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UNIVERSITE PARIS – DESCARTES

FACULTE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES – SORBONNE


DEPARTEMENT DES SCIENCES DU LANGAGE

MASTER 2 LINGUISTIQUE ET SEMIOLOGIE GENERALES

État des connaissances sur le chocho


suivi d’une étude bibliographique

SOUS LA DIRECTION DE DENIS COSTAOUEC

PAR DAVIDE D’ASCANIO

ANNEE 2012
À ma tante Fernanda
1922 – 2011

À C.
Table des matières

I. Introduction et cadre 6
A. Introduction au mémoire 6
B. Cadre géographique et linguistique 7
1. Le Mexique et sa variété linguistique 7
2. L’État d’Oaxaca et les langues oto-mangues 8
3. La branche popolocane et le chocho. 12
C. Bref résumé historique de l’étude des langues mésoaméricaines 13
1. L’époque des missionnaires 13
2. Le XIXe siècle 15
3. L’époque contemporaine 16

II. Études antérieures, état des connaissances 17


A. Phonologie 18
1. Consonnes 18
2. Voyelles 22
3. Tons 24
4. Syllabe 25
5. Accent tonique 26
6. Différences phonétiques entre dialectes 26
B. Morphologie 27
1. Morphologie nominale 28
1.1. Noms 29
1.2. Classificateurs 29
1.3. Diminutif 32
1.4. Possessif 33
1.4.1. Classe A 33
1.4.2. Classe B 36
1.4.3. Classe C 37
1.4.4. Noms irréguliers 39
1.5. Génitif 39
1.6. Vocatif 40
1.7. Pronoms 40
1.7.1. Pronoms personnels 40
1.7.2. Pronoms interrogatifs 42
1.7.3. Pronoms indéfinis 42
1.8. Articles 43
1.9. Adjectifs qualificatifs 43
1.10. Quantificateurs 44
1.11. Démonstratifs 47
2. Morphologie verbale 48
2.1. Classes de conjugaison 48
2.1.1. Classe S 49
2.1.2. Classe SO-I 52

3
2.1.3. Classe SO-II 54
2.1.4. Classe SO-III 55
2.1.5. Classe SO-IV 55
2.1.6. Classe R 56
2.2. Négation 57
2.3. Temps, aspect, mode et voix 57
2.3.1. Présent, passé, futur et forme intemporelle 58
2.3.2. Passé parfait 60
2.3.3. Participe 60
2.3.4. Aspect 61
2.3.5. Subjonctif 62
2.3.6. Diathèse passive 62
2.3.7. Verbes causatifs 63
2.3.8. Autres préfixes 64
2.3.9. Auxiliaires 64
2.3.10. Le connecteur ṣe3 65
2.3.11. Adverbes 66
C. Syntaxe 68
1. Types de phrases 68
2. Structure de la phrase 69
3. Coréférence 70
4. Les connecteurs logiques 71
5. La fonction attribut 72

III. Ouvertures 74
A. Questions linguistiques 74
B. Questions sociolinguistiques et ethnographiques 79

Bibliographie 80

4
Remerciements

Ce travail n’est pas seulement l’accomplissement du parcours de Master que


j’ai entamé il y a deux ans à l’Université Paris-Descartes : il est aussi et surtout le
couronnement d’un long parcours personnel et académique qui s’est développé entre
deux pays et plusieurs Universités, entre études, expériences professionnelles et
humaines et voyages.

Si j’ai été seul à tracer ce chemin, il aurait été impossible de le suivre sans
l’aide de toutes les personnes qui m’ont accompagné pendant ces dernières années.

Ma famille d’abord, qui m’a suivi malgré la distance et soutenu humainement


et financièrement depuis le début.

Morgane Kergoat, professeur de français au lycée et compagne de ma vie, dont


l’amour, la fidélité et l’écoute ont été un repère solide en toutes circonstances. Son
expertise en tant que correctrice a également été des plus précieuses.

Mes amis, qui ont su m’accompagner, m’écouter, me divertir dans les moments
de découragement.

Mes professeurs à l’Université Paris-Descartes, pour m’avoir transmis leur


savoir, pour leur disponibilité, pour leur esprit de partage, et tout particulièrement
Mme Colette Feuillard, qui la première a cru en mes possibilités.

Enfin et surtout, mon directeur de recherche M. Denis Costaouec, qui m’a


initié à l’étude des langues mésoaméricaines en ouvrant ainsi de nouvelles et
passionnantes perspectives dans ma carrière académique. Son sérieux, sa
disponibilité sans faille et son professionnalisme, ainsi que ses qualités humaines, ont
été les principaux ingrédients de la parfaite synergie dont ce travail est le résultat.

5
I. INTRODUCTION ET CADRE

A. Introduction au mémoire

Le volume que le lecteur tient entre ses mains est une étude synthétique de la
langue chocho, et notamment de la variété parlée à Santa Catarina Ocotlán, petit
village de l’État d’Oaxaca dans le Sud du Mexique. Ce travail, notre premier contact
avec une langue non indo-européenne, a été rédigé avec la double ambition de
constituer un résumé des connaissances acquises jusqu’à ce jour sur cette langue, et
de servir de point de départ pour nos recherches futures.

Le mémoire se compose de trois parties : dans la première nous définissons


brièvement le cadre historique, géographique et linguistique dans lequel se situe le
chocho : après une description de la situation linguistique au Mexique et dans l’État
fédéré d’Oaxaca, nous fournissons quelques renseignements historiques sur l’étude
des langues mésoaméricaines.

La seconde partie est dédiée à la description de la langue chocho d’après les


études qui ont été réalisées à l’époque contemporaine. Cette partie s’appuie
considérablement sur les travaux d’Annette Veerman-Leichsenring, dont la
Gramática del chocho de Santa Catarina Ocotlán (2000) représente à ce jour l’étude
la plus récente et la plus complète sur cette langue. Nous avons repris point par point
la description de Veerman-Leichsenring, en l’enrichissant avec de nombreuses
critiques, remarques et précisions ; il a notamment été nécessaire, pour rester fidèle à
notre école linguistique et pour que ce travail soit utilisable par la suite, d’adapter la
grammaire de Veerman aux concepts définis par la grammaire fonctionnelle, elle-
même englobé dans le cadre théorique de la typologie linguistique.

La troisième et dernière partie se présente sous la forme d’un inventaire, dans


lequel nous avons recueilli toutes les idées, les interrogations et les hypothèses que

6
nous avons formulées au cours de notre découverte du chocho. Ce riche répertoire
sera le véritable point de départ de notre future thèse et de nombreux autres travaux.

Le volume s’achève avec une étude bibliographique. Fruit de recherches


minutieuses menées dans plusieurs bibliothèques et bases de données, en France et à
l’étranger, elle reprend partiellement celle de Swanton 1997, complétée avec tous les
travaux réalisés au cours des quinze dernières années sur le chocho et les autres
langues popolocanes.

B. Cadre géographique et linguistique

1. Le Mexique et sa variété linguistique

Le Mexique, troisième pays d’Amérique du Nord pour sa superficie, est le


premier pays du continent pour sa variété linguistique. Si l’espagnol est de facto la
seule langue officielle et véhiculaire, la Loi des Droits Linguistiques de 20011 octroie
le même statut et dignité à soixante-sept autres langues en plus du castillan. Celui-ci
reste toutefois très largement prédominant : depuis la conquête du Mexique au XVIe
siècle en effet, l’espagnol s’est lentement, mais sans relâche, imposé dans l’ensemble
du territoire, dans des domaines discursifs de plus en plus nombreux.
Le nombre de locuteurs des langues indigènes est très variable selon le peuple
et la langue : ainsi, si le náhuatl et le maya pouvaient revendiquer respectivement
1 448 936 et 799 696 locuteurs il y a une dizaine d’années2, d’autres langues comme
l’ixcatèque survivent dans la voix d’une petite dizaine de personnes seulement. Ces
chiffres, certes réconfortants pour les langues les plus parlées, sont toutefois nuancés
par les indices statistiques négatifs décrivant la croissance du nombre de locuteurs :

1
http://www.diputados.gob.mx/LeyesBiblio/pdf/257.pdf
2
Indicadores socioeconomiós de los pueblos indígenas de México, 2002, d’après le XII
Censo General de Población y Vivienda 2000, Instituto Nacional de Estadística y Geografía
(INEGI), disponible en ligne sur le site de la Comisión nacional para el Desarrollo de los
pueblos Indígenas (CDI) : http://www.cdi.gob.mx/

7
en effet, selon la CDI3, le degré de IRE (Índice de Reemplazo Etnolingüístico, Indice
de Remplacement Ethnolinguistique) du maya serait « extinction accélerée », celui
du náhuatl « extinction lente » ; des langues comme le mazatèque et le mixtèque sont
en position d’« équilibre », alors que le triqui ou le tarahumara sont dans un
mouvement d’« expansion lente ».
En général, l’espérance de vie pour les langues avec moins de 100 000
locuteurs est faible, à cause des pressions, surtout économiques, que les populations
concernées subissent pour apprendre l’espagnol et le privilégier par rapport à la
langue indigène. La survie des langues avec plus de 100 000 locuteurs est soumise,
elle, au développement de l’usage de la langue dans des domaines comme la
télévision, le cinéma, la musique, le théatre, la radio, la politique et l’éducation.
La 15ème édition d’Ethnologue (Gordon 2005) récense 291 langues vivantes
dans l’ensemble du territoire mexicain4 ; le nombre total de locuteurs d’au moins une
langue indigène est estimé autour de 8 % sur une population de 104 959 594, soit
environ 8,4 millions de personnes.
Les données les plus récentes sont fournies par le récensement général de
20105 : sur une population totale de plus de 3 ans d’âge de 104 781 265 habitants,
97 250 211 ne parlent que l’espagnol et 6 913 362 parlent au moins une langue
indigène, dont 1 096 512 sont monolingues.

2. L’État d’Oaxaca et les langues oto-mangues

L’État fédéré d’Oaxaca est l’une des régions qui possède la plus grande
diversité culturelle et écologique, et sans doute la plus grande diversité linguistique.

3
CDI 2005, p. 3-4
4
Ces chiffres devraient toutefois être interprétés avec quelques précautions, et notamment en
tenant compte des choix méthodologiques et des critères de classification (linguistiques et
sociolinguistiques) retenus par Ethnologue : si en effet les auteurs traitent les langues comme
des ensembles discrets et dénombrables – choix inconstestable dicté par des exigences de
précision statistique – ils prennent également en compte certains aspects ethnolinguistiques
et sociolinguistiques dans la distinction de deux ou plusieurs « langues » qui seraient d’un
point de vue strictement linguistique deux variétés d’une même langue. Moseley 1994, à
l’origine de cette critique (p. 33), avance des chiffres réduits de 50 % si l’on s’appuie sur
l’observation des structures linguistiques uniquement.
5
INEGI 2010

8
Ce territoire de 95 000 km2 comprend tous les écosystèmes présents au niveau
national.
Sur une population totale qui dépasse largement les 3 millions d’habitants, un
million et demi environ appartiennent à un groupe ethnique indigène.
La civilisation indigène, complexe et millénaire, repose sur l’identité entre
naturel et culturel. La société, basée sur la vie des familles en communauté, est régie
par la même logique et le même ordre qui interviennent dans la nature : la collectivité
et les forces surnaturelles agissent conjointement pour intervenir dans le monde
naturel comme dans le social. Les hommes se lient au surnaturel (comme nous
l’appelons, étant pour eux une manifestation du naturel) par l’intermédiaire d’un
certain nombre de rituels se déroulant dans des lieux différents, et accèdent à la
connaissance grâce à ces pratiques et à un certain nombre de références mythiques.
La présence humaine dans la région remonte à 10 000 av. J.-C. : il s’agit alors
de petites familles de chasseurs-récolteurs, qui commencent à se sédentariser
lorsqu’ils commencent à cultiver ; les premiers établissements sédentaires se situent
autour de 1 500 av. J.-C.6
C’est au cours de ce même processus que commencent à se distinguer les
branches linguistiques, qui donnent naissance à des cultures différentes, chacune
avec sa propre langue.
L’arrivée des Espagnols au cours du XVIe siècle marque le début d’une époque
de résistance contre leur domination sociale, politique et culturelle, une situation qui
ne change guère avec l’indépendance et la constitution du Mexique comme État en
1821. Au contraire, les indigènes sont de plus en plus soumis au fur et à mesure que
l’exploitation économique et l’expropriation des terres s’aggravent.
La résistance des peuples indigènes se manifeste pendant la grande Révolution
au XXe siècle, avec la lutte qui s’ensuit pour la défense de leurs cultures face à la
politique d’intégration agressive menée par les gouvernements postrévolutionnaires.
Au début du XXIe siècle, les peuples indigènes d’Oaxaca continuent à
reproduire leurs cultures dans leurs communautés respectives, et stimulent un
processus qui devrait déboucher vers leur autonomie au sein de l’Etat mexicain

6
Barabas 2003

9
réformé, en accord avec les propositions apparues lors de la rebellion du Chiapas, en
janvier 1994.

L’État fédéré d’Oaxaca, nous l’avons dit plus haut, est celui qui présente la
plus grande diversité linguistique au sein du pays, et également le plus grand nombre
de locuteurs d’au moins une langue indigène.
D’après le recensement de 2010 (INEGI 2010), il y a dans l’État d’Oaxaca
1 203 150 locuteurs d’une langue indigène, dont 977 035 bilingues et 207 277
monolingues. La famille oto-mangue est la plus représentée, avec environ un million
de locuteurs différement partagés selon une fourchette variant des 371 740 locuteurs
du zapotèque à la seule locutrice du chinantèque de Sochiapan.

D’un point de vue sociolinguistique, l’État d’Oaxaca est l’un de ceux où le


phénomène de desplazamento lingüístico (déplacement linguistique : abandon de la
langue maternelle de la part d’une communauté de locuteurs) a été le plus important.
Dans ce sens, on peut affirmer que l’abandon des langues indigènes a
commencé avec l’établissement de la Colonia ; il faut toutefois savoir que si durant
les 300 années d’existence de la Colonie ces langues ont été progressivement exclues
des milieux urbains pour être reléguées à un usage plus local et rural, elles n’étaient
pas vraiment menacées au niveau local. Il a par ailleurs été démontré7 qu’en Oaxaca
l’augmentation de la population non indigène est due moins à l’immigration ou à
l’augmentation de la population métissée, qu’à l’abandon de l’identité et des
éléments culturels indigènes par une partie de la population locale.
Dans les milieux urbains, les langues indigènes ont été menacées par
l’intermédiaire de leurs locuteurs : épidémies, concentration de locuteurs de langues
différentes au sein de nouveaux villages, conditions de travail multilingues dans les
mines, assimilation linguistique des indigènes dans les villes.
L’immense majorité des Oaxaqueños ne connaissait toutefois pas l’espagnol
jusqu’au début du XIXe siècle8.

7
Barabas 2005, p. 153 sqq.
8
ibid

10
D’autres causes de l’affaiblissement des langues indigènes au profit de
l’espagnol ont été les guerres civiles qui ont eu lieu au XIXe siècle (coscription), la
prolétarisation de la population rurale (la perte de la terre et le démembrement de la
communauté ont entraîné une perte progressive de la langue et de la culture), et enfin
le miracle économique (« milagro mexicano », 1930-1970 environ), à l’origine de
vastes mouvements migratoires des campagnes vers les villes.

Classification des langues oto-mangues


Nombreux ont été les essais de classification des langues oto-mangues de la fin
du XIXe siècle à nos jours.
La première (Brinton 1891) distinguait cinq macro-familles de langues
indigènes dans les Amériques, dont une dénommée « Centrale », comprenant les
familles Otomie et Mangue.
En 1929, Sapir reconnaît quinze familles linguistiques, et réunit pour la
première fois les langues otomies et mangues dans une même famille.
Plus tard, en 1960, Greenberg révolutionne la classification des langues
d’Amérique en proposant une subdivision en trois macro-familles génétiques :
eskimo-aléoute, na-dené et amérindienne ; cette dernière comprend neuf familles,
dont les langues oto-mangues. La famille oto-mangue se maintient dans Greenberg
1987 (repris la même année par Ruhlen), où elle constitue, avec les familles tanoane
et uto-aztèque, l’un des six groupes du phylum amérindien.
Terrence Kaufman (Moseley 1994) affirme que la souche oto-mangue (placée
d’un point de vue hiérarchique sur le même niveau que l’indo-européen) a
commencé à se diversifier, c’est-à-dire à se définir en tant que proto-langue, il y a
6 000 ans environ ; la séparation entre branche occidentale et orientale serait
survenue 1 300 ans plus tard. Kaufman confirme par ailleurs la subdivision en huit
familles ayant cours depuis le début du XXe siècle (oto-pame, chinantèque,
tlapanèque, mangue, popolocane, zapotèque, amuzgo et mixtèque).
Ethnologue (Gordon 2005) recense au sein de la macro-famille oto-mangue
172 langues, pour un total de 1 903 398 locuteurs.

