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Histoire de la linguistique Chapitre 1 : Port-Royal et la


Grammaire Générale
Histoire de la linguistique (Université Toulouse-Jean-Jaurès)

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Histoire de la linguistique

Chapitre 1 : Port-Royal et la Grammaire Générale


I) L’étude des langues et du langage au XVIIème siècle

1) Essor de l’intérêt pour l’étude des langues et du langage

La caractéristique du XVIIème siècle est que les linguistes s’intéressent à l’étude des langues étrangères, même en dehors de la
France. Claude Lancelot (1616/1695) étudie la linguistique, la philosophie, et la grammaire de la langue et dit qu’il ne faut pas
automatiser la réflexion. Il était un penseur complet car grammairien latin, grec, italien, espagnol. Il y a eu un essor de la réflexion
d’ordre pédagogique mais son originalité reposait sur des règles de grammaire rédigées dans la langue de l’apprenant. Ceci répond à
la préoccupation d’ordre pédagogique car l’apprenant doit partir de ce qu’il connaît pour, progressivement, apprendre une nouvelle
langue. Mais ce n’est pas que cela qui le pousse dans cette direction. En effet, pour lui, les principes généraux qui régissent une langue
particulière ne sont pas réductibles (propres) à cette langue. Le niveau de grammaire élevé est donc partagé par toutes les langues.

2) Epanouissement du « bel » usage

Idée complètement différente de Port-Royal. Cet épanouissement se déroule sous les règnes de Louis XII et XIV, pendant le siècle des
Lumières avec les philosophes Rousseau, Diderot, Descartes etc. La préoccupation des Louis était d’asseoir la monarchie française et
cela a donc entraîné un renforcement du centralisme monarchique notamment avec la fondation de l’Académie française en 1635.
« La principale fonction de l’Académie française sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles
certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter de tous les arts et de toutes les sciences ». Elle met donc
en avant l’usage à la cour du roi. Vaugelas (1585-1650) Remarques sur la langue française (1647) dit que la façon la plus saine de
parler et avec le langage de la cour.

3) Conception rationaliste de la grammaire générale

En opposition avec la pensée de l’Académie française, cette conception dit que le langage est conçu comme une science déductive
comparable à la logique. Œuvres de Arnauld & Lancelot et Arnauld et Nicole donnent la logique de Port-Royal.
En effet, l’Académie française adopte un point de vue normatif contrairement à la grammaire générale qui donne un point de vue
rationaliste sur la langue.

II) Le projet d’une grammaire générale et raisonnée

1) Généralités

Port-Royal est une institution à caractère religieux et éducatif, c’est ici que se trouvent les « Petites Ecoles ». Il s’agit d’un foyer du
Jansénisme (par opposition au Jésuite). Des intellectuels y viennent car il s’agit d’un « laboratoire de recherche » où il est possible
d’y réfléchir, d’y discuter et où on peut faire des séminaires de recherches. Les intellectuels sont appelés solitaires. L’impact de leurs
travaux va être important pour les réflexions sur le langage. L’objectif de la grammaire de Lancelot et Arnauld va être de découvrir les
principes universaux auxquels régissent toutes les langues, c’est-à-dire ce qu’elles ont en commun.
Pascal va faire des retraites dans cette abbaye et Racine va suivre les cours des Petites Ecoles.
Arnauld, Lancelot et Nicole remettent à jour les principes de Platon (-384/-322). Ils vont systématiser l’étude des propriétés et des
jugements en élaborant, au sein de la logique formelle, une théorie de la phrase. Le langage découlerait des lois de la pensée, exprime
le jugement, les réalisations différentes rencontrées dans les langues sont toutes conformes à des principes de logique universelle.
Ces postulats découlent de la pensée Cartésienne (1596-1650) Discours de la méthode (1637).
Descartes : « Bon sens (…) distinguer le vrai d’avec le faux (…) car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de
l’appliquer bien ».
Arnold et Nicole : « le bon sens (…) le discernement du vrai et du faux »

2) La question de la représentation

Représentation des idées par l’esprit, comment l’esprit s’exprime par des signes ? « Parler, c’est expliquer sa pensée par des signes
que les hommes ont inventés à ce dessein » (Grammaire générale et raisonnée). Le langage est perçu comme une image et un
instrument de la pensée. « Ainsi le signe enferme deux idées, l’une de la chose qui représente, l’autre de la chose représentée, et sa
nature consiste à exciter la seconde par la première » (Logique). Il est possible de retrouver dans les signes linguistiques, à la fois une
image des objets du monde extérieur, mais aussi une image de l’esprit lui-même. C’est l’organisation des mots et leurs relations au
sein d’un énoncé qui sont censés ici représenter la pensée.

3) La question de l’universalité

Recherche d’une théorie du langage qui n’est pas restreinte à une langue particulière. Les catégories classiques du discours sont en
correspondances avec les catégories logiques (qui sont universelles).
Catégories classiques du discours : verbes, adverbes, adjectifs …
Catégories logiques : Aristote, substance, substantif, quantité, qualité…

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De ce que les catégories logiques participent de la nature même de l’entendement et que ce dernier est supposé identique à lui-même
au travers des diversités historiques et géographiques, les catégories du discours sont elles-mêmes supposées identiques dans toutes
les langues du monde.

III) Eléments de grammaire raisonnée

1) Les catégories du discours


a) Se définissent en fonction de l’activité de l’esprit

On voit dans la pensée Cartésienne, distingués deux constituants fondamentaux : l’objet de la pensée (renvoie à l’entendement) et la
forme de la pensée (renvoie à la volonté). A ces deux constituants correspondent deux catégories de mots qui les représentent :
- 1ère catégorie : les noms (substantifs et adjectifs), les articles, les pronoms, les participes, les prépositions, les adverbes, sont
les signes, objets de la pensée.
- 2ème catégorie : les verbes, les conjonctions et les interjections représentent la forme de la pensée.

b) En fonction des conditions de la communication

Il est impossible de représenter toutes les choses par des noms spécifiques, d’où l’utilisation du nom commun. Cependant, nous
avons besoin de noms spécifiques pour chacun des individus  noms propres. Les noms communs sont déterminés et limités par
l’emploi des articles et des démonstratifs.

2) De l’universalité de certaines règles

Comme l’entendement est partagé, son fonctionnement est supposé universel par les grammairiens. La manière d’agencer les signes
devrait être universelle pour tout le monde.
Découle de la prise en compte conjointe de principes logiques, et de contraintes portant sur la communication.
Exemple de l’accord du nom et de l’adjectif pour les langues faisant un accord. D’un point de vue logique, l’adjectif et le nom de
rapportent à une même chose. La clarté de la communication veut que l’on sache de quel nom dépend l’adjectif. Ces deux aspects
(logique et communicationnel) sont a priori valables pour toutes les langues du monde qui recourent à un accord entre l’adjectif et le
nom, de sorte que cet accord sera opéré en termes d’identité de nombre, de genre et de cas.
Exemple de l’ordre des mots. Lorsqu’une propriété est attribuée à un objet, il faut au préalable se représenter l’objet. Ce n’est qu’une
fois cette représentation établie qu’il sera possible d’affirmer quelque chose à propos de cet objet. L’ordre naturel, et donc universel,
sera que le substantif soit placé avant l’adjectif et que le sujet soit placé avant le verbe.

3) Une théorie des figures

Les contre-exemples sont expliqués par une théorie des physiques. Les figures de rhétorique :
- Substitution volontaire d’une façon naturelle de parler par une façon artificielle
- Cette substitution est motivée par des fins d’expressivité ou d’ordre esthétique
De telles figures n’appartiennent pas seulement à la littérature mais se retrouvent également dans la langue où elles « dérangent »
l’ordre naturel des mots pour se mettre au service des passions. Langues transpositives qui transforment l’ordre comme le latin ou
l’allemand.
Lorsque des ellipses se produisent où lorsque l’ordre naturel est transformé, il est considéré que l’ordre naturel ou les mots sous-
entendus ont d’abord été présents à l’esprit du locuteur et qu’ils doivent être restitués par celui de l’auditeur.

4) Syntaxe de la proposition

La proposition est l’élément de base de la réflexion grammaticale ; sa syntaxe dépend de celle du jugement. Celui-ci constitue l’acte
fondamental de la pensée ; opération par laquelle la volonté attribue une propriété à une chose (on affirme quelque chose à propos
de quelque chose d’autre). La proposition est l’expression linguistique de cette opération. Elle se décompose en trois éléments :
- Le sujet (ce dont on affirme)
- L’attribut ou encore prédicat (ce qu’on affirme)
- La copule (le verbe être qui représente le verbe par excellence en tant qu’acte volontaire d’attribution)
Les substantifs représentent les choses alors que les adjectifs représentent les propriétés de ces choses.
La copule (le verbe être), est présentée comme l’opérateur de la pensée (au même titre que les conjonctions). Les autres verbes sont
analysés comme l’amalgame du verbe être avec un adjectif ou un participe « Pierre écrit »  « Pierre est écrivant ».
Différents niveaux d’analyse (formes de surface, formes de référant).
Les structures superficielles complexes peuvent être ramenée à des structures plus simples.
Dieu invisible a créé le monde visible
Trois propositions simples : 1) Dieu est invisible (proposition incidente) 2) Il a créé le monde (proposition principale) 3) Le monde
est visible (proposition incidente). Chacune des ces propositions exprime un jugement simple.
La théorie du langage de Port-Royal n’est pas ici sans certains liens avec la grammaire scolastique et celle de la Renaissance.
Cependant, pour Port-Royal, le langage n’est pas compris comme un ensemble formel de termes mais comme un système centré sur la
proposition (qui repose sur l’affirmation d’un jugement).

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IV) Influence de Port-Royal, les successeurs

Au début, très peu connu, ce n’est qu’après que nous avons redécouvert ces textes. La perspective de Port-Royal marque la fin de la
primauté jusque-là reconnue à la grammaire latine comme modèle de toutes les grammaires. La grammaire générale n’est pas propre à
une langue mais transcende toutes les langues (principe d’égalité). Elle s’écarte de la description du détail des langues et de la
demande de normativité sociale portée par l’Académie française. Elle met sur un même plan d’égalité toutes les langues au nom d’un
principe de raison. Elle échappe à l’impasse dans laquelle se trouvait la réflexion sur le langage à l’époque de la Renaissance jusqu’à
Vaugelas, tout en ne s’enfermant pas à l’intérieur (…)
Une influence qui s’exerce de manière continue pendant deux siècles durant lesquels l’ouvrage d’Arnauld et Lancelot sert de base à
toute formation grammaticale. Acceptée même par Condillac (1715-1780) et les philosophes empiristes, de nombreuses « grammaire
générales » sont composées sur son modèle. La conception de Port-Royal apparaît clairement dans l’Encyclopédie où le grammairien
Beauzée écrit un énoncé.
(La perspective de la Grammaire de Port-Royal marque la fin de la primauté jusque-là reconnue à la grammaire latine comme modèle
de toutes les grammaires ; la grammaire générale n’est pas propre à une langue mais transcende toutes les langues. Elle échappe ainsi
à l’impasse dans laquelle avait pu se trouver la réflexion sur le langage à l’époque de la Renaissance jusqu’à Vaugelas, tout en ne
s’enfermant pas à l’intérieur d’une simple spéculation sur l’acte de signifier (tel qu’avaient pu le faire au Moyen Âge les divers traits.
e
De modis significandi). Elle connut cependant un retrait notable pendant la période du positivisme (XIX siècle) durant laquelle son
programme a été quelque peu mis en retrait.
La mise en avant de l’universalité et de la stabilité de la raison cartésienne avait eu pour conséquence de considérer comme
secondaires les diversités linguistiques ainsi que tout ce qui pouvait concerner directement le changement linguistique ou l’histoire
e
des langues. Le XIX siècle, en laissant de côté l’idée même d’universalité, va non seulement introduire l’histoire dans l’approche et
l’étude des langues, mais également l’idée que celles-ci sont comparables à des organismes vivants.
Le délaissement de la perspective instaurée par Port-Royal a également résulté de la remise en question des catégories logiques et de
leur corrélation avec les catégories du discours. En outre, il était reproché que les catégories traditionnelles du discours avaient été
établies en faisant référence aux langues classiques (latin, grec...) et ne pouvaient donc pas être rapportées à l’ensemble des langues
du monde. Il reste que la remise en cause des catégories traditionnelles du discours montre surtout que celles-ci sont inadéquates, mais
elle n’est pas pour autant de nature à invalider l’idée même d’une grammaire universelle de sorte qu’une telle conception a pu être
reprise bien plus tard par la linguistique générative. C’est ainsi que le linguiste Noam Chomsky peut voir dans la Grammaire de Port-
Royal (il est vrai de manière quelque peu ‘forcée’) un ancêtre des grammaires génératives et transformationnelles .

