Vous êtes sur la page 1sur 155

Université de Mansourah

Faculté de Pédagogie
Département du Français

LA LINGUISTIQUE
(La linguistique contrastive)
(F.421)

QUATRIÈME ANNÉE
DEUXIÈME SEMESTRE

DR. ABDELWAHAB ELSAADANI

Professeur en linguistique française


Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Descriptif académique du programme


1) Identification du Programme:

Appellation de la matière Linguistique


d'enseignement
Année et semestre d’étude 4ième année/2ième
semestre
Code du programme F421
Nombre d'heures 3 heures
hebdomadaires
Répartition du nombre Conférences (3)
d'heures hebdomadaires
Date de la spécification de (17/1/2016)
l'accréditation

2) Objectifs du Programme d'Enseignement:


 Identifier les objectifs de la linguistique
générale par rapport à ceux de la linguistique
appliquée.
 Reconnaître les difficultés phonologiques
morphologiques et syntaxiques propres à la
langue française.
 Reconnaître les causes des erreurs langagières.
 Préciser erreurs phonologiques,
morphologiques et syntaxiques dues à
l'interférence.
 Discerner les aspects des ressemblances et
différences entre les deux systèmes : le français
et l'arabe.

3
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

3) Résultats Escomptés
Thèmes Objectifs du Objectifs des cours
programme

2.1.75. Identifier la
2.1.75. 1.Définir la
linguistiques linguistique appliquée .
appliquée et ses 2.1.75. 2. Reconnaitre les
domaines divers domaines de la
linguistique appliquée .
2.1.75.3. Définir les
objectifs de la linguistique
appliquée et ses rapports
au Fle.
En connaissances et compréhension

2.1.75. 4.Identifier les


fonctions de l'analyse
syntaxique.
2.1.1.
2.1.78. Reconnaitre 2.1.78.1.Identifier les
les types des difficultés phonologiques
erreurs propres à la langue
linguistiques française.
2.1.78.2.Identifier les
difficultés
morphosyntaxiques.
2.1.78.3. Décrire les
erreurs langagières propre
à la grammaire
2.1.78.4. Décrire les
erreurs langagières propre
au génie de la langue
2.1.78.5. Décrire les
erreurs langagières propre

4
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Objectifs du Objectifs des cours


Thèmes programme

à l’interférence
2/1/76.Préciser les 2/1/76/1. Préciser les
domaines de principes de l'analyse des
l'application des erreurs phonologiques,
théories et des 2/1/76/2. Préciser les
modèles principes de l'analyse des
linguistiques erreurs morphologiques
2/1/76/3.Préciser les
principes de l'analyse des
erreurs syntaxiques.
2/2/22. Concevoir 2/2/22/1. Comparer la
les relations linguistique générale à la
interdisciplinaires linguistique appliquée
entre les différentes 2/2/22/2.Distinguer les
branches de la aspects des ressemblances
. En aptitudes intellectuelles:

linguistique. et des différences entre le


français et l’arabe.
2/2/26.Utiliser la 2.2.26.1. Analyser la
langue pour la relation entre la langue et
communication l'organisation
sociale d'une socioculturelle.
manière convenable 2.2.26.2Critiquer le génie
à la situation et aux de la langue cible.
rapports sociaux 2.2.26.3Comparer les
entre les individus. niveaux de langue des
classes sociales.
2.2.38. Discerner les 2/2/38/1. Comparer les

5
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Objectifs du Objectifs des cours


Thèmes programme

aspects des deux systèmes au niveau


ressemblances et de la phonologie, de la
des différences morphologie et de la
entre le français et syntaxe.
l’arabe. 2/2/38/2. Analyse des
erreurs phonétiques,
morphologiques et
syntaxiques dues à
l’interférence
entre l’arabe et le français.
2/3/25.Appliquer 2/3/25/1.Utiliser de
les règles façon exacte un répertoire
syntaxiques à de vocabulaire propre à la
En aptitudes pratiques et professionnelles:

structurer des linguistique appliquée


phrases 2/3/25/2. Maitriser les
syntaxiquement et procédés de l'analyse
sémantiquement phonologique,
correctes. morphologique et
syntaxique du français
parlé et du français écrit.
2/3/25/3.Appliquer les
théories syntaxiques sur
les textes littéraires
2/3/44.Appliquer 2/3/44/1Maitriser
ses connaissances l'analyse des éléments
linguistiques dans morphosyntaxiques de la
les différents phrase française

6
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Objectifs du Objectifs des cours


Thèmes programme

domaines de la 2/3/44/2. Appliquer les


linguistique théories syntaxiques sur
générale et les un texte littéraire
sciences 2/3/44/3.Effectuer les
interdisciplinaires. théories syntaxiques dans
les pratiques de classe du
Fle.
2/4/4.Utiliser les 2/4/4/1. Profiter de la
divers nouveaux technologie de
supports l’information pour
technologiques développer ses
pour la recherche connaissances
En aptitudes générales et transmises:

des informations. 2/4/4/2. fonctionner de la


technologie de
l’information pour
enrichir les compétences
de ses étudiants normaux
et handicapés.
2/4/7.Se 2/4/7/1.pratiquer ses
communiquer en compétences langagières
français oralement dans ou hors de l’école en
et par écrite avec offrant des consultations
l'autrui. langagières pour tous.

2/4/7/2.Adopter une
tendance positive envers
la culture et la civilisation
française en respectant et
défendant la civilisation et
la culture arabe.

7
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

4) Contenu du programme d'enseignement:

Sujet Sujets enseignés semaine


1  Définition et objectifs de la Semaine
linguistique appliquée. (1)
 La linguistique appliquée
et la didactique
2  Les difficultés du Semaines
français parlé (2 -3)
 Difficultés
morphosyntaxiques…
 Liaisons…
 La graphie « h »
 Interrogation…
 Négation…
 Modes et temps…
 Prépositions
 Les relatifs
3  Pourquoi faisons Semaines
des erreurs ? (4 -6)
 La grammaire
 Le génie de la langue
 L’interférence
L’ignorance des parleurs
4  Système phonologique en Semaines
français (7 -8)
 Système phonologique en
arabe
 Analyses des interférences
dues au système
consonantique
 Analyses des interférences
dues au système vocalique

8
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

5  Analyse des interférences Semaines


morphologiques (9-12)
 Analyse des interférences
lexicale
 Analyse des interférences
syntaxiques

5) Evaluation de l’étudiant:
a. Répartition des horaires :
Méthodes Semaine
Examen demi-semestriel Dixième semaine
Examen final Après la 14ième semaine
b. Répartition des notes :
N° de Réf. Méthode Date du Pourcentage
contrôle alloué
1 Examen 30
partiel
2 Participation 15
à la classe
3 Examen final 105
Total 150

6) Sources :
Titre du livre Lieu et Maison Auteur Date
d'édition
Analyse des Bureau Ministère de 1970.
fautes dues aux d'études l'Education
interférences. pédagogiques, Nationale
Casablanca,
Le français Thèse de Elsadaani, A. 1999.
parlé par les doctorat

9
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Titre du livre Lieu et Maison Auteur Date


d'édition
enseignants inédite
phonologie -
morphologie-
syntaxe,
Comment Dubois- Paris, 1990
s’initier à la Charlier(F.) Larousse,
linguistique?
Introduction à Choi-Jonin Paris, 2004
la (Injoo) Presse
méthodologie &Delhy universitaires
en linguistique, (Corinne), de Strasbourg
Manuel de la Builles (Jean- Nathan, 2010
linguistique Michel), Paris,
descriptive, le
point de vue
fonctionnel,
Introduction à Elsaadani Mansourah, 2015
la Linguistique (Adelwahab), Edition Dar
Française, El Islam
Le Colette Paris, P.U.F. 2001.
fonctionnalisme Feuillard,
d'André
Martinet,
Cours de Ferdinand de Paris, 1980
linguistique Saussure, Payot,
générale,
Introduction à Jacques Paris, A 2000.
la linguistique Moeschler colin,
contemporaine,

10
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Symboles et notations employés


[ ] Crochets droits : transcription phonétique
/ / Barres obliques : transcription phonologique
« » Les guillemets indiquent le sens en français
* Productions fautives : phonétique, morphologique ou
syntaxique.
SIGNES NÉCESSAIRES
POUR TRANSCRIRE LE FRANÇAIS
VOYELLES ORALES CONSONNES
[a] bal, roi, noyer [p] paquet, après, coupe
[e] été, je plongeai [b] bébé, abîmé, club
[ε] belle-mère, fête, mais, lait [d] dire, odeur, aide
[i] mille, cygne, île [t] tas, attendre, vite
[o] pot, côte, beau [k] cou, barque, chœur
[ɔ] port, pomme, Paul [g] goût, agrafeuse, gai
[u] loup, roux, cour [f] fou, affreux, effacer
[y] pur, lune, but, il eut [v] vent, avenir, vert
[ø]feu, nœud, jeûne [s] sac, essai, leçon
[œ] beurre, fauteuil, œil [z] zoo, oiseau, dixième
[ə] le, petit, lever [ʒ] je, joli, âge
[∫] Chat, lâcher, bêche
[l] lire, relever, aile
[R] rire, arriver,
[m] mot, âme, lime
[n] nager, année, bonne
[ɲ] Oignon, cigogne,
[] Camping, parking
VOYELLES NASALES SEMI-CONSONNES
[ ] simple, examen, bain [j] œil, yeux, paille, lier
[œ]un, emprunt, parfum [Ч] puis, tuer, nuit
[õ]songe, plomb [w] ouest, oui, toit
[ã]lent, paon, chant

11
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

12
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Introduction
De la linguistique appliquée à la
linguistique contrastive

La linguistique contrastive fait partie de la


linguistique appliquée ; elle est une étude
comparative de deux systèmes de langue. Dans
le domaine de l'apprentissage d'une langue
étrangère, elle suppose que l'étude d'une langue
étrangère ou seconde (L2) ne pose pas les
mêmes problèmes que l'apprentissage de la
langue maternelle (L1). Elle a donc pour objectif
de prévoir, de décrire et d'expliquer les fautes et
les difficultés dues à l'influence de L1 qui font
par exemple qu'un élève allemand ou arabe
dira : « la soleil »», un élève anglais ou
arabe: « son maison », un élève arabe : « le
livre que je le lis », etc. C'est ce qu'on appelle
l'interférence interlinguale.
Comme enseignant du FLE et spécialiste en
linguistique, je voudrais offrir à mes étudiants
et à mes collègues, les enseignants du français,

13
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

une étude propre à l'interférence interlinguale


en vue de profiter des traits communs entre les
deux systèmes au processus de l’enseignement
et / ou d’éviter particulièrement les erreurs dues
surtout à l’influence négative de leur langue
maternelle - l’arabe - sur la langue cible c’est-à-
dire le français.
Notre analyse linguistique part de l’observation
du français parlé et écrit de nos informateurs
arabophones vers la description objective qui
portera sur la phonologie, la morphologie et la
syntaxe.
Qu'est-ce que la linguistique Appliquée?

Selon Py1 " La linguistique appliquée est une


activité de recherche qui étudie le langage en
tant qu’il intervient de manière centrale dans
diverses pratiques sociales telles que
l’enseignement et l’apprentissage des langues,

1
- Py, B. , (1996)“Les apports de la didactique à la linguistique” in La
Linguistique Appliquée : points de vue et perspectives. Actes du 1er
Symposium organisé par la COFDELA Université Stendhal-Grenoble III
18, 19 et 20 Janvier, p.13
14
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

les migrations, l’éducation (principalement en


milieu plurilingue)."
Cette définition nous renseigne sur les fonctions
multiples de la linguistique appliquée:
 Familiariser les apprenants d’une langue
seconde à ce qui la diffère de leur langue
maternelle en termes de sons, de
paradigmes et de syntagmes, est l’objectif
primordial de la linguistique appliquée.
 Comparer les analyses linguistiques de la
langue sources à celles de la langue cible
afin de pouvoir mettre en exergue les
difficultés de l’apprenant, décrire la langue
cible pour faciliter son apprentissage et
élaborer les règles de son parler.
 planifier, présenter les aides et analyser
profondément les langues
contemporaines.
De ce qui précède, on constate l’importance de la
linguistique appliquée dans une école de masse
et avec des apprenants acquérant une langue qui
n’est pas la leur : La linguistique appliquée

15
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

pourrait aider à minimiser les difficultés de


l’apprentissage d’une langue étrangère.

La linguistique appliquée et la didactique

• En France, le terme de linguistique appliquée


entre en usage à partir de 1958 avec la création
du C.L.A.B. (Centre de linguistique appliquée de
Besançon) et de l'A.T.A.L.A. (association de
traduction automatique et de linguistique
appliquée) en 1959. En juillet 1965, l'A.F.L.A.
(Association française de linguistique appliquée
de Besançon) organise son premier séminaire.
• C'est une période de compréhension entre les
linguistes et ceux que l'on n'appelle pas encore
les "didacticiens".
• à partir de 1968, les spécialistes du français
langue étrangère, travaillant au CREDIF
(Centre de recherche et d'étude pour la
diffusion du français) ou au BELC (Bureau
pour l’enseignement de la langue et de la
civilisation françaises à l’étranger)

16
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

commencent à se faire connaître. L'union entre


les deux disciplines n'est plus aussi heureuse.
• à partir de 1970, la linguistique n'est plus
présentée comme le domaine essentiel de
référence.
• les termes de « linguistique appliquée » sont
de moins en moins employés et actuellement
cette détermination est refusée p ar les
didacticiens, la didactique voulant voler de ses
propres ailes.

17
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

18
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Première partie
Les difficultés du
français
Pour quelles raisons
faisons-nous des erreurs?

19
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

20
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Communiquer ou plutôt transmettre un message


n’est pas une simple opération, il y aurait des
difficultés qui embarrassent ou gênent le sujet
parlant lorsqu'il prépare ce qu'il veut dire et
aussi lorsqu'il émet ce qu'il a plus ou moins
préparé. Étudions brièvement ces difficultés

I- Les difficultés morphophonologiques

En entendant les séquences sonores [ par, vwa,


vi, ty, syr] émis sur un ton égal, nous ne savons
qu'en faire. Par contre, sur un ton de
commandement nous les interprétons en
« pars, vois, vis, tue », mais il nous faut
entendre [syr] sur une autre modulation :
descendante ou exclamative : « sûr !» pour
comprendre ce que peut vouloir dire la suite des
trois sons [s-y-r]. Autrement, ces syllabes ne
prendront quelque sens que si elles sont
précédées ou suivies d'autres séquences, plus
particulièrement celles que supportent ce que
nous appelons des mots outils ou des mots
auxiliaires : la part/il part, il voit, une voix,
sur la voie, la voie de chemin de fer, la vie / il
21
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

vit (ce dernier emploi est ambigu car il peut


correspondre soit à la 3e personne du singulier
du présent de l'indicatif du verbe vivre, soit à
celle du passé simple du verbe voir), il tue, tu
es là, ce fruit est sur la table, c'est sûr, bien
sûr etc. C'est dire que les mots brefs ont presque
toujours besoin d'être étayés par des mots
auxiliaires ou associés à d'autre mots .