11
3. La branche popolocane et le chocho.

D’après Kaufman (Moseley 1994), qui reprend l’hypothèse de Swadesh 1960,


une famille dite « popolocane-zapotèque » se serait separée de la division orientale
de la souche oto-mangue il y a environ 3 500 ans. Il a fallu attendre un millénaire
pour que le proto-mazatèque se définisse (- 2 500 ans), suivi de la famille popolocane
(- 2 400 ans). D’après Swadesh, une sous-famille chochoane se serait diversifiée il y
a 1 200 ans environ, suivi de la séparation de l’ixcatèque et du chocho-popoloca 400
ans plus tard (- 800 ans). Veerman 2000 formule une hypothèse légèrement
différente, qui se base sur les travaux de Fernández de Miranda 1951, 1956 et de
Hamp 1958, 1960 : à partir d’une souche proto-popolocane, se seraient distingués
d’abord le mazatèque, et plus tard le chocho d’un côté et le popoloca-ixcatèque de
l’autre. Le positionnement glottochronologique de l’ixcatèque reste problématique :
la conclusion partielle de Veerman le place au milieu entre le proto-mazatèque et le
chocho-popoloca.
D’après Veerman 1994, les langues popolocanes – dans lesquelles on réunit
aujourd’hui de façon unanime les différentes variétés de mazatèque, de popoloca, de
chocho et l’ixcatèque – peuvent être classifiées en trois zones. La première, dite
« mazatèque », se situe à cheval entre le Nord de l’État d’Oaxaca et le Sud de l’État
de Puebla. La deuxième, où l’on parle les dialectes du popoloca, couvre les environs
de Tehuácan dans l’État de Puebla. La troisième, celle où l’on parle le chocho et
l’ixcatèque, couvre une partie de la Mixteca Alta, dans le Nord-Ouest de l’État
d’Oaxaca. Parmi ces langues l’ixcatèque est la plus en danger : le document Índice
de Reemplazo Etnolingüístico inclut en 2005 l’ixcatèque parmi les langues qui
subissent un processus d’extinction accélerée ; le recensement de 2010 fournit de son
côté des statistiques sur le nombre de locuteurs aussi généreuses que fantaisistes :
190 locuteurs, un nombre qu’il faut diviser par dix ou vingt pour obtenir des chiffres
proches de la réalité d’aujourd’hui.

Le chocho, connu aussi comme chocholtèque ou ngigua (endonyme) est parlé


dans une aire géographique continue (i.e. sans enclave alloglotte sur son territoire, ni
d’exclave dans une autre zone linguistique) de petites dimensions, avec des frontières

12
au nord avec l’aire linguistique popoloca, et au sud avec le mixtèque. Les contacts
avec cette dernière famille ethnique et linguistique, bien distincte par ailleurs de la
famille popolocane, ont toujours été hostiles, avec pour résultat une osmose très
faible entre le chocho et le mixtèque.
Les informations géographiques sur le chocho, ainsi que les statistiques sur le
nombre de locuteurs, sont divergentes. L’édition 2005 d’Ethnologue donne 770
locuteurs dans les villages de Santa María Nativitas, San Juan Bautista Coixtlahuaca,
San Martín Toxpalán et San Miguel Tulancingo.
Swanton 1997 et Veerman-Leichsenring 2000 affirment que le chocho se parle
dans quatre villages : San Miguel Tulancingo (plus ses deux hameaux Vista Hermosa
et San Antonio Acotla), Santiago Teotongo (plus El Progreso), Santa María Natívitas
(plus Monteverde et San Pedro Buenavista) et Santa Catarina Ocotlán (dépendante
administrativement de San Juan Bautista Coixtlahuaca). Quant aux chiffres, Swanton
estime le nombre total de locuteurs du chocho à un millier environ, alors que
Veerman ne donne pas de chiffre précis.
Les statistiques fédérales de 2005 donnent 992 locuteurs répartis de façon
inégale entre seize États fédéraux, parmi lesquels Oaxaca bien évidemment (524
loc.), Mexico (182 loc.), Puebla (163 loc.) et le District Fédéral (ville de Mexico, 82
loc.) ; ce document ne fournit en revanche aucune précision sur les villages. Par
ailleurs, le document Índice de Reemplazo Etnolingüístico affirme la même année
que le chocho est comme l’ixcatèque dans un mouvement d’extinction accelerée. Les
dernières statistiques datant de 2010 donnent 814 locuteurs, dont 362 hommes et 452
femmes.

C. Bref résumé historique de l’étude des langues mésoaméricaines

1. L’époque des missionnaires

L’intérêt des Européens pour les langues indigènes du Mexique naît avec les
premiers membres des expéditions colonisatrices espagnoles, qui apprennent une

13
langue indigène pour servir d’interprètes : il s’agit alors d’une connaissance pratique
uniquement, sans aucun souci de théorisation ou d’érudition.
Entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle, la Couronne d’Espagne envoie
un questionnaire aux autorités locales pour obtenir, en plus des informations
géographiques, économiques, historiques et ethnologiques, des détails sur les langues
parlées localement : leurs noms, le nom de la région dans ces langues et son signifié,
fonction véhiculaire des langues le cas échéant. Ces données, fondamentales pour
dessiner la carte linguistique de la région à l’époque des premiers contacts, ont été
incluses dans la compilation des Relaciones Geográficas.
Cet intérêt était dicté en ce temps-là principalement par des exigences de nature
religieuse, la conversion au catholicisme des populations indigènes étant le premier
souci du conquérant espagnol. Les Franciscains ont été les premiers à arriver sur
place, envoyés par Hernán Cortés en 1524, suivis des Dominicains, des Augustins et
enfin des Jésuites dans le cadre des missions d’évangélisation. Une connaissance
plus approfondie des langues indigènes est alors indispensable pour l’adaptation des
textes sacrés, pour prêcher, enseigner, confesser. Ces études se concrétisent dans une
production importante de catéchismes, sermonnaires, grammaires, vocabulaires :
entre 1524 et 1572, plus de cent livres ont été écrits en au moins dix langues parlées
dans la vice-royauté de Nouvelle Espagne, dont beaucoup de manuscrits jamais
imprimés par la suite.
Ce travail est mené dans un esprit humaniste : Juan de Zumárraga, premier
évêque du Mexique, importe l’imprimerie (le premier livre imprimé, en 1539, est un
catéchisme bilingue espagnol-náhuatl) ; à la même époque apparaissent des écoles
pour les enfants de la noblesse indigène, où l’on enseigne l’espagnol et le latin.
Les grammaires de cette époque sont certes précieuses pour la quantité de
matériel brut qu’elles nous ont tranmis, mais leur intérêt linguistique est limité,
s’agissant de simples descriptions latinisantes imprégnées d’ethnocentrisme et de
désintérêt pour tout ce qui est étranger à la culture gréco-latine. La conviction est
d’ailleurs diffusée en ce temps-là que la langue indigène n’a pas de grammaire et que
ses sons sont inarticulés.
Dès sa publication en 1492, la Gramática castellana d’Antonio de Nebrija,
compilée d’après une commande d’Isabelle Ire, devient la référence de l’époque et

14
servira pendant longtemps de modèle pour les grammaires des langues indigènes.
Celles-ci subissent une adaptation forcée au modèle du latin : ainsi par exemple, les
nominaux du matlatzinca sont soumis à la déclinaison latine9, et les paradigmes
verbaux du yucatèque sont présentés dans l’ignorance la plus totale du système
temporel de cette langue10.
L’erreur la plus fréquente des auteurs de cette époque est de penser que la
langue indigène possède les mêmes parties du discours que le latin ; ils vont parfois
jusqu’à apparenter l’absence de déclinaisons à une absence totale de syntaxe.
Antonio de los Reyes, éditeur en 1890 d’une grammaire mixtèque de 1593 sous
le titre Arte en lengua mixteca, résume ainsi l’attitude des missionnaires vis-à-vis des
langues indigènes : « Sin importar la imperfección de esta lengua mixteca y los
defectos que se puedan notar como características de una lengua bárbara, la mayor
parte de ella se puede reducir a reglas y ordenarla como una gramática11 ».

2. Le XIXe siècle

Le Catalogo delle lingue conosciute e notizia della loro affinità e diversità


(1784)12 par Lorenzo Hervás y Panduro, missionnaire jésuite espagnol exilé en Italie,
marque le point de passage entre le travail linguistique des missionnaires et une
nouvelle période.
Hervás y Panduro trace les relations entre les groupes humains sur la base de
leurs affinités linguistiques. Première étude globale sur les langues mésoaméricaines,
il ne s’agit pas d’une description, mais d’une énumération accompagnée de données
sur la localisation et la classification des langues ; c’est notamment dans cet ouvrage
que la toute première hypothèse regroupant les langues uto-aztèques est formulée.

9
BASALENQUE Diego, 1975 [1577-1651], Arte y vocabulario de la lengua matlaltzinga
vuelto a la castellana, México, Biblioteca enciclopédica del Estado de México, 33
10
MARTINEZ HERNANDEZ Juan, 1929 [1620], Diccionario de Motul maya-español atribuido
a Fray Antonio de Ciudad Real y Arte de la lengua maya por Fray Juan Coronel, Mérida,
Compañía Tipográfica Yucateca
11
cité par Suárez 1983, p. 27
12
éd. espagnole : 1800-1805, Catálogo de las lenguas de las naciones conocidas y
numeración, división y clases de éstas según la diversidad de sus idiomas y dialectos, 6 vol.,
Madrid, s.n.

15
Francisco Belmar (1859-1926), originaire de l’Oaxaca, a été l’un des pionniers
de la linguistique mésoaméricaine moderne : on lui doit un grand nombre d’essais de
description de langues oto-mangues, dont le mazatèque, le triqui, le cuicatèque,
l’amuzgo, le chocho, le mixtèque, le popoloca et le zapotèque, mais également
d’autres langues d’Oaxaca non oto-mangues, comme le chontal, le huave, le nahuatl
et le mixe. Certains de ses ouvrages constituent les premières études de ces langues.
Belmar a été également l’un des premiers à accompagner son intérêt scientifique
d’un réel souci pour la situation sociale des indigènes et pour la reconnaissance de
leurs langues.

3. L’époque contemporaine

La recherche scientifique dans les langues d’Amérique centrale prend son


véritable essor à partir des années 1930, avec les travaux d’Edward Sapir et Morris
Swadesh. Pendant le XXe siècle, et notamment au cours des cinquante dernières
années, un nombre important de ces langues ont été étudiées par les missionnaires
protestants de l’organisation Wycliffe Bible Translators et les linguistes du Summer
Institute of Linguistics, qui les ont dotées d’un alphabet et d’une orthographe. Ces
efforts n’ont malheureusement pas suffi à développer l’écriture, et cela dans aucune
des langues en question13. D’autres projets ont été menés à partir des années 1970
pour donner aux locuteurs une formation en linguistique et pour stimuler la naissance
d’une génération d’écrivains, principalement en direction des locuteurs des langues
maya du Chiapas et du Guatemala.14

13
Moseley 1994
14
ibid

16
II. ÉTUDES ANTERIEURES, ETAT DES CONNAISSANCES

On doit la première description du chocho de l’époque contemporaine à


Francisco Belmar (1899). Il s’agit d’un bref essai grammatical, rédigé quelques
années avant la fondation de l’école structuraliste, dans lequel l’empreinte d’une
longue tradition basée sur la grammaire latine est encore très visible : le chocho est
soumis aux catégories grammaticales de l’espagnol, et malgré quelques bonnes
intuitions (l’absence de flexion de genre et de nombre dans les noms par ex.) l’intérêt
linguistique de cet ouvrage aujourd’hui est très limité. Plus intéressant, Belmar fait la
liste des endroits où le chocho était parlé à son époque : vingt-sept villages dans les
districts de Coixtlahuaca et Teposcolula, dont les quatre où il survit de nos jours.
Au cours des cinquante dernières années, le chocho n’a pas suscité chez les
chercheurs le même intérêt que les autres langues popolocanes. Si le mazatèque et les
différentes variétés du popoloca ont été l’objet d’études nombreuses et approfondies
(cf. bibliographie), les travaux consacrés au chocho sont en nombre limité et, malgré
leur qualité, laissent beaucoup de place à un nombre important de développements
futurs.
En 1977, Carol Mock a publié la première étude globale contemporaine sur le
chocho, en privilégiant la variété de Santa Catarina Ocotlán ; ce travail, dont le
corpus extrêmement riche inclut plusieurs centaines d’énoncés et quelques textes
avec traduction, reste toutefois lacunaire par l’absence d’interprétation des données.
Dans un article publié en 1984, Mock approfondit certains aspects
morphosyntaxiques du chocho : elle y souligne notamment l’insuffisance du modèle
descriptif basé sur l’ergatif pour la description des structures prédicatives de cette
langue et avance l’hypothèse d’une structure d’actance du type actif/inactif
(active/stative) ; dans le même article, elle décrit les liens entre la flexion des
pronoms personnels et l’ordre des fonctions syntaxiques, tout en démontrant la
faiblesse des théories de Greenberg par rapport au chocho, dont l’ordre des
constituants est loin d’être constant.
Eva Grosser-Lerner publie, entre 1991 et 2008, plusieurs ouvrages de nature
linguistique, sociolinguistique et ethnographique, que nous n’avons
malheureusement pas eu la possibilité de consulter.

17
En 1997, Michael Swanton consacre son mémoire de Maîtrise au système
sonore du chocho, avec une description synthétique des structures phonologiques et
phonétiques de la variété parlée à Santa María Nativitas ; ce travail comprend
également une présentation des autres langues popolocanes et des écrits en langues
popolocanes de l’époque coloniale, ainsi qu’une bibliographie, partiellement reprise
et mise à jour dans ce volume.
C’est à Annette Veerman-Leichsenring (dorénavant VL) que nous devons
l’étude sur le chocho la plus récente et la plus complète15. Dans une approche de type
descriptif, VL expose de façon détaillée la phonologie, la morphologie et la syntaxe
de la variété parlée à Santa Catarina Ocotlán, sur la base de données de terrain
acquises en 1996, lors d’une mission ayant également touché l’aire ixcatèque. Le
volume est complété par un corpus de trois textes et un lexique.
Cet ouvrage constitue le point d’appui de la description qui va suivre, et
également le point de départ de nos futures recherches.

A. Phonologie

Le système phonologique du chocho de S. C. Ocotlán comprend 10 voyelles,


29 consonnes et trois tons.

1. Consonnes

Les 29 consonnes du chocho, auxquelles s’ajoutent deux utilisées


exclusivement dans des mots empruntés à l’espagnol (notées entre parenthèses dans
le tableau), peuvent être classées selon sept modes d’articulation (occlusives,
affriquées, fricatives, latérales, vibrantes, spirantes, nasales) et autant de points
d’articulation (labial, dental, alvéolaire, post-alvéolaire, palatal, vélaire, glottal). Le
point d’articulation est prédominant par rapport au mode d’articulation pour certaines
consonnes : par ex., la fricative vélaire sourde /x/ peut se prononcer alternativement

comme une occlusive vélaire sonore, comme dans xa1ce3 vs ga1ce3, “rouge”.
15
Veerman-Leichsenring 2000a

18
À l’exception du coup de glotte, une consonne ne peut jamais se trouver en fin
de mot.

point d’articulation
modes
post-
d’articulation labial dental alvéolaire palatal vélaire glottal
alvéolaire
occlusives :
sourdes (p) t ť k ʔ

sonores b d ď g

affriquées c c̣ č
fricatives :
sourdes f θ s ṣ š x

sonores z ž

latérales l

vibrantes r ṛ

(rr)

spirantes w y
nasales :
sourdes M N

sonores m n ň

Voici une brève description de chaque consonne, suivie d’un exemple :


/p/ occlusive bilabiale sonore, utilisée uniquement dans des mots empruntés à

l’espagnol : primu1na1 “mon cousin”.

/b/ occlusive bilabiale sonore relâchée, elle apparaît principalement en position

initiale dans les verbes : bi1ne2 “il a mangé”. Elle est souvent suivie d’une

voyelle avec ton bas, suivie ou précédée d’un coup de glotte : be3ʔna3 “il a
acheté”.

