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Mariana TUÞESCU

DU MOT
AU TEXTE
ex ercices de français pour les avancés

Cavallioti
retiparire 2007
À ma mère.

Descrierea CIP a Bibliotecii Na]ionale

TU}ESCU, MARIANA
Du mot au texte: exercices de français pour les
avancés / Mariana Tu]escu - Bucure[ti: Cavallioti, 2001
296 p.; 23,5 cm.
Bibliogr.
ISBN 973 – 96107 - 9 – x

811.133.1

Rédacteur: Anca COSÃCEANU


Couverture: Cavallioti
Création graphique Cavallioti
et réalisation:

Tous droits réservés aux EDITIONS Cavallioti


ISBN 973-96107 - 9 - x

Cavallioti
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3

SOMMAIRE
AVANT-PROPOS 5

I. LA FORMATION DES MOTS 7


1. LA DÉRIVATION SUFFIXALE 7
2. LA PRÉFIXATION 18
3. LA PARASYNTHÈSE 21
4. LA COMBINATOIRE FIGÉE 24

II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 31


1. LE GROUPE NOMINAL 31
1.1. Le genre 31
1.2. Le nombre 35
1.3. L'adjectif 39
1.3.1. L'adjectif qualificatif 39
1.3.2. L'adjectif déterminatif 46
1.4. La proposition relative 50
2. LE GROUPE VERBAL 57
2.1. Les modes 57
2.2. Les temps 78
2.3. Les voix 93
2.3.1. Le Passif 93
2.3.2. L'Impersonnel 97
2.4. Les compléments du verbe 101
3. LE GROUPE ADVERBIAL. LE CIRCONSTANT 105
4. LA PHRASE MODALISÉE 114
4.1. Les types de phrase ou modalités de l’énonciation 116
4.1.1. L’interrogation 116
4.1.2. L’exclamation 127
4.1.3. L’injonction 136
4.1.4. La négation 141
4.2. Les auxiliaires modaux 150
4.2.1. Pouvoir 150
4.2.2. Devoir 153
4.2.3. Autres verbes modaux 154
4.3. Les modalisateurs ou les adverbes de phrase 160
4

III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 165


1. LE SENS LEXICAL ET L’ANALYSE SÉMIQUE 165
2. SYSTÈMES SÉMIQUES 173
3. SENS SITUATIONNEL ET IMPLICITE 175
IMPLICATIONS, PRÉSUPPOSÉS,
SOUS-ENTENDUS
LES ACTES DE LANGAGE
4. LE SENS FIGURATIF 193
4.1. La métaphore 193
4.2. Métonymie et synecdoque 199
5. LES RELATIONS SÉMANTIQUES 206
5.1. L'hyponymie 206
5.2. La synonymie 208
5.3. Homonymie et polysémie 214
5.4. L’antonymie 222

IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 228


1. LE NIVEAU TRANSPHRASTIQUE. 228
ÉNONCÉ ET ÉNONCIATION.
COHÉRENCE ET COHÉSION DU TEXTE
ET DU DISCOURS.
TEXTICITÉ ET DISCURSIVITÉ.
LES CONNECTEURS DISCURSIFS.
2. DISCOURS DIRECT /VS/ DISCOURS RAPPORTÉ 238
3. LES TYPES DE TEXTES 246
3.1. Le récit 246
3.2. Le texte descriptif 252
3.3. Le texte conversationnel et dialogué 258
3.4. Le texte explicatif 267
3.5. Le texte argumentatif 269
3.6. Le texte figuratif 277
3.7. Le texte polytypologique 284

Bibliographie 293
AVANT-PROPOS
Le présent livre s’adresse aux élèves des classes terminales, à ceux qui
préparent leur baccalauréat ou leur concours d’admission en faculté, aux
étudiants et aux professeurs de français.
Il est issu d’une longue réflexion pédagogique sur le phénomène
linguistique.
Les acquis théoriques de la linguistique moderne, le progrès incessant de
la théorie du langage ont profondément marqué la didactique des langues
des vingt dernières années. Science pilote, la linguistique théorique a
marqué un tournant dans la configuration des sciences de l’homme. Aussi
croyons-nous que l’apprentissage et l’enseignement d’une langue étrangère
doivent faire siens les concepts, théories et pistes de recherche propres à la
linguistique actuelle.
L’apprentissage d’une langue ne saurait être seulement affaire
d’automatismes, entraînement à la manipulation des structures, mais bien
exercice profond de raisonnement, appropriation réfléchie et consciente des
structures, règles, mécanismes de fonctionnement qui constituent ce code
complexe qu’est la langue. Et le français est, parmi ces codes, l’un des plus
perfectionnés, mais aussi l’un des plus contraignants et fuyants à la fois.
Grammaires, études théoriques, méthodes et livres d’exercices sur le
français ne manquent pas. Le français langue étrangère a fourni et ne cesse
de fournir matière à réflexion pour les linguistes, didacticiens, concepteurs
de méthodes et professeurs de langues. La vocation s y s t é m a t i q u e ,
l o g i q u e et c u l t u r e l l e de cette langue ne fait pas de doute.
Le présent livre relève d’une conception systématique de la langue et
témoigne d’une option méthodologique. La théorie du fonctionnement du
langage, du niveau lexical (le mot) au niveau discursif et textuel est mise en
oeuvre dans cette série d’exercices conçus comme instruments d’acquisition
et de perfectionnement des structures et des mécanismes langagiers. La
plupart de ces exercices sont c o g n i t i f s, c’est-à-dire ils explicitent la
théorie linguistique qui les sous - tend. Le lecteur se trouvera ainsi en
présence d’un ensemble de données théoriques qu’il doit acquérir pour être
ensuite à même de les exploiter. Ainsi la réflexion et l’intelligence sont-elles
mobilisées dans un cadre explicite, préalable à la formation de la
compétence de manipulation et d’interprétation des faits de langue.
Dans l’élaboration de ces exercices nous avons tenu compte des
exigences suivantes:
1. l’exploitation d’une base théorique propre à expliquer tel
phénomène de langue; qu’on se rapporte, à ce sujet, aux chapitres
portant, par exemple, sur la combinatoire figée, la métaphore et la
métonymie, le discours rapporté, la cohérence du texte, les types de textes etc.;
2. le recours constant au contexte linguistique et situationnel, la
nécessité de former chez les apprenants du français la compétence
de communication;
3. la graduation de la complexité du phénomène décrit, la
6 Mariana TUÞESCU

hiérarchisation des difficultés, la progression des exercices;


4. la variété des exercices, le souci de rompre la monotonie et de
proposer des techniques de classe motivantes et de différents types:
exercices structuraux (à trous, de complétude, de transformation),
exercices communicatifs, traductions, exercices cognitifs
d’observation, analyses des textes et documents authentiques,
techniques textuelles, dissertations et compositions françaises, etc.
La clé de voûte de ces exercices est constituée par l’étude du t e x t e, ce
niveau linguistique étant le bouillon de culture de l’apparition et du
fonctionnement des structures du langage. C’est au niveau du texte que se
manifestent les unités lexicales, les règles grammaticales, les mécanismes
syntaxiques, sémantiques et pragmatiques, la vocation actionnelle et
interactive du langage ainsi que sa dimension culturelle.
Le lecteur pourra consulter ce livre s é l e c t i v e m e n t; chacun, selon
ses centres d’intérêts et son niveau linguistique de français, exploitera tel
chapitre, abordera tel sujet et négligera les autres chapitres et sujets.
Ce livre se veut en même temps un i n s t r u m e n t d e f o r m a- t i o
n et un g u i d e à l a r é f l e x i o n.
C’est pourquoi avons-nous décidé de ne pas proposer un corrigé des
exercices, celui-ci étant de nature à entraver et à contraindre la libre
réflexion et l’interprétation des apprenants. Le but principal de ce livre est
celui de contribuer au perfectionnement de la compétence de français des
apprenants, à la formation de leur réflexion logique sur les phénomènes de
langue, à leur acquisition d’une interprétation réfléchie sur les mécanismes
profonds du français.
Certainement, nous sommes conscients de la difficulté de certains
exercices, de la diversité éclatée des documents proposés, de l’effort que ce
livre exige de la part de l’enseigné et également de la part de son enseignant.
Nous avons voulu, en toute bonne foi, offrir au public un livre moderne et
utile, qui entraîne dans son sillage une g r a m m a i r e i m p l i c i t e d u
f r a n ç a i s c o n ç u e e n e x e r c i c e s.
Si cette tâche a été au moins partiellement accomplie, notre effort n’aura
pas été inutile.

Mariana TU}ESCU

Bucarest, septembre 1995


I. LA FORMATION DES MOTS 7

I. LA FORMATION DES MOTS

1. LA DÉRIVATION SUFFIXALE
1. Dites de quels verbes proviennent les noms suivants:
- arrivée, plongée, rentrée, traversée;
- arrosage, chauffage, essayage, sondage;
- changement, bourdonnement, gonflement, pétillement, tassement;
- fermeture, ouverture, coupure, reliure, salissure;
- fauchaison, salaison, crevaison, livraison;
- baignade, dérobade, embrassade, glissade, reculade;
- alliance, assurance, espérance, jouissance, réjouissance, méfiance,
souffrance;
- rêverie, duperie, tromperie, tricherie, tuerie.
Quel est le trait sémantique (ou sème) de ces noms dérivés au moyen des
suffixes? Essayez d'introduire ces dérivés suffixaux dans des phrases.

2. Parmi les suffixes qui entraînent le changement de la classe syntaxique, il


faut mentionner -AGE. Joint à un radical verbal, il forme des noms
dérivés qui expriment l'action. Ainsi, par exemple, une phrase comme:
(A) La femme de ménage ÉPOUSSETTE les meubles
deviendra par passivation et nominalisation:
(B) L'ÉPOUSSETAGE des meubles par la femme de ménage.
Sur ce modèle, transformez les phrases suivantes de sorte à en obtenir des
dérivés suffixaux noms d'action, issus par la nominalisation en -AGE.
Opérez les autres modifications syntaxiques requises:
1. La pluie a ABATTU les arbres. / 2. On BAT les tapis. / 3. On CHAUFFE
les liquides. / 4. Le garagiste GONFLE les pneus. / 5. Les ouvriers ont
ANCRÉ les câbles du pont suspendu. / 6. Ils ont CÂBLÉ ces dépêches. /
7. Marie ESSORE le linge. / 8. Les crédits financiers sont BLOQUÉS. / 9.
Les avions sont REPÉRÉS et GUIDÉS par le radar. / 10. Ces restaurateurs
ont VERNI les tableaux. / 11. Ces toiles se sont ÉCAILLÉES. / 12. Ils ont
COLPORTÉ cette histoire scandaleuse.
3. Convertissez les phrases suivantes en dérivés suffixaux noms d'action. Relevez
l'inventaire des suffixes de nominalisation qui expriment l'action.
Modèle: (A) La foule avait MOLESTÉ ce cambrioleur. ⇒ La
MOLESTATION de ce cambrioleur par la foule.
(B) Les cosmonautes ont ALUNI. ⇒ L'ALUNISSAGE
des cosmonautes.
1. On avait SERTI une cartouche. / 2. Les malades GÉMISSAIENT. / 3. Les
8 Mariana TUÞESCU

comédiens REMERCIÈRENT chaleureusement le public. / 4. On BÉTONNE


le mur. / 5. Cette substance SE VITRIFIE sous l'effet de la chaleur. / 6. Il a été
RAPATRIÉ par les soins du consulat. / 7. Des dizaines de vacanciers
ARRIVÈRENT en Gare du Nord. / 8. Les touristes CAMPENT surtout près des
rivières. / 9. On FAUCHE le blé. / 10. Ma mère SALE le ragoût. / 11. Le
libraire LIVRA cette commande de livres. / 12. Les guerres TUENT
affreusement. / 13. On avait ZINGUÉ la toiture de la maison. / 14. Les
étudiants RENTRENT le 1 octobre.
4. Formez à partir des verbes ci-dessous des dérivés suffixaux noms d'agent.
Il sera tenu compte des compléments avec lesquels ces verbes se
combinent. Soit, comme modèle:
peindre ⇒ le peintre («celui qui peint»);
consommer ⇒ le consommateur («celui qui consomme»);
se plaindre ⇒ le plaignant («celui qui se plaint»).
Acquérir; lire; cultiver; habiter; semer; assassiner; assister (à une réunion);
fabriquer; étrangler; vendre; sauter; intriguer; attaquer; causer (des troubles,
des désordres); naviguer; survivre; traduire; moissonner; causer (avec
quelqu'un); dénoncer; tisser; émigrer; chanter; poursuivre; élire; trahir;
combattre; conduire (un véhicule); corriger (une épreuve); instruire;
réformer; critiquer; défendre (sa patrie); délivrer (un prisonnier); donner (du
sang); perdre; protéger; jouer; donner (à une église un tableau, un vitrail sur
lequel celui qui fait ce don se fait le plus souvent représenter à genoux);
emprunter; exporter; prêter; vaincre; filer (la laine); fondre (des métaux);
fonder (une ville); garder (un prisonnier); garder (la personne d'un
souverain, d'un président de république, d'un chef d'armée); guider; hériter;
fournir; gagner; louer (une maison); mendier; posséder; prêcher; présider; se
promener; remplacer (quelqu'un d'autre); sauver (un noyé); sauver (l'âme
de quelqu'un); signer (un traité); teindre (des étoffes); trafiquer; visiter; voter.
Quels sont les suffixes nominalisateurs qui expriment l'agent?
5. Quels sont les noms d'agent dérivés au moyen des suffixes non modificateurs de
la classe syntaxique à partir des substantifs suivants:
Modèle: médecine ⇒ médecin; standard ⇒ standardiste
affiche, bonneterie, biologie, bottes, caricature, chapeau, cire, charrette,
clou, couture, disque, essai, ferme, garage, gilet, gargote, jardin, librairie,
lunettes, mathématiques, pharmacie, physique, pompe, portrait, radar,
savate, théorie, trésor?

6. Comment appelle-t-on celui qui fabrique ou qui vend:


- de la crème; - des bandages; - des briques; - des bijoux; - des chapeaux;
- des épices; - des chaudrons; - du fer-blanc; - des horloges; - du lait; -
du linge; - des miroirs; - des pots; - des meubles de luxe (d’ébène); - des
parfums; - des serrures; - des tonneaux?
7. Indiquez le nom de la personne dont la profession, les occupations ou les
I. LA FORMATION DES MOTS 9

croyances ont pour objet:


les archives, les antiquités, les livres, la chasse, le violon, la barbe, les dents, la
copie, le latin, la logique, les portraits, la moisson, la musique, la grammaire,
la théorie, une utopie, les romans, la propagande, les pamphlets, la vigne, la
biologie, l’histoire, le mathématicien.
8. Les suffixes -OIR, -OIRE forment des noms qui marquent le lieu,
l’endroit à partir de verbes.
Modèle: abreuver ⇒ abreuvoir «lieu, aménagé pour faire
boire les bestiaux».
Quels sont les noms dérivés qui marquent le lieu formés à partir des verbes
suivants:
dormir; fumer; s’accouder; parler; dresser; reposer; trotter.
Construisez des phrases avec ces substantifs.
9. Le suffixe -ERIE, marqueur du «local» («lieu») ou de l'«endroit», est très
productif en français actuel. Voici une liste des mots en -ERIE,
néologismes pour la plupart, que vous essaierez de paraphraser et
d'introduire dans des phrases:
braderie, carterie, crêperie, croissanterie, déchèterie, fouillerie, friterie,
gaminerie, grilladerie, sandwicherie, solderie, vinnoiserie.
Modèle: braderie: lieu où l’on brade (vend à bas prix) des
vêtements ou des objets usagés.
Quelle est la structure profonde de chacun de ces mots?

10. Quels sont les dérivés en -ERIE formés à partir de:


acier, chien, boulanger, boucher, gendarme, maire, lépreux, fruits,
poisson, trésor, fromage, charcutier, mercier, lait, pâtissier?
11. Comment appelez-vous le commerce ou l'industrie de celui qui vend ou
fabrique:
des cordes; des briques; des bijoux; des épices; des fromages, de la crème;
des chaudrons; des cristaux; des chapeaux; du lait; des miroirs; du fer-
blanc; de la faïence; des bibelots; des images; des parfums; des peaux; des
meubles de luxe (d'ébène); des horloges; des pots; des serrures; des
tonneaux?
Donnez la paraphrase de chacun de ces noms.
12. Comment appelez-vous la « dignité », la « fonction » ou le « lieu »
- du commissaire; - de l'amiral; - du cardinal; - du docteur; - de
l'interne; - du professeur; - du secrétaire; - du patriarche; - du rabbin; -
du précepteur; - du protecteur; - du recteur; - du maréchal; - du sultan; -
du volontaire?
13. Formez avec les verbes ci-dessous des noms dérivés en -AGE, -ADE, -
10 Mariana TUÞESCU

AISON, - ISON, -ATION, exprimant l'action ou le résultat de l'action:


arrimer; adapter; braver; bousculer; cirer; croiser, chômer; décliner;
déballer; éclairer; expatrier; dégringoler; exhaler; griffonner; garnir;
incliner; fusiller; majorer; mouiller; monter; saler; sonder; ruer;
surélever; reculer; témoigner; terminer; trier.
Construisez des phrases avec ces dérivés nominaux.

14. Formez à partir des verbes ci-dessous des noms dérivés en -ANCE,
- ENCE, -ERIE, -MENT, -URE, -ON, exprimant l’action ou le résultat de
l’action:
broder, croiser, endurer, adhérer, dénigrer, flatter, courber, éblouir,
exiger, hurler, graver, mouiller, présider, peindre, railler, souffrir,
tromper, venger.
Construisez des phrases avec ces mots dérivés.

15. Les suffixes -OIR, -OIRE servent à former des dérivés désignant des
outils (instruments) ou des ustensiles. Étudiez les phrases suivantes et
rendez les noms d'outils par des paraphrases:
1. LA RÔTISSOIRE est en panne.
2. Marie emploie UNE PASSOIRE pour égoutter les légumes.
3. Cet écrivain se sert d'UN GRATTOIR pour gratter les taches de son
manuscrit.
4. Dès que les invités arrivèrent, ma mère apporta LA BOUILLOIRE pour
préparer le thé.
5. Il faisait avec UN ARROSOIR des huit sur le dallage poussiéreux.
6. Penchées sur la rivière, ces femmes battaient le linge avec UN BATTOIR.
16. L'instrument servant à ASPIRER (la poussière) s'appelle l'ASPIRATEUR; la
machine qui BAT (le blé) s'appelle la BATTEUSE; l'instrument qui sert à
faire RÔTIR la viande s'appelle la RÔTISSOIRE.

Comment appelez-vous l'instrument, la machine, l'objet servant à:


arroser; encenser; écumer; épouvanter; éteindre; décrotter; écrémer;
ébaucher; s'éventer; gouverner (un vaisseau); gratter; draguer; hacher;
laminer; mitrailler; moissonner; torpiller?
17. Le suffixe -ÉE exprime le contenu d'un contenant. Formez à partir des
noms ci-dessous des dérivés exprimant le sème « contenu » et joignez un
complément du nom à chacun d'eux.
Modèle: bouche ⇒ une bouchée de pain;
four ⇒ une fournée de tuiles;
poing; bec; bras; assiette; cuiller; gorge; charrette; cuve; maison; pelle;
pot; poche.
Traduisez les structures nominales ainsi formées en roumain.
18. Formez avec les mots suivants des dérivés nominaux indiquant la
I. LA FORMATION DES MOTS 11

collection:
colonne; dix; cent; hêtre; saule; branche; feuille; mât; marmot; cheveu;
valet; prêtre.
Modèle: douze ⇒ douzaine; chêne ⇒ chênaie;
piéton ⇒ piétaille.

19. Quels sont les noms qui désignent le contenant obtenus à partir des noms
suivants, désignant le contenu:
Modèle: cendre ⇒ cendrier
beurre; cendre; encre; chandelle; bonbons; poudre; sel; soupe.
20. Dites quels sont les diminutifs dérivés des mots suivants:
garçon; fille; femme; gant; tarte; malle; main; maison; casque; histoire;
fourgon; mitrailleuse; livre; fleur; poche; pince;
aigle; carafe; âne;
coq; gant; oiseau;
ours; mouche; escadre; croûte; carafe;
lion; souris; lapin; puce; loup; arbre;
île; chien;
rue; tour.
Quels sont donc les suffixes qui désignent les diminutifs ou les petits des
animaux?

21. Comment appelez-vous la qualité de celui qui est:


agile; aimable; balourd; cruel; brave; délicat; exact; droit; désinvolte;
étourdi; fat; gauche; franc; gentil; gourmand; fainéant; hardi; hébété;
jaloux; jeune; humble; ladre; poltron; prompt; sot; souple.
22. Quelle serait la règle syntactico-sémantique propre à expliquer la formation
des noms d'arbres à partir des noms de fruits correspondants?
Modèle: la cerise ⇒ le cerisier; la pomme ⇒ le pommier.
Illustrez cette règle par les noms des arbres fruitiers et des fruits que vous
connaissez.

23. L'adjonction de suffixes différents auprès d'un même radical verbal


engendre des mots différents. Le suffixe -AGE a surtout un sens concret
et une valeur de non-accompli. -MENT exprime surtout l'état ou le fait
de; il a un contenu abstrait et une valeur d'accompli. -URE, marqueur
de l'accompli, signifie l'action et/ou son résultat. Le contexte
syntagmatique précise la valeur du dérivé suffixal.
Observez les situations suivantes:
(A) - L'affinAGE du cuivre - L'affineMENT de la manière
12 Mariana TUÞESCU

de penser.
(B) - Le gonflAGE d'un pneu - Le gonfleMENT du genou.
(C) - Le lavAGE des vitres de la voiture - Un laveMENT
purgatif.
(D) - Le tassAGE d'un adversaire - Le tasseMENT des
vertèbres.
(E) - Le battAGE du blé - Le batteMENT du coeur.
Sur ce modèle, placez les lexies suivantes dans des contextes syntagmatiques
différenciateurs. Travaillez avec le dictionnaire:
arrosAGE - arroseMENT; / atterissAGE - atterrisseMENT;
/ barrAGE - barreMENT; / boisAGE - boiseMENT; / pavAGE -
paveMENT; / raffinAGE - raffineMENT; / blanchisseMENT -
blanchiMENT - blanchissAGE; / décollAGE - décolleMENT -
décollaTION; / brunisseMENT - brunissAGE - brunissURE;
/ pourrisseMENT - pourrissAGE - pourritURE; / déchireMENT -
déchirURE; / fournisseMENT - fournitURE; / noircisseMENT -
noircissURE; / déchiquetAGE - déchiquetURE; / garnissAGE -
garnitURE; / montAGE - montURE.
Traduisez en roumain ces structures.
24. Remplacez les points de suspension par un nom dérivé du verbe
mentionné:
ARRIVER: L'.........du train. L'.............des marchandises.
AFFLUER: Un.........de sang à la face. L'...........de visiteurs.
CHAUFFER: Le...........central. Une surface de...........
COUCHER: Le..........du soleil. Champignons de........... Un sac de......... Un
compartiment muni de............
COUVRIR: Une..........de laine. Le..........d'une boîte. Le livre et les.........-
livres.
CROÎTRE: La.......d'une plante. La.......économique. La.......des eaux. Les
meilleurs......du Bordelais.
FONDRE: La......des neiges. La.......des métaux.
LEVER: Le.......du soleil. Le.....du rideau. .......la séance. La......du pain.
PORTER: A une.......de fusil. Le......port des marchandises.
PRÉPARER: La.......d'un mets. Les......d'un voyage.
RACCOURCIR: Prendre un........ La mode est au.......des robes.
25. Étudiez les groupes nominaux ci-dessous et précisez de quel adjectif
provient chacun des noms dérivés.
Modèle: La fraîcheur de l'air - L'air est frais.
La robustesse de cette personne - Cette personne est
robuste.
- La maigreur de cet enfant; / - La blondeur de ses cheveux; / - La
I. LA FORMATION DES MOTS 13

tristesse du comédien; / - La franchise de ma soeur; / - La bêtise de Paul;


/ - La sottise de mon geste; / - La gourmandise de l'enfant; / -La folie de
Marie; / - La gloutonnerie de cet ouvrier; / - La mesquinerie de mon
frère; / - La poltronnerie de ce commerçant; / - La platitude de son
discours; / - L'étrangeté de son comportement; / - La légèreté de ses
paroles; / - L'étanchéité du réservoir; / - La porosité du sol; / - La
musicalité de sa voix; / - La ténacité de son caractère.
26. Transformez les adjectifs: BANAL, BAS, BÊTE, CHRONIQUE,
DÉFICIENT, ÉTANCHE, EXACT, FOU, FRANC, INDÉCIS, LONG,
MAIGRE, MÉDISANT, MENSUEL, MOU(MOLLE), NET, NIAIS,
POLTRON, SPORTIF en noms dérivés au moyen de suffixes: -EUR,
-ERIE, -(E)TÉ, -ITÉ, -ESSE, -ISE, -ANCE, -ENCE, -ION.
Modèle: sot - sottise.

27. Trouvez les contextes syntagmatiques appropriés pour chacun des


adjectifs suivants: FAMILIAL, FAMILIER; OFFICIEL, OFFICIEUX;
ORIGINAL, ORIGINEL, ORIGINAIRE; TEMPORAL, TEMPOREL,
TEMPORAIRE.
28. Comment appelle-t-on les habitants:
(A) - de l'Afrique; de la Belgique; du Brésil; du Congo; du Chypre; de la
Crète; de la Champagne; du Danemark; de l'Espagne; de la Finlande; de
Monaco; de la Pologne; de la Roumanie; de la Turquie.
(B) - d'Arles; de Bruxelles; de Bordeaux; de Carcassonne; de Grenoble; de
Lyon; de Genève; de Chatou; de Marseille; de Moscou; de Munich; de
Mulhouse; de Nancy; de Nantes; de Naples; de Neuchâtel; de Nice; de
Quimper; de Reims; de Saint-Étienne; de Strasbourg; de Venise; de
Villejuif?

29. Transformez les structures prédicatives du type QU'ON PEUT +


INFINITIF, QUI PEUT ÊTRE + PARTICIPE PASSÉ en un adjectif
suffixé en -ABLE ou -IBLE.
Modèle: (A) Air qu'on peut respirer ⇒ un air respirable;
(B) Un climat qui peut nuire à la santé ⇒ un
climat nuisible.
1. Plat qu'on peut manger. / 2. Dessin qui peut être reproduit. / 3. Livre
qu'on peut traduire. / 4. Des denrées qui peuvent périr. / 5. Un malade
qui peut guérir. / 6. Une écriture qu'on peut lire. / 7. Un comportement
qu'on peut haïr. / 8. Engin qui peut faire explosion. / 9. Une boisson
qu'on ne peut pas boire. / 10. Un devoir qui peut être corrigé. / 11. Une
erreur qu'on peut avouer. / 12. Une distance qu'on peut apprécier. / 13.
Des mérites qu'on peut louer. / 14. Une ville qui ne peut pas être prise.

30. Remplacez par un adjectif en -AL, -AIRE, -EL, -EUR, -EUX les
constituants en italique.
14 Mariana TUÞESCU

Modèle: (A) Une pierre placée sur une tombe ⇒ une pierre
tombale.
(B) Un serpent qui a du venin ⇒ un serpent
venimeux.
1. Une personne qui possède des millions. / 2. Une circonstance qui sert
d'occasion. / 3. Un emploi qui ne doit être exécuté qu'un temps. / 4. Une nouvelle
qui fait sensation. / 5. Une rue remplie de boue. / 6. Des doctrines visant à l'égalité
complète. / 7. Une affaire qui dépend de la chance. / 8. Un récit ayant rapport à la
légende. / 9. Un événement qui se produit par accident. /
10. Une musique qui doit être exécutée par des instruments. / 11. Un charme qui
empoisonne. / 12. Un esprit qui a des visions. / 13. Le péché contracté par la race
humaine dès son origine. / 14. Une bière qui produit de la mousse. /
15. Un mendiant qui a des vêtements en loques.
31. Transformez les déterminants prépositionnels en dérivés suffixés adjectifs
de relation:
Modèle: Les déclarations du président ⇒ les déclarations
présidentielles;
La production de céréales; les vacances des ministres; un monde de cauchemar;
une culture de légumes; un jardin de fruits; les prévisions du budget; la pénurie
d'énergie; le personnel de l'hôpital; l'exemple des parents.
32. Transformez les adjectifs de relation des groupes nominaux ci-dessous en
déterminants prépositionnels:
Modèle: Les forces policières ⇒ les forces de la police.
- des querelles boutiquières; - une croûte boueuse; - une piste cavalière; -
une culture légumière; - une ville frontalière; - l’industrie plumassière; - un
sentier pierreux; le fond rocheux d'une rivière.
33. Convertissez les propositions relatives qui déterminent les noms ci-
dessous en adjectifs de relation dérivés au moyen des suffixes - É, -U, -
EUX (-EUSE), -IER (-IÈRE).
Modèle: (A) Un homme qui porte une cravate rouge ⇒ Un
homme cravaté de rouge.
(B) Une tante qui aime à faciliter les mariages ⇒
Une tante marieuse.
(C) Un homme qui vit dans le besoin ⇒ Un
homme besogneux.
1. Un homme qui a de la barbe et de grosses moustaches. / 2. Un militaire
qui a un grade. / 3. Une personne qui a un grand âge. / 4. C'est un cocher de
jadis qui porte une houppelande. / 5. Une coquille qui renferme de la nacre.
/ 6. Une mer où les tempêtes sont fréquentes. / 7. Des voyages qui sont pleins
d'aventures. / 8. Voilà une plaine où il y a beaucoup de cailloux. / 9. Une
I. LA FORMATION DES MOTS 15

femme qui rapporte de cancans. / 10. Des fruits qui sont propres à telle ou
telle saison. / 11. Un employé qui agit par routine. / 12. C'est un carte qui
indique les routes. / 13. Un discours qui repose sur le mensonge. / 14. Tu as
pris cet escalier de pierre, alors que mon cousin avait pris un chemin qui était
couvert de pierres. / 15. Cette fille a une chevelure qui est frisée comme le
crêpe. / 16. C'est une femme qui porte un chapeau et des gants.
34. Comment définissez-vous:
- le passage piéton? - un sentier piéton? - une porte piétonne? - une zone
piétonne?
- une rue piétonnière? - la circulation piétonnière?
- un terrain marécageux? - des plantes marécageuses?
- la signalisation routière? - le réseau routier de chaque pays?
Formez des phrases avec ces structures nominales.

35. Quels sont les dérivés adjectivaux des noms propres suivants? Joignez
chacun des adjectifs obtenus à un nom:
Modèle: Corneille ⇒ cornélien; une tragédie cornélienne.
Baudelaire; Dreyfus; Flaubert; Freud; Hugo; Ibsen; Kafka; Lamartine;
Lénine; Mallarmé; Marivaux; Mitterand; Molière; Napoléon; Œdipe;
Picasso; Platon; Proust; Rabelais; Racine; Rousseau; Sartre; Stendhal;
Voltaire; Rimbaud; Freud; Newton; Balzac; Aristote; De Gaulle; Kant;
Nietzsche; Wagner.
36. Quels sont les adjectifs en -AIN, -ESQUE, -IEN, -IF dérivés des mots
suivants? Joignez à chacun d'eux un nom:
Modèle: masse ⇒ massif; de l'or massif.
- Carnaval; adhésion; haut; livre; instinct; funambule; rivière; proche;
sport.
37. Formez avec les mots suivants des adjectifs diminutifs en -ET, -ELET, -
IN, -OT et joignez chacun d'eux à un nom:
Modèle: maigre ⇒ maigrelet, maigriot, maigrichon; un
enfant maigrelet, maigriot, maigrichon.
- aigre; clair; fou; gras; jeune; rond; galant; pâle; petit; simple; pauvre; vieil
(vieux).
38. Mettez en roumain les phrases suivantes:
1. Il commanda un demi de vin clairet. - 2. Je n'aime pas la soupe
clairette. - 3. Sa vie n'est pas précisément folichonne. - 4. Ces gamines
pâlottes me font du mal. - 5. Celui-ci, le pauvre, a deux enfants
souffrants: un garçon maigrelet et une fille maigrichonne. - 6. À son
âge, il court après les filles: c'est un vieux galantin. -
7. Quand je l'ai revu, dix ans après, c'était un petit homme
grassouillet. - 8. Entre nous, il n'est pas fortiche. - 9. Il montait de la
16 Mariana TUÞESCU

rue les accords d'une mélodie assez simplette. - 10. Il prit une gorgée
de ce petit vin blanc aigrelet.
39. Quels sont les verbes dérivés à partir des adjectifs suivants:
- blanc, bleu, jaune, rouge, vert;
- aigre, grand, gros, épais, faux, jaloux, rance, terne.
Construisez des phrases avec les unités lexicales (lexies) ainsi obtenues.
40. Quels sont les verbes dérivés des noms suivants:
abri, numéro, papillon, aiguillon, bénéfice, poix, borne, émail, étude,
épaule, fête, sillon, fusil, interview, photographie, nickel, sermon,
schéma, tache, foudre, vagabond?
Introduisez ces verbes dans des phrases.
41. Les suffixes verbaux -ISER et -IFIER forment des dérivés marqués par le
trait <+CAUSATIF> et caractérisés par la fonction aspective.
La paraphrase généralisée de ces verbes dérivés sera: «transformer en X», ou
X = nom ou adjectif de départ.
Ainsi on aura:
- alcool ⇒ alcoolISER «transformer en alcool»
- gaz ⇒ gazéIFIER «faire passer à l'état de gaz»
- solide ⇒ solidIFIER «transformer en substance solide».
Sur ce modèle, dites quels sont les verbes formés au moyen de ces suffixes à
partir de:
acide, agonie, classe, code, colon, divin, exemple, égal, gel, général,
fertile, martyr, personne, statut, tranquille, tyran.

42. La verbalisation se réalise, dans certains cas, en tant qu'étape ultérieure


à l'adjectivisation. Ainsi, à partir de certains noms on dérivera d'abord
un adjectif et ensuite un verbe. Soit les exemples suivants:
accident ⇒ accidenté ⇒ accidenter;
clou ⇒ cloué ⇒ clouer.
Ces verbes sont des causatifs, c'est-à-dire des verbes dont la structure
profonde renferme l'opérateur FAIRE. Ainsi une phrase comme:
(A) Le menuisier CLOUE la planche
provient dérivationnellement de:
Le menuisier fait (ceci) que la planche est CLOUÉE.
Sur ce modèle, précisez le cycle transformationnel qui dérivera des verbes à
partir des noms suivants:
bronze, bois, cloître, nickel, ouate, poivre, sucre.
Trouvez des contextes pour l'emploi des verbes ainsi obtenus.
43. Vous avez ci-dessous des couples de verbes dont le second est un dérivé
I. LA FORMATION DES MOTS 17

suffixal formé avec un suffixe aspectuel et/ou péjoratif.


Précisez le sens du verbe dérivé par rapport à celui du verbe de base;
employez, à ce sujet, le dictionnaire Petit Robert ou Lexis:
- chanter - chantonner; / - rêver - rêvasser; / - craquer - craqueler,
craqueter; /- rimer - rimailler; / - disputer - disputailler; / - sauter -
sautiller; / - fendre - fendiller; /- tâter - tâtonner; / - écrire - écrivailler,
écrivasser; /- tirer -tirailler; / - fêter - festoyer; /- tousser - toussoter; / -
mâcher - mâchonner; / - traîner - traînasser; / - mordre - mordiller; /-
vivre - vivoter; / - piquer - piqueter; /- voler - voleter.

44. Traduisez en roumain ces phrases en faisant attention aux valeurs


sémiques des suffixes qui caractérisent les verbes aspectuels:
1. - Parlez distinctement, au lieu de mâchonner vos paroles, dit le
professeur. - 2. Jacqueline toussote sans arrêt. - 3. Celui-ci, il toussaille
comme un vieux. - 4. Les canards barbotent dans la mare. - 5. Tous les
soirs Paul chantonne un air. - 6. Il frétille comme un poisson dans l'eau.
- 7. Pendant le spectacle, vous grignotez des bonbons. - 8. La
conversation languissait et mon grand-père dodelinait de la tête. - 9. Les
oiseaux sautillent de branche en branche et picotent les fruits. - 10. Ce
vieillard ne vit pas, il végète, il vivote. - 11. Il y en a qui écrivaillent dans
les journaux, qui gribouillent du papier. - 12. Vert encore, ton grand-
père trottine d'un pas alerte. -
13. Dès ce matin, il ne cesse de pleuvasser; sacré crachin! me dis-je.

45. Rendez le sens des verbes ci-dessous par des paraphrases qui contiennent
un nom ou un adjectif de la même famille:
Modèle: bêtifier: « faire la bête, dire des bêtises ».
bêcher; culbuter; feinter; finasser; freiner; se parcheminer; se refléter;
saucissonner.
Construisez des phrases avec ces verbes.

46. Rendez par des verbes en -OYER, -ER les paraphrases suivantes:
- « dire à quelqu'un tu »;
- « dire à quelqu'un vous »;
- « dire à quelqu'un: "je suis contre" »;
- « dire à quelqu'un merci ».

47. Les paradigmes dérivationnels virtuels peuvent avoir plusieurs termes.


Ainsi, on aura par exemple: Nom ⇒ Verbe ⇒ Nom dérivé.
Soit comme exemple:
(A) - CAVIAR (passer au caviar) « noircir à l'encre;
procédé appliqué par la censure russe tsariste » -
CAVIARDER « biffer à l'encre noire. Supprimer un
18 Mariana TUÞESCU

passage dans une publication, un manuscrit » -


CAVIARDAGE « le fait de caviarder »;
(B) - GRAISSE ⇒ GRAISSER ⇒ GRAISSAGE.
Sur ce modèle, trouvez d'autres situations témoignant du même paradigme.

48. Indiquez quels sont les sèmes qui différencient les termes des paradigmes
dérivationnels ci-dessous; placez chacun de ces termes dans un contexte
approprié:
1. Beurre - beurrer - beurrerie - beurrier (nom) - beurrier,-ère (adj.).
2. Huile - huiler - huilerie - huileux,-euse - huilier (nom) - huilier,-ère
(adj.).
3. Acide - acidifier - acidification - acidifiable.
4. Classe - classifier - classification - classificateur,-trice.
5. Numéro - numéroter - numérotage - numérotation.

49. Analysez, dans les paradigmes dérivationnels suivants, formés à partir


d'un adjectif, le sens de chaque mot. Placez-les ensuite dans des énoncés:
- rouge - rougir - rougissement.
- noir - noircir - noircissement - noircisseur.
- blanc - blanchir - blanchissement.
- blanc - blanchir - blanchiment.
- blanc - blanchir - blanchissage - blanchisserie - blanchisseur/
blanchisseuse.

2. LA PRÉFIXATION

1. Formez au moyen du préfixe DÉ- (DÉS-, DIS-) des mots dérivés et faites
entrer chacun d'eux dans une structure phrastique:
Modèle: tourner ⇒ détourner une rivière
altérer, approuver, faire, avouer, organiser, sceller, loger, localiser, traquer,
posséder, sécher, tremper; mariage, espoir, règlement, honneur.

2. Au moyen du préfixe IN- (IL-, IM-, IR-) formez des dérivés tirés des
adjectifs suivants:
altérable; respectueux; cohérent; occupé; lisible; attentif; avouable;
buvable; certain; efficace; correct; discret; logique; conscient; résolu;
contestable; matériel; réel; lettré; responsable .
3. Vous avez ci-dessous une série de verbes. Formez à partir de ceux-ci des
lexies préfixées en RE- (RÉ-, RES-, R-) et précisez la modification
sémantique amenée par le dérivé préfixal. Faites entrer ces nouvelles
unités dans des phrases:
I. LA FORMATION DES MOTS 19

abaisser; suer; écurer; monter; partir; saisir; agir; acheter; abattre; boiser;
servir; appeler; emplir; former; battre; cuire; montrer; pêcher; produire;
serrer; organiser; sentir; toucher; unir.
4. Formez des lexies préfixées au moyen des préfixes MAL-, MÉ-, MAU- à
partir des termes suivants:
adroit, commode, gracieux, habile, honnête, propre, plat, aisé, heureux,
venu; allier, estimer, contenter, mener, prendre, dire.
5. Formez les lexies préfixées avec les verbes suivants et les préfixes placés
entre parenthèses. Dites ensuite en quoi consiste la différence sémique
entre la lexie de départ et la lexie d'arrivée:
- clore (É-); courir (A-, DIS-, EN-, SE-); créer (RE-); cueillir (AC-, RE-);
écrire (DÉ-, R-, RÉ-); fondre (CON-); jeter (PRO-, RE-); lire (É-, RE-);
mener (se DÉ-, SUR-); muer (RE-); pendre (DÉ-); poser (COM-, PRO-,
SUP-); prendre (AP-, COM-, s'É-); quitter (AC-); sortir (AS-); tenir (OB-);
tester (AT-, CON-, DÉ-, PRO-); venir (AD-, CON-, DE-, SOU-).
À remarquer que ces lexies ont des origines différentes.

6. Y a-t-il des verbes non-préfixés correspondant à chacun des mots suivants?


avérer, décontenancer, dégringoler, déplorer, émietter, empiéter,
ennuager, enrubanner, ensanglanter.

7. Dans les phrases qui suivent, les adjectifs sont formés au moyen des
préfixes ARCHI-, EXTRA-, SUPER-, ULTRA-, HYPER-, SUR- qui
expriment l'idée de quantité. Trouvez d'autres lexies adjectivales de
même structure; consultez, à ce sujet, le dictionnaire:
1. Les autobus sont archipleins, archicombles aux heures de pointe. /
2. Maman nous a acheté des petits pois extra-fins. / 3. Le TGV français
est un train ultramoderne et ultra-rapide. / 4. C'est une huile
superfine. / 5. Cette année la récolte de blés est surabondante. / 6. Le
bruit suraigu de ce marteau-piqueur me casse les oreilles. / 7. Cet
enfant est hypernerveux; il faudra qu'il aille voir un médecin. / 8. Il
faudra acheter une pellicule ultra-sensible. / 9. Nous assistâmes au
tournage d'un film à l'atmosphère survoltée.

8. Quel est le trait sémique ou sème commun aux lexies suivantes:


sous-aide; sous-bibliothécaire; sous-brigadier; sous-chef; sous-fifre; sous-
préfet; sous-officier?
sous-emploi; sous-développement; sous-famille; sous-préfecture; sous-
production?
9. Expliquez le sens des constituants préfixés appartenant aux phrases ci-
dessous par le recours à leurs paraphrases:
1. Après cinq heures de discussion, les esprits étaient survoltés. / 2. Un
20 Mariana TUÞESCU

technicien en cagoule, combinaison et surbottes de toile contrôle le degré de


radioactivité des zones où travaillent ses collègues. / 3. Toutes ces mesures
furent certainement dictées par le plan anti-inflation. /
4. «L'Afrique est une baleine semi-échouée aux rivages de l'Histoire».
(Claude Imbert) / 5. «La France maintint un réseau encore consistant
d'intérêts - et de désintérêts - post-coloniaux pour sauver quelques
nations liges du désastre ». (Claude Imbert)
10. Vous avez ci-dessous un document authentique du CNRS (=Centre
National de la Recherche Scientifique) de février 1992 qui plaide contre
la « délocalisation » de l'administration française, décidée par le
gouvernement français en novembre 1991. Tâchez d'expliquer par des
périphrases les sens des structures préfixées:
Au CNRS comme ailleurs DÉLOCALISATION ne rime pas avec
DÉCENTRALISATION mais avec DISLOCATION.
• Les délocalisations décidées par la Direction du CNRS coûteraient 2
milliards de francs (pour un budget du CNRS de 12 milliards).
• 2 milliards de francs pour démanteler sans réflexion les équipes qui
ont le malheur de figurer sur la liste bâclée par la Direction.
• 2 milliards de francs pour des transferts boiteux, sans recrutements
dans les régions « bénéficiaires ».
• 2 milliards de francs pour désorganiser des vies professionnelles et
privées et dilapider des compétences.
Est-ce ainsi que la Direction du CNRS va donner l'exemple du
« dépenser mieux » (mot de Pierre Bérégovoy, alors Premier Ministre du
Gouvernement Français, pour expliquer ce projet de loi devant
l'Assemblée Nationale) dans la Recherche?
Les crédits de la Recherche sont-ils à ce point surabondants?
• Si 2 milliards de francs peuvent être débloqués pour un pareil gâchis,
que ne les consacre-t-on à des créations véritables accompagnées
d'embauches sur place, plutôt qu'à des parachutages indignes des
régions?
(Groupe « Les Nantis du Cinquième », 1992)
Quel sens conférez-vous aux interrogations finales du texte?
11. Au moyen des préfixes ENTRE-, INTER-, formez les lexies dont les
significations sont données par les paraphrases ci-dessous:
Modèle: « se dévorer mutuellement » ⇒ s'entre-dévorer.
1. Se choquer l'un contre l'autre. - 2. Ouvrir très peu de manière à faire
bâiller. - 3. Qui a lieu de nation à nation. - 4. Enlacer l'un dans
l'autre. - 5. Se mettre entre deux personnes pour les servir dans une
affaire à conclure. - 6. Morceau de viande coupé entre deux côtes. - 7.
Courte note dans un journal entre deux filets. - 8. Voir à demi. - 9.
Prendre en main pour exécuter. - 10. Mêler parmi d'autres choses. -
11. Couper par intervalles.
12. Dites s'il existe un rapport morpho-sémantique entre les verbes des
I. LA FORMATION DES MOTS 21

couples phrastiques ci-dessous. Précisez-le:


- L'eau coule. - Le temps s'écoule.
- Se laisser choir. - Le délai final échoit le 30 décembre.
- Il cria de douleur. - Il s'écria qu'il n'accepterait pas.
- Il dit des choses insensées. - Il aime à médire.
- Il branle la tête. - Ils ébranlent les fondements de la terre.
- Il ne connaît pas grand-chose à l'informatique. - Il méconnaît qui je suis.
- C'est le maire en personne qui les a mariés. - Elle prit le parti de se
démarier.
- Je te défends de prendre ce livre. - Ils se ressemblent à s'y méprendre.

13. Dans les exemples ci-dessous, les lexies au préfixe É- ont des origines
différentes. Dites, par le recours à votre compétence linguistique, si l'on y
perçoit des unités analysables ou inanalysables. Quel serait, dans le cas
des unités analysables, le sens du préfixe É-?
- ce spectacle éblouit les yeux; - des cheveux ébouriffés; - ébruiter
une nouvelle; - un jeune écervelé; - échancrer un corsage; - échapper
à la mort; - le feu échauffe les métaux; - écrémer le lait; - un mur qui
s'écroule; - une bouche édentée; - effacer un mot; - un type élancé; -
un crime éhonté; - élargir un habit; - éprouver une émotion; - une
course éreintante;- éveiller un dormeur; - égayer un malade; -
s'évertuer à trouver quelque chose; - s'efforcer de plaire;- s'élever
dans les airs; - émousser un rasoir.

