-elle
à titre personnel, comme futur actionnaire ou représente-t-elle le groupe
d'actionnaires qui vous demandera ensuite d'être le conseil de la société ? Attention
aux conflits d'intérêts ultérieurs éventuels !
1.1.2. S'agit-il de la filiale d'une société existante ou de la succursale belge d'une société
étrangère existante (pas de personnalité juridique propre) ? Dans la suite de l'exposé
on examinera les questions liées à la constitution d'une nouvelle société. Lorsqu'il
s'agit de la succursale belge d'une société étrangère les formalités à accomplir
figurent aux articles 2:23 à 2:29 CSA.
1.1.3. Quel sera l'objet social de cette société ? L'activité est-elle réglementée ? Y a-t-il des
questions relatives à l'accès à la profession ? (voir §1.4.2. in fine et 1.5.4.).
1.1.4. Si le futur actionnaire qui vous consulte est une personne physique, quel est son
régime matrimonial ? Les actions qu'il s'apprête à souscrire seront-elles un bien
2
propre ou commun2 ?
1
Stéphane.Gilcart, La société en formation, Kluwer, 2004, 544 pages.
2
Sur cette question, voy. Y.-H. Leleu et S. Louis, Société et régime matrimonial de communauté, Bruxelles Larcier,
2010, 152 p.
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1.2. Quelle forme de société choisir ? Considérations qui influencent le choix de la forme
de société.
1.2.1. Remarque introductive : le CSA ne comporte plus que quatre livres relatifs aux
quatre types de sociétés de droit belge qui subsistent à savoir la société simple
(société en nom collectif et société en commandite), la SRL, la société coopérative
et la société anonyme. Toutes les autres formes de sociétés sont supprimées.
S.R.L.
S.C.
S.A. : € 61.500 (art. 7:2 SCA) intégralement souscrit et libéré (art. 7:4 SCA)
- La S.A. a été maintenue mais surtout pour les grandes sociétés et les sociétés
cotées (suppression des sociétés ayant fait public appel à l’épargne).
- S.C. : régime calqué sur celui de principe de la SRL et donc une libre
cessibilité des titres entre actionnaires existants (art. 6:52 CSA) et une libre
cessibilité aux tiers pour autant que le cessionnaire entre dans les catégories
déterminées par les statuts et qu’il réponde aux conditions statutaires pour
être actionnaire (art.6:54 CSA).
- S.A. : des restrictions à la négociabilité des titres n'existent que si les statuts
ou des conventions entre actionnaires le prévoient. Clauses d'inaliénabilité
limitées dans le temps et doivent être justifiées par un intérêt légitime
(art.7:78 CSA)) (voir également § 1.6.2., premier tiret, ci-après) – Notons que
désormais les clauses d’inaliénabilité doivent uiniquement être justifiée par
un « intérêt légitime » tandis que l’ancien code exigeait une justification par
l’intérêt social, et ce à tout moment.
- S.A. : la S.A. peut émettre tous les titres qui ne sont pas interdits par la loi –
principe de proportionnalité pour la répartition des bénéfices et du solde de
liquidation devient supplétif. En outre, des titres des S.A. peuvent être
dématérialisés (si la société a opté pour ce régime), ce qui permet un relatif
anonymat du capital.(art.7:35 à 7:44 CSA).
- Remarque : l’article 7:83 CSA. stipule que la personne physique ou morale qui
possède ou contrôle directement ou indirectement plus de 25% des actions
ou des titres donnant droit de vote, doit le notifier à la société concernée
dans les cinq jours de l’acquisition.
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- Remarque générale : le CSA unifie la terminologie et, pour toutes les formes
de société, se réfère de manière générale à l’ « organe d’administration »
L’administrateur d'une S.R.L. peut être désigné dans les statuts ; il est
protégé du risque de révocation puisque celle-ci implique une modification
statutaire, qui suppose que soient réunies les conditions de forme, de quorum
et majorité requise (voir §§2.4.1. à 2.4.4.).
Dans toutes les sociétés examinées dans le cadre du cours CAPA (SRL, SC et SA),
les administrateurs peuvent être des personnes physiques ou morales, associées ou
non. Lorsqu'une personne morale est désignée pour exercer un mandat de gestion,
celle-ci est tenue de désigner parmi ses actionnaires, gérants, administrateurs,
membres du comité de direction, ou travailleurs, un représentant permanent chargé
de cette mission au nom et pour le compte de la personne morale. La société nommée
mandataire ne peut révoquer son représentant qu'en désignant simultanément son
successeur ( art.2:55 CSA.).
- S.R.L. : chaque administrateur peut accomplir seul tous les actes nécessaires ou
utiles à l'accomplissement de l'objet social. Les restrictions statutaires au pouvoir
d'action individuel de chaque administrateur sont valables entre parties mais non
opposables aux tiers, même si elles sont publiées (art.5:73 CSA). Par défaut, la
SRL est gérée par un ou plusieurs administrateurs (gestion conjointe) mais les
actionnaires peuvent opter pour un organe d’administration collégial. L’organe
d’administration peut charger une ou plusieurs personnes de la gestion
journalière.
- S.C. : l'administrateur, s'il est unique, peut accomplir seul tous les actes de
gestion. S'il y a plusieurs administrateurs, ils agissent en collège (art. 6:61 CSA).
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Ou la possibilité de choisir entre trois systèmes de gouvernance (art. 7:85, 7:101, 7:104
CSA). La CSA a permis une plus grande souplesse et créativité pour la gouvernance des
SA à travers le choix entre un système moniste (un seul conseil d’administration, ou
encore un administrateur unique) et un système dualiste (scission des pouvoirs entre un
conseil de direction et un conseil de surveillance).
Ou encore
En ce qui concerne le droit transitoire, le CSA est entré en vigueur le 1er mai 2019.
A dater de cette date d’entrée en vigueur, les statuts des sociétés qui sont
nouvellement constituées devaient être conformes aux dispositions du CSA. A partir
de cette date, il n’était dès lors plus possible de constituer de nouvelles personnes
morales ou de transformer des personnes morales sous une forme que le CSA
supprime. Il est également prévu qu’à cette date entraient en vigueur le chapitre 3 de
la loi qui prévoit notamment les dispositions en matière de droit international privé
avec la théorie du siège statutaire.
Depuis le 1er janvier 2020, les sociétés doivent mettre leur statut en conformité avec
le CSA, et ce, à la 1ère modification de leurs statuts et au plus tard le 1er janvier 2024.
Il est donc prévu une longue période de transition pour les sociétés existantes.
En outre, dès le 1er janvier 2020, les dispositions impératives du CSA sont devenues
d’office applicables aux sociétés existantes et les clauses statutaires contraires seront
réputées non écrites.
Il est encore précisé qu’à compter du 1er janvier 2020, la partie libérée du capital fixe
et la réserve légale des anciennes SPRL ont été converties de plein droit en un
compte de capitaux propres, statutairement indisponible.
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Enfin, pour ce qui concerne les sociétés qui ont une forme juridique en voie de
disparition, elles resteront soumises au Code actuellement en vigueur jusqu’à leur
transformation, étant entendu toutefois qu’à défaut de transformation avant le 1er
janvier 2024, elles seront transformées de plein droit au 1er janvier 2024 en la forme
de société qui leur est le plus proche.
x x
x
L'énumération ci-dessus des différences entre les différentes formes de sociétés n'est pas
exhaustive. Elle a pour objectif de montrer que le CSA peut être lu de manière transversale et
les enseignements de cette lecture peuvent être de nature à influencer le choix des fondateurs.
1.3.1. La création d'une société requiert la préparation d'un plan financier (S.R.L. : art.5:4
CSA; S.C. :art. 6:5 CSA ; SA : art.7:3 CSA).
En définitive, l'objectif d'un plan financier est de déterminer le besoin en fonds de roulement
(BFR) de la future société pendant les deux premières années de son existence (en anglais
Working Capital Requirement – WCR). Au cours oral, on expliquera ce que signifie ce concept
de besoin en fonds de roulement
13
Les fondateurs sont responsables des engagements de la société, dans une proportion
fixée par le juge, en cas de faillite prononcée dans les trois ans de la constitution, si
le capital était, lors de la constitution manifestement insuffisant pour assurer
l'exercice normal de l'activité projetée pendant une période de deux ans au moins
(S.R.L. : art.5:16, 2°SCA; S.C. : art.6:17, 2°SCA; S.A.: art.7:18, 2°CSA). Rappel :
distinction entre fondateur et souscripteur– voir § 1.2.4 ci-avant).
x x
x
Le plan financier est un document trop souvent négligé par les fondateurs des petites et
moyennes entreprises. Le rôle de l'avocat est d'attirer l'attention de ses clients sur l'importance
de ce document et les responsabilités qui peuvent en découler, en cas de faillite survenant
dans les trois ans de la constitution. – Ce rôle de l’avocat est accentué compte tenu des
nouvelles dispositions en matière d’établissement du plan financier.
- Siège social, capital social souscrit et libéré, nombre d’actions, identité des
fondateurs & identité administrateurs (copie ID/passeports si personnes
physiques/ si personne morale belge : copie ID/passeports des représentants
légaux / si personne morale étrangère : extrait de registre de commerce +
statuts + copie ID/passeports des représentants légaux), date AGO, date
clôture annuelle, reprise des engagements, identité du commissaire
éventuel);
- Nom de la future société : demander au notaire de faire une recherche quant
à la dénomination envisagée ;
- Objet social : rédiger avec soin avec le client en veillant à englober toutes les
formes technologiques et commerciales que peuvent revêtir l'activité
14
Annexe 1.4.2. B
Annexe 1.4.2. C
Annexe 1.4.3.B
Annexe 1.4.3. D ;
Annexe 1.4.3. C ;
1.5.1. Un grand nombre de démarches peuvent être accomplies au nom et pour compte
d'une société en formation.
Ces engagements pourront être censés avoir été souscrits par la société si celle-ci
est constituée dans les deux ans qui suivent la naissance de l'engagement et si celle-
ci reprend l'engagement contracté pour elle, dans les trois mois de l’acquisition de
la personnalité juridique (art. 2:2 CSA).(Ne pas oublier de la signaler aux fondateurs
d'une société et veiller à ce que la formalité prescrite par l'article 2.2. CSA soit
3
Cass. 28 mai 2010, affaire C.09.0528.F, arrêt publié par extrait R.D.C., 2010, p. 898.
17
accomplie).
1.5.2. Il est ainsi fréquent de négocier un bail, l'acquisition d'un immeuble ou d'un fonds
de commerce au nom d'une société en formation. Les sommes payées par les
promoteurs de la société leurs seront remboursées par la société, après sa
constitution si celle-ci reprend l'engagement contracté.
1.5.3. Divers contrats pourront être négociés voire conclus avant la constitution de la
société (contrats de travail; contrat de concessions; licence de fabrication ou
d'exploitation, etc.).
La preuve des connaissances de gestion de base ainsi que la preuve des compétences
professionnelles doivent être fournies au moment de l'inscription à la Banque-
Carrefour des Entreprises.
o D'agrément du cessionnaire
o De préemption ou de préférence
o De non-acquisition (ne pas modifier les équilibres au sein de
l'actionnariat - clause de stand-still) ; elles doivent être justifiées par
un intérêt légitime
o De droit de suite (imposé aux actionnaires majoritaires – clause de
tag-along)
o D'obligation de sortie conjointe (imposée aux actionnaires
minoritaires – clause de drag-along)
o De sortie proportionnelle et réciproque
o D'option d'achat ou de vente (call or put)
o De résolution des blocages en cas de différend entre actionnaires (i) ;
ces situations se résolvent parfois par des mécanismes de buy or sell;
le cas échéant aménagé sous forme de dispositions à enveloppes
fermées, "clause texane")
o D'exclusion en cas de différend grave. Ces clauses, très utiles,
permettent de modaliser conventionnellement les articles 2:63 et s.
SCA.
o En matière de cession forcée des titres dans les S.R.L. et S.A.; pour rappel
: l'exclusion d'un associé est organisée par la loi pour les S.C. et peut être
prévu statutairement pour les S.R.L.
o De retrait. Même remarque qu'au tiret précédent. Pour ce qui
concerne le retrait organisé par l’article 2:68 CSA, les motifs
conventionnels du retrait peuvent être élargis à d'autres circonstances
que celles prévues à l'article 2:63 CSA. Pour rappel, dans la S.C., un
4
P. Van Ommeslaghe, "Les conventions d'actionnaires en droit belge", R.P.S., 1989, p. 290 ; V. Simonart, "La
contractualisation des sociétés ou des aménagements des mécanismes sociétaires", R.P.S., 1995, p. 109 ; H. Laga, "Het
reglement van inwendige orde in vennootschappen", T.P.R. 1993, p. 922 ; P.A. Foriers, "Les situations de blocage dans
les sociétés anonymes" R.D.C. 1992, p. 483 ; C. Staudt et P. Kileste, "Le statut des administrateurs et les pactes
d'actionnaires" in Les conflits au sein des sociétés commerciales ou à forme commerciale, [Jeune Barreau Bruxelles
2004], p. 14 ; P. Kileste et O. Ralet, "Droits et protections de l'actionnaire minoritaire", R.D.C. 1979, p. 847 ; P. De Wolf,
"Exercice du pouvoir et fonctionnement de la S.A. : un régime de liberté (moins ) surveillé", J.T. , 2003, p. 592 ; P. De
Wolf et B. Feron, "les conventions d'actionnaires, une évolution inachevée" D.A.O.R., 1991, p. 33 ; O. Caprasse et R.
Aydogdu, "Contrôle et pactes d'associés" in Contrôle, stabilité et structure de l'actionnariat [Jeune Barreau Bruxelles
2009], p. 146 ; D. Willermain, "les pactes d'actionnaires : principes fondamentaux – Clauses relatives à l'exercice du
pouvoir", D.A.O.R., 1991, p. 14.