19
/f/ fricative labiale sourde, elle se trouve dans certaines formes du verbe « aller » et

dans quelques emprunts : fi1 “il est allé” ; familia1na1 “ma famille”.

/t/ occlusive apico-dentale sourde. Son très fréquent, semblable au /t/ du français :

tį2į1 “douleur”.
/d/ occlusive apico-dentale sonore : ža3adu3 “sept”

/θ/ fricative apico-dentale sourde : θi2 “jour”

/c/ affriquée alvéolaire sourde : u2ce3ʔ “lapin”. Se prononce [ts] en position


accentuée.
/s/ fricative alvéolaire sourde : sę2ʔ “miel”

/z/ fricative alvéolaire sonore : zą3ʔ “ombre”

/c̣/ affriquée post-alvéolaire sourde (rétroflexe) : c̣į3 “pluie”

/ṣ/ fricative post-alvéolaire sourde (rétroflexe) : ṣa3ʔ “travail”. Parfois, sous


l’influence de l’accent (cf. § 1.5), cette consonne s’allonge par une
préarticulation vibrante : še1ṣę2 “treizième” se prononce [še1rṣę2].

/ť/ occlusive palatale sourde. La palatalisation étant légère, la distinction avec /t/
n’est pas toujours audible ; cette opposition phonologique se manifeste en
revanche clairement avant les voyelles /u/ et /ų/ : ťu2ku1 “tête” vs tu1θe1ʔ
“démangeaison”.
/ď/ occlusive palatale sonore : xi3nďa3 “faim”. L’opposition phonologique entre /ť/

et /ď/ reste à vérifier, puisque chacune de ces deux consonnes apparaît dans des
positions où l’autre ne peut se trouver ; il pourrait donc s’agir d’un couple
d’allophones.
/č/ affriquée palatale sourde : čį3 “maladie”.

/š/ fricative palatale sourde : še1 “treize”.

/ž/ fricative palatale sourde : žu2ti1 “tomate”.

/k/ occlusive dorso-vélaire sourde : ką1 “vingt”.

/g/ occlusive dorso-vélaire sonore relâchée : gǫ2ǫ1 “matin”.

20
/x/ fricative vélaire sourde : xu3ʔ “tasse”. Se prononce comme la fricative glottale

sourde [h] devant une voyelle nasale : xą1 “je”. Elle est légèrement palatalisée

devant une voyelle antérieure : xie1 “grand”.

/l/ latérale apico-alvéolaire : li1ki2 “petit ; peu”. Employée presque exclusivement


dans des mots empruntés à l’espagnol.
/r/ vibrante apico-alvéolaire : rua1 “blanc”.

/rr/ son /r/ géminé, apparaît exclusivement dans des mots empruntés à l’espagnol.

/ṛ/ vibrante apico-post-alvéolaire : ṛua3ʔ “bouche”. Se prononce comme une fricative

rétroflexe sonore [ẓ] devant les voyelles /e/ et /i/ : ṛe2čę3 “tuna” (orchestre

d’étudiants) ; ṛi1če3ʔ “voleur”.

/w/ spirante bilabiale : ngi1wa3 “chocho”. Se distingue du son /b/ pour son
articulation arrondie ; elle peut toutefois se prononcer avec une légère
occlusion, ce qui rend la distinction entre ces deux phonèmes difficile à
entendre. Elle apparaît dans un nombre restreint de mots.
/y/ spirante palatale : ya3 “vous” (vouvoiement). Apparaît surtout devant la voyelle

/e/, position dans laquelle elle peut présenter une préarticulation légèrement

occlusive [gy] : ye2e3 “maintenant”. Avec quelques exceptions, la consonne /y/

apparaît en distribution complémentaire avec /ž/, laquelle s’emploie surtout

devant /a/ et /u/. D’un point de vue articulatoire, /w/ et /y/ sont proches

respectivement des voyelles /u/ et /i/, et sont apparentés à leurs allophones


semi-vocalique ; les spirantes se distinguent toutefois des semi-voyelles pour
leur distribution intervocalique et en début de mot.
/m/ nasale bilabiale sonore : ma1 “caché”. Peu fréquente.

/M/ nasale bilabiale sourde : Ma3ʔ “haricot”. Peu fréquente également.

/n/ nasale apico-dentale sonore : na2na1na1 “ma mère”. Son très fréquent, il ne

distingue pas clairement de la consonne /ň/ lorsqu’il se trouve devant la voyelle

antérieure /i/, position dans laquelle il peut se palataliser : ni3ngu3 [ňi3ngu3]


“église”.
/N/ nasale apico-dentale sourde : Nia1ʔ “colline”

21
/ň/ nasale palatale sonore : ňų2ų1 “quatre”

/ʔ/ occlusive glottale (coup de glotte). Il s’agit de la seule consonne qui peut se

trouver en fin de mot : Nia1ʔ “colline”. Elle peut également apparaître à

l’intérieur d’un mot, après une voyelle : ṛi1nde3ʔṣe3 “urubu” (oiseau) ou une

consonne : dʔu3 “atole” (boisson). En position intervocalique, le coup de glotte

se trouve principalement dans des formes verbales conjuguées : ta1ce1ʔa3 “il


ne brûle pas”.

Voici enfin la distribution des traits phonologiquement distinctifs ‘voisement’,


‘palatalisation’ et ‘rétroflexion’ :
• le voisement est distinctif dans les consonnes occlusives, fricatives et nasales, où
il se manifeste par une opposition entre les paires suivantes : /t/ ~ /d/, /ť/ ~ /ď/,

/k/ ~ /g/, /s/ ~ /z/, /š/ ~ /ž/, /N/ ~ /n/ et /M/ ~ /m/. Dans les formes nominales,
cette distinction est faible.
• la palatalisation est une articulation secondaire, laquelle se manifeste dans les
consonnes suivantes : /ť/, /ď/, /č/, /š/, /ž/ et /ň/. Sa valeur phonologiquement
distinctive se neutralise lorsque ces consonnes se trouvent devant une voyelle
antérieure, position dans laquelle /t/, /d/ et /n/ se palatalisent également.

• la rétroflexion concerne la consonne affriquée /c̣/, la fricative /ṣ/ et la vibrante

/ṛ/ ; celle-ci, nous l’avons déjà signalé, peut dans certains cas se réaliser comme

une fricative rétroflexe sonore : [ẓ].

2. Voyelles

Le système vocalique du chocho présente cinq voyelles orales et les cinq


voyelles nasales correspondantes, marquées dans le tableau par l’ogonek souscrit.
Elles peuvent être prononcées sur trois tons différents, notés à l’aide de chiffres en
exposant : haut (1) , moyen (2) et bas (3).

22
points d’articulation
aperture
antérieures centrales postérieures
fermées i/į u/ų
moyennes a/ą
ouvertes e/ę o/ǫ

Les voyelles orales se nasalisent légèrement lorsqu’elles suivent une consonne


nasale (/M/, /N/, /m/, /n/ et /ň/), la nasalisation des voyelles nasales dans la même
position restant toutefois plus accentuée. Par ailleurs, l’opposition orale ~ nasale se
neutralise lorsqu’une voyelle phonologiquement nasale précède une consonne nasale.
Cette opposition est en revanche pleine lorsque la voyelle suit une consonne non
nasale.
La valeur phonologiquement distinctive du trait ‘nasalisation’ est illustrée par
les paires suivantes :
• ṣą3 “pulque” (boisson) vs ṣa3ʔ “travail”
• ka2θę3 “palme” vs θe3 “graine”
• čį3 “maladie” vs či3ʔ “marmite”
• šǫ3ʔ “soleil” vs šo2ʔ “rosée”
• šų2 “six” vs šu3 “tamal” (mets)

La quantité vocalique est distinctive à l’intérieur d’un mot. On définit voyelle


longue une séquence de deux voyelles avec un seul ton (presque toujours bas lorsque
suit une consonne sonore), comme dans l’exemple suivant :
ca3agu3 “jambe” (vs voyelle simple : ža3kų3 “œil”).
Le caractère phonologiquement distinctif de la quantité vocalique reste
toutefois une hypothèse, du moment qu’aucune paire de mots se différenciant par ce
trait n’a encore été relevée. Par ailleurs, la quantité vocalique n’est pas présente dans
toutes les variétés du chocho.

On peut trouver dans un mot deux voyelles à la suite, formant une seule syllabe
(diphtongue) ou appartenant à deux syllabes différentes (hiatus).

23
Les diphtongues du chocho se composent d’une semi-voyelle fermée
dépourvue de ton (/i, į/ ou /u, ų/) et d’une voyelle avec ton, comme dans kie1 “tout”.
Les hiatus sont formés de deux voyelles égales ou différentes, chacune avec
son propre ton ; la deuxième est toujours un peu plus longue : nča2a1 “temascal”
(sorte de sauna traditionnel indigène). Dans l’usage courant, les hiatus sont souvent
réduits à des diphtongues, ex. nu3e3 “maïs” prononcé nue3.

3. Tons

Le chocho, nous l’avons dit plus haut, possède trois tons : haut (1) , moyen (2)
et bas (3). Toute voyelle, brève ou longue, a un ton, hormis la composante semi-
vocalique d’une diphtongue.
Ces tons ont en chocho une double fonction : lexicale et grammaticale. Leur
fonction lexicale se manifeste dans la distinction entre deux mots de sens différent :
rxa2 “main” ~ rxa3 “douze”.
Dans sa fonction grammaticale, le ton peut servir à marquer, par exemple, la
flexion de la personne d’un verbe : ta1ngi1 “il grandit”, ta2ngi1 “nous grandissons”.
L’étude du rôle morphosyntaxique des tons en chocho est toutefois encore au stade
initial, et laisse beaucoup de place à des développements futurs.
Par ailleurs, les tons peuvent varier selon la valeur informative du mot : la
valeur distinctive du ton est maximale dans les mots qui portent une information
lexicale ou grammaticale importante.
D’un point de vue auditif, le ton haut est plus prononcé que le moyen et le bas,
et coïncide très souvent avec l’accent tonique ; lorsque celui-ci se déplace, le ton
baisse :
• ta1že1 “son beau-père” : l’accent tonique tombe sur la première syllabe, dont le
ton est haut.
• ta2ža1na1 “mon beau-père” : suite à l’ajout du suffixe possessif, l’accent tonique
se déplace vers la deuxième syllabe, par conséquent le ton de la première descend
et devient moyen.
Les exemples suivants illustrent l’opposition phonologique entre les tons :

24
• entre ton haut et ton bas :
xį1 “nous tous” vs xį3 “assiette”
še1 “treize” vs u2ṣe3 “oiseau”
kǫ1 “il est passé” vs kǫ3 “en face de”
• entre ton haut et ton moyen :
še1 “treize” vs sę2ʔ “miel”
kǫ1 “il est passé” vs kǫ2 “estomac”
• entre ton bas et ton moyen :
rxa3 “douze” vs rxa2 “main”
ṣą3 “pulque” (boisson) vs ṣa2 “puant”
kǫ3 “en face de” vs kǫ2 “estomac”.
Du fait de leur nature suprasegmentale, les tons ne peuvent être analysés
phonétiquement comme on le fait avec les consonnes et les voyelles ; de plus, la
fréquence sonore sur laquelle ils sont prononcés varie selon plusieurs paramètres,
tout d’abord individuels. Il existe également un certain nombre de cas de sandhi tonal
dont nous ne nous occuperons pas ici.

4. Syllabe

La syllabe du chocho se présente selon une strucure du type (C)VT(ʔ). La


syllabe minimale se compose d’une voyelle avec un ton et se trouve généralement en
dernière position dans les mots de deux syllabes ou plus. Il existe quelques lexèmes
monosyllabiques, comme le coordonnant a2 “ou”, ou le classificateur u2- (animaux).
Lorsqu’une syllabe contient une consonne nasale, la voyelle suivante se nasalise ;
lorsqu’elle contient une voyelle nasale, les voyelles suivantes à l’intérieur du même
mot se nasalisent. Deux voyelles qui se suivent sont toutes les deux orales ou
nasales ; autrement dit, une voyelle orale et une nasale ne se trouvent jamais côte à
côte. Le coup de glotte est la seule consonne pouvant se trouver en fin de mot.

25
5. Accent tonique

Dans les mots de deux syllabes ou plus, l’accent tonique tombe en règle
générale sur la penultième. Lorsque celle-ci comporte une voyelle longue, l’accent
tombe sur elle ; si la voyelle est simple, l’accent se traduit par la gémination de la
consonne suivante : si2ne2 “jaune” se prononce [si1nne2].

Lorsqu’elle concerne les consonnes /M/, /N/ et /c/, la gémination donne pour

résultat un redoublement consonantique : xa1ce3 “rouge” [xa1tse3].


L’accent tonique a une influence sur la variation tonale (cf. § 1.3).

6. Différences phonétiques entre dialectes

Il existe un certain nombre de différences phonétiques entre les quatre variétés


connues du chocho (S. C. Ocotlán, Santa María Natívitas, San Miguel Tulancingo et
Santiago Teotongo). Voici les principales :
• entre les palatales /y/ (spirante) et /ž/ (fricative sonore) :

Dans les variétés d’Ocotlán et Teotongo, le son /y/ apparaît principalement

devant la voyelle /e/ : ye2e3 “maintenant”, ṣa3aye3 “laine”. Dans les

dialectes de Natívitas et Tulancingo, /y/ peut se trouver également devant /a/

et /u/, là où les deux autres variétés emploient plus fréquemment /ž/ : ya1ką 2

(Natívitas/Tulancingo) vs ža1ką3 (Ocotlán/Teotongo) “quarante”.

• entre les fricatives sourdes /s/, /š/ et /sx/ :

le dialecte de Teotongo présente le groupe /sx/ là où les autres variétés

emploient /š/ ou /s/ : sxi1 (Teotongo) vs šį1 (partout ailleurs) “œil” ; ra1sxu1

(Teotongo) vs ra3ʔsu3 (partout ailleurs) “oreille”.

• une différence analogue a été remarquée entre la fricative dentale sourde /θ/ et

/tx/ :

txu2 (Teotongo) vs θu2 (autres variétés) “humide” ; txi3 (Teotongo) vs θi2


(autres variétés). Le groupe /tx/ pourrait remplacer /θ/ dans le système

26
phonologique du chocho de Teotongo, où cette dernière consonne semble être
absente.
• entre la nasale dentale sourde /N/ et /Ni/ :
les dialectes de Natívitas et Tulancingo ont tendance à supprimer la semi-
voyelle /i/ lorsqu’elle est est précédée par /N/ : Nią2 (Ocotlán/Teotongo) vs

Ną2 (Natívitas/Tulancingo) ; dę2nią3 (Ocotlán/Teotongo) vs dę2nią3


(Natívitas/Tulancingo).
• le coup de glotte /ʔ/ :
sa présence et sa distribution ne sont pas constantes dans les différentes
réalisations d’un même lexème, cf. le tableau suivant :

Ocotlán Natívitas Tulancingo Teotongo


“soleil” šǫ3ʔ šʔų2 šǫ2 šǫ2ǫ3
“chemin creux ; gorge” ca2ʔ cʔa2 ca2aga2 ca3
“toi” xa3ʔ xa3ʔa2 xa2 -

Il existe enfin des variations importantes dans l’usage des tons, qu’il
conviendra d’étudier en collaboration avec un tonologue expérimenté.

B. Morphologie

Sur la base de critères morphologiques, syntaxiques et sémantiques, le chocho


distingue, d’après l’étude de VL, huit classes de mots (ou parties du discours, selon
la terminologie traditionnelle) :
• noms
• adjectifs
• pronoms
• verbes
• adverbes
• prépositions

27
• conjonctions
S’ajoutent à celles-ci un certain nombre de monèmes grammaticaux auxiliaires,
comme les affixes (ex. classificateurs) et les clitiques. Toutes ces classes seront
décrites dans le détail dans les paragraphes suivants.