Mais dès qu'il s'agit de vocables de plus de


corpulence, les choses changent et beaucoup
d'entre eux, dès qu'ils sont prononcés, sont
aussitôt compris. Même s'ils sont présentés
isolément, personne n'hésite à reconnaître le
sens de mots tels que : cheval, arbre, montagne,
rapidement, suivre, etc. Il existe donc deux
sortes de vocables, ceux dont le corps phonique
est suffisant pour supporter leur signification
intrinsèque et ceux auxquels il faut ajouter une
marque appropriée qui situe leur signification. Il
est clair que cette différence de comportement
exige de la part du parleur comme de son
interlocuteur des précautions de toutes sortes,

22
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

plus particulièrement en ce qui concerne


l'emploi des mots monosyllabiques. Dans ce
dernier cas, il arrive souvent qu'une même suite
de sons est commune à plusieurs vocables de
sens différents qui se trouvent de ce fait être
homophones. En d'autres termes, des mots de
sens différents se prononcent de la même façon
et il est quelquefois assez difficile de parvenir à
les départager suffisamment ou exclure toute
ambiguïté. Un seul mot auxiliaire ou une
combinaison trop simple n'y réussissent pas
toujours et il faut alors ajouter plusieurs
éléments pour les différencier complètement.
Tel énoncé où se trouve situé un vocable de ce
genre va demeurer incertain si l'on ne l'élargit
pas davantage. Un énoncé tel que II suit la
voie de l'aventure s'entend exactement
comme Il suit la voix de l’aventure. Si l'on
veut départager ces deux locutions, il faut
expliciter davantage la communication, à moins
naturellement que les circonstances mêmes où

23
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

elle est produite n'apportent de leur côté un


complément d'information suffisant .

La principale difficulté morphophonologique est


celle qui réside dans l'existence de deux ou
plusieurs formes de base pour un nombre
important de vocables : adjectifs, noms et
verbes.

Citons à titre d’exemple :

 l’adjectif petit a quatre formes à


l’écrit « petit, petite, petits et
petites » deux formes à l’oral [pəti et
pətit] ;

 les verbes les plus irréguliers


connaissent une quarantaine de formes
graphiques différentes, et certaines des
formes verbales peuvent renvoyer à des
sens tout à fait différents : par exemples
la forme lus représente soit le participe
passé masculin pluriel du verbe lire, soit
la première ou la deuxième personne du
passé simple de l’indicatif.

24
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

II- Difficultés propres à la liaison

Une seconde source de perpétuelles difficultés,


de fautes et de perplexité est le phénomène
appelé «liaison». La réaliser ou l’interdire
c’est le problème : la liaison est
rigoureusement observée dans des constructions
telles que nos enfants [nozãfã], chacun a ses
habitudes [∫ak asezabityd], etc. Cependant, l’-s
final ne fait pas liaison dans une quantité de
circonstances : II faut que tu le dises ≠ à ta
femme s'entend exclusivement en [dizatafam];
ou bien encore un « s » final effectivement
prononcé ne se sonorise pas devant la voyelle du
mot suivant ; comme dans : Tous ont refusé
[tusõ].

Et puis, il y a les cas où la liaison peut être faite


ou omise, selon le style du français parlé : je suis
allé [ʒəsЧiale] et [ʒəsЧizale] , Viens ici [vj isi],
mais aussi : [vj zisi].

Quoi qu'il en soit, le problème de la liaison


oppose à tous ceux qui veulent parler français
convenablement une multitude de difficultés de
25
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

détail qu’on doit prendre en considération en


classe du FLE.

III- La graphie « h »

La réalisation d’un « h » au début des mots


commençant par un « h » dit aspiré, offre une
difficulté dans le parler négligé. En outre,
réaliser la liaison obligatoire devant un « h » dit
aspiré représente une difficulté non seulement
pour les arabophones mais aussi pour les
français. Il n'est que de prêter l’oreille dans un
marché ou dans un magasin d’alimentation
pour percevoir que les « ménagères » s'achètent
des haricots verts /dezariko/. A tour de rôle,
les différents postes de radiodiffusion et de
télévision se relayent pour commettre des
infractions de ce genre : plusieurs
bombardements d'harcèlement, des
victimes hongroises /viktimzôgrwaz/ ; c'est
moins hardi /mw zardi/), qui passent même
dans l'écrit : ... des expériences plus
qu'hardies …..

26
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Nous traiterons cette problématique en détail


dans la deuxième partie concernant
l’interférence.

IV- L’interrogation directe et indirecte

Le parleur se heurte à d'autres difficultés,


notamment dans certaines constructions dont
les interrogations directes et indirectes ne sont
pas parmi celles qui causent le moins
d'embarras. Le procédé le plus couramment
employé pour produire une interrogation directe
est celui qui consiste à se servir du groupe est-
ce que, est-ce qu’ : Qui est-ce qui a dit ça?
[kiεskadisa] en français parlé négligée, alors que
la langue plus châtiée (pure et correcte) se
contente de faire usage des interrogatifs qui,
quoi: Qui a dit cela? Une formule du type : Que
lui est-il arrivé? ou même Qu'est-il arrivé? est
presque guindée à côté de Qu'est-ce qui lui est
arrivé? Si l'on veut insister sur le terme qui
porte l'interrogation, on le relègue en fin
d'énoncé : Il lui est arrivé quoi ?

27
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

La position du sujet représente également une


difficulté : le sujet n'est postposé au verbe que
dans le style très soigné:

 L'avez-vous rencontré?

 Me le direz-vous?

alors que des parleurs même très soucieux de


bien dire se contentent d'employer comme tout
le monde :

 Est-ce que vous l'avez rencontré? Est-ce


que vous me le direz?

Pour ce qui est de l'interrogation indirecte,


les choses prennent une autre tournure. La
langue châtiée la distingue mal de la phrase
affirmative :

 Je voudrais savoir ce qu'il est devenu

 Personne n'a pu dire s'il était arrivé

 On n'a jamais su ce qui s'était passé.

Pour sortir de cette ambiguïté, le parleur


introduit ici la construction interrogative directe,

28
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

plus ou moins maladroitement combinée avec


l'ordre des mots :

 Combien est-ce vrai, vous le savez tous


 On peut se demander que va-t-il se passer
 Peut-on savoir où se trouve-t-il
actuellement?
 Nous allons demander au commandant de
l'aéroport qu'est-ce qu'il fait dans ce cas-

 Nous avons demandé à quelles conditions
la France pourrait-elle reprendre les
négociations Je me demande comment
est-il possible qu'on ne s'en soit pas
aperçu
 Je voudrais savoir comment se fait-il que
la situation sociale est plus mauvaise.
Toutes ces formules reviennent donc à combiner
faussement la construction interrogative directe
avec la proposition principale qui la commande.
Ce phénomène existe fréquemment dans le
discours des francophones et particulièrement
les arabophones sous l’influence de l’arabe :

 Je lui ai demandé comment était-il.


 II m'a demandé quelle heure était-il
29
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 II m’a demandé quelle heure est-ce qu'il


était
 Je ne sais pas quelle heure est-il
 Je ne sais pas quelle heure est-ce qu'il est.
Les professeurs de français à l'étranger qui
corrigent leurs élèves quand ils disent Je ne sais
pas quelle heure est-il ou Je voudrais savoir où
est-il perdent évidemment la face quand un
Français se rend « coupable » en présence de ces
élèves de cette « faute » qui leur est reprochée à
eux.

V- La négation

Un autre point noir est la négation. Son


mécanisme n'est pas toujours satisfaisant. Il est
coutume de dire et d'admettre que la langue
parlée ne connaîtrait plus en fait de particule
négative que l'élément pas employé tout seul :

 Je sais pas [∫sεpa]


 II m'a pas cru ;
 C'est pas drôle .
Mais tout observateur attentif sait qu'il a
entendu aussi d'autres réalisations de la

30
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

négation : inmapakry (il ne m'a pas cru),


[ʒənsεpa ] « je ne sais pas». On peut certes
s'écrier : Pas possible! ou même: C'est pas
possible!

La répugnance à utiliser pas tout seul a même


conduit un grand nombre de parleurs à préférer
parfois l'emploi de non en fonction de particule
de négation. C'est en combinaison avec le
participe passé que cet emploi tend à se
répandre : le scrutin est encore non dépouillé.
Cette particule non a même été érigée en une
sorte de préfixe de négation : Nous craignions la
non-participation des élèves .... Cette phrase a
été prononcée par un professeur femme du lycée
Perrier de Marseille, interrogée devant le micro.
Dans le même ordre d'idées, on a pu entendre
aussi :

 les causes de la non lecture en France

 la non recherche de nouveaux procédés

 plusieurs clichés bien connus comme: non-


assistance à personne en danger ;

31
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

dépasser le point de non-retour ; la non-


violence, etc.

La répartition des procédés de négation varie


selon le style du parleur et aussi selon les clichés
d'emploi plus ou moins, courant. Cela représente
une grande difficulté pour les étrangers.

VI- Modes et temps

De l'emploi des modes et des temps du verbe, on


recèle aussi des difficultés1 :

1. Verbes conjugués et non


conjugués : un non-sens

La conjugaison est l’ensemble ordonné des


formes que le verbe peut prendre en fonction du
mode, du temps, de l’aspect et de la personne : la
problématique est le fait que le verbe peut être
conjugué à un mode personnel (indicatif,
impératif, subjonctif, conditionnel) ou
impersonnel (infinitif et participe).

1
. Cf. Suzanne-g. Chartrand, l’enseignement de la conjugaison : de
fausses évidences, in Correspondance, volume 16, numéro 2,janvier 2011

32
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

2. Le mot présent n’a pas le même


sens selon que l’on parle du
présent de l’indicatif ou du
subjonctif

Une des difficultés majeures touchant la


compréhension de la conjugaison, préalable à
une mémorisation efficace, provient de la
polysémie du mot présent et des étiquettes des
temps et modes verbaux. L’indicatif est le seul
mode verbal indiquant la temporalité ; les autres
sont intemporels. Aussi, le mot présent dans
subjonctif présent ou infinitif présent ne
renvoie pas à la temporalité.

Dans les exemples suivants, le présent du


subjonctif n’indique aucun moment
chronologique : Je souhaite / je souhaiterai / je
souhaiterais / j’ai souhaité / je souhaitai que tu
viennes.

3. Trois, six ou... cinq personnes ?

Autre difficulté, la notion de personne. Il y aurait


trois personnes du singulier (la 1re, la 2e et la 3e)

33
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

et leur équivalent au pluriel. Pourtant, en


contexte, le pronom nous n’est pas toujours
l’équivalent d’une pluralité de je. Dans la phrase
Ce soir, nous irons au cinéma, dit Sandra à
Hélène, le nous pourrait correspondre à un je
(Sandra), à un tu (Hélène) et, possiblement, à
des ils ou elles (leurs copains et copines). Il en
est de même pour vous, qui, on le sait bien,
n’est pas toujours le pluriel de tu.

On devrait plutôt faire observer qu’il y a quatre


personnes désignant les locuteurs et
interlocuteurs engagés dans la communication
(je, tu, nous, vous) et une personne renvoyant à
un référent singulier ou pluriel (il / elle / on – ils
/ elles).
4. Temps simples et temps composés
: une question d’aspect
La conjugaison française est un système
organisé de formes verbales qui présente plus de
régularités que d’irrégularités. Peu importe le
mode, à chaque temps simple correspond un
temps composé, dont l’auxiliaire est au même

34
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

temps que le temps simple correspondant. Les


temps simples présentent l’aspect non accompli
de l’actualisation de l’évènement désigné par le
verbe (l’évènement est en cours de réalisation) et
les temps composés, l’aspect accompli
(l’évènement est terminé) : je mange / j’ai
mangé.
5. Quatre, trois... ou deux groupes
de verbes ?
Tout dépend du regard porté sur les formes
verbales. Si on privilégie les différences, on en
fait quatre (XIX siècle) ou trois (XX) . Si on
privilégie les régularités, on distingue deux
groupes de verbes : les verbes en -er et les
autres. Les verbes totalement irréguliers (aller,
avoir, être, dire, faire, pouvoir, savoir) sont en
dehors de cette classification.

VII- Difficulté de l’emploi d es


prépositions

Les prépositions suscitent de leur côté des


difficultés. Il y a par exemple l'emploi répété de
la préposition de.
35
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

L'opposition de/des se manifeste chaque fois


qu'un syntagme nominal est régi par la
préposition de. Elle se réalise donc:

1. dans les syntagmes formés par Substantif


+ de +Substantif

L'achat de livres/l'achat des livres.

2. après les verbes qui se construisent avec


de:

II parle de romans/Il parle des romans .

Il se souvient de bons films/Il se souvient des


bons films.

3. les compléments d'agent introduits par de:

II est aimé d'enfants du pays./Il est aimé des


enfants du pays.

4. après les locutions prépositives


formées avec de...: à cause de ;…

Dans ce couple, de est la préposition, des la


forme dite contractée de l'article défini
équivalant à de + les. Il y a donc une opposition
entre article zéro/article les, qui correspond à

36
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

l'opposition des/les lorsque les syntagmes


nominaux ne sont pas régis par de.

Ici nous nous bornerons aux cas où sont en jeu


tout ou partie d'un ensemble.

A. Les syntagmes nominaux du type


Substantif +de + Substantif

De s'oppose à des essentiellement après des


substantifs à valeur collective, après des
déverbaux.

a. Le substantif déterminé est un


« collectif .»

On rangera sous cette dénomination de


«collectif » aussi bien les mots comme foule,
ensemble, réunion, etc., que ceux qui
indiquent un contenant boîte, panier, sac,
etc. Les uns employés avec l'article indéfini ont
pour complément un substantif introduit par de
non prédéterminé (tas, , boîte, panier, sac,
etc..).

 Un tas de livres, le tas de livres , Un


panier de fraises, le panier de fraises .
37
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Il s'agit toujours, quel que soit le prédéterminant


du collectif, de de « panier contenant des
fraises » .

D'autres, dans les mêmes conditions, ont un


complément précédé par des, parce qu'ils
supposent, par exemple, un inventaire complet:

 Un index des auteurs cités. /L'index des


auteurs cités.

 Une table des matières./La table des


matières.

Au contraire l'emploi de l'article un ou le influe


sur la détermination des substantifs
compléments de groupe, foule, réunion, etc.
La seule préposition de figure devant le
substantif, si le « collectif » déterminé est
accompagné de un:

 Une foule de curieux.

 Une réunion de parents.

 Un groupe d'Indépendants.

38
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

A ces syntagmes peuvent se substituer les


substantifs déterminants précédés de l'indéfini
des:

 Des curieux, des parents, des


Indépendants.

Le substantif complément est prédéterminé, si le


collectif a pour article le:

 La foule des curieux,

 La réunion des parents,

 Le groupe des Indépendants ,

et ces syntagmes peuvent avoir pour équivalents


: Les curieux, les parents, les Indépendants.

De n'envisage qu'une partie d'un ensemble,


alors que des représente les unités constitutives
d'un tout.

b. Le substantif déterminé est un


déverbal:

 L'achat de produits laitiers/l'achat des


produits laitiers.

39
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 La construction de routes/la construction


des routes.

Le syntagme nominal est la transformation de la


phrase passive où le substantif sujet se présente
tantôt avec des:

 Des produits laitiers sont achetés.

 Des routes sont construites.

tantôt avec les:

 Les produits laitiers sont achetés.

 Les routes sont construites.

B. Le substantif est complément d'un verbe


construit avec de

Trois groupes de verbes peuvent être distingués:

 Les verbes après lesquels on trouve le


substantif complément précédé de la
préposition de ou de des : s'acquitter
de, s'emparer de, se souvenir de, etc.

 Pierre s'acquitte de tâches difficiles/Pierre


s'acquitte des tâches difficiles.

40
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Ils se sont emparés de positions clés/Ils se


sont emparés des positions clés.

À de qui indique une quantité indéterminée


s'oppose des évoquant la totalité.

 Les verbes qui font plutôt tendre vers de :


s'abstenir de, combler de, manquer
de, regorger de:

 II a été comblé de cadeaux.

 On manque d'ouvriers.

 Ce pays regorge de céréales.

Dans ces cas il s'agit de quantités indéterminées


qui ne sont pas envisagées comme constituant
un ensemble.

 Les verbes qui font tendre vers des :


bannir, exclure, éliminer, évincer,
rayer. Comme tous ces verbes supposent
l'existence d'un groupe, le substantif est
précédé de des:

 Rayer quelqu'un des cadres.

C. Le substantif est complément d'agent

41
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Pour les verbes qui admettent l'emploi de la


préposition de introduisant le complément
d'agent, l'opposition de/des correspond à
l'opposition par des/par les :
 II se promenait accompagné d'enfants du
pays (par des).
 Il se promenait accompagné des enfants
du pays (par les) .
 Il est aimé d'enfants du village (par des) .
 Il est aimé des enfants du village (par
les).