19
compagnon ou compagne ;
o Toute opération opérationnelle ou financière entre la société et une
entreprise dans laquelle une personne visée au tiret précédent détient
un intérêt significatif ou exerce une fonction dirigeante de droit ou
de fait ;
o Toute cession d'un élément significatif de l'actif (c'est-à-dire
représentant à la date de la cession au moins ** % du montant total
des actifs de la société), ou toute cession d'une partie de l'activité de
la société ;
o Toute décision de modifier les rémunérations du personnel ;
o Lorsque les statuts prévoient que les mandats des administrateurs
sont rémunérés et que l'assemblée générale qui les nomme confie au
conseil d'administration le soin de fixer la rémunération des
administrateurs, toute décision relative à cette rémunération ;
o Toute opération ne relevant pas de la gestion journalière
o Etc.
1.6.5. Dans les lignes qui précèdent nous avons brièvement examiné la convention
d'actionnaires conclue au moment de la constitution de la société (ce qui constitue
le thème de la première leçon). Débordons à présent du contexte de la constitution
d'une société. Nous constatons qu'une convention d'actionnaires peut également être
négociée en cours de vie de la société. Ce sera le cas par exemple en cas d'entrée de
nouveaux actionnaires dans la société.
Des investisseurs professionnels (Venture Capitalists ou VC) n'ont pas pour objectif
de maintenir leur participation à long terme. Un VC négociera son apport en capital
par les clauses :
La mise au point de clauses de ce type recourt à des techniques de calcul qui peuvent nécessiter
le concours d'économistes qui maîtrisent les outils de calculs nécessaires. L'avocat se fera en ce
cas assister de spécialistes du chiffre pour la mise au point de pareilles clauses.
22
1.4.2. A. Lettre type au notaire chargé d'établir l'acte authentique de constitution d'une
société
1.4.2. C. Exemple de procuration donnée pour comparaître à l'acte constitutif d'une société
1.4.3. A. Exemple d'extrait intégral des données d'une entreprise personne morale
L'avocat de sociétés est sollicité dans les domaines les plus divers. Son assistance est parfois
requise notamment à l'occasion d'actes qui relèvent du fonctionnement des organes de la société
: l'assemblée générale et l’organe d’administration.
Lors du premier cours, on s'est efforcé de renvoyer aux dispositions légales applicables aux
trois types de société choisies dans le cadre des exposés Capa (SRL, SC, SA). Les avocats
qui suivent le cours sont à présent censés avoir assimilé cet exercice de recherche de la
disposition légale applicable (en notant, le cas échéant, les différences de texte). Dans ce
deuxième cours, on se bornera à des renvois aux seules dispositions applicables aux SA.
Compte tenu de la réduction du nombre d'heures de cours, il n'est plus possible d'enseigner la
matière des situations de blocage au sein des organes d'une société et les mesures pour y
remédier. Il existe une abondante doctrine sur cette question, et nous ne pouvons qu'y renvoyer.
2.1.1. Convocation
5
Pour un exemple des conséquences de l'irrégularité des convocations : Bruxelles, 5 mai 2010, R.D.C., 2012, p. 43 avec
la note N. Cooreman et H. De Wulf "Nietigheid van beslissingen van een algemene vergadering: perikelen rond het
bewijs van de aanvang van de oproepingstermijn voor de vergadering". Concernant l'intervention du juge des référés en
cas d'irrégularité de la convocation de l'assemblée générale : N. Thirion, "La protection de l'égalité des associés par le
juge des référés", J.T., 2011, p. 880, spécialement les numéros 2 à 5.
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2.1.2. Délai
N.B. Pour les sociétés cotées, le délai de convocation est porté à 30 jours et si une
seconde assemblée est nécessaire, le délai de convocation de cette seconde
assemblée est de 17 jours (art.7:128 CSA)
Les convocations pour toute assemblée générale contiennent l'ordre du jour (art.7:129
CSA). Pour les sociétés cotées, la convocation comporte aussi les propositions de
décisions (art.7:130 CSA)er.).
L'ordre du jour doit être établi avec le plus grand soin. Il faut veiller à correctement
scinder les différents sujets à traiter. L'emploi à l'ordre du jour d'un point "divers"
conçu comme fourre-tout ou rattrapage des oublis doit être condamné. Il ouvre la
porte à de possibles abus, avec le risque d'annulation d'une décision irrégulière pour
excès de pouvoir.
L'assemblée générale ne peut en principe délibérer que sur les points inscrits à son
ordre du jour. Cependant, si tous les actionnaires sont présents ou valablement
représentés et consentent à ce qu'il soit discuté d'un sujet qui n'est pas à l'ordre du
jour, l'assemblée peut valablement délibérer sur ce point supplémentaire.
2.1.4. Lieu
6
Dans les sociétés cotées, les actionnaires détenant ensemble au moins 3% du capital social peuvent demander
l'inscription d'un point à l'ordre du jour : art.7:130 CSA.
25
le Code des sociétés des articles 270bis et 538bis (aujourd’hui articles 5:89 et 7:137
CSA) qui autorisent toutes les sociétés et donc pas seulement les sociétés dont les
actions sont admises aux négociations sur un marché réglementé, à insérer dans leurs
statuts la possibilité pour les actionnaires de participer à distance à l'assemblée
générale grâce à un moyen de communication électronique mis à leur disposition
par la société. La loi impose cependant que les statuts autorisent explicitement cette
participation à distance et l'organisent7.
2.1.5. Présidence
2.1.6. Bureau
Dans les sociétés où il existe un très petit nombre d'actionnaires, la désignation d'un
scrutateur est plus exceptionnelle : les actionnaires se connaissent et sont à même de
vérifier eux-mêmes la qualité des personnes présentes.
7
Anne Tillieux, "Les nouveaux droits des actionnaires – vers une meilleure gouvernance d'entreprise", J.T., 2011, p. 872-
873, n° 58 à 69; François De Bauw, "La loi du 20 décembre 2010 concernant l'exercice de certains droits des actionnaires
de sociétés cotées, R.D.C., 2012, p. 7 et suiv.
8
Sous réserve du respect du droit d'interpellation des actionnaires. Le droit du président de l'assemblée de clore un débat
et de passer au vote ne peut méconnaître le droit d'interpellation. La méconnaissance de ce droit conduit à la nullité des
décisions de l'assemblée générale. Si le président propose à l'assemblée de clore un débat et de passer au vote, il est
prudent d'acter au procès-verbal de manière circonstanciée les faits qui ont conduit le président à passer au vote.
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Les administrateurs, même s'ils ne sont pas actionnaires, participent aux assemblées
générales.
Un actionnaire qui ne peut assister à une assemblée générale peut s'y faire
représenter par un mandataire porteur d'une procuration. Sauf disposition contraire
des statuts, le mandataire ne doit pas être associé ou actionnaire. Aucune disposition
légale n'interdit la désignation d'un administrateur en qualité de mandataire pour
représenter un actionnaire à l'assemblée générale. La forme des procurations est
libre. Il est recommandé de reproduire dans la procuration l'ordre du jour. La
procuration peut indiquer le sens dans lequel le mandataire devra voter à l'assemblée
sur chacun des points à l'ordre du jour.
9
Ne pas confondre avec le droit pour tout actionnaire de se faire assister par un expert-comptable afin d'exercer son droit
d'investigation et de contrôle, dans les sociétés où il n'existe pas de commissaire réviseur (art. 3:101 CSA).
10
Sur les règles à observer par l'avocat en pareille circonstance, voyez la conférence donnée aux midis de la formation le
16 janvier 2012 : "Rôle de l'avocat dans les assemblées générales et conseils d'administration ou de gérance des sociétés
commerciales". Le texte de cette conférence est l'annexe 2.1.7.D aux notes de cours.
27
Une liste de présence doit être tenue à chaque assemblée générale (art. 5:90, 6:76 et 7:138
CSA).
La liste de présence peut figurer dans le texte du procès-verbal (ce sera le cas lorsque
le nombre d'actionnaires est réduit). Si la liste de présence est tenue dans un
document séparé du procès-verbal, elle sera contresignée par le bureau de
l'assemblée et jointe au procès-verbal.
Cette liste de présence est une source de renseignements pour l'administration
fiscale : à la déclaration annuelle à l'impôt des sociétés (I. Soc.) doivent être joints
divers documents, parmi lesquels une copie du procès-verbal de l'assemblée
générale ayant approuvé les comptes annuels sur lesquels se fonde la déclaration I.
Soc. Indirectement le fisc belge a donc une information sur l'identité des
actionnaires des sociétés de droit belge11.
2.1.9. Procès-verbal
Il est dressé un procès-verbal des assemblées générales (art. 5:93, 6:79 et 7:141
CSA).La prudence commande d'établir et de faire signer le procès-verbal séance
tenante.
11
Et ainsi pas seulement les participations importantes dans les sociétés anonymes (art.7:83 CSA.). Notons toutefois que
dans la pratique on observe que beaucoup de sociétés ne respectent ni l'article 7:83 ni l'article 7 :138 CSA). La situation
va sans doute changer avec l'introduction en 2019 de la déclaration UBO (Ultimate Beneficiary Owner = Ayant Droit
Economique), organisée par l'arrêté royal du 30 juillet 2018, pris en exécution de la loi du 18 septembre 2017, préventive
du blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme
28
Le P.V. est signé par les membres du bureau. Le Code ajoute : "et par les
actionnaires qui le demandent" (art. 5:93, 6:79 et 7:141 CSA.). Dans la mesure du
possible, il est prudent de demander aux actionnaires présents de signer le PV. Ils
n'ont pas l'obligation de donner une suite favorable à cette demande, mais leur
signature sur le PV sera de nature à couper court à d'éventuelles contestations
ultérieures.
2.1.10. Vote
- Chaque action donne en principe droit à une voix (art. 5:42, 6:41 et 7:51
CSA) mais cette règle est supplétive (art. 5:45, 6:44, 7:52 et 7:53 CSA).
Possibilité des actions sans droit de vote, à vote multiple, etc…- attention
particulière à avoir sur le registre ! – règle tempérée pour les sociétés cotées
où l’on peut prévoir un droit de vote double mais à des conditions
particulières.
- Parts bénéficiaires : limitation au droit de vote : selon les dispositions
statutaires et avec les maximums fixés par l’article 7:59, al. 2 CSA. Compte
tenu de la très large définition de l’action et de la levée d’un grand nombre
de restrictinos antérieures par le CAS, les parts bénéficiaires ont perdu
beaucoup de leur intérêt.
- Suspension du droit de vote : actions non entièrement libérées dont
l'actionnaire est en défaut de libérer le montant appelé par le conseil
d'administration (art. 5:42, 6:41 et 7:54 CSA.) ; participations croisées au-
delà du maximum autorisé (art.7:224 CSA); acquisition par une société de
ses propres actions (art.5 :148, 7:217, al.2 CSA).) ; suspension du droit de
vote par décision de justice (séquestre ; procédure d'exclusion d'un
actionnaire pour de justes motifs : art.2:65 CSA.) ; prétention contradictoires
de titulaires de droits réels sur les actions (art. 5:20, 6:21 et 7:24 CSA)
- Limitation de la puissance de vote des grands actionnaires, si les statuts
prévoient pareille limitation (art.7:55 CSA)
- Pacte de votation : licite s'il est conforme aux conditions de l’article 5:46,
6:45 et 7:56 CSA. (voir pour le surplus § 1.6., ci-avant) – consécration de la
licéité des pactes de votation pour autant qu’ils soient limités dans le temps
et ne soient pas contraires à l’intérêt de la société – validité s’apprécie au
moment de la formation (suppression du « à tout moment »).
- Principe : les Cours et Tribunaux n'ont pas pour fonction de se substituer aux
organes légaux des sociétés commerciales ; par conséquent, le recours
12
Voyez : Olivier Caprasse et Roman Aydogdu, Les conflits entre actionnaires, Bruxelles, Larcier, 2010.
29
- L'unanimité des actionnaires est requise pour recourir au vote par écrit (art.
5 :85, 6:71 et 7: CSA).
- Toutes les décisions peuvent être prises selon cette procédure, sauf celles
tendant à la modification des statuts.
- Dans les S.R.L. et S.C., le vote par correspondance est possible s’il est
prévu par les statuts (art.5:95 et 6:80 CSA)
13
Comm. Liège (réf.), 10 mai 1999, R.P.S., 2000, p. 393, obs. W. Derijcke.
14
Cass. 9 décembre 2010, J.T., 2011, p. 886.
15
D. Willermain, "L'annulation et la suspension des décisions des organes des sociétés", in Actualités en droit des
sociétés, Bruxelles, Bruylant, 2006, p. 90 – 94.
30
31
2.2.1. Définition
L'assemblée générale ordinaire (ou "annuelle") est celle dont la loi prescrit la tenue
au moins une fois chaque année (art.5:96, 6:81 et 7:147 CSA).
Le lieu de la tenue de l'assemblée générale est "dans la commune" indiquée par les
statuts. Ce lieu est en principe celui du siège social. Toutefois, si les statuts
l'autorisent, la convocation peut convier les actionnaires à se réunir dans un autre
endroit que le siège social.
2.3.1. Définition
L'assemblée générale particulière est celle qui se tient dans les formes d'une
assemblée générale ordinaire, entre deux assemblées générales ordinaires.
La date et l'heure des assemblées générales particulières sont fixées librement par le
conseil d'administration, par le commissaire ou les actionnaires qui font usage de
leur droit de convoquer une telle assemblée.
L'ordre du jour des assemblées générales particulières est fixé librement par le
conseil d'administration, par le commissaire ou les actionnaires qui font usage de
leur droit de convoquer une telle assemblée.
2.4.1. Définition
L'assemblée générale extraordinaire est celle qui a pour objet de modifier les
34
L'assemblée générale extraordinaire prend la forme d'un acte authentique (art. 2:5,
§4 CSA).).