1. Morphologie nominale

Le syntagme nominal (SN) du chocho se compose d’une forme nominale (nom


commun, nom propre, pronom ou autre forme substantivée) accompagnée d’un
article et/ou d’un adjectif qualificatif, quantitatif ou demonstratif. Aucun de ces
éléments ne possède de flexion spécifique précisant la fonction syntaxique su SN,
laquelle s’exprime par d’autres moyens (cf. C. Syntaxe).
Trois catégories grammaticales sont marquées dans la flexion morphologique
des constituants du SN :
• la personne dans les pronoms personnels, les suffixes personnels, les enclitiques
personnels et les suffixes possessifs (cf. les chapitres correspondants)
• le nombre dans les formes nominales où la référence à la personne est explicite
• le genre dans les classificateurs (cf. § 1.2) et dans les pronoms coréférentiels (cf.
C. Syntaxe, § 3)
Les traits ‘personne’ et ‘nombre’ sont étroitement liés : d’un côté, l’emploi des
pronoms personnels sert à exprimer une mise en relief de la personne16, et la flexion
du pluriel est mise en jeu uniquement pour souligner, si besoin, qu’il s’agit de
plusieurs personnes ; d’autre part, un nom sans flexion de personne n’a pas de
nombre non plus : le nom nča3, hors contexte, peut se référer aussi bien à “une
maison” qu’à “des maisons”.
Ce que VL appelle ‘genre’ ne correspond que très partiellement à la même
catégorie dans les langues indo-européennes, dont le paradigme est le plus souvent
restreint à l’opposition masculin ~ féminin ~ (neutre) : il s’agit en chocho de classes
de noms ayant pour dénominateur commun le sexe, l’âge ou encore le niveau

16
Il serait intéressant de comparer cela avec d’autres langues comme l’italien ou l’espagnol,
où le pronom personnel s’emploie également pour mettre en relief la personne ou pour
souligner une opposition entre les différents acteurs (agents ou patients) au sein de l’énoncé ;
ce rôle est assumé en français par les pronoms dit « toniques ».

28
hiérarchique au sein de la société pour les êtres humains, ou l’espèce pour
les non-humains (animaux, plantes, fruits, etc.) (cf. § 1.2).

1.1. Noms

La plupart des noms en chocho possèdent, en plus de leur forme non fléchie
(laquelle, nous l’avons dit, ne donne pas d’information sur le nombre), des formes
complexes indiquant le possesseur, que VL qualifie de « formes fléchies » (formas
conjugadas) ; il s’agit en réalité, d’après nos observations, de suffixes possessifs :
c’est cette dernière appelation (que VL emploie alternativement) que nous
retiendrons par la suite. Certains noms, du fait de leur sémantisme, n’acceptent pas
de suffixe possessif : c’est le cas par exemple des phénomènes naturels, des plantes
et animaux sauvages ou des noms propres, qui possèdent uniquement une forme
absolue (ou “non fléchie”, pour utiliser le terme de VL). Au contraire, les termes
exprimant un lien de parenté n’ont pas de forme absolue, et peuvent être employés
uniquement avec un suffixe possessif.
Dans sa forme absolue, le nom n’est pas marqué en nombre ; l’opposition
singulier ~ pluriel apparaît uniquement suite à l’ajout d’un suffixe possessif.

Les noms de trois syllabes ou plus sont généralement composés. La


composition nominale s’effectue par voie de juxtaposition, avec comme résultat une
nouvelle unité lexicale. Ce procédé peut provoquer, dans certains cas, des
phénomènes de réduction phonétique. Quelques exemples :
nďo3 “viande” + rxa3ʔ “four”  nďo3rxa3ʔ “barbecue”
ṛi1si2ndu3 “ver” + da2aga2 “vole”  ṛi1si2ndu3da2aga2 “papillon”.

1.2. Classificateurs

La grande majorité des noms est accompagnée par un classificateur. Les


classificateurs se présentent sous forme de préfixes, dont chacun est réservé à un
ensemble (une classe) de noms ayant pour dénominateur commun un ou plusieurs
sème(s) bien définis.

29
Un certain nombre de classificateurs est réservé aux animés. Voici les plus
fréquents :

classe / sème(s) classificateur exemples traduction


masculin ṛi1- ṛi1če3 garçon
ṛi1Juan Juan
ṛi1že3ṣuą3ʔ guérisseur
féminin c̣i1- c̣i1če3 fille
c̣i1Teresa Teresa
masculin, respectueux ta1- ta1ža1na1 mon beau-père
(ta1 “monsieur”) ta1c̣i1na1 mon grand-père
ta1Pedro monsieur Pedro
féminin, respectueux na1- na1ža1na1 ma belle-mère
(na1 “madame”) na1c̣i1na1 ma grand-mère
na1Mari1a madame María
personne jeune šą3- šą3ndu3a3 petit garçon
(šą3 “enfant”) šą3ga3ʔše3 petite fille
personne adulte ṛu2- ṛu2ndu3a3 homme
ṛu2ga3ʔše3 femme
animal domestique u2- u2či3nga3 porc
(u2ba3 “animal”) u2ndua1 colombe
u2ṣį3 cheval
animal (en général, ou ṛi1- ṛi1nče3 vipère
non domestique) ṛi1še3ede3 mouche
ṛi1ru2ski3 colibri

Remarques
- le sexe est marqué parfois par le classificateur (ṛi1če3 “garçon” vs c̣i1če3 “fille”),

parfois par le monème lexical qu’il accompagne (šą3ndu3a3 “petit garçon” vs

šą3ga3ʔše3 “petite fille”), l’information sur l’âge étant portée par l’autre élément
- les noms ṛu2ndu3a3 “homme” et ṛu2ga3ʔše3 “femme” servent également à
indiquer le sexe des noms qui en sont dépourvus :
ši2ndi1na1 ṛu2ndu3a3 “mon petit-fils” (litt. « mon petit-enfant homme »)
ši2ndi1na1 ṛu2ga3ʔše3 “ma petite-fille” (litt. « mon petit-enfant femme »)

30
- le classificateur u2- peut accompagner également des noms d’objets ayant un lien

avec un animal, ex. u2šu2ʔ “œuf” (de šu2ʔ “pierre”)


- les classificateurs peuvent se combiner avec une certaine quantité de noms ; mais
à l’évidence, l’inverse est vrai aussi dans certain cas, cf. šą3ndu3a3 “petit

garçon” vs ṛu2ndu3a3 “homme”


- une fois leur nature combinatoire établie, et ayant défini avec précision leur
sémantisme (sans tenir compte de l’impossibilité de les employer comme mots
indépendants) il faudrait enfin s’interroger sur les critères de classification de ces
éléments (classificateurs et monèmes lexicaux) dans un dictionnaire : serait-il
mieux de les classer comme lemmes séparés, ou – suivant VL – réunir
classificateur et nom dans une seule et unique entrée ? (cf. III. Ouvertures)

Les classificateurs réservés aux inanimés sont les suivants :

classe / sème(s) classificateur exemples traduction


arbre, objet en bois nda3- nda3ka3nče3 sotol (arbuste)
(nda3 “arbre, bois”) nda3ye3 quiote (plante)
plante, objet d’origine ka2- ka2nda3 opuntia (cactus)
végétale
ka2c̣u3 maguey (agave)
ka2Nu3 cigare, cigarette
ka2θe2 chapeau
fruit (rare), objet rond ťu3- ťu3ce3 citron
ťu3ze1tua3 pomme de terre
ťu3že3ʔ son genou
ťu3xuę1ę2 son ventre
fleur su3- (su3 “fleur”) su3nča3ku3 fleur de courge

Remarques
- les classificateurs correspondent parfois à des noms génériques, et dans certains
cas à l’hyperonyme des noms qu’ils peuvent accompagner :
su3 “fleur”  su3nča3ku3 “fleur de courge“”
- certains noms génériques entrent dans la composition de leurs hyponymes, sans
qu’ils soient considérés comme des classificateurs pour autant :

31
nda3ʔ “eau”  nda3ʔši3 “liqueur”
nda3ʔ “eau” + sa1 “amer”  nda2ʔsa1 “bière”
nda3ʔ “eau” + ka2c̣u3 “maguey”  nda3ʔka2c̣u3 “mezcal”
Il conviendra donc de réserver une attention particulière à la distinction entre
préfixes classificateurs et constituants de mots composés endocentriques, voire,
en amont, justifier la pertinence d’une telle distinction.
- certains noms accompagnés de leur classificateur peuvent à leur tour former
d’autres noms. S’agit-il de détermination (et donc de « classificateurs
complexes », ou « sous-classificateurs ») ou de dérivation-composition
nominale ? C’est l’un des points qu’il faudra traiter à l’avenir. Des exemples :
ṛi1nče3 “vipère”  ṛi1nče3ṛe3 “crotale cascabelle”
ka2c̣u3 “maguey”  ka2c̣u3θu1na1sę2 “maguey sauvage”
- l’association entre un classificateur et un nom n’est pas toujours rigide :
u2ru2ski3 ou ṛi1ru2ski3 “colibri”, sans nuance sémantique
mais : u2ba3 “animal” vs ṛi1ba3 “animal mâle”
- on peut parfois remarquer une absence de classificateur, alors que la logique qu’il
suggère imposerait sa présence ; c’est le cas par ex. des noms ci-dessous, lesquels
devraient théoriquement être introduits par le classificateur ťu3-

ši3ide3 “sapotille”
ra2xa3 “haricot vert”
žu2ti1 “tomate”
- il faudra enfin, lors d’un approfondissement futur des classificateurs du chocho,
se demander dans quelle mesure ceux-ci peuvent être associés, voire englobés, à
la classe des actualisateurs du nom. (cf. III. Ouvertures)

1.3. Diminutif

Le diminutif se forme en chocho par l’ajout du suffixe -šą3 (cf. šą3 “enfant” et

le classificateur pour la catégorie “personne jeune” šą3-) :

ṛi1še3ede3 “mouche”  ṛi1še3de3šą3 “moustique”

32
Cette construction peut se retrouver également dans des emprunts :
ngu2 kaxašą3 die gayeta “une boîte de biscuits”
Les adjectifs forment souvent le diminutif par redoublement :
ňu3 so1so1 “de toutes petites tortillas”

1.4. Possessif

Le possessif se présente en chocho sous forme de suffixe, lequel se greffe au


nom en fournissant complémentairement l’information sur la personne et le nombre.
VL traite les possessifs comme des désinences de formes fléchies du nom, en
fournissant des paradigmes flexionnels qui ressemblent à des déclinaisons. Nous
sommes peu d’accord avec cette interprétation : s’il est possible d’isoler et d’analyser
les possessifs en tant que tels, autrement dit si l’on peut segmenter le mot en
identifiant clairement le monème ‘possessif’, il serait plus juste de traiter celui-ci
comme un suffixe ; le fait que l’on puisse employer la forme « absolue » (sans
possessif) d’un nom dans un énoncé, contrairement au thème d’une forme fléchie qui
ne peut se trouver seul, confirme notre interprétation.
VL suggère une classification des noms en trois catégories A, B et C (plus un
certain nombre de noms irréguliers) selon la forme du possessif qui s’impose à eux.
Nous gardons cette répartition, dont la validité n’est pas remise en question.

1.4.1. Classe A

La classe A réunit la plupart des noms. Elle est définie par les suffixes
possessifs suivants :

-na1 première personne (PP1)

-a1a2 seconde personne (PP2)

-e1e2 troisième personne (PP3)

-ni1 pluriel collectif (PPC)

33
Les suffixes PP1 -na1 et PPC -ni1 génèrent un ton haut sur la syllabe précédente, par
conséquent toutes les formes suffixées de la classe A se caractérisent par un ton haut
sur la pénultième. Employés avec des noms se terminant par -a ou -e, les suffixes

PP2 -a1a2 et PP3 -e1e2 remplacent la dernière voyelle du mot qu’ils accompagnent ;

avec des noms se terminant par -i, -u ou -o, ils forment des diphtongues. La

consonne nasale du suffixe PPC tend à être prononcée comme une palatale [-ňi1].
Quelques exemples :

noms se terminant par -a noms se terminant par -e

u2ča1 “coq” u2ṣe3 “oiseau”

u2ča1na1 “mon coq” u2ṣe1na1 “mon oiseau”


u2ča1a2 “ton coq” u2ṣa1a2 “ton oiseau”

u2če1e2 “son coq” u2ṣe1e2 “son oiseau”

u2ča1ni1 “notre coq” u2ṣe1ni1 “notre oiseau”

noms se terminant par -i noms se terminant par -u

žu2ti1 “tomate” u2nďo1 “chat”

žu2ti1na1 “ma tomate” u2nďo1na1 “mon chat”

žu2tia1a2 (žu2ti1a2) “ta tomate” u2nďua1a2 “ton chat”

žu2tie1e2 (žu2ti1e2) “sa tomate” u2nďue1e2 “son chat”

žu2ti1ni1 “notre tomate” u2nďo1ni1 “notre chat”

Lorsque la voyelle finale du nom est nasale, les suffixes PP2 et PP3 se nasalisent par
conséquent :

34
θį2ʔ “sang”

θį1na1 “mon sang”

θią1ą2 “ton sang”

θię1ę2 “son sang”

θį1ni1 “notre sang”

Lorsque le nom se termine par un coup de glotte, celui-ci peut parfois s’amuïr suite à
l’ajout du suffixe possessif :

ťu3xų1ʔ- “ventre”

ťu3xų1ʔna1 “mon ventre”

ťu3xuą1ą2 “ton ventre”

ťu3xuę1ę2 “son ventre”

ťu3xų1ʔni1 “notre ventre”

L’accent tonique tombant en règle générale sur la pénultième, celui-ci se déplace


suite à l’ajout du possessif ; cela se traduit par un abrégement de la voyelle
précédente :

ša3ade3 “village”

ša3de1na1 “mon village”

ša3da1a2 “ton village”

ša3de1e2 “son village”

ša3de1ni1 “notre village”

Certains noms, dont les termes de parenté, doivent toujours être accompagnés d’un
suffixe possessif, et n’ont donc pas de forme « absolue » (non suffixée)17 :

17
Ces noms sont présentés dans les dictionnaires avec un tiret : na2na1- “mère”

35
na2na1na1 “ma mère” šnį1na1 “mon oncle”

na2na1a2 “ta mère” šnią1a2 “ton oncle”

na2ne1e2 “sa mère” šnię1ę2 “son oncle”

na2na1ni1 “notre mère” šnį1ni1 “notre oncle”

La classe A est non seulement la plus étendue, mais aussi celle qui accueille les
emprunts et les néologismes : il s’agit donc d’une classe ouverte.

komadre “marraine”

komadre1na1 “ma marraine”

komadra1a2 “ta marraine”

komadre1e2 “sa marraine”

komadre1ni1 “notre marraine”

1.4.2. Classe B

Les noms appartenant à la classe B se terminent tous par une voyelle avec ton
bas, souvent suivie par un coup de glotte ; les noms ayant ces caractéristiques
n’appartiennent toutefois pas tous à cette classe. Dans certains noms, le coup de
glotte apparaît seulement suite à la suffixation.
Voici les suffixes possessifs qui caractérisent la classe B :

-na1 PP1

-a3 PP2

-e3 PP3

-ni1 PPC

Comme pour la classe A, les suffixes PP2 et PP3 remplacent la dernière voyelle des
noms se terminant par -a ou -e, et génèrent facultativement des diphtongues avec les

noms se terminant par -i ou -u.

36
noms se terminant par -a noms se terminant par -i

šą3 “enfant” sį3ʔ “lait”

šą3na1 “mon enfant” sį3ʔna1 “mon lait”

šą3 “ton enfant” sį3ʔą3 “ton lait”

šę3 “son enfant” sį3ʔę3 “son lait”

šą3ni1 “notre enfant” sį3ʔni1 “notre lait”

noms se terminant par -u

ču3 “courge”

ču3ʔna1 “ma courge”


čua3ʔ “ta courge”

čue3ʔ “sa courge”

ču3ʔni1 “notre courge”

La classe B comprend également des termes de parenté :

ba3ʔna1 “ma tante”

ba3ʔ “ta tante”

be3ʔ “sa tante”

ba3ʔni1 “notre tante”

1.4.3. Classe C

La classe C, fermée et restreinte, comprend exclusivement des noms de parties du


corps. Elle est dépourvue du suffixe PP3, qui correspond à la forme non suffixée.
Voici les suffixes caractérisant la classe C :

37
-a1 PP1

-a2 PP2

-i1 PPC

Le suffixe PP2 génère un ton haut dans la pénultième du nom qu’il accompagne. Le
suffixe PP2 remplace la dernière voyelle des noms se terminant par -a ou -e, et

génère facultativement des diphtongues avec les noms se terminant par -i ou -u.