Chapitre 2 : La linguistique historique et comparative

I) Introduction

Il ne faut pas croire que la linguistique naît grâce à Saussure.


Avec Port-Royal, on abordait une démarche de type universaliste et systématique qui conçoit une étude du langage à travers celle de
la logique et de la pensée, succède à celle-ci une autre démarche qui met l’histoire et la transformation des langues au centre de ses
préoccupations. Approche dynamique et non statique. Avec le XIXème siècle, la réflexion linguistique est modifiée par une nouvelle
approche : la linguistique historique. Celle-ci essaie d’établir des relations entre les langues et tente de dégager différentes familles
linguistiques et de constituer des modèles hypothétiques de langues (de langues mères) d’où seraient dérivées les langues attestées
(langues filles). Elle se fonde sur la méthode comparative, d’où l’appellation de linguistique comparative qui lui est associée.

II) Origines et débuts du comparatisme

1) Deux pôles d’influences externes

- Les sciences de la nature Lamarck (1744-1829), Cuvier (1769-1832) et Darwin (1809-1882). Elles mettent en avant le
classement des plantes, des animaux, à regrouper les différentes espèces en familles. Mettent en avant l’évolution
potentielle des espèces. Cuvier pense que les espèces niassent et meurent mais n’évoluent pas tandis que pour Lamarck, les
espèces évoluent. Les personnes de la nature observent les travaux des linguistes. Les langues, comme les organismes vivants
seraient amenées à être en constante évolution ; assimiler une langue à un organisme vivant.
- L’éveil des nationalismes : exaltation des passés nationaux, intérêt porté aux cultures populaires et à ses littératures (contes,
légendes, épopées) considérées comme l’expression des identités nationales et les études philologiques de ces littératures.
- L’émergence de conceptions historiques et évolutives est en lien avec des contextes de ruptures et de bouleversements
sociaux, politiques et idéologiques (Révolution Française, chute des Empires). Penser que des choses immuables peuvent
s’arrêter du jour au lendemain.

2) Les prémices, la fin du XVIIIème siècle

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William Jones (1746-1794), fondateur de la Société asiatique (1784), constate que le persan, le grec, le latin et le celtique présentent
des ressemblances communes avec le sanskrit (langue sacrée de l’Inde ancienne). Cette parenté « ne saurait être attribuée au
hasard ». Il développe une hypothèse salon laquelle ces langues pourraient avoir une même origine.
Anne Robert Jacques Turgot (1727-1781) a écrit un article Etymologie (Encyclopédie) : toute langue obéit à un « principe interne »
de changement. Le changement linguistique serait régulier et respecterait l’organisation interne des langues.

3) Les premiers travaux du XIXème siècle

Friedrich von Schlegel (1772-1829) Sur la langue et la sagesse des Indiens (1808). Rasmus Rask (1787-1832) Investigation sur
l’origine du vieux norrois ou de la langue islandaise (1814), Franz Bopp (1791-1867) Du système de conjugaison de la langue
sanskrite comparé avec celui des langues grecque, latine, persane et germanique (1816), Jacob Grimm (1785-1863), Wilhem von
Humboldt (1767-1835).

Rask établit des relations entre l’islandais, les langues scandinaves et germaniques, le slave, l’arménien, le latin et la grec. Il démontre
que les langues lituanienne et lettone constituent, au sein des langues indo-européennes, une famille indépendante (branche baltique).
La comparaison entre les langues doit être établie essentiellement en fonction de critères grammaticaux.
La démarche de Rask ne se situe pas toutefois dans une perspective historique. En effet, en comparant les langues, sont but n’est pas
d’établir leur généalogie et de retrouver leur origine mais, à l’image des linguistes du XVIIIème siècle, de dresser une simple
typologie.
Bopp, lui, pensait que la langue mère des langues indo-européennes était le sanskrit mais va abandonner cette idée. Son mémoire lui
vaut d’être considéré comme le fondateur de la grammaire comparée. Il se fonde sur la comparaison des paradigmes verbaux
entre les langues européennes et le sanskrit afin d’en démontrer la communauté d’origine. Il les fait dériver d’une hypothétique langue
mère l’indo-européen.

III) Grammaire comparée, quelques points méthodologiques et théoriques

1) Le changement linguistique

Il existe deux types de changements linguistiques : emprunt et héritage. L’un répond à une volonté consciente des hommes, il s’agit
de l’emprunt fait par une langue à une autre langue. L’autre répond à un passage inconscient et progressif d’une langue à une autre
par héritage.
Un emprunt par une langue est susceptible d’être opéré dans n’importe quelle autre langue, même celles non apparentées.
L’héritage implique, lui, une utilisation sans interruption lors du passage d’une langue à une autre. Il ne peut se produire qu’à
l’intérieur d’une même famille linguistique.
Implications de cette conception :
Envisager qu’une transformation n’est pas la conséquence d’une volonté délibérée, c’est reconnaître l’existence de principes et de
causes « naturelles » qu’il s’agit de découvrir. Dans le rapport de parenté n’interviennent pas que des relations reposant sur une
stricte ressemblance mais également d’autres reposant sur des principes de différenciations. La parenté entre deux langues peut être
démontrée par leurs différences, pourvu que celles-ci répondent à des tendances ou des principes naturels. La reconnaissance de
l’existence de tendances ou de principes naturels implique que toute évolution linguistique se conforme à un principe de régularité.
Celui-ci va permettre de transformer l’étude de l’étymologie en une véritable réflexion linguistique. En effet, la recherche de cette
irrégularité impose que l’on cesse de considérer le mot de façon globale et que l’on procède à une analyse grammaticale de ce mot
afin d’en distinguer les différents constituants. Lorsque l’on aura repéré qu’une modification s’applique à un constituant spécifique
du mot, la validation de l’hypothèse reposera sur la vérification de ce que la même modification soit observée dans chaque mot où
ce constituant intervient.
Samuel Bochart (philologue et théologien français, 1599-1667) dérive le nom d’insulta britannica du phénicien Baratanac ‘pays de
l’étain’. Il suppose que ce mot été donné à cette île par les marchands phéniciens ou carthaginois qui allaient y chercher ce métal.
Turgot (1756) : britannicus est un adjectif dérivé, où la grammaire latine ne connaît rien de radical que le mot britain.

2) La méthode comparative

De manière simple, il s’agit de confronter des éléments d’une langue à d’autres. Il peut parfois y ressortir des ressemblances ou des
différences. Principe de régularité. Les éléments grammaticaux sont privilégiés car ils ne sont pas sujets aux mécanismes
d’emprunt. Premièrement, nous pouvons comparer les éléments constitutifs des mots (autour du radical). Le but est de dégager des
évolutions considérées comme naturelles. Les éléments lexicaux sont susceptibles de provenir d’autres langues, parfois non
apparentées. En revanche, les éléments grammaticaux ne sont pas sujets à de tels mécanismes d’emprunts car il s’agit de classes
figées donc la modification bouleverserait la grammaire de la langue.

3) La « décadence » des langues comme principe d’évolution

Idée que les langues puissent s’altérer. La structuration grammaticale peut changer. Hypothèse d’explication du changement de la
structure grammaticale : langues objets de décadence (Auguste Schleicher 1821-1868). Ce sont les changements de prononciation

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des langues qui entraînent un changement grammatical. Dès lors que l’on change la manière de prononcer, cela amène à ne plus
différencier, du flou, dans l’organisation des constituants du mot.
Dans une première période de « progrès » (période « préhistorique »), les langues humaines, ou au moins certaines, ont pu prendre
successivement les formes isolante, agglutinante puis flexionnelle (stade ultime de la « perfection » linguistique). Les langues
auraient alors été le reflet de l’esprit humain qui les façonnait à son image comme des œuvres d’art.
Langue isolante : les mots sont réduits à un radical sans variation morphologique, les rapports grammaticaux sont marqués par la
place des termes.
Langues agglutinantes : les rapports grammaticaux sont exprimés en juxtaposant au radical des affixes distincts.
Langues flexionnelle : ajoute à la racine des mots des affixes exprimant des catégories grammaticales ou des fonctions
syntaxiques.
A cette phase « ascendante » aurait succédé, dès l’Antiquité classe, une phase de décadence dès lors que les hommes se seraient
préoccupés de faire l’histoire. En effet, les langues n’auraient plus été envisagées que dans leur rôle social d’instrument de
communication. Afin de faciliter l’utilisation de cet instrument, les locuteurs se seraient abandonnés à une tendance au moindre
effort dans la réalisation sonore des langues, ce qui aurait eu pour conséquence de nuire à leur organisation grammaticale et la
clarté de celle-ci.

IV) Les développements

Auguste Comte, Cours de philosophie positive. Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, les recherches linguistiques sont
profondément influencées par le développement des sciences et la doctrine positiviste. Elles tendent à s’écarter davantage de
considérations philosophiques générales et laissent entrevoir quelques prémices d’une science linguistique autonome.
Le tournant manifestant le passage de l’historicisme au positivisme est sans aucun doute constitué par les recherches et les travaux de
ceux que l’on nomme (au début par dérision) les “ jeunes grammairiens ” ou néo-grammairiens. Dans le même temps, sous
l’impulsion de savants comme Helmholtz (1821-1894), Rousselot (1846-1924)... la phonétique fait des progrès particulièrement
sensibles et tend à devenir une science expérimentale. Ces progrès permettent d’établir les lois phonétiques avec plus de rigueur et de
précisions. Il faut également signaler qu’à côté de l’intérêt pour les études indo-européennes, croît également celui pour les langues
romanes. En outre, à l'attention jusque-là quasi exclusive pour l’aspect phonétique de l’évolution des langues, s’ajoutent d’autres
préoccupations, notamment sémantiques, qui tendent à élargir le champ des études linguistiques.
Auguste Comte, philosophe français fondateur du positivisme : récuse les a priori métaphysiques et affirme que l’esprit humain ne
peut connaître l’être même des choses et fonde la connaissance sur l’observation et l’étude expérimentale des phénomènes, en
sciences naturelles comme en sciences humaines. Influence sur les études des langues et du langage car les recherches linguistiques
s’écartent davantage de considérations philosophiques générales et elles montrent une autonomisation croissante de leur champ
d’étude.