2.4.3. Quorum
Aucune décision de modification des statuts ne peut être prise si la moitié au moins
des actions/du capital n'est pas représentée par les actionnaires présents ou
représentés à l'assemblée générale extraordinaire (art. 5:100, al. 2, 6 :85, al. 2 et
7:153, al. 2 CSA). Le quorum de présence se calcule en fonction du nombre
d’actions émises et non des droits de vote y attachés « les actionnaires présents ou
représentés doivent réunir la moitié au moins du nombre total des actions émises ».
Si le quorum de 50 % n'est pas atteint, une deuxième assemblée doit être convoquée
qui délibérera valablement quel que soit la portion du capital représentée par les
actionnaires (art. 5:100, al. 3, 6 :85, al. 3 et 7:153, al.3 CSA)
Une modification des statuts requiert trois quarts des voix présentes à
l'assemblée(art. 5:100, al. 4, 6:85, al. 4 et 7:153, al.4 CSA.).
Lorsque la modification porte sur l'objet social, la majorité requise est des quatre
cinquièmes des voix présentes à l'assemblée (art. 5:101, al. 5, 6:86, al. 5 et 7:154,
al. 6 CSA).
les quorums spéciaux se calculent par rapport aux votes exprimés et donc
consécration du principe de neutralité des abstentions.
- Transformation de la société
- modification de l'objet social
- changement de la langue des statuts
- augmentation du capital
- adaptation des statuts
- etc.
- La formalité de l'acte authentique peut être prescrite par d'autres textes que
le CSA ;
- Ainsi les primes d'émission ne peuvent être réduites qu'en exécution d'une
décision régulière de l'assemblée générale prise conformément aux
dispositions du CSA applicables aux modifications des statuts (art. 184 al. 2
C.I.R. 92). A défaut de respecter cette formalité, le remboursement aux
actionnaires des primes d'émission sera considéré fiscalement comme
l'attribution d'un dividende (art. 18, 2° bis, C.I.R.92) ;
- Le remboursement des primes d'émission n'est pas une modification des
statuts, l'acte authentique n'est donc pas prescrit par le C. Soc., mais résulte
d'une contrainte fiscale.
Contrairement au régime antérieur du Code des Sociétés, qui était sur ce point assez illogique,
le CSA a restreint aux seules sociétés cotées le champ d’application du régime selon lequel les
clauses de changement de contrôle dans des conventions liant la société ne sont valables que
moyennant autorisation préalable de l’assemblée générale spéciale (art. 7 :151 CSA).
Par ailleurs, lorsqu'une société dont les actions sont cotées en bourse fait l'objet d'une offre
publique d'acquisition, dès réception de l'avis d'OPA, seule l'assemblée générale spéciale peut
36
prendre des décisions ou procéder à des opérations qui auraient pour effet de modifier de
manière significative la composition de l'actif ou du passif de la société ou assumer des
engagements sans contrepartie effective (art.7:152 CSA.).
2.6.1. Définition
Auparavant, le Code des sociétés employait des termes différents selon les diverses
formes de sociétés.
- l'administrateur est nommé par l'assemblée générale (art. 5:70, §2, 6:58, §2
et 7:85, §2 CSA). Si une place devient vacante, les administrateurs restants
peuvent pourvoir provisoirement au remplacement (élection par cooptation)
et la plus prochaine assemblée générale pourvoit au remplacement à titre
définitif (art.7:88 CSA.).
- l'administrateur ne doit pas être actionnaire de la société, mais les statuts
peuvent comporter des stipulations expresses en ce sens. Inversement, le
Code (art.7:97, §3 CSA pour les sociétés cotées) ou les statuts peuvent
comporter des dispositions prescrivant la présence au sein du conseil
d'administrateurs indépendants (par rapport aux actionnaires et à la direction
de la société).
- Aucune compétence particulière n'est requise pour exercer un mandat
d'administrateur, mais :
- Pour certaines activités réglementées, un administrateur exécutif doit
avoir les qualifications professionnelles requises (à défaut un
membre de la direction doit être engagé sous les liens d'un contrat de
travail à durée indéterminée);
- Il existe des incompatibilités légales (notaires, réviseur, huissiers de
justice, magistrats, etc.)
- Il existe des incompatibilités déontologiques (avocats : voir le
règlement de l'OBFG du 14 janvier 2013 relatif à l'acceptation et à
l'exercice par les avocats de mandats non judiciaires d'administration,
de gestion, de surveillance ou de liquidation d'une personne morale
de droit privé, devenues les articles 234 à 237 du Code de
déontologie de l'avocat.
37
- les clauses de répartition des tâches ne sont pas opposables aux tiers (art.
5:73, §1er, al.2, 6:61, §1er, al.2 et 7:93, §1er, al.2 CSA.).
- délégation à la question journalière: la gestion journalière est opposable aux
tiers dans les limites de la gestion journalière qui comprend (selon la
jurisprudence pre-CSA) :
2.6.7. Publicité des désignations – des cessations de fonctions des mandataires sociaux
- les mandats des administrateurs (nomination, cessation des fonctions) sont
publiés au Moniteur (art. 2:8, 5°, a) CSA).
- les délégations de signatures permanentes données à des mandataires non
administrateurs doivent également être publiées.
2.7.Administration duale
Le Code institue parfois à côté des organes de gestion des "comités" aux compétences
particulières. (voyez par exemple en matière de conflits d'intérêts dans les sociétés cotées :
art. 7:97 CSA).
Dans le cadre des Codes belges de la gouvernance d'entreprise (Code Buysse III pour les
sociétés non cotées et Code belge de gouvernance d’entreprise 2020 pour les sociétés
côtées), les grandes entreprises se dotent de comités, dépourvus de pouvoirs de gestion et
de représentation, mais qui sont appelés à exercer une certaine surveillance du conseil
d'administration, surtout lorsque l'actionnariat est très dispersé :
- comité de nomination
- comité d'évaluation
- comité de rémunération
- comité d'audit
Dans les entreprises employant en moyenne au moins 10016 travailleurs, la loi impose la
constitution d'un conseil d'entreprise composé du chef d'entreprise, de représentants de la
direction et de représentants du personnel (loi du 20 septembre 1948 portant organisation
de l'économie). A côté de compétences en matière sociale, le conseil d'entreprise se voit
investit de compétences en matière économique et financière. Le conseil d'entreprise
intervient dans la procédure de désignation du commissaire réviseur (art. 3:88 CSA). Il est
informé des motifs de la démission du commissaire en cours de mandat (art.3:91 CSA.). De
même le projet de nomination d'administrateurs indépendants dans les sociétés cotées doit
être soumis au conseil d'entreprise (art. 7:87, §2 CSA).
Dans les augmentations de capital destinées au personnel, une concertation préalable avec
le conseil d'entreprise est requise (art. 7:204, al.2 CSA). Dans le cadre des opérations de
fusion ou de scission, le conseil d'entreprise a une compétence d'avis (art. 12:113, al. 3
CSA).
2.8.1. Notion
Il existe deux types de conflits d’intérêt réglementés spécifiquement par le CSA :
- conflit d’intérêt patrimonial personnel (art. 5:76, 6:64, 7:96, 7:102 et 7:115)
- conflit lié à un intérêt fonctionnel (art. 7:97 et 7:116 CSA) mais uniquement
dans les sociétés cotées
16
La loi parle de 50 travailleurs, mais en vertu de dispositions transitoires toujours en vigueur, le seuil est actuellement de
100 travailleurs (Loi du 8 novembre 2007).
40
2.8.3. Procédure :
2.8.5. Sanction
La société peut agir en nullité des décisions prises en violation des articles.
.
2.9. Le contrôle des comptes annuels
2.9.4. Rapport
- Les sociétés qui ne sont pas des petites sociétés au sens de l'article 1:24
CSA17 (voy. art.3:72 CSA)
2.9.6. Petites sociétés
- Dans les petites sociétés où un commissaire réviseur ne doit pas être nommé,
le pouvoir de contrôle appartient individuellement à chaque actionnaire
(art.3:100 CSA).
- L'actionnaire peut se faire assister d'un expert de son choix pour l'exercice
de ce contrôle.
- S'il existe des indices d'atteinte grave aux intérêts de la société, le tribunal
peut désigner à la requête d'actionnaires propriétaires d'au moins 1% du
capital, un expert-vérificateur (art.7:160 CSA)
- Les frais de l'expert-vérificateur peuvent être mis à charge de la société (
17
Les petites sociétés sont les sociétés dotées de la personnalité juridique qui, à la date de bilan du dernier exercice
clôturé, ne dépassent pas plus d'un des critères suivants:
- nombre de travailleurs, en moyenne annuelle: 50 ;
- chiffre d'affaires annuel, hors taxe sur la valeur ajoutée: 9 000 000 euros ;
- total du bilan: 4 500 000 euros.
43
2.4.6. A. Exemple de modifications diverses des statuts d'une société : une société aux statuts
en langue néerlandaise, change la langue de ses statuts, se transforme, augmente
son capital, déplace son siège social, etc.
2.4.6. B. Exemple d'une modification des statuts portant sur la réduction du capital
2.4.6. C. Exemple d'une modification des statuts portant sur l'augmentation du capital
2.4.6. D. Exemple d'une modification des statuts portant sur la fusion par absorption (art.
676 et 723 C. Soc) – Société absorbante
2.4.6. E. Exemple d'une modification des statuts portant sur la fusion par absorption (art.
676 et 723 C. Soc) – Société absorbée
Les causes de responsabilité encourues par les mandataires sociaux sont innombrables18. Les
conséquences pécuniaires de leur responsabilité peuvent être très lourdes. On opposera les
diverses responsabilités encourues par les organes sociaux à l'exonération très large de
responsabilité dont bénéficient les salariés (art. 18 de la loi du 9 juillet 1975 sur le contrat de
travail). On enseigne non sans raison que les administrateurs sont rémunérés non seulement en
fonction de leur travail, mais également à raison des responsabilités qu'ils encourent.
- dans certains cas la personne morale peut être amenée à assumer les
conséquences pénales de son activité. C'est ce qu'exprime l'article 5 al. 1er du
Code pénal : "toute personne morale est pénalement responsable des
18
Callewaert, B. De Coninck et G. Gathem, La responsabilité civile – chronique de jurisprudence 1996 – 2007, T. I : Le
fait générateur et le lien causal, Bruxelles, Larcier, 2009, les pages 885 à 909 et la bibliographie en pages 885 et 886.
19
Voy. J. Malherbe, Y. De Cordt, P Lambrecht et P. Malherbe, H Culot, « Chapitre 6 - La responsabilité des
administrateurs » in Droit des sociétés, Bruxelles, Éditions Larcier, 2020, p. 265-311
45
- L'article 5 al. 3 du Code pénal précise que "La responsabilité pénale des
personnes morales n'exclut pas celle des personnes physiques auteurs des
mêmes faits ou y ayant participé"20. Lorsqu’une personne morale et une
personne physique ont commis ensemble un même crime ou délit, le juge
appliquera les règles ordinaires de la participation criminelle, telles que
prévues aux articles 66 à 69 du Code pénal, en les condamnant comme
coauteurs ou complices.
3.2.1. Principe
- les fondateurs peuvent être tenus des engagements de la société, dans une
proportion fixée par le juge, en cas de faillite prononcée dans les trois ans de
la constitution, si le capital était lors de la constitution manifestement
insuffisant pour assurer l'exercice normal de l'activité projetée pendant une
durée de deux ans au moins ( S.R.L. :art. 5:16, 2° ; S.C. :art. 6:17, 2° ; S.A. :
art. 7 :18, 2° CSA)22.
- les fondateurs sont tenus de diverses irrégularités qui affectent la constitution
de la société (S.R.L. : art. 5:16; S.C : art. 6:17; S.A. : art. 7:18 CSA)
20
Sur l'ensemble de cette question de la responsabilité pénale des personnes morales, on consultera utilement
l'ouvrage collectif : J. Overath, M. Geron, Ch. Gheur et Th. Matray, La responsabilité pénale des personnes
morales, Bruxelles, Larcier 2007, 114 p. ; O. Creplet, 'Propos sur la nature de la responsabilité pénale de la personne
morale" J.T., 2011, p. 477 à 486 ; ainsi que les examen de jurisprudence en droit pénal des affaires de E. Roger-
France, R.D.C., 2012, p. 751 et suiv. ainsi que 2015, p. 260 et suiv., où la question de la responsabilité pénale des
personnes morales fait l'objet de recensions de décisions.
Sur la suppression du régime de décumule de la responsabilité des personnes physiques et morales introduite par
la loi du 11 juillet 2018, voyez notamment : E. de Formanoir, « La nouvelle loi sur la responsabilité pénale des
personnes morales », in Actualités en droit pénal 2019, Bruxelles, Larcier, 2019, p. 65-96
21
Rappelons que le cours CAPA se limite à examiner quelques dispositions communes à toutes les sociétés et des
dispositions spécifiques à trois formes de sociétés dotées de la personnalité juridique (SRL, SC et SA). Dans les sociétés
dépourvue de personnalité juridique (société simple) ainsi que dans les S.N.C. et S. Comm., le principe est inverse : les
associés répondent personnellement des dettes de la société. Sur cette question, voy. X. Dieux, "De lege lata, de lege
ferenda – Controverses sur la responsabilité des associés", in Liber Amicorum Bernard Glansdorff, p. 145 et suiv.
22
Pour un cas d'application : voy. : Bruxelles, 20 avril 2010, R.D.C., 2012, p. 38.
46
Le Code des sociétés n'incriminait déjà pénalement les actionnaires que de manière
exceptionnelle, et ceci ne se retrouve plus dans le CSA.
Il y a quelques dizaines d'années, l'aura entourant le statut de dirigeant de société conférait une
relative impunité aux titulaires de ces fonctions. Souvent il fallait des fautes graves voire
connotées pénalement (escroquerie, détournement, faux et usage de faux, abus de confiance,
etc.) pour voir un administrateur sanctionné civilement.