14. Dans quelles situations dira-t-on:


- Dépolitiser la vie universitaire?
- Décrédibiliser le langage politique traditionnel?

3. LA PARASYNTHÈSE

1. On appelle parasynthétiques les mots formés simultanément par


préfixation et par suffixation. Ce sont surtout des verbes: herbe -
désherber; beau - embellir; mais il y a aussi quelques substantifs:
branche - embranchement; boue - éboueur.
Formez des verbes parasynthétiques à partir des noms et adjectifs suivants:
cadre, canaille, dette, chant, chemin, bouteille, caserne, châsse, fret,
grange, magasin, perle, ruban, lune, genou, coude, court, beau (bel),
laid, mince, souple, rond, sec.
2. Quelle est la structure profonde des parasynthétiques ci-dessous:
décapoter, déchaîner, déplâtrer, dépoter, désarçonner, déverrouiller,
embéguiner, embrigader, embouteiller, emperler, empocher, encaquer,
encaserner, enchâsser, enchemiser, encuver, engranger, enguirlander,
22 Mariana TUÞESCU

enrégimenter, enregistrer, enrôler, enrubanner, ensacher?


3. Quels sont les parasynthétiques (en EN-, EM-) signifiant:
Modèle: « envelopper dans un maillot » - emmailloter;
« rendre noble » - ennoblir
1. « mettre ou enfermer dans »: la paume, la poche, un magasin, une prison, la
bourbe, une caisse, la terre, des murs, un régiment, un gouffre;
2. « rendre gourd »; « rendre riche »; « tacher en rendant sanglant »;
« rendre noble »; « rendre dur »; « rendre beau »; « rendre hardi »; «
rendre joli »; « rendre laid ».
4. Quels sont les dérivés parasynthétiques verbaux formés à partir des noms
suivants:
faim, jour, nuit, nuage, peur, poison, siège, vin, terre, verrou?
Construisez des phrases avec ces unités verbales.
5. Quels sont les constituants qui forment les parasynthétiques suivants:
affranchir, affriander, s'agenouiller, amincir, appauvrir, attendrir,
embellir, empailler, endiguer, enliasser, envaser?
Introduisez ces lexies dans des phrases.

6. Montrez quels sont les changements sémantiques qui expliquent le sens


des parasynthétiques suivants par rapport au sens de leurs radicaux:
s'acoquiner, apeurer, s'aviner, empoisonner, endolorir, endommager,
(s')endimancher, ennuager, ensemencer.
7. Y a-t-il une motivation sémique dans les lexies suivantes par rapport au
sens de leurs radicaux?
un enfant endiablé; - se décarcasser au travail; - un type endimanché;
- un éboueur; - une musique envoûtante; - « La Flûte enchantée ».

8. Compte tenu des restrictions combinatoires, construisez des énoncés avec


les adverbiaux parasynthétiques suivants:
à l'aveuglette, à boucheton, à califourchon, à reculons, à tâtons.

9. Donnez les paraphrases des parasynthétiques qui apparaissent dans les


phrases suivantes, tout en veillant aux modifications syntaxiques
adéquates:
1. La cuisine dépayse plus fortement que les vêtements. / 2. - Tu es un
bourgeois indécrottable, me dit Marc. / 3. Tous les samedis, ma mère a
l'habitude de dépoussiérer les tapis. / 4. Son sourire ensorcelant avait
charmé tout le monde. / 5. Il va encore tarder immanquablement.
/ 6. Il réagit imprudemment en lançant cette affirmation. / 7. Votre
complaisance n'est qu'un encouragement à la paresse. / 8. Dans
I. LA FORMATION DES MOTS 23

l'encoignure, on plaça un bahut dont l'entablement frappait par son


manque de finesse. / 9. Impossible de rester à ses côtés: il avait une haleine
avinée. / 10. C'est un témoin assermenté.

10. Au moyen des mots en gras apparaissant dans les structures verbales ci-
dessous formez des verbes signifiant:
arriver à bord; habituer à un climat; rendre plan; rendre plus tendre;
asseoir à une table; faire devenir sain; habituer à la guerre; mettre à
sec; opposer front à front; prendre terre; prendre avec les griffes;
rendre parent par alliance; rendre franc.

Modèle: rendre plus long ⇒ allonger


tirer à soi ⇒ attirer
Vous observerez que tous ces parasynthétiques sont formés au moyen du
préfixe AD- .
11. Dans les phrases ci-dessous, analysez le mécanisme de la formation des mots
parasynthétiques. Essayez de les remplacer par des synonymes:
1. Des jeunes filles encornées de bigoudis, se tenaient immobiles sur le pas
de la porte. (Colette)
2. - Vous m'avez fait un oeil de verre...
- De verre, faute de mieux, mon Coclès.
- Oui, après m'avoir éborgné. (Gide)
3. Avec ce qui lui en restait, le veuf fit faire à sa chère morte un bel
enterrement. Cloches à toute volées, chevaux empanachés... rien ne lui
parut trop beau. (Daudet)
4. Je n'ai plus les mêmes raisons de lutter contre la nostalgie qui me tirait
vers les Vernelles. Je les retrouvai, mais sans joie, saccagées par des
pillards, profanées, comme désâmées. (Maurice Genevoix)
5. Je me rappelle certaine année où j'ai cueilli au Vieux-Gué, le même
jour du plein hiver une rose attardée, une vraie rose, un perce-neige et
une violette. (Maurice Genevoix)

12. Traduisez en roumain le texte suivant:


EUROPÉENNES: Le dynamitage. Une révolution dans les isoloirs
A gauche, l'émiettement amorcé aux élections régionales de mars 1992 est
devenu une logique destructrice. Dans le secret de l'isoloir, l'électeur, saisi par
un formidable remue-méninges et une irrépressible envie de désobéissance,
déménage tout et devient presque impossible à suivre.
Qui peut s'y retrouver dans ce supermarché enfiévré! Les électeurs aisés
qui, en septembre 1992, ont permis la victoire du oui à Maastricht, ont
fourni le 12 juin le plus gros bataillon du succès de Philippe de Villiers, porte-
drapeau résolu du non à Maastricht et dynamiteur de la droite au nom de la
défense de la souveraineté nationale et de la lutte contre la corruption. Dans
l'électorat de droite le plus fortuné, le défenseur de l'autre Europe vide,
comme il le dit lui-même, « par simple succion », le capital acquis au fil des
24 Mariana TUÞESCU

dix dernières années par Jean-Marie Le Pen.


Autre paradoxe, le Front national demeure au-dessus des 10% parce
qu'il résiste mieux dans l'électorat protestataire que dans le beaux quartiers,
mais aussi parce qu'il a grapillé de nouveaux électeurs dans le pré carré de
l'union R.P.R. - U.D.F. Le refus du R.P.R. de s'exposer en première ligne dans
ce scrutin européen a, il est vrai, libéré bien des comportements. Première
force politique française en suffrages, mais aussi parce qu'il dispose des deux
présidentiables les plus crédibles avec Edouard Balladur et Jacques Chirac, le
parti gaulliste n'a pas contribué à une police électorale de plus en plus
difficile, par ailleurs, à mettre en oeuvre. (Denis Jeambar, Le Point, 1994)

13. Traduisez en français le texte suivant:


Cum ridici priporul Ciulni]ei, în pragul dealului, dai de casele boierului Dinu
Murgule], case b\trîne[ti [i s\n\toase, cum nu se mai întîlnesc ast\zi pe la mo[iile
boiere[ti. De sus, de pe culme, ele v\d roat\ împrejur pîn\ cine [tie unde, la dreapta, spre
valea Ialomi]ei, la stînga, pe desi[ul p\durii de Aram\, iar în fa]\ pe cotiturile uli]elor
strîmbe ale satului. Toat\ curtea boiereasc\ tr\ie[te lini[tit\ [i bogat\, cu cîrduri întregi de
gî[te, de curci [i de claponi; cu bibilici [iuitoare; cu c\ru]e dejugate; cu arga]ii ce umbl\ a
treab\ de colo pîn\ colo - [i seara, cînd vine cireada de la cîmp, cump\na pu]ului, sc^r]îind
neuns\ între furci, ]ine isonul berzelor de pe co[are, ale c\ror ciocuri, r\sturnate pe spate,
toac\ de-]i iau auzul. F\r\ a fi risip\ [i zarv\, curtea boiereasc\ pare populat\ [i bogat\.
(D.Zamfirescu)

4. LA COMBINATOIRE FIGÉE
1. Mettez au pluriel les noms composés ci-dessous:
un(e) garde-malade; un(e) garde-barrière; un garde-champêtre; un
garde-magasin; un garde-manger; un garde-meuble; un garde-chasse; un
garde-chiourme; un garde-feu; un garde-fou; un garde-nappe; un garde-
port; un garde-robe; un garde-voie; un garde-vue.
Traduisez en roumain ces lexies.
2. Mettez au pluriel les noms composés en italique:
1. Ces immeubles ont des rez-de-chaussée presque semblables.
2. Ah! les grand-mère! De quelle tendresse elles savent entourer l'enfance
de leurs petit-fils et de leurs petite-fille.
3. Des guet-apens avaient été tendus aux ennemis.
4. Dans mon enfance, ma mère avait de beaux couvre-lit.
5. Le printemps est annoncé par l'apparition des perce-neige.
6. Ces richards ont plusieurs pied-à-terre dans la région.
7. Nos invités échangeaient des coup d'oeil complices.
8. Ils ont eu mal au coeur, c'était normal, après avoir avalé une douzaine
de pied-de-cheval.
I. LA FORMATION DES MOTS 25

9. Les pied-de-poule sont à la mode.


10. Le repas commença par des hors-d'oeuvre variés préparés par des cordon-
bleu que nous n'avions jamais vus.
11. Les conversations avec les pied-noir rapatriés gardent toujours une
teinte de mélancolie.
12. On vit faire escale dans ce port des navire-hôpital.
13. Sur la table traînaient en désordre des coupe-papier, des essuie-mains,
des essuie-meubles et autres objets disparates.
14. C'étaient des chambres de domestique, mansardées, éclairées par des
oeil-de-boeuf.
15. Les eau-de-vie ne devraient-elles pas s'appeler eaux de mort?
16. Quel est l'enfant qui n'a pas pris un plaisir intense à collectionner des
timbre-poste?
17. Cette vieille voiture, un véritable tacot, n'a plus de pare-brise, plus de
pare-chocs, plus d'essuie-glace.
18. Dans ce jardinet, les reine-marguerite voisinaient avec les bouton-d’or, les
gueule-de-lion, les pied-d'alouette et les belle-d'un jour.
19. Un homme doit dire franchement ce qu'il pense: il doit éviter les sous-
entendu, il ne doit pas faire des croc-en-jambe à la vérité.
20. Le soir venait; sur la table laquée, deux abat-jour de soie verte
tamisaient une lumière de bonheur, qui faisait luire, dans les
pendeloques du lustre, de minuscules arc-en-ciel.

3. La c o m b i n a t o i r e f i g é e est le mécanisme par lequel une séquence de


lexèmes ( = morphèmes lexicaux) forme une unité indissociable du point de
vue grammatical et sémantique. A la différence de la c o m-
b i n a t o i r e l i b r e , basée sur des rapports grammaticaux et
sémantiques entre les mots qui gardent toute leur autonomie dans l'unité
supérieure qu'ils forment (groupe syntaxique, phrase), la c o m b i n a -
t o i r e f i g é e instaure le principe de la l e x i c a l i s a t i o n.

Par conséquent, les morphèmes propres à la combinatoire figée perdent leur


autonomie grammaticale et sémantique et forment une lexie (mot composé,
locution, expression, proverbe, tout idiotisme ou toute idiomatie) qui est un
tout de signification et de grammaire. Aussi ces lexies refusent-elles toute
opération syntaxique: permutation des constituants, possibilité d'intercaler
d'autres morphèmes dans leur structure, pronominalisation, transformation
en phrase injonctive, exclamative, négative, degrés de signification etc. Le
pluriel des noms ne se prête pas à la règle générale.
Les lexies en combinatoire figée gardent néanmoins dans leur structure
sémantique profonde un résidu sémique propre au sens de leurs constituants
immédiats qui s'appelle m o t i v a t i o n. Celle-ci s'explique en s y n c h r o n
i e, c'est-à-dire dans l'état présent de la langue.
Soient, par exemple, ces situations:
26 Mariana TUÞESCU

COMBINATOIRE LIBRE COMBINATOIRE FIGÉE


A. - L'oeil de mon cousin; - L'oeil-de-boeuf « fenêtre ronde
- le globe de l'oeil; pratiquée dans un comble, dans la
- médecine des yeux; toiture d'une maison » Pluriel:
- les beaux yeux de ma femme; des oeils-de-boeuf.
B. - perdre son parapluie; - perdre son latin « n'y rien
- Dans la cohue, Jean a perdu son comprendre »;
parapluie; c'était un grand - Quel embrouillamini, c'est à y
parapluie, tout neuf. perdre son latin!
- Ne le perds pas, ton parapluie! * - Je l'ai perdu, mon latin1.
- J'ai perdu ton parapluie. * - J'ai perdu ton latin.
- J'ai retrouvé mon parapluie dans * - J'ai retrouvé mon latin.
la salle de spectacles.
C. - Mordre son maître - Mordre la poussière « tomber de
- Mords-le, ton maître! tout son long »; (fig.) « essuyer un
échec »
* - Mords-la, cette poussière!
Vu ces principes, démontrez que les lexies suivantes sont propres à la
combinatoire figée; proposez des paraphrases pour chacune d'elles:
faire des yeux doux à quelqu'un; - faire de l'oeil; - jeter un coup d'oeil; -
perdre un oeil; - se rincer l'oeil; - se mettre un doigt dans l'oeil; - je m'en
bats l'oeil; - taper dans l'oeil de quelqu'un; - n'avoir pas froid aux yeux;
- ne pas fermer l'oeil de la nuit; n'avoir plus que les yeux pour pleurer; -
(pop.) avoir un oeil qui dit merde à l'autre / avoir les yeux qui se
croisent les bras; - aux yeux de quelqu'un; - à l'oeil; (fam.) mon oeil!
le tire-balle(s); - le tire-bottes; - le tire-bouchon; - le tire-braise; - le tire-
feu; - le tire-fond; - le tire-fesses; - le tire-jus; - le tire-laine; - la tirelire; -
le tire-pied; - à tire-larigot.
un pousse-café; - un pousse-cailloux; - un pousse-pousse.

4. Construisez des phrases avec les syntagmes nominaux qui suivent.


Lesquels de ces syntagmes appartiennent à la combinatoire libre et
lesquels illustrent la combinatoire figée? Pourquoi?
un panier à bouteilles; - un panier à provisions; - un panier à ouvrage; -
(fig.) un panier à salade; - un panier percé; - un panier de cerises; -
(réussir) un beau panier.

5. Complétez les phrases suivantes par les lexèmes convenables; expliquez le


sens des locutions et expressions idiomatiques ainsi obtenues par des
paraphrases; vous remarquerez que ces lexies figées sont formées autour
du verbe PERDRE:
1. Elle se sentit défaillir, puis perdit ...
2. Elle a suivi un régime très sévère et a perdu du ...
3. Il faut y aller toute de suite, sans perdre ...
1 L'astérisque (*) indique que la séquence est incorrecte, agrammaticale.
I. LA FORMATION DES MOTS 27

4. Je crois qu'il a perdu..., tellement sa conduite me semble bizarre.


5. Je ne connais plus son adresse, il y a longtemps que je l'ai perdu de ...
6. Quel charabia! Veux-tu t'expliquer plus clairement, sinon je perds
mon ...
7. Inutile, vous allez perdre votre... à vouloir le convaincre.

6. Démontrez par le recours aux épreuves syntaxiques classiques


(commutation, suppression des constituants, pronominalisation,
impératif etc.) que les expressions suivantes appartiennent à la
combinatoire figée:
- offrir le gîte et le couvert; offrir son bras à quelqu'un; offrir son nom à
une femme; offrir une tournée;
- trouver asile auprès de quelqu'un; trouver sa mort; trouver son compte à
quelque chose; - trouver la fève au gâteau; trouver la pie au nid;
- faire du canot; faire du cheval; faire la fine bouche / la petite bouche;
faire la pluie et le beau temps; faire le crâne; faire le grand chiquet; faire
le chien couchant; faire le diable à quatre.
Traduisez en roumain ces idiomaties.

7. Quelles sont les structures profondes qui expliquent la formation des lexies
figées ci-dessous? Construisez des phrases avec ces unités:
un assureur-vie; un crève-la-faim; un gagne-petit; un pisseur de copie;
un sans-culotte; un sans-logis / sans-abri; un sans-travail; un bien
pensant; un empêheur de tourner en rond; un jemenfichiste; un
jusqu’au-boutiste.

8. Précisez quels sont les objets référentiels dénommés par les lexies
composées suivantes; traduisez en roumain ces lexies:
un chauffe-bain; un chauffe-plats; une lèchefrite; une essoreuse à salade;
un grille-pain; un grille-viandes; un lave-vaisselle;
un ouvre-boîtes; un presse-agrumes; une rôtissoire électrique;
un ramasse-miettes.
Faites entrer ces unités dans des énoncés.

9. En quoi consiste la motivation sémique des constituants en gras des


phrases suivantes? A remarquer que la signification de ces lexies repose
sur des s è m e s c o n n o t é s ou v i r t u è m e s:
1. Cet enfant est un brise-fer. / 2. Je me suis fait faire une robe tête de
nègre. / 3. Pour payer ses impôts, Jacqueline dut recourir, malgré elle, à
son bas de laine. / 4. Mon cousin est un panier percé: voilà pourquoi
il lui arrive si souvent d'être sans le sou. / 5. Dans la mansarde de cette
maison il y avait deux chambres éclairées par des oeils-de-boeuf. / 6.
Après neuf mois de travail assidu, il ira se mettre au vert à la
campagne. / 7. Ces riz-pain-sel étaient souvent la risée des officiers. / 8.
Il est conscient de se trouver entre deux chaises: voilà pourquoi il
28 Mariana TUÞESCU

luttera de toutes ses forces pour avoir ses coudées franches. / 9.


Personne ne le prend au sérieux; c'est un mec à la mie de pain. / 10. A
cause des danses devant le buffet, des dîners par coeur, il est
devenu méconnaissable.

10. Dans les exemples ci-dessous, décelez les cas où les constituants en
italique appartiennent à la combinatoire libre de ceux où ils
appartiennent à la combinatoire figée:
1. J'achète toujours du prêt-à-porter, c'est plus pratique et moins cher.
/ 2. Il est toujours prêt à porter les vêtements usés des dons
humanitaires. / 3. Il faudra sabler les allées du jardin, sinon elles
seront envahies par les mauvaises herbes. / 4.Passez chez nous ce soir,
on sablera le champagne.

11. Trouvez des synonymes pour remplacer les expressions en italique,


formées autour du mot FRAIS:
1. Il faut déduire sur cette somme les frais de logement, les frais
d'installation, les frais de représentation etc.; tous frais payés, les
faux frais y compris, il ne vous en restera pas grand-chose. / 2. Me taire, je
l'ai appris à mes frais. / 3. Ce sont les enfants qui feront les frais de la
mésentente qui sépare les parents. / 4. C'est toujours lui qui fait les frais de
la conversation. / 5. Non seulement je n'ai pas fait mes frais après tant
d'efforts, mais j'en ai été pour mes frais.

12. Précisez le sens des locutions ci-dessous en vous appuyant sur leur
transcodage en lexies simples. Montrez comment l'analyse de ces locutions
est incompatible avec les règles et les épreuves de la syntaxe:
1. J'ai appris cette nouvelle par ouï-dire. / 2. C'est un idéaliste: il travaille
toujours à l'oeil. / 3. On ne doit pas juger les gens sur des on-dit. / 4. Ne
vous inquiétez pas du qu'en dira-t-on. / 5. Hier soir il était très fatigué; je l'ai
surpris qui faisait des coq-à-l'âne. / 6. Des marchands de journaux se
promenaient dans les rues, criant à tue-tête: « Paris Presse », « France Soir
», « Figaro Magazine »! / 7. Votre travail est fait à la diable; vous montrez
trop de laisser-aller; soignez les détails et pas d'à-peu-près. /
8. C'est une femme à toute épreuve, mais un peu vieux jeu et très collet
monté. / 9. Notre entreprise est à vau-l'eau. / 10. Il n'avait pas son pareil: il
s'en donnait à coeur joie, mangeait à bouche que veux-tu et buvait à
tire-larigot.
Mettez en roumain ces phrases.

13. En quoi consiste la différence sémantique entre les lexies formant les
paires suivantes:
- les allées / les allées et venues; • - les noms / les prête-noms; • - le
poids / le poids lourd; • - le poids / le poids mort; • - l'oeil / le coup
d'oeil; • - le fusil / le coup de fusil; • - le pot / le pot aux roses; • - le
I. LA FORMATION DES MOTS 29

tapis / le tapis franc; • - la tête / le coup de tête.


Construisez des phrases avec ces unités lexicales.

14. Étudiez les lexies composées de la publicité vivante. Expliquez-les en


faisant recours aux structures paraphrastiques qui les sous-tendent:
- L'OPEL qu'on a choisie, c'est la dernière sortie. C'est l'OPEL Ascona de
Monsieur le Professeur.
Une 4 portes. Pare-brise feuilleté. Rétroviseur anti-éblouissant.
Sièges-couchettes. Appuis-tête. Ceintures à enrouleurs. Vide-
poches centraux et latéraux. Moquette partout. Toit gaîné façon
cuir. Du bel ouvrage!
Et quand elle roule, il faut voir comme elle tient la route, l'OPEL Ascona!
Parce que, dans le pays, il n'y a pas que des routes en bon état.
Et puis, ça tourne! Avec sa nouvelle suspension - des ressorts à flexibilité
progressive et un système anti-plongée -, avec son double circuit de
freinage, elle ne craint ni les cahots, ni les virages en épingle à
cheveux. (Paris-Match, 1976)

15. Placez les expressions suivantes dans des contextes:


battre le pavé; - brûler le pavé; - être sur le pavé; - tenir le haut du pavé.

16. Soit les structures figées suivantes, qui renferment le mot POISSON.
Traduisez-les en roumain, ensuite construisez de petits textes révélateurs
de leur sens:
- poisson d'avril; - être heureux comme un poisson dans l'eau; - engueuler
quelqu'un comme du poisson pourri; - finir en queue de poisson.

17. Qu'est-ce que:


- un pince-sans rire? / - un m'as-tu vu? / - un cordon bleu? / - un bric-à-
brac? / - un tête-à-tête? / - un casse-tête? / - un remue-ménage? / - un
rendez-vous? / - des boat-people? / - des blancs-seings?

18. Dans quelles situations dira-t-on:


- faire du lèche-vitrines? / - faire d'une fille deux gendres? / - prendre la
poudre d'escampette? / - prendre des vessies pour des lanternes? / - virer
à tout vent?

19. Expliquez les plaisanteries langagières des textes suivants, centrées sur
des lexies composées:
1. Vers lui, c'était la piscine d'hiver. Il la dépassa et par la face latérale,
pénétra dans cet organisme pétrifié, en traversant un double jeu battant
de portes vitrées à barres de cuivre. Il tendit sa carte d'abonnement, qui
fit un clin d'oeil au contrôleur à l'aide de deux trous déjà perforés. Le
30 Mariana TUÞESCU

contrôleur répondit par un sourire complice, n'en ouvrit pas moins une
troisième brèche dans le bristol orange, et la carte fut aveugle. (B. Vian)
2. Un homme à chandail blanc lui ouvrit une cabine, encaissa le
pourboire qui lui servirait pour manger, car il avait l'air d'un menteur.
(B. Vian)
3. Alors, seulement, Colin revint à la vraie réalité et s'aperçut que le
plafond était à claire-voie, au travers de laquelle regardaient les
locataires d'en dessus. (B.Vian)

20. Traduisez en français les phrases suivantes:


1. Pe peronul g\rii, era un du-te-vino continuu.
2. }ie nu î]i pas\ de gura lumii.
3. Fratele meu cel mare s-a silit din r\sputeri s\-[i cumpere un apartament cu trei
camere la parterul unui bloc nou.
4. - Crezi c\ îmi va restitui ace[ti bani?
- Pe r\spunderea mea.
5. Gata ! S-a umplut paharul! Nu mai suport [i aceast\ insult\.
6. L-a b\tut m\r pe acest copil r\u; o pu[lama, care chiulea de la [coal\ [i c\sca
gura pe strad\.
7. Zarurile au fost aruncate! Nu se mai poate schimba nimic!
8. El este putred de bogat; arunc\ banii pe fereastr\, dar nu ar da o para la un
s\rac.
9. M\ bate gândul s\-mi schimb felul de via]\: a[ fi oare în stare?
10. Când m-a z\rit, ho]ul a luat-o la s\n\toasa.

21. Mettez en français le texte suivant:


Deocamdat\ se întoarse repede s\-[i reia locul. Înghi]i în sec, m\car c\mâncase [i
se îndopase de-l strângea betelia pantalonilor.
Ar fi vrut s\ fumeze. Îi cr\pa buza dup\ o ]igar\: numai una s-aprind\ [i s\
trag\ numai câteva fumuri, ca s\ se simt\ deplin fericit. Dar apucase s\ mint\,
dest\inuind c\ regimul prelungit de foame [i de abstinen]\ îl silise de mult s\
renun]e la asemenea viciu risipelnic. Acum, pedepsit, r\bda [i se perpelea.
(Cezar Petrescu)
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE

1. LE GROUPE NOMINAL

1.1. Le genre

1. Quel est le féminin des noms suivants:


avocat, orphelin, héritier, berger, baron, espion, boulanger, chameau,
écolier, étudiant, favori, infirmier, candidat, marquis, messager, pâtissier,
époux, veuf?
2. Mettez au féminin les noms suivants. Construisez ensuite des phrases avec
ces nominaux:
acheteur, enchanteur, pêcheur, pécheur, acteur, ambassadeur, flatteur,
consolateur, protecteur, coiffeur, empereur, vendeur, inventeur,
emprunteur, fondateur, inspecteur, semeur, lecteur, porteur, spectateur,
visiteur, voleur.
3. Observez les phrases ci-dessous: analysez les noms en italique. Traduisez
ces phrases en roumain:
1. Ce chasseur tend des collets et utilise des trappes. / 2. La femme de ce
chasseur est, elle aussi, une bonne chasseuse. / 3. Ce châtelain avait la
passion de la chasse; sa femme, pour lui complaire, était devenue grande
chasseuse. / 4. On appelle chasseur d'images le photographe, le cinéaste à la
recherche d'images, de scènes originales. / 5. Le chasseur de têtes est
chargé du recrutement des cadres dirigeants. / 6. Poètes et peintres ont
célébré Diane chasseresse. / 7. Cet artiste est un grand charmeur. / 8. Elle
travaille au cirque comme charmeuse de serpent. / 9. Des pauvresses,
vieillies et ridées, en haillons, se tenaient, pitoyables, et mendiaient sur
les marches de la cathédrale.

4. Dans les phrases suivantes, mettez au féminin les noms en italique:


1. L'imagination est l'inventeur des arts. / 2. Marie est vendeur dans une
grande surface. / 3. Marc ira passer ses vacances au bord de la mer avec
son compagnon. / 4. La supérieure de certains couvents porte le nom de
prieur. / 5. C'est avec raison que l'histoire a été appelée la sage conseiller
des princes. / 6. La comte de Noailles a été une poète remarquable. / 7. Ce
vieillard passe tous les jours une heure dans le jardin. / 8. La métaphore
a été nommée le roi des tropes de la rhétorique. / 9. Vêtues élégamment,
ces filles font les coquets et se croient les ambassadeurs de la mode. / 10. Un
sourd-muet mène une existence bien triste. / 11. On nous fit un accueil
très chaleureux; on nous servit des liqueurs composées par l'hôte elle-
32 Mariana TUÞESCU

même. / 12. Notre mère se fait volontiers l'exécuteur attentive de nos projets
d'enfants. / 13. Il y avait, chez les Gaulois, des prêtres qui s'appelaient druides.
/ 14. Cette femme n'est qu'une débiteur de fausses nouvelles. / 15. La femme
qui doit quelque chose, surtout de l'argent, à quelqu'un s'appelle débiteur. /
16. En termes de droit, celle qui forme une demande en justice s'appelle
demandeur; celle contre laquelle est intentée la demande s'appelle défendeur;
celle qui donne à bail porte le nom de bailleur.

5. Quels sont les noms féminins correspondant aux noms masculins suivants:
daim, sanglier, dindon, jars, drôle, étalon, lévrier, poulain, faune,
gendre, loup, opérateur, parrain, neveu, traître?

6. Quels sont les noms masculins correspondant aux noms féminins suivants:
ânesse, diaconesse, biche, laie, brebis, chatte, épouse, Suissesse, héroïne,
jument, muette, servante, petite-fille, nièce, belle-fille (ou bru), petite-
maîtresse, tsarine?

7. Catégorie grammaticale spécifique au nom, le genre a un caractère


arbitraire. Pourquoi la table, la chaise, la salière etc. sont-ils du
féminin et le tabouret, le fauteuil, le sucrier, le cendrier sont-ils
masculins?
Certains autres noms peuvent acquérir les deux genres: on a, par exemple, le
poivrier ou la poivrière en variation libre.
Du point de vue du sens, le genre grammatical constitue - selon la
pittoresque expression de Damourette et Pichon - un « sexe fictif ».
Quel est le genre des noms suivants:
- marteau, râteau, pelle;
- torchon, serviette, essuie-main(s), essuie-pieds;
- escargot, limace;
- crapaud, grenouille;
- oeillet, tulipe;
- hirondelle, moineau;
- courage, honte;
- havre, oasis?
Joignez ces noms à un adjectif qualificatif et faites l'accord nécessaire.

8. Le caractère immotivé du genre grammatical apparaît souvent dans la rupture


qui existe entre celui-ci et le genre référentiel (genre biologique ou sexe).
Ainsi, des noms masculins se rapportent à des référents du sexe féminin: un
laidron, un mannequin, un cordon bleu.
Des noms féminins désignent des êtres du sexe mâle: une brute, une
canaille, une estafette, une ordonnance, une recrue, une
sentinelle, une vigie.
Construisez des énoncés avec chacun de ces mots.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 33

9. Mettez l'article UN ou UNE et accordez les adjectifs entre crochets avec les
noms dont vous préciserez le genre:
... antichambre [ouvert ] / ... autoroute [nouveau] / ... [petit] élastique /...
écritoire [ancien] / ... argile [gras] / ... emplâtre [chaud] / ... chrysanthème
[blanc] / ... caramel [délicieux] / ... effluve [odoriférant] / ... épithète [réussi]
/ ... exorde [insinuant] / ... en-tête [manuscrit] / ... glaire [épais] / ... après-
midi [pluvieux] / ... insigne [nouveau] / ... haltère [pesant] / ... moustique
[agaçant] / ... moustiquaire [léger] / ... omoplate [saillant] / ... orbite [creux] /
... [frais] oasis / ... pore [dilaté] / ... rail [étroit] / ... [excellent] relâche.

10. Mettez, selon le genre, l'article ou le prédéterminant nominal (démonstratif,


possessif, indéfini etc.) convenable. Veillez au respect de la spécialisation
sémantico-lexicale des homonymes distincts par leur genre. Faites, là où le cas
s'y prête, l'accord de l'adjectif avec le nom:
1. (a) Cet enfant mange, tous les deux jours, ... couple d'oeufs.
(b) - Nous avons toujours formé ... couple heureux, me dit Marie
à propos de son mariage.
(c) Les chasseurs ont attaché les chiens avec ... couple.
2. (a) ... mode actuel est trop excentrique.
(b) Ce secrétaire d'État aux universités voulut réformer ... mode
d'enseignement.
3. (a) Il est muet comme ... carpe.
(b) Dans sa chute, il s'est fracassé ... carpe.
4. (a) ... mousse fait sur un navire de commerce l'apprentissage du
métier de marin.
(b) ... mousse épais, velouteux, d'un vert cru, couvrait sa pierre
tombale.
5. (a) J'ai acheté ... crêpe à la crêperie du coin.
(b) Il avait gardé à son chapeau ... crêpe de l'enterrement de sa
femme.
6. (a) Quatre hommes en deuil tenaient gravement les cordons ...
poêle.
(b) Grelottant et frileux, ce vieillard passe l'hiver près ... poêle à
charbon.
(c) Ma mère fait revenir des légumes à ... poêle.
(d) Ce P.d.g. tient la queue ... poêle.
7. (a) Pour mon anniversaire, je me suis offert ... livre d'histoire.
(b) Nous avons acheté ... livre de café.
8. (a) Le tourneur travaille ... tour.
(b) Cette excursion en deux jours, c'est ... tour de force!
(c) Nous avons fait ... tour de la ville en autocar.
(d) Du haut de ... Tour Eiffel on a un joli panorama sur Paris.
9. (a) Après leur divorce, ce fut la mère qui eut ... garde des enfants.
(b) Le Président ne sort jamais qu'avec ... garde du corps.
10. (a) Cette consonne s'assourdit à ... finale.
(b) Nos footballeurs ont remporté ... finale.
34 Mariana TUÞESCU

(c) Nous avons beaucoup aimé le mouvement allegro vivace de ...


finale.
11. (a) ... enseigne lumineux de ce magasin attire les clients.
(b) Nous sommes logés à ... même enseigne.
(c) Établie à Toulon, Geneviève a épousé ... enseigne de vaisseau.
12. (a) Les arbres furent frappés par ... foudre.
(b) La nouvelle se répand avec la rapidité de ... foudre.
(c) Il est très sympathique, ... foudre de guerre.
13. (a) Ma cousine ne porte jamais ... manches courtes.
(b) Allez-vous-en! Je ne vous tire pas par ... manche.
(c) Quel empoté! Il a cassé ... manche de casserole.
(d) Il s'est débrouillé comme ... manche.
Mettez en roumain ces phrases.

11. Faites l'accord des mots en ITALIQUE, en veillant au respect du genre


des noms ORGUE(S), DÉLICE(S), AMOUR(S):
1. On entendait entre les branches le vent chanter comme un ORGUE
aérien. / 2. L'ORGUE de l'église de mon quartier est très beau. / 3. Les
ORGUES de la cathédrale de Notre-Dame sont excellent. / 4. À Pâques, les
cloches sonnent à toute volée, les ORGUES joyeux enflent leur grande
voix. / 5. La poésie de Francis Jammes est un DÉLICE. / 6. La lecture! Il
en fait son plus cher DÉLICE. / 7. Un de mon plus grand DÉLICES était de
canoter sur la Marne. / 8. Elle fut déçue dans son premier grand AMOUR.
/ 9. Jeune AMOURS, si vite épanoui! (Victor Hugo) / 10. Les écrivains
parlent souvent de leur premier AMOURS. / 11. On connaît les AMOURS
fol de George Sand pour Chopin. / 12. J'aspirais secrètement à de bel
AMOURS.

12. Faites l'accord des mots en italique, se rapportant à GENS:


1. Certains GENS ne sont heureux que lorsque un gros travail s'offre à
leur activité. / 2. Les vieux GENS aiment à se rappeler leur passé. /
3. Fuyez les menteurs et les flatteurs: de tel GENS sont dangereux. /
4 Confiné dans leurs souvenirs et leurs habitudes, tout ces bon GENS sont
dérouté par les événements actuels. / 5.Que répondre à de pareil GENS,
auquel toute éducation a toujours fait défaut? / 6. Il y a de bon GENS
naïf qui s'imaginent que la politique ne leur cache rien. / 7.On a vu de
malheureux GENS de lettre mourir de faim. / 8. En protestant contre
l'infamie, j'aurai l'approbation de tout les honnête GENS. / 9. Ce sont là
de vrai GENS d'affaire.

13. Mettez en français ces phrases:


1. Ce pe[te î]i place mai mult: crapul, somnul sau [al\ul?
2. Anotimpul meu preferat este prim\vara.
3. Exist\ garoafe ro[ii, albe, galbene [i roz.
4. Maria este o excelent\ profesoar\ de fizic\; îi mul]umim din suflet pentru
d\ruirea ei.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 35

5. Sora lui cea mare este manechin la Casa de Mod\; întoars\ acas\, este o
excelent\ buc\t\reas\.
6. De team\, i-au pierit pofta de mâncare [i somnul.
7. To]i recru]ii erau b\ie]i din satul meu, pe care îi cuno[team din copil\rie.
8. Când am atins acest trandafir, i-a c\zut o petal\.
9. - Vrei o cl\tit\ cu dulcea]\? m-a întrebat Elena.
- Nu, i-am r\spuns; a[ prefera o înghe]at\ de alune.
10. În trei s\pt\mîni, temelia acestor blocuri a [i fost s\pat\ de constructori.
11. Ce ar spune to]i ace[ti oameni b\trîni dac\ te-ar auzi vorbind asemenea prostii?
12. Anul trecut, Cr\ciunul a c\zut într-o duminic\.
13. De Pa[ti, la români este obiceiul s\ se m\nînce ou\ ro[ii.
14. Ai primit telegrama care î]i anun]a sosirea prietenei tale din Canada?
15. Într-o dup\-amiaz\ ploioas\, mi-am dat întîlnire cu pictorul italian într-o
cafenea de lâng\ Universitate.

1.2. Le nombre

1. Mettez au pluriel les noms appartenant aux groupes nominaux ci-dessous.


Opérez les modifications syntaxiques qui s'imposent:
- le cheval du général / - le chapeau rouge du cardinal / - la voix du
caporal / - le licou du veau / - le jeu de l'enfant / - l'essieu du tombereau
/ - l'aveu du chemineau / - la voix du coucou / - la croix de la pierre
tombale / - le prix du gagnant / - l'oeil du lynx et du hibou / - le gaz du
fourneau / - le crucifix de l'hôpital / - le voeu du cardinal / - le verrou
de la prison / - le sarrau du sculpteur / - le tuyau de l'installation
hydraulique / - le travail du champ / - le trou du vitrail / - l'étal du
boucher / - l'épouvantail du jardin / - le gouvernail du bateau / - le
portail du château / - le vitrail de la cathédrale / - le vantail de la porte.

2. Mettez au pluriel les noms en italique, tout en veillant aux modifications


syntaxiques nécessaires:
1. Est-ce qu'il y a encore des carnaval à Venise? / 2. Je lis attentivement
tous les éditorial des revue et des journal que j'achète. / 3. Les récital de ce
pianiste furent des régal. / 4. Les feu des fanal sont un signal. / 5. Les
chacal vivent par troupeaux dans les régions désertiques; ils cherchent
leur nourriture dans le voisinage des lieu habités; timides, ils ne
s'attaquent jamais aux autres animal. / 6. Oh, les bal de jadis: les sarrau
des casseurs de caillou s'y trouvaient aux toilettes des dames parées de
bijou! / 7.Les portes des maisons se sont ouvertes à deux vantail; les
brises légères courent par monts et par val, caressant les rameau de la
futaie. / 8. Ah! ces bocal de confitures haut perchés dans les garde-manger
de ma grand-mère! Quels régal j'en faisais dans mon imagination! / 9. Vu
leurs efforts, les garde-malade doivent être bien rémunérés. / 10. En
général, on garde les brebis et les agneau dans des enclos.
3. Mettez au singulier les noms des groupes ci-dessous:
36 Mariana TUÞESCU

- les eaux des puits / - les éditoriaux des journaux / - les succès des
rivaux / - les legs aux neveux / - les poids des métaux / - les remords des
filous / - les troupeaux dans les enclos / - les yeux des malheureux / - les
poitrails de ces animaux
4. Il existe en français une catégorie de noms, dits les “pluralia tantum”, qui
ne connaissent que le pluriel. À l'intérieur de cet inventaire fermé, on
peut distinguer quelques classes sémantico-lexicales:
(A) - noms de cérémonies: agapes, épousailles, funérailles,
fiançailles, noces, obsèques;
(B) - noms indiquant des sommes d'argent, des
rétributions: frais, arrérages, appointements,
émoluments, gages, honoraires;
(C) - noms appartenant à divers autres champs lexicaux:
ambages, annales, alentours, débris, décombres,
doléances, entrailles, errements, gens, frusques,
moeurs, mânes, nippes, ossements, pourparlers,
prémices, pleurs, semailles, sévices, représailles,
ténèbres, vivres etc.
Faites entrer chacun de ces noms dans une phrase, après en avoir précisé le
sens par le recours au dictionnaire:
5. Certains noms du singulier indiquent des collectifs. C'est le cas de:
bétail, marmaille, racaille, piétaille, valetaille.
La plupart de ces noms ont une valeur péjorative. Traduisez-les en roumain
et ensuite introduisez-les dans des énoncés.
6. Les phrases suivantes contiennent des noms à double forme au pluriel.
Mettez donc au pluriel les noms en italique, tout en veillant à respecter
les valeurs sémantiques:
1. La mythologie raconte les douze travail d'Hercule. / 2. Certains chevaux
peureux refusent de s'engager dans les travail des maréchaux-ferrants. /
3. Est-il rien au monde de plus clair, de plus profond que des oeil d'enfants? /
4. Les oeil-de-loup, les oeil-de-chat, les oeil-de-serpent sont des pierres
chatoyantes. / 5. Les botanistes rangent l'oignon, le poireau, l'échalote dans
la famille des ail. / 6. De longs chapelets d'ail pendaient aux poutres du
grenier. / 7. Quel tableau touchant que celui d'une famille heureuse, avec
des enfants qui entourent de soins affectueux les vieux aïeul . / 8. Nos bons
aïeul, dit-on, n'étaient guère savants, ils se livraient à de durs travail, mais ne
vivaient-ils pas aussi heureux que les gens d'à présent, sous les ciel du bon
Dieu? / 9. J'aime à regarder la photo de ma mère, jeune encore; la voilà, en
robe de soie, à côté de ses parents et de ses deux aïeul. / 10. Certaines
infiltrations se produisent parfois dans les ciel de carrière. / 11. Le peintre
français Joseph Vernet a peint des marines dont les ciel sont fort beaux. / 12.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 37

Nous vivons dans des régions tempérées, mais des populations fort
nombreuses vivent sous des ciel incléments. / 13. Étoile du soir, qui brilles au
fond des ciel, que regardes-tu?

7. Faites entrer chacun des noms suivants dans deux phrases en l'employant
d'abord au singulier, puis au pluriel, avec des sens différents:
attention; bonté; humanité; lunette; or; impatience; vacance; vue.

8. Certains noms, nommés “singularia tantum”, s'emploient seulement au


singulier. C'est le cas des noms de matière: l'or, l'argent (et l'emploi
figuré: avoir de l'argent); noms de sciences et d'arts: la botanique, la
physique, la peinture; noms désignant des qualités: le courage, la
fragilité; nom de sens: l'odorat, le toucher: noms de points cardinaux:
le nord, le sud; certains infinitifs et adjectifs employés comme noms: le
boire et le manger, l'utile et l'agréable.
Construisez des énoncés avec chacun de ces noms.

9. L'opposition de nombre engendre bien souvent des différences


sémantiques. Soit, par exemple:
- l'humanité « caractère de ce qui est humain »,
« sentiment de bienveillance envers son prochain », « le
genre humain »: ~ les humanités « langue et littérature
grecque et latine » (faire ses humanités);
- le cuivre « le métal » ~ les cuivres « les objets en cuivre».
Le singulier peut avoir une valeur générique:
- protéger la veuve et l'orphelin.
- regarder quelqu'un d'un oeil soupçonneux.
- n'avoir rien à (se) mettre sous la dent.
Le pluriel s'emploie parfois à propos des choses qui ne peuvent être comptées
(non-dénombrables ou non-comptables):
- manger des épinards, des confitures.
Le pluriel peut avoir pour sème supplémentaire la « diversité »:
- le sucre (« non-dénombrable», « substance » ~ un sucre (
« dénombrable », signifie « un morceau de sucre ») ~ des sucres
(« dénombrable »: mettre deux sucres dans son café).
Le pluriel d'un nom abstrait peut indiquer « le résultat », « les effets », « les
manifestations tangibles d'une qualité »:
- la politesse ~ les politesses: Je pense que ce sont là de vaines
politesses.
Parfois, le pluriel d'un nom abstrait peut désigner « un objet concret » par
métonymie:
38 Mariana TUÞESCU

- l'antiquité ~ les antiquités « objets d'art, meubles anciens »


(marchand d'antiquités).
Expliquez les différences sémantiques qui s'établissent entre le singulier et le
pluriel des noms ci-dessous. Insérez ces mots dans des phrases:
- un ciseau ~ des ciseaux / - l'acier ~ un acier ~ des aciers / - la bière ~
les bières: les bières les mieux brassées... / - la soie ~ les soies / - le tabac
~ les tabacs / - le vin ~ les vins / - la neige ~ les neiges: les neiges
éternelles / - le sable ~les sables: les sables mouvants /
- l'inquiétude ~ les inquiétudes / - la bonté ~ les bontés / - la beauté ~
les beautés / - la curiosité ~ les curiosités.
10. Cherchez dans le dictionnaire la signification des mots suivants et
mettez-les au pluriel:
un cicerone, - un lazarone, - un carbonaro, - un duplicata, - un sportsman, -
un hidalgo, - un imbroglio, - un factotum, - une vendetta.
11. Mettez, quand il y a lieu, la marque du pluriel aux noms en italique:
1. Les factotum sont des personnages qui s'occupent de tout dans une
maison. / 2. Les sportsman tombent parfois dans de fâcheux excès. /
3. L'administration exige parfois les duplicata de certains actes. / 4. Tel
élève qui n'avait eu jusque-là que quelques accessit passe brillamment ses
examen. / 5. Il y a dans le rosaire cent cinquante Avé et quinze Pater. / 6.
Le carnaval bat son plein: quelle débauche de confetti et de serpentin. / 7.
La vraie bienfaisance ne doit pas s'arrêter aux pourquoi et aux comment
des enquêteurs; elle compatit aux mal de ceux qui souffrent. / 8. Les
bravo sont des assassins à gages, des spadassins italiens. / 9. Il y a des
orateurs dont les discours sont suivis de mille bravo. / 10. Ces vieux que
vous rencontrez, pitoyables meurt-de-faim aux vêtements en lambeau et
aux genou tremblants, vous assaillent de lamentations et de plaintes.
12. Mettez, s'il y a lieu, la marque du pluriel aux noms propres ci-dessous:
1. Suivant la tradition, la famille des Capulet et celle des Montaigu se
sont livré, au XVe siècle, à Vérone, une lutte sans pitié. / 2. Existe-t-il
encore des Platon et des Socrate? / 3. Tite-Live a raconté le combat des
trois Horace contre les trois Curiace. / 4. Il y a en France une foule de
Dupont et de Dumont. / 5. Quel bonheur de pouvoir admirer dans les
musées les Rembrandt, les Corot, les Manet et les Monet! / 6. Le
grand Condé était de la famille des Bourbon. / 7. Ce sont les deux Van
Eyck qui ont inventé, au XVe siècle, la peinture à l'huile. / 8. Les
Alexandre, les Napoléon ont fait beaucoup de bruit dans le monde,
mais leur oeuvre a-t-elle subsisté? / 9. Deux Phèdre furent représentées
à Paris en janvier 1677: l'une de Racine, l'autre du méchant poète
Pradon. / 10. Vivent les scouts, ces courageux petits Aymerillot
modernes! / 11. Le libraire a annoncé qu'il livrerait sans retard aux
bibliothèques des facultés trente Énéide et vingt-cinq Histoire de
France.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 39

13. Mettez en roumain les phrases suivantes:


1. Ce maréchal-ferrant a, dans sa maréchalerie, trois travails. / 2. Les
travaux de l'agrandissement du Louvre ont duré plusieurs années. / 3.
Les ciels de Van Gogh enchantent toujours les visiteurs des musées. / 4.
Les ciels de lit sont des espèces de dais drapés au-dessus des lits. / 5.
Mécontent, écorché vif, il aimerait vivre sous d'autres cieux. / 6 Tout le
monde avait les yeux braqués sur lui. / 7. Ce vieillard marche
difficilement, car il a non seulement une sciatique, mais aussi des oeils-
de-perdrix. / 8. Ces étudiants logeaient sous les combles, dans des
chambres de bonne, éclairées par des oeils-de-boeuf. / 9. Ce fut un
accouchement difficile, avec les fers. / 10. On a mis ces prisonniers aux
fers. / 11. Nos aïeux vivaient sobrement. / 12. Toute la famille assistait à
ses épousailles: aïeuls, petits-enfants, parents, neveux et nièces, cousins
et cousines.