1) Les néo-grammairiens

Dans la deuxième moitié du XIXème siècle (à partir des années 1870), un groupe de jeunes linguistes (essentiellement
allemands : Karl Brugmann (1849-1919), Hermann Osthoff (1847- 1909), Hermann Paul (1846-1921) tente de renouveler la
problématique de la grammaire comparée. A cette époque, les principes du “ positivisme ” triomphent tant dans le domaine de la
philosophie que celui des sciences. Ce groupe, sous le nom de néo-grammairiens, veut appliquer ces principes à la linguistique
historique. Ils veulent dépasser les niveaux de la constatation et de la description des changements linguistiques, pour aborder celui
de leur explication. Leur objectif est de déterminer les causes de ces changements et, pour cela, ils adoptent une méthode inspirée
du positivisme.
Pour les néo-grammairiens, il faut que l’étude des changements s’applique, de préférence, à des états de langues successifs (non
distants) dans le temps. Ils s’opposent ainsi à l’importance accordée à la tentative de reconstruction d’un indo-européen primitif, et
se prononcent pour l’étude des changements entre langues chronologiquement proches.
L’évolution des langues est expliquée par deux types de causalités : physiologique et psychologique. L’explication
physiologique se rapporte ici au niveau de l’articulation des sons des langues. Les lois phonétiques, qui rendent compte des
passages d’un état de langue à un autre, sont comprises comme des mécanismes d’ordre physiologique qui doivent, en tant que
tels, s’appliquer de façon régulière, générale et invariable. Les néo-grammairiens veulent ici appliquer aux lois phonétiques la
même rigueur que celle exigée pour les lois de la physique où de la biologie. Ainsi conçues, ces lois phonétiques seraient
universelles et immuable.
L’autre type d’explication est d’ordre psychologique. Il repose sur les mécanismes concernant l’association des idées et les
principes d’analogie : le fait que les mots et les phrases peuvent être regroupés par les locuteurs dans des classes selon des critères
d’identité de sens ou de sonorité. De sorte que la création d’un nouveau mot ou d’une nouvelle phrase pourrait s’opérer par
analogie à un autre mot ou une autre phrase appartenant à la même classe. Par exemple, si l’on prend le mot solutionner (qui double
le mot résoudre), sa formation (sur la base solution) pourrait être expliquée par l’analogie établie par les locuteurs avec le modèle
rencontré dans additionner ou auditionner (qui sont respectivement formés sur les bases addition et audition). Cette place conférée à la
psychologie élargie la conception que l’on se faisait jusqu’alors de la langue : en envisageant d’autres modèles d’explication que le
simple modèle biologique, c’est aussi reconnaître qu’une langue est plus qu’un simple organisme naturel.
Il reste que pour ces linguistes la seule étude scientifique du langage est la méthode historique de sorte que toute explication de
l’évolution des langues ne pourra être envisagée qu’en ces termes. Ainsi, un mot ne sera considéré comme dérivé d’un autre que si sa
base est effectivement antérieure d’un point de vue historique. Prenons pour exemple le mot consternation qui est daté du XVIème
siècle. Ce mot sera analysé comme issu d’un processus de dérivation dans la seule mesure où sa base consterner (XIVème) lui est

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historiquement antérieure.

2) L’intérêt pour les langues romanes

Déjà, dans la première moitié du siècle le linguiste allemand Friedrich Diez (1794-1867) : Grammaire des langues romanes (1836-
1838), Dictionnaire étymologique des langues romanes (1853). Histoire de la langue française en deux volumes (1863) d’Émile
Littré. Dans la seconde moitié du siècle, les travaux de Gaston Paris (1839- 1903) en matière de philologie romane servent de
modèles pour l’étude des origines de la langue française.
Parallèlement aux progrès de la phonétique et de la linguistique romane, l’étude des dialectes régionaux suscite un intérêt croissant
parmi les linguistes français. C’est ainsi que Jules Gilliéron (1854-1926), élève de Gaston Paris, fonde avec Rousselot en 1887 la
Revue des Patois gallo-romans ainsi que la Société des parlers de France en 1893. Il enseigne à partir de 1883 la dialectologie à
l’École des hautes études et entreprend en 1897 une vaste enquête qui aboutit à la publication d’un Atlas linguistique de la France.
Gilliéron peut être considéré comme le créateur de la géographie linguistique. À l’insistance des néo-grammairiens sur l’uniformité
phonétique, il oppose l’individualité étymologique « tout mot a sa propre histoire ».

3) La sémantique historique

Il était également nécessaire de découvrir les principes généraux qui régissent les transformations sémantiques. C’est dans cette
perspective que vont s’orienter certains des travaux et des réflexions de Wilhelm Wundt (1832-1920), de Hugo Schuchard (1842-1927)
ou encore du français Michel Bréal (1832-1915). Ce dernier réagit contre l'intérêt exclusif porté à l'aspect phonétique de l'évolution
des langues en appelant à une “ science des significations ” et des “ lois qui président à la transformation des sens ”, science qu’il
désigne sémantique.
Là où les comparatistes allemands recherchaient, dans l’évolution des langues, des causes matérielles à l’imitation de celles des
sciences de la nature, Bréal recherche des causes intellectuelles. Par exemple, là où certains pouvaient penser que les mots
comprenaient intrinsèquement une “ tendance péjorative ” qui explique que d’une signification “ noble ” ils évoluent vers un sens “
péjoratif ”, Bréal souligne en revanche une tendance psychologique à l’euphémisme qui influe sur l’évolution de la signification des
mots.

V) Eléments de conclusion

Comme les solitaires de Port Royal et les Encyclopédistes, la linguistique historique et comparative envisage la langue comme un
système de signes. Elle ne le fait toutefois pas reposer sur les catégories de la logique mais sur l’analyse des données linguistiques à
travers l’histoire des langues. Positionnement des études linguistiques comme étude des langues pour elles-mêmes. Etude de la
parenté génétique entre les langues. Etude avec plus de rigueur et de précision, à partir des années 1870, de l’évolution, étape par
étape, de chacune des langues pour lesquelles on possède des documents anciens. Plusieurs éléments on pu contribuer à ce que
l’évolutionnisme du début du siècle se développe de façon à s’orienter vers une science générale de l’étude du langage :
introduction de méthodes exactes et expérimentales dans l’étude des langues (phonétique), l’extension des préoccupations des
chercheurs qui ne se limitent plus à la seule analyse des évolutions phonétiques.

Chapitre trois : Ferdinand de Saussure et le Cours de linguistique générale

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Histoire de la linguistique

I) Introduction

Le Cours de linguistique générale (CLG) est traditionnellement considéré comme l’un des ouvrages instaurant la ‘linguistique
moderne’. Il s’agit d’un aboutissement de travaux linguistiques antérieurs de même qu’un certain nombre de ruptures. Il réfute,
comme l’ont fait les néo-grammairiens, certaines des conceptions de la linguistique du XIXème siècle. Il reprend et précise certaines
idées déjà défendues à l’issue de cette période (Whitney). L’idée d’une « théorie générale de la langue envisagée en elle-même et
pour elle-même » est déjà largement présente. Le CLG énonce une vision synthétique et une réflexion approfondie sur les
fondements, la nature et l’objet d’une linguistique conçue en tant que discipline autonome. Il s’agit d’un cadre à la fois général et
propre à la discipline qui permet d’envisager la théorisation des faits de langue.
Le CLG est issu de cours donnés à l’université de Genève de 1906 à 1911. Collège de France. Cet ouvrage sera publié en 1916 après
la mort de Saussure en 1912. Il sera élaboré par deux de ses collègues Charles Bally et Albert Sechehaye sur la base des notes
manuscrites prises par les étudiants. Le CLG représente donc une vision synthétique mais aussi interprétative des cours de Saussure.

II) Les orientations générales

1) L’ancrage de Saussure dans la réflexion de l’époque

Saussure est influencé par les travaux et réflexions de son temps : les néo-grammairiens, les travaux des américains Whitney et
Peirce. C’est à Leipzig, là où les néo-grammairiens étaient en train de renouveler les études de grammaire comparée, qu’il s’initie à la
linguistique (sanscrit, vieux slave, iranien ancien). Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes.
Ce premier ouvrage, présenté à Paris en 1880, lui assure aussitôt la notoriété. En 1881, il enseigne la grammaire comparée) l’Ecole
des hautes études (Sorbonne), puis retourne à Genève en 1891où il assure un enseignement de linguistique comparée, de Sanscrit ainsi
que de français moderne. De 1906 à 1911, il donne des cours de linguistique générale qui fonderont sa renommée.

2) Les ruptures affichée par l’enseignement de Saussure

Il reprend, de manière cumulative, les ruptures déjà manifestée par les écoles et approches antérieures et, en dernier lieu, celles des
néo-grammairiens :
-Démarquer la linguistique de la grammaire traditionnelle dont la seule préoccupation est de distinguer des formes estimées
‘correctes’ et d’autres jugées ‘incorrectes’.
-Faire de la linguistique une science descriptive et non pas normative. Le caractère scientifique de la discipline sera garanti par
l’exclusion de tout jugement de valeur et l’adoption d‘un point de vue strictement descriptif.
-Marquer une rupture par rapport à la philologie classique consacrée à l’étude des textes anciens. Elle s’ « attache trop servilement à
la langue écrite et oublie la langue vivante ».
Il exprime des ruptures à l’encontre de la grammaire comparée (des premiers moments), le CLG lui reproche, comme néo-
grammairiens, la grande faiblesse et son approche historique, sa conception d’un déclin des langues sous l’action des lois
phonétiques liées à la communication, sa vision strictement ‘organiciste’ de la langue (texte de Schleicher).
Il se démarque aussi des néo-grammairiens, essentiellement préoccupés par l’élaboration de lois phonétiques, ils restent en deçà de ce
qu’impose l’élaboration d’une méthodologie et d’une théorie linguistique générale mais aussi à cause du primat de l’analyse
synchronique sur l’analyse historique (i.e. diachronique) de la langue pour Saussure.

3) L’influence de Whitney et Peirce

Reprise et continuation de l’œuvre du linguiste américain Whitney Language and the Study of Language et The Life and Growth of
Language. Ce dernier a initialement profondément influencé les néo-grammairiens. Il offre la première manifestation d’un
mouvement anti-schleichérien et est le premier à se soucier de procurer un statut véritablement scientifique à la linguistique.
Il a avancé des thèses alors particulièrement ‘révolutionnaires’ :
-Le langage n’est ni un fait biologique (sciences naturelles), ni une faculté de l’esprit
-Le langage est né de la communication et au sein de celle-ci
-Le langage est un fait social, le produit d’une institution sociale
-La tâche de la linguistique est de décrire cet outil de communication ainsi que son fonctionnement.
Il est également préoccupé par l’étude de l’apprentissage du langage chez l’enfant.

Influence de Charles Sanders Peirce, philosophe et logicien américain, fondateur du courant pragmatisme. Sous le terme de
sémiotique, il avait amorcé une théorie préfigurant le projet saussurien de sémiologie.

4) La matière et les tâches de la linguistique

En ce qui concerne la matière de la linguistique, le projet du cours est d’analyser toutes les formes de langage sans se limiter au seul
“ beau langage ”, et sans non plus exclure les textes écrits qui seuls permettent d’étudier les langues distantes ou passées.