Les dirigeants de sociétés se voient aujourd'hui fréquemment interpellés dans leur gestion par
l'effet d'une double évolution : celle des mentalités d'une part (avec l'exigence d'une plus grande
transparence dans l'appréciation des critères de bonne conduite) et celle du législateur d'autre
part qui a multiplié les cas de responsabilité présumée et l'incrimination pénale des
manquements à la loi. Ceci doit être nuancé au regard de la « quasi immunité » de l’organe (voir
ci-après).
Les développements pris par cette matière au cours des dernières décennies justifient la place
prise par cette matière dans le cadre du présent cours.
L’une des principales réformes (la plus frappante mais la plus controversée) apportée par le
CSA dans ce domaine est la limitation de la responsabilité de l’administrateur à des montants
progressifs selon la taille de la société (chiffre d’affaires & bilan – pas le nombre de
travailleurs), soit de 250.000 EUR à 12.000.000 EUR par fait générateur. Ce régime est
applicable à tout type de faute de l’administrateur (contractuel et extracontractuel) et ce vis-
à-vis de la société et des tiers.
Cette nouvelle règle répond à deux constats : le premier selon lequel il y avait une différence
de traitement injustifiée entre la responsabilité illimitée des membres de l’organe
d’administration et ceux qui tout en étant des haut dirigeants mais ne faisait pas partie de
l’organe d’administration se voyait appliquer en droit du travail un régime de responsabilité
limitée ; le second se veut être un régime attractif pour les administrateurs étrangers – il y a une
volonté de recruter les administrateurs les plus talentueux et dans cet esprit assurer une
couverture du risque dans des conditions « acceptables » - le risque de responsabilité étant
devenu selon certains trop importants dans les grandes sociétés.
23
Malherbe, J., De Cordt, Y., Lambrecht, P. et Malherbe, P., Culot, H., « Chapitre 6 - La responsabilité des
administrateurs » in Droit des sociétés, Bruxelles, Éditions Larcier, 2020, p. 300
48
valablement souscrite et dont ils sont de plein droit réputés souscripteurs ; 2° la libération
effective jusqu’à concurrence d’un quart des actions correspondant en tout ou en partie à des
apports en nature, ainsi que la libération effective de la part du capital dont ils sont réputés
souscripteurs ; et 3° la libération des actions souscrites, directement ou au moyen de certificats
en violation du Code).
2) La responsabilité solidaire visée aux articles 442quater et 458 du Code des impôts sur les
revenus 1992 (obligation de paiement du précompte professionnel) et aux articles 73sexies et
93undeciesC (obligations relatives à la TVA) du Code de la taxe sur la valeur ajoutée (art. 2:57,
§3, 3°) ;
3) la responsabilité solidaire visée à l’article XX.226 du Code de droit économique (à savoir,
l’action en responsabilité en faveur de l’ONSS ou du curateur, en cas de faillite, pour faute de
gestion grave et caractérisée à l’égard des dettes de cotisations sociales) (art. 2:57, §3, 4°)
Le CSA prévoit également que la responsabilité d’un administrateur ne peut être limitée au-delà
de ce qui est prévu dans le CSA (interdiction légale d’exonération).
Par ailleurs, le CSA (art. 2:56 à 2:58) instaure un régime commun pour les administrateurs des
personnes morales en lieu et place de dispositions spécifiques à chaque forme de société dans
la Code actuel. Quant à son champ d’application personnel, ce régime s’applique à chaque
membre d’un organe d’administration, au délégué à la gestion journalière et à toutes les autres
personnes qui détiennent ou ont détenu le pouvoir de gérer effectivement la personne
morale (« administrateur de fait »).
Le CSA instaure également une responsabilité solidaire (art. 2:56 al. 2 à 4) si l’organe
d’administration forme un collège et s’il ne forme pas un collège, il y aura responsabilité
solidaire uniquement pour le dommages résultant d’infractions au CSA et aux statuts. Pour
échapper à la solidarité, il faudra démontrer (i) ne pas avoir contribué personnellement à la faute
et (ii) avoir dénoncé la faute à tous les autres membres de l’organe d’administration ou le cas
échéant à l’organe d’administration collégial et au conseil de surveillance.
Le CSA prévoit enfin, à l’instar de l’ancien régime que même si les dispositions relatives aux
conflits d’intérêt ont été respectées, les administrateurs sont personnellement et solidairement
responsables du préjudice subi par la société ou les tiers résultant d’une telle décision si cette
décision ou cette opération leur a procuré un avantage financier abusif au détriment de la
société.
3.3.1 Principes
Article 2:56 CSA : règle générale applicable à la responsabilité des membres des
organes d’administration (conseil d’administration, conseil de surveillance, conseil de
direction, etc.) et des liquidateurs de personnes morales.
49
- Les exemples ci-dessus ont pour objectif de montrer que la source des
responsabilités des administrateurs est infinie. Les pièges qui jalonnent la
route des responsables de la gestion des sociétés sont innombrables.
- Il est cependant deux réalités qu'il faut souligner et qui tempèrent quelque peu
les remarques qui précèdent:
- l’art. 2:56 CSA ne vise que les « décisions, actes ou comportement
qui excèdent manifestement la marge dans laquelle des
administrateurs normalement prudents et diligents placés dans le
mêmes circonstances peuvent raisonnablement avoir une opinion
divergente » et confirme confirme donc légalement l’appréciation
marginale du juge, déjà consacrée par la jurisprudence antérieure
au CSA. Le juge appelé à statuer sur la responsabilité d'un
administrateur ne peut substituer son appréciation à celle de
l'administrateur en cause; c'est dans cette mesure que l'on dit que le
juge a un "pouvoir d'appréciation marginale". Le juge ne
sanctionnera pas le comportement d'un administrateur qui a fait ou
n'a pas ce que le juge n'aurait pas fait ou aurait fait, mais il
sanctionnera le comportement que n'aurait pas eu tout administrateur
placé dans des circonstances comparables. Placé devant des choix de
gestion, l'administrateur peut parfois prendre des décisions en sens
divers. Il peut parfois se tromper. L'erreur n'est pas nécessairement
une faute. ».
- Lorsqu'il statue, le juge connaît parfois des éléments de fait que ne
connaissait pas l'administrateur et dont on ne peut lui faire grief de
ne pas les avoirs connus au moment où l'acte litigieux (ou l'omission
litigieuse) a eu lieu. Le juge doit faire l'analyse de la situation sur la
base des éléments connus ou dont l'administrateur devait avoir
connaissance au moment des faits, en faisant abstraction des
éléments de faits connus à postériori.
L'action minoritaire :
- Dans le cas d'une S.A. l'action sociale et l'action minoritaire peuvent être
intentées simultanément. En ce cas, les deux causes sont jointes pour
connexité (art. 7:157, §3 CSA.) ;
- L’administrateur sera responsable envers les tiers pour autant que la faute
commise présente un caractère extracontractuel
3.3.10. Décharge
- Violation des statuts : les statuts déterminent l'objet de la société et ses règles
de fonctionnement. Il se conçoit aisément que la transgression des clauses
statutaires engage la responsabilité des administrateurs.
sont inopposables aux tiers. La société sera donc liée à l'égard des tiers,
mais la responsabilité des administrateurs sera engagée).
- Violation du Code
o Les stocks sont évalués à leur valeur d'acquisition (art. 3:47 AR CSA).
Lorsque les produits sont transformés dans l'entreprise, les stocks sont
évalués au prix de revient qui s'obtient en ajoutant au prix d'acquisition
les coûts de production énumérés à l’article 3:15 AR CSA). L'application
de ces normes légales peut donner lieu à des discussions.
o Les créances figurent à l'actif du bilan à leur valeur nominale (art. 3:45,
1er AR. CSA). Mais les créances doivent faire l'objet de réduction de
valeur si leur remboursement à l'échéance est en tout ou partie incertain
(art.3:46 AR CSA). A partir de quel degré d'incertitude une créance doit-
elle être provisionnée ? Le critère est celui de la prudence, la sincérité et
la bonne foi. Une marge d'appréciation existe donc.
o Une société doit provisionner à son passif les risques et charges qui sont
nettement circonscrits quant à leur nature, mais qui, à la date de clôture
de l'exercice, sont probables ou certaines, mais indéterminées quant à
leur montant (art. 3:28 AR CSA). Une société est assignée devant le
Tribunal, ou reçoit un avis de rectification de sa déclaration suivi d'un
enrôlement d'un supplément d'impôt. Elle conteste ces prétentions
dirigées contre elle. A partir de quel seuil de probabilité ou de certitude
55
- Le dommage réparable est le préjudice subi par la société ou par les tiers
lorsqu'une décision a été prise par le conseil d'administration conformément
à l’article 7:96 (donc lorsque la procédure prévue en matière de conflit
d'intérêts a été respectée) si la décision ou l'opération a procuré aux
administrateurs ou à l'un d'eux un avantage financier abusif au détriment de
la société.
- En cas d'infraction aux articles 5:153, 6:119, 7:228 CSA le dommage subi
par les tiers est, sauf preuve contraire, présumé résulter de l'absence de
convocation de l'assemblée générale.
- En cas d'infraction aux articles 3:1 (ne pas soumettre les comptes annuels à
l'assemblée ordinaire dans les six mois de la clôture de l'exercice)et 3:10
CSA (non dépôt des comptes annuels dans le délai de sept mois qui suit la
date de la clôture de l'exercice), le dommage subi par les tiers est, sauf preuve
contraire, présumé résulter de cette omission.
- Dans les autres cas de responsabilité fondée sur l’article 2:56 CSA, le lien
causal doit être établi entre la faute et le dommage (renvoi au § 3.3.7 ci-
dessus).
- Le curateur a qualité pour agir tant au nom de la société qu'au nom des
créanciers et a donc qualité pour intenter l'action en responsabilité contre les
administrateurs.
3.3.17. La décharge
- Les actes qui sortent de l'objet social ou des limites apportées par les statuts
aux pouvoirs des administrateurs, ainsi que les actes qui ont été faits en
contravention au Code des sociétés ne sont couverts par la décharge que s'ils
ont été spécialement indiqués dans la convocation (art.5:98, 6:83, 7:151
CSA).
- Cependant la décharge est inopérante lorsque l'action de responsabilité est
exercée par :
o Un tiers (créancier)
o Le curateur agissant en sa qualité de représentant des intérêts de la masse.
En cas de faillite de la société et d'insuffisance de l'actif et s'il est établi qu'une faute
grave et caractérisée dans leur chef a contribué à la faillite, tout administrateur ou
ancien administrateur, ainsi que toute personne qui a effectivement détenu le
pouvoir d'administrer la société, peuvent être déclarés personnellement obligés, avec
ou sans solidarité, de tout ou partie des dettes sociales, à concurrence de
l'insuffisance d'actif.
Les deux critères sont cumulatifs. Seules les "très petites" SRL et "très
petites" SC ne sont donc pas visées (voy. cependant l'exception indiquée au
§ 3.3.27 ci-après).
- une faillite ;
- une insuffisance de l’actif pour couvrir le passif (ce qui va de soi sauf cas
exceptionnels) ;
- une faute grave et caractérisée ;
- une faute qui a « contribué » à la faillite ;
57
La faute grave et caractérisée est celle qui heurte l'éthique et la morale des affaires.
Il s'agit du comportement que n'aurait pas eu tout entrepreneur parce que l'acte en
question aurait été perçu par tout entrepreneur comme mettant en péril la continuité
de la société. La faute grave et caractérisée ne requiert pas le dol, mais à tout le
moins une perception déraisonnable.
- L'absence de comptabilité
- Une comptabilité gravement irrégulière
- Caisse noire, chiffre d'affaires non déclaré
- La poursuite d'une activité déficitaire, alors qu'il n'existe ni plan de
redressement ni perspectives d'amélioration des affaires
- Effectuer des paiements qui ne respectent pas les privilèges légaux, à un
moment où l’organe d’administration sait pertinemment (ou aurait dû savoir)
que la faillite était inéluctable
- Les mécanismes de captation du fonds de commerce (ou du goodwill) ou
d'éléments de celui-ci en période suspecte.
Il est important de faire le lien entre ces fautes "graves et caractérisées" et les
infractions pénales qui peuvent y être liées (voir infra §§ 3.3.33 et 3.3.34).
- La loi ne définit pas ce qu'il faut entendre par faute grave et caractérisée.
L'appréciation de ces deux critères est laissée à l'appréciation souveraine du
juge.
- Ici encore le tribunal dispose d'un très large pouvoir d'appréciation. Compte
tenu de la répartition des tâches entre les administrateurs, il pourra
59
3.3.28. Cette responsabilité existait déjà avant l’introduction de l’article XX.227 de droit
économique puisque la doctrine et la jurisprudence avaient déjà sanctionné la
poursuite d’une activité irrémédiablement déficitaire sur base de l’article 1382 du
Code civil. Depuis l’introduction de l’article XX.227 du CDE, cette responsabilité
reçoit une consécration légale et son texte est le suivant :
Comme pour l’article XX.225, le législateur n’a pas voulu décourager les nombreux
administrateurs de petites structures sociales. Le § 5 de l’article XX.227 exclut donc
du champ d’action de cet article les petites ASBL, AISBL, fondations ainsi que les
partis politiques européens et les fondations politiques européennes.
- Pour que sa responsabilité puisse être engagée, il faut enfin que le dirigeant
n’ait pas, au moment où il se rend compte (ou devait se rendre compte) de la
situation « agi comme l’aurait fait un administrateur normalement prudent
et diligent placé dans les même circonstances ».
Les règles à appliquer par le juge sont exactement les mêmes que celles qu’il
appliquera dans le cadre de l’action en comblement de passif (article XX.225).
Si les conditions sont réunies, le tribunal de l’entreprise peut – mais ne doit pas –
condamner le ou les dirigeants de droit ou de fait, solidairement ou non, au paiement
de tout ou partie des dettes sociales.