VIII- Les pronoms relatifs


Les pronoms relatifs , surtout le relatif dont ,
sont une source d'erreurs fréquentes sur deux
plans:
 confusion des pronoms relatifs
 double pronominalisation : que + pronom
personnel, dont + pronom possessif, etc.

La relative est une expansion d’un nom ou d’un


pronom, comme un autre qualifiant.

42
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Le nom ou pronom qualifié est appelé


l’antécédent. Le pronom relatif se place (en
général) juste après :
- un nom
- un pronom
Considérons les phrases suivantes et corrigeons-
les :
 Donnez un biberon à votre bébé que vous
ferez bouillir auparavant.
 Le poussin accourait sous l’aile de sa mère
qui vient de naître.

 J’ai ramassé des escargots chez mon oncle


que j’ai laissé jeûner trente jours.

43
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Pourquoi faisons-nous des erreurs ?

Est considéré comme “erreur”, d’un point de


vue normatif, tout ce qui ne se conforme pas à la
norme, c’est-à-dire à l’étymologie, à la
phonétique, à la grammaire ou à la logique. Par
conséquent, les erreurs peuvent être dus à
plusieurs causes : la grammaire, le génie de
la langue, l’interférence, l’ignorance du
parleur,…

I. La grammaire

Dans tous les exemples suivants, la


condamnation se fait par référence aux règles
définies par la tradition grammaticale.

 Il ne faut pas dire aller au coiffeur mais


aller chez le coiffeur.
 Ne dites pas aller en vélo mais aller à vélo.
 On ne doit pas dire Nous, on a fait cela
mais Nous, nous avons fait cela.

44
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 N'employez pas le subjonctif avec


espérer que mais utilisez le futur
simple.
 On ne dit pas ce fils ressemble son
père mais ce fils ressemble à son
père.
 On ne doit pas dire réussir son examen
mais réussir à son examen.
 Je m'en rappelle est condamnable
puisque se rappeler se construit avec un
complément direct : se rappeler
quelque chose.
 L'expression occasion à profiter est
mal formée puisque profiter est un verbe
transitif indirect (profiter de) : dites
occasion à saisir.
 «Débuter» n'admet pas de complément
d'objet, on dit un match peut débuter
en retard, mais on ne débute pas un
match , mais on peut dire : on
commence le match à trois heure.

45
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

II. Le génie de la langue

Si la référence à l'histoire ou à la grammaire


permet une explication en quelque sorte à partir
du dedans de la langue, il est d'autres raisons qui
en revanche supposent le recours à un point de
vue : le français est jugé « clair » et «logique»,
autant de qualificatifs qui semblent résumer ce
que l'on a coutume d'appeler « le génie de la
langue ».

 La clarté :
Ainsi, une construction peut être conforme aux
règles de la grammaire mais donner lieu à
équivoque. Par exemple, dans le fils du voisin
qui est aveugle on ne sait si c'est le fils ou le
voisin qui est aveugle. Il faut éviter les énoncés
qui prêtent à ambiguïté ou à contresens.

On n'emploiera donc pas deux on dans la même


phrase s'ils n'ont pas la même référence : On
veut toujours qu'on nous comprenne.

46
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 La logique :
Avérer vrai est une tautologie et avérer faux
une contradiction puisque le verbe avérer
contient déjà le mot vrai. Les pléonasmes sont
dits « vicieux » ; ils révèlent une
méconnaissance du sens des mots et
alourdissent inutilement le discours : ne dites
pas sortir dehors ni entrer dedans là où
sortir et entrer suffisent.

Une phrase comme Dès que j’aurai reçu votre


lettre, je m'empresserai de vous répondre est
fautive, puisque dès que indique
l’immédiateté :

 Je vous répondrai dès que j’aurai reçu


votre lettre.

De même, sont redondantes des formulations


telles que :
 un livre dont je n’en ai lu que quelques
pages,
 une nouveauté récente,
 la dette due à l'Iran,
47
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 il ne veut pas voir personne,


 comme par exemple,
 voire même,
 monopole exclusif,
 petit nain,
 secousse sismique,
 car en effet.

On peut se demander pourquoi la faute de


logique est vue comme une faute de langue, alors
qu'elle concerne le raisonnement de l'individu :
c'est que le français est défini comme une langue
logique et que donc, tout raisonnement
supposant l'usage de la langue, le pléonasme
n'est pas seulement le signe d'un esprit vicieux
mais aussi une atteinte au français dans son
essence.

On peut faire la même remarque pour des


énoncés condamnés non parce qu'ils ne sont pas
conformes aux règles grammaticales mais parce
qu'ils contredisent la réalité.

48
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 On ne peut pas écrire Le docteur ne reçoit que


les premiers lundis du mois puisqu'un mois
n'a qu'un seul premier lundi.

 Il se promène les mains derrière le dos


n'est pas conforme à la réalité que l'on cherche à
décrire puisqu'elle signifie que la personne a
les mains sur le ventre. Il faut donc dire « Il
se promène les mains contre le dos»

III. L’interférence :
On dit qu’il y a interférence «quand un sujet
bilingue utilise dans une langue-cible L2, un
trait phonétique, morphologique, lexical ou
syntaxique caractéristique de la langue L1.»1
D’après Georges Mounin2, les changements ou
les identifications résultant dans une langue des
contacts avec une autre langue, du fait du
bilinguisme (anglais ~ français) ou du
plurilinguisme (arabe ~ anglais ~ français) des
locuteurs, constituent le phénomène

1
- Kannas, C. (1994), Dictionnaire de linguistique et des sciences du
langage, Paris, Larousse,p.252
2
- Mounin ,G., (1995), Dictionnaire de la linguistique, Paris, PUF, P.181.
49
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

d'interférence linguistique. L'interférence est


donc phénomène entrainé par le contact entre
les langues; elle est simplement l'emploi, quand
on parle ou écrit dans une langue, d'éléments
appartenant à une autre langue.
En didactique d'une langue
seconde l'interférence « désigne des problèmes
d’apprentissage dans lesquels l’apprenant
transfère le plus souvent inconsciemment et de
façon inappréciée des éléments et des traits
d’une langue connue dans la langue cible. »1.
Quant à nos informateurs, égyptiens et libyens,
ils transfèrent des traits de l'arabe et de l'anglais
comme première langue étrangère dans le
français comme langue cible. L'interférence se
manifeste au niveau de la double
articulation. Au niveau de la première
articulation (le monème), dans le domaine du
lexique, elle détermine l'emprunt (p. ex.
football) ou le calque (p. ex. fin de semaine
construit sur le modèle de week-end). Dans le

50
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

domaine de la syntaxe, au niveau de la phrase ou


même du discours, l'interférence détermine en
particulier des changements dans les règles
syntaxiques: dans cette phrase du français des
parlers arabophones " Le fils ressemble son
père" (au lieu de à son père) ; l'erreur est due,
du moins à l'origine, à l'interférence avec le
système arabe.
Au niveau de la deuxième articulation (le
phonème), l’interférence a son influence. Un
bilinguisme franco-arabe, par exemple,
assimilera le labiodental sourd /f/ au labiodental
sonore /v/ [comme dans vidéo*/fideo/, villa
*/fila/] . Sous l’influence de l’anglais, comme
première langue étrangère apprise en Égypte et
en Libye, des parleurs prononcent ainsi ces
mots : problème /* problim /, système /
*sistim/, moderne / *modirn /…
Dans notre analyse des erreurs dues à
l'interférence , nous nous limiterons aux erreurs
phonologiques.

1
- Hamers (J-F.) & Blanc (M.) (1983) , Bilinguisme et bilingualité,2ième
51
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

IV. L’ignorance des parleurs Français


ou étrangers :

Il est probable que les usages dits fautifs soient


souvent expliqués par l'ignorance où seraient les
Français et les étrangers du sens propre des
termes, de la valeur des constructions, de la
prononciation correcte.

Celui qui articule la fin de gageure comme


heure et non comme jure à coup sûr ignore
quelque chose; l'élève qui écrit vous disez
dans un texte au présent ne sait peut-être pas
que la forme appropriée est vous dites (bien
qu'on apprenne par cœur les conjugaisons dans
les petites classes) ; dire la chose qu’on a
besoin un défaut de connaissance dans le
domaine des pronoms relatifs.

Aux fautes de prononciation ou de la


morphologie s'ajoutent celles de la syntaxe et
aussi du vocabulaire.

édition, Bruxelles, Pierre Mardaga,p.452.


52
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Interrogé à Télé Soir, le président d'un club


sportif connu a dit : nous allons enfin avoir
les associés que nous avons besoin ...

Il est certain qu'une partie de ces fautes a été


commise par des personnes qui ne pouvaient pas
ressentir comme incorrectes les élocutions
citées. Mais elles parlaient sans préparation et
n'avaient pas eu le temps d'achever la
préformation sans laquelle il n'est pas de phrase
qui tienne debout.

Mais cette explication par l'ignorance ou


l'inculture est difficile à accepter dans la mesure
où les erreurs ainsi signalées ne sont pas le fait
d'illettrés mais au contraire de personnalités : tel
ministre énumère « quatre -z-unités ».
« vous disez » forme très inattendue de
« vous dites » ; « un espèce de » au lieu de
« une espèce » ; « il faut mieux » à la place
de « Il vaut mieux » ; « une étoile auquel
accrocher son espoir » pour « à laquelle » .

53
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

54
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

DEUXIÈME PARTIE
Analyse des
interférences entre
l’arabe et le français

55
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

56
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Analyse des erreurs phonétiques


dues à l’interférence
entre l’arabe et le français
Notre analyse phonologique porte sur l’arabe et
le français qui appartiennent à deux familles
langagières différentes : l’arabe descend de la
famille Chamito-sémitique, le français de la
famille Indo-européenne. Cela implique que les
différences s’étendent aux aspects phonémique,
morphologique, syntaxique, morphosyntaxique
et lexical1 . C'est pourquoi nous allons tout
d’abord passer en revue les systèmes phoniques
de deux langues en vue de relever les aspects des
similitudes et les différences entre les deux
langues.

1. Le système phonique du français

Le français standard est le type de


prononciation utilisé dans la moitié nord de la
France, à Paris en particulier. Ce type du

1
- Fesfes, N. (1994), Problèmes de l’apprentissage du français langue
étrangère par des élèves syriens de l’enseignement secondaire, Université
de Toulouse,P.9
57
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

français, que Walter appelle le ‹français


moyen›, a également reçu diverses appellations:
«français parisien, français standard, français
général, français international, français
commun.»1 Dans ce type du français, comme
c’est souvent le cas dans de nombreuses langues
du monde, le système consonantique présente
une certaine stabilité tandis que les linguistes
sont en désaccord à propos de l'inventaire des
voyelles.
1.1. Système vocalique du français
standard
L'approche phonologique de Martinet, acceptée
par la plupart des phonologues actuels, «permet
d'isoler un système vocalique de 13 unités: 10
non nasales, définies par l'antériorité, la
labialité, l'aperture, et 3 nasales définies par la
nasalité, l'antériorité et la labialité ». 2

1
- Tranel B. (2003), Les sons du français, in Le grand livre de la langue
française, sous la direction de Marina Yaguello, Paris, Seuil, p.263.
2
- Carton F. (1997), Introduction à la phonétique française, Paris,
Dunod, p.62
58
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Antérieures Postérieures
Voyelles écartées arrondies écartées arrondies
Orales Fermées i y u
mi- fermées e ø o
mi- ouvertes ε œ ɔ
Ouvertes a
Nasales ã õ
Tableau (1)

Quant à la question du « e muet », les


phonologues ne sont pas d'accord à cause de son
statut instable: voyelle labiale antérieure qui,
selon l'entourage et le registre de langue, peut
apparaître ou disparaître. Cependant, il est
indispensable de signaler le point de vue de
Martinet au sujet de la prononciation du e muet:
« Chez la plupart des sujets, la voyelle doit
s'articuler l'avant et avec les lèvres plutôt
arrondies que rétractées, c'est-à-dire qu'elle se
rapproche des voyelles antérieures arrondies
[ø] et [œ], lorsqu'elle ne s'identifie pas avec
elles. Selon les gens et, sans doute aussi, selon
les positions, on donne la préférence à des
variétés ouvertes qui rappellent [œ] ou des
variétés fermées qui tendent vers [ø] . »1

1
- Martinet A. , ,( 1974), Le français sans fard, , Paris, P.U.F.pp.215-
216
59
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

1.2. Système consonantique du français


standard
Le système consonantique français comporte
dix-sept consonnes. Les consonnes sont le
résultat de l’obstruction totale ou partielle du
passage de l’air. On décrit et on c1asse les
consonnes selon le mode d'articulation et selon
le point (ou la zone) d'articulation.1 Comme
dans les deux tableaux ci-dessous:

LIEU
Dentales

Vélaires
Palatale
labiales

Médio-

Dorso-
dorso-
Apico-
Bi-

MODE

Non- p T k
voisées
Voisées b D g
Nasales m N ɲ 

Tableau (2) Les occlusives et les consonnes nasales

1
- Munot Ph.& Nève F.-X.,(2002), Une introduction à la phonétique,
LIEGE (Belgique), édition du CEFAL,2002, PP.97-99.
60
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Prépalatales
Alvéolaire

Alvéolaire
LIEU

Prédorso-

Prédorso-

Uvulaire
Dentale

Dorso-
Labio-

Apico-
MODE

Non- f s 
voisées
Voisées v z ʒ r R
Latérale l

Tableau (3): Les constrictives et les sonnantes

2. Système phonique de l’arabe


La langue arabe est une langue à consonantisme
riche ; elle possède 29 consonnes notées par
vingt-huit lettres y compris le hamza.
D'après Sibawayh1, les consonnes arabes sont
classifiées en dix-neuf voisés (mağhūrs) et dix
sourdes (mahmūs):
Les voisés /b/‫ ب‬, /j/‫ ج‬,/d/ ‫د‬, /ð/ ‫ ذ‬, /r/‫ر‬, /z/ ‫ ز‬,
(almağhūrs) /ḍ/‫ ض‬, /ġ/, ‫ غ‬, /q/ ‫ ق‬, /ʕ/‫ ع‬, / ṭ /‫ط‬,
/ẓ/ ‫ ظ‬, /l/‫ ل‬, /m/‫م‬, /n/‫ن‬, ,/w/ ‫ و‬,
/y/‫ى‬,/ʔ/ ‫ء‬
Les non /t/ ‫ت‬, / θ/‫ ث‬, /s/‫س‬, / ∫/‫ش‬, /ṣ/ ,‫ ص‬, /
voisés χ /‫ خ‬, / ḥ / ‫ح‬,/ f/ ‫ف‬, , /k/ ‫ ك‬, / /h/‫ھ‬
(almahmūs)
Tableau (4)

1
.434 ‫ ص‬2 ‫ج‬، 8811 ،3.‫ط‬،‫ القاهره‬، ‫ مكتبة اخلانىك‬،‫ حتقيق عبد السالم محمد هارون‬،‫ الكتاب‬،‫ سيبويه‬-
61
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Quant aux consonnes nasales, le mécanisme


phonologique est presque le même du français.
Au cours de la production des nasales les deux
cavités orale et nasale sont donc normalement
utilisées. En arabe, il y deux consonnes nasales
(ghounna ‫ غنة‬c'est-à-dire un nasillement ou
nasalisation) le /m/ et le /n/.
Quant aux voyelles, il a deux séries:
 Les brèves: [a], [u], [i] :
Voyelles brèves Nom Transcription
َ ‫ فتحة‬/fatha/ a
َ ‫ كسرة‬/kasra/ i
َ ‫ ضمة‬/ḏama/ u
Tableau (5)

 Les longues ᾱ, ū, ī, rendues par alif et alif


bref, wᾱw, yᾱ.