Quant à ses tâches, celles-ci sont d’établir la description et l’histoire de toutes les langues ainsi que de dégager les lois générales
auxquelles pourraient être ramenés les faits particuliers. Une autre tâche consiste également pour la discipline à se délimiter et se

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Histoire de la linguistique

définir elle-même et marquer par là son autonomie vis-à-vis d’autres disciplines. C’est précisément à cette tâche de définition et de
délimitation que s’attache le C. L. G. lorsqu’il formule plusieurs concepts fondamentaux s’articulant chacun sur un système
d’opposition.

III) Les concepts fondamentaux

1) Langue/parole

Les différents domaines du langage :


Le langage est une faculté qui consiste à pouvoir s’exprimer au moyen de systèmes symboliques, notamment sonores. Cette faculté est
définie come un ensemble comprenant différents domaines : physique, physiologique et psychique. Il est multiforme et hétéroclite.
Le langage s’incarne selon deux aspects : celui de la langue et celui de la parole.
L’opposition langue/parole recouvre une triple opposition :
- Le système opposé à la manifestation du système
La langue représente le volet virtuel (pas actualisé mais du domaine des possibles) et la parole sa réalisation. Ici, la langue est
considérée comme un code/trésor commun à l’ensemble des individus appartenant à une même communauté linguistique alors que la
parole est la réalisation individuelle de ce code commun. La conception de cette dichotomie langue/parole fait ici recouvrir
l’opposition système/manifestation du système par l’opposition social/individuel
- Le social opposé à l’individuel
La langue est définie par Saussure comme un produit social de la faculté de langage et un ensemble de conventions nécessaires
adoptée par le corps social. La partie sociale du langage, extérieure à l’individu, elle n’existe qu’en vertu d’une sorte de contrat
passé entre les membres de la communauté. La parole serait le versant individuel du langage.
- L’homogène opposé à l’hétérogène
La langue, phénomène social, est également présentée par le C.L.G. comme une entité homogène, elle est envisagée comme un
système, un code invariant (un « trésor commun » qui unifie la société). Tout ce qui est hétérogène, tous les aspects qui montrent de
la variation ne seraient pas d’ordre social mais seulement individuel. Pour le CLG, les variations et les distinctions au sein d’une
même langue ne concerneraient pas la langue elle-même, ainsi que son aspect social, mais concernerait l’acte individuel de parole.

Deux linguistiques :
- La linguistique de la langue ou linguistique interne (i.e. la linguistique proprement dite), ce qui ne relève que de la langue
- La linguistique de la parole ou linguistique externe (restreinte à un rôle secondaire), ce qui n’est pas directement lié à la
langue.
Ex du jeu d’échecs : est interne tout ce qui concerne le jeu est ses règles et le fait que le jeu vienne de perse est un fait externe.

De ce triple déploiement de l’opposition langue/parole découle directement l’opposition synchronie/diachronie et la primauté


accordée à la synchronie sur la diachronie.

2) Synchronie/diachronie

a) Deux axes dimensionnels


Le CLG formalise explicitement les deux axes dimensionnels nécessaires à chaque étude linguistique : synchronie et diachronie.
La synchronie concerne le domaine du fonctionnement des langues, l’étude en synchronie s’applique à un état de langue à un
moment donné. La diachronie concerne le domaine des changements et des évolutions de la langue.

b) Primauté de la synchronie sur la diachronie


Il a été vu que le CLG assigne à la linguistique générale la langue comme objet d’étude et non la parole. La primauté de l’étude
synchronique de la langue sur son étudie diachronique s’explique car tout phénomène de variation, et de changement linguistique
n’est dû qu’au retentissement de la parole, acte individuel et source d’hétérogénéité, sur la langue. Le CLG va donc à l’encontre de
la règle jusque là instaurée par la grammaire comparée qui étudiait les langues dans une dimension avant tout historique. Un
locuteur de connaît la langue que dans un seul de ses états : à un moment donné. Il ne la connaît jamais dans l’intégralité de son
histoire.
Métaphore du jeu d’échecs : Pour comprendre la partie d’échecs qui est en train de se jouer, il n’est pas nécessaire de connaître les
mouvements antérieurs des pièces.

c) La perspective diachronique n’est pas pour autant écartée


Elle est l’occasion pour le CLG de se démarquer encore de la pensée comparatiste, prouver qu’ils avaient tort pour le déclin des
langues. Comme les premiers comparatistes, il maintient que les changements linguistiques sont provoqués par l’utilisation de la
langue par les individus, mais il refuse d’y voir une désorganisation des systèmes grammaticaux. Ni les lois phonétiques, ni les
créations par analogie ne détruisent l’organisation grammaticale de ces langues et leurs principes de classifications. La création
analogique de détruit pas les classifications linguistiques d’une langue. Le CLG remet en question la perspective formulée par Bopp
d’un déclin des langues, perspective plus ou mois entretenue tout au long du XIXème siècle.

d) Il n’y a pas en linguistique de point de vue panchronique


Il ne peut y avoir dans la langue des lois dans le sens où l’entendent les sciences physiques et naturelles, c’est-à-dire des rapports qui

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Histoire de la linguistique

se vérifient partout et toujours. Chaque changement phonétique, quelle que soit son extension, sera toujours limité à un temps et un
territoire déterminés. Saussure s’oppose ici à la conception naturaliste qui assimile la langue à un organisme ; la langue, cette
institution sociale n’est pas soumise aux lois de la nature mais à l’histoire.

3) Une théorie du signe : signe/valeur/système

a) La langue est un système où tout se tient


Dans son approche synchronique, la langue doit être envisagée comme un système de différences où chaque unité linguistique
n’existe pas par elle-même mais dans les relations qu’elle entretient avec d’autres unités. En cela, une langue n’est pas une
nomenclature d’éléments dont chacun se suffirait à lui seul, mais un système où les unités voient leur existence constituée par le
réseau des relations qu’elles tissent entre elles. C’est ce qu’exprime le CLG lorsqu’il énonce que la langue est forme et non
substance. Il s’oppose en cela à la conception naïve selon laquelle une langue serait une liste de termes correspondant à autant de
« choses » du monde, contre théorie de Port-Royal.

b) Remise en question de l’antériorité de la pensée sur la langue


Selon Saussure, les idées ne précèdent pas les mots, de même que la langue n’est pas destinée à représenter la pensée que cette
représentation soit conçue comme moyen de communication (Port-Royal) ou comme fonction première (premiers comparatistes).
La pensée est inséparable de la langue car, hors de celle-ci, elle ne peut être qu’une « masse amorphe » ou encore une « nébuleuse ».
Il s’ensuit que chaque système linguistique présenté par les différentes langues consiste en une structuration arbitraire qui ne
saurait en rien refléter une organisation qui la transcenderait.

c) La théorie du signe
Le cours caractérise le signe linguistique par une double identité, à la fois conceptuelle et acoustique. Le signe n’est pas pour autant
l’union d’un terme avec une « chose », il est l’association d’une image acoustique avec un concept. Son but est de souligner
l’autonomie de la langue comme un système formel, la démarquer des substances (sons et idées) et écarter une terminologie
empreinte de psychologisme. Le concept est appelé signifié et l’image acoustique le signifiant.

d) La signe linguistique est distingué de la notion de symbole


Le symbole présuppose l’existence d’un lien motivé entre signifiant et signifié. Ce lien purement conventionnel est établi par la
communauté linguistique (texte III)

e) La notion de valeur
Au centre de cette conception se situe la notion de valeur qui est encore l’occasion de souligner le caractère formel et non substantiel
de la langue. Selon Saussure, la valeur d’une unité linguistique est définie par les positions relatives de cette unité à l’intérieur du
système de la langue. La notion de valeur est ici distinguée de celle de signification, cette dernière est en effet définie en référence au
monde matériel (la substance) alors que la première ne l’est pas.
Métaphore du jeu d’échecs : chacune des pièces de l’échiquier ne représente rien par elle- même mais trouve sa définition -sa valeur-
dans sa position au sein de la règle du jeu et dans ses relations vis-à-vis des autres pièces. Si l’on remplace “ en substance ” la pièce
du fou par un dé à coudre ou un taille-crayon, cela n’aura aucune répercussion sur le jeu lui-même tant que l’on conservera les mêmes
relations et positions formelles déterminées par la règle.
De la même façon, un signe linguistique s’inscrit dans un réseau de relations avec d’autres signes linguistiques ; la valeur de chaque
signe, comme celle de chaque pièce du jeu d’échecs, dépend de sa position dans le système par rapport aux autres signes.
À titre d’exemple, prenons dans la langue française le sous-système des noms appellatifs au singulier, soit madame, mademoiselle,
monsieur. On dira que la valeur de monsieur n’est pas comparable à celle de madame puisqu’il n’existe pas au masculin, pour
marquer l’opposition marié/non marié, un terme équivalent à mademoiselle (mondamoiseau étant inusité).

4) Syntagme/paradigme

Les unités d’une langue sont définies par leurs relations mutuelles dans le système. Ces relations peuvent s’établir selon un axe
horizontal où s’organisent les combinaisons ; un axe vertical où s’organisent les associations.

a) Le caractère linéaire du signe


Les unités linguistiques se présentent l’une après l’autre dans la chaîne sonore, elles forment une suite linéaire. Il n’est pas possible
de réaliser plusieurs signes linguistiques au même moment, mais seulement de façon successive et ordonnée. Ces signes constituent
des syntagmes.

b) Relation d’ordre associatif


Association dans la mémoire du locuteur de différents mots possédant des caractéristiques communes. Constitution de différents
groupes déterminés chacun par des rapports scientifiques.
On peut former un groupe de mots ayant un même radical, un même suffixe ou un sens commun.

IV) Portée et limites de ces distinctions

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Histoire de la linguistique

Des notions de type programmatique : permettre de définir l’objet de la linguistique et d’établir la méthodologie d’une discipline
conçue désormais de manière autonome. Des dichotomies qui peuvent prêter à discussions.

1) Difficultés dans la pratique des découpages

La discrétion des unités linguistiques, terme repris des mathématiques : propriété selon laquelle les unités linguistiques sont définies
comme distinctes les unes des autres au sein du système relationnel qui les constitue. Cela suppose que soient résolues
l’identification et la distinction de chacune de ces unités : reconnaître une même unité à travers ses multiples occurrences et savoir si
deux occurrences correspondent à des unités différentes.

2) Le primat de la synchronie

Il a pu être objecté que la langue change continuellement et qu’il est par conséquent arbitraire, sinon illusoire, de vouloir observer
un état sans tenir compte des changements auquel il est soumis. Comment alors déterminer que l’on passe d’un état de langue à un
autre ?
En fait, ce n’est pas tant la distinction synchronie/diachronie qui est véritablement ici en question mais la dichotomie langue/parole.
La langue, dans une perspective synchronique, est définie par le C. L. G. comme un système homogène ; ce n’est que dans la
diachronie qu’elle manifestera, sous les effets des actes individuels de parole, un aspect d’hétérogénéité et ce de par les changements
qui la transformeront en ‘états’ de langue successifs.
Il est clair qu’il est infiniment plus commode de définir comme objet d’étude une entité homogène plutôt qu’hétérogène. Ne serait-on
pas conduits à ignorer l’hétérogénéité de la langue par commodité ? Rigueur scientifique dans la position ?