La responsabilité des administrateurs et gestionnaires de fait est davantage alourdie lorsque la société
faillie laisse impayés des cotisations, majorations ou intérêts vis-à-vis de l'ONSS.
L’article XX.226 a repris ce type de responsabilité découlant des dispositions introduites par la loi-
programme du 20 juillet 2006 (art. 57) au sein de l’ancien Code des sociétés ce type de responsabilité
en y apportant quelques modifications :
« Sans préjudice de l'article XX.225, l'Office national de Sécurité sociale ou le curateur peuvent tenir
les administrateurs, gérants, délégués à la gestion journalière, membres du comité de direction ou du
conseil de surveillance, actuels ou anciens, et toutes les autres personnes qui ont effectivement détenu
le pouvoir de diriger l'entreprise comme étant personnellement et solidairement responsables pour la
totalité ou une partie des cotisations sociales, en ce compris les intérêts de retard, dues au moment
du prononcé de la faillite, s'il est établi qu'au cours de la période de cinq ans qui précède le prononcé
de la faillite, ils ont été impliqués dans au moins deux faillites ou liquidations d'entreprises à
l'occasion desquelles des dettes de sécurité sociale n'ont pas été honorées, pour autant qu'ils aient eu
lors de la déclaration de faillite, dissolution ou entame de la liquidation desdites entreprises la qualité
de dirigeant, ancien dirigeant, membre ou ancien membre d'un comité de direction ou de surveillance
ou avaient ou avaient eu en ce qui concerne les affaires de l'entreprise, une fonction dirigeante
effective.
Si une action a été introduite sur la base de l'article XX.225, les montants revenant sur la base de
cette action à l'ONSS sont imputés sur le montant accordé à l'ONSS sur la base du présent article. »
• Il faut qu’au moment de sa faillite, l’entreprise doive des cotisations sociales et/ou
des intérêts de retard. Dans le paragraphe 2 des articles 265, 409 et 530 CS, étaient en outre
visées les majorations et indemnité forfaitaire réclamés par l’ONSS. Vu le nouveau texte,
s’il ne reste au moment de la faillite que des majorations ou indemnité forfaitaire à payer, il
ne sera pas possible de mettre en œuvre l’action fondée sur l’article XX.226 ;
• Il ne faut plus l’accomplissement d’une « faute grave », comme prévu dans l’ancien
régime. Les travaux parlementaires expliquent la suppression de cette condition car elle se
trouvait déjà dans l’article XX.225. Cette explication ne nous parait pas convaincante car
l’article XX.225 ne précise pas le non-paiement des cotisations à l’ONSS comme une faute
« grave et caractérisée » et en outre la jurisprudence sous l’ancien régime n’a pas considéré
que le seul non-paiement de ces cotisations constituait une telle faute .
- Il reste donc une hypothèse dans laquelle le curateur ou l’ONSS peuvent agir
contre les dirigeants de droit ou de fait de toutes entreprises : celle de
1. deux faillites ou liquidations dans les cinq ans qui précèdent l’actuelle faillite et
2. dans lesquelles les dettes sociales n’ont pas été honorées .
3.3.3. Principes
Ceci conduit dans la pratique à une quasi immunité de fait des organes de
gestion vis-à-vis des cocontractants de la société.
- La question du cumul des responsabilités contractuelle et aquilienne
appliquée aux dirigeants de société est cependant une matière où la
jurisprudence reste indécise compte tenu d'arrêts de la Cour de cassation dont
il est difficile de dégager une jurisprudence univoque24.
- Si la faute reprochée au gérant ou à l'administrateur constitue par ailleurs une
infraction pénale, le cumul des responsabilités n'est pas contestable.
H. Responsabilités particulières
- En vertu des articles 442quater Code des impôts sur les revenus (art. 14 de
la loi-programme) et 93undeciesC Code TVA, aux termes desquels les
dirigeants chargés de la gestion journalière des sociétés25 sont déclarés
solidairement responsables du précompte professionnel ou de la TVA, si le
non-paiement de ces impôts par la société est imputable à une faute au sens
de l'article 1382 du Code civil commise dans le cadre de leur gestion26. Sont
visés non seulement les délégués à la gestion journalière mais également les
administrateurs et les dirigeants de fait ou de droit
- Les travaux préparatoires de la loi-programme donnent comme exemple de
manquements constitutifs de "faute au sens de l'article 1382 du Code civil
commise dans le cadre de leur gestion" :
o Un assujetti soumis au régime de dépôt de déclarations trimestrielles à la
24
Il s'agit principalement des arrêts des 7 novembre 1997, R.C.J.B. 1999, p. 730 ; 16 février 2001, R.D.C. 2002,
p. 703 et la note C. Geys ; 20 juin 2005, R.D.C. 2005, p. 890 et la note H. De Wolf. La portée de ces arrêts est
incertaine, ce qu'ont mis en évidence plusieurs commentateurs : X. Dieux, "la responsabilité civile des
administrateurs ou gérants d'une personne morale à l'égard des tiers : une révolution de velours" Mélanges John
Kirkpatrick p. 225-230; P. Van Ommeslaghe, "La théorie de l'organe – évolutions récentes", Liber amicorum
Michel Coipel, p. 765 et s. ; V. Simonart, "La théorie de l'organe", Liber amicorum Michel Coipel p. 713 et s. (ces
deux contributions sont antérieures à l'arrêt du 20 juin 2005) ; Y. De Cordt, note sous cassation 20 juin 2005,
R.P.S. 2005, p. 194 et s. ; P. A. Foriers et L. Simont "Observations sur un revirement de jurisprudence :
représentation et responsabilité aquilienne des organes et mandataires de sociétés", Liber amicorum Jacques
Malherbe, p. 419 et s. ; A.P. André-Dumont, C. Bruls et H. Culot, "Responsabilités des organes des sociétés : la
restauration", Liber amicorum Jacques Malherbe p. 21 et s.; P. De Wolf, "Variations sur la responsabilité des
administrateurs", D.A.O.R. 2005, p. 95 et s. ; X. Dieux, "Responsabilité civile des dirigeants de la société anonyme
: question de principe ! ", Actualités en droit des sociétés (collection UB3 2006), p. 103 et s.; S. Bihain,
"Responsabilité des dirigeants des sociétés à l'égard des tiers – Pas d'immunité de principe en faveur des organes
des sociétés", J.T. 2006, p. 421 et s. ; V. Simonart, "La quasi immunité des organes de droit privé", R.C.J.B., 1999,
p. 752 et suiv. ; D. Philippe et G. Gathem, "A quelles conditions le dirigeant peut-il engager sa responsabilité
aquilienne personnelle à l'égard des tiers ? Les pièges de l'article 1382 du Code civil" La responsabilité des
dirigeants des personnes morales, Bruxelles, La Charte, 2007, p. 87 et suiv.
25
Et des personnes morales. Ceci vise notamment les dirigeants des grandes ASBL
26
C. Constitutionnelle 29.3.2012
- 442quater CIR92 (non-paiement du précompte professionnel au cours d'une période de un an) ne viole
pas les art. 10 et 11 de la Constitution.
- pas mesure disproportionnée
C. Cass. 01.06.2012 non-paiement du Précompte Professionnel (Rôle général F.10.0038.F)
C. Cass. 19.09.2014 non-paiement de la TVA (rôle général F.12.0206.N)
C. Cass. 21.09.2012 non-paiement du Pr. Pr. (rôle général F.11.0085.N)
- fondement de la faute 1382 CC Critère du manquement à l'obligation générale de prudence
C. appel Liège 08.06.2011, R.G. 2009/RG/158
Non responsabilité du gérant en cas de non-paiement de la TVA – pas de négligence démontrée – pas faute
– action du fisc contre le gérant non fondée
C appel Gand 17.03.2015 (Fiscalnet du 24 mars 2016) : pas de déclaration de TVA déposée. Les fonds de la société ont
été systématiquement affectés à d'autres fins que celles auxquelles ils étaient destinés, à savoir maintenir en vie une
société déficitaire, ce qui est une faute au sens de l'article 1382 Code Civil.
64
Il a été indiqué dans l'introduction que le cours n'abordera pas les questions
spécifiques aux sociétés cotées en bourse. On se bornera donc ici à signaler que
l'article 25 §1 de la loi du 2 août 2002 relative à la surveillance du secteur financier
et aux services financiers sanctionne le délit d'initié, qui peut atteindre les
administrateurs s'ils recommandent à un tiers d'acquérir ou de céder des instruments
financiers.
3.3.6. Responsabilité de la cotisation sociale à charge des sociétés instituée par la loi du 30
décembre 1992 portant des dispositions sociales et diverses : les associés actifs,
administrateurs sont tenus solidairement avec la société au paiement de la cotisation,
des majorations et des frais dont cette dernière est redevable.
La procédure de sonnette d’alarme est reprise à l’article 7:228 du CSA pour les SA
(lorsque l’actif net est réduit à un montant inférieur à la moitié du capital social), à l’article
5:153, pour les SRL et à l’article 6:119 pour les SC (lorsque l’actif net risque de devenir
ou est devenu négatif ou lorsque l’organe d’administration constate qu’il n’est plus certain
que la société, selon les développements auxquels on peut raisonnablement s’attendre,
sera en mesure de s’acquitter de ses dettes au fur et à mesure de leur échéances pendant
au moins les douze mois suivants).
A. Les infractions
L'énumération de toutes les sanctions pénales que peuvent encourir les mandataires
sociaux est infinie. Il n'existe pratiquement plus de loi dont la transgression n'est pas
sanctionnée pénalement. Cette incrimination pénale systématique a pour
conséquence que l'environnement légal dans lequel se meuvent les dirigeants
d'entreprises est de plus en plus dangereux. Non seulement la sanction pénale n'est
pas théorique, mais surtout l'incrimination pénale facilite la démonstration de la
preuve de la faute et peut considérablement allonger la durée de la prescription.
- Toute infraction pénale constitue une faute dont il doit être admis que le
prévenu doit pouvoir se justifier, de sorte qu'il n'existe pas d'infractions
purement matérielles qui constitueraient une catégorie propre29.
3.3.12. délégation de fonction et responsabilité pénale
- la délégation de fonction est "l'acte par lequel une société ou son dirigeant,
tenu de l'obligation de veiller au respect de la législation, transfère à une
personne physique ou morale déterminée, dotée de la compétence, de
l'autorité et des moyens nécessaires, ses pouvoirs et devoirs pour veiller en
ses lieu et place au respect de la loi"30.
- le principe de la délégation pénale est actuellement accepté en doctrine31,
mais trouve encore peu d'écho en jurisprudence, sans doute soit parce que
trop peu de plaideurs songent à l'invoquer soit parce que les conditions de
son application ne sont pas réunies.
- la délégation de compétence doit en effet être prouvée et par ailleurs
l'administrateur désigné comme responsable par la loi n'échappera à son
responsabilité déduite de l'imputation pénale légale (la loi désigne le
responsable) que s'il prouve que le tiers à qui une compétence avait été
déléguée disposait de :
▪ l'autorité (Cass.fr.,ch. crim. 17 février 2004)
▪ la compétence et
▪ les moyens requis pour respecter la loi ;
- en France, où cette théorie est une création jurisprudentielle assez
développée, les contours dans lesquels la délégation de pouvoir est
admissible ont été définis comme suit:
▪ La délégation de pouvoirs peut conduire à une exonération de la
responsabilité du dirigeant de l'entreprise lorsqu'elle est justifiée
par la taille de l'entreprise (cela ne pourra donc pas être invoqué
par le patron d'une PME);
▪ La délégation de pouvoirs doit être clairement stipulée ("vous
êtes institué responsable de l'exécution de telle tâche …") (voy
Cass. fr., ch. crim. 25 janvier 2000, arrêt n° 99-82123);
▪ La délégation de pouvoirs semble devoir être limitée dans le
temps (pas de jurisprudence française sur ce point, mais les
auteurs l'affirment);
▪ La délégation de compétence intra-groupe de sociétés est
possible (Cass. fr., ch crim. 26 mai 1994, arrêt 93-83213). Une
filiale peut donc faire "remonter" des compétences au niveau de
sa société mère;
▪ La tendance "lourde" de la jurisprudence en France sur cette
question : lent déplacement des responsabilités vers les personnes
morales, mais on constate que la "mise au pilori" des personnes
physiques reste une tendance également.
A. La prescription civile
3.3.13. Principe
Pour les sociétés tenues au dépôt des comptes annuels selon le schéma
complet(art. 3:58 AR CSA), le Code prescrit l'établissement d'une situation
32
Bruxelles 28 mai 2009, inédit R.G.2009/AR/792.
33
Civ. Liège, 12 juin 2003, J.L.M.B. 2005, p. 248.
34
Fin du mandat qui peut elle-même être reportée dans le temps puisque plusieurs décisions ont décidé que
l'administrateur dont le mandat a pris fin doit continuer l'exercice de celui-ci jusqu'à son remplacement et ont retenu la
responsabilité de celui-ci pour s'être désintéressé de la vie de la société après l'expiration de son mandat. En ce sens :
Comm. Bruxelles 22 octobre 2002, J.D.S., 2004, p. 173.
70
Pour les petites sociétés au sens de l’article 1:24 CSA, qui peuvent déposer
des comptes annuels selon le schéma abrégé et qui donc ne sont pas soumises
au contrôle révisoral de leurs comptes, la connaissance de la perte coïncide
au plus tard avec la date à laquelle les comptes annuels auraient dû être
présentés à l'assemblée générale ordinaire35
B. La prescription pénale
3.3.16. Principe
- L'action publique est prescrite après dix ans, cinq ans ou six mois à un an, à
compter du jour où l'infraction a été commise, selon que l'infraction constitue
un crime, un délit ou un délit contraventionnalisé ou une contravention (art.
21 de la loi du 17 avril 1878 contenant le Titre préliminaire du Code
d'instruction criminelle, ci-après Titre prél. C.I.C.).
