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TEXTE : MADRIGAL MANQUE


La science avait été jusqu’alors sa seule préoccupation. Son existence tout entière
s’était écoulée à apprendre, apprendre encore, à apprendre toujours, et on l’aurait
véritablement désolé en lui assurant qu’un jour il saurait tout.
Cette vie exclusive avait produit chez lui une gaucherie étrange, une maladresse
absolue pour tout ce qui n’était expérience ou recherche scientifique. Les femmes,
naturellement, n’avaient jamais compté dans son existence. Non pas qu’il eût en dédain ou
même en indifférence, mais sa préoccupation dominante l’arrachait vite à tout autre
sentiment.
C’était à cette époque un grand garçon de vingt-cinq ans, fort beau, malgré sa
barbe et ses cheveux toujours mal taillés et trop longs, malgré son costume acheté à la
diable n’importe où et porté sans le moindre souci d’élégance. Mais ses yeux noirs
étaient superbes, et son large front très blanc dénotait une haute intelligence en même
temps qu’une candeur inaltérable. Aussi, pour peu qu ‘il eût mis un peu de bonne volonté,
les bonnes fortunes ne lui auraient pas fait défaut. La seule qu’il avait eue l’avait
rendu méfiant et, depuis, il n’avait jamais donné suite à nulle intrigue.
Un soir, une belle fille qui dînait à son restaurant l’avait trouvé de son goût, et sans
façon, à la sortie, avait passé son bras sous son bras, et les voilà qui étaient partis tous deux
vers Montrouge. Là, ils s’étaient assis sur un banc. La belle fille causait tout le temps. Lui
écoutait, souriant, puis, à un moment, il avait cessé de sourire. Il n’écoutait plus la
belle fille, tout entier à une idée qui lui était venue subitement sur les potentiels. Alors,
oubliant tout le reste, il était parti, laissant sur son banc la pauvre belle fille toute
décontenancée.
Ce n’est que le lendemain qu’il se souvint qu’il n’était pas seul. Cette aventure
augmenta sa gêne à l’égard des femmes, et plus jamais il ne se risque à entamer un bout
de causette avec aucune d’elles.
Un beau jour, ses parents, qui étaient des petits rentiers de la banlieue résolurent
de le marier. Lui, n’éleva aucune objection. La jeune fille était jolie et fort séduisante. Il s’en
éprit presque tout de suite. Ce fut, parmi tous ses camarades de laboratoire, un joyeux
étonnement que ce futur mariage, et les plaisanteries tombèrent comme grêle sur le
jeune homme.
« Comment lui fais-tu la cour, à ta bonne amie ? » Faire la cour, ce mot le troubla
profondément.
Depuis huit jours qu’il allait chez sa fiancée, il ne lui avait pas encore fait la cour. Ses
amis lui enseignèrent qu’il devait tourner de jolis compliments à la jeune fille, des
compliments habiles et qui n’auraient pas l’air d’en être.
Le soir même, il arriva chez les parents de la personne avec un gros bouquet. Marguerite
ai-je dit qu’elle s’appelait Marguerite, dans le petit salon, brodait en l’attendant. Lui,
offrit ses fleurs le plus galamment qu’il put, et s’assit près de sa fiancée. Son regard allait
de la petite bouche rose aux grands yeux gris, et avec une émotion contenue mais
satisfaite.
« Mademoiselle, dit-il, vous avez la bouche si petite et l’œil si grand que, s’il vous prenait
fantaisie de manger un de vos yeux, il faudrait le couper en quatre ».
Le mariage a été rompu.

Alphonse Allais, « A la une » Contes et Nouvelles,

QUESTIONS.

I – COMPRHENSION: (6pts)

1 - Complétez le triptyque suivant en relevant dans le texte les traits physiques, moraux et
autres aspects qui cernent dans sa totalité la personnalité du personnage principal de ce récit.
Portrait physique - Portrait moral - Autres aspects
2 – Les femmes n’avaient jamais compté dans son existence parce qu’ :
a) Il les dédaignait
b) Il avait d’autres préoccupations c) Il était gauche avec elles
d) Il était blasé.
Répondez en choisissant la bonne réponse.

3 « La seule bonne fortune qu’il avait eue, l’avait rendu méfiant et depuis, il n’avait
jamais donné suite à nulle intrigue ».
Expliquez brièvement cette phrase et précisez de quelle fortune il s’agit.

4 – Quel rapport de sens entretient le titre du texte «madrigal manqué » «


avec les dernières paroles du personnage principal ?

II - FONCTIONNEMENT DE LA LANGUE : (8 pts )

1 – Donnez la substantifs des mots suivants :


exclusive – rentier – décontenancé – désolé.

2 – Donnez deux termes synonymes de : Objection.

3 – A partir de quels adjectifs sont formés les adverbes suivants ?

- galamment - obligeamment

4 – Les plaisanteries tombèrent comme grêle sur le jeune homme.


a) Quel est le rapport logique exprimé dans cette phrase
b) Réintroduisez la subordonnée par une conjonction similaire.
c) Transformez cette phrase en métaphore.

5 – Transformez la phrase (a) au discours direct et la phrase (b) au discours indirect

- a) « On l’aurait véritablement désolé en lui assurant qu’un jour il saurait tout. »
-b) « Mademoiselle, dit-il, vous avez la bouche……en quatre ». (se référer au texte).
III - EXPRESSION ECRITE : (6 pts )
1- Résumez le texte d’Alphonse Allais en une centaine de mots.
2 - Essai 1 : Imaginez, une suite à ce récit.
Essai 2 : Vous connaissez une anecdote, qui vous est arrivée
ou que l’on vous a rapportée. Racontez en mettant en évidence la structure
du récit et en tenant compte de l’emploi des temps.

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