14. Mettez en français les phrases suivantes:


1. El are mul]i bani. / 2. Se întâmpl\ adesea ca pisicile [i câinii s\ aib\ pureci. / 3. Am
pl\tit aceast\ mobil\ în [ase rate lunare. / 4. În vila de al\turi, ferestre cu dou\ canaturi
se deschid îndat\ ce se ivesc zorile. / 5. Am citit toate articolele de fond ale ziarelor de
mare tiraj. / 6. În fa]a bisericii, erau descul]i, cer[etori în zdren]e, persoane cu
picioarele strâmbe [i mers greoi, ologi cu ambele picioare t\iate [i al]i nenoroci]i care
implorau mila trec\torilor. / 7. To]i copiii fac oreion. / 8. Am asistat, al\turi de o
mul]ime îndurerat\, la funeraliile acestui mare artist. / 9. La nunta sa, vara mea a
primit multe cadouri. / 10.- Nu te teme! Po]i spune f\r\ ocoli[uri toate aceste
adev\ruri.

15. Traduisez en français le texte suivant:


În martie, Felix î[i f\cea planuri mai ner\bd\tor ca oricând. Cu pu]in înaintea
Cr\ciunului împlinise dou\zeci de ani. Mai avea deci câteva luni [i devenea major. Se
f\cuse acum mai îndr\zne], mai con[tient de sine, îns\ lipsa de bani îl chinuia, jignea
orgoliul lui. Ar fi vrut haine de prim\var\, m\nu[i [i ceva bani asupr\-i. Când câte un
coleg îl ducea de bra] într-o cofet\rie sau ber\rie, se sim]ea pus pe jeratic. N-avea nici
un ban în buzunar [i îi era ru[ine s\ m\rturiseasc\. Era gelos [i de Pascalopol. Ar fi
vrut s\ fie [i el în stare s\ fac\ Otiliei o cât de mic\ pl\cere, s-o plimbe cu tr\sura. Mo[
Costache nici nu se gândea m\car s\-i dea vreun ban, ba-i propunea unele târguri
dubioase. Venise într-o zi cu o serie întreag\ de seringi « Record », apar]inând
probabil unui medicinist care nu pl\tise chiria, [i întreba acum pe Felix dac\ nu
cunoa[te pe cineva sau dac\ el însu[i n-ar fi dispus s\ le cumpere. (George C\linescu)

1.3. L'adjectif

1.3.1. L'adjectif qualificatif


1. Joignez chacun des adjectifs suivants à un nom féminin et faites l'accord:
Modèle: clair: une voix claire
40 Mariana TUÞESCU

droit, froid, gris, étourdi, futur, jeune, éternel, aérien, bas, contigu,
certain, compact, blanc, complet, bénin, douillet, éternel, froid, crochu,
gentil, chrétien, amer, doux, beau, glouton, honnête, intelligent, joufflu,
malin, musulman, petit, pesant, majeur, public, peureux, naïf, secret,
sot, juif, nouveau, solennel, réparateur, sec, turc, vieux, vengeur, vieillot
ambigu, bouffon, compensateur, faux, frais, caduc, expressif, exprès,
modérateur, désuet, quotidien, public, hospitalier, tapageur, sauveur,
vengeur.

2. Quel est le masculin des adjectifs dont voici la forme féminine?


ambiguë, caduque, étrangère, grecque, folle, fraîche, expresse,
enchanteresse, franche, honteuse, lasse, inquiète, flatteuse, jumelle,
lumineuse, maigriotte, personnelle, rousse, secrète, salvatrice,
persécutrice, nombreuse, pécheresse, replète, plaintive, vindicative.

3. Accordez les adjectifs en italique:


1. Une humeur doux et bénin vous conciliera les sympathies de tous; une
humeur grognon ou des allusions malin vous aliéneront les coeurs. / 2.Quand
vous faites une communication secret, ne la faites pas en présence d'une tiers
personne: celle-ci pourrait être indiscret. / 3. Une véritable oeuvre de science
devrait être étranger à toute passion partisan. / 4. Gardez-vous de la pompe
enchanteur des grandeurs et de la voix séducteur des faux plaisirs. / 5. La race
lapon est simple et hospitalier, mais quelque peu paresseux. / 6. Si vous avez mal
agi, ayez l'âme assez franc pour reconnaître votre faute et assez fier pour n'y
plus retomber. / 7. L'opinion public est versatile; parfois, las de louer
quelqu'un, elle se prend à le blâmer. / 8. Les richesses d'ici-bas sont faux et
passager; le vrai sage considère que leur possession est caduc et que leur perte
est léger. / 9. Chez les écrivains classiques, la raison est la faculté maître. / 10.
Nos actes nous suivent et ils ont parfois des conséquences vengeur.

4. Faites l'accord des adjectifs en italique:


1. Ce dessin et cette caricature sont amusant. / 2. Il y avait dans
l'atmosphère des chansons et des effluves printanier. / 3. L'air et la mer
sont bleu. / 4. Le lièvre et la grenouille sont craintif. / 5. Bien mûr, la poire
et l'abricot sont des fruits délicieux. / 6. Les journées de mai ont une
grâce, un charme vraiment prenant. / 7. L'autruche a la tête, ainsi que le
cou, garni de duvet. / 8. Certains peuples habitant les régions glacées du
nord de l'Asie se nourrissent de chair ou de poisson cru. / 9. Le héron a
le cou ainsi que les pattes fort long. / 10. Tous ceux dont l'âme et les
yeux sont frais et naïf se plaisent à regarder dans le ciel la fuite tantôt
lourd, tantôt léger des nuages.
5. Justifiez l'accord ou l'absence d'accord des adjectifs ci-dessous:
- une nuit noire; - un soleil jaune; - les rayons jaune clair du soleil; - des
chrysanthèmes blancs ou jaune foncé; - des joues pourpres; - des robes
rouges; - des étoffes rouge foncé; - une statue neuve, toute blanche et or;
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 41

- une blouse bleue; - une soie bleu ciel; - des uniformes gros bleu; - des
reflets lie de vin; - une mer vert d'émeraude; - une jument bai brun; -
des carreaux vert jaune; - une robe vert pâle; - des mouettes noires et
blanches; - des gants crème; - des rubans écarlates; - des maillots de bain
roses; - des jupes mauves; - une classe verte; - des foulards vert bronze; -
des étendues ardoise; - des cheveux châtains; - ces grands papillons bleus
et noirs; - des uniformes kaki; - des cercles snob; - la secte zen; des maîtres
zen; des imbécillités kitsch; - des potages standard; - des mots très sexy; -
des chats angoras; - des endroits sélects: - une bouche vermeille1.
6. Certains noms ou groupes nominaux employés adjectivement sont
invariables. Soit les exemples ci-dessous:
- des yeux noisette
- des maillots chair
- les velours grenat des sièges
- de longs filets orange
- des cheveux poivre et sel
- des reflets pourpres, carmin, cerise, garance, giroflée
- de fins souliers couleur d'orange mûre.
Exception: écarlate, mauve, pourpre, rose qui, devenus de vrais adjectifs,
varient:
- des rubans écarlates
- des chemisiers roses
Traduisez en roumain ces groupes nominaux.

7. Mettez à la forme convenable les adjectifs en italique:


des cheveux châtain; - des sourcils châtain clair; - des rubans brun foncé; -
des bannières rouge vif; - une robe pervenche; - des étoffes mauve; - des
broderies gris perle; - une vareuse kaki; - des pulls vert pomme; - des
chemises de nuit bleu de ciel; - des roses vieil or; - des foulards chocolat; -
des salons blanc et or; - des manteaux bleu marine; - des cravates café au
lait; - des costumes tête de nègre.
8. Accordez, s'il y a lieu, les adjectifs en italique avec les noms qu'ils
déterminent:
1. Les beaux paysages que j'ai pu admirer, ici rose en automne, là bleu clair au
printemps. / 2. Colette portait un chemisier en soie gris fer avec une jupe à
raies blanc et noir. / 3. Mon chien a des yeux marron: j'y vois passer par
instants des lueurs vert d'eau. / 4. « On dit feu la reine s'il n'y a pas de reine
vivante et la feu reine si une autre l'a remplacée » (Littré). / 5. Vous êtes
absorbé, le soir, dans la lecture d'un livre intéressant: neuf heures et demi
sonnent et vous êtes tout étonné de constater que vous avez lu pendant deux
1
ATTENTION! exception apparente et fâcheuse! On dit : carte VERMEIL (= la carte
de réduction accordée aux persoonnes âgées en France par la Société nationale des
Chemins de Fer ). L'expression fait référence à la médaille en vermeil du travail,
accordée pour de longues années de travail.
42 Mariana TUÞESCU

heures et demi sans vous apercevoir que le temps s'écoulait. / 6. Si vous ne


savez faire que des demi-efforts, comment vous étonnez-vous de n'obtenir
que des demi-succès? / 7. Certaines personnes distraites oublient qu'une lettre
doit être expédiée franc de port. / 8. Vous avez reçu franc de port les objets
qu'un ami de l'étranger vous a envoyés. / 9. Il y a des personnes
présomptueuses qui se font fort de surmonter tous les obstacles / 10. Les
avocats qui plaident coupable reconnaissent la culpabilité de l'accusé en se
faisant fort de l'excuser ou de l'atténuer. / 11. Connaissez-vous des gens qui
aient de l'argent plein les poches? / 12. J'aime me promener dans le parc, le
matin, nu-tête. / 13. Si vous félicitez quelqu'un, tâchez de lui adresser les
compliments les plus justes possible. / 14. - Mes chers amis, voilà la difficulté:
elle est grande, mais vous êtes courageux et vous ferez tous les efforts possible;
ainsi donc haut les coeurs! / 15. Il tient en haut estime ses collègues. / 16.
Avec de la volonté, vous l' emportez haut la main.
Traduisez en roumain ces énoncés.
9. Mettez en français les phrases suivantes:
1. Ace[ti copii m\nânc\ mult unt proasp\t, pr\jituri f\cute în cas\ [i bomboane
de ciocolat\. / 2. Am r\mas cu gura c\scat\ cînd mi-ai spus aceast\ veste
senza]ional\. / 3. Am constatat c\ mul]i tineri cu bacalaureatul sunt de o
incultur\ cras\. / 4. Feti]a avea ochii plini de lacrimi. / 5. Este frig [i totu[i acest
tîn\r vine la [coal\ cu capul gol. / 6. De ziua mea, am primit cadou o pereche de
mînu[i de culoarea untului.

10. Faites entrer dans des phrases les expressions suivantes, formées d'un
verbe et d'un adjectif pris adverbialement :
sentir bon; coûter cher; marcher droit; parler haut; penser juste; tenir
ferme; voler bas; voir clair.

11. Dans les énoncés qui suivent, pouvez-vous placer l'adverbe TRÈS devant
chaque adjectif qualificatif?
1. Ce malade passe sa vie dans un fauteuil roulant. / 2. Je n'aime pas les
enfants impertinents. / 3. On ne peut installer dans ce réduit que des lits
pliants. / 4. Le vin blanc monte plus à la tête que le vin rouge. / 5. Des
étudiants appliqués suivaient le cours de ce professeur. / 6. Les soins
médicaux demandent beaucoup de compétence. / 7. On aime toujours à
revenir dans son pays natal. / 8. Les réunions familiales vous
enchantent-elles? / 9. L'autorité paternelle a-t-elle disparu? / 10. Un
arrêté préfectoral interdit la baignade dans cette rivière. / 11. Un pays riche
produit beaucoup de blés. / 12. La vie parisienne ne plaît pas à tout le
monde. / 13. On s'attend à une décision ministérielle sur cette question. / 14.
Un mendiant borgne vous invite toujours à lui faire l'aumône. / 15. Dans son
appartement, il y avait une fenêtre borgne.
12. Remplacez les points de suspension par le comparatif de supériorité de
l'adjectif placé en tête de la phrase:
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 43

1. ATTENTIF. Nous prêtons une oreille ... quand on nous parle de nos
qualités.
2. GRAND. Les malheurs nous ont blessés, mais nous avons acquis par la
suite une ... expérience.
3. HAUT. Il n'est pas toujours bon d'occuper un emploi ... que celui
qu'on mérite.
4. PRÉCIEUX. Est-il un bien ... que l'honneur?
5. SOT. Il n'est pas rare qu'un sot personnage trouve un autre ... encore
pour l'admirer.
6. BON. Il n'est pas de ... remède à l'ennui que le travail.
7. MAUVAIS. Le proverbe dit qu'un coup de langue est parfois ... qu'un
coup de lance.
8. PETIT. Les maux d'autrui nous semblent souvent ... que les nôtres.
9. BON. Le vrai bien est celui qui rend les hommes ... .
10. PETIT. Le lionceau est ... que le lion.
11. MAUVAIS. Il n'y a point de ... sourd que celui qui ne veut pas entendre.
12. PETIT. Ce fut un cours de ... importance.

13. Donnez pour les adjectifs suivants le comparatif de supériorité et le


superlatif relatif. Est-ce que tous les adjectifs se prêtent aux degrés de
comparaison?
beau. - froid. - frais. - modeste. - grand.- bon.- agréable.- petit. - dur.-
courageux.- riche.- carré.- circulaire.- parallèle.- mauvais.- méchant.-
rapide. - mort. - double.- triple.- vieux.- aîné.- cadet.- favori.- principal.-
prochain.- - unique.- utile.
Comment expliquez-vous le fait que certains adjectifs ne peuvent pas avoir
des degrés de signification?
14. Sur le modèle: L'avion est plus rapide que le train, complétez à votre
guise les propositions suivantes:
...............plus agréable que............... / ...............moins difficile que
............... / ...............aussi spectaculaire que ............... / ............... moins
dangereux que ............... / ............... aussi grandiose que ...............

15. Sur le modèle: L'autoroute du Sud est la plus longue des autoroutes
françaises, complétez convenablement les propositions suivantes:
............... le plus cher de ............... / ............... le plus rapide de
............... / ............... le moins dangereux de ............... / ............... la
moins lumineuse de ............... / ............... le meilleur de ............... /
............... le pire de ...............

16. Voici une annonce publicitaire de la compagnie AIR INTER:


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France!
Sur ce modèle, construisez des annonces publicitaires pour:
44 Mariana TUÞESCU

- une marque de machines à laver;


- une marque de motocyclette;
- un club de vacances.

17. Dans le langage expressif, le superlatif absolu formé avec TRÈS peut être
remplacé par un adjectif comme: SENSATIONNEL, FORMIDABLE,
EXTRAORDINAIRE, par un préfixe comme HYPER-, EXTRA- SUPER-
ou bien par un suffixe comme -ISSIME. Soient comme exemples: un
spectacle formidable / extraordinaire / sensationnel; un homme
hypersensible; une poudre extra-fine; un livre rarissime; une
personnage richissime.
Employez ces structures superlatives pour qualifier :
un accident - un combat - un film - un exercice d'acrobatie - un peintre
- une femme sensible - un vin de très bonne qualité - des bonbons de
très bonne qualité - une robe très chic - un carburant très fort - un
ciment de très bonne qualité.

18. Vous avez ci-dessous des exemples de structures superlatives formées avec
le suffixe -ISSIME. Rendez-les par des paraphrases et précisez en quoi
consiste leur valeur sémantique et stylistique:
1. J'ai eu une petite audience de dix minutes au plus avec un Anglais
importantissime. / 2. Une longuissime lettre. / 3. Un grandissime
tableau. / 4. L'ameublement modernissime du bureau. / 5. Que de
gravissimes problèmes! / 6. Le baron ajusta son monocle, un gros
monocle, pour gens myopissimes.

19. Certains adjectifs changent de sens selon qu'ils sont placés avant ou
après le nom. Parmi ceux-ci on peut citer:
- PAUVRE : Pauvre famille! = une famille malheureuse, qui
a des ennuis;
Une famille pauvre = une famille qui n'a pas assez
d'argent.
- HONNÊTE: un honnête homme = concept du XVIIe siècle
français;
un homme honnête = une personne incorruptible, de
conduite irréprochable.
- SACRÉ: une sacrée histoire = une histoire maudite
(épithète pour renforcer un terme injurieux);
un livre sacré = un livre liturgique, un livre essentiel de
la foi.
Précisez le sens des adjectifs suivants par le recours à des paraphrases:

ANCIEN: Donnez-moi l'ANCIENNE facture. / C'est une facture ANCIENNE.


II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 45

BEAU: C'est une BELLE femme. / Une femme BELLE.


BRAVE: Un BRAVE homme. / Un homme BRAVE.
CERTAIN: CERTAINE nouvelle... / Une nouvelle CERTAINE.
CHER: Que vas-tu faire de ta CHÈRE voiture? / Ce n'est pas la peine
d'avoir une voiture CHÈRE.
CURIEUX: Un CURIEUX homme. / Un homme CURIEUX.
DERNIER: C'est la DERNIÈRE semaine de cours. / Nous n'avons pas eu de
cours la semaine DERNIÈRE .
FAUX: C'est un FAUX problème. / J'ai fait deux problèmes FAUX sur trois.
FIER: Un FIER imbécile. Un imbécile FIER.
GALANT: Un GALANT homme. / Un homme GALANT.
GENTIL: Un GENTIL garçon. / Un garçon GENTIL.
GRAND: Un homme GRAND. / Un GRAND homme.
GROS: Une GROSSE femme. / Une femme GROSSE.
MAIGRE: Un MAIGRE repas. / Un repas MAIGRE.
PETIT : Un PETIT artisan. / Un artisan PETIT.
PROPRE: Mon PROPRE gilet. / Mon gilet PROPRE.
SIMPLE: Il me faut une SIMPLE signature. / Je vous ai fait un repas
SIMPLE.
UNIQUE: Un UNIQUE cas. / Un cas UNIQUE.
VAGUE: Une VAGUE idée. / Une idée VAGUE.
20. Mettez les adjectifs entre parenthèses à la place requise par leur sens:
(ANCIEN ). - Ce personnage est un ... ministre ...; il est maintenant à la
retraite. Celui-ci est en poste depuis plus de dix ans; c'est un ... ministre
... .
(BRAVE). - Le comportement de Jacques a été celui d'un ... homme ... qui
ne craint pas le danger, qui est même parfois un peu casse-cou. On peut
toujours compter sur Marc; il est franc, sincère, généreux, enthousiaste:
c'est un ... homme ... .
(FAUX). - Il s'y trompe; il a des ... idées ... sur ce problème. Marie porte
des ... bijoux ... . Cette femme est une ... maigre ... . Ton cousin n'est pas
sincère ; il a un ... air ... qui dément ses dires.
(GRAND). - Aux ... hommes ... la patrie sera toujours reconnaissante.
J'aimerais épouser un ... homme ... ,svelte, bien fait de sa personne.
(HONNÊTE). - On peut le laisser seul devant des millions, devant un tas
de bijoux, il n'y touchera pas, car c'est un ... homme ... . Il est
irréprochable, votre oncle: franc, ouvert, loyal, cultivé, d'un commerce
agréable; c'est un ... homme ... .
(LARGE). - La mode est aux ... robes ... Mon mari a été un ... homme ...
d'idées. Quand nous parlons du succès de Claude, nous devons faire une
... part ... à sa persévérance.
(PROCHAIN). - Vous ferez ce devoir pour la ... semaine... . La séance est
terminée, vous me direz votre opinion la ... fois ... .
(SALE). - Il ne se soigne pas; il porte des ... chemises ... , il a les ...cheveux
..., le pantalon plein de taches. Quel ennui d'être concerné par cette ...
affaire ..., par cette ... histoire ...
(MÉCHANT). - C'est un ... écrivain ...; il n'a jamais eu de talent. C'était rien: un
46 Mariana TUÞESCU

... billet ... de cinquante francs. Elle dit du mal de ses collègues: c'est une ...
langue ... . Quel ... sourire ... , quelle haine dans ses paroles!
(NOMBREUX). - Le Parlement vota la loi des allocations pour ... familles
... . De ... familles ... crèvent de faim par ce temps de flambée des prix.
Ce professeur a toujours travaillé avec des ... classes ...

21. Qu'est-ce que c'est que:


(A) - de la fausse monnaie / - une fausse maigre / - un faux-semblant /
- un faux-filet / - un faux-monnayeur;
(B) - une verte réprimande / - la langue verte / - l'Europe verte /
- un vieillard encore vert ;
(C) - cette sale petite écriture / - avoir une sale gueule / - faire une sale
gueule;
(D) - une méchante voiture de course / - il est méchant comme un âne
rouge;
(E) - une jolie somme d'argent / - une jolie petite bronchite / - faire le
joli coeur / - jolie comme un coeur.
Traduisez en roumain ces structures.
22. Mettez en français le texte suivant:
Uneori pe suprafa]a întunecat\ [i sinistr\ a apelor, un corp negru vine la vale; s-
ar putea s\ fie numai un trunchi de salcie, dar asta nu ajut\ la nimic, cu cît se apropie,
teama cre[te, pentru a se transforma uneori în adev\rat\ teroare. În asemenea nop]i,
atît de ciudat [i plin de sp\imînt\toare sugestii, clipocesc apele! Sunt negre ca smoala,
[i ca dintre zidurile unor castele p\r\site, noaptea scoate din\untrul lor, pentru fiecare
or\, alt\ îngrozitoare fantom\.
În nop]ile pline de lumina rece [i halucinant\ a lunii, discul ei reflectat deasupra
apelor pare deasemeni capul ciudat al unei pa-lide stafii. Sub surîsul ei galben, de
înnecat\, apele Oltului se rostogolesc speriate spre miaz\noapte, iar lumina pare, în
aseme-nea nop]i, o stranie [i lugubr\ priveli[te de cear\, dintr-un panopti-cum.
(G.Bogza)

1.3.2. L'adjectif déterminatif


1. Écrivez les adjectifs numéraux ci-dessous en toutes lettres:
1. L'air contient environ 21 parties d'oxygène pour 79 parties d'azote. /
2. Pascal est mort à l'âge de 39 ans. / 3. La distance de Bruxelles à Paris est de
300 kilomètres. / 4. Le plomb fond à 335 degrés; l'étain, à 230 degrés. / 5. La
bombe atomique lancée sur Hiroshima a fait périr en quelques instants
260 000 hommes. / 6. Dans l'air, la vitesse du son est d'environ 340 mètres
par seconde; dans l'eau, elle est d'environ 1 435 mètres par seconde ; dans les
solides, elle est de plus de 3 000 mètres par seconde. / 7. La plus grande des
pyramides d' Égypte a une hauteur de 138 mètres; le côté de sa base mesure
227 mètres. / 8. La Tour Eiffel a été édifiée en 1889 à Paris, par l'ingénieur
Eiffel; elle a 300 mètres de hauteur et pèse plus de 9 000 000 kilos. / 9. Le
Mont Blanc est la montagne la plus élevée des Alpes; son point culminant est
à 4 810 mètres au-dessus du niveau de la mer. / 10. Quand l'an 2 000
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 47

arrivera, l'humanité sera-t-elle plus heureuse?


2. Remplacez les points de suspension par l'adjectif ordinal convenable; vous
tiendrez compte de chacune des indications données:
1. Pierre a obtenu la ... place (il a mieux réussi que tout le monde).
2. Pierre a obtenu la ... place (il y a seize élèves avant lui).
3. Pierre a obtenu la ... place (il y a vingt étudiants avant lui).
4. Pierre a obtenu la ... place (il y a un élève avant lui).
5. Pierre a obtenu la ... place (il y a six élèves avant lui).

3. Mettez en français les phrases suivantes, en employant correctement les


adjectifs ordinaux:
1. Primul r\zboi mondial a provocat multe pagube.
2. Cel de al doilea r\zboi mondial a sfîrtecat trupul Europei.
3. Aceast\ poveste oriental\ se întîmpla în a o mie una noapte.
4. A trei suta [aizeci [i una zi a anului mi- a adus o mare bucurie.
5. La apelul Comandantului, a r\spuns cel de al optzeci [i doilea recrut; era un
cons\tean de al meu.
6. Eram frînt\ de oboseal\, [i de aceea am stat doar la primele dou\ acte ale
operei.
7. La cea de a treia Conferin]\ la cel mai înalt nivel (la vîrf), delega]ia ]\rii noastre
a f\cut propuneri interesante.

4. Remplacez les points de suspension par l'adjectif possessif convenable:


1. Chacun se soulage à parler de ... maux. / 2. Nous devons rechercher
l'approbation de ... conscience bien plutôt que celle de ... amis. / 3.
D'ordinaire l'homme juge les choses selon l'inclination de ... coeur. / 4.
Quand tu fais l'aumône, que ... main gauche ignore ce que donne ...
main droite. / 5. Les soldats démobilisés rentreront chacun dans ... foyer.
/ 6. Chacun a ... qualités et ... défauts. / 7. Nous exercerons chacun ...
profession. / 8. Vous aurez chacun ... joies et ... peines: que chacun de
vous soit assez maître de soi. / 9. Il faut, mes amis, que vous appliquiez
chacun ... esprit à penser juste. / 10. Les diverses raisons ont chacune ...
plaisirs.

5. Comment justifiez-vous l'emploi des adjectifs possessifs dans les structures


suivantes? Traduisez en roumain:
1. Où est-ce que j'ai mis mes gants? / 2. Le médecin qui veut prendre le
pouls du malade, lui dit: « Donnez-moi votre main.» / 3. J'ai ma
migraine, me dit d'une voix plaintive Colette. / 4. À chacun sa vérité,
c'est ma philosophie. / 5. Oui, je resterai auprès de toi et je serrerai ta
main. / 6. - Voilà votre thé, dit l'aide-soignante au malade. / 7. Grand-
père est assis devant la cheminée, ses longues jambes allongées de tout
leur long.

6. Mettez l'adjectif possessif convenable ou bien l'article auprès des noms


48 Mariana TUÞESCU

appartenant aux phrases ci-dessous:


1. La vertu est le plus précieux des trésors: sachez reconnaître ... prix. /
2. Il se présenta, un arc sur ... l'épaule, un fouet à ... main. / 3. Si une
lecture vous inspire des sentiments nobles et généreux, ne doutez pas de
... valeur. / 4. L'instruction est un trésor dont le travail est ... clé. / 5.
Une mère emmenant son enfant, le prend instinctivement par ... main. /
6. Quand je lève ... yeux vers le ciel, j'admire ... beauté et je reconnais
l'infinie grandeur de ... nature. / 7. J'aperçois là-bas la maison
paternelle; je reconnais ... toit de tuiles rouges et ... façade blanche. / 8.
Admirez ces chênes dont ... racines descendent profondément dans le sol
et dont ... ramure est voisine des nuages! / 9. Nous aimons d'un amour
profond les lieux qui nous ont vus naître: pourrions-nous oublier ...
image?

7. Remplacez les points de suspension par QUEL QUE ou QUELQUE et


faites l'accord quand il y a lieu:
1. Il y a des gens aigris, qui se donnent toujours ... raisons de n'être contents
de rien ni de personne. / 2. Il faut aimer sa patrie, ... ennuis qu'on y subisse. /
3. Une difficulté, ... elle soit, ne rebute pas dès l'abord un homme énergique.
/ 4. ... puissants que soient les grands de ce monde, il ne faut toujours,
comme dit Bossuet, qu'une seule mort pour les abattre. / 5. Un homme, ...
soit sa puissance ou sa richesse, n'est toujours qu'un être mortel. / 6. Je fis...
cents mètres sur la route pour dissiper mon ennui. / 7. ... soit la richesse ou la
pauvreté d'un homme, ce qui fait sa vraie valeur, c'est sa vertu. / 8. Nos
décisions, ... elles soient, ne doivent jamais être précipitées. / 9. ... bonnes
qualités que vous puissiez avoir, vous serez insupportables à vos proches si
vous n'avez pas de savoir-vivre. / 10. Le décisionnaire n'hésite point: ...
complexes que soient les difficultés, il prétend les résoudre en un instant.
8. Observez les différentes valeurs grammaticales et sémantiques du mot
TOUT dans les énoncés ci-dessous:
1. TOUT homme se soulage à parler de ses maux. / 2. Nous avons passé
TOUTE une après-midi dans le parc. / 3. TOUT chante quand revient le
gai printemps. / 4. Les hommes sont TOUS mortels. / 5. TOUT nous
paraît facile, quand nous travaillons avec TOUT notre coeur. / 7. TOUS
ceux qui ont vu le Nord de notre pays aimeraient y revenir. / 8. TOUT
agréables que soient les voyages, le moment du retour a sa douceur. / 9.
C'est par un penchant TOUT naturel que nous cherchons aide et
protection auprès de nos parents. / 10. Ces malheureux n'avaient pour
TOUTE nourriture qu'un bol de soupe claire et un morceau de pain noir.
9. Remplacez les points par le mot TOUT, que vous orthographierez
correctement:
1. Nos idées morales sont le reflet de notre vie ... entière. / 2. ... les hommes
doivent s'entraider comme des frères. / 3. La jeunesse est généralement ...
ardeur, ... feu, ... enthousiasme. / 4. Quand l'orateur parut, la salle ... entière
applaudit; ... grave que fut la conférence, elle fut écoutée avec une attention
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 49

soutenue. / 5. Après un séjour de quelques semaines dans les Carpates, ces


enfants sont revenus ... autres que je ne les avais vus. / 6. Bien des jeunes ont
lu ... Sadoveanu. / 7. Quoi de plus noble qu'une vie consacrée ... entière au
soulagement des maux de l' humanité? / 8. Ce n'est qu'après avoir réfléchi ...
une journée à un problème qu'on en aperçoit la solution. / 9. Les professions
sont diverses, mais ... ont leur utilité et leur noblesse. / 10. On préfère
généralement à ... autre contrée celle où l'on a passé son enfance. / 11. La
manière de vivre, les moeurs, les usages étaient, il y a un siècle, ... autres
qu'ils ne le sont aujourd'hui. / 12. Méfiez-vous des gens trop doucereux, qui
sont ... sucre et ... miel.
10. Étudiez le fonctionnement du mot TEL:
1. Je n'ai jamais vu une TELLE variété de fleurs et de fruits! / 2. Un élève
ordonné retrouve ses livres et ses cahiers TELS qu'il les avait rangés la
veille: il gagne ainsi un temps précieux. / 3. TEL collègue me prête des
livres; TEL autre m'aide à faire des courses. / 4. TEL échoue
misérablement qui avait cru remporter un brillant succès. / 5. Je n'ai
jamais vu une TELLE abnégation. / 6. Bien des fleurs communes, telles
que la pâquerette, la violette, le liseron ont une beauté simple qui me
touche. / 7. Quelques nuages blancs, TELLES des écharpes légères,
flottent à la cime des chênes. / 8. Notre mère a pour consoler nos
chagrins, TELLES paroles, TELS gestes, TELS regards que nous
connaissons si bien!
Mettez en roumain ces phrases.
11. Faites entrer chacune des structures suivantes dans des phrases:
tous les autres; toute autre; tout autres; tout entière; tout entiers; tout
agréables que sont ...; tout émues; - toutes honteuses; être tout ardeur;
tout feu, tout flamme.
12. Remplacez les points par le mot MÊME, que vous orthographierez
correctement:
1. Les arbres ont aujourd'hui les ... formes et portent les ... fruits qu'ils
portaient il y a deux mille ans. / 2. On voit des paysans, ... fort riches,
répugner à suivre les progrès de l'économie domestique. / 3. Comment
prétendre qu'un autre garde notre secret si nous ne savons pas le garder
nous- ...? / 4. Tous les emplois et ... les plus humbles ont, dans l'organisation
de la société, leur utilité; sans doute tous ne comportent pas les ... honneurs.
/ 5. Si vous avez le goût du travail, les tâches quotidiennes, les besognes
difficiles ... auront pour vous des attraits. /
6. L'opinion publique est parfois injuste: il arrive qu'elle blâme des personnes
qui sont la droiture et la sagesse ... / 7. Moi-... j'emprunte souvent ce ...
chemin pour aller à mon travail. / 8. Il est affligeant de voir des enfants
manquer de respect à leurs professeurs et ... à leurs parents. / 9. Les nuages
les plus noirs ... ont comme une bordure d'argent. /
10. Il convient que notre ardeur au travail et notre volonté de bien faire non
seulement soient toujours les ..., mais aillent en croissant.
50 Mariana TUÞESCU

13. Mettez en français les phrases suivantes, tout en veillant à bien traduire
les structures en italique:
1. Copilul acesta este grav bolnav. P\rin]ii s\i trebuie s\-l duc\ de urgen]\ la
doctor.
2. Un p\rinte care î[i iube[te copilul, nu îi iart\ nici o gre[eal\.
3. Ciocîrlia, aceast\ vesel\ [i umil\ pas\re de cîmp, este tovar\[a plugarului [i ea
îi cînt\ speran]a.
4. În c\dere, mi-am scrîntit piciorul [i mi-am rupt ciorapul.
5. În tinere]e, citeam acelea[i c\r]i, vedeam acelea[i filme, împ\rt\[eam acelea[i
gînduri. De ce oare acuma ne sim]im str\ini unii de al]ii?
6. Acelea[i vorbe, acelea[i fapte, [i acelea[i gesturi, auzite de mii de ori, care
mi-au am\rit via]a!
7. Locuiam în acela[i bloc; ei la etajul al treilea, iar noi la parter.
8. El-însu[i mi-a f\cut aceast\ m\rturisire.
9. Pacientul, el-însu[i, mi-a spus c\ nu se simte bine.
10. Ei în[i[i [i-au recunoscut gre[eala [i ne-au cerut iertare.
11. Chiar [i unui matematician i-ar fi greu s\ rezolve aceast\ problem\.
12. To]i oamenii sunt muritori.
13. Dator\m p\rin]ilor no[tri toat\ afec]iunea noastr\.
14. Ace[ti bie]i oameni au drept singur\ hran\ o can\ de lapte [i o bucat\ de
pîine.
15. Ce regiune bogat\! N-am v\zut nic\ieri o asemenea varietate de fructe,
legume [i flori!
16. O astfel de veste nu ne poate aduce decît am\r\ciune.
17. Cele mai mici zgomote, precum: pa[ii mamei în cas\, curgerea robinetului,
zumzetul unei albine, m\ deranjeaz\.
18. Avem acest seminar din dou\ în dou\ s\pt\mîni.
19. În fiecare miercuri seara, merg la cinematograf. Pre]urile biletelor sunt reduse.
20. De ce a]i cump\rat tot felul de fleacuri? Ca s\ v\ cheltui]i banii cî[tiga]i din
greu?
21. Oricîte eforturi ar face, acest elev slab la carte nu va putea recupera r\mînerea
în urm\.
22. Oricît ai fi de obosit\, trebuie s\ faci acest efort; este în interesul t\u.
23. Tot românul î[i închipuie c\ [tie fran]uze[te; aceasta este credin]a multor
concet\]eni de ai no[tri.
24. Au venit to]i în p\r; nici un membru al familiei nu lipsea.

1.4. La proposition relative

1. Dans les groupes nominaux qui suivent, substituez au complément du


nom une proposition relative:
M o d è l e: le médecin de ma famille ⇒ le médecin qui
soigne ma famille;
un taxi en maraude ⇒ un taxi qui circule à
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 51

vide, lentement, à la recherche des clients.


- le dernier livre de cet écrivain; - les arguments de l'opposition; - les
dispositions de la fiscalité française; - les lois de notre parlement; -
l'officier de garde à l'entrée du palais; - le budget du Ministère de
l'Éducation Nationale; - un train en provenance de Vienne; - un fils à
papa; - la maison aux volets clos; - la fille aux longs cheveux; - un
homme à ménager; - une jeune fille à marier; - une personne à fort
tempérament ; - un teint de jeune homme; - les trains de banlieue; - la
photo de ma grand-mère; - l' aspect banal de la ville; - une ville sans
pigeons; - un homme sans fortune; - un enfant sans frère ni soeur; - une
usine de voitures ; - un bateau à pêche; - un bateau à voiles; un tissu à
carreaux; - un verre à whisky; - une cuillère à soupe; - un film sans
intérêt; - un régime sans sel; - un manteau en fourrure; - une
construction en béton; - des yeux en amande.

2. Rattachez les deux propositions par le pronom relatif convenable de sorte


à en former une proposition relative. Cet enchâssement se fondera sur
une phrase-matrice et une phrase à enchâsser:
M o d è l e:
(I) (a) Le disque appartient à ma soeur (Phrase-matrice)
(b) Nous écoutons ce disque (Phrase à enchâsser)
Transformation relative:
Le disque QUE nous écoutons appartient à ma soeur.
(II) (a) Je connais un chien (Phrase-matrice)
(b) Le maître de ce chien est aveugle (Phrase à
enchâsser)
Transformation relative:
Je connais un chien DONT le maître est aveugle.
(III) (a) Voici la fille (Phrase-matrice)
(b) J'ai parlé à cette fille (Phrase à enchâsser)
Transformation relative:
Voici la fille À LAQUELLE j'ai parlé.
1. Les avions se posent à Otopeni. Ces avions sillonnent le ciel.
2. Cet écrivain a reçu le Prix Nobel. Je viens de te parler de cet écrivain.
3. J'apprécie les personnes. Je partage les idées de ces personnes.
4. J’ai reçu une lettre. Cette lettre annonce son arrivée .
5. Il y a des contraintes. On ne peut pas échapper à ces contraintes.
6.Les mesures doivent améliorer les conditions de travail. Nous
proposons ces mesures.
7. J'aime ce pays. Je suis née dans ce pays.
8. La ville me plaît beaucoup. Tu habites dans cette ville.
52 Mariana TUÞESCU

9. Elle vit avec un homme. Chez cet homme l'instinct domine.


10. Voici les invités. Pour ces invités la maîtresse de maison a préparé ce
festin.
11.Dans cette pièce il y a six chaises. Deux parmi les six chaises sont sans
dossier.
12.Il lui fit cadeau d'un tête-à-tête. Une des tasses de celui-ci était ébréchée.
3. Sur le modèle: J'ai le livre. Je vous ai parlé de ce livre ⇒ J'ai le livre
dont je vous ai parlé, transformez les phrases simples en phrases complexes,
à l'aide d'une proposition relative introduite par DONT:
1. J'ai vu un film comique. Charlot est le héros de ce film.
2. La mère inquiète se penche sur l'enfant. La respiration de l'enfant est
difficile.
3. J'ai égaré la montre automatique. J'étais fier de cette montre.
4. Je vous apporte un cadeau. Vous en serez ravi.
5. La fête de l'école sera un succès. Chacun veut être l'artisan de ce succès.
4. Enchâssez la phrase (b) dans la matrice (a) au moyen du pronom relatif
convenable. Procédez à toutes les modifications syntaxiques
(pronominalisations, effacements, permutations) que la relativisation
exige. Vous tiendrez compte du constituant en italique, qui représente la
source substituée du pronom relatif:
1. a. Marie a revu le village.
b. Marie s'était mariée dans l'église de ce village.
2. a. La voiture freine mal.
b. J'ai conduit hier cette voiture.
3. a. La table était encombrée d'assiettes, de livres et de paperasses.
b. Le chat dormait sur cette table.
4. a. J'avais déjà lu le roman.
b. Tu m'as résumé le contenu de ce roman.
5. a. Les connaissances constituent un capital précieux pour toute
notre vie.
b. Nous acquérons ces connaissances dans notre jeunesse.
6. a. Les victoires sont celles qui nous ont coûté le plus de peines.
b. Nous nous souvenons le plus volontiers de ces victoires.
7. a. J'ai rencontré les amis.
b. J'avais prêté de l'argent à ces amis.
8. a. Votre ville a de belles rues.
b. Vous passez au milieu de ces rues sans les voir.
9. a. Il m'a dit d'attendre dix minutes.
b. Je fis des réflexions pendant ces dix minutes.
10. a. J'aimais me promener le soir dans le grand parc.
b. Au-delà de ce parc brillaient les étoiles.

5. Il y a deux types de propositions relatives: les relatives déterminatives (ou


restrictives) et les relatives explicatives (ou appositives). La relative
déterminative (LA VOITURE QUE J'AI CONDUITE ⇒ CETTE
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 53

VOITURE-LÀ) restreint ou précise l'extension du nominal antécédent qu'elle


détermine. Elle est ainsi obligatoire pour le sens du nominal matrice. La
relative explicative, qui joue syntaxiquement le rôle d'un adjectif en position
détachée, ne fait que souligner l'une des caractéristiques de l'antécédent; elle
peut être retranchée sans que cela change en rien le sens du nominal
antécédent. La relative explicative ou appositive admet l'alternance
QUI/LEQUEL, la relative déterminative ou restrictive la refuse, lorsque le
pronom est sujet ou objet. La relative explicative peut être remplacée par une
proposition coordonnée:
Il prépare un livre, QUI / LEQUEL devrait paraître au
printemps prochain.
Le plus souvent, la relative explicative est caractérisée par une ponctuation
spéciale: virgule ou point-virgule.
Vu ces traits, distinguez parmi les relatives ci-dessous celles qui sont
déterminatives et celles qui sont explicatives:
1. Cette sérénité parfaite, qu'il eût été si flatteur de lui faire oublier un
instant, s'alliait chez elle à l'esprit le plus fin (Stendhal).
2. Qui croyez-vous qui prenne les choses à coeur? (Pascal).
3. Il regarda la file des voitures qui, en arrivant au bout du lac,
s'élargissait, emplissait le large carrefour (Zola).
4. Il n'y a pas de plaisir où tu n'aies mis les deux pieds, et si j'osais, si le
respect que je te dois ne me retenais pas, je dirais... (Zola).
5. Mais, à ce moment, la Colliche prolongea son meuglement désespéré
de désir; et un souffle rauque vint de la vacherie, dont la porte était
fermée (Zola).
6. Le programme des cours, qu'il lut sur l'affiche, lui fit un effet
d'étourdissement: cours d'anatomie, cours de pathologie, cours de
physiologie etc. ... (Flaubert).
7. Quelle singulière habitude force nos yeux à voir ici des paysages, des
portraits, des bêtes peintes et que puissent nos neveux ne plus jamais
apercevoir! (Apollinaire)
8. Les visiteurs n'étaient pas très nombreux, qui grelottaient à qui mieux
mieux (Apollinaire).
9. Il fallait quelqu'un de sérieux qui ne nous versât pas dans le fossé
(Alain-Fournier).
10.La rente ne pourra être remboursée qu'après un certain terme, lequel
ne peut jamais excéder trente ans (Le Code Civil).
11. Selon le récit qu'il me fit, ils se rendaient de Byblos, leur ville natale,
en Sicile où ils possèdent des proches, selon une tradition phénicienne
qui veut que les jeunes gens s'expatrient et s'enrichissent des hasards du
voyage (M.Tournier).

6. La variation de l'emploi du mode dans la relative est régie par le sens modal de
l'indicatif, du conditionnel et du subjonctif. Ainsi, l'Indicatif indique-t-il
une certitude, le Conditionnel un monde possible, hypothétique qui
54 Mariana TUÞESCU

pourrait ne pas se réaliser et le Subjonctif un monde possible marqué par


l’intentionnalité, la virtualité, la finalité, l’impossibilité, l’obligativité ou
l'unicité.
Quelle différence de sens modal trouvez-vous dans les phrases des
triplets suivants:
A. 1. Je cherche un appartement qui a vue sur un jardin.
2. Je cherche un appartement qui ait vue sur un jardin.
3. Je cherche un appartement qui aurait vue sur un jardin.
B. 1. Je ne veux plus d'un régime qui fait revivre la tyrannie.
2. Je ne veux plus d'un régime qui fasse revivre la tyrannie.
3. Je ne veux plus d'un régime qui ferait revivre la tyrannie.
7. Justifiez l'emploi du mode dans les propositions relatives des énoncés qui
suivent:
a) 1. Je fus d'abord sensible à la clarté qui semblait émaner d'elle entre les
murs sombres de la chambre (M.Tournier).
2. Enfin, je formulai une question qui aurait été plus pertinente dans sa
bouche que dans la mienne, si les esclaves avaient eu le droit de poser
des questions (M.Tournier).
3. Mais dans mon désarroi, je me tournai alors vers le jeune homme,
comme vers une incarnation d'elle-même qui fût incapable de me faire
souffrir, une sorte de confident inoffensif. (M.Tournier)
4. Il me surprit aussi par le peu d'attachement qu'il manifestait pour sa
patrie phénicienne (M.Tournier).
5. Nous n'avions aucun médecin qui nous inspirât confiance (G.Sand).
6. Je comprends fort bien que ce monde que nous voyons n'est pas un
champignon, qui soit venu tout seul en une nuit (Molière).
7. Nous descendîmes d'abord à l'hôtel Nevet avant de chercher dans un
quartier voisin un appartement meublé où nous installer pour l'hiver
(A.Gide).
8. J'étais le premier, peut-être, qui ne l'eût pas blessé (F.Mauriac).
9. Son jeu ne rappelait rien que j'eusse jamais entendu ou que je dusse
jamais entendre (A.Gide).
10. Quant à son esprit, c'est un des plus cultivés que nous ayons (Voltaire).
11. Aucune circonstance ne réveille en nous un étranger dont nous
n'aurions rien soupçonné (A.de Saint-Exupéry).
12. Je lui écrivais le jeudi et le dimanche, seuls jours où nous fussions
autorisés à correspondre (A.Lafon).
b) 1. Voulez-vous une propriété qui soit en dehors de la route?
2. Le plus fort est celui qui tient sa force en bride.
3. Faites-vous des amis en qui vous puissiez avoir confiance.
4. Nous avons des amis en qui nous pouvons avoir confiance.
5. L'homme qui déracinerait chaque année un défaut serait bientôt
parfait.
6. Si vous rencontrez un homme qui prétende qu'on peut s'enrichir sans
travailler, fuyez-le comme un imposteur.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 55

7. On envoya un courrier qui annonça la victoire.


8. On envoya un courrier qui annonçât la victoire.

8. Mettez au mode convenable les verbes en italiques:


1. Nous souhaitons trouver dans notre entourage des personnes
sérieuses qui / savoir, présent / nous comprendre et en qui nous /
pouvoir, présent / avoir confiance. • 2. Est-il un repos qui / valoir, présent
/ celui que vous / acheter, présent / par le travail? • 3. Néron, dit-on,
monta sur une tour d'où il / pouvoir, imparfait: idée de but / voir
l'incendie de Rome qu'il / faire, plus-que-parfait / allumer.
• 4. Le premier rayon de bonheur que nous / voir, passé : fait réel,
certain / briller devant nous fut un sourire de notre mère. • 5. Il n'y a
rien qu'on ne / devoir, présent / tenter pour faire triompher la vérité. • 6.
Les meilleurs amis que nous / avoir, présent: fait virtuel, envisagé dans la
pensée / sont ceux qui / être, présent / capables de nous élever et de
nous maintenir sur les sommets. • 7. Les critiques ne voient pas de poète
comique qui / peindre, passé / mieux que Molière tout ce que l'humanité
/ pouvoir, présent / avoir de ridicule.