ža3kų3 “visage ; son visage”

ža3kuą1 “mon visage ”

ža1kuą2 “ton visage”


ža3kuį1 “notre visage”

Si le nom se termine par un coup de glotte, celui-ci se maintient en position finale, le


possessif étant intégré au nom avant le coup de glotte :

ťu3že3ʔ “genou; son genou”

ťu3ža1ʔ “mon genou”

ťu1ža2ʔ “ton genou”

ťu3ži1ʔ “notre genou”

La diphtongaison n’a pas lieu si le nom est un monosyllabe :

ṛua3ʔ “bouche ; sa bouche”

ṛʔu2a1 “ma bouche”

ṛu1a2ʔ “ta bouche”

ṛu2i1ʔ “notre bouche”

38
1.4.4. Noms irréguliers

Il existe cinq noms présentant des formes possessives irrégulières ; parmi eux,
trois ont des formes différentes lorsqu’ils sont accompagnés d’un suffixe :

nu3ʔ “milpa” ňu3 “tortilla”

ką2ʔma1 “ma milpa” sa2ʔma1 “ma tortilla”

ką1ama2 “ta milpa” sa1ama2 “ta tortilla”

kǫ3ʔ “sa milpa” so3ʔ “sa tortilla”

ką2ʔmi1 “notre milpa” sa2ʔmi1 “notre tortilla”

ki1ču1 “frère ; son frère” nča3 “maison”

ki1ča1 “mon frère” ndu1na1 “ma maison”

ki1ču2a3 “ton frère” ndua1a3 “ta maison”

ki1čui1 “notre frère” ndua2 “sa maison”

ndu1ni1 “notre maison”

rxa2 “main ; sa main”

rxa1na1 “ma main”

rxa1a3 “ta main”

rxa1yi1 “notre main”

1.5. Génitif

Il existe en chocho une construction génitive, que l’on utilise pour marquer la
relation de possession entre la chose possédée (toujours accompagnée d’un suffixe
PP3) et un possesseur nommé, extérieur au dialogue :
u2ňe1e2 ṛi1Juan “le chien de Juan” (litt. « son chien (de) Juan »)
ku2ṣe1e2 sa1 na1 “la jupe de la dame” (litt. « sa jupe (de) la dame »)
Le complément du nom peut également être enrichi par un possessif :

39
ndua2 ta2ta1na1 “la maison de mon père” (litt. « sa maison (de) mon père »)

1.6. Vocatif

Nous avons dit que les termes de parenté ne peuvent s’employer sans suffixe
possessif. Cette affirmation ne tient pas compte de l’usage vocatif que l’on fait
souvent de ces mots. Certains d’entre eux possèdent pour cela une forme ad hoc :

žą3 “(mon) fils ! ; (ma) fille !”

ta2ňo1 “grand-père ! ; pépé !”

na2ňo1 “grand-mère ! ; mémé !”


ta2ta2 “monsieur !”

na2na2 “madame !”

Dans les autres cas on emploie la forme non suffixée du nom avec une intonation
spécifique.

1.7. Pronoms

Le chocho possède plusieurs classes de pronoms : personnels (§ 1.7.1),


interrogatifs (§ 1.7.2), indéfinis (§ 1.7.3) et coréférentiels (C. Syntaxe, § 3)

1.7.1. Pronoms personnels

Les pronoms personnels sont utilisés pour mettre en relief la personne


(emphase) ou dans certains cas pour dissiper une ambiguïté.

xą1 1ère personne “moi” / “nous” (par opp. à la 2e personne)

xą3ʔ / xa2ʔ 2e personne “toi” / “vous”

sua1 3e personne “lui” / “elle” / “eux” / “elles”

xį1 collectif “nous” (deux, trois ou tous)

40
Le pronom de 3e personne doit toujours être suivi d’un pronom coréférentiel qui
marque le sexe18 :
sua1 c̣i1 “elle, la femme”
sua1 ni2 “lui, le monsieur” ou “elle, la dame”
sua1 ṛu2 “lui, la personne” ou “elle, la personne”
Suivi du pronom ya3, il forme la P2 de politesse :
sua1 ya3 “vous”
À l’exception du collectif xį1, les pronoms personnels ne portent aucune marque de

nombre. Celui-ci peut être exprimé, si besoin, par ngu2ngu2 (de ngu2 “un”), suivi ou
non d’un enclitique personnel (cf. § 2.1.2) :
xą1 ngu2ngua1 / xą1 ngu2ngu2 ma1 “nous” (par opp. à la 2e personne)
xa3ʔ ngu2ngua3 / xa3ʔ ngu2ngu2 mi3 “vous”
sua1 ni2 ngu2ngu2 ni2 “eux, les monsieurs”
sua1 ya3 ngu2ngu2 ya3 “vous” (vouvoiement)
xį1 ngu2ngui1 / xį1 ngu2ngu2 mi1 “nous” (collectif)
ngu2ngu2 sert également à marquer le pluriel du possessif :
šnį1na1 ngu2ngua1 “notre oncle”
Pour mettre en relief le singulier, lorsqu’il s’agit d’une seule personne, on emploie
ngu2kʔua1 suivi de l’enclitique personnel :
ngu2kʔua1 “un seul”
ngu2kʔua1 ma1 “moi seul”
ngu2kʔua1 mi3 “toi seul”
ngu2kʔua1 mi1 “nous seuls”

18
En chocho, le trait grammatical ‘sexe’ est bien distingué du ‘genre’, ce dernier possédant
un paradigme plus étendu que celui des langues indo-européennes : sexe, âge, niveau
hiérarchique au sein de la société, etc.

41
1.7.2. Pronoms interrogatifs

VL donne une liste synthétique des mots interrogatifs, en mélangeant pronoms


et adverbes. Voici les pronoms interrogatifs proprement dits :

e2ṛe1 “que ; quoi” (également indéfini)

na2ndie3 “qui”

ṣi1nda2 “quel ; quelle ; lequel ; laquelle”

Et les adverbes interrogatifs :

ṣi1ndi3 “où”

ṣi1nda2θi2 “quand”

xi1šani3 “quand”

ṣi1nča3 “comme”

e1ṣa2 “pourquoi”

i2se1 “combien”

1.7.3. Pronoms indéfinis

Voici les pronoms indéfinis les plus utilisés :

e2ṛe1 “quelque chose” (également interrogatif)

na2ndie3 “quelqu’un” (également interrogatif)

kʔua2ʔe2ṛe1 “rien”

kʔua2ṣe3ngu3 “personne”

VL inclut dans la liste des pronoms indéfinis deux adverbes : ṛu2na1 “jamais” et

kʔua2še1ni3 “nulle part”.

42
1.8. Articles

L’article défini est rendu par la forme sa1 :

sa1 ta1 “le monsieur”


La même particule sert de quantificateur lorsqu’il précède un indénombrable :
sa1 nde3edu3 “un peu de chaux”
Le numéral ngu2 “un”, sans accent tonique, s’emploie comme article indéfini :

ngu2 ṛu2ga3ʔše3 “une femme”


Employé devant un nom d’animal, l’article indéfini provoque la disparition du
classificateur :
u2ba3 “animal”  ngu2 ba3 “un animal”
Il sera nécessaire, lors de développements futurs de l’étude des noms à classificateur,
d’enquêter sur le comportement de ceux-ci lorsqu’ils sont déterminés par l’indéfini
ou par un numéral cardinal.

1.9. Adjectifs qualificatifs

En fonction d’épithète, l’adjectif qualificatif suit le nom qu’il caractérise :


ndi3ši3 ṣe1 “fruit sucré”
su3 si2ne2 “fleur jaune”
Son degré peut être modifié par des adverbes :
ngu2 žu3rxi3 sʔe1 se3ʔ “une personne très faible”
Le comparatif se forme à l’aide de l’adverbe ča1 “plus”, le superlatif avec i1ča2
“encore plus” :
xi1na2 “bon”
ča1 xi1na2 “meilleur”
i1ča2 xi1na2 “le meilleur”

43
1.10. Quantificateurs

On peut réunir dans la classe des quantificateurs tous les monèmes lexicaux et
grammaticaux qui indiquent une quantité, c’est-à-dire les numéraux et les adverbes
de quantité. Parmi ces derniers, nous donnons ici les quatre les plus fréquents :

xie1 “beaucoup de” (+ indénombrable)

sa1 “peu de” (+ indénombrable)

ka1ťa2 “beaucoup de” (+ dénombrable)

ka1ťa2ʔya3 “peu de” (+ dénombrable)

Exemples :
xie1 žu2ʔ “beaucoup de chocolat”
sa1 nde3edu3 “un peu de chaux”
ka1ťa2 nča3 “beaucoup de maisons”
ka1ťa2ʔya3 nča3 “peu de maisons”
L’indéfini ka1ťa2ʔya3 est formé par ka1ťa2 auquel s’ajoute le suffixe négatif -ʔya3.

Voici les numéraux du chocho de 1 à 15 :

ngu2 “un”

žu1 “deux”

ni2e1 “trois”

ňų2ų1 “quatre”

žų1 “cinq”

šų2 “six”

ža3adu3 “sept”

šį1 “huit”

ni2a3 “neuf”

44
te3 “dix”

tǫ1 “onze”

rxa3 “douze”

še1 “treize”

rxǫ3 “quatorze”

rxǫ1ʔ “quinze”

Les nombres de 16 à 19 se forment sur la base de rxǫ1ʔ “quinze” :

rxǫ1Nku2 “seize”

rxǫ1žu2 “dix-sept”

rxǫ1ňe1 “dix-huit”

rxǫ1ňų1 “dix-neuf”

Les dizaines et les centaines se forment sur la base de ką1 “vingt” :

ką1te3 “trente”

ža1ką3 “quarante”

ža1ka2te3 “cinquante”

ňe1ką3 “soixante”

ňe1ką3te3 “soixante-dix”

ňų1ką3 “quatre-vingts”

ňų1ką3te3 “quatre-vingt-dix”

žų1ką1 “cent”

te3ką1 “deux cents”

rxǫ1ką1 “trois cents”

ką1ką2 “quatre cents”

ką1žų1ką1 “cinq cents”

ką1te3ką1 “six cents”

45
ką1rxǫ1ką1 “sept cents”

ža1ką2ką1 “huit cents”

ža1ką2žų1ką1 “neuf cents”

mil “mille”

Il en ressort un système de numération complexe, non décimal. De 16 à 19, on


compte en base 15 :
rxǫ1nku2 (16) = rxǫ1ʔ (15) + ngu2 (1)
rxǫ1žu2 (17) = rxǫ1ʔ (15) + žu1 (2)
À partir de 20, le système devient vigésimal, en présentant des similitudes
surprenantes avec celui du gaulois s’étant conservé en français dans « quatre-vingts »
et « quatre-vingt-dix » (ces deux nombres présentent par ailleurs une correspondance
mot à mot entre chocho et français !). Voici déchiffré le système en base 20 du
chocho :
ką1te3 (30) = ką1ʔ (20) + te3 (10)

ža1ką3 (40) = žu1 (2) × ką1ʔ (20)

ža1ka2te3 (50) = žu1 (2) × ką1ʔ (20) + te3 (10)

ňe1ką3 (60) = ni2e1 (3) × ką1ʔ (20)

ňe1ką3te3 (70) = ni2e1 (3) × ką1ʔ (20) + te3 (10)

ňų1ką3 (80) = ňų2ų1 (4) × ką1ʔ (20)

ňų1ką3te3 (90) = ňų2ų1 (4) × ką1ʔ (20) + te3 (10)

žų1ką1 (100) = žų1 (5) × ką1ʔ (20)

te3ką1 (200) = te3 (10) × ką1ʔ (20)

rxǫ1ką1 (300) = rxǫ1ʔ (15) × ką1ʔ (20)

ką1ką2 (400) = ką1ʔ (20) × ką1ʔ (20)

ką1žų1ką1 (500) = [ką1ʔ (20) + žų1 (5)] × ką1ʔ (20)

ką1te3ką1 (600) = [ką1ʔ (20) + te3 (10)] × ką1ʔ (20)

ką1rxǫ1ką1 (700) = [ką1ʔ (20) + rxǫ1ʔ (15)] × ką1ʔ (20)

46
ža1ką2ką1 (800) = žu1 (2) × ką1ʔ (20) × ką1ʔ (20)

ža1ką2žų1ką1 (900) = [žu1 (2) × ką1ʔ (20) + žų1 (5)] × ką1ʔ (20)

L’étude des nombres en chocho, laquelle mérite d’être approfondie, révèle


ainsi des mécanismes de factorisation sous-jacents simples d’un point de vue
mathématique, mais d’un intérêt linguistique certain.

Les numéraux ordinaux se forment par l’ajout du suffixe -ṣę2, à l’exception de

la forme non dérivée sę2enǫ1 “premier” :

žu1ṣę2 “deuxième”

ňe1ṣę2 “troisième”

ňų1ṣę2 “quatrième”, etc.

Utilisés comme pronoms, les ordinaux sont précédés par le préfixe ni2- :

ni2žu1ṣę2 “le deuxième”

ni2ňe1ṣę2 “le troisième”, etc.

1.11. Démonstratifs

Les adjectifs démonstratifs ďą1ą3 “ce ; cette ; ce…-ci ; cette…-ci” et ďa1ʔ

“ce ; cette ; ce…-là ; cette…-là” suivent le nom, déterminé par l’article sa1 :

sa1 ta1 ďą1ą3 “ce monsieur” (rapproché)


sa1 na1 ďa1ʔ “cette dame” (éloignée)
Les pronoms démonstratifs se forment avec le préfixe ni2- :

ni2ďą1ą3 “celui-ci ; celle-ci”


ni2ďa1ʔ “celui-là ; celle-là”

47
2. Morphologie verbale

Le syntagme verbal (SV) du chocho se compose d’une ou deux formes


conjuguées (dont un auxiliaire), verbales ou non verbales, lesquelles peuvent être
suivies par le suffixe de négation et par un ou deux enclitiques personnels. Le SV
peut s’enrichir d’adverbes (cf. § 2.3.11), de pronoms coréférentiels (cf. C. Syntaxe,
§ 3) et d’autres connecteurs (cf. C. Syntaxe, § 4). Suivi du connecteur ni3, il introduit
une subordonnée. Les catégories ‘personne’ et ‘temps’ sont marquées dans le verbe
conjugué. La valence d’un verbe et les possibilités de dérivation dépendent de son
sémantisme.

2.1. Classes de conjugaison

VL répartit les formes verbales en six classes, selon le nombre et la qualité des
informations portées par le verbe conjugué. Les classes sont désignées par des lettres
majuscules :
- classe S : le verbe indique dans sa forme la personne du sujet
- classe SO-I : le verbe indique la personne du sujet dans sa forme, et la personne
de l’objet par un enclitique personnel
- classe SO-II : le verbe indique dans sa forme un objet inanimé
- classe SO-III (mixte) : le verbe indique l’objet dans les formes conjuguées à la 2e
et à la 3e personne (dorénavant dénommées respectivement P2 et P3), et le sujet
dans les formes conjuguées à la 1ère personne et au collectif (P1 et PC)
- classe SO-IV : diathèse passive
- classe R : diathèse réflechie
Il existe d’autre part des verbes irréguliers que l’on ne peut ranger dans aucune de
ces classes.

48
2.1.1. Classe S

Dans la classe S, le verbe conjugué marque la personne du sujet-agent. Les


verbes peuvent être transitifs ou intransitifs, mais leur forme n’indique en rien la
présence d’un complément.
La plupart des verbes du chocho se conjuguent selon ce modèle, dont les
désinences peuvent engendrer des modifications phonétiques sur la voyelle ou le ton
final du thème. Comme nous l’avons dit plus haut, la présence d’un complément
n’est signalée par aucune marque dans la flexion du verbe, ni par un enclitique (ce
qui est le cas des verbes SO). Par exemple, le verbe ta1ža1 “transporter”, transitif,
sera suivi d’un COD, mais sa flexion n’indiquera que la personne du sujet.
La flexion de la classe de conjugaison S est marquée morphologiquement
(désinences) et phonologiquement (variations de ton). La forme de la P3 est
considérée comme non fléchie : il s’agit du thème dépourvu de toute désinence,
lequel peut se terminer en -u, -i, -a ou -e et auquel s’ajoutent les désinences -a (P1 et

P2) ou -i (PC). Cela peut donner lieu à des phénomènes de diphtongaison ou de


réduction vocalique :

voyelle thématique + désinence P1 / P2 -a + désinence PC -i

-u -ua (diphtongue) -ui


-i -ia (diphtongue) -i
-a -a -i
-e -e -i

Exemples de conjugaisons régulières, dans l’ordre proposé par VL (P3, P2, P1, PC) :

49
ta3agu3 “allumer” (la lumière) za3si3 “avoir ; tenir”
ta3agu3 “il/elle allume” za3si3 “il/elle a”

ta1agua2 “tu allumes” za1sia3 “tu as”

ta2agua1 “j’allume” za1sia1 “j’ai”

ta2agui1 “nous allumons” za1si1 “nous avons”

de3ma3 “cacher” di1ṣe3 “étirer”


de3ma3 “il/elle cache” di1ṣe3 “il/elle étire”

te1ma2 “tu caches” di1ṣe3 “tu étires”

te2ma1 “je cache” di1ṣe1 “j’étire”

te2mi1 “nous cachons” di1ṣi3 “nous étirons”

Remarques
- les verbes dont le thème (P3) se termine par une consonne palatale ou rétroflexe
+ -i perdent cette dernière voyelle dans les formes conjuguées de P1 et P2, ex. :

tu1ňi1 “il/elle tue”  tu3ňa1 “tu tues”.