Voyelles longues Transcription


‫آ‬ ᾱ
‫ى‬ ī
‫و‬ ū
Tableau (6)

62
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Il est constable que les mots arabes se


composent à la fois des consonnes et des
voyelles mais il est nécessaire que les consonnes
et les voyelles s'agglutinent pour former les mots
même les monosyllabiques. Signalons que cet
amalgame entre les consonnes et les voyelles ne
se réalise pas généralement dans la graphie
normale où les mots s'écrivent sous forme des
consonnes et des voyelles longues [ᾱ, ū, ī] mais
les voyelles brèves [a, u, i] disparaissent dans la
majorité des textes arabes.

3. Les traits pertinents des phonèmes


dans les deux systèmes
A la suite d'André Martinet, le trait pertinent est
« un ensemble de caractéristiques phoniques
distinctives qui ne se trouvent dissociées nulle
part dans le système1». C'est donc un trait
simple ou complexe qui permet à tout seul de
distinguer deux phonèmes. Les phonèmes sont
donc organisés dans un système, dans la mesure

1
- Martinet A. (1970), "Substance phonique et traits pertinents", in La
Linguistique synchronique, Paris, PUF, p. 144.
63
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

où ils s'opposent les uns aux autres par des traits


qui les composent. En français (et aussi en
arabe), le voisement, le lieu d'articulation, le
mode d'articulation, la nasalité, la vibration et
le trait latéral1 constituent les traits pertinents
permettant de décrire tous les phonèmes.

3.1. Voisement
Les cordes vocales sont les responsables de la
production du son fondamental de la voix. Le
mot voix désigne l'ensemble des sons produits
par les vibrations des cordes vocales. Les sons
dont la production ne s'accompagne pas de la
vibration des cordes vocales sont dits non voisés
ou sourds. Les voyelles sont toujours voisées,
alors qu'il existe des consonnes voisées et
d'autres non voisées. Le voisement et le
dévoisement constituent dans beaucoup de
langues des traits phonologiquement pertinents.
En français, il existe une série de six consonnes
sourdes qui s'oppose à une série de six

1
- Choi-Jonin (Injoo) & Delhy C. (1998), Introduction à la méthodologie
en linguistique, Paris, Presses universitaires de Strasbourg, pp.25-29.
64
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

consonnes sonores situées aux mêmes points


d'articulation que les sourdes (voir tableau 4):
le/b/ de bon est une bilabiale située au même
point d'articulation que le /p/ de pont, la seule
différence entre les deux consonnes réside dans
la sonorité.1Ces paires de phonèmes que
Martinet appelle phonèmes corrélatifs2 peuvent
être illustrés dans le tableau suivant:

«voisés» /b/ /v/ /d/ /z/ /ʒ/ /g/


«non voisés» /p/ /f/ /t/ /s/ /∫/ /k/
Tableau(7)

Les consonnes arabes sont classifiées en dix-


neuf voisés (mağhūrs) et dix sourdes (mahmūs)
déjà représenté dans le tableau (3).
3.2. Le mode d'articulation
A l'opposé des voyelles dont la production se
distingue par l'absence d'obstruction au passage
de l'air dans la cavité buccale, la production des
consonnes nécessite la fermeture totale ou
partielle en un endroit quelconque de la cavité

1
- Walter H. (1977), La phonologie du français, Paris, PUF, 4e éd., P.28.
2
- Martinet, (André), La phonologie, in La linguistique, Les introuvables
d'André Martinet, volume36, 2001-1/2, Paris, PUF, 2001, P.262.
65
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

orale ou nasale. La fermeture totale produit les


consonnes appelées occlusives; tandis qu'on
parle de consonnes constrictives lorsqu'il y a
une fermeture partielle à un endroit quelconque
de la cavité buccale.
3.3. Le lieu d'articulation
Si le lieu d'articulation des voyelles se définit par
la position de la langue (antérieure ou
postérieure), l'articulation d'une consonne est
déterminée non seulement par le voisement et le
mode d'articulation mais aussi par le lieu
d'articulation, à savoir l'endroit où a lieu
l'obstruction totale ou partielle du passage de
l'air. Considérons les phonèmes /d /‫ د‬/ et /f/‫ ف‬/
dans (/du/ /fu/, (doux fou) ou en arabe
/dūd/ /sūr/(‫دود‬ ‫(سور‬. Ces deux consonnes se
distinguent par deux traits distinctifs: /d/ est
une occlusive voisée (mode d'articulation),
dentale (lieu d'articulation), tandis que /f/ est
une constrictive non voisée (mode

66
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

d'articulation), labiodentale (lieu


d'articulation).1
3.4. La nasalité
L'articulation orale est l'articulation la plus
fréquente dans les sons d'une langue lorsque le
voile du palais est relevé en fermant le passage
aux fosses nasales. Si le voile du palais est au
contraire abaissé, l'air passe alors à la fois par la
cavité nasale, utilisé comme résonateur
supplémentaire, en plus par la cavité buccal. Les
sons produits sont alors nasalisés. En français, la
production des voyelles nasales ([ ] œ] [õ] [ã])
s'effectue sans aucune obstruction au passage de
l'air par la cavité nasale, alors que celle des
consonnes nasales ([m] [n] [ɲ]) s'effectue
toujours par le passage de l'air par la cavité
nasale mais accompagné d'une obstruction à un
endroit de la cavité buccale. Quant à l'arabe, le
mécanisme phonologique est presque le même.
Au cours de la production des nasales les deux

1
-Elsaadani, A.,(2014), Les aspects de l'assimilation phonologique en
français et en arabe (Étude contrastive), in Revue de la Faculté des Lettres
de Mansourah, Janvier 2014 (N°.54), P.8.
67
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

cavités orale et nasale sont donc normalement


utilisées. En arabe, il y deux consonnes nasales
(ghounna ‫ غنة‬c'est-à-dire un nasillement ou
nasalisation) le /m/ et le /n/.1
3.5. Les deux liquides: la latérale [l] et la
vibrante [r]
En français, la consonne alvéolaire voisée [l] a
un seul trait qui la distingue de tous les autres
phonèmes: c'est la seule latérale. Un seul trait
suffit aussi à distinguer [r] : c'est la seule
vibrante en français. Les deux consonnes [l] et
[r] sont des sonantes.
Les quatre consonnes emphatiques (/ḍ/‫ ض‬, /ṣ/
‫ص‬, /ẓ/‫ظ‬ et /ṭ/‫ ) ط‬possèdent en effet des
correspondants non emphatiques en arabe
standard moderne. Le trait pertinent d'emphase,

1
-Elsaadani, A.,(2014), Les aspects de l'assimilation phonologique en
français et en arabe (Étude contrastive), in Revue de la Faculté des Lettres
de Mansourah, Janvier 2014 (N°.54), P.8.

- Selon Troubetzkoy les phonèmes porteurs de la marque de
vélarisation emphatique admettent la corrélation avec des phonèmes non
emphatiques. En plus du /ḍ/‫ ض‬, /ṣ/‫ ص‬-, /ẓ/‫ ظ‬et /ṭ/‫ ط‬, il fait de /q/
l'emphatique de /k/, de ġ/‫ غ‬l'emphatique de /z/‫ ز‬, du /ḥ/ ‫ ح‬l'emphatique /h/
‫ ھ‬et considère χ /‫ خ‬et /ʕ/‫ ع‬comme des emphatiques. (Troubetzkoy,
Principes de phonologie, Klincksiek, Paris, 1970. p.148.)
68
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

distinguant les quatre unités consonantiques,


peut être appliqué également sur la latérale
dentale voisée /l/ ; elle peut être considérée
comme » une consonne emphatique latérale
post-dentale /l/ qui se produit dans un
environnement extrêmement limité et
seulement devant/a/ et /aa/. Dans le langage
littéraire, on le trouve dans le mot /Allah/ et ses
dérivés mais dans les dialectes il est plus
commun. «1

Les interférences dues au système


consonantique
On a déjà signalé que les critères distinctifs
des phonèmes consonantiques sont presque
identiques dans les deux systèmes arabe et
français. Cependant le français a cinq sons
consonantiques qui sont absents de l’arabe
standard :

1
- DJOUDI ( Mahieddin), Contribution à l'étude et à la reconnaissance
automatique de la parole en Arabe standard, thèse de Doctorat de
l'université de Nancy 1, Novembre 1991, p.48.
69
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Consonnes Exemples
[g] représenté par «g+ a, o, Gare , guitare,
u» ou « g+ cons. grand
prononcée »
[ɲ] représenté par «gn» Enseignant
[R] grasseyé Paris
[p] Papa
[v] Villa, vous

Signalons que parmi ces phonèmes, les trois


premiers ne sont pas difficiles à apprendre par
les arabophones :
 [g] qui se trouve en dialecte égyptien et
qui est une variante du qaf,/‫ ق‬/en d’autres
dialectes ;
 [ɲ] peut être prononcé très proche en
combinant [n]+ [i]
 [R] grasseyé et non roulé peut être
prononcé très proche du phonème « ‫» غ‬
« ġayn »
Les deux consonnes [p] et [v] restent parfois
problématiques représentant des difficultés chez
presque la majorité des informateurs
arabophones.

70
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Traitons maintenant les erreurs propres


au système consonantique.
a)-Fluctuations :
Les variations les plus notables sont les
bilabiales /p/ en /b/ et les labiodentales /f/ en
/v/. Le bilabiale /p/ est toujours remplacé par
/b/ et le labiodentale /v/ par /f/ . Citons à
titre d’exemple :

Exemples Transcription Transcription


phonologique phonétique
pierre */bjεr/ [piεr~bjεr]
~
bière
poisson */bwasõ/ [pwasõ]
~ ~
boisson [bwasõ]
Télévision */telefiziõ/ [televizjõ]

b)-La nasale vélaire /ŋ/ qui se trouve en finale


absolue dans les mots empruntés à l’anglais, se
réalise toujours comme en anglais chez tous nos
informateurs :

71
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Exemples Transcription Transcription


phonologique phonétique
Camping */kamping/ kãpiŋ]

Parking */parking/ parkiŋ]

c)- Problème de la graphie <h> :


En français, le h n’est qu’un signe
orthographique qui ne se prononce pas,
autrement dit, le h n’a pas de valeur phonétique.
Il a deux types :
 Le h dit aspiré
C’est une très mauvaise dénomination car le h]
phonétique n’existe pas en français, et que la
réalisation de ce “h aspiré” n’implique aucune
aspiration. II s’agit d’un <h> qui interdit la
liaison (les héros [le ero]) et l'élision (la haine [la
n]).
Le Bon Usage de Grevisse regroupe 135 mots,
comme les principaux, commençant par h
aspiré. “La plupart de ces mots viennent des
langues germaniques: francique, allemand,
néerlandais, anglais; quelques-unes d'autres
langues connaissant h aspiré comme son:

72
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

arabe( harem, henné…), espagnol


(habanera, hâbleur,…), japonais (hara-
kiri), etc. ”1
 Nous rapportons les plus courants :
haine, haïr Haïssable hobby
Haïti Hareng Hockey
Hall Haricot Hollande
Halle Harpe Homard
Halte Hasard Honduras
Hamac Hâte/hâter Hongrie
Héro Haut Hors
Hanche Havre Hoquet
handicapé(e) Hawaii Houx
Hangar Heurt hublot
Hanter Hibou Huer
Hardi Hideux Hurler

 Le h dit muet
A l'opposé du h aspiré, la présence de « h » dit
muet peut entraîner deux phénomènes
phonétiques: la liaison (Ex: un h tel œnotl],

1
- Grevisse M., (2008), Le bon usage, 14ème édition refondue par André
Goosse, Bruxelles, De boeck Université, 2008, P.55.
73
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

c’est héroïque steroik]) et l’élision (Ex:


l’h tel lotl], l’homme lɔm]).
Dans notre corpus, il y a des informateurs qui ne
différencient pas le h aspiré de h muet surtout
au niveau de la liaison au cas du pluriel (ex : des
héros */dezero/). Ils prononcent le h aspiré de la
gorge à l’imitation de l’anglais; ou comme le /h/
‫ ھ‬arabe, ils le traitent faussement comme un
phonème comme dans :

Exemples Transcription Transcription


phonologique Phonétique
Les héros */lezero/ [leero]

Haute- */hoteʒibt/ [oteʒipt]


Egypte
Heurter */horte/ œrte]
Souhaiter */suhete/ [swete]

5) Au niveau syllabique, le français admet le


groupement de deux ou trois consonnes dans la
même syllabe ; pas l’arabe. Ce phénomène du
français représente une difficulté : les
arabophones tendront à introduire des voyelles,
qui agissent en tant que «briseur» du groupe
consonantique. «Chaque fois qu’il y a plus de
74
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

deux consonnes consécutives, ils tendent à


insérer une voyelle. »1 Par conséquent, ils ont
des ennuis à prononcer les mots suivants:
Exemples Transcription Transcription
phonologique phonétique
Script */iskript/ [skript]
Explorer */ixiplore/ [εksplɔre]
Spectateur */sipiktatεr/ [spεktatœr]
Bonté */bonite/ [bõte]

Les interférences dues au système


vocalique
D'une manière générale, un arabophone est
victime de la variété des voyelles françaises qu'il
ne distingue pas entre elles. Il tendra à avoir
recours à des sons similaires qui existent en
arabe. Ce choix se fera également en fonction de
la proximité d'autres sons dans le groupe

1
- Mohamed, H. (2007), Acquisition d’une langue seconde : Les
avantages et les entraves de la langue maternelle chez les bilingues
français-arabe/arabe-français, in Synergies Monde arabe n° 4 - 2007 p.218

75
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

prononcé. D’où les confusions et les erreurs


suivantes :

 La graphie « u » est faussement prononcé


comme « i » en toutes positions, comme
dans :

Exemples Transcription Transcription


phonologique phonétique
su~si */si/ [sy~si],
nu~ni */ni/ [ny~ni],
utile */itil/ [ytil],
université */iniversite/ [ynivεrsite]

 Le son [u] est faussement prononcé


comme /o/ en toutes positions comme
dans :

Exemples Transcription Transcription


phonologique phonétique
Outre */otr/ [utr]

Beaucoup */boko/ [boku]


*/buku/
journal /*ʒornal/ [ʒurnal]
Nous */no/ [nu]

76
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Le son [o] est faussement prononcé


comme /u/ comme dans :

Exemples Transcription Transcription


phonologique phonétique
Auto */uto/ [oto]

Chose */∫uz/ ∫oz]

Faux /*fu/ [fo]


Aujourd’h */uʒurdЧi / [oʒurdЧi]
ui /oʒɔrdЧi/

L'adverbe «aujourd'hui» [oʒu:RdЧi] est très


fréquemment prononcé [oʒ ɔ:RdЧi]: le [u] est
attiré par le [o] initial et s'ouvre par la loi de
position (en syllabe fermée, la voyelle a tendance
à s'ouvrir). En franco-québécois et chez les
arabophones, l'adverbe «beaucoup»1 se
prononce [buku] au lieu de [boku]; le [u] final a
exercé une influence fermante sur le [o] de la
syllabe précédente, entraînant sa fermeture d'un
degré d'aperture, ce qui a eu pour effet de
transformer ce [o] en [u].

1
-andre.thibault.pagesperso-orange.fr//phonologie semaine 3 (consulté
le20-11-2013).
77
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Le son [ε] représenté en finale absolue par


la graphie «ès», «aie», «ais», «ait» et
«aient» se réalise comme /e/.

Exemples Transcription Transcription


phonologique phonétique
Fait */fe/ [fε],
Craie */kre/ [krε]
fumais */fime/ [fymε]
fumaient
Prêt */pre/ [prε]
Progrès */progre/ [progrε]

En outre [ε], noyau d’une syllabe finale, est


remplacé par /i/ dans des mots communs entre
le français et l’anglais comme dans le tableau
suivant:

Exemples Transcripti Transcriptio


on n
phonologiq phonétique
ue
Problème */problim/ [problεm]
Système */sistim/ [sistεm]
Moderne */modrin/ [modεrn]
Complète */komplit/ [kõplεt].