9. Transformez les propositions circonstancielles en propositions relatives.


Veillez au bon emploi du mode et au maintien du sens:
1. Un homme, s'il savait plusieurs langues étrangères, comprendrait mieux
qu'un autre une foule de choses. / 2. Quand un flic fait son devoir, il ne
doit pas être insulté. / 3. Comme il rentra tard et qu'il n'avait pas fait ses
devoirs, Jean fut puni par ses parents. / 4. Il n'est pas difficile, hélas! de
berner certains hommes, parce qu'ils se nourrissent volontiers de chimères. /
5. Un bon professeur donne à lire à ses élèves de bons livres, tels qu'ils
soient adaptés à leur âge et à leur tempérament. / 6. Bien qu'il fût souffrant, ce
collègue continua à m'aider. / 7. Ne te fie pas aux apparences, parce
qu'elles sont souvent trompeuses. / 8. Notre équipe, bien qu'elle eût conquis la
première place du classement général, s'est fait battre sur son terrain.

10. Remplacez la proposition relative par un adjectif de relation .


M o d è l e: Une conduite qui s'écarte du bon sens ⇒ Une
conduite insensée.
(A) 1. Une revue qui paraît tous les semestres. / 2. Une revue qui paraît
toutes les semaines. / 3. Des conséquences qu'on ne peut calculer. /
4. Un fleuve qui prend sa source non loin de la côte. / 5. Une erreur
qu'on peut excuser. / 6. Des réponses qui heurtent la vraisemblance. /
7. L'équipe qui a gagné.
(B) 1. Un cheval qui refuse d'obéir à son cavalier. / 2. Des reproches qui
ne finissent jamais. / 3. L'affection qu'ils avaient l'un pour l'autre. / 4.
Un mur dont la maçonnerie présente des crevasses. / 5. Une inscription
qui ne peut s'effacer. / 6. Des pluies qui tombent par intervalles. / 7. Un
visage qui ne veut rien dire. / 8. La soie qui n'a pas encore été
débarrassée de ses impuretés.
56 Mariana TUÞESCU

11. Réécrivez en français correct les phrases suivantes, recueillies dans des
copies d'élèves:
1. Pour la centième fois mon dictionnaire vient de tomber de l'étagère où
il est trop gros pour y tenir.
2. À gauche est placée la salle à manger dont au milieu il y a une table
carrée.
3. Ils engloutissent des bouchées énormes dont seule l'une d'elles m'aurait
rassasié.
4. Nous jouions à deviner, d'après le numéro des autos, le département
dont elles venaient.
5. Le buffet, dont on tire facilement son spacieux tiroir, est en chêne.
12. Mettez en français les phrases suivantes:
1. Fata pe care ai v\zut-o traversînd strada era sora cea mare a lui Paul.
2. Filmul despre care ]i-am vorbit a luat un mare premiu la Festivalul de la
Cannes.
3. }ara pe care am vizitat-o este una dintre cele mai frumoase din Europa.
4. Am rev\zut cu emo]ie or\[elul pe str\zile c\ruia mi-am petrecut copil\ria.
5. Publicul c\ruia conferen]iarul se adresa era un public larg, dar receptiv la
progresele cercet\rii [tiin]ifice.
6. Elevul care î[i va da silin]a s\ înve]e fiecare lec]ie va dobândi cuno[tin]ele
necesare de care va avea nevoie la concursul de admitere în facultate.
7. Cînd crezi c\ ai putea s\-mi descrii ]inutul în care te-ai n\scut?
8. Este singurul loc în care ai putea s\-]i g\se[ti lini[tea.
9. Caut cu disperare un mecanic care s\ [tie s\-mi repare ma[ina.
10. Bolnavul era cuprins de o nelini[te a c\rei cauz\ nu o cuno[tea.
11. Copilul acesta p\rea rezervat cu toat\ lumea, afar\ de mama sa în ale c\rei
bra]e se refugia adesea.
12. Cît a[ fi de fericit s\ v\ dau informa]iile de care ave]i nevoie!
13. C\r]ile pe care ]i le-am împrumutat îmi fuseser\ trimise din Fran]a de un
prieten cu care am copil\rit [i a c\rui poveste ]i-o voi povesti cît de curînd.
14. V\ afla]i în fa]a unei situa]ii delicate ale c\rei urm\ri va trebui s\ le cînt\ri]i cu
mare aten]ie.
15. Nu cred c\ voi putea vizita mîine expozi]ia tîn\rului pictor ale c\rui tablouri
le-a prezentat Televiziunea în seara aceea de care ]i-am vorbit.
16. Spectacolele la care am asistat s\pt\mîna trecut\ marcau sfîr[itul Festivalului
de Teatru Contemporan.
17. Vincen]iu ne-a invitat la sus]inerea tezei sale de doctorat, la a c\rei redactare,
de-a lungul anilor, am fost martori activi.
18. To]i aceia c\rora Rectorul dorea s\ le comunice vestea nu au fost de fa]\.
19. Singurul lucru în care cred este profesiunea mea. {i munca poate fi o ra]iune
de a exista.
20. Cît a[ dori s\ g\sesc un om în care s\ am încredere [i cu care s\ pot comunica.

132. Mettez en français le texte suivant:


Cu ani în urm\, în ziua cînd venise aici, Niculae era hot\rît s\ nu stea în aceast\
gr\din\ decît cîteva luni, pîn\ avea s\ i se piard\ urma, dar clipa cînd intrase în ser\ îl
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 57

hot\rîse s\ r\mîn\ [i s\ nu mai umble în c\utarea unui loc bun, de[i cu studiile sale
secundare l-ar fi g\sit cu u[urin]\: un miros dulce de prim\var\ îl întîmpinase, pe care
de atunci nici munca necalificat\ la preg\titul r\sadurilor, nici condi]ia lui de simplu
muncitor [i nici durata, anii petrecu]i, nu reu[ir\ s\ i-l smulg\ din suflet. Intrase
în\untru st\pînit de un sentiment care nu-l mai sl\bea, c\ via]a lui e distrus\, [i se
pomenise cum parc\ aici cineva îi picura în inim\ un balsam, care-i d\dea senin\tatea
de care avea nevoie ca s\ uite e[ecul s\u în lume. Era o lume care îi ajungea, aceast\
prim\var\ închis\. (Marin Preda)

2. LE GROUPE VERBAL
2.1. Les modes

1. Le MODE indique de quelle façon est envisagée l'action verbale:


réelle ou pas réelle, certaine ou incertaine, probable, possible,
nécessaire, obligatoire, impossible, exclue, hypothétique,
souhaitable, voulue etc.
Le mode exprime la « vision de réalisation » et, en tant que tel, il
révèle soit un « rapport de dépendance événementielle entre
plusieurs actions qui se succèdent, et qui fait que l'une de celles-
ci sera envisagée comme réalisée ou non selon la position qu'elle
occupera par rapport à l'action de base », soit « un rapport de
dépendance mentale entre une action et la façon dont le sujet
parlant envisage le degré de réalisation de celle-ci»
(P.Charaudeau).
L'INDICATIF exprime une vision de réalisation effective, qui
s'oppose aux visions de nonréalisation, de réalisation
potentielle ou encore de réalisation éventuelle exprimées
par le SUBJONCTIF.
À comparer: (i) Il est probable qu'il VIENDRA.
(ii) Il est peu probable qu'il VIENNE.
Dans (i), la vision de réalisation est envisagée comme e f f e c t i v e,
r é e l l e dans le futur, alors que dans (ii), la vision de réalisation
exprime un d o u t e.
Le SUBJONCTIF est exigé par certaines classes de « déclencheurs »:
verbes de s o u h a i t ou de v o l i t i o n (vouloir, désirer,
demander, souhaiter...); verbes p s y c h o l o g i q u e s et de
s e n t i m e n t (se réjouir, regretter, s'étonner, aimer
bien/mieux); expressions i m p e r s o n n e l l e s (il faut, il
importe, il est bon, il est essentiel / nécessaire / normal / dommage
/ rare / regrettable / raisonnable / utile / urgent ...); structures
n é g a t i v e s (je ne pense pas, je ne doute pas, je ne crois pas...);
58 Mariana TUÞESCU

c o n j o n c t i o n s et l o c u t i o n s c o n j o n c t i v e s (bien
que, encore que, quoique, sans que, à (la) condition que, pourvu que, à
moins que, de sorte / de façon / de manière que, pour que, afin que, de
peur que, avant que, jusqu'à ce que); structures s u p e r l a t i v e s
(le meilleur, le seul, l'unique etc...)
Mode de l'hypothèse, le CONDITIONNEL inscrit le procès dans un
avenir chargé d'i n c e r t i t u d e. Il exprime de nombreuses
valeurs qui vont du prospectif à l'incertitude, du potentiel à
l'irréel, du probable au possible, de l'illusion et de l'imaginaire à
la réserve prudente, du désir et du souhait de l'énonciateur à
l'anticipation imaginaire des événements, de l'information
d'emprunt à l'interrogation rhétorique, de l'atténuation polie à
la demande ou à la mise en garde.
"C'est que, par nature, le conditionnel ne se conçoit pas en dehors
de la conjecture"(R.Martin).
Mode de volonté, l'IMPÉRATIF exprime généralement un ordre,
une défense, un avertissement, une permission.
Les modes non personnels sont, comme on le sait, l'INFINITIF, le
PARTICIPE et le GÉRONDIF.
Dans les textes suivants, distinguez les modes et justifiez leur emploi:
(I) La première expédition contre les Daces se déclencha l'année suivante.
Par goût, et par politique, je me suis toujours opposé au parti de la
guerre, mais j'aurais été plus ou moins qu'un homme si ces grandes
entreprises de Trajan ne m'avaient pas grisé. Vues en gros, et à distance,
ces années de guerre comptent parmi mes années heureuses. Leur début
fut dur ou me parut l'être. Je n'occupais d'abord que des postes
secondaires, la bienveillance de Trajan ne m'étant pas encore totalement
acquise. Mais je connaissais le pays; je me savais utile. Presque à mon
insu, hiver par hiver, campement par campement, bataille par bataille, je
sentais grandir en moi des objections à la politique de l'empereur; ces
objections, je n'avais à cette époque ni le devoir, ni le droit de les faire à
voix haute; d'ailleurs, personne ne m'eût écouté. (M.Yourcenar).
(II) Je me félicite que le mal m'ait laissé ma lucidité jusqu'au bout; je me
réjouis de n'avoir pas à faire l'épreuve du grand âge, de n'être pas destiné à
connaître ce durcissement, cette rigidité, cette sécheresse, cette atroce absence
de désirs. Tout est prêt: l'aigle chargé de porter aux dieux l'âme de
l'empereur est tenu en réserve pour la cérémonie funèbre. Mon mausolée,
sera terminé à peu près à temps pour le transfert des cendres encore chaudes.
J'ai prié Antonin qu'il y fasse ensuite transporter Sabine; j'ai négligé de lui
faire décerner à sa mort les honneurs divins, qui somme toute lui sont dus; il
ne serait pas mauvais que cet oubli fût réparé. Et je voudrais que les restes
d'AElius César soient placés à mes côtés. (...)
Petite âme, âme tendre et flottante, compagne de mon corps, qui fut ton
hôte, tu vas descendre dans ces lieux pâles, durs et nus, où tu devras
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 59

renoncer aux jeux d'autrefois. Un instant encore, regardons ensemble les


rives familières, les objets que sans doute nous ne reverrons plus... Tâchons
d'entrer dans la mort les yeux ouverts... (M.Yourcenar).
Traduisez en roumain ces textes et relevez les différences dans l'expression
du mode qui caractérisent ces deux langues.

2. Mettez les verbes entre parenthèses aux modes et aux temps convenables:
1. Elle (ALLER) la semaine prochaine voir ses grands-parents en province.
2. Nous (ALLER) à la piscine pourvu qu'il (FAIRE) beau.
3. (PARTIR) tout de suite et (REVENIR) pour le dîner, nous dit maman.
4. Tu ne (AVOIR) pas la fièvre, par hasard?
5. Hier, il (FAIRE) très froid; c'est pourquoi nous (METTRE) le chauffage.
6. (AVOIR) soin de ne pas blesser tes collaborateurs!
7. Il (SE TAIRE) ne (SAVOIR) que dire.
8. (DIRE)-moi qui tu hantes, je te (DIRE) qui tu es.
9. (AVOIR)-vous la gentillesse de m'accompagner?
10. Tout le monde se réjouit qu'elle (S'EN ALLER).
11. Je crains qu'il ne (ÊTRE) fâché.
12. Je finirai mon travail avant que ne (ÊTRE) de retour.
13. J'ai vu les deux hommes (PARTIR) par là.
14. Quand tu (POSSÉDER) tous les biens de la terre, en (ÊTRE)-tu plus
heureux?
15. La vie est trop courte pour que nous en (PERDRE) une part
importante à des bagatelles.
16. Quelque savant que l'on (ÊTRE), on a toujours quelque chose à
apprendre.
17. Sans la contrainte de la discipline, vous (RISQUER) de vous égarer;
sachez donc vous y soumettre, quand même elle vous (SEMBLER)
pénible.
18. (POUVOIR)-il réussir à ce concours!
19. Il est certain qu'il (VENIR) nous voir.
20. Est-il certain qu'il (VENIR) nous voir.
21. Je crois qu'il (SAVOIR) se tirer d'affaire.
22. Je ne crois pas qu'il (DEVOIR) faire tant d'efforts.
23. Je suppose qu'il (VALOIR) mieux prendre toutes les précautions avant
de (TENTER) cette grande aventure.
24. Soyez attentifs aux petites choses; non qu'il (FALLOIR) vous absorber
dans un examen fort méticuleux, mais l'observation exacte (ÊTRE)
excellente.
25. Ce malheureux n'a pas une pierre où (REPOSER) sa tête.
26. Nous cherchons un menuisier qui (SAVOIR) nous faire une caisse.
27. Obéis si tu veux qu'on t'(OBÉIR) un jour.
28. Il est probable qu'il (RÉUSSIR) à nous convaincre.
29. Il est possible qu'il (RÉUSSIR) à nous convaincre.
3. Justifiez l'emploi du subjonctif dans les énoncés suivants:
1. « Parfois ce morceau de paysage amené ainsi jusqu'à aujourd'hui se
60 Mariana TUÞESCU

détache si isolé de tout, qu'il flotte incertain dans ma pensée comme une
Délos fleurie, sans que je puisse dire de quel pays, de quel temps - peut-être
tout simplement de quel rêve - il vient. (M. Proust).
2. Soit que la foi qui crée soit tarie en moi, soit que la réalité ne se forme
que dans la mémoire, les fleurs qu'on me montre aujourd'hui pour la
première fois ne me semblent pas de vraies fleurs (M.Proust).
3. Comme chaque jeudi, il évita de pousser les volets, afin que le marché
ne le vît pas. (Fr. Mauriac)
4. Cependant, M. Jérôme s'étonnait que sa bru le soignât avec la passion
d'une soeur de Saint-Vincent-de-Paul.
5. Aussi absurde que cela me semblât à mille milles de tous les endroits
habités et en danger de mort, je sortis de ma poche une feuille de
papier et un stylographe. (A. de Saint-Exupéry)
6. Il eut un soupir de regret et se dit encore:
- Celui-là est le seul dont j'eusse pu faire mon ami. (A. de Saint-
Exupéry)
7. Mais dans mon désarroi, je me tournai alors vers le jeune homme
comme vers une incarnation d'elle-même qui fût incapable de me faire
souffrir. (M. Tournier)
8. La prudence aurait exigé qu'ils observassent la plus grande retenue
l'un à l'égard de l'autre. Qu'ils en aient agi autrement me remplit de
fureur - fallait-il qu'ils se soucient peu de me défier, entourés
d'espions comme ils l'étaient! (M.Tournier)
9. - Ça te plaît, toi, que papa aille à la chasse?
- Pas trop, me dit-elle. C 'est un amusement dangereux. (M. Pagnol)
10. C'est complètement idiot, disait Ted, et il est faux que je m'y sois
jamais intéressé. - Il est normal qu'à ton âge tu ne te souviennes plus
de ton plaisir à ce spectacle, mais quand tu vieilliras, ce plaisir te
reviendra et tu éprouveras une vraie jouissance à retrouver tes pleurs et
tes rires. - Vous retombez en enfance! - Puissé-je ne l'avoir jamais
quittée! (M. Déon)

4. Mettez au mode convenable (INDICATIF ou SUBJONCTIF) les verbes


entre parenthèses; le temps logique de l'action ou de l'événement de la
proposition régie vous est indiqué:
1. Je souhaiterais qu'on (TROUVER, passé) parmi les hommes tant de
probité, de justice et de charité que les tribunaux (DEVENIR, passé) inutiles. /
2. J'espère que vous (RESTER, futur) dignes de vos parents et de vos maîtres.
/ 3. Je n'ignore pas que rien de grand ne (S'ACCOMPLIR, présent) sans de
longs efforts. / 4. La conscience est le meilleur livre de morale que nous
(AVOIR, présent). / 5. Il est certain que les vertus (ÊTRE, présent) plus rare
que les vices. / 6. Croyez-vous qu'ils (POUVOIR, futur) venir nous rendre
visite la semaine prochaine? / 7. Les tyrans prétendent qu'on leur (OBËIR,
présent) aveuglément: ils admettent qu'on les (HAÏR, présent), pourvu
qu'on les (CRAINDRE, présent). / 8. Cherchez un homme qui (ÊTRE,
présent) vraiment content de son sort: vous ne le découvrirez pas. / 8. Il est
peu probable que tu (RÉUSSIR, futur) à surmonter ces difficultés. / 10. Il est
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 61

probable que tu (RÉUSSIR, futur) à surmonter ces difficultés. / 11. Il est hors
de doute que la science (ÊTRE, présent) bornée; s’ensuit-il de là qu'il
(FALLOIR, présent) l'ignorer? / 12. Je comprends que le tout (ÊTRE,
présent) plus grand que chacune de ses parties. / 13. Quoi que vous
(FAIRE, présent), quoi que vous (ÉCRIRE, présent), évitez la médiocrité. /
14. Tout heureux que mon père me (PARDONNER, plus-que-parfait) ma
faute, je pris la résolution d'être plus sage à l'avenir. / 15. Puisque vous vous
doutez que des difficultés (SURGIR, futur) plus tard dans votre chemin, il est
nécessaire que vous (ACQUÉRIR, présent) dès maintenant assez de force
pour les vaincre. / 16. Je suppose que vous (COMPRENDRE, passé) la gravité
de ce problème et que vous ne (CONSENTIR, futur) jamais que l'on
(SÉDUIRE, présent) votre honneur.
5. Dans les énoncés ci-dessous, remplacez le verbe principal par les verbes ou
les expressions verbales entre parenthèses et opérez là où le cas s'y prête,
les modifications nécessaires:
M o d è l e:
(A) Je pense que Pierre viendra nous voir (CROIRE,
DOUTER, DÉSIRER, ESPÉRER, SOUHAITER)
⇒ Je crois que Pierre viendra nous voir.
⇒ Je doute que Pierre vienne nous voir
⇒ Je désire que Pierre vienne nous voir.
⇒ J'espère que Pierre viendra nous voir.
⇒ Je souhaite que Pierre vienne nous voir.
(B) Il est possible qu'il soit malade (IL EST PROBABLE /
CERTAIN / IMPOSSIBLE / REGRETTABLE / ÉTRANGE /
ÉVIDENT)
⇒ Il est probable qu'il est malade.
⇒ Il est certain qu'il est malade.
⇒ Il est impossible qu'il soit malade.
⇒ Il est regrettable qu'il soit malade.
⇒ Il est étrange qu'il soit malade.
⇒ Il est évident qu'il est malade.
(A)
1. Il trouve que ce procès est légal ( CROIRE, DIRE, CONSIDÉRER,
ADMETTRE, DOUTER, ESTIMER, VOULOIR).
2. Je vois que vous n'êtes pas content (CROIRE, AVOIR PEUR,
CRAINDRE, S'ÉTONNER, REGRETTER)
3. Je doute qu'il puisse résoudre ce problème (PENSER, ESPÉRER, SAVOIR).
4. Je doute qu'il ait compris cette situation (SAVOIR, SUPPOSER,
ESPÉRER).
5. Je constate que le vrombissement du moteur a cessé (ENTENDRE,
62 Mariana TUÞESCU

CROIRE, ESPÉRER, VOULOIR).


6. Il juge que la situation est inquiétante (ESTIMER, PENSER, CRAINDRE).
7. Je parie qu'il a oublié de te téléphoner (REGRETTER, PENSER).
(B)
1. Il est temps que vous le sachiez (IL CONVIENT, IL FAUT, IL EST
IMPORTANT, IL EST UTILE).
2. Il est fort probable qu'après cette histoire il voudra vous rencontrer (IL
EST HORS DE DOUTE, IL N'EST PAS CERTAIN, IL EST NÉCESSAIRE, IL
EST ÉTONNANT).
3. Il est possible qu'il n'ait pas appris cette mauvaise nouvelle (IL EST SÛR,
IL EST VRAI, IL EST ÉVIDENT, IL EST PROBABLE, IL EST
REGRETTABLE).
4. Il est étrange que vous ne l'ayez pas su (IL EST PROBABLE, IL EST PEU
PROBABLE, IL EST INADMISSIBLE, IL EST (FORT) POSSIBLE, IL EST
CERTAIN).
5. Il faut que vous repartiez demain (IL CONVIENT, IL EST CERTAIN, IL
EST BON, IL EST NÉCESSAIRE).
6. Il est improbable que quelqu'un soit venu en son absence (IL EST
ÉVIDENT, IL EST POSSIBLE, IL EST SÛR, IL N'EST PAS SÛR, IL SE
PEUT, IL SEMBLE, IL ME SEMBLE, IL PARAÎT).
6. Tournez la proposition principale à la forme négative et opérez les
modifications syntaxiques qui s'imposent:
1. Je crois qu'il n'a pas vu son cousin depuis des lustres. / 2. Je crois que
vous saurez tout dans quelques semaines. / 3. Croyez-vous qu'il soit
vraiment nécessaire d'emporter tout? / 4. Il est évident que les témoins à
charge mentaient. / 5. Je pense qu'il est satisfait de ton comportement. /
6. J'admets qu'il a mal agi. / 7. Le juge prétend que la situation est
délicate. / 8. Elle trouve que son mari ne s'occupe pas d'elle, qu'il ment
et qu'il est souvent absent. / 9. Trouvez-vous que ce soit bien héroïque?
/ 10. Je pense qu'il a bien su se tirer de cette affaire. / 11. Je suppose que
cet homme ment.
7. Certains verbes régissent l'indicatif ou le subjonctif en variation
sémantique. L'indicatif marquera, en général, une certitude, un fait non
modifié par la volonté de l'énonciateur; le subjonctif marquera une
incertitude, un fait possible, problématique, un acte de langage (ordre,
promesse, engagement, supposition etc....).
Rendez compte de la signification des énoncés ci-dessous, en examinant
attentivement l'emploi du mode dans leur fonctionnement:
(A) 1. Cet homme a toujours menti; c'est pourquoi je suppose qu'il
MENTIRA demain aussi.
2. Tantôt il ment, tantôt il dit la vérité; supposons qu'il MENTE
demain aussi, que ferons-nous alors?
(B) 1. Il m'a dit qu'on lui EST VENU en aide pour un prêt.
2. Dis-lui qu'il me VIENNE en aide pour un prêt.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 63

(C) 1. Supposez que ce malade AIT une grave maladie.


2. Supposons donc maintenant que nous SOMMES endormis
(R.Descartes).
(D) 1. Pensez-vous que le mauvais temps DURERA encore?
2. Pensez-vous que je SOIS assez bête pour prendre mes vacances
par un temps pareil?
Appartiennent à cette classe de verbes: DIRE, ÉCRIRE, ADMETTRE,
CONSENTIR, ENTENDRE, FAIRE SAVOIR, ÊTRE D'AVIS, METTRE,
PRÉTENDRE...
Construisez avec chacun de ces verbes deux phrases différentes, dans
lesquelles vous ferez apparaître la différence modale significative.

8. Inversez l'ordre des propositions dans les phrases ci-dessous et opérez les
modifications syntaxiques requises. Il sera question, tout d'abord, du
changement du mode verbal :
M o d è l e: Je crois qu'il est venu à temps. ⇒ Qu'il
soit venu à temps, je le crois (volontiers).
1. Il est évident qu'il a fait des progrès. / 2. Il est certain que la
francophonie est une réalité politique, économique et non seulement
culturelle. / 3. J'admets qu'il a eu tort de se brouiller avec ses collègues. /
4. Je me rends compte qu'il a beaucoup maigri les derniers temps. / 5. Le
jury soutient que ce candidat est le meilleur. / 6. Il est hors de doute
qu'il se taira pendant le procès.

9. Expliquez l'emploi de l'indicatif, du subjonctif et du conditionnel dans les


micro-récits suivants:
I. Ils avaient vu sa face de parchemin se colorer, à l'idée de cette
bombance qui ne lui coûterait rien; ils étaient certains qu'elle
accepterait; mais l'usage voulait qu'on le priât beaucoup. (E.Zola)
II. Alors, en voyant qu'ils ne partaient pas, un combat se livra en elle,
car d'habitude, dans cette circonstance, on offrait un verre de vin. Elle
se décida, descendit à la cave, bien qu'il y eût là une bouteille
entamée. (E.Zola)
III. Inquiet, mais ne voulant point douter que toute cette histoire de
mariage fût une invention sournoise de M. Jérôme, Jean, isolé en esprit,
se souvint, en effet, de ces soirs du 2 octobre, lorsque attendait sous la
pluie l'antique landau qui devait le conduire à travers le Bazadais. (Fr.
Mauriac)
IV. Elle ne lisait pas de romans; elle servait chez ses parents, elle
obéissait; on lui assurait qu'un homme n'a pas besoin d'être beau;
que le mariage produit l'amour comme un pêcher une pêche... Mais il
eût suffi, pour la convaincre, de répéter l'axiome: On ne refuse pas le fils
Pélouyré! (Fr. Mauriac)
V. Alors, elle conta que l'avant-veille, Arnoux n'avait pu payer quatre
billets de mille francs souscrits à l'ordre du banquier, et sur lesquels il lui
avait fait mettre sa signature. Elle se repentait d'avoir compromis la
64 Mariana TUÞESCU

fortune de ses entants. Mais tout valait mieux que le déshonneur; et, si
M. Dambreuse arrêtait les poursuites, on le payerait bientôt,
certainement; car elle allait vendre, à Chartres, une petite maison
qu'elle avait. (G.Flaubert)
VI. Il faisait, à Nice, une chaleur atroce, et je m'informai si les habitants
du pays n'avaient point dans la montagne au-dessus quelque vallée
fraîche où ils pussent aller respirer. (Maupassant)
Décelez les infinitifs, les participes et les gérondifs de ces textes et justifiez
leur apparition.

10. Mettez en français les phrases suivantes, tout en veillant à l'emploi du


subjonctif:
1. Ar trebui s\ face]i mai multe eforturi în preg\tirea voastr\, ca s\ pute]i fi siguri
de reu[it\.
2. Maria era indignat\ c\ un b\rbat aparent atît de distins poate fi uneori atît de
grosolan [i atît de meschin.
3. Oricît de ciudat ]i se poate p\rea, lucrurile s-au petrecut astfel.
4. Voi accepta solu]ia, oricare ar fi ea [i oricîte greut\]i îmi vor ie[i în cale.
5. Regret c\ ai plecat f\r\ s\ î]i iei r\mas bun.
6. Eram mul]umit\ c\ serbarea de sfâr[it de an a fiicei mele a fost o reu[it\.
7. Este un copil foarte înzestrat; merit\ s\ v\ interesa]i mai îndeaproape de el.
8. Conferen]iarul din seara aceasta ne-a spus c\ va veni pe jos, numai s\ fie
vreme frumoas\.
9. Orice li s-ar putea întîmpla, aceste rude nu se vor sup\ra.
10. V\rul lui ]inea ca aceast\ c\s\torie s\ se fac\ cu orice pre].
11. I-am spus tot adev\rul înainte ca el s\ afle cauza acestei gre[eli de neiertat.
12. Va mai trece ceva timp pân\ cînd acest cercet\tor va reu[i s\ î[i sus]in\ teza de
doctorat.
13. I s-au furat banii [i actele din buzunar f\r\ ca el s\-[i dea seama.
14. Oricîte prostii ar face fiul meu cel mic, i le trec cu vederea.
15. Ies s\ fac cump\r\turi de[i plou\ cu g\leata.
16. De[i este în vîrst\, munce[te ca un om tân\r: se scoal\ devreme [i nu se culc\ pân\
nu reu[e[te s\-[i termine toate treburile.
17. Prietenul meu m-a asigurat c\ a luat toate m\surile petru ca ac]iunea sa s\
reu[easc\.
18. Nu c\ a[ fi obosit\, dar rev\zând locurile copil\riei, m-a apucat o melancolie
nesfâr[it\.
11. Transformez les énoncés suivants de sorte à y remplacer les infinitifs par des
subjonctifs; vous veillerez à opérer toutes les autres modifications:
changements de personne, introduction d'un autre sujet, apparition d'une
proposition complétive enchâssée, emploi de la forme temporelle adéquate,
effacement de certains constituants, ordre des mots, transformation d'une
locution prépositionnelle en locution conjonctive:
M o d è l e: Je veux APPRENDRE à nager ⇒ Je veux
qu'on m'APPRENNE à nager.
Il est parti sans FAIRE ses adieux ⇒ Il est
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 65

parti sans qu'il FASSE ses adieux.


1. Elle voulut VOIR son jardinet; Paul lui offrit le bras pour lui
MONTRER ses domaines. / 2. À ces mots, je vis JAILLIR les rails de
l'herbe et S'ENCASTRER dans les pavés, tandis que s'annonçait au loin
le sourd grondement d'un tramway (M. Pagnol). / 3. Il lui arrive
souvent de BLESSER ses copains sans s'en RENDRE compte. / 4. Avant
de PARTIR, il eut soin de tout régler, de payer le loyer et les charges de
la maison. / 5. Pour lui ÉPARGNER de la dépense, sa mère lui envoyait
chaque semaine, par le messager, un morceau de veau cuit au four
(G.Flaubert). / 6. Je me presse de rire de tout, de peur d'ÊTRE OBLIGÉ
d'en pleurer (Beaumarchais). / 7. Tu ne manqueras pas ton train, à
condition de PARTIR immédiatement. / 8. A condition d’ÊTRE aimable,
vous serez toujours invité. / 9.A moins de nous RÉUNIR souvent, nous
ne ferons pas connaissance. / 10. Les gens de qualité savent tout sans
AVOIR jamais rien APPRIS. (Molière).
12. Distinguez, dans les énoncés qui suivent, le conditionnel TEMPS du
conditionnel MODE. Comment expliquez-vous cette différence de
fonctionnement?
1. J'ai rêvé parfois d'élaborer un système de connaissance humaine basé
sur l'érotique /.../ où le mystère et la dignité d'autrui consisteraient
précisément à offrir au Moi ce point d'appui d'un autre monde (M.
Yourcenar).
2. J'ai cru jadis qu'un certain goût de la beauté tiendrait lieu de vertu,
saurait m'immuniser contre les sollicitations trop grossières. Mais je me
trompais (M.Yourcenar).
3. De telles vues sur l'amour pourraient mener à une carrière de
séducteur (M.Yourcenar).
4. Ah! lui aussi aurait voulu étreindre cette terre avare qui l'avait pétri à
sa ressemblance et finir étouffé par ce baiser (Fr. Mauriac).
5. Il (Rieux) savait (...) que, peut-être, le jour viendrait où, pour le
malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et
les enverrait mourir dans une cité heureuse (A.Camus).
6. L'homme au caban sonnerait à la porte. Une ravissante jeune femme
aux cheveux blond cendré ouvrirait. Reprenons: il sonnerait, la jeune
fille qui ouvrirait la porte, se jetterait dans les bras de son frère,
appellerait sa mère... - S'il approche la trentaine, Sheila serait plutôt
sa grand-mère. - En somme, il pourrait être votre petit-fils? (M.Déon).
7. Ils auraient aimé être riches. Ils croyaient qu'ils auraient su l'être. Ils
auraient su s'habiller, regarder, sourire comme des gens riches. Ils
auraient eu le tact, la discrétion nécessaires. Ils auraient su ne pas
l'étaler. (G.Perec).

13. Reconstruisez les contextes dans lesquels on emploiera les énoncés


suivants, dont les verbes sont au conditionnel. Précisez, pour chaque cas,
quelle valeur sémantique exprime le prédicat:
66 Mariana TUÞESCU

1. - Je voudrais parler à Monsieur le Recteur. / 2. - J'aurais voulu parler


à Monsieur le Recteur. / 3. - Qu'est-ce que vous auriez voulu comme
robe demanda la vendeuse à la cliente. / 4. On se serait cru au Moyen
Âge. / 5. Selon Marie, Pierre serait le seul à connaître les tenants et les
aboutissants de cette affaire scandaleuse. / 6. -Je ne saurais vous le dire.
/ 7. - Pourrais-je parler à votre frère? / 8. Notre premier ministre ferait
une visite officielle au Japon, annoncent les journaux. / 9. - Sois sage!
Tu pourrais te faire mal (si tu continues à faire des gambades). / 10. -
Vous ne connaîtriez pas un bon cardiologue? / 11. Il est huit heures. Le
fromager du coin aurait-il ouvert? / 12. - Excusez-moi, auriez-vous du
feu, par hasard? / 13. J'aurais peut-être une petite objection à faire.

14. Dans le récit suivant, le narrateur se projette, à travers le regard de sa


mère, dans l'avenir que celle-ci trace en rêve à l'enfant qu'il est encore à
ce moment. Les huit occurrences du conditionnel traduisent sur le plan
de la langue les désirs que la mère nourrissait quant à l'avenir de son
enfant prodige. Cette anticipation imaginaire de la mère s'exprime par
un discours indirect libre.
Étudiez le fonctionnement de ces formes de conditionnel, tout en vous
rapportant aussi au rôle des trois formes de l'imparfait qui décrivent la
situation familiale au moment de l'énonciation. Le « prospectif » du récit
devrait se comprendre par rapport à cet « arrière-plan » de la situation
familiale:
Circonvenue par mon grand-père, ma mère ne perdait pas une occasion de
peindre mes joies futures: tout ce qui manquait à la sienne: la tranquillité, le
loisir, la concorde; jeune professeur encore célibataire, une jolie vieille dame
me louerait une chambre confortable qui sentirait la lavande et le linge
frais, j'irais au lycée d'un saut, j'en reviendrais de même; le soir je
m'attarderais sur le pas de ma porte pour bavarder avec ma logeuse qui
raffolerait de moi: tout le monde m'aimerait, d'ailleurs, parce que je serais
courtois et bien élevé. (J.-P.Sartre)
Tâchez de remplacer le conditionnel par le futur périphrastique de l'indicatif
(la forme ALLER à l'imparfait + INFINITIF); la signification du texte
serait-elle la même?

15. Justifiez l'emploi de l'INFINITIF dans les phrases qui suivent:


1. J'ai décidé de RESTER encore quelques jours. / 2. Le voisin est parti
sans FAIRE de bruit. / 3. J'espère TERMINER ce travail dans quelques
jours. / 4. Pendant l'incendie, on vit des gens SORTIR par la porte de
secours. / 5. J'écoute souvent Dinu Lipatti JOUER du Chopin. / 6. Elle
tenta de nouveau d'OBTENIR de Gudule des aveux complets (A.France).
/ 7. Rambert luttait pour EMPÊCHER que la peste le recouvre. Ayant
acquis la preuve qu'il ne pouvait SORTIR de la ville par les moyens
légaux, il était décidé, avait-il dit à Rieux, à USER des autres (A.Camus).
/ 8. CONSTRUIRE, c'est COLLABORER avec la terre: c'est METTRE une
marque humaine sur un paysage qui en sera modifié à jamais; c'est
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 67

CONTRIBUER aussi à ce lent changement qui est la vie des villes. / ... /
FONDER des bibliothèques, c'était encore CONSTRUIRE des greniers
publics, AMASSER des réserves contre un hiver de l'esprit qu'à certains
signes, malgré moi, je vois VENIR (M.Yourcenar). / 9. Que FAIRE?
Comment LUTTER contre la mort? / 10. Ah! REFAIRE à mes yeux une
vision neuve, les LAVER de la salissure des livres, les RENDRE plus
pareils à l'azur qu'ils regardent! (A.Gide). / 11. Elise, un dimanche, à
midi, revient de la messe à jeun et il ne reste plus de lait. De FULMINER
contre la cuisinière (M.Jouhandeau). / 12. VERSER le contenu du sachet
dans une tasse. AJOUTER 200 cc d'eau bouillante. MÉLANGER à l'aide
d'une cuillère. REMUER quelques instants avant de CONSOMMER.
Votre Minute Soup est prêt (Consignes Royco sur le potage en sachet).
Vous remarquerez que la forme simple de l'INFINITIF exprime l'aspect
n o n a c c o m p l i du procès.
Traduisez en roumain ces énoncés et observez les différences dans
l'expression du mode verbal.

16. Remplacez l'INFINITIF par un mode personnel et faites toutes les autres
modifications requises:
1. J'ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui PARLER véritablement,
jusqu'à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans (Saint-
Exupéry).
2. Le bruit s'enfle maintenant... Quand le pilote le sent COMBLER en lui
quelque chose de jusqu'alors inassouvi, il pense: « c'est bien »! (Saint-
Exupéry).
3. Pour REJOINDRE Mathilde, il lui faut REMONTER des profondeurs de
sa vie à l'extrême surface du passé le plus proche (Fr. Mauriac).
4. Ils virent, pendant quelques semaines encore, S'OUVRIR les persiennes
derrière lesquelles Fernand Cazenave passait des nuits blanches, étendu
sur le lit de Mathilde (Fr. Mauriac).
5. Aussi quand Baktian vint m'INFORMER de la présence de ces deux rois
étrangers et de leur suite dans la capitale de la Judée, ma première idée
fut de DEMEURER à l'écart de tout ce remue-ménage diplomatique
(M.Tournier).
La forme composée de l'INFINITIF marque l'aspect a c c o m -
p l i du procès et peut, en relation avec une autre forme verbale,
exprimer l'antériorité ou la postériorité temporelle.
Ainsi, précédé de APRÈS, l'infinitif composé permet l'expression de
l'antériorité dans le futur:
(1) Vous partirez, après avoir terminé votre travail =
Vous partirez quand vous aurez terminé votre
travail.
Comme tel, il est l'équivalent d'un futur antérieur.
Marqueur de l'antériorité dans le passé, l'Infinitif composé est
68 Mariana TUÞESCU

l'équivalent d'un plus-que-parfait:


(2) Après m'avoir défendu de parler, elle s'irritait à présent
de mon silence.
Précédé de POUR, l'infinitif passé marque l'accomplissement d'une
action antérieurement à une autre, dans un contexte de futur ou de
passé, avec une signification causale; soit, pour le passé:
(3) Pour n'avoir pas fait ses devoirs, Pierre fut puni par ses
parents.
L'Infinitif composé permet l'expression de la postériorité dans le futur
ou dans le passé, lorsqu'il est précédé de AVANT DE:
(4) Ne vendez pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
Compte tenu de ce fonctionnement, remplacez dans les propositions régies
par les énoncés ci-dessous, les formes verbales du passé ou du futur par
un infinitif composé; opérez aussi les autres modifications syntaxiques.
1. Comme il n'avait pas étudié, il fut collé à cet examen. / 2. Quand vous
aurez vidé votre sac, vous vous tairez. / 3. Avant qu'il ne soit parti, mon
oncle embrassa toute la famille et s'essuya une larme au coin des yeux. /
4. Vous me rendrez ce livre quand vous l'aurez terminé. / 5. Lorsque
vous serez arrivés au carrefour, vous tournerez à gauche, puis vous
longerez la première rue à droite. / 6. Ne donnez pas la voiture à votre
acheteur, avant que vous n'ayez dressé les actes de vente en bonne et
due forme.
18. Transformez les phrases suivantes de sorte à y remplacer le participe présent
par une proposition relative ou une subordonnée circonstancielle à verbe fini:
1. Ils protestent contre une mesure limitant les droits syndicaux. /
2. Nous devons prendre une décision concernant l’affaire dont je vous
ai parlé la semaine dernière. / 3. Ma fille étant malade, elle ne pourra
assister à cette conférence. / 4. La direction ayant refusé de prendre en
considération nos revendications, l’ensemble du personnel se mettra en
grève à partir de lundi 8 heures. / 5. Ne pouvant plus tenir debout, ce
vieillard alla s’asseoir. / 6. Les hirondelles volant très bas, effleuraient de
leurs ailes la surface luisante de l’étang. / 7. Le maître se plaît à
encourager les élèves persévérant courageusement dans leurs efforts. /
8. Méfiez-vous des beaux parleurs promettant toujours, mais ne
tenant aucune de leurs promesses.

19. Discernez les participes présents d’avec les adjectifs verbaux et précisez à
quel signe vous les reconnaissez:
1. Quel agrément bien séduisant que la conversation avec un ami
sachant beaucoup de choses et s’offrant complaisamment à vous en
faire part! / 2. Cet ami, se prêtant à tous nos désirs, partageant notre vie
quotidienne, calmant nos peines et dilatant nos joies, apportera à notre
âme l’aliment nourrissant ou le charme apaisant qu’elle souhaite. / 3. On
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 69

n’aime pas, dans la conversation, les personnages infatués d’eux-mêmes,


fatigant la compagnie du récit de leurs exploits. / 4. Même un travail
fatiguant devient agréable quand on l’accomplit de bon coeur.
20. Convertissez les gérondifs des énoncés ci-dessous en des propositions
circonstancielles à verbe fini:
1. Nous avons eu cette mauvaise surprise en rentrant de vacances. / 2. Ils se
sont quittés en pleurant. / 3. J’ai pris froid en attendant l’autobus. / 4. Je
lui ai évité des ennuis en ne disant rien. / 5. En démissionnant, tu lui fais
plaisir! / 6. Je sortis de ma rêverie en me sentant tiré par la manche (A.
France). / 7. Effrayé et ravi de cette aventure, je me rendis tout de suite à
l’endroit indiqué par le capucin, en marchant toutefois d’un pas tranquille,
qui me parut le plus avantageux (A.France).
21. Employez le participe présent ou l’adjectif verbal correspondant aux verbes
entre parenthèses; accordez, là où le cas s’y prête, la forme en -ant:
1. Une parole (PROVOQUER) engendre parfois de terribles querelles. /
2. C’est une odieuse politique que celle qui crée l’occasion d’intervenir dans
les affaires d’un État voisin en y (PROVOQUER) des troubles et des intrigues.
/ 3. Dans le paysage chargé de neige, tout est ouaté, les bruits mêmes sont
(DIFFÉRER) des bruits ordinaires. / 4. C’étaient des opinions (DIFFÉRER) sur
tous les points. / 5. Tel professeur est-il (EXIGER)? J’en doute. / 6. Il n’a pas
tort si, en (EXIGER) de vous beaucoup de travail, il n’a en vue que vos
progrès professionnels. / 7. Des boeufs (MUGIR) et des brebis (BÊLER)
venaient en foule, (QUITTER) les gros pâturages et ne (POUVOIR) trouver
assez d’étables pour être mis à couvert (Fénelon). /
8. Quelle sonorité (CHARMER) dans le chant du rossignol! Tantôt ce sont des
modulations (LANGUIR), tantôt ce sont des airs (PRÉCIPITER) les notes
comme une cascade (ÉPARPILLER) des gouttes irisées. / 9. Les circonstances
(AIDER), nous parviendrons au succès, si du moins nous nous sommes
assigné une tâche (CORRESPONDRE) à nos propres moyens et si nous
sommes énergiques et (PERSÉVÉRER). / 10. Déjà les premiers brouillards
s’étendent, (GRIMPER) au flanc des coteaux (JAUNIR) et (SUSPENDRE)
leurs écharpes (FLOTTER) à la cime des bois. / 11. Il est dommage que
certains de mes amis voient les événements en (DÉFORMER) leurs contours
et qu’ils les regardent ainsi à travers des verres (GROSSIR). / 12. Voici la pluie
(FRAPPER) mes vitres à petits coups rapides et (RUISSELER) sur les tuiles.
22. Transposez les participes passés des énoncés ci-dessous en des
propositions à verbe fini. Opérez les autres modifications syntaxiques
requises:
1. Entre les vases, dans un cadre de coquillages, trop grand pour elle, cette
photographie de Mathilde, découpée pieusement. Rangés devant le
cadre, le diamant minuscule des fiançailles, l’anneau, une paire de gants
blancs usagés. Enfin, au pied de ces reliques, écroulé dans le voltaire,
Fernand, la tête ballante, pris par le sommeil à la gorge (F.Mauriac).
2. Menacé de toute part, et sans autre défense que mon obscurité, je ne
70 Mariana TUÞESCU

pouvais envisager sans folle témérité de me jeter entre les mains du


tyran (M.Tournier).
3. Après tant d’années passées à l’étranger, nos enfants ont du mal à
s’adapter au système scolaire de chez nous.
4. Mes enfants élevés, je recommencerai à travailler.
23. Justifiez l’accord ou l’invariabilité des participes passés des verbes
conjugués avec AVOIR:
1. Nous avons toujours marché dans la voie de l’honneur. / 2. Toutes
les bonnes actions que nous avons accomplies ont réjoui le coeur de
nos parents. / 3. Si tu avais suivi tous les bons conseils que t’ont
donnés les personnes expérimentées, tu aurais acquis de remarquables
qualités. / 4. Chers amis, on vous a avertis des dangers que vous n’aviez
pas aperçus; ces dangers, les avez-vous toujours évités? / 5. Les petits
États ont toujours plus facilement prospéré que les grands. / 6. Les
leçons que vous avez bien suivies, vous les saurez à peu près quand
vous les aurez relues attentivement. / 7. Nous serons heureux quand
nous aurons terminé ces devoirs.