- quelques verbes dont le thème se termine en -e ne sont pas soumis au phénomène

d’assimilation vocalique qui caractérise la P1 et P2 : tia3ṣe2 “il/elle apprend” 

tia3ṣa1 “tu apprends” ; tia2ṣa1 “j’apprends”.


- il existe un petit groupe de verbes dont le thème se termine par -o ; une partie de

ces verbes est dérivé du nom kǫ2 “estomac ; intérieur”, dont les suffixes
possessifs tiennent lieu de conjugaison :

de3ki2kǫ2 “il/elle pense”

te1ki2kǫ1ǫ2 “tu penses”


te1ki2kǫ2ǫ1 “je pense”
te1ki2kų2į1 “nous pensons”

50
Ce groupe comprend des verbes qui renvoient à un procès mental ou spirituel :
tu2ňi1kǫ2 “il/elle haït”, ďa2ṣe2kǫ2 “aimer ; plaire” ; te1kǫ2 “aimer” ;
že3gi3ṣi3kǫ2 “éveiller, susciter”.
- Les verbes impersonnels, ainsi que certains verbes d’action dont le sujet ne peut
être que non-humain, ne possèdent que le P3, ex. : te3ʔc̣į3 “il pleut”, da3tia3
“il/elle aboie”.
Tous les autres verbes dont le thème se termine en -o se conjuguent selon le modèle
SO-IV ou R, ou sont irréguliers.

Les tons dans la classe S


La plupart des verbes de cette classe sont bisyllabiques ; elle comprend
cependant quelques verbes monosyllabiques, ainsi que des verbes composés à trois
ou quatre syllabes.
En règle générale :
- les formes non fléchies (P3) peuvent présenter n’importe quelle séquence tonale
- les formes conjuguées de P1 et PC ont un ton haut qui supprime celui de la
dernière voyelle du thème
- les formes conjuguées de P2 peuvent avoir un ton haut, moyen ou bas sans
qu’une règle n’ait pu être définie jusqu’à présent
Sur la base des séquences tonales relevées sur les formes conjuguées de P2 des
verbes bysillabiques, VL a établi une classification en quatre sous-classes :

ton P2 ton P1 / PC
S-I bas-haut haut-haut ou moyen-haut
S-II bas-bas haut-haut ou moyen-haut
S-III haut-bas haut-haut ou moyen-haut
S-IV haut-moyen moyen-haut

51
Voici des exemples :

P3 P2 P1 PC
S-I “sortir” da3ʔṣe3 da3ʔṣe1 da2ʔṣe1 da2ʔṣi1
S-II “voir” di1ku1 di3kua3 di1kua1 di1kui1
S-III “allumer” du3ṣe3 du1ṣa3 du1ṣa1 du1ṣi1
S-IV “cacher” de3ma3 te1ma2 te2ma1 te2mi1

Le comportement des tons dans les verbes à thème monosyllabique ou de trois


ou plus syllabes est plus complexe. La variation tonale se réalise selon de multiples
critères : identité entre ton du thème et ton de la désinence, présence ou non d’un
coup de glotte final dans le thème, présence/absence d’autres affixes, etc.

2.1.2. Classe SO-I

Les verbes appartenant à la classe de conjugaison SO, repartis en quatre sous-


classes ci-après décrites (SO-I, SO-II, SO-III et SO-IV), sont caractérisés par la
référence explicite et marquée à un sujet-agent (flexion du verbe) et à un objet-
patient humain (enclitique personnel). Les enclitiques personnels sont :

mi3 P2 familier

ya3 P2 de politesse (vouvoiement)

ma1 P1

mi1 PC

On emploie pour la P3-objet les pronoms coréférentiels correspondants, ex. ri1,


‘personne de sexe masculin’.

52
Voici les désinences de la conjugaison SO-I, qui marquent la personne du
sujet :

-e1 P3 / P2

-a1 P1

-i1 PC

et des exemples de conjugaison avec le verbe di1čuę1 “attendre”, classés selon la


personne du sujet :

sujet P1
di1čuą1 mi3 “je t’attends”
di1čuą1 ya3 “je vous attends” (poli)

di1čuą1 ri1 “je l’attends”

sujet P2
di3čuę1 ma1 “tu m’attends”

di3čuę1 ri1 “tu l’attends”

sujet P3
di1čuę1 ma1 ri1 “il m’attend”

di1čuę1 mi3 ri1 “il t’attend”

di1čuę1 ri1 ya3 “il vous attend” (poli)

di1čuę1 mi1 ri1 “il nous attend”

sujet PC
di1čuį1 ri1 “nous l’attendons”

Remarque : dans les formes de P3, l’enclitique-objet précède le pronom coréférentiel


sujet ri1, sauf lorsque l’objet est à la P3 aussi : dans ces cas, l’ordre est sujet-objet.

53
Le modèle SO-I comprend des verbes mettant en relation deux êtres humains,
comme ti3ṣię1 “enseigner”, di3ṣe1 “obéir”, že3ňue1 “tromper, mentir”, etc.
La frontière entre classe S et classe SO-I n’est pas tout à fait nette : en effet,
certains verbes S se conjuguent selon le modèle SO-I lorsqu’un COI humain est
exprimé :
že3xi3 “il vend” (S) vs že3xe3 “il vend à quelqu’un” (SO-I)
Parfois le changement de conjugaison entraîne un changement de sens :
ni3ša3 “il parle” (S) vs ni3še3 “il gronde (quelqu’un)” (SO-I)

2.1.3. Classe SO-II

Les verbes qui se conjuguent selon le modèle SO-II ont des désinences-sujet de
type SO. Cette classe comprend des verbes dont la valence impose la présence d’un
objet-patient inanimé, mais celui-ci n’est pas signalé, contrairement au modèle SO-I,
par la présence d’un enclitique personnel. Les désinences sont les suivantes :

-e P3 (avec ton variable)

-e1 / -e1e2 P2

-a1 / -a1a2 P1

-i1 / -i1i2 PC

Voici deux exemples de verbes conjugués :

di3če3 “choisir” (ex. des fruits) ta2ka1re3 “ouvrir” (ex. une porte)
di3če3 “il choisit” ta2ka1re3 “il ouvre”

di3če1e2 “tu choisis” ta2ka1re1 “tu ouvres”

di1ča1 “je choisis” ta2ka1ra1 “j’ouvre”

di1či1 “nous choisissons” ta2ka1ri1 “nous ouvrons”

54
2.1.4. Classe SO-III

Les verbes de la classe SO-III appartiennent tous au champ sémantique de la


perception sensorielle (ex. sentir), mentale (ex. comprendre) ou physique (ex. rêver).
Ils expriment des procès soit involontaires, soit dont le sujet grammatical est le
patient. Les désinences sont :

-e1 P3

-e1e2 P2

-na1 P1

-ni1 PC

Remarque : les désinences de P3 et P2 fusionnent avec la voyelle finale du thème,


laquelle est audible uniquement à la P1 et à la PC ; par conséquent, ces verbes sont
présentés dans les dictionnaires comme des thèmes nus :

di3ṣį3- “avoir besoin de”


di3ṣię3 “il a besoin de”

di3ṣię1e2 “tu as besoin de”

dia3ṣį3na1 “j’ai besoin de”

di3ṣį3ni1 “nous avons besoin de”

2.1.5. Classe SO-IV

Dans l’énumération des classes de conjugaison donnée dans le paragraphe


2.2.1 nous avons, suivant VL, défini la classe SO-IV comme celle du passif. Or cela
n’est pas tout à fait exact : les deux verbes qui se conjuguent selon ce modèle,
bu2gi1- “naître” et tǫ1- “arriver, se passer”, se caractérisent en effet par l’identité de
l’agent et du patient du procès. Il s’agirait donc davantage d’une diathèse moyenne.
Voici les désinences, suivies des tables de conjugaison :

55
-e1 P3

-a1 / -a1a2 P2

-na1 P1

-ni1 PC

bu2gi1- “naître” tǫ1- “arriver, se passer”


bu2gie1 / bu2ge1 “il est né” tuę1 “(il) lui arrive”

bu2gia1a2 “tu es né” tuą1 “(il) t’arrive”

bu2gi1na1 “je suis né” tǫ1na1 “(il) m’arrive”

bu2gi1ni1 “nous sommes nés” tǫ1ni1 “(il) nous arrive”

2.1.6. Classe R

La réflexivité peut s’exprimer de plusieurs manières, dont la plus courante est


l’ajout d’un enclitique personnel (cf. § 2.2.1.2) ou d’un pronom coréférentiel (pour
la P3) à une forme verbale invariable :

tu1ṣe1 mi3 “tu te fatigues”

tu1ṣe1 ya3 “vous vous fatiguez” (vouvoiement)

tu1ṣe1 ri1 “il se fatigue”

tu1ṣe1 ma1 “je me fatigue”

tu1ṣe1 mi1 “nous nous fatiguons”

Dans certains verbes, la forme réfléchie s’obtient en ajoutant le préfixe ti2ri2- (que
l’on peut traduire de façon approximative par « se mettre (dans une position) ») à un
adjectif, ex. :
ti2ri2- + ma1 “caché”  ti2ri2ma1 “se cacher” (litt. « se mettre caché »)
Cette classe comprend beaucoup de verbes renvoyant à des actions involontaires
et/ou incontrôlables, comme xie3no3 “ronfler”, da2θe2 “tomber”, dʔe3 “mourir”,
etc.

56
2.2. Négation

Le suffixe de négation se réalise de façon différente selon la personne du sujet


et le contexte. Voici les formes qu’il peut assumer :

P3 / P2 -ʔa3 / -ʔya3 / -ʔna3


P1 -ʔa1 / -ʔya1 / -ʔna1
PC -ʔi1 / -ʔni1

Les formes nasales -ʔna3, -ʔna1 et -ʔni1 s’utilisent avec les verbes qui contiennent
une consonne ou une voyelle nasales :
ne2ʔna3 “il ne mange pas”
tį2į1ʔna3 “il ne fait pas mal”
Les formes caractérisées par la palatale /y/ s’emploient dans un registre oral ou
familier :
ta2ča1ʔya1 “je (ne) vole pas”
Le suffixe de négation s’ajoute toujours au verbe conjugué, que celui-ci soit suivi ou
non d’un enclitique personnel. La présence du suffixe de négation peut en outre
entraîner des modifications phonétiques ou tonales, selon le contexte.

2.3. Temps, aspect, mode et voix

Comme beaucoup d’autres langues, le chocho possède une catégorie ‘temps


verbal’ pour mettre en relation le moment de l’énonciation et un autre moment passé
ou futur. Le présent (PR) sert à marquer une relation de simultanéité ou à indiquer
une action habituelle, le passé (P) et le futur (F) expriment respectivement
l’antériorité et la postériorité. Il existe également une forme neutre, dite intemporelle
(INT) dont on se sert pour obtenir d’autres formes, comme le passé dit parfait (PP) et
le participe (PA) (§ 2.3.1 à 2.3.3)

57
Le chocho connaît également la catégorie de l’aspect, laquelle décrit le procès
envisagé du point de vue de son déroulement interne. (§ 2.3.4)
L’existence d’un mode subjonctif reste à vérifier, même si l’observation du
matériel jusqu’à présent recueilli semble confirmer cette hypothèse (§ 2.3.5)

2.3.1. Présent, passé, futur et forme intemporelle

Le temps verbal ne s’exprime pas de la même manière dans tous les verbes.
Les verbes dont le thème commence par une voyelle ont la possibilité de marquer le
temps par un préfixe consonantique : c’est le cas par exemple de -u3nga3 “éteindre”,

dont le paradigme temporel est tu3nga3 (PR), ku1nga3 (P) et cu3nga3 (F). Il existe
deux séries de préfixes temporels, l’une de consonnes sourdes (comme dans
l’exemple précédent), l’autre de consonnes sonores. Le choix entre l’une ou l’autre
dépend du verbe, c’est pourquoi il faut toujours citer le verbe dans l’une de ces
flexions temporelles, qui par convention sera le présent P3. Voici les deux séries :

PR P F INT
série a t- ku- c- k-
série b d- b- z- g-

et deux exemples de paradigmes temporels à la P3 : ta1kų1 “balayer” et dʔę3


“laver” :

PR P F INT
ta1xų1 kua1xų1 ca3xų1 -ka1kų1

PR P F INT
dʔę3 bʔę1 zʔę3 -gʔę3

Certains verbes, comme da3ňe2ʔ “écrire”, alternent les préfixes sonores de la série b
(P3) à ceux sourds de la série a (P2, P1 et PC) :

58
P3 P2 P1 PC
PR da3ňe2ʔ ta1ňa3ʔ ta1ňa1 ta1ňi1
P ba3ňe2ʔ kua1ňa3ʔ kua1ňa1 kua1ňi1
F za3ňe2ʔ ca1ňa3ʔ ca1ňa1 ca1ňi1
INT -ga3ňe2ʔ -ka1ňa3ʔ -ka1ňa1 -ka1ňi1

On pourrait affirmer, en observant le tableau précédent, que les tons ne subissent pas
de modifications à l’intérieur du paradigme temporel d’une même personne. Cela est
toutefois vrai uniquement pour les verbes dont le thème commence par une consonne
sonore suivie d’un ton bas, cf. le paradigme temporel de P3 de ti2nga1θa2 “marcher
sur, fouler”, dans lequel les tons sont différents pour chaque temps :

PR P F INT
ti2nga1θa2 kui1nga1θa2 ci3nga1θa1 -ki2nga1θa2

Il est vrai en revanche, et cela pour tous les verbes, que les tons ne varient pas à
l’intérieur du paradigme temporel de P1, P2 et PC.
Les verbes dont le thème commence par une consonne ne se comportent pas de
façon aussi régulière. Selon le verbe, la temporalité peut être marquée de plusieurs
manières différentes :
- les verbes dont le thème commence par la syllabe že3- (ou son allomorphe ra2-)

prennent le préfixe bi3- (ou be2-) au passé et le préfixe zi3- (ou ze2-) au futur,

comme že3xi3 “vendre” :

P3 P2 P1 PC
PR že3xi3 že3xia1 ra2xia1 ra2xi1
P bi3že3xi3 bi3že3xia3 be2ra2xia1 be2ra2xi1
F zi3že3xi3 zi3že3xia3 ze2ra2xia1 ze2ra2xi1
INT (-gi3)že3xi3 (-gi3)že3xia3 (-ge2)ra2xia1 (-ge2)ra2xi1

59
- les verbes qui commencent par n- prennent les préfixes bi1- au passé et š- au
futur ; la forme intemporelle reste non marquée. L’exemple montre le paradigme
de P3 de ni3ša3 “parler” :

PR P F INT
ni3ša3 bi1ni3ša3 šni3ša3 -ni3ša3

- dans les autres verbes dont le thème commence par une consonne, la temporalité
n’est pas marquée morphologiquement :
xie3no3 “il ronfle” / “il a ronflé” / “il ronflera”
mais dans certains cas elle peut l’être phonologiquement, cf. la variation tonale
dans l’exemple suivant :
c̣i3ka3 “il danse” vs c̣i1ka3 “il a dansé”

2.3.2. Passé parfait

Le passé dit « parfait » (PP) semble être utilisé pour décrire un procès achevé,
plus lointain dans le temps par rapport à un procès que l’on mettrait à la forme
standard (P) du passé. L’étude de la distinction entre ces deux temps est toutefois
encore à un stade initial et pourrait relever plus de la catégorie aspectuelle que
temporelle. Le passé parfait se forme en ajoutant le préfixe bi1- à la forme
intemporelle du verbe :
bi1- + -ki2nga1 (“courir”, INT)  bi1ki2nga1 “il a couru”

2.3.3. Participe

Le participe est, dans les langues qui connaissent ce mode, une forme verbale
nominalisée. Il peut, selon la langue, être marqué en temps et/ou en diathèse. Le
participe du chocho, que l’on obtient en ajoutant le préfixe ci1- à la forme
intemporelle du verbe, est du type passé-passif : il décrit le résultat d’une action sur
un objet. Sa particularité réside dans la distinction phonologique entre un participe
passé « verbal », lequel met l’accent sur le résultat de l’action :

60
ta1xų1 “il balaie”  ci1ka1xų1 nča3 “la maison est balayée”
et un participe passé « adjectival » ayant fonction d’épithète, dans ce dernier cas un
changement de ton a lieu au niveau de la pénultième ou de la dernière syllabe du
participe :
di3tu3rxa3 “il se marie”  ṛu2ndu3a3 ci1gi3tu3rxa1 “un homme marié”

2.3.4. Aspect

En chocho la catégorie de l’aspect possède des marques formelles, il s’agit


donc d’un aspect grammatical. On distingue trois types d’aspect :
- L’aspect inchoatif (INC) s’emploie pour focaliser l’attention sur le
commencement d’un procès ; il se forme en ajoutant le préfixe ci2- ou ci3- à la
forme intemporelle du verbe, et peut être traduit en français de façon
approximative par une forme périphrastique comme être sur le point de ou aller
+ infinitif, avec l’idée d’une action qui va débuter dans l’immédiat :
ci2.ke2ʔni1 ngu2 ňu3 “nous allons acheter une tortilla”
INC.achetons une tortilla
- L’aspect continuatif (CONT) indique un procès qui est en train de se dérouler,
envisage dans sa durée, sans visibilité sur sa fin. Marqué par le préfixe di1- (ou

son allophone di3- devant un verbe à la P2) qui se greffe au présent du verbe, il
peut, encore une fois de manière approximative, se traduire par être en train de
ou par un indicatif présent :
di3za3nga3 “tu es en train de pleurer, tu pleures”
- L’aspect consécutif (CONS) caractérise une action consécutive. Il est marqué par
le morphème du1- :

ndu1 mę1 sa1 u2šu2ʔ du1.dʔi3ce1 ri1 du1-da3dʔe2ngi1 ri1


Et donc le œuf CONS.prend CO CONS.suce CO
“Ensuite il attrape l’œuf… puis suce…”
La ressemblance entre le préfixe d’aspect consécutif et le connecteur ndu1 (dont

du1 est une prononciation alternative) souligne la parenté sémantique entre ces

61
deux éléments, que l’on peut probablement identifier en diachronie. Leur
distinction est d’ailleurs parfois problématique.