3) Le triple déploiement de l’opposition langue/parole

Si le C.L.G. revendique la nature sociale de la langue, ce n’est que pour insister sur son caractère d’être l’unificatrice du domaine
social. En revanche, les différenciations linguistiques ne sont censées relever, selon lui, que de l’emploi du système par les
individus. En fait, la problématique saussurienne souffre ici de son idéologie du domaine social, idéologie qui ne conçoit la société
que sous un aspect unifié. Or, il est maintenant largement reconnu que le domaine social manifeste également des différenciations et
des distinctions qui ne sont guère réductibles aux simples individus. La position du C. L. G. consiste donc, tout en considérant la
langue comme une institution sociale, un produit qui fait corps avec la vie des masses, à l’écarter de la réalité sociale dans ses
distinctions et ses variations.

4) L’opposition de Meillet

Un élève de Saussure, Antoine Meillet (1866-1936), est contre l’opposition entre linguistique interne et linguistique externe. Pour
Meillet, ces deux linguistiques ne doivent pas être opposées mais associées pour n’en constituer qu’une seule.
De même, il discute la distinction synchronie/diachronie ; en effet, selon lui, la structure de la langue doit être expliquée par
l’histoire.

5) La remise en question “ labovienne ”

Il faudra attendre le linguiste américain William Labov, 1960, pour voir clairement remis en question l’idée que seuls les faits
linguistiques invariants sont de nature à faire système et que les faits de variations échappent à la structure. Derrière leur apparente
hétérogénéité, les faits variables peuvent être la manifestation d’une structure permettant cette variabilité, de sorte qu’il est désormais
possible de comprendre l’origine du changement linguistique dans la structure variable d’un état de langue.

V) L’héritage du cours

Le CLG va modeler et alimenter durablement la réflexion linguistique.


Son influence marquera toutes les tendances de la linguistique européenne de type structurale :
- la glossématique (1931) fondée notamment par Louis Hjelmslev et H. J. Uldall : linguistique formelle
- l’école de Prague (1926) avec N. S. Troubetzkoy, R. Jakobson et S. Karczevski
- l’école fonctionnaliste française avec A. Martinet et G. Gougenheim
De la conception du C.L.G. comme quoi il n’y a de structure que dans ce qui unifie la communauté sociale, découlera l’insistance
de la linguistique structurale sur la fonction de communication de la langue.

Chapitre 4 : Le structuralisme européen

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Histoire de la linguistique

I) Introduction

Après Saussure, l’organisation inhérente de la langue est désormais appelée structure au lieu de système. Dès lors, toute démarche
théorique qui envisagera la langue comme un ensemble d’éléments entretenant des relations formelles sera dite structuraliste.
Idée que la linguistique a pour unique et véritable objet la langue envisagée en elle-même et pour elle-même.
Eclairage différent selon les linguistes : “On entend par structure, particulièrement en Europe, l’arrangement d’un tout en parties et
la solidarité démontrée entre les parties du tout qui se conditionnent mutuellement ; pour la plupart des linguistes américains, ce sera
la répartition des éléments telle qu’on la constate et leur capacité d’association ou de substitution ”.

II) Le cercle linguistique de Prague

L’École de Prague, créée sous l’impulsion du linguiste tchèque Vilém Mathesius en 1926, s’inspire des principes du Cours de
linguistique générale de Saussure. Elle se propose d’étudier la langue comme un système, un système fonctionnel, tout en considérant
les faits linguistiques concrets et sans écarter les méthodes comparatives de l’étude de l’évolution du langage (à côté de l’analyse
synchronique elle souligne l’intérêt de l’analyse diachronique et historique). Ses théories sont exposées dans les Travaux du Cercle
linguistique de Prague (TCLP), œuvre collective éditée de 1929 à 1938.
Prague constitue alors un important point de rencontre entre l’Occident et l’Union soviétique. A côté des linguistes russes Serge
Karcevskij, Nikolaï Sergueïevitch Troubetzkoy et Roman Jakobson, participent également à ce cercle des linguistes français : Emile
Benveniste, André Martinet, Lucien Tesnière.

1) La notion de fonction

Dans le C.L.G. la fonction de la langue "n’est pas" de représenter une pensée qui existerait indépendamment d’elle, ou encore que,
contrairement à ce que pensaient les comparatistes, la fonction de communication de la langue "n’est pas" une cause de
désorganisation.
Cette notion est maintenant reprise de manière "positive" en ce que l’étude des langues est présentée comme une recherche des
fonctions qui, au sein de la communication, sont exercées par les éléments, les classes, les mécanismes de ces langues. Ces
fonctions seraient censées organiser la structure des langues. Une telle idée est importante en ce que l’explication des phénomènes
linguistiques ne sera plus exclusivement envisagée de manière diachronique. L’étude d’un état de langue pourra également apporter,
au delà de la simple description synchronique, des éléments explicatifs.

2) Le programme du cercle

Le programme du cercle est intitulé :


“ Problèmes de méthodes découlant de la conception de la langue comme système et importance de ladite conception pour les
langues slaves (la méthode synchronique et ses rapports avec la méthode diachronique, comparaison structurale et comparaison
génétique, caractère fortuit ou enchaînement régulier des faits d’évolution linguistique). ”
Insistance sur l’analyse synchronique, sans ignorer l’analyse historique. Il définit la langue comme “ un système de moyens
d’expression appropriés à un but ” et affirme à son sujet que “ la meilleure façon de connaître l’essence et le caractère d’une langue,
c’est l’analyse synchronique des faits actuels, qui offrent seuls des matériaux complets et dont on peut avoir le sentiment direct ”. Plus
encore, il est impossible de considérer les changements transformant une langue “ sans tenir compte du système qui se trouve affecté
par lesdits changements... D’un autre côté, la description synchronique ne peut pas non plus exclure absolument la notion
d’évolution, car même dans un secteur envisagé synchroniquement existe la conscience du stade en voie de disparition, du stade
présent et du stade de formation ; les éléments stylistiques sentis comme archaïsmes, en second lieu la distinction des formes
productives et non productives sont des faits de diachronie, que l’on ne saurait éliminer de la linguistique synchronique. ”

3) L’étude de l’aspect phonique des langues

Pour le son, deux aspects sont distingués : comme fait physique objectif et comme élément du système fonctionnel. Lorsque c’est
le second aspect qui est envisagé, la dénomination de phonème est alors employée.
La morphonologie : utilisation morphologique des différences phonologiques.
Le morphonème : image complexe de deux ou plusieurs phonèmes susceptibles de se remplacer à l’intérieur d’un même morphème.
Une théorie des procédés syntagmatiques : « L’acte syntagmatique fondamental, qui est en même temps l’acte même créateur de la
phrase, est la prédication ».
La langue concrète appréhendée à travers ses manifestations concrètes dans la communication.

III) Les travaux de phonologie

Parmi tous les thèmes de préoccupations, prédominent les travaux de phonologie réalisés particulièrement par Troubetzkoy (1890-
1938) et Jakobson (1896-1982). Si l alan guee stuns ystèmeoùt outs eti
e ntest un des grands slogans du structuralisme, c’est dans le
travail de Troubetzkoy et de ses collaborateurs que l’on trouvera l’exposé le plus détaillé de cette thèse, particulièrement sur le plan de
la phonologie.

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Histoire de la linguistique

1) La notion de système phonologique

Selon Jakobson : “ Nous appelons système phonologique d’une langue le répertoire, propre à cette langue, des “ différences
significatives ” existant entre les idées des unités acoustico- motrices, c’est-à-dire le répertoire des oppositions auxquelles peut être
attachée, dans une langue donnée, une différenciation des significations (répertoire des oppositions phonologiques). Tous termes
d’opposition phonologique non susceptibles d’être dissociés en sous-oppositions phonologiques plus menues, sont appelés
phonèmes.”

2) Différence entre phonétique et phonologie

La phonétique est la “ science des sons de la parole ”, c’est-à-dire “ la science de la face matérielle des sons du langage humain”, la
phonologie est la “science des sons de la langue” elle “doit rechercher
- quelles différences phoniques sont liées, dans la langue étudiée, à des différences de signification,
- comment les éléments de différenciation (ou marques) se comportent entre eux et selon quelles règles ils peuvent se
combiner les uns avec les autres pour former des mots ou des phrases. (...)
- Le phonologue ne doit envisager en fait de son que ce qui remplit une fonction déterminée dans la langue. ”

3) La notion de phonème

Le CLG formulait assez clairement le concept de distinction phonémique, il désignait par ce terme un son physique ou, pour le dire
autrement, une occurrence phonétique. Pour Troubetzkoy, le phonème est définit dans les atomes de la chaîne parlée comme une
image sonore à la fois représentative et différentielle, et non pas comme une réalité physique. “ Les sons concrets qui figurent dans
le langage sont plutôt de simples symboles matériels des phonèmes ”, il écarte les conceptions psychologiques de la notion (le
sentiment linguistique de l’usager) pour souligner que “ le phonème est avant tout un concept fonctionnel, qui doit être défini par
rapport à sa fonction ”.

4) La fonction des sons élémentaires (phonèmes)

La langue est ici conçue comme un système de différences. Par conséquent, la fonction d’un élément de ce système ne sera remplie
que s’il s’oppose à un autre élément. En français, le phonème /p/ s’oppose au phonème /b/ puisque le /p/ de poire permet de distinguer
ce mot de boire.
Cette considération est ici cruciale pour le linguiste car elle lui fournit un principe d’abstraction. En effet, toute modification dans la
prononciation de /p/ ou /b/ qui ne produirait pas un changement de sens ne sera pas considérée comme pertinente puisqu’elle ne
répondra pas à une intention de communication. Parmi toutes les caractéristiques physiques d’un son donné, dans une langue donnée,
sont isolées celles qui ont une valeur distinctive.

IV) Roman Jakobson

Jakobson avait contribué à lancer le Cercle linguistique de Prague en 1926 et avait collaboré très étroitement avec Troubetzkoy.
Néanmoins, surtout à partir du décès prématuré de ce dernier en 1938, Jakobson commença à rejeter un certain nombre de
présupposés partagés par les saussuriens et les praguois.

1) L’unité ultime de l’analyse phonologique est le trait distinctif

Tout d’abord, l’unité ultime de l’analyse phonologique pour Jakobson n’est plus le phonème mais le trait distinctif. La tâche du
phonologue n’est plus de dégager un inventaire phonémique sur lequel on plaque des relations diverses menant à des traits distinctifs
mais de reconstruire les systèmes phonologiques à partir de l’atome ultime de la description, à savoir le trait distinctif. Un des points
d’opposition reposera sur la question de l’universalité de ces traits distinctifs.

2) La question de l’universalité des traits distinctifs

a) Les structuralistes et le phonème

Les phonèmes sont des entités propres à chaque langue et la façon dont leurs réalisations découpent la substance phonique est
arbitraire.
De la même façon que l’univers kaléidoscopique des couleurs est censé être divisé de façon arbitraire par chaque langue, le continuum
articulatoire supportera une infinité de divisions possibles. Le français sépare /s/ et /ch/ dans le continuum allant des dents à la zone
postalvéolaire ; l’espagnol n’y opère qu’une seule distinction (d’où les variations allophoniques possibles dans les dialectes de
l’espagnol entre des réalisations sifflantes et pour le phonème que l’on transcrira ).
Limites articulatoires impossibilité de l’existence de sons labio-uvulaires
Limites perceptuelles : par exemple, s’il est théoriquement possible de produire une infinité de voyelles entre /i/ et /a/, les langues ne
permettent que peu d’oppositions pertinentes de ce type car elles seraient difficiles à distinguer du point de vue auditif.