- La prescription commence à courir le jour où l'infraction a été commise. On
considère que l'infraction est consommée lorsque l'ensemble des éléments
constitutifs sont réunis. Dès lors :
35
Comm. Ypres, 21 octobre 2002, T.R.V., 2004, p. 730.
36
Bruxelles, 21 novembre 2002, J.L.M.B. 2003, p. 1271
37
Comm. Marche en Famenne, 31 mars 2010, inédit, R.G.A/08/00097
38
Cette jurisprudence s'applique également lorsque la personne poursuivie pour usage de faux est en même temps l'auteur
du faux, voy. Cass., 1er février 1984, Pas. 1984, I, 617 : "Lorsque l'auteur d'un faux en écritures a aussi fait usage de la
pièce fausse avec la même intention frauduleuse ou le même dessein de nuire, la prescription de l'action publique ne
prend cours, tant à l'égard de la perpétration de faux qu'en ce qui concerne l'usage de la pièce fausse, qu'à partir du dernier
fait d'usage".
71
3.3.19. Principes
- L'action civile résultant d'une infraction se prescrit selon les règles du Code
civil ou des lois particulières qui sont applicables à l'action en dommages et
intérêts. Toutefois, celle-ci ne peut se prescrire avant l'action publique
39
Cass., 25 octobre 1971, Pas., 1972, I, 185
40
Bruxelles, 23 juin 1972, Pas. 1973, II, 8.
41
Pour la liste des actes du Ministère public qui interrompent la prescription : M. Franchimont, A. Jacobs et A. Masset,
Manuel de procédure pénale, p. 92 à 94 ;
42
Pour rappel, le délai de prescription pénale n'est pas déterminé par la nature de l'infraction, mais la nature de la peine
prononcée par le juge. Pour un crime correctionnalisé – ce qui sera souvent le cas en matière de faux et d'usage de faux ou
d'autres infractions financières punies de peines criminelles – le délai de prescription sera donc au maximum de six ans et
non de dix ans.
72
3.4.1. Principes
Lorsqu'ils accomplissent des missions prescrites par le Code des sociétés, les
réviseurs ou experts-comptables externes, même s'ils sont chargés de cette mission
par l’organe d’administration, accomplissent un mandat. Leur rapport n'est en effet
pas rédigé dans l'intérêt de la société, mais :
3.4.4. Responsabilités
43
Sur ces questions, voy. P.-A. Foriers et M. von Kuegelgen, "La responsabilité civile des réviseurs et experts
comptables", Rev. Dr. ULB, 1992, n° 6, p. 18
44
Pour un cas l'application de la responsabilité du commissaire réviseur : Comm. Charleroi, 12 octobre 1976,
R.P.S. 1977, p. 143 et s.
45
Pour un cas où le reproche de ne pas avoir attiré l'attention des fondateurs sur les lacunes du plan financier
s'adressait au notaire qui avait dressé l'acte authentique de constitution : Mons, 23 octobre 2001, J.T. 2002, p.
344. Le raisonnement s'applique à fortiori au professionnel du chiffre qui aurait été consulté pour assister les fondateurs
dans l'élaboration de ce document.
75
- Un outil informatif pour les dirigeants de la société et pour les tiers. Elle
permet de déterminer l'inventaire des avoirs de l'entreprise et ses
engagements vis-à-vis des tiers. Elle permet également de dire si la société
est rentable ou non et de mesurer cette rentabilité ou le niveau de ses pertes.
- Un outil de gestion. La comptabilité n'est pas une contrainte administrative,
mais au contraire un outil d'une très grande souplesse. Lorsqu'elle est
intelligemment organisée, la comptabilité doit fournir aux responsables de
l'entreprise toutes informations qui lui permettront de déterminer le prix de
revient des biens produits et services prestés par l'entreprise. Elles leur
donneront les informations permettant de déterminer le seuil de rentabilité
d'une activité. Le cas échéant, elle conduira les responsables à abandonner
une activité non rentable. Une comptabilité bien analysée permet d'anticiper
des crises ou des difficultés et le cas échéant de prendre à temps les mesures
de redressement nécessaires.
- La comptabilité est également l'information qui déterminera le montant de
l'impôt dû. Sous réserve des règles propres aux sociétés, les revenus soumis
à l'impôt des sociétés sont, quant à leur nature, les mêmes que ceux qui sont
envisagés en matière d'impôt des personnes physiques ; leur montant est
déterminé d'après les règles applicables en bénéfices (art. 183 C.I.R. 92). Le
résultat comptable sera donc l'un des éléments déterminants du montant de
la dette d'impôt éventuelle. Une comptabilité irrégulière pourra être rejetée
par l'administration. La taxation prend en effet pour base des bénéfices
déclarés, "sauf si l'administration les reconnaît inexacts" (art. 339 C.I.R. 92).
77
4.1.2. La tenue d'une comptabilité régulière est une obligation légale dont le non-respect
peut conduire à des sanctions civiles et pénales aux conséquences extrêmement
lourdes.
La comptabilité est en effet une source d'informations destinées aux tiers. Ceux-ci
peuvent être amenés à déterminer leur comportement sur la foi accordée aux
comptes annuels et leurs annexes publiées. Des inexactitudes importantes dans la
tenue des comptes peuvent donc induire les tiers en erreur. Les administrateurs
peuvent être tenus pour responsables si un dommage en est résulté pour les tiers.
4.2.1. Les articles III.82 à III.94 du Code de droit économique (CDE) établissent les
principes fondamentaux de la comptabilité des entreprises. Voici quelques-uns de
ces principes de base :
- Le livre Ier de l'arrêté royal détermine les formalités qui sont applicables
pour l'exécution des dispositions du Code des sociétés et des associations
prescrivant le dépôt de documents au greffe du Tribunal de l’entreprise en
vue, le cas échéant, de leur publication aux annexes du Moniteur belge.
46
Lorsque la comptabilité est tenue sur un support informatique (cas le plus fréquent), l'irréversibilité implique que dès
qu'une opération comptable a été enregistrée ("sauvée"), elle ne peut plus être effacée. Si l'écriture est erronée, elle devra
être corrigée par une écriture subséquente. L'écriture de correction s'inscrit d'ordinaire dans un "journal" (sur le sens de ce
mot voy. ci-après § 4.4.1) "d'opérations diverses" (sur le sens de cette expression, voy. ci-après) qui regroupe notamment,
ces écritures correctrices. Le fisc a donc accès à ces écritures correctrices et peut exercer son contrôle sur la légitimité de
ces "repentirs". Lorsque la comptabilité est tenue manuellement, en cas de correction, l'écriture primitive doit rester
visible (art. III.88 CDE).
78
- Toutes les données comptables doivent être présentées selon une structure
déterminée par l'arrêté royal du 29 avril 2019 :
o Soit selon le "schéma complet" pour les grandes sociétés
o Soit selon le "schéma abrégé" pour les petites sociétés" (l’article 1:24
CSA définit ce qu'il faut entendre par petite société).
Schéma complet : art.3:80 à 3:82 CSA.
Schéma abrégé : art. 3:83 à 3:85 CSA.
Le contenu des rubriques du bilan est défini aux articles 3:89 à.3:90 CSA..
Les règles spécifiques aux comptes consolidés ne sont pas enseignées dans
le cadre de ce cours (art. 3:96 à 3:157 CSA).
4.2.4. L'arrêté royal du 18 décembre 2015 (Moniteur belge du 30 décembre 2015) définit
les règles comptables applicables aux microsociétés.
Ces normes comptables ont été élaborées par une institution internationale issue
d'organismes professionnels (IASB, International Accounting standards Board).
Elles doivent être soumises à une procédure d'approbation avant d'être mise en
vigueur dans l'Union européenne.
Les normes comptables IAS s'appliquent aux "grandes sociétés" à partir des comptes
annuels clôturés au 31 décembre 2014. Les normes de révision des comptes annuels
par les commissaires réviseurs seront profondément modifiées.
47
A compléter par la Directive 2013/34/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2013 relative aux
états financiers annuels, aux états financiers consolidés et aux rapports y afférents de certaines formes
d’entreprises, modifiant la directive 2006/43/CE du Parlement européen et du Conseil et abrogeant les directives
78/660/CEE et 83/349/CEE du Conseil
48
Avec comme conséquence que c'est la C.J.U.E. qui détermine l'interprétation uniforme de ces règles, le cas échéant
sur question préjudicielle posée par une juridiction nationale. Pour un cas d'application de cette interprétation uniforme
: C.J.U.E. 3 octobre 2013, GIMLE, C-322/12, qui portait sur une question d'interprétation de la quatrième directive
comptes annuels 78/660/CEE du 25 juillet 1978. L'arrêt précité de la C.J.U.E. contredisait l'avis 126/17 de la C.N.C. de
novembre 2001 ("détermination de la valeur d'acquisition d'actifs obtenus à titre gratuit ou quasi-gratuit"), avis retiré
par la C.N.C. depuis lors. La C.J.U.E. a confirmé sa jurisprudence de l'arrêt GIMLE du 3 octobre 2013 dans une
ordonnance du 6 mars 2014 (Bloomsbury, C- 510/12).
49
Pour un exemple d'introduction des normes IFRS dans notre droit comptable : article 114 AR/C. Soc.
101
La C.N.C. est compétente pour donner des avis sur l'interprétation du droit
comptable. Ses avis n'ont pas force de loi, mais leur autorité est incontestable, ce qui
ne prive pas la doctrine de la possibilité de les critiquer50.
La loi fiscale comporte des règles qui interfèrent parfois avec le droit comptable.
- La loi comptable impose d'acter dans les comptes une réduction de valeur
sur les créances (sur la notion de réduction de valeur, voy. infra) si leur
remboursement est en tout ou partie compromis (art. 3:44, al.2 et 3:46 AR
CSA). La loi fiscale n'admet les réductions de valeur au titre de frais
professionnel au même titre que les amortissements que si la perte est
définitive. En cas de faillite du débiteur, la perte ne sera admise au titre de
réduction de valeur qu'à la clôture de la faillite, ou au mieux à l'époque où le
curateur pourra délivrer une attestation d'irrécouvrabilité. La société
confrontée à la faillite d'un client pourra tenter de faire admettre une
provision exonérée sur la base de l'article 48 C.I.R./92. L'administration
n'acceptera l'exonération de la réserve que si la réduction de valeur est
justifiée par "des circonstances particulières survenues au cours de la période
imposable et subsistant à l'expiration de celle-ci (art. 22, § 1er, 2° de
l'AR/CIR).
4.3.1. Les personnes physiques, les SNC et SCS dont le chiffre d'affaire annuel hors
TVA n'excède pas 500.000 € ne doivent pas tenir de comptabilité conforme aux
dispositions de l’AR CSA (très petites entreprises, art. 1 de l'AR du 12 septembre
1983 déterminant la teneur et la présentation d'un plan comptable minimum
normalisé).
4.3.2. Des règles comptables particulières existent pour (art.3:2, al.3 CSA)::
- Les compagnies d'assurance et de réassurance ;
- Les établissements de crédit visés par la loi du 25 avril 2014 (citée comme :
loi bancaire) ;
- Les sociétés à portefeuille;
- Les entreprises d'investissement (visées dans la loi du 6 avril 1995 relative
au statut et au contrôle des entreprises d'investissement).
50
Pour un exemple de critique : Ch. Cheruy et M. Dhaene, "Fiscale implicaties van de adviezen 126/17 en 126/18 van de
Commissie voor Boekhoudkundige Normen", T.F.R. 2002, p. 169 et s.. Notons qu'il existe un comité d'interprétation des
normes internationales d'information financière (IFRIC, International Financing Reporting Interpretation Committee).
102
4.4. Les deux concepts de base de la comptabilité (article III.84, al 1er du Code de Droit
Economique)
- A l'heure actuelle, quasi toutes les comptabilités des sociétés sont tenues sur
un support informatique. Un logiciel comptable est donc conçu pour
enregistrer les opérations réparties dans différents "journaux" selon une
succession chronologique de toutes les opérations de même nature.
- Une société peut ouvrir autant de journaux qu'elle l'estime utile pour les
besoins de ses affaires.
Ainsi elle pourra (ou devra) :
o Créer plusieurs journaux des ventes et plusieurs journaux d'achats, ce qui
permettra le cas échéant de créer une comptabilité analytique par unité
d'exploitation ou par département de l'entreprise.
o Créer plusieurs journaux financiers, si la société est titulaire de plusieurs
comptes en banque.
o Créer plusieurs journaux d'opérations diverses selon la nature des
opérations qui y sont enregistrées ("journal des OD pour l'enregistrement
des charges salariales", "journal des OD pour les amortissements",
"journal des OD pour les corrections d'erreurs ou reclassements", etc.).
o L'essentiel est qu'il y ait un journal centralisateur qui assure le caractère
complet de la comptabilité conformément à l'article III.84, al. 4 CDE).
bilan) est mis en œuvre par l'AR du 12 septembre 1983, déterminant le plan
comptable minimum normalisé (PCMN).
- Le PCMN suit la structure logique du schéma comptable de l’AR CSA. en
donnant un numéro aux différentes rubriques du schéma comptable.
- Le PCMN développe le schéma l’AR CSA en subdivisant les rubriques du
schéma comptable par des sous-rubriques. Ces sous-rubriques se voient
attribuer des numéros qui constitueront la matrice des comptes utilisés par
chaque société.
Les engagements hors bilan, qui figureront aux annexes du bilan sont
regroupés sous des n° de comptes qui commencent par 0.
Une autre entreprise adoptera pour les mêmes exportations hors CEE une
autre classification, par exemple :
o 700210 = Ventes directes à l'exportation
o 700220 = Ventes à l'exportation par agents locaux
o 700230 = ventes à l'exportation en association avec entreprises tierces.
Ici la subdivision comptable ne cherche pas à identifier les zones
géographiques de commercialisation, mais le mode de commercialisation.