78
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Le son [e] est remplacé par /i/ à l’initiale


comme dans :

Exemples Transcription Transcription


phonologique phonétique
Etude */itid/ [etyd]
Egypte */iʒibt/ [eʒipt]
Ecouter */ikute/ [ekute]
Equipe */ikip/ [ekip]
Ecole */ikol/ [ekɔl]

 Les sons [ø] et [œ] sont faussement


remplacé par /o/, /u/, /comme dans :

Exemples Transcription Transcription


phonologique phonétique
je peux */ ʒe po/pu/ [ʒə pø]

Deux */do/du [dø]

Deuxième */dizjεm/ [døzjεm]


*/dezjεm/
*/dozjεm/
*/duzjεm/

Heure */or/ [œr]

Leur */lor/ [lœr]

79
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Le <E> caduc
Chez presque tous nos informateurs <E> caduc
est presque toujours stable même dans le cas où
il ne faut pas le prononcer. Quelques-uns le
prononcent correctement surtout dans les neuf
monosyllabes. D’autres le prononcent comme le
/e/ fermé. Citons à titre d’exemple :

Exemples Transcription Transcription


phonologique phonétique
chez le */∫e le medes / ∫el-met-s ]
médecin
beaucoup de */biko de livr/. [bo-ku-də-livr]
livres

 La dénasalisation

Comme l'arabe n'a pas de voyelles nasales


plusieurs informateurs les dénasalisent : ils
les produisent sous formes d'une voyelle
orale suivie d'une consonne nasale [n ou m].
Cela semble également dû à cause du
système éducatif où on apprend l’anglais
avant d’apprendre le français dans toutes

80
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

écoles officielles en Libye et en Egypte. Citons


à titre d’exemple :

Exemples Transcription Transcription


phonologique phonétique

Anglais */angle/ [ãglε]

Bonjour */bonnʒur/ [bõʒur]

Entrer */antre/ [ ãtre]

Transport */transpor/ [trãspɔr]

Centre */sintr/ [sãtr]

Encore */onkor/ [ãkɔr]

Contre */kontr/ [kõtr]

Complète */komplit/ [kõplεt]

 Enchaînement
La plupart de nos informateurs ne font pas
l'enchaînement consonantique:
Exemples Transcription Transcription
phonologique phonétique

Elle écoute */ εl- e-kut/ [ε-le-kut]


Il étudie */il-e-ti-di/ [i-le-ty-di]
Par hasard */par-a-zar/ [pa-ra-zar]

81
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Liaison
La liaison obligatoire n’est pas réalisée dans le
discours libre de quelques informateurs.
Cependant la liaison interdite est faussement
réalisée, comme dans :

Exemples Transcription Transcription


phonologique phonétique

Hier et */jεretavãiεr/ [jεreavãtjεr]


avant-hier

Un homme / nɔmetynfam/ [ nɔmeynfam]


et une
femme

Les onze */lezonzamifranse [leõzamifrãsε]


amis /
français

Elle dit oui */εlditwi/ [εldiwi]

Les héros */lezerofranse/ [leerofrãsε]


français

82
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Analyse des interférences


morphologique

La morphologie de nos informateurs telle


qu’elle apparaît dans le corpus se révèle peu
correcte par rapport au plan phonologique ou
syntaxique. Peu de fautes sautent aux yeux, en
voici l’essentiel :

A) Classe des actualisateurs du nom :

 Masculin ou féminin ?
Un nom, en arabe, est soit masculin, soit
féminin, soit de genre incertain (tantôt
masculin, tantôt féminin, selon le locuteur, la
région ou l'époque).
De façon générale, les noms se terminant par "ta
marbūta" sont féminins, les autres sont
masculins. S'ils se terminent par "alif maksūra",
ils sont masculins, sauf s'il s'agit de noms
propres.
En français, le genre des noms est en général
impossible à deviner. Il y a quelques règles (par
ex., les noms se terminant par –tion sont tous
83
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

féminins) mais la plupart du temps, il faut


mémoriser le genre.
Un certain nombre de substantifs
courants ont un genre différent en arabe
et en français.
 Féminins en arabe et
masculins en français :
Ex : avion, cartable, certificat, groupe,
jardin, insecte, métier, nuage, œil,
paragraphe, parapluie, problème, soleil,
ventre, village ; etc.
 Masculins en arabe et
féminins en français :
Ex : chaise, coupe, herbe, lune, , mosquée
parti, plage, etc.
Les confusions s'accentuent quand les mots
français finissent par –e (tendance à les mettre
automatiquement au féminin).
Un certain nombre de substantifs
courants sont la cause d'une telle
ambiguïté:

84
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 An, année
An désigne une période indivisible, une simple
unité de temps, abstraction faite des divisions
que l’on pratique dans l’année. On l’emploie le
plus souvent avec un adjectif numéral, indiquer
un âge ou situer un moment dans une époque.
Exemples : Depuis vingt ans. Il a dix ans. L’an
2000.
Année, qui est presque toujours qualifié par
un adjectif, est la période annuelle considérée
dans la durée.
Exemples : année civile, l’année dernière ; à la
fin de l’année ; l’année de sa naissance.
 Deuxième, second
En pratique, on utilise deuxième lorsque la série
comprend plus de deux éléments. Si la série
s’arrête à deux éléments, on utilisera second.
Exemple : Il est arrivé deuxième alors qu’il y
avait 500 participants. (il y a plus de deux
participants). Il est arrivé second (il n’y a que
deux participants à la course).
 Accord avec « gens »

85
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Règle 1 : Gens immédiatement précédé d’un


adjectif est au féminin.
Exemples : de vieilles gens, de bonnes gens.
Règle 2 : Lorsque l’adjectif qui précède gens en
est séparé par une virgule, il est au masculin.
Exemples : confiants et naïfs, les gens le croient.
Règle 3 : Lorsque l’adjectif suit gens, il est au
masculin.
Exemples : des gens bruyants ; des gens
intelligents.
Règle 4 : Gens de… L’adjectif est toujours au
masculin avec les expressions gens de robe, gens
d’Église, gens d’épée, gens de guerre, gens de
lettres, gens de loi.
Règle 5 : « Jeunes gens » est toujours au
masculin. Il en va de même pour l’usage de
gens au sens de « domestiques » ou de
« partisans » (nos gens sont sûrs et dévoués).
 tache, tâche
Règle 1 : Si vous pouvez remplacer le mot par
« corvée », « travail », « besogne » ou

86
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

« fonction », écrivez tâche avec l’accent


circonflexe.
Règle 2 : Si vous pouvez remplacer le mot par
« salissure », « souillure », « marque » ou
« faute », écrivez tache.
Exemples : Sa réputation est sans tache (Sa
réputation est sans souillure). Même les pires
taches ne résistent pas à ce nettoyant (Même les
pires salissures ne résistent pas à ce nettoyant).

 Adjectifs possessifs ou articles


définis ?
L’arabe emploi souvent les adjectifs possessifs
en redondance, alors qu’on les évite en français
dans les deux cas suivants :
- Dans des structures relatives aux parties
du corps :

Arabe Français
Il a mal à sa tête Il a mal à la tête
Il tombe sur son dos Il tombe sur le dos

- Dans la distribution correspondant à celle


de verbes pronominaux :

87
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Arabe Français
Il tient son front Il se tient le front
Je peigne mes cheveux Je peigne les cheveux
Je lave mes mains Je lave les mains

 « fatigant »ou« fatiguant » ? Adjectif


verbal ou participe présent?

Pour ne pas se tromper, il suffit de


remplacer fatigant / fatiguant par un autre
adjectif : si c’est possible, on écrit fatigant
sans u, sinon c’est le participe présent qui garde
le radical du verbe (avec u) : fatiguant.
Exemples :

- C’est fatigant de faire du sport (=


c’est difficile de faire du sport → adjectif →
pas de u intercalaire).
- C’est en se fatiguant au travail
qu’il est tombé malade (participe présent
→ u intercalaire).
- C’est un travail fatigant (adjectif)
mais C’est un travail fatiguant le
dos(participe présent).

88
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

on utilise la même règle pour extravaguant /


extravagant, naviguant / navigant.

B) Les verbes
 Le présent de l’indicatif est le plus fréquent
dans le corpus. Nos informateurs
l’utilisent pour exprimer le futur, le passé
et le parfait.
 Dans les sujets libres, plusieurs
informateurs choisissent faussement
l’auxiliaire au passé composé. En
outre, le questionnaire affirme l’absence
total de l’accord du participe avec
l’auxiliaire avoir.
* J'ai devenu professeur.
* J'ai rentré très content.
* Ma grand- mère a resté avec nous.
* Nous avons parti passer nos vacances à
Alexandrie.
*La voiture a passé vite dans la rue.
En effet, ce type de fautes n'est pas propre
à nos informateurs, il est fréquent au niveau des

89
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

pays francophones : à Montréal, Sankoff et


Thibault (1) ont relevé des variations syntaxiques
concernant l'emploi de l'auxiliaire comme dans
les exemples suivants :
* aussitôt qu'il a parti;
* j'ai parti avec du ménage de seconde main;
* il a parti à 8 heures.

Blanche Claire Benveniste affirme que ces


variations syntaxiques ne sont pas seulement
propres aux milieux francophones car elle en a
relevé des semblables en France2 :
* j'ai resté soixante-dix jours au lit;
* j'ai monté plusieurs fois à Paris;
* oh! Ils n’ont pas sorti alors d'après ce que ton
père m'a dit;
* et là j'ai pas resté deux jours chez eux;
* j'ai resté une journée quoi pour leur faire
plaisir.

1
- Sankoff et Thibault, L'alternance entre les auxiliaires avoir et être en
français parlé de Montréal", in Langue française n° 45, Larousse, Paris,
1977, pp. 43-56.)
2
. Benveniste (B. C. ) La notion de variation syntaxique dans la langue
parlée, in Langue française, no 115, Larousse, Paris, 1997,pp. 19-20
90
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Opposition accompli ~ non accompli :

Il existe en arabe deux aspects verbaux


fondamentaux, qui sont les deux uniques temps
conjugués :
 l'accompli, pour tout ce qui est passé.
Ex : kataba = il a écrit / il écrivit.
 l'inaccompli, pour tout ce qui n’est pas
terminé.
En arabe standard, l'inaccompli peut se
conjuguer selon 4 modes :
- indicatif : yaktubu (il écrit / il écrira) ;
- "subjonctif" : 'an yaktuba (qu'il écrive) ;
- apocopé : lam yaktub (il n'a pas écrit) ;
- impératif : 'uktub (écris !).
A l’opposé de ces deux uniques temps conjugués
en arabe, le français a 20 temps équivalents ; ce
qui représente une source évidente de
difficultés pour nos informateurs.
Quelques informateurs utilisent des
autonomes passés, cependant leurs verbes
sont conjugués à l’aspect non-accompli (le
présent).

91
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Citons à titre d’exemple :


*En 1994, j'ai un voyage en France.

(En 1994, j'ai fait un voyage en France.)

*J'ai une licence des lettres en 1977.

(J'ai obtenu ma licence ès lettres en 1977.)


*Le professeur d'autrefois a une bonne
personnalité.
(Le professeur avait de la personnalité.)
*Autrefois livres scolaires jouent un grand rôle,
leurs sujets touchent le cœur de l'élève.
(Autrefois les livres scolaires avaient une grande
influence; leurs sujets passionnaient les élèves.)
*Autrefois l'élève est intelligent.
(Autrefois l'élève était intelligent.)
*Ma mère est morte en 1966 quand j'ai quatre
ans.
(Ma mère est morte en 1966 quand j'avais 4
ans.)
*Pendant une semaine, les touristes voient la
tour du Caire, la citadelle, les musées, etc.
(Pendant une semaine, les touristes ont vu la
tour,....)
92
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

*Moi, je préfère vivre à la campagne où je passe


mon enfance.
(Moi, je préfère vivre à la campagne où j'ai
passé...)
* Je n'ai mon appartement qu'il y a six mois.
(Je n'ai mon appartement que depuis six mois.)

 Nos informateurs utilisent le présent de


l’indicatif au lieu du subjonctif.
Examinons ces énoncés :
* il ne faut pas que vous prenez des
médicaments sans conseiller le médecin;
(il ne faut pas que vous preniez des médicaments
sans consulter le médecin.)
* il faut que vous trouvez une solution pour ce
problème.
(il faut que vous trouviez une solution à ce
problème.)
* il faut que le père va au lycée pour savoir
comment ses enfants travaillent au lycée .
(il faut que le père aille au lycée pour savoir
comment ses enfants y travaillent.)

93
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

* pour que l'amitié est un sentiment amical, on


exige de temps.
(Pour que l'amitié soit "devienne" solide, il faut
du temps.)
* pour être amis, il faut que les gens sont
ensemble.

(Pour être amis, il faut que les hommes vivent


ensemble.)
* il faut que le ministère fait des stages pour
améliorer le niveau du professeur.
(il faut que le ministère fasse des stages pour
améliorer le niveau des professeurs.)

 Les informateurs mélangent faussement


l’imparfait, le passé composé et le
présent dans la phrase complexe.
Examinons les énoncés suivants.
*J'ai pleuré beaucoup quand je vois un enfant
de mon âge parle avec sa mère.
(J'ai beaucoup pleuré quand j'ai vu un enfant de
mon âge parler avec sa mère.)
*j’ai beaucoup de problèmes parce que ma mère
était nerveux.
94
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

(J''avais beaucoup de problèmes parce que ma


mère était nerveuse)
*Ma mère est morte quand j'ai quatre ans.
(Ma mère est morte quand j'avais quatre ans.)

Signalons également que des informateurs


employaient le passé au lieu du présent pour
représenter un état actuel :
*Maintenant, l'État essayait de trouver des
solutions véritables pour le problème du
chômage.
*Maintenant, la relation entre le professeur et
l'élève est devenue fragile, l'élève ne respectait
pas son professeur...
(Maintenant, la relation professeur élève est
devenue mauvaise, l'élève ne respecte plus son
professeur.)

 Nos informateurs n’utilisent pas de


monèmes passifs dans leurs discours.
En outre le monème réfléchi, dans
lequel on peut voir un second passif,
représente des difficultés . Citons à titre
d’exemple :
95
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

*Mon père a marié d'une femme.


(Mon père s'est marié avec une femme
professeur.)
*Ahmed a montré fou.
(Ahmed s'est montré fou.)
*La journée scolaire termine à 3 heures.
(La journée scolaire se termine à quinze heures.)
*L'élève doit entraîner beaucoup.
(L'élève doit s'entraîner beaucoup.)
*Mansourah a préparé pour la finale du Coupe.
(L'équipe de Mansourah s'est préparée à la
finale de la Coupe.)
*Nous avons dirigé vers la maison de ses frères.
(Nous nous sommes dirigés vers.....)
 L’omission du verbe « être » est
fréquent dans le corpus surtout quand
l’informateur voudrait s’exprimer au
présent. Ce phénomène est dû à
l’interférence car, en arabe, on peut
avoir un énoncé complet sans le verbe
/kāna/ «être» au présent.
Considérons par exemple ces énoncés:
* La classe pleine de monde;
(la classe est pleine de monde.)
*Le passager qui à côté du conducteur lui a dit
"va plus vite!"
96
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

(le passager qui est à côté ....)


* II y avait mon ami Waël qui débout devant
cette école;
(Il y avait mon ami Waël qui était devant ....)
* Je ne sais pas qui responsable?
(je ne sais pas qui est le responsable.)
* Ma femme était nerveuse mais elle sérieuse.
(Ma femme était nerveuse mais elle était
sérieuse.)
En réalité, l'omission du verbe "être" dans
ces énoncés est due à l'interférence entre l'arabe
et le français. En arabe, on peut avoir un énoncé
complet sans le verbe /kāna/ (être) au présent,
on dit / attarikū tāwilūn / la route (est) longue.
Par contre, en français, ce type d'énoncé a un
verbe attributif c’est - à - dire le verbe être .
Cependant pour mettre le même énoncé au
passé ou au futur, nous avons besoin d'utiliser le
verbe kāna. Exemple :
/kāna attarikū tāwilan / « la route était
longue » /sajakun attarik tawilan/ « la route
sera longue ».