24. Accordez, là où il y a lieu, les participes passés en caractères gras;


expliquez votre démarche:
1. Nous nous persuadons plus facilement par les raisons que nous avons
trouvé nous-mêmes que par celles que d’autres nous ont donné. /
2. L’avare a-t-il jamais joui des trésors qu’il a accumulé? / 3. Ah! les beaux
génies qu’il a paru dans la Grèce antique! / 4. Depuis sa maladie, cette
personne ne pèse plus les quatre-vingts kilos qu’elle a pesé. / 5. L’entreprise
n’a pas été aussi difficile qu’on l’avait dit, elle a été cependant moins facile
que nous ne l’avions pensé. / 6. Toutes choses ayant été réglé par sa vanité
ou son amour-propre, l’insensé se persuade que les plus beaux succès lui
sont assuré. / 7. Ils se sont ouvert un passage à travers la foule. / 8. Après
ces deux mois de vacances que je m’étais accordé, je revins à mon travail,
pleine d’énergie et d’enthousiasme. / 9. Bien des souvenirs émouvants
s’attachent aux lieux où nous sommes né. / 10. Après de tels efforts, les dix
heures qu’il a dormi l’ont complètement rétabli. / 11. Un jour viendra où
nous perdrons tout, nos seuls mérites excepté. / 12. L’adversité, dit le poète,
peut tout chasser d’une âme, excepté la bonté. / 13. Vu les bons
antécédents de l’accusé, on lui a pardonné sa faute. / 14. Passé ces délais,
aucune réclamation ne sera admise. / 15. Vous trouverez ci-joint copie du
rapport que j’ai présenté à l’Assemblée générale. / 16. Veuillez me retourner
sans retard les documents ci-joint. / 17. Ci-inclus les factures relatives à
votre dernière commande; étant donné la tendance à la hausse, il serait
prudent, croyons-nous, de constituer un stock. / 18. Pensez aux années de
travail, aux souffrances qu’il a fallu à certains hommes pour assurer leur
existence!

25. Remplacez le présent des propositions régissantes par un passé et faites


les modifications nécessaires pour la proposition régie:
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 71

1. Ce malade sait qu’il va mourir sans pouvoir guérir. / 2. Nous pensons


qu’ils sont déjà arrivés et dans deux semaines ils nous enverront les colis
promis. / 3. Vous croyez qu’ils sont capables de taire la vérité? / 4. Je ne
crois pas qu’il puisse à ce point cacher la vérité. / 5. Je regrette que tu sois
parti sans faire tes adieux. / 6. Tu espères qu’il pourra te prêter ces revues
dans les plus brefs délais. / 7. Que tu aies enfin compris la situation me
réjouit beaucoup. / 8. Paul souhaite que son frère soit en pleine forme. / 9.
Bernard nous écrit qu’il a besoin d’argent. / 10. Pierre nous écrit qu’il aura
besoin d’argent pour faire ce voyage. / 11. Elle vient d’enlever son manteau
lorsqu’on sonne à la porte. / 12. Je ne sais pas si demain je pourrai sortir
faire des courses.

26. Mettez les verbes entre parenthèses à la forme adéquate pour exprimer la
s i m u l t a né i t é des actions, états ou événements:
1. Paul m’a confié qu’il (AIMER) ma nouvelle maison, qu’il s’y
(SENTIR) à l’aise. / 2. Le médecin nous dit que dans le cas de Colette
l’intervention chirurgicale (ÊTRE) inévitable. / 3. Il s’arrêta net; je vis
qu’il (AVOIR) encore à me dire quelque chose. / 4. Je savais qu’il
(VOULOIR) s’acheter une nouvelle voiture mais il n’(AVOIR) pas
l’argent nécessaire. / 5. Il était sept heures et demie; je lui rappelai qu’il
(DEVOIR) se dépêcher. / 6. Mon copain avait prétendu qu’il
(CONNAÎTRE) le problème; j’étais sûr qu’il se (TROMPER). / 7. Mes
parents m’avaient appris que j’(AVOIR) un ange gardien.

27. Remplacez les infinitifs entre parenthèses par les temps convenables pour
exprimer le rapport d’ a n t é r i o r i t é des actions, états ou
événements; faites les autres modifications entraînées par cette
transformation:
1. Je croyais que vous (VOIR) déjà ce film. / 2. Ma soeur m’a dit que
quelqu’un me (CHERCHER). / 3. Dans ma précédente lettre je te disais
que je (RECEVOIR) le colis qui me (FAIRE) un grand plaisir. / 4.
L’écrivain me confie qu’il (TRAVAILLER) à ce livre depuis longtemps et
qu’il y (RACONTER) les mésaventures de sa vie. / 5. Paul se rendait
compte qu’il (AVOIR TORT) d’abandonner ses études de médecine. / 6.
Elle me demande où je (PASSER) mes vacances. / 7. Je voulais savoir si
nos voisins (RENTRER) de leur campagne. / 8. Pierre demanda à Jacques
s’il lui (ARRIVER) quelque accident de vitesse. / 9. Il ignorait que sa fille
(FAIRE) une si bonne impression dans la réunion d’il y a une semaine. /
10. Marie souffrait à l’idée que son fils ne pas (POUVOIR) faire un
doctorat d’État.

28. Exprimez par le temps convenable des verbes entre parenthèses un


rapport de p o s t é r i o r i t é :
1. Le journaliste disait qu’il (VOULOIR) faire un reportage sur les coutumes
de ce beau pays. / 2. Mon ami me confiait que, vu son mauvais état de santé,
il n’(ALLER) jamais plus à l’étranger. / 3. Je savais que ces touristes (PARTIR)
72 Mariana TUÞESCU

dans deux jours à la montagne, où ils (PASSER) toutes leurs vacances. / 4.


Elle s’est rendu compte qu’elle ne (POUVOIR) jamais terminer cette étude
dans les deux semaines à venir. / 5. Je regrettais que mon amie ne (VENIR)
pas chez moi cet été. / 6. Je ne croyais pas qu’elle (ÊTRE) en retard à cause de
la grève des transports en commun. / 7. Elle estime que dans ce drame le
meilleur (ÊTRE) de ne plus se rappeler les tenants et les aboutissants de
l’affaire. / 8. Pauline prétendait qu’on nous (FAIRE) attendre les résultats du
concours plusieurs semaines et que, par conséquent, nous ne (DEVOIR) pas
nous en inquiéter. / 9. On convint qu’on (PRENDRE) un hôtel modeste et
qu’on (ALLER) déjeuner dans un Mac Donald. / 10. J’avais espéré que tu
m’(APPELER) dès ton arrivée à Paris.
29. Traduisez en français les phrases suivantes:
1. Maria mi-a spus c\ va veni s\ m\ vad\ dac\ timpul i-o va permite.
2. Din tot ce mi-ai spous în]eleg c\ nu vei putea participa la simpozionul nostru.
3. Mi-ar pl\cea s\ [tii toate detaliile acestei opera]iuni delicate.
4. Nu m\ a[teptam s\ refuze invita]ia noastr\.
5. Când ]i-a spus Paul c\ este dispus s\ vin\ la mine?
6. Cum puteam s\ [tiu c\ te preg\te[ti de plecare, când mi-ai spus de nenum\rate
ori c\ nu î]i plac c\l\toriile?
7. Nu credeam c\ îmi va trimite atât de curând revistele [i c\r]ile pe care i le
cerusem.
8. Am aflat de curând c\ prietenii t\i s-au mutat într-un bloc nou; apartamentul
lor, de patru camere, se afl\ la parter.
9. Nu voiam s\ mai [tii ce li s-a întâmplat; speram ca aceasta s\ fie ultima
nenorocire.
10. Doctorul anun]ase familia c\ bolnavul î[i va reveni în momentul în care se vor
a[tepta cel mai pu]in (la aceasta).

30. La règle du SI conditionnel exige une concordance des temps. Soit les
trois phrases:
a) S’il fait beau, je resterai quelques jours de plus.
b)S’il faisait beau, je resterais quelques jours de plus.
c) S’il avait fait beau, je serais resté quelques jours de plus.
Complétez les phrases suivantes en utilisant des verbes aux formes imposées
par l’époque temporelle impliquée:
1. Si tu as soif ...............................
2. Si tu avais soif ..........................
3. Si tu avais eu soif, ........................
4. Si je suis reçu.................................
5. Si j’étais reçu ...............................
6. Si j’avais été reçu.........................
7. Si nous avons de ses nouvelles .........................................
8. Si nous avions de ses nouvelles .......................................
9. Si nous avions eu de ses nouvelles ....................................
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 73

31. Lorsqu’on veut exprimer deux conditions coordonnées par ET/OU on


utilise SI... et QUE + SUBJONCTIF.
Modèle: Si Pierre téléphone et qu’il fasse allusion à mon
voyage, dis-lui que tu n’es pas au courant.
Modifiez la construction des phrases suivantes en introduisant par QUE la
conditionnelle hypothétique en gras:
1. Si cet homme tombe malade et s’il vient à mourir, que deviendront
sa femme et ses enfants?
2. Si vous suivez une bonne méthode et si vous êtes persévérant, vous
ne manquerez guère de réussir.
3. Si nous nous examinons sérieusement et si nous prenons des
résolutions énergiques, nous deviendrons bientôt meilleurs.
4. Bien des gens vivent comme s’ils n’avaient aucun souvenir du passé ou
comme s’ils devaient vivre toujours.
5. Si j’oubliais les bienfaits de mes parents ou si j’étais insensible à leurs
peines, je serais bien ingrat.
6. Si vous ouvrez la porte à une mauvaise habitude et si vous la laissez
s’installer, elle commandera bientôt en maîtresse.

32. Reliez chaque proposition hypothétique à la suite qui peut lui


correspondre; vous avez parfois plusieurs possibilités. Pourquoi?
Si le soleil se lève nous passerons par la montagne
Si vous n’étiez pas si fatigués nous passions par la montagne
Si la route était verglacée nous passons par la montagne
Si la route est verglacée nous passerions par la montagne
Si nous étions partis plus tôt nous serions passés par la montagne
Si j’avais su qu’ils ne viennent pas

33. Des formes verbales identiques peuvent correspondre à des époques


différentes. Soit les structures hypothétiques suivantes:
1. Si j’avais déménagé le mois dernier, comme prévu, je serais rentré dans
un appartement sans eau ni électricité!
2. Si j’avais déménagé aujourd’hui, avec cette pluie, tous mes meubles
auraient été trempés.
3. Si j’avais déménagé dans deux mois, j’aurais pu profiter de l’autoroute.
A quelle époque se situe l’action indiquée par le verbe de la proposition
hypothétique, le fait supposé? A quel temps est ce verbe?
Vous imaginerez avant ou après chacune de ces phrases un contexte
permettant d’éclairer la valeur des formes verbales employées.

34. Une même époque peut être désignée par des formes verbales différentes.
Soit les phrases suivantes, témoignant de l’époque PRÉSENTE
(AUJOURD’HUI):
74 Mariana TUÞESCU

1. Si je n’ai plus de fièvre, je partirai avec vous.


2. Si je n’avais plus de fièvre, je partirais avec vous.
3. Si je n’avais plus eu de fièvre, je serais parti avec vous.
Voici trois contextes: pouvez-vous employer indifféremment l’une ou l’autre
des trois phrases ci-dessus dans chacun des contextes proposés?
(a) - J’ai scrupuleusement suivi le traitement; je me sens beaucoup mieux;
je vais prendre ma température!...
(b) - J’ai scrupuleusement suivi le traitement, je me sens beaucoup mieux;
je vais prendre la température; ... mais j’ai bien peur de n’être pas tout à
fait guérie.
(c) - Je me sens beaucoup mieux; ...; malheureusement la température
n’est pas tombée complètement, il vaut mieux que j’attende encore
vingt-quatre heures.
35. Mettez les verbes entre parenthèses au mode et au temps convenables;
vous remarquerez que toutes les subordonnées sont des hypothétiques
introduites par SI ou une locution conjonctionnelle: AU CAS OÙ, POUR
PEU QUE, À MOINS QUE, SOUS CONDITION QUE, À LA CONDITION
QUE, POURVU QUE etc.
1. Si on (ÊTRE) plus modéré, on vivrait plus heureux. / 2. S’il (POUSSER)
plus loin son indiscrétion, il aurait pu remarquer bien des choses. / 3. Qu’est-
ce que tu rétorqueras si je te (DIRE) que je connais déjà le secret de cette
histoire? / 4. Au cas où votre méthode de travail vous (PARAÎTRE)
évidemment mauvaise, n’hésitez pas à en suivre une autre. / 5. Je consens
que vous fuyiez le danger, mais à la condition qu’en le fuyant, vous ne
(FUIR) pas le devoir. / 6. Pascal disait que si la géométrie (S’OPPOSER) à nos
passions, nous n’en raisonnerions pas si bien. / 7. Si j’(ÉTUDIER), j’aurais
certainement su. / 8. Qui sait de quoi il serait capable, mon fils, si je le
(LAISSER) en faire à sa tête. / 9. Comment nos parents réagiraient-ils s’ils
(APPRENDRE) la fin de cette histoire? / 10. Jusqu’où (ALLER)-tu si on ne
t’avait pas arrêté à temps? / 11. Si je l’avais su, je te le (DIRE), sois-en sûr! /
12. Je saurais lui répondre si je ne (CRAINDRE) pas de le blesser. / 13. A
moins que Pierre ne (ÊTRE) un monstre, ce drame le touchera toujours. / 14.
L’égoïste exhorte volontiers les autres à supporter les épreuves de la vie,
pourvu que lui-même (JOUIR) de toutes ses aisances. / 15. Si j’(ÊTRE) à
votre place, j’accepterais volontiers cette offre.
36. Continuez les phrases suivantes, en mettant à la place des points de
suspension la proposition au verbe convenable par la forme et le sens:
1. Il m’a dit qu’il viendrait si... / 2. Il m’a dit qu’il serait venu si... / 3. Il
pensait qu’il aurait pu venir si... / 4. J’aurais été peiné si on... / 5. Dites-lui
que je ferai tout ce qu’il voudra si... / 6. Qu’aurait-il dit si... / 7. Que feriez-
vous si... / 8. Même si vous ne vouliez pas m’écouter... / 9. Il le fera bon gré
mal gré si... / 10. Tu aurais pu ne pas le dire si... / 11. Il serait venu même si...
/ 12. Elle savait que Paul serait obligé de partir si... / 13. Nous aurions aimé
lui dire la vérité si... / 14. J’irais avec vous si... / 15. Jacques ne serait pas
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 75

tombé malade si...


37. Traduisez en français:
1. A[ veni la tine dac\ a[ [ti c\ nu te deranjez [i pot s\ te ajut.
2. Mama ar fi fost desigur nelini[tit\ dac\ nu ar fi primit la timp ve[ti de la noi.
3. Î]i spun adev\rul cu condi]ia s\ taci [i s\ încerci s\ ui]i tot ce a fost între noi.
4. Voi veni s\ te iau cu ma[ina la plimbare, numai s\ nu plou\ [i s\ nu fie
alunecu[.
5. Crezi c\ vei putea s\-mi faci acest serviciu? M\ îndoiesc.
6. To]i cei care îl frecventau ar fi fost nepl\cut surprin[i dac\ ar fi [tiut ce
gânde[te despre ei.
7. M\ întreb cum te-ai fi descurcat dac\ nu a[ fi fost aici s\ te ajut.
8. Nu te-ai îngr\[a [i nu ai avea insomnii dac\ ai merge mai mult pe jos.
9. Spune-mi, te rog, dac\ ai putea s\-mi împrumu]i pentru vreo câteva zile aceste
cursuri; dac\ nu, va trebui s\ m\ adresez altui coleg.
10. Acest accident nu s-ar fi produs dac\ [oferul ar fi condus cu mai mult\ aten]ie.
11. Dac\ este s\n\tos [i are putere de munc\, acest scriitor î[i va termina romanul
început acum cinci ani în dou\ luni.
12. - Ce-ai zice de o plimbare cu barca pe lacul Snagov?
- A[ accepta cu pl\cere, numai s\ nu înceap\ s\ plou\.
13. V\ cer scuze c\ nu am venit la acest recital; nu am [tiut ora. Dac\ a[ fi [tiut-o,
fi]i siguri c\ a[ fi venit cu pl\cere.
14. Dac\ voi ajunge vreodat\ la Paris, m\ voi duce la Centrul Pompidou [i la
Biblioteca Na]ional\ a Fran]ei.
15. De team\ s\ nu fac\ gre[eli de limb\, nu îndr\zne[te s\ deschid\ gura. Dac\ n-
ar avea vârsta pe care o are, fi]i siguri c\ ar vorbi f\r\ s\ se gândeasc\ la
eventualele gre[eli.

38. Il y a deux types de temps: temps de re et temps de dicto. L’axe de re


est celui où se situent les événements; l’axe de dicto est celui où
s’opère la prise en charge des propositions par le locuteur.
Ainsi, par exemple, le futur dit « de conjecture » est un temps de dicto: Il
aura manqué son train = «Il a sans doute manqué son train».
Le futur accompagné d’un circonstant de temps est un temps de re:
Il partira dans deux jours à la montagne.
L’usage de dicto, joint à l’aspect perfectif ou imperfectif, peut
conduire, dans le système hypothétique, à d’intéressantes
interprétations de « potentiel » ou d’« irréel ».
Comme R.Martin l’a démontré, l’emploi de l’IMPARFAIT après SI
dans la protase, témoignant de re de l’inaccompli, amène de dicto
une « falsification en cours » du procès.
76 Mariana TUÞESCU

Le cours naturel de si + IMPARFAIT conduit à l’irréel:


- Si j’étais plus travailleur, mais hélas...
Ce mouvement est pourtant contrarié par divers facteurs discursifs,
en sorte que l’effet produit est alors celui d’une potentialité
minimale.
- Si je réussissais..., Si la bombe explosait..., Si j’avais un peu plus de
courage...
Par le regard vers l’avenir, tous ces énoncés s’interprètent
préférentiellement par le p o t e n t i e l . Le contexte peut
invalider cet effet, mais, en principe, la p e r f e c t i v i t é
retient l’IMPARFAIT dans le p o t e n t i e l. La séquence si
jamais confère à l’énoncé la valeur potentielle:
- Si jamais elle pouvait taire cette vérité...
En protase, si + PLUS-QUE-PARFAIT marque de re l’aspect accompli
et de dicto une falsification acquise, donc un i r r é e l.
- Si j’avais travaillé...
Mais, dans certaines conditions discursives, ce PLUS-QUE-PARFAIT
peut marquer un effet de p o t e n t i a l i t é, et donc de dicto une
falsification en cours:
- Si j’avais terminé cette étude ce soir, je pourrais sortir prendre un peu
d’air.
- Ah, si j’avais réussi... (J’attends les résultats).
- Si j’avais gagné à la loterie, qu’est-ce que tu dirais (refus de dire ce
que je sais).
Dans le cas où le PLUS-QUE-PARFAIT a la valeur de dicto d’irréel, la
valeur d’accompli de re peut être fournie moyennant une forme
surcomposée:
- Si j’avais eu terminé cet article demain soir, j’aurais pu venir vous
accueillir à l’aéroport.
Compte tenu de ces considérations, explicitez la signification des énoncés
suivants par le recours aux valeurs de potentiel et d’irréel; dites dans
quel(s) cas vous aurez affaire de dicto à une falsification en cours ou à
une falsification acquise du procès décrit:
1. Si tu ouvrais la fenêtre, tu verrais le magnolia en fleur.
2. Donne quelques sous à ce mendiant, si jamais tu pouvais le faire.
3. Si tu avais ouvert la fenêtre, tu aurais vu le magnolia en fleur.
4. S’il revenait, je lui dirais de ne plus nous quitter.
5. Si j’étais à nouveau en bonne santé l’an prochain, je pourrais
aller en Espagne.
6. Si j’avais été en pleine forme, je serais parti en Espagne, mais
hélas!... j’ai toujours du mal à bouger.
7. Si j’avais 10 000 francs, mais hélas ...
8. Si par hasard tu avais 10 000 francs, pourrais-tu m’en prêter?
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 77

9. Si sa mère était entrée, il lui eût crié: « Je ne veux pas que


Mathilde soit morte!» (Fr. Mauriac).
10. Si j’avais pu éviter cet accident, combien j’en serais contente!
11. - Que ferais-tu, si Ernest avait dix-sept ans au lieu d’en avoir six,
et s’il engrossait la fille de cuisine? (M.Yourcenar)
12. Je m’emplissais les yeux, le coeur, l’âme du spectacle de tant de sérénité,
afin de pouvoir y revenir par la pensée et y puiser un réconfort si la passion
venait un jour frapper à ma porte (M.Tournier)
13. J’aurais été déçu si j’avais sincèrement attendu de lui qu’il me
détournât de Biltine (M.Tournier).
39. La conjonction SI recouvre différentes valeurs sémantico-syntaxiques.
Marqueur général d’un acte de SUPPOSITION, SI rattache deux propositions
P et Q et exprime de nombreuses valeurs discursives, parmi lesquelles il faut
citer: l’implication (si, alors Q), l’inférence (si P, c’est parce que Q; on
appelle ce SI « inversif »), l’habitude (paraphrasable par « chaque fois que
»), la concession (si équivaut à même si ), le contraste (« si l’on admet
que..., alors on doit admettre que...»), l’adversation (« s’il est vrai que... en
revanche...»), la restriction (« dans la mesure où...»), la présupposition («
en admettant que... »).
Analysez les différentes valeurs de SI dans les énoncés suivants et proposez
des paraphrases explicatives pour chacun d’eux:
1.Si le vent soufflait, toutes les husseries vibraient.
2.Il n’aurait pas raté le rendez-vous s’il avait trouvé un taxi.
3.Si tu prêtes l’oreille à tous les on-dit, tu finiras par ne plus savoir ce qui
est vrai et ce qui ne l’est pas.
4.Eh bien, si tu veux le savoir, j’ai refusé!
5.Même s’il y a du verglas, je prendrai la voiture.
6.Si tu rentres assez tôt, nous irons nous baigner.
7.Si Pierre est à Paris, il y restera certainement un certain temps.
8.Si tu veux venir, tu as le droit.
9.Si tu as faim, il y a une tarte aux oranges dans le buffet.
10.Si je la voyais, j’étais heureux.
11.Si les scientifiques ont aujourd’hui raflé le sceptre et la couronne aux
littéraires, c’est parce que le groupe a démodé l’individu.
12.Même si je n’eusse pas su quelle était la mère de Céline, ses yeux seuls
me l’auraient appris (M.Genevoix).
13.Est-ce que vous viendrez me chercher, s’il pleut?
14.Si c’est difficile, je le ferai pour te faire plaisir.
15.Si Varsovie est la capitale de la Pologne, Cracovie en est le coeur.
16.Si les deux premiers jours furent ensoleillés, il en fut tout autrement le
reste du temps.
17.S’il avait été muet, il n’aurait pas pu être plus silencieux.
18.Il ne descend plus en ville, sauf si quelque chose de spécial l’y oblige.
19.Si je te le dis, tu le sais; si je ne te le dis pas, tu l’inventes.
20.Si l’appartement n’était pas très grand, il était très confortable.
21.Si je te le dis, c’est pour que tu le saches.
78 Mariana TUÞESCU

22.S’il n’est pas venu, c’est par discrétion.

40. Dans les phrases suivantes, remplacez SI par d’autres mots subordonnants
(AU CAS OÙ, À MOINS QUE, POURVU QUE, À LA CONDITION QUE
etc.). Veillez aux modifications de la forme du verbe:
1. Si vous allez chez le fromager, j’aimerais que vous me rapportiez une boîte
de camembert. / 2. Si je ne suis pas à la gare, prenez un taxi. / 3. Si vous nous
prévenez, nous irons vous chercher à l’aéroport. / 4. Je vous prête mon
matériel, si vous me promettez d’être le seul à vous en servir. / 5. Il peut tout
comprendre si on se donne la peine de lui expliquer. / 6. Si tu as besoin
d’une voiture, tu peux toujours prendre la mienne. / 7. Je vous
accompagnerai volontiers, si cela ne vous gêne pas.

41. Mettez en français les textes suivants:


I. Domnul Iancu Viezureanu a fost [ef de birou la Culte; are pensie cam mic\. Dac\ n-ar
fi proprietar [i n-ar da cu chirie o cas\ ro[ie cu trei od\i, în col]ul str\zii, ar muri de
foame (I.A.Bassarabescu).
II. De altfel Ion însu[i tr\ia într-o tulburare atît de ciudat\, c\ aproape nu-[i d\dea
seama ce mai voia [i unde vrea s\ ajung\. De cînd a înfruntat pe Vasile Baciu i se
p\rea c\ toat\ lumea îl du[m\ne[te [i totu[i se sim]ea mai fericit ca totdeauna. Aci era
de o veselie uimitoare, glumea cu cine-i ie[ea în cale, aci se înfuria [i suduia din senin,
c\utînd oricui ceart\ [i b\taie. Mai ales cînd îi pomenea cineva de Ana se zbor[ea [i
fulgera: ba în cele din urm\ ajunse s\ vad\ un vr\jma[ de moarte în oricine rostea în
fa]a lui numele ei sau pe al lui Vasile.
Într-o duminec\, tocmai în vremea liturghiei, b\tu crunt pe tat\l s\u, pentru c\ îl
sf\tuise, foarte pe departe, s\ caute s\ se în]eleag\ cu Vasile Baciu, c-ar fi auzit c\
acuma ar fi bucuros s\-i dea fata [i chiar o zestre frumoas\.
Avea uneori clipe când î[i zicea c\ se poart\ ca un prost\nac, alergând dup\ cai verzi,
în loc s\ stea de vorb\ cum se cuvine [i s\ încerce o învoial\ cinstit\. Se gândea atunci
c\ Vasile Baciu, înc\p\]ânat cum e, poate s\ se r\zgândeasc\, s\ lase pe Ana s\ nasc\
[i s-o ]ie ac\s\ cu copilul pân\ va veni altul s-o cear\ de nevast\. (L.Rebreanu).

2.2. Les temps

1. Élément déictique, le TEMPS est une catégorie verbale qui se


définit par la référence chronologique du moment de
l’énonciation ou moment où l’on parle.
L’opposition fondamentale qui s’établit à l’intérieur du système
temporel est celle entre temps i n d i v i s (ou « omnitemporel »)
et temps d i v i s é (ou temporel)
Le temps i n d i v i s est « celui qui transcende la distinction du
passé, du présent et du futur, qui, elle, constitue l’essence du
temps d i v i s é (Paul Imbs).
La forme privilégiée du temps indivis est le PRÉSENT, qui a
souvent été qualifié de temps non marqué, temps apte à rendre
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 79

toutes les valeurs temporelles.


Cette plasticité du PRÉSENT a amené Holger Sten à affirmer
que: « le présent tient du caméléon ».
Le PRÉSENT est constitué du PASSÉ qui vient de s’écouler et du
FUTUR qui s’amorce; il a, selon l’expression de Gustave
Guillaume, « un pied dans le futur, un pied dans le passé ».
En même temps, le PRÉSENT peut traduire les nuances de
l’aspect n o n - a c c o m p l i.
Le temps divisé sert à localiser le procès de l’énoncé dans l’une
des deux grandes divisions PASSÉ /vs/ FUTUR, le PRÉSENT
n’étant que l’unité qui assure la ligne de partage entre deux
époques; c’est ce qui a amené la thèse de Gustave Guillaume sur
« la double action séparative du présent ».
C’est par rapport au PRÉSENT que s’établissent le PASSÉ et le
FUTUR.
Analysez les valeurs du PRÉSENT dans les textes suivants:
(I) Garlaban, c’est une énorme tour de roches bleues, plantée au bord du
Plan de l’Aigle, cet immense plateau rocheux qui domine la verte vallée
de l’Huveaune.
La tour est un peu plus large que haute: mais comme elle sort du
rocher à six cents mètres d’altitude, elle monte très haut dans le ciel.
(M.Pagnol).
(II) Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures,
l’ordre des années et des mondes. Il les consulte d’instinct en s’éveillant
et y lit en une seconde le point de la terre qu’il y occupe, le temps qui
s’est écoulé jusqu’à son réveil. (M.Proust)
(III) (L’Empereur Hadrien parle ) « ... J’ai soixante ans. /.../ Je n’en suis pas
moins arrivé à l’âge où la vie, pour chaque homme, est une défaite
acceptée. /.../ Comme le voyageur qui navigue entre les îles de
l’Archipel voit la buée lumineuse se lever vers le soir, et découvre peu
à peu la ligne du rivage, je commence à apercevoir le profil de ma
mort. (M.Yourcenar).
(IV) Charles de Gaulle: Télégramme à M. Winston Churchill, à Londres.)
Le Caire, 7 juin 1941
Je reçois à l’instant votre message du 6 juin. Je me sens en plein accord
avec vous pour que notre politique commune à l’égard des Arabes, comme à
tous égards, soit mutuellement confiante. Je vous remercie profondément
de votre pensée pour mes troupes. Quoi qu’il arrive, les Français Libres
sont décidés à combattre pour vaincre avec vous en alliés fidèles et résolus.
(Général Charles de Gaulle)
(V) Le buffet d’une gare de province. Scène entre Orphée, qui joue
doucement dans un coin, et son père, absorbé dans des comptes sordides
devant deux verres vides.
LE PÈRE: Fiston?
ORPHÉE, sans cesser de jouer: Papa?
LE PÈRE: Tu n’as tout de même pas l’intention de faire faire la quête à
80 Mariana TUÞESCU

ton vieux père dans un buffet de gare, fiston?


ORPHÉE: Je joue pour moi.
LE PÈRE continue: Un buffet de gare où il n’y a d’ailleurs qu’un seul
consommateur qui fait semblant de ne pas écouter. On la connaît, la
ficelle. Ils font semblant de ne pas écouter et puis après ils font
semblant de ne pas voir l’assiette qu’on leur tend. Mais moi je fais
semblant de ne pas voir qu’ils font semblant.
(Un instant pendant lequel Orphée continue à jouer.)
Ça t’amuse tant que cela, toi, de jouer du violon? Je me demande
comment, étant musicien, tu peux encore aimer la musique. Moi,
quand j‘ai bien raclé pour les imbéciles qui jouent aux cartes dans une
brasserie, je n’ai qu’une envie...
ORPHÉE, sans s’arrêter: Aller jouer aux cartes dans une autre brasserie.
(J.Anouilh)
(VI) A midi, les restaurants se remplissent en un clin d’oeil. Très vite, de
petits groupes qui n‘ont pu trouver de place se forment à leur porte. Le
ciel commence à perdre sa lumière par excès de chaleur. (A.Camus)

2. LE PRÉSENT, en tant que temps du sujet parlant - écrivait Paul


Imbs - représente du t e m p s v é c u, par opposition à tous les
autres moments du temps, qui représentent du t e m p s r e p r
é s e n t é, c’est-à-dire pensé.
Caméléonesque, le PRÉSENT peut appartenir soit à l’axe du
r é c i t (on parle alors d’un présent ‘omnitemporel’), soit à l’axe
du d i s c o u r s (il s’agit alors d’un présent ‘actualisé’.
Précisez de quel présent il s’agit dans les textes suivants: présent
omnitemporel ou présent actualisé? Justifiez votre réponse:

(I) Trop souvent sous-estimé, voire totalement ignoré, le milieu minéral est
donc l’objet d’atteintes de toutes sortes ponctuellement graves, aux multiples
conséquences. Interrogés, les responsables de ces atteintes, après une réaction
de surprise traduisant l’ignorance de leurs responsabilités, croient tous au
caractère infime, voire négligeable de leurs actes en ce domaine: « Ce ne sont
que griffures peu importantes par rapport à l’immensité infinie de la Nature!»
(P.Pellerin)
(II) Sans doute je rêve. Je suis au collège. J’ai quinze ans. Je résous avec
patience mon problème de géométrie. Accoudé sur ce bureau noir, je me
sers sagement du compas, de la règle, du rapporteur. Je suis studieux et
tranquille. Des camarades, autour de moi, parlent à voix basse.
L’un d’eux aligne des chiffres sur un tableau noir. Quelques-uns,
moins sérieux, jouent au bridge. De temps à autre je m’enfonce plus
loin dans le rêve et jette un coup d’oeil par la fenêtre. Une branche
d’arbre oscille doucement dans le soleil. Je regarde longtemps. Je suis
un élève dissipé... (A.de Saint-Exupéry).

3. Le système temporel français s’organise dans deux grands


II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 81

groupes ou deux plans d’énonciation: le système du RÉCIT ou de


l’HISTOIRE et celui du DISCOURS ou de l’ÉNONCÉ.
Le RÉCIT est totalement coupé de l’instance énonciative (celui
qui parle, le locuteur ou l’énonciateur), la référence au moment
de l’énonciation se faisant indirectement par un point de
référence du passé ou du futur. Selon Em.Benveniste, le récit est
« le mode d’énonciation qui exclut toute forme linguistique
« autobiographique »». L’historien ne dira jamais JE ni TU, ni ICI ni
MAINTENANT, parce qu’il n’empruntera jamais l’appareil formel
du discours, qui consiste d’abord dans la relation JE: TU. On ne
constatera donc dans le récit historique strictement poursuivi que
des formes de 3-ème personne.
Le DISCOURS, par contre, est conçu comme « toute énonciation
supposant un locuteur et un auditeur, et chez le premier
l’intention d’influencer l’autre en quelque manière »
(Benveniste). Écrit autant que parlé, ce système d’énonciation
revêt une multitude de formes d’expression, de la conversation
triviale à la harangue la plus ornée, des correspondances et des
mémoires aux ouvrages didactiques et aux pièces de théâtre,
« bref, tous les genres où quelqu’un s’adresse à quelqu’un,
s’énonce comme locuteur et organise ce qu’il dit dans la
catégorie de la personne» (Benveniste).
Les temps du RÉCIT, axe de ALORS, LA VEILLE, LE LENDEMAIN,
sont le PASSÉ SIMPLE, l’IMPARFAIT, le
PLUS-QUE-PARFAIT, le CONDITIONNEL (le temps en -rait), le
FUTUR PÉRIPHRASTIQUE (tel que: il allait partir, il devait tomber).
Le Discours, axe de JE-ICI-MAINTENANT, axe des substituts
adverbiaux MAINTENANT, HIER, DEMAIN, emploie tous les temps
verbaux sauf le passé simple. Ses temps prioritaires sont: le
PRÉSENT, le PASSÉ COMPOSÉ, l’IMPARFAIT, le FUTUR.
L’IMPARFAIT est donc commun aux deux systèmes.
Vu cette importante distinction dans le système temporel français,
distinction qui génère, comme on le verra plus loin, deux types de
discours ou de texte, caractérisés par des marqueurs différents, décelez
par l’analyse des temps verbaux l’axe du RÉCIT et l’axe du DISCOURS
dans le texte suivant:
Le soir, quand les deux hommes pénétrèrent dans la chambre de
Rambert, celui-ci était étendu. Il se leva, emplit les verres qu’il avait
préparés. Rieux, prenant le sien, lui demanda si c’était en bonne
voie. Le journaliste dit qu’il avait fait à nouveau un tour complet,
qu’il était arrivé au même point et qu’il aurait bientôt son dernier
rendez-vous. Il but et ajouta:
« Naturellement, ils ne viendront pas.
- Il ne faut pas en faire un principe, dit Tarrou.
82 Mariana TUÞESCU

- Vous n’avez pas encore compris, répondit Rambert, en haussant les


épaules.
- Quoi donc?
- La peste.
- Ah! fit Rieux.
- Non, vous n’avez pas compris que ça consiste à recommencer.»
Rambert alla dans un coin de sa chambre et ouvrit un petit
phonographe. (A.Camus)

4. Temps fondamental du récit, le PASSÉ SIMPLE, qui est spécifique


à la langue écrite, littéraire, projette dans le passé les é v é n e m
e n t s , qui se présentent par nature en série et constituent ainsi
une h i s t o i r e. L’emploi du PASSÉ SIMPLE est étroitement lié
à la notion d’é v é n e m e n t1. Un événement passé rapporté au
PASSÉ SIMPLE est un fait entièrement révolu et sans lien
exprimé avec la pensée et l’expérience actuelles du locuteur.
Quand un tel rapport est envisagé, ne s’agirait-il que du désir de
marquer qu’un fait passé est vu selon la perspective ou la
croyance de celui qui le rapporte, la langue (écrite) aura recours
au PASSÉ COMPOSÉ.
Exprimant l’antériorité par rapport à un passé, le PASSÉ
SIMPLE marque l’événement dans son unicité, événement qui
n’est pas censé se répéter; cet événement est encore vu d u
d e h o r s, dans sa g l o b a l i t é. Selon les contextes de son
emploi et le sémantisme du verbe, le PASSÉ SIMPLE peut
exprimer l’aspect p o n c t u e l. Le plus souvent, ce temps se
groupe en série dans une relation d’événements successifs qui
forment une histoire, qui se déroule dans un ordre irréversible,
chronologique.
Temps propre à la langue écrite et littéraire, il apparaît comme
livresque et, par conséquent, il ne s’est jamais employé dans la
langue parlée.
Chez les écrivains modernes, le PASSÉ SIMPLE est fortement
concurrencé non seulement par le PRÉSENT, mais aussi par
l’IMPARFAIT, cet IMPARFAIT nommé ‘pittoresque’.
Compte tenu de ce fonctionnement, expliquez l’emploi du PASSÉ SIMPLE
Un é v é n e m e n t est « un fait qui se détache des circonstances au milieu desquelles il se produit.
1

Ces circonstances peuvent le porter, en expliquer la genèse, ou simplement l’entourer ou


l’accompagner, mais le caractère essentiel de l’événement est qu’il s’en détache comme le fruit
mûr se détache de l’arbre et continue à exister sans lui. /.../
Un événement produit sur le témoin (assistants, auditeurs, lecteurs etc.) une impression de
nouveauté qui le pousse, ne fût-ce qu’un instant, au premier plan de l’actualité ou du moins de
l’intérêt. D’où la valeur stylistique du passé simple et parfois l’effet de surprise qu’il produit. /.../
Un événement rapporté au passé simple est caractérisé par son unicité; en principe il n’est pas considéré
par le narrateur comme s’étant répété ou comme devant se répéter. Une série d’événements qui se
répètent un nombre indéfini de fois, même s’ils se présentent dans un certain ordre qui les organise en
récit, sont rapportés à l’imparfait et non au passé simple » (P. Imbs).
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 83

dans le texte suivant:


Candide ne prit point courage, mais il suivit la vieille dans une masure: elle
lui donna un pot de pommade pour se frotter, lui laissa à manger et à boire;
elle lui montra un petit lit assez propre; il y avait auprès du lit un habit
complet . « Mangez, buvez, dormez, lui dit-elle.»
Candide, toujours étonné de ce qu’il avait vu, de ce qu’il avait souffert,
et encore plus de la charité de la vieille, voulut lui baiser la main. « Ce
n’est pas ma main qu’il faut baiser, dit la vieille; je reviendrai demain.
Frottez-vous de pommade, mangez et dormez.»
Candide, malgré tant de malheurs, mangea et dormit. Le lendemain, la
vieille lui apporte à déjeuner, visite son dos, le frotte elle-même d’une
autre pommade; elle lui apporte ensuite à dîner; elle revient sur le soir,
et apporte à souper. Le surlendemain, elle fit encore les mêmes
cérémonies. (Voltaire)
Comment caractérisez-vous le discours direct, l’axe de JE - ICI -
MAINTENANT inséré dans ce récit? Quelles en sont les formes temporelles et
modales?
Quelle fonction assure le PRÉSENT dans le micro-récit final? Comment
justifierez-vous l’alternance PRÉSENT ~ PASSÉ SIMPLE dans cette
séquence narrative? Y voyez-vous des couches successives ou alternatives
d’événements?

5. Temps typiquement anaphorique, spécifique au récit comme au


discours, l’IMPARFAIT traduit la durée ou le temps continu « sur
lequel notre intelligence découpe les moments discontinus où se
produisent les événements » (P.Imbs). En corrélation avec un PASSÉ
SIMPLE, il sert à marquer les circonstances antérieures au milieu
desquelles surgit l’événement.
Doué d’une grande force suggestive, l’IMPARFAIT connaît de
nombreuses valeurs: c’est le temps des descriptions, des
commentaires ou réflexions sur l’action principale, du fond de
décor de l’action principale; l’IMPARFAIT ‘d’ouverture’, qui est
le pendant de l’IMPARFAIT ‘de rupture’ ou ‘de clôture’, marque
le premier événement d’un récit quelque peu long.
L’IMPARFAIT ‘pittoresque’, employé à la place du passé simple,
évoque des faits uniques disposés en série, mais vus dans leur
durée intérieure.
L’IMPARFAIT exprime l’aspect non achevé; c’est pourquoi on l’a
qualifié de “présent en cours dans le passé“. L’IMPARFAIT ‘de
tentative’ évoque une action déjà en cours, mais qui n’a pu
s’engager entièrement à la suite d’un événement imprévu.
Dans le système narratif, l’IMPARFAIT est le temps des faits,
même nouveaux, conçus comme ayant une certaine durée
intérieure; son corrélat, le PASSÉ SIMPLE, exprime les faits
nouveaux conçus comme ayant un aspect ponctuel et un
84 Mariana TUÞESCU

caractère événementiel.
L’IMPARFAIT de style indirect peut apparaître soit en
subordonnée, soit en proposition indépendante. Il est aussi un
temps fondamental du système hypothétique. Sa valeur modale
est rattachée à l’irréalité, quand elle n’exprime pas un désir, ou
une atténuation.
Vu cette description des valeurs de l’IMPARFAIT, expliquez l’emploi de ce
temps dans les textes suivants:
(I) Quand le mistral ou la tramontane ne soufflaient pas trop fort, je
venais me mettre entre deux rochers au ras de l’eau, au milieu des
goélands, des merles, des hirondelles, et j’y restais presque tout le jour
dans cette espèce de stupeur et d’accablement délicieux que donne la
contemplation de la mer. /.../ (A.Daudet)
(II) Nous étions à l’étude, quand le Proviseur entra, suivi d’un nouveau
habillé en bourgeois et d’un garçon de classe qui portait un grand
pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme
surpris dans son travail. (G.Flaubert)
(III) Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était
pas le théâtre et le drame de mon coucher, n’existait plus pour moi,
quand, un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère,
voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon
habitude, un peu de thé. (M.Proust)
(IV) Autour de la maison, la pluie endormante chuchotait. M. Jérôme
avait ses douleurs de chaque hiver dans l’épaule gauche et geignait.
Mais Noémi allait mieux. Elle s’obligeait à un effort quotidien pour
détourner Jean de ses projets de voyage; elle avait promis au Ciel de
tenter l’impossible pour qu’il demeurât près d’elle.»(Fr.Mauriac)
(V) Comme il savait bien qu’il la mangerait, le loup ne se pressait pas.
(A.Daudet)

6. Dans le(s)quel(s) des énoncés suivants l’imparfait peut-il être remplacé


par le passé simple? Justifiez votre réponse. Expliquez le fonctionnement
de l’imparfait ‘d’ouverture’, de l’imparfait ‘de rupture’(ou ‘de clôture’) et
de l’imparfait ‘pittoresque’. (C’est ce dernier qui sera remplacé par un
passé simple):
(I) La chèvre entendit derrière elle un bruit de feuilles. Elle se retourna et
vit dans l’ombre deux oreilles courtes, toutes droites, avec deux yeux qui
reluisaient... C’était le loup. (A.Daudet)
(II) Elle franchissait d’un saut de grands torrents qui l’éclaboussaient au
passage de poussière humide et d’écume. (A.Daudet)
(III) C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.
Les soldats qu’il avait commandés en Sicile se donnaient un grand
festin pour célébrer le jour anniversaire de la bataille d’Éryx, et, comme
le maître était absent et qu’ils se trouvaient nombreux, ils
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 85

mangeaient et ils buvaient en pleine liberté. (G.Flaubert)


(IV) Soudain, tout en se regardant dans le miroir, il fronça les sourcils,
laissa échapper une exclamation de dépit. On voyait un peu de sang sur
sa joue. Il employait un rasoir de sûreté, ne se coupait presque jamais.
(G.Simenon)
(V) Ils traversaient des épiceries pleines d’odeurs délicieuses, des
pâtisseries mirifiques où s’alignaient les tartes par centaines, des
cuisines resplendissantes aux mille chaudrons de cuivre /.../
Ils longeaient les façades d’acier, de bois rares, de verre, de marbre /.../
Des ascenseurs les emportaient. Ils suivaient des corridors en
méandres, gravissaient des marches de cristal, arpentaient des galeries
baignées de lumière, où s’alignaient, à perte de vue, des statues et des
fleurs, où coulaient des ruisseaux limpides. (G.Perec)

7. En corrélation avec un PASSÉ SIMPLE, l’IMPARFAIT donne une


séquence narrative. Le prédicat du second énoncé, à
l’IMPARFAIT, est impliqué temporellement, dans celui du
premier énoncé ou bien en constitue la cause, la conséquence,
etc.; ce premier prédicat est au PASSÉ SIMPLE.
Dégagez, dans les textes qui suivent, ces deux couches de la temporalité
narrative: les é v é n e m e n t s et les é t a t s (ou d e s c r i p t i o n s) et
expliquez comment elles s’enchaînent.