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Histoire de la linguistique

C’est ainsi que l’Américain Joos affirme que “


les langues pouvaient être différentes les unes des autres sans limites et de façon
imprévisible ”.

b) La position de Jakobson

Jakobson va plus loin que ses prédécesseurs en rejetant le principe de l’arbitraire du signifiant phonique. La récurrence des
traits dans la constitution des inventaires de phonèmes des langues, dans leurs combinaisons, dans les processus synchroniques et
diachroniques qui les affectent, dans l’acquisition de la phonologie et dans sa dissolution aphasique, le fait pencher vers une autre
hypothèse non pas relativiste mais universaliste. Il postule, en effet, un ensemble universel de traits distinctifs dans lequel chaque
langue vient puiser un sous-ensemble universel de traits distinctifs pour constituer son système phonologique.

3) La binarité des traits distinctifs

Jakobson défend l’idée que toutes les oppositions se ramènent en dernier ressort à des relations binaires (présence vs. absence d’une
propriété, ou bien présence d’une propriété et de son contraire, qu’on dénote dans tous les cas en affectant un trait des valeurs + ou -).
Justification : les relations vraiment graduelles sont rares, le binarisme est central dans la structure du comportement humain : les
cellules du cerveau humain opèrent en mode binaire et la théorie de l’information, qui joue un rôle central chez Jakobson, ramène le
décodage à des séquences de décisions alternatives de type oui/non (on/off).
Les contre-exemples apparents sont analysés à partir de compositions de relations binaires plus primitives.

4) Bref descriptif

Les traits jakobsoniens sont au nombre de douze :


PAS A APPRENDRE PAR COEUR
1) vocalique/non- vocalique,
2) consonantique/non-consonantique,
3) compact/diffus,
4) tendu/lâche,
5) voisé/non-voisé,
6) nasal/oral,
7) discontinu/continu,
8) strident/mat,
9) bloqué/non-bloqué,
10) grave/aigu;
11) bémolisé/non-bémolisé,
12) diésé/non-diésé.
Cette approche est importante car elle signale une remontée de la substance en phonologie. En effet, si Jakobson et ses collaborateurs
ne rejettent pas l’aspect fonctionnel, ils intègrent la phonologie au circuit de la communication envisagée comme acte
neuropsychologique et physique (articulatoire, acoustique et auditif).

5) Héritage

Une remontée de la substance en phonologie :


- l’aspect fonctionnel n’est pas rejeté
- Intégration de la phonologie au circuit de la communication envisagée comme acte neuro-psychologique et physique
Approche universaliste et binariste de Jakobson et de ses collaborateurs s’est heurtée à de nombreuses résistances. Il faut noter que
les deux hypothèses (universalisme et binarisme) sont indépendantes l’une de l’autre. De nombreux chercheurs continuent à souscrire
à l’idée que la structure sonore des langues du monde est construite à partir d’un ensemble de dimensions phonologiques en nombre
limité sans forcément adhérer au binarisme. L’œuvre de Jakobson est considérable et ne saurait être réduite à ses travaux sur la
phonologie. Elle envisage également le langage des enfants, l’étude le l’aphasie, les fonctions du langage jusqu’à la langue
poétique. Il est l’auteur de très nombreux travaux dans tous les domaines de la linguistique et de la théorie littéraire.

V) Martinet et le fonctionnalisme français

En France, les travaux d’André Martinet (né en 1908) et de son école fonctionnaliste s’inscrivent dans la tradition de l’Ecole de
Prague. Ils y apportent un éclairage complémentaire tout en l’intégrant à une variante de la théorie de l’information (critère de
détection de ce qui est pertinent dans communication linguistique). Là encore, le rôle du pho nèmeest essentiel dans ces travaux. La
phonologie y est appelée pho nétiquef onc
tio
nne l
le .

1) La double articulation

Martinet pose (en 1960) comme fondamental à l’étude du langage l’existence de deux plans qu’il appelle première articulation et
deuxième articulation.

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Histoire de la linguistique

ère
a) La 1 articulation

“ La première articulation du langage est celle selon laquelle tout fait d’expérience à transmettre s’analyse en une suite d’unités
douées chacune d’une forme et d’un sens ”.
Ainsi, pour reprendre un de ses exemples, j’ai mal à la tête se décompose en six unités de la première articulation (j’, ai, mal, à, la,
tête) qui ont chacune une forme (un signifiant) et un sens (un signifié).
Martinet appelle ces signes des monèmes. Ces unités de première articulation ne peuvent s’analyser en unités successives plus petites
douées de sens : le mot tête veut dire “ tête ” et l’on ne peut attribuer à ses sous-parties successives (par exemple, tê- et –te) des sens
distincts dont la somme serait équivalente à “ tête ”.
e
b) La 2 articulation

En revanche, la forme phonique est analysable en une succession d’unités dont chacune contribue à distinguer tête, par exemple,
d’autres unités comme bête, tante ou terre. C’est ce que Martinet désigne comme la deuxième articulation du langage. Dans le cas de
tête, on pourrait par exemple représenter ce mot par la transcription phonémique (phonème).

2) Définition de la langue


Une langue est un instrument de communication selon lequel l’expérience humaine s’analyse, différemment dans chaque
communauté, en unités douées d’un contenu sémantique et d’une expression phonique, les monèmes ; cette expression phonique
s’articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans chaque langue, dont la nature et
les rapports mutuels diffèrent aussi d’une langue à une autre. ”

3) La grammaire fonctionnelle, son objet

L’objet de la grammaire fonctionnelle est d’étudier la double articulation.


Elle est essentiellement composée d’une phonologie et d’une syntaxe.
Martinet, ne reconnaît aucune autre caractéristique universelle à toutes les langues humaines que celle de la double articulation. En
cela, il s’oppose aux conceptions de Jakobson.
Martinet a également cherché à faire le lien entre linguistique diachronique et synchronique (Économie des changements phonétiques,
Traité de phonologie diachronique, Berne, 1955).
Enfin, sa théorie syntaxique s’offre essentiellement comme une tentative de description des énoncés sans vraiment entrevoir et
aborder leurs formalisations et leurs explications.
De manière générale, on doit à cette tradition de nombreux travaux descriptifs sur les langues du monde.

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Chapitre cinq : le structuralisme américain

Au début du XXème siècle, la linguistique américaine s’oriente, avec les travaux de Boas, Sapir, Bloomfield, vers une linguistique de
type structurale.
Spécificité de la situation linguistique du continent américain :
- 150 familles de langues amérindiennes soit plus de milles langues amérindiennes.
- Ces langues se présentent sous un aspect exclusivement oral et non codifié.
- La plupart sont peu ou pas comprises.
Il est donc assez explicable que les tendances philologique, historique et comparative soient assez peu représentées.
Il est de même tout aussi compréhensible que, devant la tâche de description qui incombe aux linguistes, un effort particulier soit
entrepris afin d’élaborer des méthodes descriptives neutres qui, non seulement permettent de faire abstraction de la propre langue du
chercheur, mais tiennent également compte de ce que la manière de penser des informateurs leur est (partiellement ou totalement)
inconnue.
C’est d’abord dans le cadre de l’anthropologie que la linguistique américaine va d’abord se développer. Dans cette pratique, elle sera
très vite influencée par la théorie du béhaviorisme. Cette dernière crée une psychologie comportementale objective ne faisant pas
intervenir le recours à l’introspection. .

I) Edward Sapir et l’ethnolinguistique

Edward Sapir (1884-1939), précurseur du structuralisme américain, fut initialement formé dans la tradition néogrammairienne à la
philologie classique et germanique. Il s’écarte de cette tradition pour se consacrer, sous l'influence de l’anthropologue Franz Boas
(1858-1942), à la description des langues et cultures amérindiennes. Les conditions même de la description font que celle-ci ne
peut être envisagée que de manière synchronique et formelle. Il est conduit, indépendamment des conceptions de Ferdinand de
Saussure et avant les travaux du Cercle de Prague, à proposer dès 1925 une définition du phonème. Cette notion est formulée comme
une réalité psychologique en tant que pattern sonore.
Il élabore une typologie des langues non plus d’après leur origine mais d’après leurs caractéristiques formelles. L’hypothèse Sapir-
Whorf qu’il introduit est que chaque langue possède une vision particulière du monde, vision qui conditionne et organise de façon
spécifique la pensée de chaque communauté.
Sapir envisage également la langue comme un produit social et historique et comme “une représentation des produits de
l’expérience ”. Il définit sa conception structurale du langage de la façon suivante : “ Le langage en tant que structure constitue, par
son aspect intérieur, le moule de la pensée ”.
Sapir exercera une influence considérable sur la linguistique américaine. Il propose une linguistique synchronique et tient compte du
fait anthropologique et donne toute son importance aux considérations sémantiques et lexicales. Insistant sur le caractère
symbolique du langage et sur sa fonction première de communication, Sapir s’oppose aux conceptions et méthodes mécanistes
inspirées du béhaviorisme.

I
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Leonard Bloomfield (1887-1949), va profondément marquer le développement de la linguistique aux États-Unis et dans le monde. Né
à Chicago, il étudie la grammaire et la philologie germanique à Harvard.
Puis séjourne une année en Allemagne où il suit les cours des grands comparatistes de l’époque (Brugmann, Leskien...).
De 1909 à 1927 il enseigne dans plusieurs universités américaines. Il est professeur de philologie germanique à l'université de
Chicago de 1927 à 1940.
Il est ensuite nommé à l'université de Yale où il succède à Edward Sapir à la chaire de linguistique générale.

Après des travaux de phonologie et de morphologie indo-européennes, il publie une introduction à l’étude du langage (1914) et
étudie les langues des peuples de Polynésie et des Indiens d'Amérique (particulièrement celles du groupe algonquin).
Il fait œuvre de pionnier avec la publication des Tagalog Texts (1917), où il présente ses recherches sur le tagalog, langue des
Philippines.
Ses talents de descripteur et de comparatiste lui permettent de produire les classiques de ce domaine : les Menomini Texts (1928),
les Plains Cree Texts (1934), son célèbre ouvrage Linguistic Structures of Native America (1946) et Menomini Morphophonemics
(1939)
Il est l’un des fondateurs de la Linguistic Society of America (Société américaine de linguistique) et de sa revue Language en 1925. Il
publie en 1933 un important travail de synthèse en linguistique générale : Language. Ses positions sont alors fondées sur celles de la
psychologie du comportement, le béhaviorisme.

1) Le béhaviorisme

Watson Behaviorism, Weiss.


La linguistique de Bloomfield est profondément ancrée dans la psychologie béhavioriste qui triomphe aux États-Unis à partir de 1920.
La psychologie devient une science naturelle qui étudie le comportement humain comme un ensemble d’excitations (stimuli) et de
réponses (actions). Une théorie, strictement déterministe et matérialiste.

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Histoire de la linguistique

Déterminisme : conception selon laquelle il existe des rapports de cause à effet entre les phénomènes physiques, les actes humains …
Matérialiste : conception qui affirme que rien n’existe en dehors de la matière et que l’ »esprit » est lui-même entièrement matériel,
Elle les ramène à des réponses à des stimulants, ce sont les réflexes conditionnés. La communication, notamment linguistique, est
ainsi réduite à des schémas de type stimulus~réponse.

2) Bloomfield et le distributionnalisme

Pour Bloomfield, une analyse scientifique de la langue ne doit prendre en compte que ce qui est directement observable : analyse
phonologique, analyse de la phrase en constituants immédiats. L’influence de ses conceptions antimentalistes et de ses travaux
s’exercera profondément et durablement sur la linguistique américaine, particulièrement à travers le distributionnalisme.