2.3.5. Subjonctif

Le terme « subjonctif » désigne, en l’état actuel des connaissances, toutes les


formes verbales que l’on ne peut rattacher aux temps de l’indicatif décrits jusqu’ici,
et dont les rôles dans l’énoncé sont semblables à ceux traditionnellement exprimés
par le subjonctif dans les langues romanes. Ce mode est signalé en chocho par l’ajout
du préfixe zu1- à la forme intemporelle du verbe ; il peut avoir selon les cas une
valeur exhortative ou optative :
zu1go1c̣i2i1 “allons nous coucher ! ; dormons !”
Pour les autres valeurs que le subjonctif peut assumer dans les langues romanes, le
chocho emploie le futur. Quant à l’impératif, ce mode n’est pas morphologiquement
marqué en chocho en dehors des formes de la première personne du pluriel que l’on
peut assimiler à la valeur exhortative du subjonctif (cf. exemple précédent) ; l’ordre
est exprimé par la seconde personne avec une intonation spécifique.
Pour exprimer la volonté (VOL), on ajoute le préfixe cu2- au passé d’un verbe
commençant par voyelle :
c̣u2kue1 “je veux chanter”

2.3.6. Diathèse passive

La voix passive semble ne pas avoir de marque morphologique propre.


Certains verbes possèdent une forme passive lexicale, toujours impersonnelle ; la
relation morphologique entre une forme active et son homologue passif est
irrégulière, comme le montrent les exemples suivants :

62
actif (P3) passif (impersonnel)
“acheter” de3ʔna3 dʔi2na3
“vendre” že3xi3 tu1ši2
“faire” že3 tǫ1
“construire” že1na3 tu1na2
“ouvrir” ta1re3 ~ ta2ka1re3 ra3re3 ~ ru3re3

- Les verbes passifs qui commencent par t- ou d- marquent la temporalité en


substituant à la première consonne les préfixes temporels des verbes actifs qui
commencent par voyelle :
dʔi2na3 “(il/elle) est acheté(e)” vs zʔi2na3 “(il/elle) sera acheté(e)”
La forme passive s’emploie également lorsque l’agent et le patient du procès sont
identiques (réflexivité) :
ra3re3 nda3ndu1xa3 “la porte s’ouvre” (litt. « s’ouvre la porte »)

2.3.7. Verbes causatifs

La causativité s’exprime par l’ajout de préfixes dérivés du verbe že3 “faire” à


un adjectif, un verbe ou un nom. Voici les préfixes :

- že3- / ži3- P3 / P2

- ra2- P1 / PC

Exemples :
- avec un adjectif :
že3- + ndu1ši3 “propre”  že3ndu1ši3 “il nettoie” (litt. « il fait propre »)
- avec un verbe :
že3- + tu1ṣe1 “il se fatigue”  ze3ku1ṣe1 “il fatigue, il lasse (quelqu’un)”

63
- avec un nom :
že3- + ṣa3ʔ “travail”  že3ṣa3ʔ “il travaille” (litt. « on le fait travailler » ?)

2.3.8. Autres préfixes

La liste suivante fait l’inventaire des préfixes que l’on rencontre fréquemment
dans les formes verbales de deux syllabes ou plus. La question si ces formes verbales
sont complètement lexicalisées ou si l’on peut au contraire identifier ces préfixes en
tant que morphèmes n’est pas encore réglée.
- ti2ri2-, préfixe réfléchi, exprime le fait de se mettre dans une position donnée :
ti2ri2ma1 “se cacher”
ti2ri2se1 “se baisser”
- de3- dénote un changement de position ou d’état :
de3ma3 “il cache (quelque chose)”
de3nga3θi1ma2 “il enroule (quelque chose)”
- da3- a à peu près le même signifié que le précédent :
da3re2ṣą3 “il ferme”
da3ra3te3 “il couvre”
- da3- peut également dénoter un mouvement du corps :
da3ʔṣe3 “il monte”
da3xį3 “il se baisse”

2.3.9. Auxiliaires

Ce que VL appelle « auxiliaires » sont des verbes que l’on emploie dans des
constructions périphrastiques de nature modale ou aspectuelle. Certains d’eux sont
étroitement liés, morphologiquement et sémantiquement, aux préfixes aspectuels
dont le sens est le même, mais se démarquent de ceux-ci par leur flexion de personne
et par la possibilité d’ajouter des enclitiques et des suffixes. En voici quelques-uns :

64
- ci3 (irrégulier) “être sur le point de” (cf. le préfixe aspectuel inchoatif ci2- / ci3-).
Lorsqu’il précède un autre verbe, il indique que le procès va commencer dans un
avenir très proche :
ci2a1 ci3te1 “je vais chanter”
- di1 (irrégulier ; cf. le préfixe aspectuel continuatif di1-), accompagné d’un autre
verbe, d’un adjectif ou d’un adverbe, il exprime un état d’âme :
xi1na2 di1 “il va bien”
- te1kǫ2 / ta1kǫ2 “vouloir” :
ta3kǫ1ǫ2 c̣i2ka3 da3 “veux-tu danser ?”
- c̣ua2ʔ “ne pas vouloir”
c̣ua2ʔ ma1 šne1 “je ne veux pas manger”
- tu1ňę1ę3 “pouvoir ; savoir”
- di3ṣį3- “avoir besoin de” :
di3ṣį3ni1 šti1 “nous avons besoin de manger”

2.3.10. Le connecteur ṣe 3

Le connecteur ṣe3 suit immédiatement le verbe et sert à introduire une


précision : provenance/origine, destination ou cause. Il possède une flexion propre,
qui suit celle du verbe :

P3 / P2 ṣe3
P1 ṣe1
PC ṣi1

Exemples :
- provenance/origine :
sua1 ya3 da3xį3 ṣe3 ya3 Nia1ʔ
vous (poli) descendez de CO colline
“Vous descendez de la colline”

65
- destination :
u1 ba1me2ngi1 ṣi1 nča3
maintenant nous rentrons à maison
“Maintenant nous rentrons à la maison”
- cause :
sa1 u2ňa3 bʔe1 ṣe3 ba3 xi3nďa3
le chien est mort de CO faim
“Le chien est mort de faim”.
Nous ne pouvons pas, en l’état actuel des connaissances, dire si ṣe3 introduit des
compléments circonstanciels (comme la traduction des exemples précédents pourrait
le laisser supposer) ou des COD/COI, la valence des verbes en chocho n’ayant pas
encore été abordée par les chercheurs.

2.3.11. Adverbes

Les adverbes de manière se positionnent en règle générale avant le mot qu’ils


modifient :
sa1 ta1 ďa1ʔ sʔe1 nďo3 ni3ša3 ni2
le monsieur ce très fort parle CO
“Ce monsieur parle très fort”
Les adverbes de lieu ou de temps précèdent le verbe :
ďa3 di1 nča3
ici est maison
“La maison est ici”
Dans un nombre de cas très limité, l’adverbe peut se trouver en fin de phrase :
di3ku3 ri3 žu1 ni2e1ni1 žu3rxi3 ge3ṣų2
part CO deux trois personne aussi
“Il partent également à deux ou trois”
Voici une liste des adverbes les plus utilisés :
• de temps :
ye2e3 “maintenant, aujourd’hui” ňo3xe3 “hier”

gǫ2ǫ1 “demain” dę2Nią3 “avant-hier”

di2Nki3 “après-demain” nda3ya3 “à l’aube”

66
či1xi3 “tôt” tu1šǫ3ʔ, ku1šǫ3ʔ, cu2ṣǫ3ʔ “tard”

gu2ne2θi2 “à midi” tu1xi1, ku1xi1, cu2xi1 “le soir”

gu2ne2θę2 “à minuit” tu1tie3, ku1tie3, cu2tie3 “la nuit”

žoṣe3 “toujours” nda1ndu2 ~ nda2ndu2 “alors”

i1ňa2 “de nouveau” na2nda1 “à peine”

sę2ęnǫ1 “avant” na3ʔ “encore”

di2xi2ṣe2 “parfois” u1, u2sta2 “déjà”


• de lieu :
nďa3 ~ ďa3 “ici ; là”

nďa3ʔ ~ ďa3ʔ “là-bas”


na1ťą1ʔ “plus loin”

xi1 “loin”

ča2ṣe3 “près”
• de quantité :
ča1 “plus”

i2ča1 “encore plus”

se1ʔ ~ sʔe1 “très ; beaucoup”


čo1kua1 peu
• de manière :
ṣę3ʔ “lentement”

du3ka3 “vite”

nďo3 “fort”

xi1na2 ~ i1na2 “bien”


či3nga3 “mal”

67
C. Syntaxe

L’étude de la syntaxe du chocho est encore à un stade d’ébauche. Nous


résumerons dans ce chapitre quelques points abordés par VL avant de faire
l’inventaire, dans la partie suivante, des sujets à approfondir ou à inaugurer.

1. Types de phrases

Le chocho distingue formellement la phrase déclarative (affirmative et


négative), la phrase interrogative et, avec certains verbes, la phrase injonctive.
• La phrase déclarative affirmative ne possède pas de marquage morphologique ou
syntaxique spécifique. La phrase négative se caractérise par l’adjonction du
suffixe négatif (cf. § 2.2) au verbe.
• La phrase interrogative globale conserve le même ordre des constituants
syntaxiques que l’affirmative correspondante, avec l’ajout du morphème da3 en
fin de phrase, lequel donne une tonalité descendant à l’ensemble de la phrase :
ta2kǫ1 c̣i2ka3 da3 “veux-tu danser ?”
vouloir danser.P2 INTERR
On peut répondre à ce type de question uniquement par la particule affirmative
i2xį1 “oui” :
i2xį1 c̣u2c̣i1ka1 “oui, je veux danser”
oui VOL.danser.P1
ou par la particule négative u2ne1 “non” :

u2ne1 c̣ua2ʔ ma1 c̣i1ka1 “oui, je veux danser”


non NEG.vouloir P1 danser.P1
• La phrase interrogative partielle s’ouvre toujours par un pronom ou un adverbe
interrogatif, immédiatement suivi du verbe ; le morphème interrogatif se
positionne toujours en fin de phrase :
ṣi1ndi3 di1 sa1 ta1 da3 “où est le monsieur ?”
où être.P3 le monsieur INTERR
Les interrogatifs ṣi1nda2 “quel” et i2se1 “combien” sont généralement suivis
d’un nom ou d’un pronom coréférentiel :

68
i2se1 u2ňa3 ža1sia3 da3 “combien de chiens as-tu ?”
combien chien avoir.P2 INTERR
L’interrogatif général sta1 et ses allomorphes stia1 et štia1 s’emploient surtout
devant un verbe :
stia1 ta1ne1 ya3 da3 “combien gagnez-vous ?”
que gagner.P2 P2vouv INTERR
La réponse à une interrogation partielle s’ouvre souvent par un pronom indéfini :
kʔua2ṣe3ngu3 dia1xi2 “personne n’entre”
personne.NEG entrer.P3
• La phrase injonctive se distingue de la phrase déclarative uniquement par
l’emploi du futur et une hausse du ton de la voix :
ca2re1 nda3ndu1xa3 “ferme la porte !”
F.fermer.P2 porte

2. Structure de la phrase

La phrase minimale est constituée d’un prédicat, sous forme de syntagme


verbal ou de forme verbale simple. Le prédicat se met systématiquement en relation
avec un sujet et parfois, selon la valence du verbe, avec un ou plusieurs objets.
L’ordre neutre des actants d’après le modèle de Greenberg est du type VSO :
di3ku3 sa1 ṛi1že3ṣuą3ʔ ngu2 nda3se1
porter.P3 le guérisseur un bâton
“Le guérisseur porte un bâton”
La mise en relief d’un actant se réalise par l’antéposition de celui-ci au verbe ; dans
ce cas, l’actant doit être repris anaphoriquement par un pronom coréférentiel qui se
place après le verbe :
sę2ęno1 sa1 ṛi1če3 dǫ3 ri1 sa1 ṛu2ga3ʔše3
premier le CLASS.garçon parler avec.P3 CO la CLASS.femme
“c’est le garçon qui le premier parle avec la femme”
Un objet indéfini peut suivre immédiatement le verbe et précéder le sujet :
di3 i2nda3ʔ sa1 ta1 “le monsieur boit de l’eau”
boire.P3 eau le monsieur
Les circonstanciels de temps ou de lieu, les adverbes interrogatifs et indéfinis et les
connecteurs logiques se placent en règle générale avant le prédicat :

69
mę3 sa1 ša3ade1na1 di1xu1 šą3
donc le village.POSS-P3 il y a.PL enfant
“Donc, dans mon village il y a des enfants”

3. Coréférence

Lorsque l’un des actants trouve antéposé au verbe, il doit être repris
anaphoriquement après le verbe par une forme dite coréférentielle. Il s’agit la plupart
du temps d’un pronom, dit coréférentiel (CO). Ces morphèmes peuvent également
être utilisés pour exprimer le genre à la suite d’un pronom de P3 ou d’un suffixe
possessif. S’agissant d’enclitiques, l’accent tonique ne tombe jamais sur eux.
Il existe trois types de pronoms coréférentiels :
• ceux qui présentent une correspondance morphologique et sémantique avec le
classificateur du nom qu’ils reprennent :

CO CLASS
ri1 ṛi1- personne de sexe masculin ; animal non domestique

c̣i1 c̣i1- personne de sexe féminin

ga3 ka2- plante ; vêtement

nda3 nda3- arbre ; objet en bois


su3 su3- fleur
Exemple :
c̣i1-ga3še3 ďą1ą3 u1 ci1tu1rxa2 c̣i1
CLASS.fille cette déjà mariée CO
“Cette fille, elle est déjà mariée”
• une deuxième catégorie comprend les pronoms coréférentiels qui n’ont pas de
lien bien défini avec le classificateur du nom qu’ils reprennent. Les voici :

ri3 être humain, sans distinction de sexe, d’âge ou de hiérarchie ; il peut


reprendre le classificateur ru2- “personne adulte” ou des noms
comme ṛu2 “personne” ou žu3rxi3 “gens”
ni2 exprime le respect, sans distinction de sexe ; il s’emploie avec des
noms comme na1 “dame” ou ta1 “monsieur”, il peut également servir
à former le pluriel comme dans sa1 ni2 “les monsieurs”