Vous remarquerez, dans certains cas, la récursivité des énoncés au PASSÉ


SIMPLE ainsi que celle des énoncés à l’IMPARFAIT, fait qui contribue à la
progression du texte:
(I) Il arriva juste au pied de la terrasse. Salammbô était penchée sur la
balustrade. (G.Flaubert)
(II) Salammbô se leva comme son époux, avec une coupe à la main, afin
de boire aussi. Elle retomba, la tête en arrière, par dessus le dossier du
trône, blême, raide, les lèvres ouvertes, et ses cheveux dénoués
pendaient jusqu’à terre. (G.Flaubert)
(III) Par un jour frais qui déjà sentait l’automne, Zénon se rendit à pied à
cette tissuterie d’Oudenove. Des chômeurs en quête de travail
encombraient le pays; dix lieues à peine séparaient Oudenove des
splendeurs pompeuses de Dranoutre. (M.Yourcenar)
(IV) La nuit tombée, il alla chercher sous l’auvent les cahiers qu’il porta
chez Jean Myers. C’étaient pour la plupart des extraits de philosophes
païens. (M.Yourcenar)
(V) Jeanne ne parvint pas à franchir la haie d’aubépines. Les branches
raidies lui lacéraient le visage, les bras. (M.Déon)
(VI) Elle sortit l’enfant de son panier et l’approcha de la lampe. Un chaud
burnous bleu fermé par des rubans l’enveloppait (M.Déon).
8. Le PASSÉ COMPOSÉ, temps du discours, est un « passé non
encore détaché de la pensée et de l’expérience a c t u e l l e s de
86 Mariana TUÞESCU

celui qui parle » (P.Imbs). Si le PASSÉ SIMPLE présente les faits


en rupture avec l’actualité du locuteur, le PASSÉ COMPOSÉ les
présente en contact avec l’actualité du locuteur. Temps vivant,
chaleureux, il évoque un passé présent à la pensée de celui qui
l’évoque; de là sa valeur d’ a c t u a l i s a -
t i o n par rapport à la valeur statique, froide, ponctuelle et à
jamais révolue du PASSÉ SIMPLE.
L’Étranger de Camus est un récit entièrement écrit au passé
composé.
Comme on l’a déjà remarqué, écrit au passé simple, ce récit
s’écroulerait, et Meursault serait devenu un nouveau Candide.
Soit les fragments suivants de l’Étranger. Étudiez-les, observez
l’enchaînement narratif des événements et justifiez l’emploi du passé
composé. Analysez la valeur du passé composé par rapport aux autres
temps du passé:
Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.
J’ai reçu un télégramme de l’asile /.../
J’ai pris l’autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J’ai mangé au
restaurant, chez Céleste, comme d’habitude. Ils avaient tous beaucoup
de peine pour moi et Céleste m’a dit: « On n’a qu’une mère ». Quand
je suis parti, ils m’ont accompagné à la porte. J’étais un peu étourdi
parce qu’il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter
une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques
mois. /.../
M. Wilmet a brillamment démontré la thèse que le passé
composé est aussi un temps narratif. « Les phrases de l’Étranger
sont, soutient-il, autant de monades (les « îles » de J.-P.Sartre)
portant les conséquences à long terme mais sans résonance
immédiate: le passé composé rompt la chaîne causale en
maillons discontinus. Le désir, le bonheur naissent aussi chez
Meursault par bouffées libres de véritable préparation
psychologique, vite éteints: son récit comporte des blancs, des
accélérations soudaines ».
Camus conçoit son roman comme un exercice d’objectivité et de
détachement, l’existence de Meursault étant traversée par un
mécanisme quasi-fatal. Roland Barthes a nommé le style de
Camus dans l’Étranger le « degré zéro de l’écriture ».
Le drame de Meursault est notre propre drame. Les thèses de
l’existentialisme sont ainsi bien illustrées par l’emploi
symbolique du PASSÉ COMPOSÉ. J.-P. Sartre écrivait: « ... une
phrase de l’Étranger c’est une île. Et nous cascadons de phrase en
phrase, de néant en néant. C’est pour accentuer la solitude de
chaque unité phrastique que M.Camus a choisi de faire son récit
au passé composé.»
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 87

9. Si le présent peut exprimer, en tant que temps indivis, le futur


immédiat, le passé composé, par effet du discours, peut
exprimer un futur antérieur immédiat.
Dites dans le(s)quel(s) des énoncés suivants le passé composé pourra être
remplacé par le futur antérieur:
1. Dans cinq minutes, j’ai mangé. / 2. L’exploitant du tunnel sous la
Manche se prépare à passer quatre années difficiles. Étranglé par sa
dette, il a renégocié avec les banques une ligne de crédit. / 3. En venant
de l’école, j’ai pris un croissant à la croissanterie du coin. / 4. J’ai eu
Madeleine pour élève. Elle n’a pas beaucoup changé en huit ans. / 6.
L’étang a dégelé la nuit dernière. / 7. Jacqueline est allée chez le
coiffeur. Elle s’est fait couper les cheveux. Quand je l’ai vue, elle était
méconnaissable.
10. Complétez les phrases qui suivent par l’auxiliaire qui convient; les verbes
se trouvent au passé composé:
1. Ils ... entrés en France par la frontière suisse. / 2. Ils ... entré du tabac
en France. / 3. Elle ... rentrée à la maison. / 4. Les voisins ... rentré la
récolte de blé avant l ‘orage. / 5. Philippe ... tombé la veste. / 6. ... - vous
sorti les chaises-longues? / 7. Je ... montée au grenier pour fouiller dans
les malles. / 8. J’... monté les malles au grenier. /
9. Ce régime m’... parfaitement convenu. / 10. Les deux chefs d’État ...
convenus de se rencontrer régulièrement.
11. Complétez les phrases ci-dessous par les auxiliaires de temps et d’aspect
ou les périphrases verbales qui conviennent:
1. Les techniciens ... de vérifier l’équipement des cosmonautes. / 2. Ils ...
déclencher le compte à rebours. / 3. Voilà, c’est fait. Dans l’habitacle de
la fusée, les deux voyageurs de l’espace ... de s’attacher à leurs sièges. /
4. Ils ne ... pas de contrôler le fonctionnement de tous leurs cadrans. / 5.
La fusée ... bientôt partir. Cinq, quatre, trois, deux, un, zéro. La fusée ...
de s’envoler. / 6. Un immense hourra ... retenti dans la salle des
techniciens. / 7. Certains ... à déboucher des bouteilles de champagne. /
8. Et là-haut, les deux cosmonautes ... envoyer leur premier message
extra-terrestre.
12. Complétez les phrases suivantes par l’auxiliaire FAIRE ou LAISSER,
selon les cas:
1. Un coup de poing l’a ... vaciller. 2. Marie a ... manger une glace à son
fils. 3. Ne ... pas les enfants jouer avec la portière. 4. Personne au monde
ne me ... changer d’avis. 5. Une recommandation efficace lui avait ...
obtenir de l’avancement. 6. L’examinateur a ... le candidat reprendre ses
esprits. 7. Il s’est ... construire un studio à tempérament. 8. Marie s’est ...
faire un deux-pièces par le tailleur.
Que remarquez-vous sur la place de l’infinitif, selon qu’il est employé avec
FAIRE ou avec LAISSER?
88 Mariana TUÞESCU

13. Dans le texte suivant, certains énoncés constituent le récit, les autres le
dialogue. Attention! Vous mettrez au passé composé tous les verbes qui
font partie du récit, mais vous ne modifierez pas le dialogue:
QUARTIER LIBRE
Je mets mon képi dans la cage
et je sors avec l’oiseau sur la tête
Alors
on ne salue plus
répond l’oiseau
Ah bon
excusez-moi je croyais qu’on saluait
dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper (J. Prévert)
14. Dans le texte suivant, remplacez les passés composés par une forme
temporelle exprimant l’ultériorité:
POUR TOI, MON AMOUR

Je suis allé au marché aux oiseau Je suis allé au marché à la ferraille


Et j’ai acheté des oiseaux Et j’ai acheté des chaînes
Pour toi de lourdes chaînes
Mon amour Pour toi
Mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j’ai acheté des fleurs Et puis je suis allé au marché aux
Pour toi esclaves
Mon amour Et je t’ai cherchée
Mais je ne t’ai pas trouvée
Mon amour
(J.Prévert)
Quelle modification sur le plan sémantique entraîne cette substitution
morphématique?

15. Indiquez si, dans les exemples qui suivent, le FUTUR est mode ou temps.
Justifiez votre réponse. Quelles valeurs modales sont exprimées par ce
FUTUR?
1. Je prendrai l’autobus à deux heures et j’arriverai dans l’après-midi.
Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir (A.Camus). /
2. J’avouerai que l’architecture gothique est pour moi comme le son de
l’harmonica (Stendhal). / 3. Quoi! ces gens se moqueront de moi? / 4. On
sonne; ce sera le facteur. / 5. Notre ami est absent; il présidera quelque
réunion importante. / 6. Il aura manqué son train. / 7. On ne sera jamais
assez sévère avec les voleurs. / 8. Tu ne tueras pas. Tes père et mère
honoreras. / 9. Vous me rendrez ce service, n’est-ce pas? / 10. Je vous
rendrai ce livre dans les plus brefs délais. / 11. Vous prendrez bien une
tasse de café avec moi? / 12. Rapportée à l’abbaye, la légende trouvera un
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 89

moine, qui ne sait pas qu’écrire, qui sera heureux, qui voit tout, toutes les
choses merveilleuses /.../ Copiée, chargée, surchargée d’ornements souvent
grotesques, elle ira de siècle en siècle, jusqu’à ce que honorablement elle
prenne rang à la fin dans La Légende dorée. (J.Michelet) / 13. Demain et dans
les jours qui suivent, il n’y aura pas d’éclaircies. Le temps sera pluvieux sur
toute la France. / 14. Le 17. octobre 1815 Napoléon arrivera à Sainte
Hélène, son dernier exil; il ne reverra plus jamais la France. / 15. Eurotunnel
a rapporté plus de 6 milliards de francs à ses banquiers, mais rien aux
actionnaires, qui devront patienter jusqu’à 2004 pour toucher leurs
premiers dividendes (Le Monde du 25 mars 1995). / 15. C’est l’heure où l’être
qui n’est plus aimé murmure à celui qui ne l’aime plus: « Tu ne me verras
pas. Je ne t’importunerai pas. Je vivrai dans ton ombre. Je t’entourerai
d’une protection dont tu n’auras même pas conscience.» (Fr.Mauriac)

A remarquer que, par sa nature même, le FUTUR se fonde sur


l’idée du p o s s i b l e. « Ce qui appartient à l’avenir, ce n’est pas
le fait en tant que tel; mais la prise en charge de la proposition
qui le décrit. Seul l’avenir confirmera, épistémiquement, ce qui
au présent n’est qu’hypothèse vraisemblable » (R.Martin).
16. En français, la forme verbale exprime aussi l’ASPECT. « Temps
intérieur au verbe », « temps impliqué » - selon l’expression de
Gustave Guillaume2, l’ASPECT est une catégorie verbale qui
dépasse les frontières du verbe3. Les principales corrélations
exprimées par l’aspect verbal sont: perfectif / vs/ imperfectif,
accompli / vs / non accompli, global / vs / non global, ponctuel /
vs / duratif. L’Aspect exprime aussi la répétition de l’action
(l’itératif), sa fréquence (le fréquentatif), le commencement de
l’action.
Décrivez l’aspect exprimé par la forme du verbe dans chacun des énoncés
suivants:
1. L’année dernière j’ai été malade. / 2. L’année dernière j’étais malade. /
3. Je lisais un roman policier lorsqu’on sonna à ma porte. / 4. La semaine
passée il a été à la campagne, voir ses parents. / 5. La semaine passée il
était à la campagne, chez ses parents. / 6. Il a lu toute la journée. / 8. Il a
lu la lettre. / 8. Il décacheta la lettre et la lut d’un seul coup. / 9. Dès qu’il
eut sonné, le professeur fit son apparition. / 10. Il allait retrouver le
village où il était né. / 11. Elle ne pouvait rien imaginer de sa vie future,
rien. / 12. On me laissa plus libre que d’ordinaire. J’en profitai pour aller
faire des courses. / 13. Il se mit à nous raconter son enfance. / 14. A cause
G.Guillaume écrivait que « le verbe est un sémantème qui implique et explique le temps. /.../ Est de
2

la nature de l’aspect toute différenciation qui a pour lieu le temps impliqué » (Langage et science,
p.47-48).
3
Les études modernes envisagent l’ASPECT comme catégorie englobante, ayant un aspect lexical
(classes de verbes, infixes, préfixes, suffixes), un aspect sémantique et un aspect grammatical. Les
effets du discours sont, par ailleurs, fondamentaux dans la précision de l’ASPECT.
Marc Wilmet a consacré à l’ASPECT des pages fondamentales. L’ASPECT - écrit-il - traduit la
situation du repère par rapport au procès, tandis que le TEMPS traduit la situation du procès par
rapport au repère (Etudes de morpho-syntaxe verbale, p.156 ; « L’Aspect en français, essai de synthèse
», in French Language Studies, 1991, pp.209-222.
90 Mariana TUÞESCU

de sa migraine, elle se bourrait d’aspirine. / 15. Le moteur linéaire a trouvé


une nouvelle application. / 16. Il descend l’escalier. / 17. Il a descendu les
meubles du grenier. / 18. Je suis en train de lire un policier. / 19. Son
travail ira en s’améliorant. / 20. Il a failli tomber sur la glace et se casser
l’épaule. / 21. Presque chaque jour, je frappais à sa porte. / 22. Le capitaine
mordillait sa moustache. / 23. Elle fait des courses en ville. / 24. Ils se
turent quelques instants. / 25. Enfin, au moment de partir, l’expert
ouvrit une vieille valise qu’il avait apportée de son pays d’origine.

17. Classez les verbes des phrases suivantes selon qu’ils expriment des actions
accomplies ou des actions non accomplies:
1. J’ai marché deux heures. / 2. Le visiteur entre. / 3. Il est entré. / 4. Ce
soir, nous avons dîné plus tôt que d’habitude. / 5. Les grilles du château
se sont entrouvertes.

18. Dans les phrases suivantes, classez les verbes en deux colonnes, suivant
qu’ils expriment l’événement accompli ou l’événement en voie
d’accomplissement:
1. J’avais manqué mon dernier train. / 2. J’avais failli manquer mon
train, mais j’ai réussi à monter dans la dernière minute. / 3. Je reprenais
le chemin de Saint-Nom-la Bretèche. / 4. Après qu’il eut mangé, bu, fait
tous ses devoirs, il retourna à sa chère musique. / 5. Colette faisait du
tricot; sa petite-fille dansait, elle suivait le rythme et le rythme la
pénétrait avec tous ses détails. / 6. La musique s’était tue et Jeanne était
assise auprès de la cheminée, haletant un peu, encore sous le charme de
cette musique divine.

19. Complétez les phrases suivantes et expliquez pourquoi vous choisissez


tantôt la forme en - RAI simple (futur simple), tantôt la forme en - RAI
composé (futur antérieur):
1. Vous me (RENDRE) ce livre quand vous l’(FINIR). / 2. Dès que
j’(DÉMÉNAGER), je vous (INVITER). / 3. Téléphonez-nous quand vous
(ARRIVER). / 4. Tu (POUVOIR) essayer ce deux-pièces, dès que je
l’(COUDRE). / 5. Lorsque vous (ARRIVER) au carrefour, vous
(TOURNER) à gauche, puis vous (PRENDRE) la première à droite.

20. Transposez le verbe principal à un temps passé et opérez dans la


proposition régie les modifications nécessaires imposées au verbe:
1. Marie m’écrit qu’elle a eu un rhume de cerveau. / 2. Je pense qu’il
faudra bientôt trouver un abri. / 3. Elle se demande si elle viendra à pied
ou à vélo. / 4. Il s’imagine qu’il a passé de bonnes vacances et qu’il aura
un jour une résidence secondaire. / 5. Le bruit court qu’il sera bientôt
récompensé. / 6. Ils croient qu’ils découvriront un trésor dans la grotte. /
7. Le livreur espère qu’il ne sera pas payé en monnaie de singe. / 8. Elle
pense que ses camarades lui apporteront des bandes dessinées pour la
distraire. / 9. Il promet qu’il sera là à l’heure du rendez-vous. / 10. Ils
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 91

savent bien qu’ils retrouveront leur chemin avant la tombée de la nuit.

21. Le logicien H.Reichenbach, auteur d’une logique symbolique, a


proposé d’analyser les temps verbaux à l’aide de trois
coordonnées:
(I) - le moment de la parole, de l’énonciation (S);
(II) - le moment pendant lequel le fait ou le procès décrit est
censé être vrai (E);
(III) - le moment qui sert de référence à ce fait, c’est-à-dire le
moment où ce fait est envisagé (R).
Ainsi les formes temporelles apparaissent-elles comme des
instructions pour l’élaboration de la structure de représentation
discursive, comme indices d’une schématisation du monde par la
langue.
Vu cette triple distinction logique, précisez en quoi consiste la différence
sémantico-logique entre les phrases suivantes; essayez d’enchaîner à
partir de chacune d’elles:
1. Il pousse trop loin la plaisanterie...
2. Il a poussé trop loin la plaisanterie...
3. Il poussait trop loin la plaisanterie...
4. Il avait poussé trop loin la plaisanterie...
5. Il poussa trop loin la plaisanterie...
6. Il aura poussé trop loin la plaisanterie...
7. Il pousserait trop loin la plaisanterie...

22. Vu les trois coordonnées de la logique du temps, analysez la structure de


la représentation discursive ou de la schématisation temporelle du texte
suivant, compte tenu de la valeur des temps employés et de leurs relations
réciproques. Etudiez les différents plans temporels, le mélange du t e m p
s r a c o n t é, du t e m p s d e l ‘é c r i t u r e et du t e m p s d e l a l e c
t u r e.

Quelles remarques pouvez-vous faire sur le rôle et l’emploi du PRÉSENT


dans le texte suivant:
Une idée me revient et me trouble: ma conscience n’est pas rassurée sur
l’innocence de mes veilles; je crains mon aveuglement et la complaisance de
l’homme pour ses fautes. Ce que j’écris est-il bien selon la justice? La morale
et la charité sont-elles rigoureusement observées? Ai-je eu le droit de parler
des autres? /.../
Vous m’avez vu naître; vous avez vu mon enfance, l’idolâtrie de ma
singulière création dans le château de Combourg, ma présentation à
Versailles, mon assistance au premier spectacle de la Révolution. Dans le
nouveau monde je rencontre Washington; je m’enfonce dans les bois; le
naufrage me ramène sur les côtes de ma Bretagne. Arrivent mes souffrances
comme soldat, ma misère comme émigré. Rentré en France, je deviens
92 Mariana TUÞESCU

l’auteur du Génie du Christianisme. Dans une société changée, je compte et je


perds des amis. Bonaparte m’arrête et se jette, avec le corps sanglant du duc
d’Enghien, devant mes pas; je l’arrête à mon tour, et je conduis le grand
homme de son berceau, en Corse, à sa tombe, à Sainte-Hélène. Je participe à
la restauration et je la vois venir. Ainsi la vie publique et privée m’a été
connue. (Chateaubriand).

23. Décelez, dans le récit suivant, les niveaux temporels de l’énonciation,


marqués par les temps verbaux; analysez les valeurs réciproques des
temps dans une page de mémoires et montrez comment s’enchâssent et
s’enchaînent les différents moments narratifs:
C’est ainsi qu’un jour d’automne je traversai à cheval le Danube gonflé par
les pluies, chargé du lourd équipement des soldats bataves. A ce fait d’armes,
si c’en est un, ma monture eut plus de mérite que moi. Mais cette période
d’héroïques folies m’a appris à distinguer entre les divers aspects du courage.
Celui qu’il me plairait de posséder toujours serait glacé, indifférent, pur de
toute excitation physique, impassible comme l’équanimité d’un dieu. Je ne
me flatte pas d’y avoir jamais atteint. La contrefaçon dont je me suis servi
plus tard n’était, dans les mauvais jours, qu’insouciance cynique envers la
vie, dans les bons, que sentiment du devoir, auquel je m’accrochais. Mais
bien vite, pour peu que le danger durât, cynisme ou sentiment du devoir
cédaient la place à un délire d’intrépidité, espèce d’étrange orgasme de
l’homme uni à son destin. A l’âge où j’étais alors, ce courage ivre persistait
sans cesse.
Un être grisé de vie ne prévoit pas la mort: elle n’est pas; il la nie par
chacun de ses gestes. S’il la reçoit, c’est probablement sans le savoir; elle
n’est pour lui qu’un choc, qu’un spasme. Je souris amèrement à me dire
qu’aujourd’hui, sur deux pensées, j’en consacre une à ma propre fin,
comme s’il fallait tant de façons pour décider ce corps usé à l’inévitable. A
cette époque, au contraire, un jeune homme qui aurait beaucoup perdu à
ne pas vivre quelques années de plus risquait chaque jour allègrement son
avenir. (M.Yourcenar)
Traduisez en roumain ce texte, tout en observant le registre des temps.

24. Complétez les énoncés suivants, appartenant à l’axe du récit, par la forme
temporelle convenable du verbe indiqué entre parenthèses. Vous tiendrez
donc compte des temps relatifs, c’est-à-dire des événements situés par rapport
à un moment de référence autre que celui de l’énonciation. Opérez les
modifications entraînées par le choix du temps verbal:
1. La veille, on (DRESSER) sur la place du marché des estrades pour les
festivités qui (SE TENIR) y dans quelques jours.
2. Ce jour-là, la fête (BATTRE SON PLEIN).
3. Alors il (PRENDRE CONGÉ) et nous (QUITTER) sans mot dire.
4. Le lendemain de son arrivée, il (ALLER) voir son médecin.
5. Comme il (FAIRE CHAUD), Il (ENLEVER) sa veste.
6. Puisqu’il (NEIGER), nous DEVOIR) prendre nos vêtements chauds.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 93

7. Elle (RENTRER) lorsqu’on (SONNER) à la porte.


8. A ce moment-là, tu (ÊTRE INCAPABLE) de réagir par un seul mot.
9. Dès que nous (TERMINER) cette étude, je vous (EMMENER) au
théâtre.
10. Ce soir-là, je me (TROUVER) dans un café parisien et comme il
(FAIRE CHAUD), je (COMMANDER) une glace.
11. Marie me (PRÉVENIR) qu’elle (VENIR) le lendemain me rendre visite.
12. Alors le ciel (DEVENIR) si noir qu’il (PARAÎTRE) sans atmosphère.
13. Colette (PRÉPARER) le repas, qui (ÊTRE) bientôt servi.
14. Lucie (PRÉPARER) le repas, qui (ÊTRE) maintenant servi.
15. Alors je me (SENTIR) ridicule. Et je l’(ÊTRE), en effet.
16. Elle ne (SAVOIR) pas si son frère (VENIR) la voir, comme il le lui
(PROMETTRE) depuis longtemps.
Remarquez le rôle des substituts temporels, adverbes et locutions, dans
l’expression du système relatif des temps ou axe du récit.

2.3. Les voix

2.3.1. Le Passif
1. Transformez les énoncés suivants de la voix active à la voix passive.
Modèle:
(A) La police interroge les témoins ⇒
Les témoins sont interrogés par la police.
(B) On donnera tous les renseignements aux employés ⇒
Tous les renseignements seront donnés aux employés.
1. Le facteur distribua le courrier. 2. Le lion a tué la gazelle. 3. Un fleuve de
boue a recouvert le village. 4. Les voisins détestent ce spectacle. 5. Le général
de Gaulle a donné une nouvelle constitution à la République Française. 6. Ce
juge d'instruction instruit l'affaire d'empoisonnement. 7. On ne prendra
aucune décision avant la semaine prochaine. 8. On a libéré les deux otages.
9. Le directeur doit signer l'attestation. 10. On doit toujours respecter les
limitations de vitesse. 11. On ne publiera aucun communiqué officiel. 12. Le
secrétaire général a ouvert la séance. 13. On a souvent désavantagé les
minorités. 14. Certains enfants désobéissent à leurs parents.

2. Transformez les énoncés suivants de telle sorte que le passif y soit remplacé
par l'actif. Procédez à toutes les modifications syntaxiques exigées par ce
retournement :
1. Cet astéroïde n'a été aperçu qu'une seule fois au télescope, en 1909, par
un astronome turc. (A. de Saint-Exupéry). / 2. C'était un brave homme ; il a
été descendu par un boulet à Waterloo. / 3. La rivière était bordée par des
grèves de sable. (Flaubert). / 4. Le pont était sali par des écales de noix, des
bouts de cigares, des pelures de poires, des détritus de charcuterie apportée
dans du papier. (Flaubert). / 5.L'horizon nous était caché par les hautes
94 Mariana TUÞESCU

futaies couronnées de feuillages qui bordaient les lacets du chemin.


(M.Pagnol). / 6. Mais après vingt minutes de marche, nous découvrîmes tout
à coup un petit village, entre deux vallons : le paysage était fermé, à droite et
à gauche, par deux à-pics de roches, que les Provençaux appellent des
«barres». (M.Pagnol). / 7. Nos efforts ont été couronnés de succès. / 8. Dès
que le signal eût été donné, nous sommes entrés. / 9. Les formalités voulues
par la loi avaient été remplies. / 10. S'ils eussent été mieux conseillés, ils ne
seraient pas allés à la ruine. / 11. Il fut pris en flagrant délit. / 12. Tiens! C'est
une fourrure mangée aux mites.

3. La transformation passive peut-elle s'appliquer aux phrases suivantes?


Justifiez votre réponse:
1. Les bâtisseurs construisent des immeubles. 2. Tout le monde a reconnu
Marie. 3. Pierre a connu Marie. 4. Le soleil a séché le linge. 5. Le vent souffle
de la vallée. 6. Mon petit frère a la rougeole. 7. Tu fais rougir ta soeur. 8. Ces
soucis ennuient Marie. 9. Le liquide remplit entièrement le verre. 10. Ce
député peut le maximum en ta faveur.
4. Le passif sans agent, structure passive où l'agent a été effacé,
apparaît lorsque le sujet effectif de l'action n'est pas précisé. Il
s'agit de situations de communication dans lesquelles on
considère une action moins du point de vue de son auteur, agent
ou actant, que du point de vue des conditions de son
déroulement, c'est-à-dire comme procès ou événement. Les
énoncés actifs qui sous-tendent les passifs sans agent ont
généralement pour sujet le pronom indéfini ON.
L'agent effacé en surface sera toujours en structure profonde un
« humain ». Les agents « non humains » semblent plus difficiles
à omettre.
Soient ces exemples:
1. Ma voiture a été déplacée. - 2. Le courrier a été distribué. - 3. Il est tombé.
- 4. Je suis émue. - 5. Ce résultat est connu. - 6. La soupe a été mangée. - 7. Le
spectacle a été très apprécié. - 8. Jeanne a été reconnue. - 9. Le professeur est
aimé. - 10. La salle fut évacuée. - 11. Cela a été raconté de toutes parts. - 12.
Le gâteau est mangé. - 13. Le stock est renouvelé deux fois par an. - 14. Le
stock est complètement renouvelé depuis la semaine dernière. - l5. La
cuisinière annonça que le potage de Monsieur était servi. - 16. L'heure est
bien choisie, vraiment!
Quels seraient les énoncés actifs correspondants?

5. Les phrases suivantes sont-elles ou non le résultat d'une transformation


passive? Essayez de lever les ambiguïtés:
1. Le colis est piégé. - 2. Cette dame est distinguée. - 3. La rue est barrée.
- 4. Le chèque est barré. - 5. Le portail est ouvert. - 6. La sentence du
procès est rendue. - 7. Le procès est jugé. - 8. Marie est enrhumée. - 9.
L'équivoque est levée. - 10. La séance est levée. - 11. Le gouvernement
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 95

est tout corrompu. - 12. Vous êtes inquiet. - 13. Ce président est déchu
de ses fonctions.

6. Il existe une structure de signification passive nommée le passif


du partenaire. C'est une construction formée avec un verbe
pronominal à sens passif appartenant à la classe des verbes: SE
VOIR, SE FAIRE, SE LAISSER, S'ENTENDRE, suivis
obligatoirement d'un INFINITIF. Le passif du partenaire
témoigne de l'existence de la voix factitive; il concerne
davantage le rôle du partenaire que celui de l'objet, bien que
celui-ci soit presque toujours présent.
Le passif du partenaire est une forme verbale à trois éléments: le
sujet (partenaire), le verbe réfléchi + l'infinitif et l'objet.
Soit son schéma, dû à H.Weinrich:
< CONSTATABLE > < CONSTATANT >
l l
Le nouveau maire se voit remettre les clés de la ville.
l l
< DISPOSANT > < DISPONIBLE >
l
< DESTINATAIRE >
A lire H.Weinrich, le sujet du verbe trivalent reçoit, en plus des
traits inchangés du sujet < CONSTATABLE > et < DISPOSANT >, le
trait du partenaire < DESTINATAIRE >, lequel expulse en lui le
trait opposé < DESTINATEUR > (qui apparaît dans le rôle du
sujet à l'actif), de sorte qu'il en résulte une nouvelle forme de
signification passive.
Dans cette construction, les verbes à valence partenaire, employés à
l'INFINITIF sont des verbes tels: ACCORDER, ATTRIBUER,
ASSIGNER, ACCUSER, REMETTRE, REMERCIER etc., verbes qui
sont souvent accompagnés d'un objet.
Vu ces considérations, essayez de transposer ces énoncés à la voix active.
Vous devrez faire toutes les modifications nécessaires, y compris employer
d'autres mots lexicaux:
1. Ce ministre se voit attribuer un logement de fonction. 2. Elle se voit
assigner une part d'héritage dans ce legs testamentaire. 3. La jeunesse se
voit accorder aujourd'hui une grande attention de la part des partis
politiques. 4.Elle s'est laissée convaincre aisément. 5. Pierre s'est fait
attaquer dans le métro parisien. 6. Les personnes âgées aimeraient
souvent se voir attribuer des facilités. 7. Cet écrivain se fait lire surtout
par les jeunes. 9. Le théâtre se voit assigner aujourd'hui une nouvelle
mission. 10. Il s'entend dire souvent qu'il est paresseux. 11. Vous vous
laissez remercier par vos employeurs.
96 Mariana TUÞESCU

7. Transposez les énoncés actifs suivants au passif pronominal. Vous tiendrez


compte du fait que le sujet du passif pronominal est un nom inanimé.
M o d è l e:
On vend plus facilement un petit Un petit appartement SE vend
appartement qu'un grand. ⇒ plus facilement qu'un grand.
On doit boire ce vin très frais. ⇒ Ce vin SE boit très frais.
1. On ne trouve pas facilement un studio à louer. 2. On lit beaucoup de
policiers dans cette ville. 3. On boit le vin rouge chambré. 4. On
effectuera les travaux malgré les réductions budgétaires. 5. On doit
manger ce plat chaud. 6. On ne peut pas prêter facilement ce traité de
médecine. 7. On voit tous les jours un pareil spectacle.
8. De nombreuses restrictions syntaxiques et sémantiques pèsent sur le
passif. Tous les verbes transitifs n'ont pas de passif. Il entre en jeu leur
sémantisme, leur capacité de former des structures phraséologiques,
propres à la combinatoire figée, leur polysémie mais aussi la nature des
compléments, le statut sémantique de l'objet direct et du sujet, le rôle des
circonstants.
Ainsi, par exemple, le verbe regarder au sens d'intéresser, toucher,
concerner n'a pas de passif, alors que les synonymes concerner,
toucher acceptent la voix passive:
Cette affaire regarde Paul ⇒ *Paul est (a été) regardé par (de)
cette affaire.
mais:
Cette affaire concerne Paul ⇒ Paul est concerné par cette affaire.
Lequel des verbes suivants acceptent le passif?
1. Cela ne regarde pas mes collègues. 2. Ce drame m'a beaucoup touchée. 3.
Le comportement de son fils a donné de la peine à Colette. 4. Toute peine
mérite salaire. 5. Il a bien mérité de la patrie. 7. L'enfant a mangé sa soupe. 8.
Le malade a bu son thé. 9. Claude a mangé du gâteau. 10. Paul a fait la
vaisselle. 11. Les brigands ont saccagé le village. 12. Cette musique ahurit
Pierre. 13. Paul a fait l'idiot. 14. Ce projet a fait long feu. 15. Il jette de l'huile
sur le feu. 16. Pierre donne du courage à Marie. 17. Ce problème mérite une
grande attention. 18. Ce cancre fuit l'école, après avoir fui le foyer parental.
19. Il fuit les responsabilités. 20. La femme de ménage lave la vaisselle. 21.
On lave le carrelage à grande eau. 22. Le professeur lave ses disciples de tous
les soupçons. 23. Ils ont lavé les affronts dans le sang. 24. Il a mangé de la
vache enragée. 25. Il a mangé son blé en herbe. 26. Cette mère mange son
bébé de caresses, de baisers.
Traduisez en roumain les phrases ci-dessus.
9. Dans les textes suivants (articles de journaux, recettes de cuisine, notes, extraits
de règlement de lycée, textes publicitaires) l'agent est effacé. Essayez de le
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 97

retrouver, pour chacun des énoncés, en utilisant la forme active. Si cet agent
avait été nommé, les textes ci-dessous auraient-ils été plus clairs? Quel est le
rôle de l'absence du complément d'agent?
1. Chiens perdus: De très bons maîtres sont demandés pour une portée de
chiots (briards) de deux mois. Un berger allemand attend également
d'être adopté.
2. Un ancien inspecteur des impôts est condamné à 10 millions de francs
d'amende... pour fraude fiscale.
3. Chaînes haute-fidélité: Chacune de ces chaînes a été conçue comme un
tout dont les éléments sont parfaitement adaptés les uns aux autres... La
présentation a été étudiée en vue de regrouper chaque chaîne sous la
forme la plus pratique et la plus compacte possible.
4. Rillettes d'oie ou de porc: les rillettes peuvent aussi être classées parmi les
conserves; elles se font soit avec de l'oie et du porc mélangés par parties
égales, soit rien qu'au porc suivant la méthode qui a été indiquée pour les
rillettes de Tours.
5. Le tabac, interdit, symboliquement, dans les lieux publics.
6. Une épaisse fumée envahit rapidement les cages d'escaliers, au point
que les sauveteurs, qui étaient placés sous les ordres du commandant L.
envisagèrent d'ordonner l'évacuation. Les deux grandes échelles avaient
été amenées sur place pour parer à toute éventualité. Un peu avant
minuit, tout danger était écarté.
7. Toute absence non signalée entraîne l'envoi d'une demande
d'explications. Une semaine après, cette demande est réitérée par lettre
recommandée. Tout élève absent plus de 8 jours sans justification peut
être rayé des contrôles de l'établissement.
8. Le présent contrat est établi pour une durée d'un an. Il peut être renouvelé
par toute reconduction. Il peut être résilié à tout moment par une simple
lettre recommandée.
2.3.2. L'Impersonnel
1. Mettez le verbe météorologique à la forme convenable. Il sera tenu compte
que la phrase impersonnelle a la forme: Il + Verbe à la troisième
personne du singulier + X, Y (où X, Y sont d'autres constituants de la
phrase). A remarquer que il n'est pas substitut, il ne remplace aucun
nominal; c'est un morphème zéro, signe formel de l'impersonnel, symbole
de ce qu'on a nommé la "personne d'univers":
1. /PLEUVOIR/ à verse quand il fit son apparition sur le pas de la porte. / 2.
Depuis deux jours, /NEIGER/ sans arrêt. / 3. Que /PLEUVOIR/ ou que
/VENTER/, il sort toujours acheter son journal. / 4. Le printemps dernier
/GRÊLER/; voilà pourquoi toute la culture fruitière avait été endommagée. /
5. Bien que le matin /BRUMER/, l'après-midi le temps se remit au beau; vers
sept heures du soir /FAIRE BEAU/. / 6. Si /FAIRE CHAUD/ dimanche, j'irai à
la piscine. / 7. Je n'aime pas sortir quand /FAIRE MAUVAIS/, quand /FAIRE
FROID/ et que /FAIRE DU VENT/. / 8. /TOMBER/ une de ces pluies fines qui
semblent sourdre de l'air. / 9. J'aime regarder de ma fenêtre le paysage de
98 Mariana TUÞESCU

l'hiver, surtout lorsque /TOMBER/ la neige. / 10. Comme /BRUINER/ toute


la journée, je ne suis pas sortie faire des courses en ville. / 11. Cette nuit,
/GELER/; les conduits de chauffage ont éclaté.

2. Quel rapport syntactico-sémantique y a-t-il entre les verbes des couples


suivants:
brumer - brumasser ; pleuvoir - pleuvasser, pleuvoter ;
pleuvoir - pleuviner, pluviner ; geler - regeler, surgeler;
neiger - neigeotter?
Introduisez ces verbes dans des énoncés.

3. Traduisez en français:
1. De dou\ zile este un ger de crap\ pietrele. 2. Nu mi-a[ fi închipuit ca dup\ un cer
atît de senin, s\ plou\ cu g\leata toat\ dup\-amiaza. 3. Se întîmpl\ adesea s\ cad\
grindina în luna mai. 4. La Ecuator, c\tre amiaz\, cade o ploaie m\runt\, tun\ [i
fulger\. 5. Ast\zi este mai frig decît ieri, bate vîntul [i burni]eaz\. 6. Îmi aduc aminte
cu duio[ie de iernile din copil\rie: ningea cu fulgi mari [i s\niu]a m\ purta zglobie
peste dealurile troienite de z\pad\. 7. Se poate oare s\ fie atît de cald în sudul Italiei?
8. Nu credeam c\ poate s\ ning\ zile în [ir în acest ]inut cu clim\ mediteranean\. 9.
Cînd s-a l\sat cea]a, ne-am oprit din mers [i am început s\ ne preg\tim tab\ra pentru
noapte. 10. În acea diminea]\ de noiembrie, cînd a c\zut bruma, mi-am spus cu
melancolie c\ toamna s-a sfîr[it.

4. Il existe plusieurs types d'IL Y A: IL Y A 'existentiel' équivaut à IL


EST, IL EXISTE: IL Y AVAIT en effet des mots qu'on ne prononçait pas; Il Y
A, pivot d'une structure temporelle, a été envisagé comme une p r é
p o s i t i o n t e m p o r e l l e : Il est parti IL Y A deux jours. Cette
structure temporelle présente deux aspects: (a) un IL Y A 'situant',
qui répond à la question QUAND? (Le menuisier est venu IL Y A deux
jours: QUAND est-ce que le menuisier est venu?) et (b) un IL Y A 'duratif’,
qui répond à la question DEPUIS QUAND? (IL Y A quinze jours qu'il
travaille dans cette maison: DEPUIS QUAND est-il dans cette maison?). A
remarquer que la 'préposition temporelle'IL Y A, ayant le statut
d'un circonstant adverbial, est suivie d'un groupe nominal marqué
par le trait « temps » et emprunté à la classe: an, jour, journée,
heure, instant, semaine etc.
Dans les énoncés ci-dessous, remplacez, là où le cas s'y prête, IL Y A par IL
EST:
1. Il y a beaucoup de gens malheureux dans ce monde. 2. Il y a des
moments où j'aimerais me donner la mort. 3. - Qu'est-ce qu'il y a? - Il y
a que la sonnerie sonne sans arrêt. 4. Dans cet hôtel, il y a un monsieur
qui, à la fin de chaque repas, marque sur la bouteille son niveau de vin.
5. Il est sorti il y a deux heures. 6. Il y avait une fois une belle aux
cheveux blonds qui aimait les animaux. 7. C'était le roman lu il y a cinq
ans. 8. Il est monté avec moi à la cabane il y a eu huit jours dimanche
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 99

dernier. 9. On m'a élevée dans les principes d'il y a trente ans. 10. Il y a
des idées que je ne peux pas supporter.
5. Vu les remarques ci-dessus, étudiez les différents types d'IL Y A des les
phrases suivantes:
1. IL Y EUT un silence lourd de significations. 2. À dîner, ce soir, IL Y EUT
deux absents: Mac Allister et Simon. 3. IL Y AURA toujours des gens qui
aiment la vérité. 4. La mode des mini-jupes est passée, IL N'Y A PAS
longtemps. 5. - Qu'est-ce qu'IL YA, Colette? - IL Y A que je m'ennuie,
maman. 6. On n'avait aucune nouvelle de lui; IL Y AVAIT belle lurette qu'il
avait quitté son poste. 7. Tu oublies qu'IL Y A EU la guerre... 8. Un jour, il est
allé à la foire de Roume, de l'autre côté de la forêt de Crémone. IL Y A de ça
cinq ans (J. Giono). 9. IL Y A EU longtemps une affiche rouge placardée sur
ce mur. 10. Elle était la petite-fille du garde-forestier tué par la foudre IL Y
AVAIT quinze ans. 11. IL Y AURA bientôt une heure QUE ce pauvre hère
longeait la rue. 12. Les marins avaient jeté l'ancre. IL Y AURA de cela un an à
la Saint-Jean.
6. Dans le texte suivant, remplacez, là où le cas s'y prête, le verbe DEVOIR
par le verbe FALLOIR, en opérant toutes les modifications syntaxiques
exigées par cette substitution:
ANTIGONE : A chacun son rôle. Lui, il DOIT nous faire mourir, et nous,
nous DEVONS aller enterrer notre frère.» (...)
CRÉON: Pourquoi as-tu tenté d'enterrer ton frère?
ANTIGONE: Je le DEVAIS... Je le DEVAIS tout de même. (...)
- Mais si votre vie, votre bonheur DOIVENT passer sur lui avec leur usure, si
Hémon ne DOIT plus pâlir comme je pâlis, s'il ne DOIT plus me croire morte
quand je suis en retard de cinq minutes, s'il ne DOIT plus se sentir seul au
monde et me détester quand je ris sans qu'il sache pourquoi, s'il DOIT
devenir près de moi le monsieur Hémon, s'il DOIT apprendre à dire "oui ",
lui aussi, alors je n'aime plus Hémon. (J. Anouilh)
7. Dans les phrases ci-dessous, substituez, là où le cas s'y prête, le verbe
FALLOIR par le verbe DEVOIR. Faites les modifications syntaxiques
imposées par ce changement:
1. Il FAUT retrouver les gens qu'on aime. - 2. Il me FAUT beaucoup de
courage pour mener à bien ce travail. - 3. Vous n'avez pas la femme qu'il
vous FAUT! - 4. Quand le vin est tiré, IL FAUT le boire. - 5. Il FAUT vous
dire qu'il partira dans peu de jours. - 6. Il la rudoyait, il FALLAIT voir! -
7. Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur! Avec votre vie qu'il
FAUT aimer coûte que coûte (Anouilh). - 8. FAUT-il être bête tout de
même!- 9. Marie se conduit comme il FAUT. - 10. Il FAUT que je vous
dise la vérité, c'est indispensable!

8. Certains verbes, dont la plupart intransitifs, connaissent la voix


impersonnelle. La structure phrastique où ils apparaissent a le
sens e x i s t e n t i e l , événementiel, de s u r v e n a n ce ,
distinct du sens constatatif, descriptif des mêmes verbes
100 Mariana TUÞESCU

employés personnellement.
Ceci entraîne des conséquences syntaxiques importantes: le sujet
formel IL est soudé au verbe; la séquence nominale qui suit le
verbe est une « rallonge » syntactico-sémantique du verbe: cette
phrase répond à la question QUE SE PASSE-T-TIL? ou QU 'EST-
CE QU'IL Y A? La négation doit elle aussi, frapper toute la
phrase, sa forme étant IL N'EST PAS VRAI QUE + P. Somme
toute, cette structure impersonnelle, nommée quelquefois la t r
a n s f o r m a t i o n i m p e r s o n n e l l e est une forme de t o
p i c a l i s a t i o n ou t h é m a t i s a t i o n propre au français,
qu'aucune langue romane ne possède.
Rendez compte de la différence syntaxique et sémantique qui s'établit entre
les phrases des séries suivantes:
I. a. De nombreux colis sont arrivés Gare du Nord ce matin.
b. Il est arrivé de nombreux colis Gare du Nord.
II. a. Un vent terrible souffle depuis deux jours.
b. Il souffle un vent terrible dans cette contrée.
III. a. Beaucoup de Chinois viennent à Paris.
b. Il nous vient des Chinois, des Hindous.
IV. a. Ses vêtements traînent par terre.
b. Il traîne dans cette cuisine de quoi nourrir toute une famille.
V. a. Beaucoup de gens meurent dans des accidents de voiture et d'avion.
b. Il meurt un homme toutes les minutes.
VI. a. Des denrées qui manquaient sur le marché .
b. Il ne manquait pas de gens pour me reprocher mes fautes.
VII. a. Maman mijote de bons petits plats.
b. Il se mijote par là quelque chose que j'ignore encore et qui entraîne
des allées et venues.
VIII. a. Un chat dormait dans un coin de la pièce.
b. Il dormait un chat dans un coin de la pièce.
IX. a. Les dernières rames de wagons sont passées il y a deux minutes.
b. Il est passé des rames de wagons vers minuit.
X. a. On pense toujours à bien plus de choses qu'on en dit.
b. Il se pense toujours bien plus de choses qu'il ne s'en dit.
XI. a. L'envie de frapper cette tête orgueilleuse pour la punir le prit
aussitôt.
b. Deux ou trois fois, il lui prit une envie soudaine de frapper cette
tête orgueilleuse pour la punir de ce qu'elle avait dit (J.Green).
9. Pronominalisez la séquence nominale 'sujet logique' qui suit le verbe
impersonnel:
1. Il resta des fruits frais sur la table de la cuisine. 2. Il m'est arrivé des
paquets de chez mes parents. 3. Il aurait manqué une âme à ce hall de gare
baroque. 4. Il se passe ici des événements étranges. 5. Un après-midi, dans
le salon de Mme Ancelot, assistée de ses trois filles, il fut procédé, en présence
de Johnny, à une première exploration des souvenirs de Milon
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 101

(M.Aymé). 6. Il nous arrive des malheurs.

10. A partir des phrases suivantes la transformation impersonnelle est-elle


toujours possible? Justifiez votre réponse.
1. Dans la soupe, la côte d'un chou, une pomme de terre et un bout de
lard nagent. 2. Mes élèves jouent dans la cour. 3. Un autobus heurte une
voiture. 4. Un autobus passe à 10 h 10. 5. Un livre de bricolage paraît
tous les jours. 6. Des tas de gens viennent. 7. Une catastrophe nous
arrivera. 8. On voit des gens qui n'achètent pas leur vignette.
9. Des choses étaient dites qui le mettaient en colère.
10. Votre exercice est fini. 11. Beaucoup d'élèves pâlissent le jour de
l'examen. 12. Des plantes y poussent, beaucoup d'insectes y nagent.
11. Mettez à la voix impersonnelle les énoncés suivants; opérez les
transformations syntaxiques et observez la modification de sens
introduite par l'impersonnel:
1. Chercher un remède à cette maladie m'ennuyait terriblement. 2. La
mission de porter à sa perfection une forme nouvelle du journalisme
revint à Raymond Cartier. 3. Quelque chose d'original manquait à
cette conférence. 4. Peu de trains de banlieue passent dans les heures
creuses. 5. De nombreux légumes restèrent encore sur la table.