104
- Les comptes des classes 1 à 5 sont des comptes de bilan. Les soldes de ces
comptes à la clôture de l'exercice comptable sont reportés à l'ouverture de la
période comptable suivante. C'est ce qu'on appelle l'opération de
"réouverture".
- Les comptes des classes 6 et 7 sont des comptes de résultat. Ils déterminent
le résultat de l'activité : bénéfice ou perte. Les soldes de ces comptes ne sont
pas reportés d'une année à l'autre. La loi impose en effet de présenter un bilan
après affectation du résultat, c'est-à-dire le transfert au bilan du bénéfice
(compte 140) ou de la perte (compte 141- (
Les comptes annuels se composent de trois éléments distincts : le bilan, le compte de résultat et
l'annexe. Les trois parties forment un tout.
4.5.1. Le bilan
- Le passif du bilan donne une image de l'origine des fonds dont dispose
l'entreprise :
o La mise des actionnaires (le capital) et les bénéfices laissés à la
disposition de la société, des réserves (légale, indisponibles et
disponibles);
o Les crédits bancaires (à long terme ou à court terme) ;
o Les crédits consentis à la société par les fournisseurs (les "comptes
fournisseurs") ;
o Les dettes dues aux organismes publics que sont l'ONSS et les receveurs
des impôts et de la TVA ;
o Les dettes dues au personnel ;
o Les avances consenties à la société pour des motifs divers, comme les
avances consenties par les actionnaires.
Il tombe sous le sens que certains tiers, créanciers de la société et qui
participent à ce titre au financement de la société, sont parfois créanciers à
leur corps défendant. C'est le cas lorsque la société paie ses fournisseurs en
retard, lorsqu'elle ne paie pas dans les délais légaux les cotisations ONSS, la
105
- L'actif du bilan indique à quoi la société a affecté les moyens financiers mis
à sa disposition :
o L'acquisition de brevets, de licences ;
o Des immeubles, des machines, du matériel de bureau, des véhicules ;
o Des participations dans des entreprises liées ;
o Des stocks de marchandises ;
o Des crédits consentis à ses clients ;
o Des avoirs en banque ;
o Des avances consenties à des tiers.
- Le compte de résultat indique ensuite les charges qui ont grevé cette activité
:
o Les achats de marchandises ;
o Les biens et services divers livrés à la société pour permettre son activité
;
o Les frais de personnel ;
o Les amortissements et réductions de valeur ;
o Les autres charges d'exploitation ;
o Les charges financières ;
o Les charges exceptionnelles ;
o Les impôts sur le résultat.
fabrication.
Les données sont reprises sous une forme synthétique aux annexes du bilan
(annexes C.5.1., C.5.2.1., C.5.2.2., C. 5.2.3., C. 5.2.4., C. 5.3.1.,
C. 5.3.2., C. 5.3.3., C.5.3.4., C.5.3.5., C. 5.3.6., pour le schéma complet).
L'information est encore plus limitée pour les petites sociétés qui peuvent
tenir une comptabilité selon le schéma abrégé.
4.5.3. L'annexe
En outre, la loi impose une annexe complémentaire pour toutes les sociétés qui
emploient du personnel : le bilan social.
Toutes les rubriques du bilan et des comptes annuels ne sont pas commentées
dans l'annexe. L’organe d’administration de la société apprécie, sous sa
responsabilité, la nécessité de compléter les informations financières minimales
107
que constituent
108
Voici un bref commentaire des pages de l'annexe les plus usuelles (l'exemple
analysé est celui de la société Houyoux, annexe 5.1.2. des notes de cours) :
4.6.1. Notion
- La loi impose de tenir la comptabilité "en partie double" (art. III.84, al. 1 er
CDE).
51
En réalité, l'enregistrement d'une opération comptable peut impliquer plusieurs comptes. Ainsi, par exemple,
l'enregistrement d'une facture client implique au minimum un compte de produits (crédit du compte 700), un compte
clients (débit du compte 400) et un compte de TVA à payer (débit du compte 451).
52
Exemple volontairement simplifié, notamment parce qu'on ne tient pas compte de l'enregistrement de la TVA.
110
Sans entrer dans les détails, il suffit à ce stade de retenir les deux principes
suivants :
o L'enregistrement d'une charge (classe 6) a en principe54 comme
contrepartie une dette à l'égard d'un fournisseur. Si l'enregistrement de la
charge est un débit, logiquement l'enregistrement de la dette à l'égard du
fournisseur sera un crédit. Comme une société peut avoir des milliers de
fournisseurs différents, pour ne pas alourdir la gestion comptable de ces
comptes, tous les comptes des fournisseurs sont centralisés dans un
compte qui apparaît au bilan sous le compte de centralisation
"fournisseurs"55 . A titre d'exemple, l'enregistrement d'une facture du
fournisseur Electrabel se traduira par l'écriture suivante:
Comme une société peut avoir des milliers de clients, pour le même motif
exposé ci-dessus en ce qui concerne les fournisseurs, tous les comptes des
clients sont centralisés dans un compte qui apparaîtra au bilan sous le compte
de centralisation "clients"58.
53
Par hypothèse – pour simplifier l'exposé – nous supposons que l'entreprise est un assujetti TVA avec droit à la
déduction intégrale de la TVA. La TVA à recevoir des clients n'est pas un produit puisqu'elle est à reverser au Trésor. La
TVA à payer aux fournisseurs n'est pas une charge puisqu'elle est déductible de ce qui est à payer.
54
En principe seulement. Nous verrons plus loin quelques exemples, parmi les multiples cas, où une charge n'a pas
comme contrepartie une facture reçue d'un fournisseur.
55
En réalité, des subdivisions du compte fournisseurs sont possibles. Voyez à l'annexe 4.3. les sous-rubriques du compte
44 "dettes commerciales".
56
Pour rappel, nous laissons dans le cadre de cet exposé l'aspect TVA en dehors de l'exposé.
57
En principe seulement. Nous verrons plus loin quelques exemples, parmi les multiples cas, où un produit n'a pas
comme contrepartie une facture adressée à un client.
58
Comme pour les fournisseurs, le PCMN indique que des subdivisions sont possibles. Voyez à l'annexe 4.3. les sous-
rubriques du compte 40 "créances commerciales".
111
Débit : Crédit :
- compte 6202 - compte 4552 appointements
Employés nets à payer
compte 6211 cotisations - compte 4530 précompte
patronales ONSS professionnel retenu sur
rémunérations compte
454 ONSS à payer59
Débit : Crédit :
- compte 6302 dotation - compte 2391 Amortissements
aux amortissements sur actés sur machines
immobilisations
corporelles
59
On présente une écriture volontairement simplifiée.
112
Débit : Crédit :
- compte 6340 dotation - compte 409 réductions de
aux réductions de valeur actées sur créances
valeur sur créances commerciales
commerciales à un an
au plus
Débit : Crédit :
- compte 550100 - compte 751: Produits des
Banque ING actifs circulants
Débit : Crédit :
- compte 550100 - compte 748
Banque ING locations diverses à caractère
professionnel
Débit : Crédit :
- compte 1690 : - compte 762 :
provision pour litiges reprises de provisions pour
en cours risques et charges
exceptionnels
60
Sous réserve toutefois du risque de révision de la TVA, si l'actif immobilisé a été acquis sous le régime TVA et que la
TVA a été déduite. La TVA déduite sur les biens d'investissement est sujette à révision pendant une durée de cinq ans. Ce
délai est porté à quinze ans pour les immeubles (art. 48 § 2 C. TVA). La vente d'un bien d'investissement à valeur
d'inventaire peut donc dégager une charge pour l'entreprise, si l'opération se réalise pendant le délai de révision.
113
La balance des comptes généraux peut donc, pour une entreprise qui a adopté un
plan comptable avec un grand nombre de subdivisions comptables, comporter des
dizaines de pages (à comparer aux cinq pages du schéma des comptes annuels, sans
les annexes).
La balance des comptes généraux doit être communiquée au fisc lors du dépôt de la
déclaration fiscale à l'impôt des sociétés, accompagnée de divers autres documents.
Nous verrons au cours du sixième cours que la balance des comptes généraux de la
société-cible fait partie des renseignements demandés par le candidat acquéreur de
la société. Nous verrons à quel stade des négociations ce document est communiqué
au candidat acquéreur.
A la clôture de son exercice, toute société est tenue d'éditer le "grand livre". Ce
document contient, pour chaque compte, la succession chronologique de toutes les
opérations enregistrées.
La société doit également éditer les journaux qui constituent la relation complète
des écritures comptables, non plus selon une classification des comptes, mais par
"journal".
L'édition du grand livre et des journaux peut donc représenter plusieurs milliers de
pages.
Ces documents qui – comme tous les documents de la société – doivent être
conservés par la société pendant un délai de dix ans, constituent, avec les facturiers
d'entrées et de sorties et les justifications des OD, l'outil de base de tout contrôle
fiscal de la société.
114
La liquidation de la société, la faillite sont (parmi d'autres) des situations de discontinuité qui
auront d'importantes conséquences comptables.
La liquidation ou la faillite impliquera l'arrêt des activités. Par conséquent, des indemnités
seront dues aux co-contractants dont les contrats seront rompus. Ces indemnités devront être
provisionnées au passif du bilan. Inversement des éléments d'actifs seront dévalorisés par l'arrêt
des activités et leur mise en vente (machines et outillage, stocks, etc.). Ces moins-values d'actifs
devront faire l'objet de réductions de valeur à l'actif du bilan.
Lorsque le bilan fait apparaître une perte reportée ou le compte de résultats fait apparaître
pendant deux exercices successifs une perte de l'exercice, l’organe d’administration doit justifier
dans un rapport (quand l’organe d’administration est tenu d'établir un rapport) ou dans l'annexe
aux comptes annuels (pour les petites sociétés) de l'application des règles comptables de
continuité (art.3:4 et 3:6, 6° CSA)
- Fonds propres
- Ratio de solvabilité
- Ratio de liquidité
- Marge brute/marge semi-brute
- Cash flow.
115
Il n'existe pas de notes pour cette partie cours : il s'agit de commentaires des comptes annuels
qui seront analysés lors de l'exposé.
Il est recommandé d'imprimer au moins les annexes 5.1.1. (Danheux & Maroye), 5.1.2.
(Houyoux), 5.2.2. (Filigranes) et 5.2.3. (Tropismes). Vous pourrez transcrire sur les pages
imprimées les commentaires donnés oralement.
111
6.1. Introduction
6.1.2. Dans le schéma classique d'une cession d'actions ou de parts, les acteurs se
connaissent, les premiers contacts se sont noués entre l'acquéreur potentiel et le
vendeur. Dans notre hypothèse de travail, l'intervention de l'avocat est sollicitée au
moment où le candidat acquéreur souhaite accéder à des informations
confidentielles de la société-cible.
61
Pour approfondir le sujet : D. Leclercq, Les conventions de cession d’actions, 2e éd., Bruxelles, Larcier, 2017
Comme on le verra dans la suite du texte, les enseignements de ce sixième cours sont transposables mutatis mutandis aux
situations dans lesquelles un candidat investisseur souhaite participer à une augmentation de capital d'une société-cible ou
lorsque les actionnaires de deux sociétés existantes souhaitent engager des pourparlers de fusion, etc.et, dans l'ouvrage
plus général de B. Dubuisson, V. Callewaert, B. De Coninck et G. Gathem, La responsabilité civile – chronique de
jurisprudence 1996-2007, T. I. le fait générateur et le lien causal, Bruxelles, Larcier 2009, les pages 885 à 909, avec la
bibliographie en pages 885 et 886.
112
- La lettre d'intention ne doit pas être perçue comme un préalable nécessaire à toute
négociation de prise de contrôle d'une société.
- Il existe deux écoles en matière de lettre d'intention : celle qui préconise un engagement
juridiquement contraignant et celle qui voit dans la lettre d'intention un simple
engagement à négocier de bonne foi.
- Dans des négociations particulièrement complexes (l'analyse des risques latents d'une
société peut requérir des investigations parfois coûteuses), on ne pourra éviter une lettre
d'intention contenant des engagements contraignants, par exemple quant à la prise en
charge des coûts exposés, en cas de rupture des négociations par l'une des parties (break-
up fees).
Ces informations soit ne sont pas données au stade de l'audit précontractuel (elles
seront fournies au stade du "pre closing") soit elles sont données au stade de l'audit
précontractuel, mais en ce cas le vendeur peut vouloir donner une forme anonyme à
certaines communications, l'acquéreur n'ayant que des informations sous une forme
virtuelle.
Par ailleurs, lorsque le vendeur et l’acquéreur potentiels sont des concurrents, ils ne
peuvent se fournir des informations sensibles à caractère commercial, même si c’est
unbiquement dans le but d’effectuer une « due diligence » en vue d’une acquisition,
à peine d’enfreindre les règles du droit de la concurrence. Des procédures
particulières sont parfoirs convenues pour remédier à cette difficulté
(communication d’informations sensibles à un « clean team » restreint).
Ici encore les renseignements seront donnés soit sous une forme directe (par
exemple copie du bail), soit rendue anonyme (des grilles d'informations relatives au
personnel : âge, ancienneté, rémunération, avantages extra-légaux, mais sans
identification possible des personnes).
6.3.4. La convention de cession d'action sera donc parfois (pas toujours) précédée d'une
convention relative aux modalités d'accès à l'information.
L'acheteur établira la liste des renseignements préalables dont il a besoin (data room)
et le vendeur définira la forme dans laquelle il y sera répondu (production directe de
pièces ou production de renseignements soit sous une forme anonyme soit sous une
forme de synthèse de données rendues anonymes de manière à ne pas dévoiler
certaines informations confidentielles jusqu'à la signature de la convention).
6.3.5. L'engagement de confidentialité définira les conditions dans lesquelles ces premiers
renseignements seront livrés aux candidats acquéreurs.