1) L’antimentalisme

Selon la théorie béhavioriste, le comportement humain est entièrement explicable et prévisible à partir des situations dans lesquelles le
comportement apparaît. Cette explication et cette prévisibilité sont ici absolument indépendantes de tout facteur interne comme, par
exemple, les sentiments, les croyances, les intentions du sujet. Conformément à cette approche, Bloomfield envisage l’explication de
la parole non pas en ce que celle-ci serait un effet des pensées du locuteur (attitude mentaliste), mais par les conditions externes de son
apparition. A une position mentaliste il oppose une position mécaniste.

a) Une position mécaniste

Le langage, envisagé ici en termes strictement matérialistes et mécanistes, est compris à la fois comme un stimulus et comme une
réponse à ce stimulus :
S r .......... s R
Selon ce schéma, un stimulus (S), qui correspond à un événement externe, conduit un locuteur à parler (r).
Cette réponse linguistique du locuteur (r) constitue alors un stimulus linguistique (s) pour l’auditeur,
Stimulus (s) auquel répond une réponse pratique (R).

b) La question du sens, pourquoi ne peut-on pas le connaître ?

Pour Bloomfield, le sens d’un message est défini comme l’ensemble de la situation de communication.
La signification d’une forme linguistique sera donc la situation dans laquelle le locuteur emploie cette forme et la réponse
manifestée par l’auditeur. La signification ainsi comprise ne dépend pas de la subjectivité du locuteur ou de celle de l’auditeur.
La parole n’est pas considérée ici, rappelons-le, comme un effet de la pensée.
Dans une telle conception, connaître le sens d’un message supposerait que l’on connaisse tous les paramètres de la situation de
communication, et que l’on soit donc omniscient. C’est pour cette raison que Bloomfield considère que le sens est, jusqu’à présent,
inconnaissable et qu’il ne peut être utilisé par le linguiste dans son analyse. Il s’ensuit que l’explication mécaniste des paroles
n’est pas encore réalisable, aussi demande-t-il à ce que le linguiste se restreigne à une simple description de celles-ci.
Il s’oppose ainsi, tant à l’historicisme des néo- grammairiens qu’au fonctionnalisme dont la notion de fonction est jugée intuitive et
finaliste.

c) La tâche du linguiste

La tâche des linguistes est d’établir sur la base des seules données observables une description formalisable, non psychologique et
rigoureuse des faits de langue.
Par l’étude objective du comportement, Bloomfield veut faire de la linguistique une science positive. Il reste que, du fait qu’il est
impossible pour le linguiste de recourir à la signification, il lui faut donc disposer de méthodes qui lui permettent d’analyser les
langues indépendamment du domaine sémantique.
Pour mener à bien cette entreprise, Bloomfield propose alors des méthodes d’analyse spécifiques : l’analyse distributionnelle et
l’analyse en constituants immédiats. Ces méthodes sont appliquées à un corpus (un ensemble fini de données) dont le rôle est
fondamental dans la conception théorique.

2) L’analyse en constituants immédiats

a) Un modèle taxinomique

Le modèle d’analyse linguistique que propose Bloomfield est un modèle taxinomique : classer l’ensemble des constructions d’une
langue donnée au moyen d’une procédure de découverte.
Procédures mécaniques qui permettent, à partir de données, d’extraire des théories scientifiques. Il s’agit d’induire de l’observation
de l’objet (la langue), l’outil (grammaire) qui permettrait d’en rendre compte. Cette méthode est dite « inductive ».
La procédure consiste à décomposer une phrase en ses constituants les plus larges, appelés alors constituants immédiats de la
phrase, puis à décomposer à leur tour chacun de ces constituants en ses propres constituants immédiats, et ainsi de suite jusqu’à
parvenir aux éléments les plus petits représentant, les constituants ultimes de la phrase, les morphèmes.

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Histoire de la linguistique

b) Organisation hiérarchique de la phrase

La structure de la phrase n’est pas formée par une simple suite linéaire de constituants ultimes mais par une organisation
hiérarchique. Les éléments de rang inférieur intègrent des éléments de rang supérieur, ces derniers pouvant eux-mêmes être intégrés
à un niveau encore supérieur. La structure phrastique se caractérise donc par plusieurs couches de constituants.

c) Le "découpage" des constituants

Dans son principe, le formalisme de l’analyse en constituants immédiats ne recourt pas aux catégories grammaticales classiques.
Il suffit en effet de diviser une phrase en deux éléments qui seront à leur tour décomposés en deux autres éléments... .
Ce type d’analyse est donc censé constituer, un outil dégagé des présupposés formés sur les langues indo- européennes (de
nombreuses langues qui n’appartiennent pas à cette famille, possèdent des catégories logiques et grammaticales très différentes).
Il reste que cette liberté de l’analyse peut parfois être assez illusoire car le découpage opéré est guidé par un savoir grammatical et
une logique implicite du linguiste. La reconnaissance et l’identification de chacun des constituants est ici permise par la mise en
œuvre de l’analyse distributionnelle.

3) L’analyse distributionnelle

Le principe de l’analyse distributionnelle consiste à délimiter et classer les éléments suivant la place qu'ils peuvent occuper dans
la chaîne parlée. Elle doit ainsi permettre d’aboutir à une description totale d’un état de langue en synchronie. L’idée qui sous-tend
ce principe d’analyse est que les différentes parties d’une langue s’associent de manière, non pas arbitraire, mais spécifique. La tâche
strictement formelle qui consiste à examiner la distribution de chacun des éléments d’une langue est censée écarter toute
considération relative au sens.

a) Un corpus fini

L’observation porte sur un corpus fini considéré comme représentatif de la langue étudiée. Ce corpus est constitué selon un certain
nombre de critères qui permettent d’en garantir à fois la représentativité et l’homogénéité et ce, en écartant toute variation
contextuelle.

b) Différents niveaux d’analyse

L’analyse de ce corpus sera pratiquée à différents niveaux de la langue : phonologique, morphologique, phrastique. Chacun de ces
niveaux hiérarchisés présente des unités dont la combinaison s’établit au niveau supérieur (cf. l’analyse en constituants immédiats).

c) Identification des unités

Les éléments sont identifiés à chaque niveau par la segmentation de la chaîne parlée sans jamais, en principe, recourir au sens. C’est
en effet la simple comparaison entre les différents énoncés qui doit permettre de révéler les associations et les configurations
possibles. En fait, cette simple posture de principe n’est jamais pleinement respectée et le linguiste ne peut s’empêcher de considérer,
dès que cela lui est possible, le sens des éléments analysés afin de vérifier l’identité ou la différence entre plusieurs énoncés.

d) Description de l’environnement

Lorsque les unités ont été dégagées, on procède alors à la description de leur environnement, c’est-à-dire celle des éléments se
situant sur leur droite ou leur gauche. La somme des environnements d’un élément dans un corpus est appelée sa distribution. Les
éléments sont également définis en fonction des restrictions imposées à la combinaison des éléments de rang inférieur qui les
composent.

e) Établissement de classes distributionnelles

Des classes distributionnelles (i.e. paradigmes) sont établies en fonction des regroupements des distributions de chacun des éléments
(i. e. une classe distributionnelle regroupe les éléments qui ont une même distribution).
Par exemple, les noms seront définis comme la classe des éléments qui admettent sur leur gauche un déterminant et sur leur droite un
verbe ; de même les phonèmes seront définis, non pas par leurs propres caractéristiques phonétiques, mais en fonction de leurs
combinaisons ou des restrictions portant sur ces combinaisons.
Selon cette approche, la grammaire d’une langue sera une
grammaire de listes énumérant pour chaque classe distributionnelle les
différents éléments apparaissant dans un même contexte.

f) Une méthode inductive

Une telle méthode est dite inductive. En effet, elle induit d’un corpus de phrases les éléments et les règles qui s’y appliquent par la
détermination de la distribution (somme des environnements) de chaque unité. Dans cette approche, le linguiste part des faits pour

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Histoire de la linguistique

induire des généralisations.


La grammaire d’une langue est obtenue à travers ce que l’on appelle une procédure de découverte: l’analyse distributionnelle
appliquée aux données du corpus produira la grammaire de la langue étudiée. Selon une telle approche, il ne peut y avoir pour une
langue qu’une et une seule grammaire. Les principes de l’analyse distributionnelle seront systématisés et développés par le linguiste
américain d’origine russe Zellig Sabbetai Harris.

Conclusion :
Une des spécialités du structuralisme américain est de considérer qu’il n’est pas possible de définir le sens et d’envisager avec une
rigueur la relation du locuteur au monde réel.
A partir de Bloomfield, les structuralistes américains estiment qu’il est impossible de prendre en compte tous les facteurs impliqués
dans es phénomènes de parole.
Les méthodes proposées sont de nature à fournir une description formelle des langues mais sans que soit pour autant envisagée une
explication des phénomènes rencontrés.
Sur la base de ces méthodes, les structuralistes américains se consacreront à la description de la structure de la langue en
embrassant toutes les unités linguistiques la composant.

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Chapitre 6 : La linguistique générative

Sous l’impulsion de Noam Chomsky, va définir une nouvelle approche en tentant une démarche de type hypothético-déductif. Elle
propose des modèles qui essaient de rendre compte du fonctionnement de la réalité tout en la simulant.

I) La critique du structuralisme

1) Une opposition à l’inductivisme du structuralisme

Chomsky s’oppose à l’inductivisme du structuralisme pour lui préférer une approche hypothético-déductive telle qu’on la trouve
chez le philosophe des sciences Karl Popper.
Selon cette conception, les théories scientifiques ne seraient pas extraites des données au moyen de procédures mécaniques.
Au contraire, l’observation et la construction des données seraient accompagnées et sous-tendues par les théories scientifiques. Dans
cette optique, une théorie ne peut pas consister en une procédure de découverte ; en effet, il n’est pas ici concevable d’induire de
l’observation de l’objet (la langue) l’outil (grammaire) qui permettrait d’en rendre compte.

2) Une remise en question de la notion de corpus

Un corpus est par définition fini. Il ne peut donc être représentatif de toutes les phrases grammaticales d’une langue puisqu’il ne
contient jamais qu’un sous-ensemble de ces phrases.
Aussi long soit-il, un corpus ne pourra jamais rendre compte de la totalité des énoncés grammaticaux possibles d’une langue donnée.
La notion de corpus conduit à ignorer une des caractéristiques fondamentales du langage, à savoir que tout locuteur/auditeur peut
produire spontanément et comprendre un nombre infini de phrases qu’il n’a jamais prononcées ou entendues auparavant (c’est ce que
Chomsky appelle la créativité).

3) Ce qui est retenu du structuralisme

Son caractère explicite. En cela Chomsky reconnaît une nette supériorité au distributionnalisme par rapport à la linguistique
fonctionnaliste.
Les descriptions de la langue auxquelles elle aboutit ne sont censées utiliser aucune notion dont la compréhension impliquerait déjà
une connaissance, soit de la langue écrite, soit du langage en général. Par exemple, tant la linguistique fonctionnaliste que la
grammaire traditionnelle recourent à l’opposition thème/rhème où une suite de mots représente ce dont on parle, et une autre suite
représente ce que l’on en dit ; or la compréhension même de cette opposition implique, selon Chomsky, la faculté de langage elle-
même, de sorte que l’utiliser pour comprendre cette faculté ne saurait conduire qu’à une circularité de la réflexion.
Chomsky, en bon élève de Harris et en bon lecteur des travaux de Bloomfield, a pu également reprendre, tout en les développant et les
recomposant, certaines conceptions élaborées par ses maîtres, notamment celle de “ transformation ” (Harris) ainsi que celle de “
règles ordonnées ” (Bloomfield), pour les intégrer à ses travaux. Il s’est aussi largement inspiré, pour la phonologie, des travaux de
R. Jakobson et M. Halle en reprenant la conception de “ traits binaires universels ” ; c’est d’ailleurs en collaboration avec Halle qu’il
publiera en 1969 The Sound Pattern of English, ouvrage considéré comme “ fondateur ” de la phonologie générative.