2.4. Les compléments du verbe


1. Le complément d'objet direct occupe dans la phrase une position fixe, à
droite du verbe; il peut être repris par le pronom personnel
correspondant, pronominalisation qui entraîne aussi une dislocation
emphatique: il peut être passivisé, devenant ainsi sujet dans une phrase
passive; il répond aux questions: QUI?, QUI EST-CE QUE? pour les
noms / + humain/ et QUE? QU'EST-CE QUE? QUOI? pour les noms
/- humain/ , /- animé/.
Ces traits seront vérifiés, par exemple, dans la phrase:
Jean lit UNE REVUE ⇒ La revue, Jean la lit.
La revue est lue par Jean.
Qu'est-ce que Jean lit?
Démontrez que les groupes nominaux placés à droite des verbes dans les
phrases qui suivent sont des compléments d'objet direct:
1. Le boulanger travaille la pâte. 2. Le jardinier sarcle le jardin tous les
samedis. 3. Le président salue Marie. 4. Les étudiants longent le
boulevard. 5. Je prends du café au lait au petit déjeuner. 6. Tu as
attendu tes collègues. 7. Vous avez perdu votre portefeuille. 8. Mon
étourdi de cousin a renversé la soupière. 9. Il remercie ses amis.
10. Ce touriste pressé ouvrit une vieille valise.
2. Remplacez les propositions compléments d'objet direct et indirect par les
pronoms correspondants; opérez les changements dans l'ordre des mots
102 Mariana TUÞESCU

amenés par cette transformation:


1. Je savais que Pierre détestait le football. 2. Nous espérons qu'il
viendra dans les plus brefs délais. 3. Tu te soucies de ce que l'enfant
refuse de s'alimenter. 4. Je vous avoue que votre invitation m'a fait
plaisir. 5. Vous ne doutez pas qu'ils vous reçoivent. 6. Admettons qu'on
ne vous reconnaisse pas. 7. Ne croyez-vous pas qu'il a raison ?
3. Dans les phrases qui suivent, pronominalisez les compléments du verbe
(compléments d'objet direct et/ ou compléments d'objet indirect), tout en
veillant aux modifications syntaxiques dans l'ordre des mots.
M o d è l e: Je vois CETTE FILLE ⇒ Je LA vois.
Il mange DU GÂTEAU ⇒ Il EN mange.
Jean obéit À SA SOEUR ⇒ Jean LUI obéit.
1. Il tient le volant. 2. Il tient à la vie. 3. Il parle de ce film à un ami. 4. Il
tient cet optimisme de son père. 5. L'enfant obéit à ses parents. 6. Nous
remercions nos devanciers de toute leur peine. 7. La fortune sourit aux jeunes.
8. J'ai défendu à mon fils d'aller à la piscine. 9. Tu reproches à Jean de taire
la vérité. 10. Je parle souvent de mes amis. 11. Rappelez-vous les vacances
passées au bord de la mer! 12. Souvenez-vous des vacances passées au bord de
la mer! 13. Il boit du thé. 14. Tu as acheté un bout de terrain à ton voisin qui
te l'avait vendu à bas prix. 15. J'ai acheté aux fleuristes de belles roses. 16.
Daniel avait emprunté de l'argent à son éditeur. 17. Le conducteur ne peut
emprunter la moitié gauche de la chaussée. 18. Prête-moi de l'argent, s'il te
plaît! 19. Il prête de l'argent à ses amis. 20. Jacques s'était prêté à cette
espièglerie.
4. Le groupe nominal complément apparaissant dans chacun des énoncés ci-
dessous présente soit la fonction d'objet direct soit celle de circonstant
temporel (spatial). Posez la question pour avoir en réponse le(s)
constituant(s) en italique:
1. Jean lit le roman. 2. Jean lit le matin. 3. Jean lit le roman le matin. 4. Le
jardinier sarcle le jardin. 5. Le jardinier sarcle l'après-midi. 6. Le jardinier sarcle
le jardin l'après-midi. 7. Mon père rentre le soir. 8. Vous rentrez Quai des
Orfèvres? 9. Il a rentré sa voiture au garage. 10. Je vous rapporte votre argent
dimanche prochain. 11. C'est un sage; il sait rentrer ses larmes et sa colère. 12. Le
mauvais temps ramena les promeneurs à la maison. 13. N'amenons pas la
conversation sur ce sujet! 14. Tu amènes tes copains à partager tes convictions.
15. Ramenez-moi le malade, je veux l'examiner une seconde fois. l6.Les
déménageurs font entrer / entrent les meubles par la fenêtre. 17. Paul, lui,
entrait ses ongles dans la main. 18. Il est rentré le jour même de mon départ. 19.
Je vous emmène dimanche dans une petite promenade. 20. Il descend en ville
tous les mardis. 21. « J'ai remonté, descendu et remonté le grand canal »
(Chateaubriand). 22. Le chasseur a descendu une perdrix en plein vol.
5. Mettez les verbes des phrases ci-dessous au passé composé:
1. Il RENTRE tard chez lui. 2. En automne, les paysans RENTRENT les
foins. 3. Tu es casse-cou; pourquoi DESCENDS-tu du train en marche?
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 103

4. Il DESCEND l'escalier , puis il DESCEND la rue. 5. Les Lombards


DESCENDIRENT en Italie. 6. Notre armée DESCEND les ennemis. 7. Il
TOMBE dans les bras de sa femme. 8. - Le gouverneur TOMBE. - Oui?
Comment ça? 9. Le lutteur TOMBE son adversaire. 10. Ce manteau lui
TOMBE bien. 11. Il vient, il salue et puis il TOMBE la veste. 12. (pop.) -
Quel tombeur! Il TOMBE les femmes! 13. Un voyageur ENTRE sa main
par la porte du compartiment, allume et pousse à l'intérieur ses valises.
Vous remarquerez que le verbe intransitif est conjugué avec l'auxiliaire
ÊTRE et que le verbe transitif est conjugué avec l'auxiliaire AVOIR.

6. L'objet direct des verbes du type GAGNER, REGAGNER, REJOINDRE,


JONCHER, LONGER, ARPENTER... a un sens l o c a t i f. Les
grammaires casuelles modernes parlent, à ce sujet, d'un l o c a t i f o b
j e c t i v i s é:
1. Il fallut d'abord GAGNER Grasse, la ville des parfums (Maupassant). / 2.
La route s'engageait en pleine montagne, LONGEANT des ravins profonds
(Maupassant). / 3. Il LONGEAIT, tous les soirs, les quais de la Seine. / 4.
Fiévreusement, il ARPENTAIT, en réfléchissant, les greniers abandonnés
(Alain-Fournier). / 5. L'avion SURVOLAIT la ville. / 6. Miss Nevil,
revenant d'une promenade... REGAGNAIT l'auberge (Mérimée). / 7. Un
tapis de feuilles mortes JONCHAIT la terre. / 8. Des feuillets déchirés
JONCHAIENT le tapis (Martin du Gard).
Traduisez en roumain ces énoncés. Soumettez-les ensuite, là où le cas s'y
prête, aux règles de la passivation et de la pronominalisation. À quelle(s)
question (s) répond ce l o c a t i f o b j e c t i v i s é ?

7. Les compléments de m e s u r e, de p o i d s et de p r i x s'expriment, eux


aussi, par des groupes nominaux. À la différence des compléments d'objet
direct, ces compléments ne répondent pas à la question QUE? QU'EST-CE
QUE? QUOI?; ils ne sauraient être passivisés:
1. Ce phare MESURE quatre-vingts mètres. 2. La bête PESAIT bien deux
tonnes. 3. Ce voyage COÛTA une somme folle. 4. Mes manuscrits attestent
la peine qu'ils m'ont COÛTÉE.
8. Traduisez en français les phrases suivantes:
1. Acestor copii le este fric\ de tat\l lor. 2. Func]ionarilor le este team\ s\ nu-[i piard\
postul. 3. La[ii fug de r\spundere. 4. Am cump\rat o pereche de ciorapi, m\nu[i,
s\pun [i ace de cusut de la marele mazin universal aflat la ie[irea din ora[. 5. Î]i cer s\
fii atent. Ascult\-m\! 6. Po]i s\ împrumu]i cumnatei mele romanele istorice ale lui
Sadoveanu? 7. Am împrumutat de la Biblioteca Universit\]ii aceast\ gramatic\
portughez\ [i va trebui s-o restitui în cel mult dou\ s\pt\mîni. 8. P\rin]ii l-au iertat pe
acest copil neascult\tor. 9. - De ce ai min]it-o pe mama ta? De ce ai sup\rat-o? Nu am
s\ ]i-o iert niciodat\. 10. - Contez pe tine! Mi-ai promis c\ îmi vei aduce caseta video
cu conferin]a acelui mare om de [tiin]\ american. 11. Credul, el nu [tie s\ discearn\
binele de r\u. 12. - Vrei struguri? - Da, mul]umesc, vreau. 13. - Te-ai sup\rat pe fiul
t\u? Ai dreptate, niciodat\ acest copil nu te ascult\. 14. - Î]i aminte[ti de acel
104 Mariana TUÞESCU

spectacol? - Cum s\ nu! Mi-l amintesc cu emo]ie. 15. - Î]i place spanacul? - Mor dup\
el! 16. Alerg\torul a parcurs, f\r\ s\ gîfîie, 500 de metri.
9. Le complément d'objet peut être le sujet monté d'une phrase enchâssée
dont le verbe est à l'infinitif. Parmi les verbes qui peuvent régir un o b -
j e t s u j e t m o n t é, il faut citer:
(a). Les verbes factifs:
1. Ce directeur FAIT travailler ses employés. / 2. Un jour on ENVOIE le
petit commis porter des papiers à la Société Générale. / 3. Le pion AIDE les
collégiens à faire leurs devoirs écrits.
(b). Des verbes de perception:
4. J’ÉCOUTE le pianiste jouer du Chopin. / 5. Je l'ENTENDS ouvrir la
porte. / 6. On APERCEVAIT au loin des petits jouer à cache-cache.
(c). Des verbes d'opinion et d'attitude propositionnelle:
7. Je le CROYAIS parti déjà. / 8. Il le TROUVAIT injuste.
(d). Des verbes performatifs d'appréciation:
9. Elle REMERCIE ses collègues de lui avoir dit la vérité. / 10. Il m'a
FÉLICITÉ d'avoir été si prudent. / 11. On ne peut que les LOUER d'avoir
agi ainsi.
(e). Des verbes permissifs et performatifs:
12. Elle ACCUSE le jardinier d'avoir coupé les roses dans son jardin. / 13.
On avait HABITUÉ cet enfant à travailler seul. / 14. La vie nous OBLIGE
souvent à partir de zéro. / 15. Ses conseils INVITENT les apprentis à faire
des progrès. / 16. Malade, ce vieillard la PRIAIT de passer chez lui. / 17.
IL fallut palabrer un grand moment pour les PERSUADER de nous
suivre.
Transformez les phrases ci-dessus de sorte que le complément d'objet direct
devienne le sujet et que le verbe à l'infinitif devienne le prédicat de ce sujet.
M o d è l e: Je VOIS les enfants traverser la rue.
⇒ Les enfants traversent la rue.
Le professeur LOUE l'élève d'avoir bien répondu.
⇒ L'élève a bien répondu.
Elle le TROUVAIT médiocre. ⇒ Il était médiocre.
10. Mettez en français le texte suivant:
Cei patru kilometri dintîi îi str\batem în fug\ peste livezi cu pruni [i meri, prin
cur]ile oamenilor, c\ci, ne[tiind ce for]e avem în fa]\, ne e fric\ s\ nu fim
surprin[i. A[ vrea s\ [tiu ce se petrece în sufletul ]\ranilor [i nevestelor care-[i
continu\ lucrul. Nu, \sta nu e r\zboiul adev\rat. Va veni [i acela. Pentru atacul
satului [i al dealului din spate, suntem patru batalioane. Fire[te c\ nu [tim
absolut nimic despre ce avem în fa]\, c\ci statul nostru major se informeaz\,
pare-se, numai de la oamenii no[tri de la aprovizionare, cînd se duc înapoi dup\
ceai [i fasole. De[i noaptea fusesem în avanposturi,sînt iar\[i în lina întîi.
Cîteva lucruri tot a[ putea spune despre Tohanul Vechi. C\ oamenii din
plutonul meu s-au pornit a[a de r\u, c\ nu s-au mai oprit pîn\ nu au ajuns
dincolo de sat singuri, cu toate înjur\turile mele furioase [i mai ales, cu toate
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 105

ordinele primite din urm\: s\ nu înainteze prea repede c\ vor compromite leg\-
tura trupelor care dau atacul.
C\ m\ însp\imînt\ violen]a [i precizia focului nostru de artilerie împotriva
tran[eelor inamice.
Apoi, c\ întîia oar\ mi-a dat un burghiu în inim\ un glon].Veneau rare, fî[înd,
rupînd din cînd în cînd cearceafuri de [ifon, invizibile. (Camil Petrescu)

3. LE GROUPE ADVERBIAL. LE CIRCONSTANT


1. Les circonstants sont des compléments non-nécessaires, qui
expriment la circonstance dans laquelle se produit un
événement: le lieu, le temps, la manière, la cause et le but, la
concession, l’hypothèse etc.
Il existe certains critères de découverte des circonstants. Les voici:
(I) L ‘i n t e r r o g a t i o n p a r t i e l l e : Les circonstants de lieu
répondent à la question OÙ?; les circonstants de temps
répondent à la question QUAND?; Les circonstants de manière
répondent à la question COMMENT?; Les circonstants de cause-
but répondent à la question POURQUOI?
(II) L a c o o r d i n a t i o n: deux compléments circonstanciels,
quelle que soit leur réalisation syntagmatique (adverbes, groupes
nominaux, groupes prépositionnels, propositions subordonnées),
peuvent être coordonnés si et seulement s’ils expriment la
même catégorie de circonstance:
(a)* Pierre se promène à Paris et le dimanche matin.
(b) Pierre se promène pour digérer et parce qu’il aime la marche.
On remarque, à ce propos, que les circonstants de cause et de but,
qui correspondent à la même question (POURQUOI?) peuvent
être coordonnés.
(III) Seules les phrases qui sont interprétées comme exprimant des
é v é n e m e n t s admettent des compléments circonstanciels:
(c) Jean arrive le soir, à Rome.
(d)* Pierre est le fils de Marie, le soir, à Rome.
(IV) Les circonstants sont f o c a l i s a b l e s, c’est-à-dire ils peuvent
constituer l e f o y e r de la phrase, son centre intonatoire.
En tant que tels ils peuvent être c l i v é s:
(e) Jacques passe ses vacances en Espagne ⇒
(f) C’est en Espagne que Jacques passe ses vacances.
Le groupe adverbial circonstant peut être le focus de la négation:
(g) Marie n’a pas travaillé négligemment, mais prudemment.
Le circonstant peut être le focus de l’interrogation:
106 Mariana TUÞESCU

(h) Marie a-t-elle travaillé négligemment ou prudemment?


(V) Les compléments circonstanciels, à l’exception de ceux qui
entrent dans le champ de la négation, jouissent d’une relative
mobilité dans la phrase:
(i) Le soir, il monte la garde.
(j) Il monte la garde, le soir.
(VI) Les circonstants sont des déterminants facultatifs, des
expansions que l’on peut supprimer sans pour autant détruire la
grammaticalité de la phrase:
(k) J’ai senti mes yeux se fatiguer à regarder les trottoirs (A.Camus)
(l) J’ai senti mes yeux se fatiguer.
Compte tenu de ces critères, découvrez les compléments circonstanciels des
textes ci-dessous, caractérisez-les et observez comment ils se soumettent aux
tests précités; précisez ensuite par quelle catégorie grammaticale est exprimé
chacun de ces circonstants:
(1) Le lendemain, Mme Bovary mère arriva. Elle et son fils pleurèrent
beaucoup. Emma, sous prétexte d’ordres à donner, disparut.
Le jour d’après, il fallut aviser ensemble aux affaires de deuil.
On alla s’asseoir, avec les boîtes à ouvrage, au bord de l’eau, sous la
tonnelle. (G.Flaubert)
(2) Quand elle eut ainsi un peu battu le briquet sur son coeur sans en faire
jaillir une étincelle, incapable, du reste, de comprendre ce qu’elle n’éprouvait
pas, comme de croire à tout ce qui ne se manifestait point par des formes
convenues, elle se persuada sans peine que la passion de Charles n’avait plus
rien d’exhorbitant. Ses expansions étaient devenues régulières; il l’embrassait
à de certaines heures. C’était une habitude parmi les autres, et comme un
dessert prévu d’avance, après la monotonie du dîner. (G.Flaubert)

2. Quels sont les circonstants de manière des énoncés ci-dessous et par quels
tests allez-vous les découvrir? Par quels types de structures sont-ils
exprimés?
1. Ils étaient à l’Hôtel de Boulogne, sur le port. Et ils vivaient là, volets
fermés, portes closes, avec des fleurs par terre et des sirops à la glace,
qu’on leur apportait dès le matin. (G.Flaubert)
2. Justement, je savais que ma présence serait remarquée, et
favorablement commentée. (A.Camus)
3. D’un coup de sa longue cravache de cuir, il frappa furieusement,
follement, la douce bête cabrée, toute blanche d’écume. Elle se dressa
plus encore, secouant à droite et à gauche sa sotte petite tête obstinée,
avec un gémissement presque humain. (G.Bernanos)

3. Analysez les compléments circonstanciels du texte suivant. Précisez ensuite


leur fonction et leur structure:
Je sors de l'eau, frissonnant malgré la chaleur, et je me rhabille sans même
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 107

me sécher. Le sable crisse dans ma chemise, dans mon pantalon, écorche mes
pieds dans mes souliers. Mes cheveux sont encore collés par le sel. Denis, lui,
m'a regardé sans bouger. Son visage lisse est sombre, indéchiffrable. Assis à
l'ombre des veloutiers, il est resté immobile, les deux mains appuyées sur la
longue gaule où les calmars sont accrochés comme des oripeaux. Il ne va
jamais se baigner dans la mer, j'ignore même s'il sait nager. Lui, quand il se
baigne, c'est à la tombée de la nuit, au haut de la rivière Tamarin, ou dans le
ruisseau de Bassin Salé. Parfois il va loin, vers les montagnes, du côté de
Mananava, et il se lave avec des plantes dans les ruisseaux des gorges. Il dit
que c'est son grand-père qui lui a appris à faire cela, pour avoir de la force.
(J.M.Le Clézio)

4. Dans les phrases suivantes, remplacez le groupe prépositionnel ou


adverbial par une proposition subordonnée circonstancielle:
1. Quel soleil dès l’aurore! - 2. La plage se vide à l’heure du déjeuner.
- 3. Aux premières paroles du conférencier, le silence s’est fait. - 4. Malgré le
bruit des voitures, nous arrivons à dormir. - 5. Nous réussirons même sans
son aide. - 6. Guy aimait ce restaurant de Montmartre à cause de son escalier
à pas de vis et de ses gourmets fins connaisseurs.

5. Transformez les phrases suivantes en remplaçant les subordonnées


temporelles par d’autres tournures exprimant le temps:
1. Quand il fut majeur, il s’acheta une petite Citroën. - 2. Quand elle eut
obtenu son permis, elle emprunta souvent la voiture de son père. - 3. Quand
il eut passé son bachot, il fit un grand voyage. - 4. Après que l’Assemblée eut
adopté le budget des Affaires sociales et de l’Éducation, elle passa à celui des
P.T.T. - 5. Lorsque le président de l’Assemblée eut prononcé son discours
d’ouverture, il fut longuement applaudi. - 6. Avant que tu ne reviennes, il se
passera bien six mois. - 7. Depuis que l’Eurotunnel est ouvert, le trafic avec
l’Angleterre n’a cessé de croître.

6. Faites subir aux phrases suivantes la transformation infinitive:


1. Après qu’il a reçu les ordres de la Tour de contrôle, l’avion peut
atterrir. - 2. Après que vous aurez traversé le carrefour, longez le canal
jusqu’à l’écluse. - 3. Avant qu’elle ne sache nager, Chantal avait peur de
l’eau. - 4. Avant que je ne vous connaisse, j’avais entendu parler de
vous. - 5. Après qu’il eut freiné brutalement, le conducteur de la 504
comprit que sa réaction avait été une imprudence.

7. Transformez les groupes prépositionnels ou adverbiaux circonstants de


temps en propositions subordonnés temporelles, puis terminez la phrase
à votre guise:
1. Avant cet accident, il ... . - 2. Avant l’ouverture des pourparlers ... . -
3. Dès l’arrivée de mon frère ... . - 4. Depuis sa maladie, ... - 5 Avant la nuit,
... . - 6. Lors de ma visite à ... . - 7. Après le départ de mon cousin, ... .
- 8. Avant la décision sur le tracé de l’autoroute, ... . - 9. Dès le réveil de
108 Mariana TUÞESCU

la nature, ... .

8. Choisissez pour chacune des phrases suivantes la conjonction ou la


locution conjonctive qui convient:
1. ... que tu sois de retour, j’avais terminé mes devoirs. 2. ... qu’il les
tenait en respect avec son revolver, mon complice vidait le coffre. 3. ...
que le gros berger allemand était dehors, attaché, le petit teckel jouait
sur un divan avec ses maîtres. 4. ... qu’il eut mis pied à terre sur
l’aéroport, une meute de reporters se jeta sur lui. 5. ... à ce que tu
puisses recouvrer ta santé, tu devras observer un régime alimentaire
strict. 6. ... que je mette la voiture en marche, tu auras rangé ta
chambre. 7. ... sa victime sortit de la maison, il la prit en filature.
8.... le temps passait, il s’impatientait. 9. ... je me baignais dans le lac,
mes vêtements ont disparu. 10. ... que tu te remets de tes émotions, je
vais téléphoner à tes parents.

9. Soit la publicité suivante. Relevez dans ce texte une proposition


temporelle. Quel rapport temporel exprime-t-elle? Transformez les
groupes adverbiaux temporels en propositions subordonnées, chaque fois
que cela est possible:
VOTRE PEAU AU SOLEIL
Quand vous vous exposez au soleil, votre peau se déshydrate: elle se tend
et de légères brûlures se font sentir.
Le lait solaire teinté Roc peut être utilisé avant, pendant et après le soleil.
Avant le soleil, il supprime la hantise de la peau blanche en vous donnant
immédiatement un joli teint hâlé.
Au soleil, il vous protège des rayons nocifs et vous aide à bronzer
rapidement et uniformément.
Utilisé après les vacances, le lait solaire teinté Roc rehausse et prolonge la
beauté de votre bronzage.

10. Complétez chacune des phrases suivantes par les prépositions qui
conviennent, et indiquez chaque fois le type de complément circonstanciel
et les tests de repérage:
1. Le bus roulait ... grande allure ... sur la route de Fort-Apache.
2. ... des orages, la rivière avait grossi et coulait ... furie. 3. Buffalo Bill
entra ... le salon enfumé et se dirigea ... le comptoir ... surveillant ... coin
de l’oeil les consommateurs. 4. ... couper la voie ferrée, les bandits
avaient disposé ... les rails un amas de branches et de grosses pierres. 5.
Ils avançaient ... bruit, ... petits pas, ... ne pas éveiller l’attention des
gardiens.

11. Dans les phrases qui suivent, substituez à l’adverbe de manière un


groupe nominal précédé d’une préposition:
1. Mon mari conduit prudemment. 2. L’employé m’a répondu
négativement. 3. Le représentant du gouvernement a été reçu
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 109

courtoisement. 4. Parlez-vous anglais couramment? 5. Vous avez


partiellement raison. - 6. Nous l’avons élu unanimement. 7. Alain et
Colette se sont installés provisoirement dans un petit studio au centre-
ville.

12. Deux énonciations peuvent être rattachées par une relation de


CAUSALITÉ. Soient les énonciations:
1. Il est presque ruiné et
2. Il gère mal ses affaires.
Leur relation de CAUSALITÉ peut s'exprimer d'une dizaine de manières
différentes, telles:
(a) Il est presque ruiné parce qu'il gère mal ses affaires.
(b) Il est presque ruiné, car il gère mal ses affaires.
(c) S'il est presque ruiné, c'est qu'il gère mal ses affaires.
(d) Comme il gère mal ses affaires, il est presque ruiné.
(e) En gérant mal ses affaires, il est presque ruiné.
(f) À mal gérer ses affaires, il s'est presque ruiné.
(g) À force de mal gérer ses affaires, il s'est presque ruiné.
(h) Il est presque ruiné, pour avoir mal gérer ses affaires.
(i) Il est presque ruiné à cause de sa mauvaise gestion.
(j) Il est presque ruiné du fait de sa mauvaise gestion.
(k) Il est presque ruiné en raison de sa mauvaise gestion.
(l) Sa mauvaise gestion l'a presque ruiné.
(m) Mauvais gestionnaire, il est presque ruiné.
(n) Mauvais gestionnaire qu'il est, il est presque ruiné.
(o) Il gère mal ses affaires puisqu'il est presque ruiné.
(p) Il est presque ruiné; non qu'il gère mal ses affaires, mais il est frappé
par la faillite de son principal client (CAUSE EXCLUE).
Sur ce modèle, rattachez par une relation CAUSALE les énoncés suivants:
1. Il s’est cassé la jambe Il est tombé sur la glace.
2. Il n’a pas étudié Il a été refusé à l’examen.
3. Jacques ne fume plus Il a attrapé un cancer du poumon.
13. Les phrases suivantes comportent des subordonnées compléments de
cause. Modifiez-les pour que la cause apparaisse dans la proposition
principale et la conséquence dans la subordonnée:
Modèle:
Comme les deux délégations n’ont pas pu se mettre
d’accord sur une date, on a décidé d’ajourner la séance.
110 Mariana TUÞESCU

Les deux délégations n’ont pas pu se mettre d’accord, de


telle sorte / si bien qu’on a décidé d’ajourner la séance.
1. Etant donné que vous n’avez pas de preuves, vous risquez de perdre
votre procès. 2. Le rasoir X rase mieux parce qu’il peut raser deux fois en
un seul passage (Publicité). 3. Optimistes? Oui, nous le sommes, parce
que l’avenir des matières plastiques n’est pas sombre (Publicité). 4. J’ai
gagné parce que j’avais misé sur un bon cheval.
5. Les nouveaux canoës-kayaks sont d’une grande stabilité parce que les
fabricants, dans leur dessin de coque, donnent la priorité à la sécurité.
14. Transformez les propositions circonstancielles en circonstants exprimés
par des groupes syntaxiques (donc, non-propositionnels).
Modèle:
(A) Elle ne sort plus parce qu'elle est fatiguée.
⇒ - Elle ne sort plus à cause de sa fatigue.
(B) Il partira sans doute avant que je ne sois de retour.
⇒ - Il partira sans doute avant mon retour.
(C) Si j'avais une voiture, je gagnerais du temps.
⇒ - Avec une voiture, je gagnerais du temps.
1. Dès que les premiers beaux jours arrivent, les hirondelles nous reviennent.
2. Les entrées sont restées sur la table jusqu'à ce que les invités arrivent. 3.
Elle travaille beaucoup dans la maison bien qu'elle soit fatiguée. 4. La
promenade en bateau est annulée, parce qu'il avait fait mauvais temps. 5.
J'hésite à venir vous voir parce que j'ai peur de vous déranger. 6. Si j'avais de
l'argent, je m'offrirais ce beau deux-pièces. 7. Il n'est pas venu travailler hier
sous prétexte que sa mère était malade. 8. Depuis qu'il était parti, tout le
monde le regrettait. 9. À la lueur de la veilleuse, il corrigeait des épreuves,
jusqu'à ce que ce fût l'heure du dîner. 10. Il est parti sans qu'il nous dise un
mot de remerciement.
15. Transformez les circonstants propositionnels des énoncés ci-dessous en
groupes prépositionnels. Veillez à la conversion des prédicats en dérivés
nominaux issus des nominalisations:
1. Quand vinrent les premiers beaux jours, Jean Péloueyre osa enfin passer les
ponts. (Fr.Mauriac).
2. «Je reprends du poil de la bête; ce n'est pas comme le fils Pieuchon qui
ne sort plus qu'en voiture et qu'on croit perdu, bien qu'un médecin de B...
prétende le guérir avec la teinture d'iode diluée dans l'eau: les jeunes s'en
vont avant les vieux...». (Fr. Mauriac)
3. Quand Rieux arriva chez son vieux malade, la nuit avait déjà dévoré tout le
ciel (A.Camus)
4. Quand il fut sorti des grandes rues bruyantes de la fête et au moment de
tourner dans la rue de Grand et de Cottard, le docteur Rieux, en effet,
fut arrêté par un barrage d'agents. (A. Camus)
5. Nous ne pouvons même plus marcher dans les combles, parce que le
plancher est crevé en plusieurs endroits, la charpente est disjointe. (J.M.G. Le
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 111

Clézio)

16. Transformez les circonstants groupes prépositionnels des phrases ci-


dessous en circonstants propositionnels:
Modèle: Malgré sa fatigue, il continue à travailler ⇒ Bien
qu'il soit fatigué, il continue à travailler.
1. Après le passage des premiers tramways, la ville s'éveille peu à peu, les
premières brasseries ouvrent leur porte sur des comptoirs chargés de
pancartes. (A. Camus)
2. Malgré la crise du papier qui devient de plus en plus aiguë /.../, il s'est créé un
autre journal. (A. Camus)
3. Il est probable qu'il aurait aimé la ramener au bercail, mais elle s'y
refusait obstinément pour quelque raison tenue secrète. (M. Déon)
4. Sur cette équipe de bric et de broc, qui se déferait aux premiers jours
d'automne, avant la routine, avant la fin des plus généreuses impulsions,
Rosella régnait par sa sensualité, par la passion pour la musique qui la
brûlait. (M. Déon)
17. Transformez les phrases suivantes en substituant au groupe nominal ou
prépositionnel complément mobile une proposition subordonnée
conditionnelle:
1. Avec une 230 chevaux sous le pied, vous ne pourrez pas seulement
passer de 0 à 100 en 9,5 secondes, vous pourrez aussi rouler en silence
avec la sécurité que procure un freinage infaillible (Publicité).
2. Avec un magnétoscope et votre téléviseur, vous pourrez enregistrer en
couleurs sur cassettes les émissions couleur de votre choix et les revoir
quand bon vous semble sur votre téléviseur couleur.
3. Avec le T.G.V. Paris-Grenoble, en trois heures.
4. A votre prochain voyage, appelez notre correspondant, il s’occupera de
vous.
18. Dans les phrases suivantes, remplacez SI par d’autres mots
subordonnants. Attention! La forme du verbe peut subir des
modifications:
1. Si je ne suis pas à la gare, prenez un taxi! 2. Si vous allez à Verdun,
j’aimerais que vous me rapportiez des dragées. 3. Si vous nous prévenez,
nous irons vous chercher à l’aéroport. 4. Jacques peut tout comprendre
si on se donne la peine de lui expliquer. 5. Si tu as besoin d’une voiture,
tu peux toujours prendre la mienne. 6. Je vous prête mon texte, si vous
me promettez d’être le seul à vous en servir. 7. Je vous accompagnerai
volontiers, si cela ne vous gêne pas. 8. S’il y a du verglas, je prendrai la
voiture; j’ai des pneus cloutés.
19. Vous avez ci-dessous des phrases en rapport de parataxe ou de
juxtaposition. Rattachez-les par la locution de subordination conve-nable
tout en veillant au juste emploi du mode (infinitif ou subjonctif):
POUR... / POUR QUE; AFIN DE .../ AFIN QUE; DE PEUR DE ... / DE
112 Mariana TUÞESCU

PEUR QUE.
1. Elle le nourrit bien. Il va mieux.
Elle se nourrit bien. Elle va mieux.
2. Couvrez-vous. Vous attraperez froid.
Elle lui met un béret. Il attrapera froid.
3. Je suis mon régime. Je guéris.
Il me donne un régime. Je guéris.
4. Il va à 1’hôpital. Il subit une opération.
Elle amène son mari à l’hôpital. Il subit une opération.
5. Faites attention. Vous vous cassez la jambe.
Je le surveille. Il se casse la jambe.
6. Vous devrez rouler attentivement. Vous n’aurez pas d’accident.
20. Dans les paires de phrases suivantes, employez dans la première le passé
et reliez-les ensuite de sorte qu’elles expriment le but (DE SORTE QUE,
AFIN QUE, POUR QUE) et la conséquence (DE TELLE SORTE QUE).
Veillez à l’emploi correct du mode et du temps:
Modèle:
(A) On lui donnera de la novocaïne. Il n’a pas mal.
(B) (BUT) On lui a donné de la novocaïne de sorte qu’il
n’ait plus mal.
(C) (CONSÉQUENCE) On lui a donné de la novocaïne de
sorte qu’il n’a pas eu mal.
1. On l’amènera en ambulance. Il fait le trajet plus vite.
On l’a amené.............
2. L’infirmière me fait une piqûre. Je ne sens rien.
L’infirmière m’a fait ............
3. On lui inocule la variole. Il ne peut plus l’attraper.
On lui a inoculé ........
4. Il se repose bien. Il ne tombe pas malade.
Il s’est bien reposé......................
21. Réunissez en un seul énoncé qui exprime soit le BUT, soit la
CONSÉQUENCE, les deux séquences données. Veillez à toutes les
modifications syntaxiques nécessaires:
1. ne pas laisser sortir - attraper un rhume;
2. le médecin le soigne - guérir rapidement;
3. avoir mal à la gorge - ne pouvoir rien avaler;
4. allongez-vous là - je vous ausculte;
5. suivre un régime - maigrir;
6. malgré sa jambe cassée, on va l’installer - pouvoir lire quand même;
7. le dentiste lui a arraché toutes ses dents - mettre un dentier;
8. être guéri - avoir été bien soigné;
9. subir une opération - avoir une cicatrice .
22. Rédigez un texte de dix lignes sur chaque sujet suivant:
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 113

1. Les conséquences d’un rhume mal soigné.


2. Votre séjour à l’hôpital est la conséquence de votre passion pour le ski.
3. Buts et conséquences de la consommation des produits allégés et du
“régime jockey”( = régime amaigrissant très sévère).
23. Une relation de CONCESSION s'établit entre deux énonciations, de sorte
que: 1. Il s'est cassé la jambe et 2. Il fait encore du sport aboutissent
à des structures concessives de forme suivante:
(A) Bien qu'il se soit cassé la jambe, il fait encore du sport.
(B) Malgré sa jambe cassée, il fait encore du sport.
(C) Il s'est cassé la jambe et néanmoins il fait encore du sport.
(D) Il s'est cassé la jambe mais il fait encore du sport.
(E) Avec sa jambe cassée, il fait encore du sport.
À la lumière de cet exemple, proposez dix manières différentes d'exprimer la
relation de CONCESSION qui rattachera les énonciations suivantes:
1. Il a toutes les raisons d'être satisfait. 2. Il n'est pas content.
3. Il pleut. 4. Je sors me promener.
5. Elle est âgée. 6. Elle travaille du matin au soir.

24. Mettes en français les phrases suivantes:


1. Profesorul subliniaz\ gre[elile cu creionul ro[u. 2. Elevii scriu la tabl\ cu cret\
colorat\. 3. El vine la facultate cu tramvaiul, nu poate s\ vin\ pe jos. 4. Mama spal\
rufele cu ma[ina. 5. Orice gospodin\ î[i dore[te s\ spele vasele cu ma[ina. 6.
Profesorul vorbe[te cu voce tare. 7. Trec s\ te iau cu ma[ina, îmi spuse Gheorghe,
ajungem astfel mai repede. 8. Copiii alearg\ pe strad\ cu ghiozdanele în spate. 9.
Adolescen]ii înva]\ cu sârguin]\ [i cu mult interes limba englez\. 10. B\trânii
traverseaz\ cu aten]ie strada. 11. Turi[tii au sosit cu avionul. 12. Vân\torul trage cu
pu[ca. 13. Accept cu pl\cere invita]ia ta. 14. Cu timpul, va uita totul. 15. Cum se
poart\ cu tine noii chiria[i? 16. Cu firea lui impulsiv\, î[i va face numai du[mani. 17.
Tân\ra avea în mân\ o batist\ alb\ [i î[i f\cea vânt cu ea. 18. Cump\r\torul a pl\tit
mobila cu bani ghia]\. 19. Voi v-a]i construit un apartament cu trei camere cu plata în
rate. 20. Unii cititori ]in c\r]ile cu s\pt\mânile. 21. Prietenul meu se plimb\ cu
mâinile în buzunar [i cu ochii în p\mânt. 22. - Cum po]i, pe frigul acesta, s\ ie[i afar\
cu capul gol? 23. La nunta Ioanei, au venit cu to]ii, cu mic cu mare.

Observez la diversité des structures qui traduisent en français le circonstant


roumain de forme: cu + GROUPE NOMINAL.

27. Mettez en français le texte suivant:


Am dat apoi examenul, amânat în iunie, de anul III. Cu G. ne întâlneam destul de rar
[i avea o atitudine mai curând rezervat\. Nu-[i vorbeau decât foarte pu]in. Totu[i, în
decembrie, când am plecat pentru dou\ s\pt\mâni la ]ar\, la Ani[oara - pentru
vân\toare [i plimb\ri cu sania - a venit [i el acolo. Mi-a fost destul de nepl\cut, dar n-
am dat nici un semn de nemul]umire. Ciudat a fost c\ ea s-a sup\rat pe Ani[oara, a
scurtat cu o s\pt\mân\ aceast\ vacan]\ cu mese copioase [i nici nu [i-au mai vorbit. {i
114 Mariana TUÞESCU

mai târziu am f\cut destule mutre b\nuitoare, am evitat gelos multe prilejuri care mi-
ar fi fost dezagreabile, am tras cu urechea la multe, am spionat destule plec\ri în vizit\
ale nevesti-mi, c\ci mi-era team\ c\ nu se mai v\d în lume tocmai pentru c\ acum se
v\d când doresc, în vreo garsonier\, dar niciodat n-am avut prilejul s\ fiu pân\ la
cap\t nefericit. (Camil Petrescu)

4. LA PHRASE MODALISÉE

La modalité ou la modalisation représente la prise en charge par le


locuteur/énonciateur de la proposition qu’il produit. Trace,
donc, de l’énonciateur dans l’énoncé produit, toute phrase est
modalisée.
La notion de modalité est puisée à la logique. Transposée en langue
naturelle, la modalité s’enrichit de nombreux autres aspects.
Il est courant de classifier les modalités de la langue en: (a) m o d a -
l i t é s d e l ‘é n o n c é et (b) m o d a l i t é s d e l’ é n o n -
c i a t i o n.
Les premières situent la phrase sur l’axe de la CERTITUDE
(modalités é p i s t é m i q u e s), de la NÉCESSITÉ (modalités
a l é t h i q u e s) ou bien sur l’axe de l’OBLIGATION (modalités
d é o n t i q u e s).
Les modalités de l’énonciation sont représentées par les types
essentiels de phrase ou les actes de langage fondamentaux:
l’ASSERTION, L’INTERROGATION, l’INJONCTION,
L’EXCLAMATION.
Les marqueurs des modalités de l’énoncé sont très variés: modes et
temps verbaux: auxiliaires modaux (les verbes POUVOIR,
DEVOIR, SAVOIR, CROIRE, FALLOIR, SEMBLER, PARAÎTRE
etc.); les adjectifs tels que: NÉCESSAIRE, CERTAIN, POSSIBLE,
PROBABLE, SÛR, INCERTAIN, OBLIGATOIRE, PERMIS,
INTERDIT etc.; les adverbes de phrase ou modalisateurs (PEUT-
ÊTRE, CERTES, CERTAINEMENT, PROBABLEMENT, BIEN,
SANS DOUTE etc.)
Ainsi, par exemple, une phrase comme
(A) Il fait beau
pourra être modalisée pour exprimer les modalités logiques (de
l’énoncé) de sorte à donner:
(I) Certainement, il fait beau.
(II) Il est probable qu’il fait beau.
(III) Il est probable qu’il fera beau.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 115

(IV) Il est possible qu’il fasse beau.


(V) Il faut qu’il fasse beau.
(VI) Heureusement qu’il fait beau.
(VII) Il fera sans doute beau.
(VIII) A entendre la météo, il ferait beau.
(IX) Il fera beau demain, je crois.
(X) Peut-être fera-t-il beau dans deux jours etc. etc. etc.
1. Modalisez par le recours aux modalités logiques de l’énoncé les phrases
suivantes:
1. Le train a du retard. 2. Les étudiants partiraient en retard. 3. Pierre
viendra ce soir. 4. Il a perdu les clés de sa voiture. 5. Il n’a pas perdu les
clés de sa voiture. 6. Mon père ne se trompe jamais.
2. Quels sont, dans les textes suivants, les marqueurs de la modalisation?
Comment pouvez-vous caractériser chacune des modalités présentes?
1. - Ah! ah! ah! s’écria-t-il, savez-vous qui frappe? C’est M. de la
Guéritaude en perruque à marteau, avec deux grands laquais portant des
torches ardentes.
- Ce n’est pas possible, dit Catherine, il est en ce moment couché avec sa
vieille femme.
- C’est donc, dit M. d’Anquetil, son fantôme très ressemblant. Encore faut-
il croire que ce fantôme a pris la perruque du partisan. Un spectre même
ne le saurait si bien imiter, tant elle est ridicule.
- Dites-vous bien et ne vous moquez-vous pas? demanda Catherine. Est-
ce vraiment M. de la Guéritaude?
- C’est lui-même, Catherine, si j’en crois mes yeux.
- Je suis perdue, s’écria la pauvre fille. Les femmes sont bien malheureuses! On
ne les laisse jamais tranquilles. Que vais-je devenir? Ne voudriez-vous pas,
messieurs, vous cacher dans diverses armoires?
- Cela se pourrait faire, dit M. l’abbé Coignard; mais comment y renfermer
avec nous ces bouteilles vides et pour la plupart éventrées ou tout au
moins égueulées, les débris de la dame-jeanne que monsieur m’a jetée à
la tête, cette nappe, ce pâté, ces assiettes, ces flambeaux... (A.France)
2. On était passé dans le « cabinet de travail », et mon oncle, d’un air un
peu gêné par ma présence, lui offrit des cigarettes.
- Non, dit-elle, cher, vous savez que je suis habituée à celles que le Grand-duc
m’envoie. Je lui ai dit que vous en étiez jaloux. Et elle tira d’un étui des
cigarettes couvertes d’inscriptions étrangères et dorées. - Mais si, reprit-elle
tout d’un coup, je dois avoir rencontré chez vous le père de ce jeune
homme. N’est-ce pas votre neveu? Comment ai-je pu l’oublier? Il a été
tellement bon, tellement exquis pour moi, dit-elle d’un air modeste et
sensible. Mais en pensant à ce qu’avait pu être l’accueil rude, qu’elle disait
avoir trouvé exquis, de mon père, /.../ j’étais gêné, comme par une
indélicatesse qu’il aurait commise, de cette inégalité entre la reconnaissance
116 Mariana TUÞESCU

excessive qui lui était accordée et son amabilité insuffisante. Il m’a semblé
plus tard que c’était un des côtés touchants du rôle de ces femmes oisives et
studieuses... (M.Proust)
3. - Tonton, demandai-je, est-ce que ça aurait tué un sanglier?
- Certainement, s’écria-t-il, à condition de le toucher...
- Au défaut de l’épaule gauche!
- Exactement!
Il arracha les journaux superposés, et je vis, incrustées profondément dans
le bois, une vingtaine de petites billes de plomb.
- C’est du bois dur, dit-il. Elles n’ont pas traversé! Si nous avions eu des
balles...
- Heureusement, ils n’en avaient pas eu, car à travers la porte massacrée,
nous entendîmes une faible voix. Elle disait, incertaine:
- Est-ce que je peux sortir, maintenant?
C’était la « bonne ». (M.Pagnol)

4.1. Les types de phrase ou modalités de l’énonciation

4.1.1. L’interrogation
1. Par quels moyens exprime-t-on l’interrogation dans les énoncés suivants?
1. Est-ce que vous avez passé de bonnes vacances de Pâques? 2. Es-tu
content? 3. Combien avez-vous de livres? 4. Où habitez-vous?
5. Vous venez? 6. Quand est-ce que tu sors faire des courses? 7. Pierre
viendra-t-il nous voir ce soir? 8. Qu’est-ce que tu as pris au petit
déjeuner? 9. Puis-je te demander de me rendre un petit service?
10. Que sait-il de cette histoire? 11. Combien de fois as-tu échoué à
l’examen? 12. Qui frappe à la porte? 13. Qui est-ce qui frappe à la porte?
14. Tu prends lequel de ces livres? 15. Lequel prends-tu?
16. Avec quoi tu joues? 17. Avec quoi est-ce que tu joues? 18. Avec qui
joues-tu? 19. Ira-t-il passer ses vacances au bord de la mer?
20. Pour quelle liste est-ce que vous votez? 21. Vous votez pour quelle
liste? 22. Pour quelle liste votez-vous? 23. Comment l’accident s’est-il
passé?
Distinguez, d’après l’expression de l’interrogation, les différents styles ou
niveaux de langue.