70
ba3 reprend les noms qui prennent le classificateur des animaux
domestiques u2-
ru3 reprend les noms qui prennent le classificateur des fruits/objets ronds
ťu3-, et tous les noms sans classificateur ayant les mêmes
caractéristiques
Exemple :
sa1 ťu3ce3 še1ma1 ru3
le CLASS.citron sec CO
“le citron est sec”
• le troisième type de pronom coréférentiel est une simple reprise, plus ou moins
identique, du même nom :
sa1 šą3 di1 šą3 sa1 nda1šę1 šą3
le enfant est CO le hamac.POSS-P3 CO
“L’enfant qui est sur son hamac”
Lorsque les deux actants, sujet et objet, sont repris par un pronom coréférentiel,
celui du sujet précède l’autre :
že3ndu1ši3 ri3 šą3 punte1 sa1 na3še1 ri3
nettoyer.P3 COsuj COobj pointe.POSS-P3 la tissu.POSS-P3 COsuj
“(La personne) le nettoie (l’enfant) avec la pointe de son tissu (à elle) ”

4. Les connecteurs logiques

Le connecteur ni3 sert à introduire une subordonnée complétive :

ti2nda1ni1ňi3 c̣u3 ri1 ni3 u1 di1tu1ku2sa1 šą3


alors direA.P3 COsujA NI déjà CONT.se rétablirB COsujB
“alors il dit (la personne) qu’il est déjà en train de se rétablir (l’enfant)”
ni3 peut également être interprété comme un introducteur de discours direct : dans ce
cas l’énoncé de l’exemple sera traduit différemment : « Alors il dit (la personne) : “il
est déjà en train de se rétablir” ».
Les autres connecteurs, dont une liste non exhaustive est donnée ci-après, se
placent au début de la subordonnée qu’ils introduisent.

ti2nda1 ~ xi2nda1 “alors, ensuite”


xi1ṣa2ni3 “lorsque”

71
xa3 “parce que”

me2ṣa3 “pour cela, pour cette raison”

kuę1ni2 “pour que”

a2ṛa3 “si”

Le suffixe -ňi3 s’ajoute aux connecteurs pour effectuer une mise en relief, ex. :

me2ṣa3ňi3 “c’est pour cela que…”


N’ayant pas de marque morphologique propre, la coordination s’effectue par
simple juxtaposition :
ṣi1nda2θi2 ci3 sa1 ta1 sa1 na1
lorsque aller.P3 le père la mère
“lorsque le père et la mère iront…”

5. La fonction attribut

Le chocho présente des constructions prédicatives que l’on pourrait qualifier


d’attributives. Lorsque l’attribut du sujet est un nom, celui-ci est introduit par
l’auxiliaire (AUX) tǫ1 suivi d’un enclitique personnel :

tǫ1 ma1 c̣i1ga 3ʔše3 “je suis une femme”


AUX P1 femme

tǫ1 mi2 ngu2 ṛu2ndu3a3 “je suis un monsieur”


AUX P2 un monsieur
Lorsque la fonction attribut est assumée par un adjectif, on peut énumérer trois cas de
figure :
• le sujet est pronominal et l’adjectif-attribut se comporte comme un verbe
réfléchi : dans ce cas il est invariable et il est suivi de l’enclitique personnel :
šu3 ma1 “je suis gros”
ro3 ma1 “je suis maigre”
• le sujet est pronominal et l’adjectif-attribut, toujours suivi de l’enclitique
personnel, se verbalise par l’ajout du préfixe tu1- :

tu1ňue1 ma1 “je suis pauvre” (ou “je m’appauvris”)

72
tu1se1ʔ ma1 “je suis faible” (ou “je m’affaiblis”)
• le sujet est un nom : dans ce cas, l’adjectif en fonction d’attribut occupe la place
du verbe selon l’ordre neutre des constituants syntaxiques, c’est à dire en tête de
phrase :
ṣua1ʔ sa1 sį3ʔ “le lait est frais”
frais le lait
L’emploi d’un adjectif indéfini de quantité (ex. ka1ťa2) devant un nom permet trois
interprétations, dont une attributive :
“beaucoup de maisons”
ka1ťa2 nča3 “ce sont beaucoup de maisons”
“les maisons sont nombreuses”

73
III. OUVERTURES

Cette dernière partie du mémoire, qui peut aussi être considéré une conclusion
provisoire, se configure comme un inventaire synthétique des points de morphologie
et de syntaxe qui restent à étudier, ou sur lesquels il convient de revenir ; elle
comprend également toutes les questions que nous nous sommes posées au fil des
chapitres précédents. Ces questions, dont les réponses seront à rechercher dans le
cadre de missions de terrain, constituent autant de points de départ provisoires pour
notre projet de thèse. Celui-ci sera centré sur des questions essentiellement
linguistiques, et notamment la prédication, la valence et l’agencement des
constituants syntaxiques, sans laisser de côté les aspects sociolinguistiques et
ethnologiques les plus pertinents.
Il faudrait tout d’abord, préalablement aux investigations linguistiques sur le
terrain, et afin de les organiser de la façon la plus efficace, mener des enquêtes
minutieuses dans le but de mettre à jour les statistiques sur le nombre de locuteurs du
chocho. Il s’agirait de dénombrer, dans les quatre villages chochophones, combien de
personnes se définissent d’ethnie chocho, combien parmi eux parlent la langue, et
combien parmi ces derniers sont monolingues. Il serait également intéressant de
savoir de combien de locuteurs le chocho dispose en dehors du peuple chocho, parmi
les locuteurs des langues limitrophes.

A. Questions linguistiques

• statut du classificateur : la plupart des noms en chocho portent un classificateur,


que l’on ne peut supprimer dans la très grande majorité des cas. Il existe
toutefois des situations où le classificateur disparaît, par ex. au profit d’un
article indéfini :
u2ba3 vs ngu2 ba3
CLASS.animal un animal
Que l’ensemble ‘CLASS.nom’ soit grammaticalement non segmentable est
certain ; on peut en revanche se demander, en observant ces exemples, si une

74
segmentation sémantique est nécessaire dans le cadre d’un lexique ou d’un
dictionnaire, en présentant chaque élément avec un tiret (ou un autre signe
typographique ad hoc si on veut le distinguer des affixes proprement dits)
pour signifier sa dépendance de l’autre dans le cadre de l’énoncé.
• actualisation du nom, rôle syntaxique du suffixe possessif et des articles : existe-
t-il une telle fonction syntaxique en chocho et dans quels cas intervient-elle ?
Peut-on définir par conséquent une classe d’actualisateurs du nom ? Les
classificateurs pourraient être définis comme des actualisateurs, si ce n’était
qu’ils ne peuvent jamais être séparés du nom qu’ils accompagnent. Certains
noms, comme les termes de parenté, sont toujours accompagnés d’un suffixe
possessif, mais la fréquence relativement basse de ce type d’occurrence ne
nous permet pas, pour le moment, d’associer les possessifs à une classe
d’actualisateurs. Il existe d’autre part des articles définis et indéfinis, lesquels
ne sont pas incompatibles avec les possessifs. Par ailleurs, d’après nos
observations, l’article n’est pas obligatoire, et servirait plutot à mettre en
relief, selon les intentions du locuteur, le caractère défini (sa1) ou indéfini

(ngu2) d’un nom.


• déictiques : nous avons parlé des démonstratifs (§ 1.11) et des adverbes de temps
(§ 2.3.11). Quelle est leur valeur déictique, autrement dit de quelle façon ces
morphèmes établissent le lien entre le contexte énonciatif et la réalité spatiale
et temporelle ?
• discours direct vs indirect : dans le chapitre dédié aux connecteurs logiques nous
avons brièvement analysé la fonction de ni3 : il semblerait que ce connecteur
introduise un discours rapporté, sans toutefois marquer une différence claire
entre discours direct et indirect. Il conviendra donc de vérifier si vraiment le
chocho ne distingue pas ces deux types de discours rapportés, c’est-à-dire si
cette distinction ne se manifeste que grâce à la situation.
• interrogation : d’après VL, une affirmation peut être transformée en
interrogation, globale ou partielle, par le simple ajout du morphème da3 en fin
de phrase. Cela ne dit toutefois pas sur quel élément de la phrase porte
l’interrogation, ni si celle-ci est globale ou partielle. Si l’on reprend
l’exemple :

75
ta2kǫ1 c̣i2ka3 da3 “veux-tu danser ?”
vouloir danser.P2 INTERR
Il n’y a apparemment pas moyen de savoir si la question porte sur l’envie de
danser (« veux-tu danser, oui ou non ? ») ou sur la danse (veux-tu danser, ou
faire autre chose ? ») Il faudra donc, à l’aide d’autres exemples recueillis sur
le terrain, vérifier si la mise en relief de l’élément sur lequel porte la question
s’effectue par des moyens syntaxiques (et notamment par la position de
l’élément en question) ou par l’intonation.
• classes de mots : la classification des mots selon la principale fonction syntaxique
qu’ils peuvent prendre en charge est à réviser minutieusement, notamment
pour éviter tout type d’assimilation hâtive aux classes des langues occidentales
dont la fonction semble proche. Dans les brefs chapitres dédiés aux pronoms
interrogatifs et indéfinis, VL inclut des mots dont la nature semble plus
adverbiale (notamment par l’absence de flexion et l’absence d’un antécédent
en contexte ou d’un référent en situation) que pronominale.
• catégories grammaticales : parallèlement à la redéfinition des classes de mots, il
sera également nécessaire de procédér à une révision des catégories
grammaticales. Si la catégorie ‘temps verbal’ semble solidement définie, il
n’en va en effet pas de même pour le mode. Ainsi, la valeur exhortative du
subjonctif doit être comparée avec les formes de l’impératif de P1/PC, afin
d’identifier les marques formelles de l’un et des autres, ou au contraire réunir
les deux sous une même étiquette ‘injonctif-exhortatif’.
• temps verbaux et aspect : si le temps verbal est une catégorie clairement identifié,
il faudra néanmoins mettre celle-ci en relation avec l’aspect pour répondre à
un certain nombre de questions, et d’abord celle de la distinction achevé vs
inachevé. D’un point de vue morphologique, cette opposition semble ne pas
relever du temporel, en d’autres mots il n’y a pas de temps verbal du passé qui
soit clairement dévolu à l’expression de l’achevé (temps du parfait) ou de
l’inachevé (temps de l’imparfait). D’après notre observation du corpus de VL,
le passé (P) décrirait des procès achevés, alors que l’inachevé serait pris en
charge par la synergie entre le préfixe d’aspect continuatif di1- et l’enclitique

du passé kǫ1, comme dans l’exemple :

76
di1ta1xų1 ya3 kǫ1 nča3
CONT.balayer.P2 P2vouv P maison
“vous étiez en train de balayer la maison”, “vous balayiez la maison”
Il est également nécessaire d’étudier plus en profondeur la différence entre
passé (P) et passé parfait (PP) ; en effet, dire que ce dernier décrit un procès
achevé plus éloigné dans le temps est une remarque aussi empirique que
subjective, qui ne nous dit rien sur l’emploi de l’un ou de l’autre temps : sont-
ils complémentaires (le passé parfait peut-il s’employer par ex. pour exprimer
l’antériorité dans un énoncé du type « passé dans le passé ? » ?) ou font-ils
partie d’un même paradigme (cas dans lequel le choix entre l’un et l’autre se
ferait sur d’autres critères, temporels par ex.) ? Pour résumer : y a-t-il une
opposition entre P et PP, et si oui, s’agit-il d’une opposition temporelle ou
aspectuelle ?
• temps verbaux et énonciation : parmi les questions les plus complexes à résoudre
il y a celle de la correspondance entre tenses (temps verbaux) et time (temps
chronologique), laquelle peut varier d’une langue à une autre, ainsi que celle
des valeurs qu’un temps verbal peut assumer en dehors de son emploi
« neutre »19. Une autre question étroitement liée à la première est celle de la
relation entre temps verbaux et ancrage/non-ancrage du procès par rapport au
moment de l’énonciation (cf. Benveniste)
• structure syntaxique : la structure syntaxique de la phrase du chocho a été très
peu étudiée jusqu’à présent, et doit être considérée comme prioritaire. Parmi
les points à explorer, il y a d’abord la structure actancielle, selon l’ordre
logique suivant :
a. identification et définition du noyau verbal de la phrase
b. vérification de la pertinence de la notion de valence et classification des
verbes selon celle-ci
c. étude approfondie de la structure actancielle : de quelle façon les actants
s’organisent-ils autour du noyau ? Sur la base des analyses que nous
effectuerons, nous devrons être capable de rattacher le chocho à l’un des trois
types de structure actancielle connus (accusative, ergative ou active-inactive).

19
En français par ex., le futur peut assumer parfois une valeur impérative : « Tu mangeras ta
soupe ! »

77
Carol Mock a émis la première, en 1984, l’hypothèse du chocho comme
langue active-inactive ; il est vrai, d’après le corpus limité à notre disposition,
que le sujet d’un verbe est exprimé parfois par une flexion personnelle, parfois
par un enclitique, dont la fonction principale est d’exprimer l’objet. La
réponse à cette question pourrait se trouver dans la différence entre verbes S et
verbes SO, mais d’autres pistes pourraient s’ouvrir au fil de notre étude. Si le
chocho confirme sa nature de langue active-inactive, cela constituera une
avancée dans le domaine de la linguistique générale aussi, en renforçant et en
définissant le statut de ce modèle, dont les contours sont encore flous par
rapport aux deux autres.
• tons : l’étude des tons constitue l’autre grand chantier sur lequel il faut travailler
en priorité. Avec l’aide d’un tonologue expérimenté, qui nous renseignerait de
façon détaillée sur leur nature phonétique, nous allons tenter tout d’abord de
définir la fonction syntaxique des tons, et notamment dans les structures
prédicatives : il s’agira de vérifier si les tons jouent un rôle dans la mise en
relief du propos par rapport au thème
• création lexicale : quels sont les procédés de création lexicale du chocho ? Cette
langue possède-t-elle des outils de néologie efficaces qui lui permettent de
suivre l’évolution de la réalité environnante, ou préfère-t-elle emprunter de
nouveaux mots à l’espagnol avec de simples adaptations phonétiques ?
• évolution de la langue : nous essayerons, dans les limites du temps que nous
aurons à disposition sur le terrain, d’étudier la façon dont la langue évolue
dans sa forme. D’après VL, les tons seraient lentement en train de disparaître
sous l’influence de l’espagnol : par quels procédés le chocho est-il en train de
les remplacer, et dans lesquelles de leurs fonctions ? Dans le domaine de la
morphologie, nous allons enquêter sur la lexicalisation de certaines formes,
comme le passif et certaines formes préfixées. Une enquête de terrain nous
permettra aussi d’observer de quelle façon la langue a évolué depuis l’étude de
VL, et par conséquent de mesurer à quelle vitesse elle est en train de changer.
• comparaison entre les différentes variétés du chocho et entre le chocho et les
autres langues popolocanes : notre étude se concentre sur le chocho de Santa
Catarina Ocotlán, et – hormis une description synthétique des différences

78
phonétiques – ne prend pas du tout en compte les autres variétés. Celles-ci
devront toutefois être approfondies à l’avenir, non tant pour décider s’il s’agit
de langues ou de dialectes, ni pour tester leur degré d’interintelligibilité, mais
pour pourvoir mieux répondre aux questions énumérées ci-dessus. Le même
discours est valable sur une échelle moindre pour les autres langues
popolocanes, dont une sélection bibliographique est fournie en fin de volume.

B. Questions sociolinguistiques et ethnographiques

• domaines d’usage : il est nécessaire, voire urgent, d’observer dans quelles


sphères d’usage le chocho est employé couramment, dans lesquelles il est en
concurrence avec l’espagnol (en régime de code mixing ou code switching) et
dans lesquelles il a été complètement supplanté par ce dernier ; ces
observation doivent être accompagnées par l’étude des tendances selon
lesquelles le castillan envahit peu à peu les domaines discursifs du chocho.
• actions : quelles sont les actions menées localement pour la sauvegarde et la
(re)diffusion du chocho, et quel est le niveau d’engagement des
gouvernements national et fédéral dans ces actions ? Quels bénéfices nos
recherches peuvent-elles apporter aux populations concernées ?
• corpus : dans un double objectif de sauvegarde des traditions et d’étude
linguistique, un inventaire détaillé des textes du chocho, écrits et oraux, est
indispensable.

79
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