II) Le projet de la linguistique générative

La linguistique générative va affirmer une conception théorique de la grammaire en élaborant des théories générales (des modèles
hypothético déductifs). Ces théories, construites à partir d’un nombre limité d’observations ou d’expériences, doivent pouvoir remplir
trois fonctions. Tout d’abord décrire les faits connus (c’est l’adéquation descriptive), mais également les expliquer (c’est
l’adéquation explicative), elles doivent enfin permettre la prédiction de nouveaux faits.
Ces théories doivent être capables de rendre compte de la créativité du sujet parlant et entendant (i.e. sa capacité à émettre et à
comprendre une infinité de phrases nouvelles).
Les générativistes estiment que suffisamment d’observations ont pu être faites sur la langue pour pouvoir enfin passer au stade de la
construction d’une théorie de son fonctionnement.

La linguistique générative conçoit la linguistique à l’image de sciences comme la physique ou la chimie qui, ne se contentant pas de
simplement observer le monde, émettent également des hypothèses (des modèles hypothétiques) afin non seulement de tenter
d’expliquer les lois qui gouvernent le monde, mais également de prédire des faits nouveaux.
Émettre des hypothèses peut cependant conduire à ce que certaines se révèlent fausses, mais ce n’est jamais là que le cheminement
des disciplines scientifiques qui tirent profit de toute réflexion :
“ En poussant une formulation précise mais inadéquate jusqu’à une conclusion inacceptable, nous pouvons souvent mettre en lumière
la source exacte de l’inadéquation et, par conséquent, approfondir notre compréhension des données... ”

III) Quelques notions fondamentales de la linguistique générative

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Histoire de la linguistique

1) Faculté de langage et innéisme

La grammaire générative de Chomsky s’inscrit dans le courant philosophique rationaliste et propose une thèse de l’innéisme de la
faculté de langage.
Les arguments de cette conception sont fondés sur la déficience et l’absence du stimulus.
L’acquisition d’une langue maternelle s’accomplit chez tous les enfants rapidement, sans efforts et inconsciemment, en dépit du fait
que les données linguistiques auxquelles ils sont exposés ne soient pas suffisantes, tant en nombre qu’en “ qualité ”, pour permettre
cette rapide acquisition. De plus, quelle que soit son origine, un enfant est capable d’apprendre n’importe quelle langue et n’est
prédisposé à aucune d’entre elles.
L’explication de cette rapidité d’acquisition est fournie par l’hypothèse d’une faculté de langage innée qui serait commune à tous les
locuteurs et à laquelle le petit enfant aurait immédiatement recours lors de son apprentissage.
Elle va tenter de découvrir certaines propriétés des langues naturelles pour lesquelles il n’existe aucun stimulus dans l’ensemble des
données de ces langues. Il s’ensuit que ces propriétés doivent être innées.
Dans cette perspective, la théorie générative opère un retour sur les positions du mentalisme, avec la redécouverte des idées sur le
langage du rationalisme européen, et spécialement français, des XVIIe et XVIIIe siècles. Au demeurant, les références aux “ idées
innées ” de Descartes et à la Grammaire de Port-Royal sont particulièrement explicites.

2) Les universaux de langage

Pour Chomsky, le but de la théorie linguistique est de spécifier la “ grammaire universelle ” correspondant aux structures cognitives
innées qui sous-tendent l’acquisition des langues particulières par les locuteurs natifs. Les langues présenteraient des identités
fondamentales directement liées à l’universalité de la faculté innée de langage. Par conséquent, la théorie générative se fixe comme
objectif de fournir des théories universelles pour chacune des composantes de la grammaire :
. a) une théorie phonétique universelle qui doit permettre de dresser la liste des traits phonétiques et les listes des combinaisons
possibles entre ces traits ;
. b) une théorie sémantique universelle qui doit permettre de dresser la liste des concepts et des traits sémantiques possibles ;
. c) une théorie syntaxique universelle comprenant la liste des relations grammaticales de la base et celles des opérations
transformationnelles capables de donner une description structurelle de toutes les phrases.

3) Compétence/performance

La linguistique générative distingue “ la connaissance que le locuteur-auditeur a de sa langue ”, la compétence, et “ l’utilisation réelle
dans des situations concrètes ”, la performance. La compétence est conçue comme la grammaire intériorisée par le sujet parlant et
entendant. Le travail du linguiste est ici de décrire cette compétence, c’est à dire la grammaire qui regroupe un ensemble fini de “
règles ” et de données qui permettent d’engendrer un nombre infini de phrases grammaticales. Une telle grammaire est qualifiée de
générative.
La distinction compétence/performance ne doit pas être assimilée à la distinction saussurienne langue/parole. Alors que la langue était
envisagée par le C.L.G. comme un “ trésor commun ”, un fait collectif dont la parole se distinguait par son individualité, la
compétence est envisagée par Chomsky du point de vue du sujet parlant. La notion de compétence ne s’appuie pas sur l’idée d’un
domaine social qui serait unifié et homogène ; elle est en fait étrangère à la problématique de la nature sociale et des fonctions sociales
de la langue. L’objet visé par la linguistique générative n’est pas la langue elle-même mais la faculté de langage, faculté qui est
concrétisée dans la grammaire acquise et intériorisée par le sujet parlant. La linguistique apparaît alors comme une branche de la
psychologie. Contrairement à la dichotomie saussurienne, la compétence chomskyenne n’implique aucun rejet de la variation sociale.
Selon cette conception, le linguiste ne décrit jamais qu’un dialecte (celui du sujet parlant étudié) tout en reconnaissant la multiplicité
des dialectes dans une langue et, par la même, la variation sociale. Le linguiste pourra même proposer un modèle de relations entre
tous les dialectes (i.e. variétés) d’une langue en posant une structure sous-jacente commune où les différences seront opérées par
différentes dérivations.
Enfin, il ne faut pas ici confondre la grammaire, en tant que système intériorisé par le sujet parlant (sa compétence), avec la
description qu’en donne le linguiste, description qui reçoit elle aussi l’appellation de grammaire. Cette dernière, bien que se posant
comme un modèle de la réalité, ne reste jamais qu’un modèle hypothétique (et donc falsifiable)

4) La notion de grammaire générative : exemple de la composante syntaxique

“ Dans une première étape (appelée théorie standard), la grammaire est formée de trois parties ou composantes :
- une composante syntaxique, système des règles définissant les phrases permises dans une langue ; - une composante sémantique,
système des règles définissant l'interprétation des phrases générées par la composante syntaxique ; - une composante phonologique et
phonétique, système de règles réalisant en une séquence de sons les phrases générées par la composante syntaxique.
La composante syntaxique, ou syntaxe, est formée de deux grandes parties : la base, qui définit les structures fondamentales, et les
transformations, qui permettent de passer des structures profondes, générées par la base, aux structures de surface des phrases, qui
reçoivent alors une interprétation phonétique pour devenir les phrases effectivement réalisées. Ainsi, la base permet de générer les
deux suites
. (1) La + mère + entend + quelque chose,
. (2) L' + enfant + chante.

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Histoire de la linguistique

La partie transformationnelle de la grammaire permet d'obtenir La mère entend que l'enfant chante et La mère entend l'enfant chanter.
Il s'agit encore de structures abstraites qui ne deviendront des phrases effectivement réalisées qu'après application des règles de la
composante phonétique.
La base est formée de deux parties
a) La composante ou base catégorielle est l'ensemble des règles définissant les relations grammaticales entre les éléments qui
constituent les structures profondes et qui sont représentés par les symboles catégoriels. Ainsi, une phrase est formée de la suite
SN+SV, où SN est le symbole catégoriel de syntagme nominal et SV le symbole catégoriel de syntagme verbal : la relation
grammaticale est celle de sujet et de prédicat ;
b) Le lexique, ou dictionnaire de la langue, est l'ensemble des morphèmes lexicaux définis par des séries de traits les caractérisant ;
ainsi, le morphème mère sera défini dans le lexique comme un nom, féminin, animé, humain, etc. Si la base définit la suite de
symboles : Art+N+Prés+V+Art+N (Art = article, N = Nom, V = verbe, Prés = Présent), le lexique substitue à chacun de ces symboles
un “mot” de la langue: La + mère + t + finir + le + ouvrage, les règles de transformation convertissent cette structure profonde en une
structure de surface : la + mère + finir + t + le + ouvrage, et les règles phonétiques réalisent La mère finit l'ouvrage.
On a donc obtenu, à l'issue de la base, des suites terminales de formants grammaticaux (comme nombre, présent, etc.) et des
morphèmes lexicaux ; ces suites sont susceptibles de recevoir une interprétation selon les règles de la composante sémantique. Pour
être réalisées elles vont passer par la composante transformationnelle.
Les transformations sont des opérations qui convertissent les structures profondes en structures de surface sans affecter l'interprétation
sémantique faite au niveau des structures profondes. Les transformations, déclenchées par la présence dans la base de certains
constituants, comportent deux étapes : l'une consiste en l'analyse structurelle de la suite issue de la base afin de voir si sa structure est
compatible avec une transformation définie, l'autre consiste en un changement structurel de cette suite (par addition, effacement,
déplacement, substitution) ; on aboutit alors à une suite transformée correspondant à une structure de surface. Ainsi, la présence du
constituant “ Passif, dans la suite de base entraîne des modifications qui font que la phrase La mère finit l'ouvrage devient L'ouvrage
est fini par la mère.
Cette suite va être convertie en une phrase effectivement réalisée par les règles de la composante phonologique (on dit aussi
morphophonologique) et phonétique. Ces règles définissent les “ mots ” issus des combinaisons de morphèmes lexicaux et de
formants grammaticaux, et leur attribuent une structure phonique. C'est la composante phonologique
qui convertit le morphème lexical “ enfant ” en une suite de signaux acoustiques [ ]. ” Dictionnaire de linguistique et des sciences du
langage, Paris : Larousse, 1994, pp. 215-216

Conclusion :

La linguistique générative est loin de présenter, en l’état actuel, un aspect d’homogénéité. Cette situation est, de fait, la contrepartie de
la vitalité des travaux de recherche qu’elle inspire et des débats qu’elle anime. Dans un questionnement permanent, la théorie
générative a connu, depuis ses débuts, de nombreux remaniements. Par ailleurs, si ce courant théorique a déterminé de manière
majeure une grande partie de la réflexion linguistique contemporaine, il ne faut pas retenir pour autant qu’il représente à lui seul
l’ensemble de cette réflexion. Dans une continuelle remise en question, parfois "réaction" mais le plus souvent dans l’exploration
d’approches nouvelles, de nombreux autres courants coexistent aujourd’hui. Leur approche et leur connaissance s’inscrira
précisément dans votre futur parcours de linguiste.

Téléchargé par Hakim Ajaidi (hakim.ajaidi100@gmail.com)

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