97
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Analyse des interférences lexicales

La lexicologie peut être définie en tant


qu’étude scientifique du lexique. Elle étudie
donc les unités lexicales (les lexèmes) qui
forment le lexique d'une langue.
Il existe deux lieux d'existence pour les unités
lexicales :
 D'un côté, pour désigner les unités
lexicales utilisées et comprises par une
communauté, nous utilisons le terme de
vocabulaire : terme qu’on utilise pour
décrire le répertoire lexical d’un corpus
écrit ou d’un discours oral.

 En même temps, tous les locuteurs


qui parlent une même langue partagent
une masse d'unités lexicales. Aucun
locuteur ne possède toutes, mais
ensemble, leurs vocabulaires combinés
définissent une unité supérieure qui existe
au niveau de la communauté: nous
l'appelons le lexique de la langue.

98
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Ce qu’on décrit dans ce travail, c’est le


vocabulaire français utilisé par les arabophones.

1. Un seul mot en arabe pour plusieurs


équivalents en français :
 Savoir , connaitre ;
 Se rappeler, se souvenir ;
 La montre, l’horloge, la pendule et
l’heure ;
 Le manger, la nourriture, les aliments ;
 Cheveux, poils ;
 Images, photos.

2. Mots d'origine étrangère ayant


effectué un glissement de sens

Mots étrangers Sens Sens


utilisés en en arabe en français
arabe
Batterie Pile Batterie
électrique d'automobile, pile
Jaquette Veste Vêtement masculin
de cérémonie, veste
de jeune.
Blouse Chemisier, Vêtement de travail
chemise

99
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

3. Expressions périphrastiques
 Expressions périphrastiques en arabe
correspondant à un seul terme en français

Arabe Français
Arbre à pommes Pommier
Dans ma maison Chez moi

 Expressions périphrastiques en français


correspondant à un seul terme en arabe

Français Arabe
Partir en voyage Voyager
Se faire couper les Couper ses
cheveux cheveux

N.B. « Faire » employé comme semi-


auxiliaire

4. Interférences sur certains adjectifs


Les adjectifs qualificatifs relatifs à la taille et à
l'âge des personnes sont source de confusion
dans le passage de l’arabe au français.

100
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Arabe Interférence Equivalence


de l’ arabe en français
Court, Paul est plus court Paul est plus petit
long que Jean que Jean. Jean
(taille) Jean est plus long que est plus grand
Paul. que Paul.
Petit Paul est plus petit que Paul est plus
Grand Jean jeune que Jean
Jean est plus grand Jean est plus âgé
que Paul. que Paul.

5. Interférences concernant les verbes


Sous l’influence de l’arabe, nos informateurs
utilisent des syntagmes verbaux dans structures
plus proches à l’arabe qu'au français. D’un autre
terme, ils fabriquent des énoncés français
arabisés. Considérons le tableau suivant :

Arabe Interférence Equivalence en


de l’ arabe français
Avoir Sa robe a la Sa robe est
couleur bleue bleue

J'ai chez toi 20 Tu me dois 20


francs francs

Couper Couper les Acheter les

101
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Arabe Interférence Equivalence en


de l’ arabe français
billets de cinéma billets de
cinéma
Croire Il nous croit Il nous prend
pour les enfants pour des
enfants
Demander Demander une Poser une
question question
Demander des L’élève me
leçons demande de lui
particulières faire des cours
Dépenser Mon père Je coûte cher à
dépense mon père
beaucoup sur
moi
Devenir Il est devenu Il est tombé
malade malade
Il est devenu Il s’est
triste, inquiet attristé,
inquiété (verbes
pronominaux)
Donner Donner un Avoir un bon
bon résultat résultat
Donner des Faire des cours
cours de de phonétique
phonétique
S'énerver Je m'énerve de Il m'énerve
lui

102
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Arabe Interférence Equivalence en


de l’ arabe français
Etre Etre chaud, Avoir chaud,
froid, faim froid, faim
Etre 10 ans Avoir 10 ans
Mon cahier est C'est lui qui a
avec lui mon cahier
Le temps est Il fait beau.
beau.
Faire Faire un Avoir un
accident, une accident, être
opération, etc. opéré
Il me l'a fait Il me l'a offert
cadeau / il m'en a fait
cadeau
Il fait un Il téléphone
téléphone
Frapper Frapper un Donner un
téléphone coup de
téléphone
Gagner Le Maroc a Le Maroc a
gagné la France battu la France
au football au football
Gâter Gâter sa Abîmer sa
montre montre
S'habiller Il s'habille une Il porte une
veste veste
Interroger II interroge/ Il pose aux
demande / élèves toutes
questionne les sortes de

103
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Arabe Interférence Equivalence en


de l’ arabe français
élèves toutes Questions
sortes de
questions
Manger Il mange Il vole
beaucoup beaucoup
d'argent d'argent
Marcher Le train va Le train va se
marcher mettre en
marche
Prendre Prendre Demander
l'autorisation l'autorisation
Prendre Gagner
beaucoup beaucoup
d'argent d'argent
Prendre Emmener
quelqu'un à la quelqu'un à la
piscine piscine
Prendre un Apporter un
cadeau pour cadeau à
quelqu'un quelqu'un
Prendre une Avoir une
bonne note bonne note
Prendre 3 Mettre 3
jours pour aller à jours pour aller
Paris à Paris
Prêter Prêter un livre Emprunter un
de quelqu'un livre à
quelqu'un

104
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Arabe Interférence Equivalence en


de l’ arabe français
Quitter Il a quitté tôt Il est parti tôt
Sembler La rivière La rivière
semblait comme ressemblait à
un serpent un serpent
Sympathiser Sympathiser Sympathiser
quelqu'un avec quelqu’un
Tarder Je vous ai fait Je vous ai fait
tarder attendre
Tomber Le verre est J'ai laissé
tombé de moi tomber le verre
Omar est Omar a
tombé à échoué à
l'examen l'examen
La pluie tombe Il pleut
Travailler Ma montre ne Ma montre
travaille pas ne marche pas
Voyager Il a voyagé Il est parti en
voyage, ou bien
: il est parti
définitivement

105
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Analyse des interférences


syntaxiques
La syntaxe est la branche de la linguistique
qui s’occupe à la fois de la constitution de la
phrase et des procédés par lesquelles les
constituants sont rattachés les uns aux autres
dans la phrase. Prenons les exemples suivants:
1. tables fauteuils murs
planchers lits
2. Cette petite fille ressemble à
sa mère.
La plupart des locuteurs auraient tendance
à considérer le deuxième exemple comme une
phrase, mais non pas le premier. C’est que la
notion de phrase implique un niveau minimal de
structure. Les éléments sont reliés de façon
régulière. Cette régularité se manifeste
syntaxiquement à deux niveaux: l’ordre et les
dépendances.
 L’ordre : on dit cette petite fille mais
non pas petite cette fille).

106
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Une série de dépendances


(l’accord par exemple) : le choix
d’un nom féminin implique le choix
d’un adjectif féminin, qui se termine
par -e, le choix d’un nom singulier
implique le choix d’un verbe
singulier et le verbe transitif indirect
exige l’emploi de la préposition à .

Syntaxe de la phrase simple


En faisant l’analyse syntaxique de la phrase
simple, on aboutit à cinq types de constructions
principales:

 SN + V + ø (intransitif) : le garçon court


 SN+V+SN(transitif direct) : le garçon poursuit
sa sœur
 SN + V + à + SN(transitif indirect) : le garçon
répond à sa sœur
 SN + V + SN + à + SN (transitif direct et
indirect) : le garçon donne un livre à sa sœur
 SN + V (copule) + SN ou SA ou SP
- avec un SN,
Ex. Le facteur est un fonctionnaire,
- avec un SA,
Ex. Pierre est malade de honte,
107
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

- avec un SP,
Ex. Le concierge est dans la cour.

Nous étudierons en détail les


interférences dans les deux constituants
principaux de la phrase simple : le
syntagme nominal et le syntagme verbal.

 Syntaxe du groupe nominal


Le syntagme nominal (SN) est organisé
autour d’un nom actualisé, qui peut être expansé
par :
 un élément modifieur (modificateur)
comme une épithète . Comme dans : la
maison bleue, le beau temps,…
 une proposition relative. Comme
dans : la maison qui est sur la colline
 un complément déterminatif
prépositionnel. Comme dans: la maison
de ses parents, une maison à vendre.
La place de l’adjectif épithète au sein d’un
syntagme nominal représente une source de
difficulté pour les arabophones ; ils le placent

108
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

presque toujours avant le nom. Cette difficulté a


trois justifications :
 Sous l’influence de l’arabe où
l’adjectif épithète se place toujours
après le nom comme dans « waladun
kabīrun » (ou, en arabe égyptien, « walad
kabīr ») = un grand garçon ), waladun
faransi (un garçon français).
 Influencés par l'anglais comme
première langue étrangère où l’adjectif
épithète se met généralement avant le
nom.
 La difficulté du système français selon
lequel on met l’adjectif qualificatif avant
ou après le nom auquel il se rapporte.
Traitons brièvement cette difficulté.
 Après le nom
La plupart des adjectifs se trouvent après le
nom. C’est le cas des :
 participes et les adjectifs verbaux
Exemples : une épidémie inconnue , un ticket
gagnant

109
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 adjectis de couleur, de forme , de


nationalité et de réligion.
Exemples : un tableau noir – une table ronde
– un touriste japonais, un ami chrétien.
 adjectifs plus longs que les noms
Exemples : un cours intéressant – une femme
courageuse
 adjectifs + complément
Exemple : un enfant sage comme une image
 adverbe + adjectif
Exemple : un film extrêmement bon
Attention ! Si l’adverbe et l’adjectif sont
courts vous avez le choix.
Exemple : un très bon film = un film très bon
 Avant le nom
Un petit nombre d’adjectifs courts, les plus
fréquents, se place avant le nom. Il s’agit de :

ADJECTIF EXEMPLE
Beau un beau garçon
Bon un bon dîner
Dernier le dernier train
Grand une grande table

110
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

ADJECTIF EXEMPLE
Gros un gros livre
Haut un haut mur
Jeune un jeune artiste
Joli une jolie robe
Long une longue journée
Mauvais un mauvais livre
Meilleur le meilleur copain
Nouveau un nouvel intérieur
Petit une petite fille
Premier une première fête
Vieux un vieux costume

 Certains adjectifs changent de sens


en changeant de place
En règle générale, l’adjectif se met après le nom
et si on le met avant, cela ne change pas le sens,
mais la phrase est plus expressive :

 Un parc immense  un immense parc


 Un tableau magnifique  un magnifique
tableau

111
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Dans certains cas, la place de l’adjectif entraine


un changement de sens : au cas de sens propre
l’adjectif suit le nom ; de sens figuré, il le
précède.

 Un brave homme = un homme gentil,


attentionné,
 Un homme brave = un homme
courageux,
 Une pauvre femme = une femme qui
n’a pas de chance,
 Une femme pauvre = une femme qui
n’a pas d’argent,
 Un grand homme = un homme
exceptionnel,
 Un homme grand= un homme de haute
taille,
 Une seule femme = seulement une
femme,
 Une femme seule = une femme non
accompagnée,
 Ma propre maison = la maison qui
m’appartient,
112
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Une maison propre = une maison qui


est bien tenue.
Considérons les exemples suivants :

Adjectif sens propre sens figuré


Fort Une tête forte Une forte tête

Jeune un homme un jeune homme


jeune
Maigre un repas maigre un maigre repas

Noble une femme noble une noble femme

Pauvre un homme un pauvre homme


pauvre
Petit un magasin petit un petit magasin

Propre une veste propre une propre veste

Seul un enfant seul un seul enfant

Simple un paysan un simple paysan


simple
Vrai une histoire un vrai Picasso
vraie

 Syntaxe du groupe verbal


Le verbe est la tête du syntagme verbal
(SV); il peut figurer seul ou avoir des
expansions de divers types (SN et/ ou SP)

113
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Le syntagme verbal au sein de la phrase simple a


quatre constructions principales:
 SN + V + ø (intransitif) : le garçon court
 SN+V+SN(transitif direct) : le garçon poursuit
sa sœur
 SN + V + à + SN(transitif indirect) : le garçon
répond à sa sœur
 SN + V + SN + à + SN (transitif direct et
indirect) : le garçon donne un livre à sa sœur

Ces constructions françaises représentent une


source de difficultés pour les arabophones car
les expansions des verbes sont parfois
différentes dans les deux systèmes :

 plusieurs verbes français sont suivis d’un


complément d’objet indirect (ex : obéir à ,
ressembler à , conseiller à , ordonner à
, …) au contraire les équivalents arabes de ces
verbes sont suivis d’un complément d’objet
direct.

 Du même des verbes comme prier,


chercher, obtenir n’ont pas de
114
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

préposition en français tandis que les


équivalents arabes en comportent.

1. Verbes transitifs directs en arabe qui ne


le sont pas en français

Nos informateurs ont omis «à » avec


plusieurs verbes dont les équivalents arabes
comportent un COD : on dit en arabe :/alwald
yo∫bh abah/, mais en français on dit le fils
ressemble à son père.

Considérons ces exemples


* Je conseille mon fils à bien étudier ses leçons.
Je conseille à mon fils de bien étudier ses leçons.
*Le docteur ordonne le malade de prendre les
médicaments.
Le docteur ordonne au malade de prendre les
médicaments.
*j'ordonne mes élèves à faire ces exercices.
j'ordonne à mes élèves de faire ces exercices.

Voici un inventaire des verbes construits


sans préposition en arabe et transitifs
indirects en français :
115
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Arabe Français

Accoucher Accoucher de
Annoncer (nouvelle) Annoncer à qqn
Appartenir qqn Appartenir à
Apprendre qqn Apprendre à
Arriver Arriver à
Attirer l'attention Attirer l'attention de
Assister Assister à
Avoir envie Avoir envie de
Se battre Se battre contre
Coïncider Coïncider avec
Conseiller qqn Conseiller à
Défendre qqn de + inf. Défendre à qqn de
Déplaire Déplaire à
Désobéir Désobéir à
Dire franchement Dire franchement à
Donner Donner à
Emprunter Emprunter à qqn
Enseigner Enseigner à
Entrer Entrer dans
Etre contemporain Etre contemporain de
Etre utile Etre utile à
Faire plaisir Faire plaisir à
Faire ses adieux Faire ses adieux à
Goûter Goûter à
Hériter Hériter de
Interdire Interdire à

116
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Arabe Français

Jouer tennis Jouer au tennis


Lutter Lutter contre
Monter (moyen de Monter dans, à
transport)
Se marier Se marier avec
Négocier Négocier avec
Obéir Obéir à
Offrir Offrir à
Ordonner Ordonner à
Parier Parier avec
Parler Parler à
Pardonner qqn Pardonner à
Partager Partager avec
Parvenir (lieu) Parvenir à (lieu)
Se plaindre Se plaindre de
Plaire Plaire à
Porter tort Porter tort à
Promettre Promettre à
Rendre visite Rendre visite à
Répondre Répondre à
Résister Résister à
Ressembler Ressembler à
Se souvenir Se souvenir de
Succéder Succéder à qqn
Suffire Suffire à
Venir = (se diriger Venir vers
vers)

117
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Ce phénomène représente une source de


difficultés en particulier lorsqu’il s’agit
d’employer les pronoms de 3ème personne. Les
pronoms le, la et les remplacent lui et leur et
inversement.

2. Verbes construits avec préposition en


arabe et transitifs directs en français

Certains informateurs utilisent «à » dans


des positions où le français ne l'utilise pas.
*Je prie à mon fils d'être calme.
*Je n'ose pas à dire le mal.
*Je cherche à quelqu'un pour m'aider.