On le voit, un engagement de confidentialité est déjà en soi une convention qui peut
requérir un réel effort de créativité de la part des parties.
Il faut être conscient que l'efficacité de ces clauses de confidentialité est limitée: la
preuve de la transgression d'un engagement de confidentialité est extrêmement
difficile à rapporter.
L'actionnaire vendeur n'a pas toujours accès lui-même à toutes les informations demandées par
le candidat acheteur.
L'actionnaire vendeur devra en ce cas faire appel aux renseignements que lui procure la
direction de la société-cible. Or l'exactitude des renseignements que lui procure la direction de
l'entreprise-cible sera cruciale, lorsque ces renseignements seront ultérieurement confrontés à
la réalité de l'entreprise par l'acquéreur au cours du délai de garantie. En effet, toute inexactitude
d'une déclaration ou d'une garantie du vendeur peut avoir des conséquences financières graves.
6.5.1. Notion
62
La plupart des ouvrages relatifs à la Due Diligence sont en langue anglaise et exposent les usages internationaux en
cette matière. En droit belge, signalons l'ouvrage en néerlandais de Y. Verleisdonck, E. Janssens et M. Wilkenhuysen,
Due Diligence, Bruxelles, Larcier, 2011, 180 p.
115
profitabilité de l'entreprise;
• Par l'entreprise : quels seraient les coûts en cas de rupture
des contrats avec certains fournisseurs ?
o Les contrats avec les clients peuvent-ils aisément être rompus ?
• Par les clients : risque de perdre du chiffre d'affaire
• Par l'entreprise : est-il possible de se dégager aisément de
certains contrats peu rentables ?
o Quelles sont les garanties données en vertu des contrats; quelle
est la récurrence des appels à la garantie de la part des clients, ces
risques sont-ils assurés ?
o Un changement dans le management de la société ou dans son
actionnariat est-il susceptible de causer la rupture de certains
contrats (cfr. clauses contractuelles qui permettent parfois au
contractant de rompre le contrat en cas de changement dans le
management ou l'actionnariat de la société cible).
6.6.2. En revanche toute opération d'achat de société implique à des degrés divers un
examen préalable de la situation par le candidat acquéreur.
Le formalisme qui entoure la due diligence variera selon les circonstances. Il est
cependant une vérité d'expérience: le laxisme dont s'accommodent certains
entrepreneurs lors de la reprise d'une société donne peut-être l'illusion de la rapidité
et de l'efficacité, mais ce peut-être une source de nombreuses difficultés et de litiges
après la reprise de la société. Le rôle de l'avocat est certainement d'avertir son client
des risques qu'il encourt si des vérifications n'ont pas été faites.
Ceci dit, certaines sociétés ne nécessitent pas un audit très élaboré. Ces seules
garanties dans la convention de cession suffiront. Ce sera le cas lors de la reprise:
- d'une société purement financière;
- d'une société devenue dormante (société de trésorerie par exemple);
- d'une société titulaire d'un bail commercial, qui constitue le principal actif
convoité, l'acquéreur n'ayant pas égard à l'activité antérieure de la société.
6.6.3. Ce qui a été exposé dans les paragraphes 6.2. à 6.5. est parfaitement transposable à
la situation dans laquelle un nouvel actionnaire souhaite souscrire à une
augmentation de capital de la société-cible. C'est également transposable à la
situation dans laquelle deux sociétés se préparent à fusionner.
Il ne s'agira pas d'un audit de reprise, mais soit de prise de participation aux côtés
d'actionnaires existants, soit de fusion.
6.6.4. La situation est bien entendu tout-à-fait inverse, lorsqu'il s'agit d'une cession de parts
ou action entre actionnaires d'une société, surtout si l'acquéreur est administrateur
de la société-cible et a fortiori administrateur mêlé à la gestion de la société.
- la vente d'une société se fonde sur deux données : l'une objective, l'autre
subjective.
- la donnée objective sur laquelle se fonde l'achat d'une société est constituée
par ses comptes annuels. L'acquéreur se fonde sur le présupposé que les
comptes annuels qui lui sont présentés par le vendeur sont fiables et donnent
une représentation exacte de ce que la société possède (son actif) et de ce
qu'elle doit (son passif) ainsi que ses affaires (son compte de résultat).
Le premier élément clé qu'il faut avoir présent à l'esprit pour comprendre la
typologie d'un SPA est la manière dont les parties vont exprimer la garantie
que le vendeur donne au sujet de ces comptes annuels.
- La donnée subjective sur laquelle se fonde l'achat d'une société est constituée
par l'ensemble des opinions et convictions que l'acquéreur s'est forgées au
cours de la due diligence au sujet de la société-cible.
Cette manière de lister les déclarations qui seront exigées du vendeur est
d'origine anglo-saxonne. Ces déclarations sont formulées sous forme de
"representations and warranties".
Il va sans dire que la liste des déclarations que l'acquéreur exigera du vendeur
varie au cas par cas et qu'il est illusoire d'en dresser un inventaire, comme il
serait vain de présenter à cet égard des clauses "types".
Le libellé des clauses relatives à cette sanction de ces inexactitudes est – outre
bien entendu la négociation sur le prix – le cœur de la négociation. Nous
examinerons ci-après comment peuvent se concevoir les garanties données
120
en cette matière.
- Enfin la SPA comprend des clauses aux effets essentiels tels que notamment
celle relative à l'unicité de la convention et pour terminer les "boiler plates"
habituelles (notifications, droit applicable, élection de for ou clause
d'arbitrage, etc.).
Le lecteur est invité à lire les paragraphes 6.7.3 à 6.7.14 en les mettant en
parallèle avec l'Annexe 6.2.
- Les articles 4.1.1. et 4.1.2. du SPA fourni à titre d'exemple indiquent que le
vendeur ne donne pas d'autres garanties que celles qu'il mentionne dans le
SPA. En outre le vendeur déclare que lorsqu'il fait une "déclaration" dans la
convention ou dans une annexe, la portée de la garantie est limitée par cette
déclaration.
Cet article 4.1.3. aurait été libellé comme suit : "les déclarations et garanties
faites au présent article 4 sont consenties à l'acheteur exclusivement, dans
les limites prévues à l'article 5 ci-après, à l'exclusion de toutes autres
garanties de quelque nature que ce soit en ce compris toutes garanties de
droit commun, l'acheteur renonçant irrévocablement par l'effet de la
présente convention à toutes garanties autres que celles expressément visées
ci-après.
121
Cette clause – très favorable pour le vendeur – n'avait pas été acceptée dans
le cas d'espèce dont on a extrait le SPA fourni à titre d'exemple.
Ainsi par exemple l'article 4.5.1 (c) relatif aux provisions constituées au
passif pour couvrir les risques et les charges éventuels aurait pu être libellé
comme suit :
Par souci de simplification, seule une des déclarations faites par le vendeur a été
reprise dans le SPA fourni à titre d'exemple.
Cette disposition du SPA est fournie à titre d'exemple dans la mesure où la société
en cause dans l'exemple choisi n'était pas propriétaire d'un bien immobilier et que
son activité n'était pas susceptible de porter atteinte à l'environnement.
Dans les situations inverses, cet article des "Déclarations et garanties" est
évidemment beaucoup plus développé. Au besoin un audit environnemental est
conduit préalablement à la conclusion du SPA.
Disposition très importante dans tout SPA, l'article 4.12 (dans le document fourni à
titre d'exemple) est destiné à informer l'acheteur au sujet des obligations éventuelles
de la Société vis-à-vis du vendeur.
L'article 4.14 du SPA fourni à titre d'exemple est la clause classique qui clôture la
liste des déclarations et garanties.
Un libellé formulé sous forme de garantie de bilan a en effet une portée moins large
que celle adoptée dans le SPA fourni en annexe 6.2. Pourquoi avoir accepté dans le
cas fourni à titre d'exemple un libellé de la garantie aux effets potentiellement plus
larges ? Ce libellé est ici encore la conséquence indirecte de la méthode de calcul du
prix par les parties. Dans l'exemple cette méthode était basée essentiellement sur la
technique de l'actualisation des flux financiers. Dans cette technique d'évaluation, la
valeur de l'actif net n'est pas le principal élément de détermination du prix.
Logiquement le libellé de la garantie reflète l'objectif de l'acheteur pour qui
l'exactitude du bilan n'est qu'un élément d'appréciation. Beaucoup d'autres éléments
d'information donnés à l'acheteur et reflétés dans les "representations and
warranties" ont influencé son anticipation des flux financiers futurs et donc son prix
(sur ces notions, voy. ci-après les §§ 6.8.2 et 6.8.3 à mettre en parallèle avec le §
6.8.4). La garantie demandée au vendeur va donc bien au-delà de la simple garantie
63
Pourquoi le vendeur avait-il accepté dans le SPA fourni à titre d'exemple une durée de garantie très longue ? Il
faut comprendre comment l'acheteur calcule le prix qu'il accepte de payer. Si l'acheteur calcule ce prix selon la
méthode de l'actualisation des flux financiers futurs (cas fréquent), il est important pour le vendeur de connaître
l'incidence de la durée de la garantie donnée sur le calcul du prix par l'acheteur. Si l'acheteur diminue son offre
de prix en raison de la brièveté du délai de certaines garanties données, alors que le vendeur sait que la
probabilité de la réalisation du risque d'appel à la garantie sur une durée plus longue est faible, il aurait intérêt à
accepter une durée de garantie plus longue pour obtenir un prix plus élevé. Sur ces notions, renvoi au paragraphe
6.8.4 et les commentaires au cours oral.
124
de bilan.
Fixer l'indemnité au montant du dommage, tel que celui-ci est défini à l'article 5.2.
du SPA fourni à titre d'exemple, est également un élément peu favorable pour le
vendeur.
Le vendeur avait négocié dans le SPA fourni à titre d'exemple deux limites très
favorables :
- une franchise;
- un plafond.
Tous les SPA ne contiennent pas une clause de ce type. L'acheteur peut en effet
refuser la franchise ou n'accepter de franchise que pour un montant très réduit. De
même il n'est pas rare de voir un acheteur refuser l'idée d'un plafonnement du
montant de l'indemnité. Dans de nombreux SPA, le plafond équivaut au prix de
vente des actions.
6.8. Le prix
6.8.2. le bilan
Capital
+ réserves (légale, indisponibles, immunisées, disponibles)
+ bénéfices reportés
+ subsides en capital
- pertes reportées
-------------------------
= Actif net ou Capitaux propres
Actif Passif
Banque 1.000.000 Capital 100.000
Réserve légale 10.000
Bénéfices reportés 890.000
Total: 1.000.000 Total: 1.000.000
- Les actionnaires seront sans doute tentés de trouver un repreneur qui leur
rachètera des actions et leur paiera le montant d'un million en banque.
- Pour la suite de l'exposé, gardons à l'esprit cette idée que lorsque la société-
cible a beaucoup de réserves ou de bénéfices reportés, la valorisation de cette
société prendra en compte la charge fiscale latente qu'impliquerait la
distribution de ces dividendes, si l'acquéreur voulait récupérer sa mise.
Il va sans dire que tous ces ajustements en sens divers peuvent s'appliquer à des
éléments distincts du bilan, s'additionner ou se compenser.
Le total des ajustements donnera un bilan ajusté, avec un montant des capitaux
propres qui peut être sensiblement différent.
- Enfin l'audit comptable pourrait faire apparaître des divergences de méthode
d'application des règles comptables entre l'auditeur du candidat acquéreur et
le commissaire de la société cible.
- En effet, il a été dit que quelque rigoureuses et précises que soient les règles
comptables fixées à l'arrêté royal du 30 janvier 2001, il subsiste des marges
d'appréciation.
- L'élément objectif que constitue l'actif net corrigé (résultant des ajustements
dont il a été question au § 6.8.3.) n'a souvent qu'une portée secondaire (voire
même parfois très secondaire) dans le calcul que fait un investisseur au sujet
de l'opportunité de l'achat d'une société. Son calcul se base en effet sur les
flux monétaires futurs qui seront engendrés par cet investissement.
- Sans entrer dans tous les détails de calculs, la valorisation de la société sur
la base du cash-flow se fonde principalement66 sur le cash flow d'exploitation
qui est :
o Le bénéfice d'exploitation (code 9901 dans le compte
d'exploitation selon le schéma comptable)
o Auquel on ajoute les amortissements et les dotations aux
provisions (puisqu'ils ne correspondent pas à des sorties de
trésorerie)
o Et dont on déduit :
▪ D'une part les investissements (ils correspondent à
des besoins de trésorerie, mais ne font pas partie des
charges, sauf à concurrence des amortissements),
▪ D'autre part l'augmentation des besoins en fonds de
roulement (le fonds de roulement est la trésorerie
nécessaire pour assurer la liaison entre les délais de
paiement aux fournisseurs et les délais de paiement
des clients – en général une société dont le chiffre
d'affaire est en croissance voit son besoin en fonds de
roulement augmenter, tandis qu'une société dont le
chiffre d'affaires est en décroissance voit son besoin
en fonds de roulement diminuer),
▪ Et enfin les impôts.
66
On peut également mesurer le cash-flow financier (produits financiers moins les charges financières). Pour la
valorisation d'une holding dont le résultat est essentiellement constitué par des produits et charges exceptionnels (voy
l'annexe 5.3.) on prend également en compte les éléments exceptionnels de son compte de résultats.
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- tous ces facteurs seront pris en compte, selon une méthode de calcul plus ou
moins rationnelle selon les cas, pour déterminer le prix.
Dans certains cas, il n'y a pas de facteur objectif de calcul de l'incidence de ces réserves sur
le prix. Dans d'autres cas l'acheteur tentera de calculer l'incidence de ses réserves ou
exclusions de garantie dans les calculs actuariels d'actualisation des flux financiers futurs.
Tous ces facteurs s'interpénètrent pour former le prix que les parties tentent de justifier par des
considérations objectives, mais qui comportent souvent beaucoup de facteurs subjectifs