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Le mot Noël est attesté dès le xiie siècle3,4.

D'après le Trésor de la langue


française informatisé4, ses deux plus anciennes occurrences connues se trouvent,
l'une (Noel) dans le Comput de Philippe de Thaon, daté de 1113 ou 11195 ; et
l'autre (Naël) dans le Voyage de saint Brendan de Benedeit6, daté du premier quart
du xiie siècle7,8.

Le mot Noël partage la même étymologie que le terme équivalent dans la plupart des
grandes langues romanes (italien natale ; occitan nadal, nadau ; catalan nadal ;
portugais natal)Note 1, ainsi qu'avec les langues celtiques, à savoir, l'adjectif
latin natalis signifiant « de naissance, relatif à la naissance » (de natus « né
»), d'abord associé au mot latin dies « jour » dans la locution natalis dies « jour
de naissance » réduite à natalis par substantivation de cet adjectif en
[natále(m)], utilisé en latin ecclésiastique pour désigner la Nativité du Christ.

Ensuite [natále(m)] va subir une évolution phonétique avec la chute du [e] final,
l'allongement et la palatalisation du [a] tonique non entravé, puis lénition
(sonorisation) en [d] du [t] intervocalique (d’où le provençal Nadal),
fricatisation en [đ] puis amuïssement, donnant la forme Nael. Dans cette position
le [a] prétonique aurait dû s’affaiblir en e muet mais, dans un mot du vocabulaire
religieux, soumis à des influences savantes, il y a eu effort pour le maintenir et,
par dissimilation, il a abouti à [o]. Autrement dit, l’o de Noel, en face de Nael,
est lié à la dissimilation des deux a de natal-9, d'abord devenu *nadal (cf.
occitan Nadau, Nadal, catalan Nadal « Noël »), ensuite *nathal, puis *naal, après
la lénition de la consonne intervocalique [t], qui s'est finalement totalement
amuïe en langue d’oïl10 (tout comme dans NATIVU > naïf, doublet de natif, emprunt
savant, également MUTARE > muer, dérivé savant mutation, MATURU> mûr, savant
mature, etc.). Il existe un cas parallèle jusqu'au stade du moyen français, à
savoir celui du verbe noer signifiant « nager ». Dans la plupart des langues
romanes, le latin natare (cf. natation) a donné l'espagnol, catalan et portugais
nadar « nager », etc., alors qu'une forme notare a donné l'ancien français noer «
nager » (morvandiau nouer, normand occidental nouer11). À noter que dans les
parlers normands Noël se dit Noué ou Nouel.

C'est la seule étymologie admise aujourd'hui par les linguistes et les


lexicographesNote 2.

En français standard, Noël se prononce prononcé en français : [nɔɛl] et le tréma


sur le e : ë, apparu en 1718, note la diérèse4,12. Les prononciations dialectales
prononcé en français : [nwεl] et prononcé en français : [nwal] sont attestées4.

Nom propre13 de la fête chrétienne de la nativité du Christ, Noël prend une


majuscule à l'initiale3,4, majuscule qu'il conserve au pluriel13. Le substantif
Noël est masculin3,4 ; mais, probablement4,13 par ellipse de fête de3, il est
féminin lorsqu'il est employé avec l'article défini singulier13,14 : la, et sans
épithète13,14 ni complément14.

Les langues celtiques possèdent un terme issu d'un étymon commun, comme le français
et d'autres langues romanes, c'est-à-dire le latin natalis également, ce qui donne
en brittonique : le cornique Nadelik, le gallois Nadolig et le breton Nedeleg (cf.
patronyme Nédélec), sur un radical commun *Nadal-, avec lénition [t] > [d], suivi
d'un suffixe brittonique. Le gaélique (irlandais et écossais) possède une forme
Nollaig, dans laquelle l'amuïssement de l'intervocalique s'est effectué de la même
manière qu'en français.

En revanche, les langues germaniques recourent à divers étymons pour désigner cette
fête. L'anglais Christmas15 remonte à un vieil anglais attesté tardivement crīstes
mæsse16, l'ancien anglais mæsse ayant selon le site Oxford living Dictionaries
édité par Oxford University Press sens de « célébration ». En allemand, Noël se dit
Weihnachten17 et repose sur un ancien datif pluriel dans l'expression en vieux haut
allemand ze wîhen nachten « dans les nuits sacrées », d'où wîhennachten >
Weihnachten qui date de l'époque du paganisme germanique18, où l'on organisait des
fêtes sacrées les nuits d'hiver autour du solstice. On trouve cette même
transposition d'une fête païenne à une fête chrétienne chez les peuples scandinaves
dans le terme qui signifie Noël : islandais jól, norvégien, suédois, danois jul. Le
même étymon proto-germanique *jehwlą a donné le vieil anglais ġeohol, ġēol, d'où
l'anglais yule. L'ancien français jolif « gai, joyeux, plaisant, sensuel, élégant
»> joli représente un dérivé de jól à l'aide du suffixe -if19.

De sorte que, même si l'origine ultime du mot français Noël est effectivement liée
au concept de la « renaissance » du soleil lors du solstice d'hiver, cette
étymologie n'est due ni au celtique, ni au germanique, mais bien au latin. Elle
provient sans doute de la fête de la Nativité du Christ, dans laquelle le natalis
lié au culte romain du Sol Invictus (la fête officielle du dies natalis solis
invicti, « jour de la naissance du soleil invaincu ») est extrait de son contexte
païen pour prendre une signification chrétienne.

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