Voici un inventaire des verbes les plus


fréquents :

Arabe Français

Ambitionner ‫الى‬ Ambitionner qqch


Attaquer ‫على‬ Attaquer qqn
Autoriser ‫ل‬ Autoriser qqn à
Chercher‫عن‬ Chercher qqn ou qqch
conserver‫ب‬ Conserver qqch
contacter‫مع‬ Contacter qqn
Convoiter‫فى‬ Convoiter qqch

118
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Arabe Français

Craindre ‫من‬ Craindre qqn


Défendre ‫عن‬ Défendre qqn
Désirer ‫في‬ Désirer qqch
Dévoiler ‫عن‬ Dévoiler qqch
disputer ‫في‬ disputer qqch
écouter ‫الى‬ Ecouter qqn ou qqch
Exprimer ‫عن‬ Exprimer qqch
Influencer ‫على في‬ Influencer qqn ou qqch
Pleurer ‫على‬ Pleurer qqn
Prier ‫من‬ Prier qqn
obtenir ‫على‬ obtenir qqch
Oser ‫على‬ Oser +infinitif
Quitter ‫عن من‬ Quitter un lieu
Réclamer ‫ب‬ Réclamer qqch
Regretter ‫على‬ Regretter qqn ou qqch
/de+ l’infinitif
Saluer‫على‬ Saluer qqn
Solliciter‫التمس من توسل الى‬ Solliciter qqn
Venger‫انتقم لفالن‬ Venger qqn (se venger
de qqn ‫)انتقم لنفسه من‬
Voter ‫على‬ Voter qqch (la loi)

Négation du verbe

En arabe standard, la particule de négation est


en un seul mot ; elle précède immédiatement le
verbe. En français, la négation est composée de
119
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

deux mots : ne… pas (avec toutes les variantes


possibles : ne… plus, ne… jamais, ne… rien, ne…
personne, ne… que, etc.).

Nos informateurs ont souvent de mal à mettre la


négation complète surtout au cas du passé
composé ou au cas d’un auxiliaire secondaire.
Par exemple :
 *Nous n’avons gagné pas le match
 *Je ne suis allé jamais en France
 *Je ne veux acheter rien.

En fait, cette erreur d’ordre doit à


l’interférence avec l'arabe parlé. Le monème
discontinu négatif comporte un élément qui
précède le verbe et qui est en général /ma/ et un
second élément qui se situe toujours après le
verbe /∫i/ : /maqal∫i/ «il n’a pas mangé».

 Problématique des prépositions :


Les prépositions «à» et « de »
représentent la plus grande difficulté pour la
majorité de nos informateurs. Cette difficulté
doit essentiellement à la complexité du système

120
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

des fonctionnels en français : chaque fonctionnel


remplit plusieurs fonctions différentes.
La préposition « à » marque l’appartenance.
Elle s’utilise :
 après un verbe (« Cette voiture est à Papa »).
 devant un pronom (« un ami à nous », « sa
façon à elle »)
On utilise « de » lorsqu’il est placé entre deux
noms (« la voiture de Julie », « la moto de la
police »).
Voici nos remarques concernant l’emploi
de ces deux prépositions :

Dans notre corpus, «À» remplace


fréquemment « De » et c'est le cas général en
français parlé, comme dans ces exemples tirés de
l’ANALYSE DU FRANÇAIS PARLÉ de Aurélien
Sauvageot1:
 *Elle a mis la robe à sa sœur
 *C'est la voiture au docteur
 *J'ai pas voulu me servir du vélo à Jean .

1-Sauvageot (A.) : Analyse du français parlé, Paris, Hachette,1972.

121
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Exemples tirés de notre Corpus :


 *Mes gouts sont différents aux tiens.
 * On rapproche ce texte à celui de Balzac.
 *La femme est toujours inquiète à
l'absence de son fils.
 *Elle nous profite à connaître la parole des
autres.
 *C'est difficile pour moi à parler même en
arabe.
 *Je vous remercie à me donner une
chance pour parler.
 *Je propose de s'occuper à augmenter nos
bibliothèques par des livres qui nous
aident à pratiquer ou à parler avec
quelqu'un.

« À » est mis pour « En » dans ces


énoncés :
 *À la Haute - Égypte, on trouve beaucoup
de monument.
 *Je quitte ma famille pour aller à la France
 Ce bâtiment consiste à tant
d’appartements.

122
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Dans le cas du verbe consister, on a trois


constructions :
- Consister en c.à.d. comporter, se
composer de ,
- Consister dans devant l’article défini
comme dans : votre travail consiste dans
l’accueil des participants ;
- Consister à +l’infinitif ; comme dans la
sagesse consiste maintenant à patienter
(est de ….).
Voyons l'emploi fautif du fonctionnel DE
dans les énoncés suivants :

 « De » mis pour « À » :
 *Nous achetons notre nourriture de
l’épicerie.
 *j’emprunte des livres de mes amis
français.
 *Les écoles doivent aider l'enfant de bien
utiliser le temps.
 *Le père préfère son fils aîné de tous les
autres .
 *On encourage les élèves de lire les
journaux français.

123
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 *Il faut s'intéresser de l'enseignement du


français.
 *J’invite les responsables de trouver une
solution pour ce problème.

 « De » mis pour « Pour » :


 *Nous serons d’accord de recommencer.
 *L'administration insiste d’appliquer les
disciplines.
On dit insister pour + inf., sur + quelque
chose.

 « De » mis pour « Avec » :


 *Je me suis marié d’une femme qui
travaille professeur de maths
 *Le directeur s’est fâché de son secrétaire.

 « De » mis pour « au sujet de» :


* le voyageur se renseigne des billets.

 « De » mis pour « par» :


 *Il sort de cette porte.
 Il regarde de cette fenêtre.

 « Des » « mis pour « de » :


 *Les élèves font beaucoup des bruits.

124
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 *le professeur rencontre beaucoup des


problèmes.
 *J'ai des bonnes relations avec mes
collègues.
 *Je n'ai jamais lu des romans américains.

Dans les énoncés ci-dessus, des doit être


remplacé par de:
Dans les deux premiers énoncés, on a
l'expression de quantité beaucoup, dans le 3e
énoncé, on a un adjectif pluriel, le 4e énoncé une
phrase négative.
Ce type d'erreur est peut-être dû à l'opposition
phonologique [də/de].
Dans les énoncés ci-dessous, De est utilisé
dans des positions où les verbes comportent un
objet direct :
 *Il prétend d’obtenir dix sur dix.
 *La mère défend de ses enfants.
On dit défendre quelqu'un ou quelque
chose mais défendre à qqn de + inf.
 *L'écriture chinoise me rappelle de
l'écriture hiéroglyphe.

125
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Je me rappelle de mon enfance à la


campagne.

D’après Maurice Grevisse (1), le verbe se


rappeler est suivi d'un objet direct : "se
rappeler, selon l'usage strict, se construit avec
un objet direct : Je me rappelle ce fait; je me le
rappelle; le fait que je me rappelle. La langue
populaire dit tout à fait couramment : «Je me
rappelle de ce fait», «Je m'en rappelle»
(influence de «Je me souviens de...», «Je m'en
souviens».

Emploi des autres prépositions :

 À ou chez (établissements
commerciaux)
Chez ne s’utilise qu’en parlant de personnes
et, par extension, d’êtres animés ou d’êtres
personnifiés. Exemples : Il habite chez ses
parents. Chez les aigles, le bec est jaune.
Dans le cas d’établissements commerciaux,
quatre cas sont possibles :

126
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

– le nom de l’établissement se confond avec


un nom de personne : on utilise chez.
Exemple : Aller chez Durand et fils.
– le nom de l’établissement est un nom
de chose ou un groupe comprenant un nom
de chose, et l’on utilise à. Exemple : Aller
au Bon Marché.

« à » est mis pour « avec » :


 Mon point de vue est compatible au votre.
 La préposition « Dans »

« Dans » est mis pour « Par » :


 J'ai douze cours dans la semaine. (par
semaine)

 La préposition « En » :
En remplace faussement dans :
 *Nous vivons en un monde très civilisé.
Remarquons l'emploi de En dans cet énoncé :
 Les touristes de toutes nationalités
viennent en Egypte pour visiter les
monuments qui se trouvent en partout.

1
- Maurice Grevisse, Le français correct, Duculot, Paris
127
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

L'emploi de En devant partout est incorrect.


L'adverbe partout ne comporte jamais le
fonctionnel En.

 La préposition « Pour »

La préposition « Pour » est utilisée pour


désigner la fonction spatiale : toujours avec le
verbe partir et toujours faussement remplacée
par à ou par en :
 *Je suis parti à Paris en 1991.
(Partir pour + lieu mais partir à + heure)
 *Je ne partirai jamais France.

 La préposition« Sur »
En général, l'emploi de « sur » est
proprement spatial, il indique la position d'une
chose par rapport à ce qui est plus bas, en
contact ou non avec elle.
Examinons l'emploi de « Sur » dans les
énoncés ci-dessous :
 *Les cosmonautes sont allés sur la lune.
 *Quand il se sent un peu malade, *il va
sur la pharmacie.

1982, p. 239
128
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

On dit aller à, vers + lieu mais on dit bien : cet


enfant va sur quatre ans, sur ses quatre ans.
 *Je vais parler sur les examens, sur la
sieste, sur la langue en général, sur le
tourisme en Egypte, sur les universités
privées...
On ne dit pas parler sur qqn ou sur qqch.,
mais on dit : "parler de qqch. Parler de la pluie
et du temps, de choses et d'autres. Toute la ville
en parle. Parler de qqn : II fait beaucoup parler
de lui, on en parle beaucoup."
 *Nous discutons sur les problèmes de
français. On ne dit pas discuter sur qqch.
mais discuter qqch.
 *La vie familiale doit être calme, il sera
dépende sur la personnalité de père.
On ne dit pas dépendre sur mais dépendre de.
 *Il est inquiet sur sa santé
 On ne dit pas être inquiet sur mais être
inquiet de.
 *J’ai peur sur mes enfants
 *On ne dit pas avoir peur sur mais avoir
peur pour
 *Il s’assied sur cette table
129
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 *On ne dit pas s’asseoir sur une table


mais s’asseoir à une table
 *Le tableau est sur le mur.
 *On ne dit pas être sur le mur mais être
contre le mur.
N.B. Erreurs de construction
Quand deux verbes se construisent avec des
prépositions différentes, on ne doit pas les
faire suivre d’un seul complément
commun.
 Le complément doit suivre le premier
verbe.
 Ce même complément doit être repris,
après le second verbe, sous la forme d’un
pronom ou d’un équivalent introduit par la
préposition qui convient.
 Ne dites pas :
- Je suis allée et revenue de Paris dans la
même journée.
 Dites : Je suis allée à Paris et j’en suis
revenue (de Paris) dans la même journée.
 Ne dites pas :
- J’ai essayé et je suis parvenu à gagner

130
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Dites :
- J’ai essayé de gagner et je suis parvenu à le
faire, (ou)et j’y suis parvenu.

La phrase complexe

La phrase complexe est le résultat d’une réunion


de deux ou de plusieurs propositions qui ont
chacune comme «noyau» un verbe conjugué.

Les propositions d’une phrase complexe peuvent


être soit juxtaposées, soit coordonnées, soit
subordonnées.

D’une façon générale, la coordination et la


subordination représentent une grande source
de difficulté pour les arabophones.

Traitons donc les erreurs dans les deux cas.

a) La coordination
En français, les propositions coordonnées,
peuvent être reliées par les conjonctions de
coordination: mais, ou, et, donc, or, ni, car.
En arabe, la particule « wa » est la plus
courante. Elle peut coordonner deux groupes
nominaux (sa mère et son frère) ou deux
131
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

propositions qui sont sur le même registre


grammatical ou sémantique (il est venu et il est
reparti).

L’emploi de la particule « wa » est la cause de


l’interférence dans les deux cas suivant :

 Dans une énumération, on la répète entre


chaque groupe, et non seulement à la fin comme
en français

 sa mère et son frère et sa sœur.

 La syntaxe s’intéresse à la structure des


syntagmes et à la question de position
des constituants et aux fonctions de ces
constituants et aux relations inter-
propositionnelles.

 Dans les phrases négatives, suivie de la


négation, pour exprimer le « ni.... ni » français.

 Ex : je n'ai pas visité Paris et ne pas


Tunis = je n'ai visité ni Paris ni Tunis.

132
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

b) La subordonnée relative :

1) Présence ou l’absence du pronom


relatif ?
En arabe, la présence ou l’absence du
pronom relatif s’attache à la nature de
l’antécédent : défini ou indéfini.
 Lorsque l'antécédent est défini, le
pronom relatif est présent et il s'accorde en
genre et en nombre avec celui-là.
 Ex 1 : Ra'aitu alwalada alfransiyyu
alladhi yaskunu fi paris jadduhu
fransiyyun = j'ai vu le garçon français
qui habite à Paris et dont le grand-père
est français.
Littéralement : « J'ai vu le garçon
français qu'il vit à Paris, son grand père
français. »

 Lorsque l'antécédent est indéfini, le


pronom relatif est absent donc les "relatives"
fonctionnent en fait comme des
indépendantes juxtaposées
133
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Ex 1 : Hādha waladun tunisiyyun


yaskunu fī tūnis jadduhu tūnisiyyun =
c’est un garçon tunisien qui habite à Tunis
et dont le grand-père est tunisien.
Littéralement : "Celui-ci garçon tunisien,
habite à Tunis, son grand-père tunisien."
Par conséquent, sous l’influence de l’arabe
parlé, quelques informateurs omettent le
pronom relatif qui :
 *Il y a des élèves adorent les sports (…qui
adorent…)
 *Je peux parler d’un accident est arrivé
hier.( ..qui est arrivé..)
 * J’ai un ami français habite au Havre.

2) L'expression de la fonction dans la


relative
En français, le pronom relatif représente
l'antécédent et a une fonction à l'intérieur de la
relative.
 Ex : le garçon qui parle, que je vois, dont
je connais les parents et avec qui je joue.

134
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

« qui » est sujet de « parle » ; « que »


est COD de « vois » ; « dont » est
complément du nom « parents » ;
« avec qui » est complément
circonstanciel d'accompagnement par
rapport à « je joue ».
En arabe, le pronom relatif est exclusivement
un pronom de reprise, il n'a aucune fonction
à l'intérieur de la relative. La fonction, elle,
est exprimée par le pronom personnel qui,
dans la relative, est repris et renvoie à
l'antécédent.
 Ce pronom personnel peut être sujet dans la
relative (il est alors contenu dans la forme
verbale).
 Ex : Ra'aitu lwalada alladhi yaktubu =
j'ai vu le garçon qui écrit (littéralement :
que il écrit).
 Il peut être COD.
 Ex : Ra'aitu lwalada alladhi 'a°rifuhu =
j'ai vu le garçon que je connais
(littéralement : que je le connais).

135
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Il peut être complément introduit par une


préposition.
 Ex : Ra'aitu lwalada alladhi takallamna
°anhu = j'ai vu le garçon dont nous avons
parlé (littéralement : que nous avons parlé
de lui).
Ce phénomène est une source abondante de
fautes de syntaxe : la plupart de nos
informateurs arabophones forment leurs
relatives selon la structure arabe
 Ex : *les vacances que je les attends, que je
parle d'elles, que nous allons vers elles,
etc.).
Le résultat, c’est que nos informateurs,
comme beaucoup de francophones, tendent à
généraliser le pronom relatif que : ils l’utilisent
à la place des pronoms dont, qui et où.
 Que au lieu de Dont :
 *Dans cette leçon que le titre s'appelle "Va
plus vite!"...
 *Dans la bibliothèque de l'école, l'élève
trouve les livres qu'il a besoin.

136
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 Que au lieu de Qui :


 *II y a un jeune que vous attend.
 Que au lieu de Où ou dans lequel :
 *II y a beaucoup d'occasions qu'on peut
inviter les amis.
En général, les informateurs utilisent
abusivement que au lieu de dont, auquel,
selon lequel, sur lequel. Voici leurs énonces :
 *Je me souviens toujours de ces
professeurs que les conseils m'ont été
précieux (dont).
 Je n'aime pas la manière que vous me
traitez (dont).
 *Voilà un geste d'amitié que nous sommes
particulièrement sensibles (auquel).
 *Il est difficile de déterminer la technique
que les Pyramides ont été construites
(selon/ par/ suivant laquelle).
 Je n'admets pas le ton que vous m'avez
appelé (sur lequel).

c) La subordonnée complétive avec «que»


Les temps et le mode du verbe après le
137
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

subordonnant «que» représentent une grande


difficulté : en général l’aspect non accompli (le
présent) est le plus fréquent, il remplace le
subjonctif aux positions où il est obligatoire de
l’utiliser.
 * II faut que le ministère fait des stages . . .
 *Il ne faut pas que vous prenez des
médicaments sans conseiller le médecin.
 *Il faut que le père va au lycée pour savoir
ses enfants travaillent au lycée.

d) Les subordonnées circonstancielles de


temps
La concordance du temps entre les deux
parties de l’énoncé représente une difficulté
pour nos informateurs.
 *Tu liras ce livre quand tu as le temps.
Tu liras ce livre quand tu auras le temps.
 *Quand il avait fini son travail, il est sorti.
Quand il a eu fini son travail, il est sorti.
 *Dès qu'il avait fait beau, nous faisions de
la planche à voile.
Dès qu'il faisait beau, nous faisions de la
planche à voile.
 *Dès que je l'avais vu, je lui ai dit bonjour.
Dès que je l'ai vu, je lui ai dit bonjour.
138
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

 *J'ai tout rangé avant que je parte.


J'ai tout rangé avant de partir.
 *Quand j'ai le temps et j'ai de l'argent…
Quand j'ai le temps et que j'ai de
l'argent…
 *Le voleur a pris les bijoux, cependant tout
le monde dormait.
Le voleur a pris les bijoux, pendant que
tout le monde dormait.

e) La subordonnée interrogative :
Elle est utilisée sans aucun changement :
aucun informateur n’a utilisé si, ce que ou ce
qui, les équivalents des monèmes interrogatifs :
Est-ce que, qu’est-ce que, qu’est-ce qui.
Nos informateurs gardent toujours les monèmes
interrogatifs à l’interrogation indirecte.
Voici des exemples tirés de notre Corpus :
1) L'élève se demande pourquoi apprend-
on le français.
D’après G. Mauger, (1) l'inversion du
pronom "on" dans l'énoncé ci-dessus est
incorrecte :

- G. Mauger , Grammaire pratique du français d’aujourd’hui,


1

Paris, hachette, 1968.p. 300.


139
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

« Si le sujet est un nom, un pronom


démonstratif (sauf ce), un pronom possessif, ou
un pronom indéfini (sauf on), l'inversion simple
est possible avec où? Quand? Comment? Encore
faut-il qu'il n'y ait pas de nom complément
d'objet : Dis-moi où est mon père, quand
viendra le tien, comment va celui-ci. »
2) *II faut suivre leurs études pour savoir
leur niveau est-ce qu'ils sont bons ou ils
sont mauvais.
3) *Le médecin lui-même décide qu'est-ce
qu'il faut faire et qu'est-ce qu’ils ne font
pas faire.
4) *II faut savoir qu'est-ce qu'il faut faire et
qu'il ne faut pas faire.
5) *Je ne sais pas qu'est-ce qu'il arrive.
Les énoncés ci-dessus sont asyntaxiques,
ils présentent de curieuses lacunes à l'emploi
des subordonnants à l'interrogation indirecte;
aucun informateur n'a utilisé si, ce que ou ce qui
les équivalents des monèmes interrogatifs Est-ce
que, qu'est-ce que et qu'est-ce qui. Cette faute est

140
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

due à l'influence de l'arabe qui utilise, que ce soit


au niveau du discours direct et indirect, le même
monème interrogatif. Ajoutons qu'il est difficile
de distinguer au niveau de l'oral entre
interrogation partielle directe et indirecte.
Françoise Gadet 1 (affirme que « À l'écrit, la
distinction entre interrogation directe et
interrogation indirecte paraît claire. Il n'en est
pas de même à l'oral, car, pour ce qui concerne
les partielles, la confusion segmentale peut être
complète »
Conclusion
Pour conclure, il faut être juste envers nos
informateurs; ils ne sont pas seuls les
responsables de ces lacunes dans leur français
parlé et écrit; ils sont le fruit d’un système
éducatif universitaire qui ne leur permet pas
de s’exprimer correctement en français, un
système qui ne prend pas du soin aux difficultés
propres à la langue française (l’ accord du verbe
et du participe passé, la concordance des temps,

1
- Françoise Gadet Le français Ordinaire, Paris Armons Colin,
1989,P.145.
141
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

les monèmes fonctionnels, la graphie et la


phonie), un système qui ignore comment
remédier aux aspects négatifs de l’interférence
entre l’arabe et le français.

142
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Questions sur tout le programme


I- Qu’ est-ce que la linguistique appliquée?
Quels sont ses objectifs? (5 points)
- Qu'est-ce que l'interférence? (5 points)
II-Corrigez les erreurs dans les phrases
suivantes :
1. Les bons enfants obéissent leurs parents.
2. Que pensez-vous à cet examen?
3. Le faculté insiste d’appliquer les
règlements.
4. Je me souviens mon enfance à la
campagne.
5. Le voleur n’ose pas à dire la vérité.
6. Je respecte ces professeurs que les conseils
m’ont été précieux.
7. Nous avons parti passer nos vacances en
Soudan.
8. La voiture a passé vite dans la rue.
9. Je vais au coiffeur une fois dans le mois.
10. Il faut que tu prends les
médicaments à l'heure.
11. En printemps, nous partons à l'Egypte.
12.vous disez la vérité
13.Le professeur prie aux élèves d'être
calmes.
14.Je espère que vous soyez content.
15. Il promène les mains derrière le dos.
16.Je vous remercie à me donner une chance
pour parler.
17. J'ordonne mes élèves à faire ces exercices.
143
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

18. Je quitte ma famille pour aller à la


France
19.Il faut que vous comprenez toutes
questions.
20. Cet amie ressemble sa mère
III-Remplacez la transcription
phonologique des mots ci-dessous par la
transcription phonétique (10 points)
Mots Transcription
phonologique
université */inifirsite/
camping */kamping/
Auxiliaire */ogziljer/
système */sistim/
Outre */otr /
les héros */lezero/
prêt */pre/
Utile */itil/
étudier */itidje/

144
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Bibliographie
-I- Etudes sur le français parlé en France

Balhoul (B.) : La faute et les déformations


syntaxiques en français parlé.
Thèse de IIIème cycle, Paris V,
1973.

Benveniste (B.-C.) : Le français parlé. Etudes


grammaticales, Paris, éd. du
CNRS, 1990.

Benveniste (B.-C.) : Recherches sur le


français parlé. GARS Groupe
Aixois de recherches en syntaxe,
Département de linguistique
française, Provence Bruméro (71-
95)

François (D.) : Français parlé, analyse des


unités phonique et significatives
d'un corpus recueilli dans la
région parisienne . 2 vol., Paris,
SELAF, 1974.

145
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Rigault (A.) : La grammaire du français


parlé. Paris,
Hachette, 1971.

Sauvageot (D.) : Analyse du français parlé,


Paris, Hachette,1972.

II- Etudes sur le français hors de la


France

Barreteau (D.): Inventaire des études


linguistiques sur les pays
d'Afrique Noire d’expression
française et sur Madagascar.
Paris, CILF, 1978.

CILF: Le français en contact avec la langue


arabe, les langues négro-
africaines. la science et la
technique. les cultures régionales.
Sassénage, 16-20 mai, 1975,
Publiés par le Conseil
International de la langue
française, Paris, 1977.

146
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Elsadaani(A.Wahab): Le français parlé par


les enseignants phonologie -
morphologie- syntaxe, Thèse de
doctorat, Université de
Tanta,1999.

Fahmi (A.) : Les fautes grammaticales et


comment y remédier,
NahdatuMisr, Le Caire, 1985.

Lefebvre (Clémont) : La synatxe comparée


du français standard et
populaires, approches formelle et
fonctionnelle. 2 Tomes,
Gouvernement du Québec, Office
de la langue française, 1982.

Gueunier (N) : Le français parlé du Liban :


cent portraits linguistiques,
Université de Provence,1993

Ministère de l'Education Nationale,


Mission universitaire et culturelle
française : Analyse des fautes dues

147
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

aux interférences. Bureau d'études


pédagogiques, Casablanca, 1970.

Pohl (J.) : Témoignages sur la syntaxe du


verbe dans quelques parlers
français de Belgique. Bruxelles,
Palais des Académies, 1962.

Pohl (J.) : Les variétés régionales du français,


étude belge (1945-1977). Bruxelles,
P.U. de Bruxelles, 1979.

Renchon (H.): Études ' de syntaxe descriptive.


Bruxelles, palais des Académies,
1967.

Sankoff (G.)& Thibault (P.) : "L'alternance


entre les auxiliaires avoir et être
en français parlé Montréal, in
Langue française. n°45, Paris,
Larousse, 1977.

III- Ouvrages traitant les différents


thèmes de la linguistique

148
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Argot-Dutard (F.) : Eléments de phonétique


appliquée. Paris, A. Colin/
Masson.1996.

Bayllon (Ch.)& Fabre (P.) :Initiation à la


linguistique. Paris, éd. Natan.1975.

Malmberg (B.) : La phonologie, coll. Que sais-


je, Paris, P.U.F., 1981.

Martinet (A.) : La description phonologique


avec application au parler franco-
provençal d'Hauteville (Savoie).
Genève-Paris, 1956.

Éléments de linguistique générale.


Paris, A. Colin, 1ère édition, 1960,
(Nouvelle édition 1980).

La linguistique synchronique.
Paris, P.U.F., 1969.

Langue et fonction. Paris,


Gontier,1969.

Le français sans fard. Paris,


P.U.F., 1974.

149
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Grammaire fonctionnelle du
français. Paris, éd. Didier.1979.

Syntaxe générale. Paris, A. Colin,


1985.

Mauger (G.) : Grammaire pratique du français


d'aujourd'hui. Paris,
Hachette.1968.

Moreau (M.-L.) : "Français oral et français


écrit : deux langues différentes?",
in Le Français moderne. n°45, 3,
pp. 204-242, 1977.

Morel (M.-A.) : La concession en français.


Paris, éd. Orphrys, 1996.

Mounin (G.): Introduction à la sémiologie.


Paris, Minuit, 1970.

Clefs pour la linguistique. Paris,


Seghers, 1971.

Perrot (J.) :La linguistique, coll. Que sais-je,


Paris, P.U.F., 1997.

150
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Petit (0.) : Phonétisme français et phonétisme


arabe. Paris, B.E.L.C.,1967.

"Le français parlé langue et usage", in Le


Français moderne. 45, 3, pp. 193-
203, 1977.

Pinchon (J.) : Morphosyntaxe du français:


études de cas, Paris,
Hachette, 1986.

Poitier (B.) : Théorie et analyse en linguistique


générale, Paris, Hachette, 1987.

Saussure (F.) : Cours de linguistique générale,


Paris, Payot, 1979.

Fouratier (Ch.) : Le système verbal français


(Description morphologique et
morphématique). Paris, A. Colin,
1996.

Coste, D. (1996). “La linguistique appliquée:


en revenir ou y revenir” in La
Linguistique Appliquée en 1996 :
points de vue et perspectives.
Actes du Symposium organisé par
151
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

la COFDELA, Université de
Grenoble, Janvier, pp. 19-41

Cyr, P. (1996). Les Stratégies d’apprentissage,


Paris, Clé International .

Peytard, J. (1982). Littérature et classe de


langue, Français langue
étrangère. Paris, Hatier-Credif.

Py, B. (1996). “Les apports de la didactique à


la linguistique” in La Linguistique
Appliquée : points de vue et
perspectives. Actes du 1er
Symposium organisé par la
COFDELA Université Stendhal-
Grenoble III 18, 19 et 20 Janvier,
pp. 11-18

V- Dictionnaires consultés :

Du Chazaud (H. B.) : Dictionnaire de


synonymes et contraires Paris, éd.
Gilles Firmin, coll. "Les usuels",
1997

152
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Dubois (J.) : Dictionnaire de linguistique.


Paris, Larousse, 1973.

Mounin (G.) : Dictionnaire de la linguistique.


2ème éd., Paris, P.U.F.,1995.

Thomas (A.V.) : Dictionnaire des difficultés de


la langue française. Paris,
Larousse, 1971.

Robert (P.) : Le Petit Robert, Paris,S.N.L,1979.

Robert, Le Nouveau Petit (1993). Le


Dictionnaire alphabétique et
analogique de la langue française.
Paris, Dictionnaires le Robert.

IV- REFERENCES EN LANGUE ARABE


.8881،‫القاهره‬،‫عامل الكتب‬،‫ دراسة الصوت اللغوى‬،‫ أمحد خمتار معر‬-
.8811 ،‫ مكتبة أالجنلو املرصية‬،‫ القاهرة‬،‫ الصوات اللغوية‬، ‫ ابراهمي‬.‫ (أنيس) د‬-
. 8814 ،‫ مكتبة الش باب‬،‫ القاهره‬،‫ دراسة وتعريب‬،‫عمل الصوات لربتيل ما ملربج‬، ‫ عبد الصبور‬.‫ (شاهني) د‬-
.8811،‫ دمشق دار القمل‬،)8‫(ط‬،‫ ابن جىن (أبو الفتح عامثن) رس صناعة العراب‬-
.2003،‫ليبيا‬،‫الزاوية‬،‫عمل أالصوات بني القدماء واحملدثني دار مشوع الثقافة‬، ‫عىل حسن‬.‫ (مزابن) د‬-
.424 ‫ ص‬2 ‫ج‬، 8811 ،3.‫ط‬،‫ القاهره‬، ‫حتقيق عبد السالم محمد هارون مكتبة اخلانىك‬،‫الكتاب‬،‫ سيبويه‬-
webographie
andre.thibault.pagesperso-orange.fr//phonologie semaine 3
(consulté le20-11-213).
asl.univ-montp3.fr/phonetique/cdodane/.../TD4-TD6-.
ekladata.com/LIQYnt55Le0Fxit6_qTRt6QH94E.pdf
ecrpe2015.unblog.fr/.../phonologie-et-phonetique.1pdf
http://ojs.cimedoc.uniba.it/index.php/glottodidattica/article/do
wnload/28/
153
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

154
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Tables des matières


Sujets Pages
Descriptif du programme 4
Symboles et notations utilisés 11
Introduction
Qu’est-ce la linguistique appliquée ? 14
La linguistique appliquée et la didactique 16
Première partie
Les difficultés du français parlé
 Difficultés morphosyntaxiques… 21
 Liaisons… 25
 La graphie « h » 26
 Interrogation… 27
 Négation… 30
 Modes et temps… 32
 Prépositions 35
 Les pronoms relatifs 42
Pourquoi faisons des erreurs ?
La grammaire 44
Le génie de la langue 46
L’interférence 49
L’ignorance des parleurs 52
Deuxième partie
Analyse des interférences entre l’arabe et le
français
Système phonologique en français 57
Système phonologique en arabe 61
Traits pertinents des phonèmes 63
Analyse des interférences dues au système 69
consonantique
Analyse des interférences dues au système 75
vocalique

155
Linguistique (f.421)  Dr. Abdelwahab Elsaadadani

Analyse des interférences morphologiques 83


Analyse des interférences lexicales 98
Analyse des interférences syntaxiques 106
Questions sur tout le programme 143
Bibliographie 145
Tables des matières 155

156

Vous aimerez peut-être aussi