2. Au niveau phrastique, il y a deux types de questions ou


interrogations: t o t a l e s ou p r é d i c a t i v e s et p a r t i e l-
l e s ou n o n - p r é d i c a t i v e s.
Ainsi, à une question comme:
Tu regardes le match, dimanche, à la télé?
qui est une interrogation totale (prédicative), la réponse sera OUI
ou NON.
À une question comme:
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 117

Que fais-tu le dimanche?


qui est une interrogation partielle (non-prédicative), la réponse
sera, par exemple:
Je vais au cinéma.
Vu cette distinction importante, établissez le type de question qui apparât
dans les phrases suivantes:
(1) Est-ce qu'il fera beau demain? (2) Tu as faim? (3) Qui frappe à la
porte? (4) Avec qui iras-tu en vacances? (5) Qui connaissez-vous, parmi
tous ces gens? (6) À qui destines-tu cette boîte de chocolats? (7) Qu'est-
ce qu’il s'est passé? (8) Qu'est-ce que tu lis? (9) Êtes-vous fatigués de ce
long voyage? (10) Savez-vous que Paul a échoué au concours
d’agrégation? (11) À quoi rêves-tu? (12) Pourriez-vous me dire votre
nom? (13) Lequel de ces deux romans préfères-tu, Jacqueline? (14)
Qu'est-ce qu'il te prend, Paul? (15) Pourquoi n'avez-vous pas terminé ce
travail?
Donnez à chacune de ces questions une réponse correcte.
3. Convertissez en interrogations totales (ou prédicatives) les énoncés
assertifs suivants:
1. Tu viendras voir Colette à l’hôpital. 2. Les malades ont besoin de repos. 3.
Vous avez l’envie de lire un policier. 4. Tu prends du café et un croissant au
petit déjeuner. 5. Il aime faire du ski quand il y a de la neige. 6. Vous avez
acheté cet appartement à crédit. 7. Il a beaucoup étudié ces derniers temps. 8.
Nous avons pris froid au retour des vacances. 9. Ton frère sait nager la brasse.
10. Marie aime les fleurs.
Donnez des réponses à ces questions. Est-ce que les réponses OUI / NON sont
les seules possibles?
Considérez, à ce sujet, les exemples suivants:
(A) - Viendra-t-il nous rendre visite ce soir?
- Probablement.
(B) - Est-ce que Marie est contente de sa voiture?
- Je ne saurais vous le dire.
(C) - Est-ce qu’il est enrhumé?
- Un peu.
(D) - Est-ce qu’il est fatigué?
- Peut-être.
4. Faites porter la question sur le constituant en caractères gras:
M o d è l e:
(A). Jean lit à haute voix ce texte ⇒ Qui (est-ce qui) lit à haute
voix ce texte?
(B). Jean lit à haute voix ce texte ⇒ Qu’est-ce que Jean lit à
haute voix?
118 Mariana TUÞESCU

(C). Jean lit à haute voix ce texte ⇒ Comment Jean lit-il ce


texte?
(D). Jean lit à haute voix ce texte ⇒ Est-ce que Jean lit
à haute voix ce texte?
(E). Il fait beau aujourd’hui ⇒ Quel temps fait-il
aujourd’hui?
(F). Il naît un homme toutes les minutes ⇒ Qu’est-ce
qu’il se passe toutes les minutes?
(G). Jean est venu puisque je l’ai vu ⇒ D’où sais-tu que
Jean est venu?
1.Tu vas à la bibliothèque. 2. Vous rentrez vers sept heures du soir.
3. Mon voisin frappe à la porte. 4. Mon voisin frappe à la porte. 5. Mon
voisin frappe à la porte. 6. Elle a acheté de belles cerises au marché.
7. Ma soeur est malade. 8. Guy est ingénieur des ponts et chaussées. 9.
Les touristes achètent des posters et des estampes aux bouquinistes de la
Seine. 10. Tu parles à haute voix. 11. Tu habites au rez-de-chaussée
d’un grand immeuble. 12. Ils ont couru deux cent cinquante mètres.
13. Ce livre coûte quatre-vingts francs. 14. Je parle à mon fils. 16. Je lui
parle tout doucement. 15. Ils se sont approvisionnés de bois pour l’hiver.
16. Chateaubriand approvisionna en thèmes lyriques toute sa génération
(Brunetière). 17. La tante nous distribua les cadeaux au compte-gouttes.
18. Ma mère va mieux. 19. Vous avez lu ce texte plusieurs fois. 20. Vous
avez fait tout ce travail à l’oeil. 21. Vous avez fait tout ce travail à l’oeil. 22.
Vous avez fait tout ce travail à l’oeil. 23. Mes parents vivent dans cette
ville depuis dix ans. 24. Mes parents vivent dans cette ville depuis dix ans.
25. Ils ont déménagé il y a deux mois. 26. Il est venu voir sa mère parce
qu’il voulait lui demander de l’argent. 27. Paul est de retour puisqu’il y
a de la lumière chez lui. 28. Ces chauffards roulent à tombeau ouvert.
29. Ces chauffards roulent à tombeau ouvert. 30. Ces chauffards roulent à
tombeau ouvert. 31. Le chant du rossignol annonce le lever du soleil.
32. Le chant du rossignol annonce le lever du jour. 33. Il nous arrive à
chaque instant des malheurs. 34. Il nous arrive à chaque instant des
malheurs. 35. Il tombe une grêle d’injures, il tombe une pluie de
menaces. 36. Il s’inquiète de l’absence de nouvelles de son fils. 37. Il
attend des nouvelles de son petit-fils. 38. Sur ses vieux jours, la solitude
l’inquiéta. 39. Nous remercions nos parents de leurs grands sacrifices. 40.
Nous remercions nos ancêtres de l’héritage culturel qu’ils nous ont
légué. 41. Il y a cinq ans qu’il n’est plus allé à l’étranger. 42. Mon époux
n’aime pas conduire de nuit.
5. Donnez des réponses adéquates aux questions suivantes:
1. Est-ce que Pierre se sent fatigué après ce long voyage? 2. Nous partons
quand? 3. Ne croyez-vous pas qu’il est temps d’aller se reposer? 4.
Comment avez-vous réussi à terminer si vite ces lectures?
5. Combien d’enfants ont ces Libyens? 6. Qui as-tu vu à ce concert? 7.
Où allez-vous passer les vacances? 8. Qu’est-ce qui vous a le plus
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 119

impressionné au Musée d’Orsay? 9. Allez-vous prendre le T.G.V. pour


aller de Paris à Grenoble? 10. A quel cours t’es-tu inscrit? 11. C’est quel
arrondissement? 12. Comment as-tu trouvé sa thèse de doctorat? 13.
Quand a-t-il soutenu sa thèse? 14. Combien gagne-t-il par mois? 15.
Qu’est-ce que c’est? 16. Que se passe-t-il? 17. A quoi penses-tu? 18.
Pourquoi s’est-il tu?
6. Posez des questions (interrogations partielles) pour avoir en réponse les
compléments circonstanciels des énoncés suivants:
1. MARDI SOIR, mon frère rentre tard. 2. Il parle BIEN le français.
3. Il était À L’ÉPOQUE ministre. 4. Il change DE VESTE. 5. Il ouvrit la
boîte D’UNE MAIN FIÉVREUSE. 6. La pluie tombe DRUE et MENUE.
7. Ils ont parlé CLAIR. 8. Je suis né DANS LA VILLE D’AUBAGNE,
SOUS LE GARLABAN COURONNE DE CHÈVRES, AU TEMPS DES
DERNIERS CHEVRIERS. (M.Pagnol) 9. Nous dînâmes TOUS LES
QUATRE en silence, puis j’aidai mon père À COUCHER LA PETITE
SOEUR. Ce fut une opération difficile, À CAUSE DU POT, DES LANGES
ET DE NOTRE PEUR DE LA CASSER. (M.Pagnol) 10. Les cigales
AUTOUR DE LA MAISON crépitent. COMME UN LIQUIDE MÉTAL, la
lumière coulait À TRAVERS LES PERSIENNES. Jean Péloueyre, LA
BOUCHE AMÈRE, se leva (Fr. Mauriac)
7. Quelle différence de style ou de niveau de langue sépare les phrases
suivantes?
1. a. Tu vas où?
b. Où est-ce que tu vas?
c. Où vas-tu?
2. a. Quand est-ce que nous partirons?
b. Quand partirons-nous?
c. Nous partirons quand?
3. a. Qui as-tu vu?
b. Qui est-ce que tu as vu?
c. Tu as vu qui?
4. a. Combien d’enfants ont-ils?
b. Combien d’enfants est-ce qu’ils ont?
c. Ils ont combien d’enfants?
5. a. Qu’est-ce?
b. Qu’est-ce que c’est?
c. C’est quoi?

8. Répondez affirmativement aux questions suivantes:


1. Avez-vous vu Alain ces derniers temps? 2. N’est-il pas rentré ivre mort ce
soir? 3. Est-ce qu’il n’est pas trop médiocre pour ce poste? 4. A-t-il assisté à la
première de cette comédie? 5. Pourra-t-il vous dévoiler toute la vérité? 6.
N’est-il pas le fils de son père? 7. Ne croyez-vous pas qu’il est temps de
boucler la boucle? 8. Peut-il conduire de nuit? 9. L’a-t-il bien encaissé? 10.
N’avait-elle pas rejeté le livre avant de l’avoir lu?
120 Mariana TUÞESCU

Expliquez la différence entre les réponses affirmatives exprimées par la pro-


phrase OUI et celles exprimées par la pro-phrase SI.

9. Donnez des réponses modalisées et circonstancées aux questions suivantes:


1. Travaille-t-il sérieusement? 2. Est-elle partie en vacances? 3. Parle-t-il
bien l’anglais? 4. Aime-t-elle son métier? 5. Vous viendrez prendre un verre
avec moi? 6. Avez-vous été au théâtre pendant cette saison?
7. Est-ce que ces étudiants achètent des livres d’occasion? 8. Faites-vous
l’aumône? 9. Connaissez-vous les romans et les nouvelles de Marguerite
Yourcenar? 10. Aimez-vous Chopin?
Pensez, à ce sujet, aux exemples suivants:
A. - Est-ce que Paul aime sa femme?
- Oui, beaucoup.
B. - Est-ce qu’il est sorti prendre l’air?
- Peut-être. / - Probablement./ - Sais-je-moi?
C. - Aime-t-elle la musique?
- Je ne saurais vous le dire.
D. - Prend-il des vacances?
- Hélas, de temps à autre. Pas tous les ans.
10. Donnez des réponses convenables aux interrogations partielles ci-dessous:
1. Qui a sonné? 2. Qui as-tu rencontré? 3. Que siffles-tu? 4. Quelle
cassette tu mets? 5. Quand posteras-tu ma lettre? 6. De quel pays vous
venez? 7. De quoi rêves-tu? 8. A quoi rêves-tu? 9. Qui ce metteur en
scène lancera-t-il? 10. Avec qui sort-elle? 11. Où partira-t-il? 12.
Jusqu’où ira-t-il? 13. Comment s’habille-t-elle? 14. Pourquoi se tait-il?
15. Combien pèse ce colis? 16. Vous, qu’auriez-vous fait à ma place? 17.
Dis-moi, Jules, le soir de ton retour tu t’es couché comment? 18. Pour
qui me prenez-vous?

11. L’interrogation est une énonciation construite pour susciter une


réponse. La principale valeur sémantique de la question est l ‘a p
p e l ou la d e m a n d e d ’ i n f o r m a t i o n:
Qui a cassé le vase de Soissons?
Cet appel d’information peut porter sur la demande d’identification
d’un actant, d’une action ( Qu’est-ce qu’il fait maintenant?), d’une
cause (Pourquoi es-tu sorti sans moi?), d’un but (Il travaille pour quoi
faire?), d’un espace (Par où est-il passé?), d’un temps (Depuis quand est-
il malade?), d’une qualification (De quelle façon s’y est-il pris?), d’une
quantité (Quel poids fait cette dinde?)
La question peut exprimer de nombreuses autres valeurs
sémantiques. Citons parmi les plus importantes: la demande
d’assentiment (C’est ta petite amie qui t’envoie une lettre, n’est-ce
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 121

pas?), la demande de compréhension (Vous voyez? Hein? n’est-ce


pas?); la demande de point de vue (Tu trouves ça bien, ce qu’il a fait?
); les demandes de reprise d’un énoncé déjà émis (- Elle s’est
enfuie. - Quoi? - Comme je te le dis, elle s’est enfuie.) qui deviennent
souvent des questions-échos; l’interrogation rhétorique (Par où
commencerai-je? Que faire?); l’hypothèse, le doute, la supposition
(On frappe à la porte. Ce serait Paul ? ); la délibération ou l’incertitude
du locuteur; l’ordre ou le commandement (Tu ne peux pas t’asseoir?);
l’invitation, l’offre; l’indignation ou la révolte (Ose-t-il parler?); la
politesse (Monsieur Dubois, s’il vous plaît?); la volition (Faut-il que je dise
la vérité? ); la requête ou demande de faire (Vous me passez votre livre?
); le démenti. D’autres questions représentent des demandes
d’éclaircissements interprétatifs, des demandes de rephrasage, des
reformulations, des questions-suspens, des questions-soutien etc.
Compte tenu de ces observations, précisez la valeur sémantico-pragmatique
de la question dans les textes ci-dessous:
1. - Et où est-elle, cette ville?
- Loin de la ville, au milieu des pins.
- C’est très loin?
- Oh, oui, dit ma mère. Il faut prendre le tramway, et marcher ensuite
pendant des heures.
- Alors, c’est sauvage?
- Assez, dit mon père. C’est juste au bord d’un désert de garrigue, qui
va d’Aubagne jusqu’à Aix. Un vrai désert!
- Est-ce qu’il y a des chameaux?
- Non, dit mon père. Il n’y a pas de chameaux.
- Et des rhinocéros?
- Je n’en ai pas vu (M.Pagnol)
2. - Naturellement, vous savez ce que c’est, Rieux? (A.Camus)
3. - Je peux prendre ta brosse à dent? La mienne n’a plus de poils. Ça ne
t’ennuie pas que je te tourne le dos? (Y.Navarre)
4. La lumière s’affaiblit. Baisse de courant? (P.Modiano)
6. Le vêtement, une futilité? Non, un langage, un code sémiotique,
répondrait Roland Barthes.
7. N’aurait-il pas mieux fait de ne pas venir?
8. Tu ne peux pas t’asseoir?
9. Alors, tu ne peux rien dire?
10. Comment peut-on être si paresseux?
11. - Monsieur Dubois, s’il vous plaît?
12. - Voulez-vous que nous bavardions à bâtons rompus, Monsieur le
Président?
- Allez-y! C’est ce que je souhaite.
13. - Qui sait, Mademoiselle, cela va peut-être cesser très vite pour vous,
tout d’un coup, peut-être que ce sera cet été-ci...
- Qui sait, en effet? Quand je parle du monde, c’est de l’orgueil, me
direz-vous, mais il me semble toujours que c’est du monde entier que je
parle, vous comprenez bien? (M.Duras)
122 Mariana TUÞESCU

14. - Veux-tu ranger ta chambre?


15. - Faut-il que je rapporte du pain?
16. - Est-ce quelque chose comme une centrale nucléaire?
- Que veux-tu dire par: « comme une centrale nucléaire »?
- Est-ce une vraie centrale nucléaire?
17. - As-tu rencontré Marc?
- Si j’ai rencontré Marc?
18. - Qu’as-tu fait dimanche?
- Ce que j’ai fait dimanche?
12. Il faut distinguer la question-question (ou question proprement
dite) de la question-requête. Si la première est une demande de
dire, la seconde est une demande de faire.
Ainsi:
(I) - Est-ce que vous avez fermé la fenêtre avant de partir?
- Savez-vous que Marc a été reçu au concours d’agrégation?
- Comment conduit-elle?
- A qui a-t-il légué sa fortune? etc.
sont des questions proprement dites, alors que:
(II) - Pouvez-vous fermer la fenêtre?
- Puis-je m’asseoir?
- Voulez-vous ouvrir la fenêtre?
- Serait-il possible d’obtenir le silence dans cette salle?
- Tu peux me donner un coup de main? etc.
sont des question-requêtes. La réaction à une question proprement dite est
une réponse verbale, partielle ou totale (prédicative). La réaction à une
requête est une activité, un acte de comportement non-verbal. Les actes de
requête peuvent être enchaînés grâce aux tours s’il vous plaît, à tout
hasard:
- Pouvez-vous fermer la fenêtre, s’il vous plaît?
- Voulez-vous m’aider à soulever cette valise, à tout
hasard, ça ne vous fera pas de mal?
Dites, à propos des énoncés ci-dessous, lesquels sont des requêtes et lesquels
des interrogations proprement-dites; justifiez votre réponse:
1. Comment a-t-il pu commettre cette injustice? 2. Voulez-vous vous
asseoir? 3. Voudra-t-il admettre qu’il a eu tort? 4. Voulez-vous me
passer votre Grevisse? 5. Pourra-t-il se rendre à l’évidence?
6. Pouvez-vous me passer la salière-poivrière? 7. Pourquoi avez-vous fait
cette bêtise? 8. Ne voulez-vous pas vous taire? 9. Ne pouvez-vous pas
cesser de vous chamailler? 10. Tu peux me donner un coup de main?
11. Pourriez-vous vous faire mon avocat? 12. Ne faut-il pas que je
rapporte du pain?
Que remarquez-vous à propos de la forme syntaxique des REQUÊTES? A
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 123

noter que les interro-négatives sont rarement de vraies questions.

13. Traduisez en français les énoncés suivants:


Ce este? Ce s-a întîmplat? Ai fost de fa]\ la acest accident? Cum s-au ciocnit
cele dou\ ma[ini? De ce [oferul camionului conducea cu vitez\ excesiv\? Au
fost omorî]i [i doi trec\tori? Cine a anun]at Poli]ia? În cît timp a venit [i
Procuratura?
A cui crezi c\ a fost vina? Oare asemenea accidente se produc numai din cauza
nerespect\rii vitezei legale? Ai mai avut, dup\ acest eveniment, curajul s\ te urci
în ma[in\ [i s\ pleci cu familia la munte? Cînd, oare, conduc\torii auto vor
admite c\ conducerea (ma[inii) este un lucru grav, moral, cu r\spunderi mari
pentru cei care pun mîna pe volan?
14. Transformez les interrogatives directes ci-dessous en interrogatives
indirectes:
M o d è l e:
A. ⇒ Qu’as-tu acheté au marché?
⇒ Dis-moi ce que tu as acheté au marché.
⇒ Je voudrais savoir ce que tu as acheté au marché.
⇒ J’ignore ce que tu as acheté au marché.
⇒ Je ne sais pas ce que tu as acheté au marché.
⇒ Raconte-moi ce que tu as acheté au marché.
⇒ Je (me/te) demande ce que tu as acheté au marché.
⇒ Je veux savoir ce que tu as acheté au marché.
B. ⇒ Ira-t-il à la mer?
⇒ Je me demande s’il ira à la mer .
C. ⇒ Avez-vous bien travaillé ces derniers temps?
⇒ Je me/vous demande si vous avez bien travaillé ces
derniers temps.
⇒ Je ne sais pas / J’ignore si vous avez bien travaillé
ces derniers temps.
1. Combien avez-vous de livres? 2. Partons-nous aujourd’hui? 3. La
standardiste a-t-elle réussi à avoir la communication? 4. Quel temps fait-il
dans le Midi? 5. Où est-ce que tu habites? 6. Depuis quand es-tu rentrée? 7.
Qu’y a-t-il de nouveau chez vous? 8. Pourquoi travaillez-vous du matin au
soir? 9. Comment va votre grand-mère? 10. Que se passe-t-il dans cet
immeuble? Pourquoi tout ce remue-ménage? 11. Qu’aurait-il fait à ma
place? 12. Où iras-tu pendant les vacances? 13. Quand est-ce que tu finiras
cette longue recherche? 14. Qu’est-ce que l’enfant a mangé?
15. Quand dors-tu sur la terrasse? 16. Comment pars-tu demain?
17. Combien gagne-t-il par mois? 18. Combien dépense-t-il par semaine? 19.
Combien de fois as-tu échoué à l’examen? 20. Qui est-ce que tu as rencontré
124 Mariana TUÞESCU

à la piscine? 21. Passera-t-il chez nous, ce soir? 22. Prenez-vous des bains de
soleil? 23. Ne vous souvenez-vous pas de cette soirée inoubliable? 24. Qu’y
a-t-il d’étrange dans son comportement? 25. A qui en voulez-vous? 26.
Qu’aurais-je pu faire, à votre place? 27. Veux-tu nous accompagner ce soir
chez les Dupont? 28. Avez-vous bien compris la leçon? 29. Qu’a-t-elle voulu
démontrer par son comportement?

15. Transformez les interrogations directes des énoncés qui suivent en


interrogations indirectes. Faites toutes les modifications syntaxiques
requises par cette transformation: veillez à respecter la concordance des
temps:
1. - As-tu un mouchoir? dit ma mère.
2. - Ce sol est bien ingrat, dit mon père. Que peut-on récolter sans eau?
(M.Pagnol)
3. - Tonton, demandai-je, est-ce que ça aurait tué un sanglier? (M.Pagnol)
4. - Est-ce que tu crois qu’il est permis de tuer les bêtes du bon Dieu, le
jour du Seigneur? (M.Pagnol)
5. - Mais, dans ce pays, il y a des gens malheureux, non? /.../
- Et il y a des jeunes filles comme moi qui attendent? (M.Duras).
6. - Tout va bien?
- Gino est en Californie.
- Pour longtemps? (G.Simenon)
7. - Qui t’a dit? questionna-t-il.
- Vous le savez, non?
..........................
- Boston Phil.
- Quand l’as-tu vu?
- Samedi. C’est-à-dire il y a trois jours.
- Qu’est-ce qu’il t’a dit? (G.Simenon)
8. « Parlerai-je à mon Seigneur, moi qui ne suis que poudre et que
cendre? Comment oserai-je venir à vous, moi qui ne sens en moi-même
aucun bien qui m’en puisse donner la hardiesse? Comment vous
introduirai-je chez moi, après avoir si souvent blessé vos yeux pleins de
bonté? » (A.France)
16. Transformez en interrogations directes les phrases qui suivent:
M o d è l e:
A. Je voudrais savoir où tu habites.
Où habites-tu?
B. Je ne sais pas ce que tu as fait ces jours fériés.
Qu’as-tu fait / Qu’est-ce que tu as fait ces jours fériés?
1. J’ai oublié où tu m’as dit que ta cousine avait passé ses vacances; je
pense que tu voudras bien me le rappeler. / 2. Tu te demandes pourquoi
ton voisin est venu te réveiller de si bonne heure. / 3. Je lui demandai à
quoi il pensait. / 4. J’ignore s’il a assisté à la séance d’ouverture de ce
Congrès. / 5. Je n’arrive pas à comprendre les motifs du divorce de mes
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 125

amis. / 6. Je ne sais (pas) s’il sait conduire. / 7. J’ignore comment il s’est


tiré de cette affaire. / 8. J’aimerais savoir si vous avez tout prévu pour
que ce séminaire interdisciplinaire se déroule dans les meilleures
conditions. / 9. Je n’ai aucune idée si Marie est revenue de son stage à
l’étranger. / 10. Expliquez-moi à quoi vous travaillez en ce moment. /
11. Je me demande ce qu’il a pu répondre à ces accusations et pourquoi
il ne m’a pas appelé hier soir, comme prévu. / 12. Je voudrais savoir ce
que tu en penses. / 13. Je m’étonne comment il a pu - dans cette
spécialisation - se former sur le tas. / 14. Marc eût été embarrassé de dire
ce que signifiaient au juste les paroles qu’il venait d’entendre. / 15. Je
ne saurais vous dire quand il sera de retour. / 16. Rappelle-moi quel âge
il a. / 17. Nous voulons savoir avec qui tu sors. / 18. Expliquez-moi
pourquoi vous pleurez. / 19. Téléphone-moi à quelle heure vous venez.
17. Traduisez en français:
1. De ce nu a t\cut Angelica, nu ar fi fost mai bine decît s\ spun\ lucruri atît de
jignitoare? Eu a[ fi dorit s-o v\d mai bun\, mai în]eleg\toare cu p\catele oamenilor.
2. Nu î]i po]i închipui cît de mult am dorit s\ particip la acest congres! Ai v\zut ce
discurs final interesant a ]inut Pre[edintele la încheierea lucr\rilor? M\ voi gîndi
mult la sensurile ascunse ale alocu]iunii sale.
3. Ce s-a întîmplat cu v\rul t\u? De ce nu a luat parte la lucr\rile acestui seminar?
O fi fost oare bolnav? Nu o fi avut poate vreme s\-[i preg\teasc\ comunicarea?
Oricum îi voi telefona pentru a-i spune regretul nostru, al tuturor, de a nu-l fi
avut lîng\ noi la aceast\ interesant\ manifestare [tiin]ific\.
4. - Î]i aminte[ti de acest cercet\tor [tiin]ific?
- Mi se pare c\ l-am întîlnit la Institutul de Fizic\ Atomic\. - Nu numai acolo.
Are [i o jum\tate de norm\ de conferen]iar la Universitate. Doar a fost coleg cu
fratele t\u, nu-i a[a?
5. M\ îndoiesc c\ Ioana va putea termina la timp acest studiu. - De cînd lucreaz\
la el? - De ani de zile. - Cum o s\-l duc\ la bun sfîr[it dac\ este a[a de obosit\? -
Nu [tiu, vom vedea!

18. Mettez en français les textes suivants:


(I) - Bun\ diminea]a, domni[oar\ Didino! Dar ce e minunea asta?
Fata se ro[i. Era din fire ru[inoas\; acum se vedea silit\ s\ [i mint\.
- Mersi, musiu Gu]\, e singura floare la care ]iu.
- O floare a[a de urît\; cum î]i place?
- Urît\? Te în[eli... gusturile nu se discut\.
Domnul Gu]\ r\mase pe gînduri. Apoi se însenin\ la fa]\:
- {tii ce, domni[oar\ Didino? Ne-am potrivit la gust. Salut!
...........................................
Într-o diminea]\, stînd pe gînduri, domnul Gu]\ începu s\-[i pun\ singur
urm\toarele întreb\ri - cu r\spunsul lor - întocmai ca la ofi]erul st\rii civile,
unde f\cea slujb\:
« - Ce vîrst\ ai?
- 39 de ani.
- Ai mai fost c\s\torit?
126 Mariana TUÞESCU

- Nu.
- Domni[oara Didina Dobrescu îndepline[te oare condi]iunile ce ceri d-ta spre a-]i
fi tovar\[\ în via]\?
- Da, da: îi plac leandrii.
- Atunci?
- Atunci consimt...» (I. A. Bassarabescu)
(II) Un b\iat cu [or] alb alearg\ cu dou\ franzele rumene [i calde în bra]e. Este oare un
parfum mai ame]itor ca mirosul de pîine cald\?
Cînd o frîngi în dou\, se înal]\ un abur copt [i bun, cum n-a urzit înc\ divinitatea
nic\ieri un fructu cu arom\ mai dulce. În cîte case, în cîte mii de case din acest
Bucure[ti nu se afl\ ast\zi buc\]i de pîine aruncate la gunoi? Buc\]i mari de pîine, felii
abia atinse. Ei mîncau acas\, la m\su]a lui care l-a crescut, numai pîine neagr\. Poate
fi ceva mai bun ca o felie de pîine neagr\ cu unt? Felia de diminea]\, înainte de a
pleca la [coal\... (C. Petrescu)

19. La question est-ce que? a une vocation argumentative. Derrière


un énoncé interrogatif il y a une assertion positive préalable P.
La vérité de la proposition P dans un monde possible est donc
un préalable à l’interrogation, et en ce sens elle relève d’une
image d’univers.
La question prédicative est-ce que? suscite soit une réponse
affirmative, soit une réponse négative. Cela apparaît par le
renvoi anaphorique positif de forme alors ou par le renvoi
anaphorique négatif de forme sinon.
Soit cet exemple:
(I)- Est-ce que Marie partira demain?
a. - Parce qu’ALORS je dois l’accompagner à l’aéroport.
b. - Parce que SINON je ne ferai pas de préparatifs de
départ.
Il est évident que l’enchaînement (a) est affirmatif, du type OUI et
l’intervention d’enchaînement (b) est négative, donc du type
NON.
Vu ce renvoi anaphorique propre aux interrogations prédicatives ou totales
EST-CE QUE?, complétez les textes ci-dessous par des interventions
formées de ALORS ou de SINON:
1. Est-ce que Pierre a attrapé une jolie bronchite? 2. Est-ce que ton fils est
sage? 3. Est-ce que vous conduisez? 4. Est-ce que vous craignez la pluie? 5.
Est-ce que cet avocat a bien défendu votre cause? 6. Est-ce que vous avez
confiance en ce médecin? 7. Est-ce que vous avez loué des places pour ce
spectacle? 8. Est-ce que votre frère est en pleine forme?
4.1.2. L’exclamation
1. Témoignant de la subjectivité du locuteur, des valeurs axiologiques
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 127

affectives et évaluatives que le langage doit exprimer, la phrase


exclamative crée une tension contradictoire entre l’évidence de ce
qui est et ce qu’on pouvait penser que serait.

Comparez les énoncés a) et b) des paires ci-dessous et précisez par quels


moyens on exprime l’exclamation.
Dites ensuite en quoi consiste la différence de sens entre les énoncés a) et
leurs pendants exclamatifs b):
1. a) Il y a beaucoup de gens dans la rue.
b) Que de gens dans la rue!
2. a) Il a beaucoup plu les dernières semaines.
b) Qu’est-ce qu’il a plu les dernières semaines!
3. a) Elle parle bien l’allemand.
b) Comme elle parle bien l’allemand!
4. a) Les vacances sont finies.
b) Finies, les vacances!
5. a) Ma bicyclette a été volée.
b) Volée, ma bicyclette!
6. a) Je n’irai jamais à la mer.
b) Moi, aller à la mer, jamais!
7. a) Le choix du jury sera délicat pour décerner le prix d’interprétation.
b) Délicat sera le choix du jury pour décerner le prix d’interprétation!
8. a) Je ne voudrais pas taire cette vérité.
b) Moi, taire cette vérité?!
9. a) Il a pris beaucoup de précautions.
b) Que de précautions n’a-t-il pas prises!
10. a) Dans cette maison il régnait un grand désordre.
b) Quel désordre, dans cette maison!
11. a) Ils ont bien fait de vendre leurs hôtels à des Américains.
b) Une belle opération, fichtre, la vente de leurs hôtels à des Américains!
12. a) Je suis désolée que tu n’aies pas pu assister à cette cérémonie.
b) Hélas! Tu n’as pas pu assister à cette cérémonie.
13. a) Je regrette de ne pas pouvoir vous renseigner.
b) Désolé, je ne puis vous renseigner, excusez-moi!
14. a) Ce sac est très lourd.
b) Ce qu’il est lourd, ce sac!
15. a) Moi, je te conseille de ne plus pleurer.
b) Voyons, mon chéri, ne pleure plus!
16. a) Je souhaite qu’il réussisse à ce concours.
b) Pourvu qu’il réussisse à ce concours!
17. a) Je souhaite qu’il recouvre la santé.
b) Puisse-t-il recouvrer la santé!
18. a) C’est malin.
b) Est-ce malin!
19. a) Tu es un enfant.
b) Es-tu enfant!
20. a) C’est une bonne plaisanterie.
128 Mariana TUÞESCU

b) La bonne plaisanterie!
21. a) Elle est très impertinente.
b) Elle est d’une impertinence!
22. a) Ce garçon de restaurant est très empoté.
b) Ce garçon est d’un empoté!
23. a) Je ne comprends rien à cette histoire-là.
b) Du diable si je comprends quelque chose!
24. a) Ce salaud de flic m’a collé une contravention.
b) Ce flic m’a collé une contravention, le salaud!
25. a) Le professeur nous invita à garder le silence sur cette histoire
désagréable.
b) - Motus, bouche cousue! - nous dit le professeur.
26. a) J’éprouvai une douleur aiguë lorsqu’il m’arracha la dent.
b) - Aïe! fis-je à l’instant même, chez mon dentiste.

2. Il y a deux types d'exclamation: des exclamations g r a d u e l-


l e s et des exclamations n o n g r a d u e l l e s. Les premières
sont liées à la gradation; elle sont marquées par des mots
introducteurs intensifs tels: QUE, (fam.) CE QUE ou QU'EST-CE
QUE, COMME, COMBIEN. Exemples:
(a) Qu'elle est belle, cette fille!
(b) Ce qu'elle est belle, cette fille!
(c) Comme elle est belle, cette fille!
(d) Combien elle peut être belle, cette fille!
L'exclamative graduelle est souvent de forme interrogative:
(e) Est-elle charmante!
(f) Si elle est charmante!
Elle peut résulter d'un mécanisme de consécution:
(g) Elle est si charmante!
ou d'indéfinition:
(h) Elle a un charme!
Les exclamations non graduelles n'impliquent pas l'idée de
gradation et, par conséquent, ne peuvent s'utiliser sous aucune
des formes précitées:
(i) Il est là!
(j) *Comme il est là!
(k) *Qu'il est là!
(l) *Il est tellement là!
Les trois dernières séquences, marquées d'un astérisque, sont
agrammaticales.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 129

Vu cette distinction typologique, étudiez les exemples suivants, en précisant


de quel type d'exclamation il est question:
(1) - Comme c'est harmonieux! murmura Kheir ed Dîn après un long
silence admiratif.
(...)
- Quelle bonne et profonde odeur! s'exclama-t-il. (...)
- Barberousse! rugit-il. Je m'appelle le sultan Barberousse! Qu'on se le
dise! Je veux que cette tapisserie figure en bonne place derrière mon
trône, dans la salle d'honneur. (M. Tournier)
(2) - C'est ton fusil de guerre? finit-il par lui demander.
- Oh non! Tu penses! dit Mogadem. Un fusil de guerre, c'est autre
chose (M. Tournier)
(3) - En somme, c'est votre premier grand départ seul! Vos débuts dans
l'existence! Un saut vers l'inconnu! C'est merveilleux! Je dirai même
que c'est émouvant! Votre vie qui commence! Aujourd'hui même! Vous
en êtes conscient? (R. Grenier)
(4) Que d'amateurs de chats! Que d'amoureux! Des images de chats, y en
a des caisses! Des cartes postales, des livres, des miniatures... Je connais
même un magasin où l'on ne vend que ça. C'est dire! Des chats en bois,
en os, en céramique, en papier mâché... Des en biscuit (de Sèvres), en
chocolat, en pain d'épice, en sucre, en caramel! (...)
Y a de la magie, là-dedans! Je voudrais qu'un jour un Monsieur Chat,
ou Shah ou Sacha soit candidat aux élections. Avec des chats sur ses
affiches. Je suis sûr qu'il serait élu...
- Vous votez pour un chat?
- Ah chat... oui! Et vous?
- Évidemment! Il est si chou, ce chat!
Chiche!
Mais heureusement, il y a aussi les chats en vrai: en chair et en os... en
poils. Et eux aussi ils ont la cote! Une notoriété du tonnerre. Sans
attaché de presse... (Le Figaro Magazine du 16 octobre 1993).
Traduisez en roumain ces textes.

3. Essayez de préciser le sentiment manifesté par l'EXCLAMATION devant


un fait réel:
1. Mon pauvre Jacques, dans quel état te mets-tu devant tes enfants! (H.
Bazin.)
2. Nous reprocher d'être vulgaires! Les beaux experts en vulgarité que
voilà! (F. Cavanna.)
3. Ensuite un grand verre d'eau fraîche. Oh! que ça fait du bien! (F.
Dorin.)
4. Heureusement que Marc n'est pas sorti... On ne pourra pas le
soupçonner.
5. Ah! quel musicien il avait fait!
6. Puisse celui à qui je vous laisse, à qui je vous donne, être digne de vous!
(A. de Musset.)
130 Mariana TUÞESCU

7. On vient d'assassiner le maire. - Ce n'est pas possible!


8. Mais, vieux, être tutoyé par le premier venu, être raillé par les enfants,
être fouillé par le garde-chiourme, recevoir des coups de matraque du
flic!
9. Si seulement ma mère était là!...
10. «- Et dire qu'on se donne tant de mal pour que les clients abîment
tout avec leurs grosses chaussures! » (H. Troyat.)
4. Dites si le DÉSIR ou le REGRET dans les énoncés suivants sont exprimés en
langue littéraire, commune ou populaire; justifiez vos réponses:
1. Plût au ciel qu'il me battît, et que tu fusses à sa place. (Voltaire)
2. À l'hôpital: Il rêvassait à voix haute et murmurait: - Si seulement elle
était ici... Si seulement elle pouvait venir me voir. (G. Duhamel)
3. Allez-vous-en, et pi, que j'vous revoie point par ici. (Maupassant)
5. Précisez dans quelles situations on dira:
1. - Au voleur! 2. - Au secours! 3. - Le fric ou je te tue! 4. - Haut les mains!
ou Les mains en l’air! 5. - Va pour! 6. - C’est le bouquet!
7. - Je suis désolé! 8. - Chienne de vie! 9. - Quel chien de temps!
10. - Cochon de temps! 11. - Garce de pluie! 12. - Chic alors! 13. - Il ne
manquait plus que ça! 14. - Il lui a flanqué un de ces allers et retours!
6. Il existe une riche classe de noms, nommés n o m s d e
q u a l i t é, à même de fonder une g r a m m a i r e d e s i n s u
l t e s dont les structures ont des traits syntaxiques et
sémantico-pragmatiques particuliers. Ces noms, qui apparaissent
généralement dans les constructions de forme:
NOM1 ( nom de qualité) + de + NOM2,
se distinguent sémantiquement des noms ordinaires (crayon,
professeur) en ce qu’ils sont « n o n c l a s s i f i a n t s ».
Axiologiques, évaluatifs, porteurs de la subjectivité du locuteur et
témoignant de la situation pragmatique de l’exercice de langage, ces
noms appartiennent à certains contextes du langage, tels:
(I) Ce fripon de valet vient de se marier.
Un imbécile de gendarme m’a dressé une contravention.
C’était un diable d’enfant.
(II) Un gendarme, l’imbécile, m’a dressé une contravention.
Pierre a mis du sel dans mon thé, le salaud.
(III) L’imbécile!
Le salaud!
(IV) Imbécile (que je suis)!
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 131

Salaud (que tu es)!


(V) Espèce de salaud!
Mais on n’aura jamais * Espèce de crayon! * Espèce de médecin!
(VI) Pierre a traité le policier (ou Jean ) de salaud.
On n’aura pas *Pierre a traité Jean de médecin.
N.Ruwet a dressé une liste des noms de qualité qui forment les
déterminants de ces groupes nominaux. En voici quelques
exemples:
- LA CITÉ: tyran, autocrate, dictateur, capitaliste, réactionnaire,
révolutionnaire, énarque, stalinien, maoïste, fasciste, nazi,
affameur (du peuple), sans-culotte, aristo(crate), traître, vendu
etc.
- LA GRANDE MUETTE: soudard, bidasse, caporal, colonel,
mercenaire, dragon, SS, samouraï, vieux briscard, vieille baderne
etc.
- GENDARMES ET VOLEURS: gendarme, flic, bourreau, assassin,
tortionnaire, voleur, fripon, bandit, escroc, filou, voyou, gredin,
pirate, chenapan, flibustier (de carnaval), négrier etc.
- LES NATIONS UNIES: barbare, sauvage, métèque, chauvin, raciste,
(sale) juif, (sale) nègre, apache, Amerloque, Prussien, Flamad,
Belge, Parisien, Bulgare, pygmée, béotien, sybarite etc.
- LES ÂGES DE LA VIE: bébé, gamin, galopin, (sale) gosse, morveux,
quinquagénaire, (jeune) vieillard, barbon, vieux schnock etc.
- LES MISÈRES DU CORPS ET DE L’ÂME: pied, con, trou de cul,
tête à claques; (vilain) barbu, blondasse; enrhumé, bronchiteux,
tuberculeux, paralytique, manchot, cul-de-jatte, bossu,
sourdaud; amnésique, schizophrène, paranoïaque etc.
- ARTEFACTS: bulldozer, armoire à glace, ballot, épouvantail,
marionnette, sépulcre blanchi, moule à gaufres, planche à
repasser, tarte, andouille.
- LA NATURE: cornichon, poire, (grande) asperge, patate, monstre,
phénomène, cyclone (ambulant), peste, volcan, météore etc.
- WHO’S WHO: Harpagon, Don Juan, Don Quichotte, Créssus, Judas,
Caïn, Casanova, Marylin Monroe, Amin Dada etc.
- DIEUX et DEMI-DIEUX: Apollon, Hercule, (faux) héros, sirène,
nymphe, diable, démon, chérubin, ange déchu etc.
- LA SOCIÉTÉ CIVILE: bourgeois, citadin, paysan, péquenot, plouc,
manant, (vil) esclave, gueux, clochard, mendiant, prolétaire etc.
- LES MOEURS: cannibale, végétarien, ivrogne, buveur d’eau,
goinfre, bas-bleu, cuistre, jocrisse, farceur, étourdi, boute-en-
132 Mariana TUÞESCU

train, cachotier, arriviste, mandarin, malotru, emmerdeur,


paresseux, tire-au-flanc, fine bouche, lâcheur, chauffard etc.
- LE RÈGNE ANIMAL: animal, oiseau (de malheur), cloporte,
vermine, cafard, ver de terre, sangsue, crapaud, serpent, vipère
(lubrique), crocodile, méduse, requin, carpe, morue, (vieux)
cachalot, vampire, oie, dinde, poule, perroquet, vautour
(déplumé), autruche, veau, vache, cochon, porc, chien, chienne
(en chaleur), ours, marmotte, chameau, rhinocéros, tigresse,
chacal, singe, gorille, macaque, pithécanthrope etc.
Choisissez dans cette liste cinq noms de qualité et faites avec chacun d’eux
six énoncés révélateurs pour leurs traits syntaxiques et sémantico-
pragmatiques.
Pensez à découvrir en roumain des structures nominales du même type. Soit
comme exemples: o bomboan\ de fat\, o gr\din\ de om, o scorpie de nevast\,
un cîine de om.
7. Essayez de trouver les correspondants assertifs des énoncés exclamatifs
suivants:
1. Comme elle est belle! 2. Qu’elle est gentille! 3. Est-elle serviable!
4. Quel acteur! 5. Un acteur tel que lui ne peut connaître que des succès!
6. Que d’eau! 7. Il y a tant d’eau dans la mer! 8. Il est rare de voir autant
d’eau! 9. Dites que je ne suis pas gentille! 10. Quel doigté chez ce
pianiste! 11. Crétin de plombier! Il a pris mon argent et m’a laissée
tomber, le conduit d’eau est en panne! 12. Cette cruche de Jeanne croit
tout ce qu’on lui dit! 13. Moi, emprunter de l’argent, jamais de la vie!
14. Voyez comme elle parle bien l’allemand! 15. Que tu me traites de
manière révoltante! 16. Comment ne pas réagir à pareille impertinence!
17. Casse-cou que tu es! 18. Pierre a mis du sel dans mon thé, le salaud.

8. Les interjections sont essentiellement des éléments


morphématiques qui illustrent la fonction p h a t i q u e4 du
langage et dont le sens se rapporte à l’action. Elles renvoient à la
situation de communication et représentent la réaction du sujet
parlant à l’événement auquel il est confronté.
Voilà une liste d’interjections avec la situation interactive qui les
engendre:
- CHOCS et COUPS: vlan!
- CHUTES et PRÉCIPITATIONS: patatras!
- BRUITS et CRAQUEMENTS: pouf!
- TIRS et EXPLOSIONS: boum!
4
La fonction PHATIQUE est, selon R.Jakobson, la fonction du langage centrée sur le c a -
n a l ou le c o n t a c t entre émetteur et récepteur. Découverte par Malinovski, cette
fonction semble être la première fonction verbale acquise par l’enfant.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 133

- DOULEUR: aïe! ouïe!


- SOULAGEMENT: ouf! enfin! Dieu merci! ah! bon!
- NOSTALGIE: ah!
- AVERTISSEMENT: attention!
- JOIE et JUBILATION: youpi! gai gai!
- ENTHOUSIASME: (hip hip ) hourra!
- ENCOURAGEMENT: courage! en avant! allons (-y)! va (s’y)!
- MÉPRIS: bah!
- APAISEMENT: ça va, ça va!
- REGRET: (c’est / quel) dommage!
- HÂTE: vite! allez vite! allez hop!
- CALME: doucement! tout doux! pas si vite (que ça)!
- APPEL À l’AIDE: au secours!
- RÉSIGNATION: que veux-tu / que voulez-vous!
- REMERCIEMENT: merci; merci bien; merci beaucoup; merci mille
fois; je vous en remercie!
- RÉPONSE À UN REMERCIEMENT: de rien! (il n’y a ) pas de quoi!
- SURPRISE: ah! oh! tiens! sans blague! incroyable! (c’est) pas vrai! ça
(alors)! dis donc! (c’est) pas possible! bon Dieu! bon sang!
- SURPRISE DÉSAGRÉABLE: ha! comment (ça)! quoi! oh là! oh là
là! ah ça par exemple! encore!
Tâchez de reconstituer la situation adéquate pour l’emploi de ces interjections.

9. Analysez les interjections et les locutions interjectives et dites de chacune


d’elles le sentiment qu’elle marque:
1. - Ne fais pas de bruit, disait l’un.
- Ah, répondait l’autre, il est toujours bien temps qu’il s’éveille!
- As-tu garni sa chambre?
- Mais oui, comme celle des autres.
Le vent fit battre la fenêtre ouverte.
- Tiens, dit le premier, tu n’as même pas fermé la fenêtre. Le vent a
déjà éteint une des lanternes. Il va falloir la rallumer.
- Bah! répondit l’autre, pris d’une paresse et d’un découragement
soudains. A quoi bon ces illuminations du côté de la campagne, du côté
du désert, autant dire? Il n’y a personne pour les voir. (Alain-Fournier)
2. Hélas! il est mort sans voir la parution de son dernier roman. / 3. Eh
bien! puisqu’il le veut, acceptons. / 4. Tout le monde est là. Eh bien, on
peut commencer. / 5. Ça vous surprend, hein? / 6. Ah! vous lisez Marx,
hein? / 7. Hourra! C’est notre équipe qui l’emporte! / 8. Ouf! me voici
enfin débarrassé de ce fardeau! / 9. Allons! Mettons un peu plus de vigueur
dans nos efforts! / 10. Ça vous surprend, hein? / 11. Vous avez fait là une
action qui vous honore. Bravo! / 12. Ma foi! Sur l’avenir insensé, qui se fie!
134 Mariana TUÞESCU

/ 13. Hourra! C’est notre équipe qui l’emporte! / 14. Ah! que ce tableau est
ravissant!
10. Remplacez les points de suspension par l’interjection convenable, choisie
entre celles qui sont données ci-après:
Ah! Hé! Bravo! Hélas! Fi donc! Oh! Quoi! Miséricorde! Holà!
Motus! Gare! Halte! Eh bien! Hein!
1. ... voilà enfin le beau et bon livre que je cherchais. 2. ... , vous
resteriez insensibles à la peine de vos frères! 3. Soyez discret! et sur tout
ce que je vous ai dit ... 4. Je suis vilaine ...? Vous m’en voulez?
5. ...! Ne roulez pas si vite! 6. ... mon ami! Voilà un succès qui vous
honore. 7. ...! Le passage est interdit. 8. ... Venez vite à mon secours!
9. ... je ne me trompais pas: nous avons gagné le gros lot! 10. ...! lui dit-
elle en le repoussant. 11. ...! S’il entreprend d’escalader ce pic, il va se
rompre le cou! 12. ...! Que de jeunes gens se sont fourvoyés pour avoir
méprisé les sages avis de leurs parents!
11. Étudiez les énoncés exclamatifs des textes ci-dessous et précisez la
structure et la valeur des marqueurs de l’exclamation:
1. - Oh! s’écria mon bon maître en bondissant sur le plancher poudreux
d’où s’éleva un nuage de poussière, oh! que de rêveries! C’en est trop,
vous vous moquez! et monsieur Mosaïde ne peut emmagasiner tant de
folies dans sa tête, sous son grand bonnet qui ressemble à la couronne de
Charlemagne. (A.France)
2. A la question de M.Seurel, une dizaine de voix répondirent, criant
ensemble “
« Le grand Meaulnes! le grand Meaulnes »
Mais M. Seurel fit semblant de ne pas entendre. Alors ils crièrent:
« Fromentin! »
D’autres:
« Jasmin Delouche! »
Le plus jeune des Roy, qui allait aux champs monté sur sa truie lancée au
triple galop, criait:
« Moi! Moi!», d’une voix perçante. (Alain-Fournier)
3. Broum, broum! C’étaient les mêmes vrombissements, à la même heure.
4. Au lever du jour, la poule s’en allait par les champs; cracra, cracra,
qu’elle faisait, comme celles qui sentent l’oeuf prêt à pondre.
5. On entendait le bruit de l’eau dans la salle de bain: glou glou!
6. Glouglou! cria le dindon dans la basse-cour.
7. Ding, ding, ding! Ah! que j’aime ce carillon qui me réveille tous les
matins!
8. PÈRE UBU: Ventrebleu, de par ma chandelle verte! /.../ Cornebleu,
jambedieu, tête de vache! nous allons périr, car nous mourons de soif et
sommes fatigué . /.../
Oiseau de nuit, bête de malheur, hibou à guêtres! Où as-tu pêché ces
sornettes? En voilà d’une autre! Et qui a fait ça? Bougrelas, je parie.
(A.Jarry)
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 135

9. La liste finie, il la lut à haute voix. Cependant, ma mère avait sorti les
bartavelles du garde-manger et les posa sur la table:
- Que veux-tu faire? demanda-t-il d’un air inquiet.
- Je vais les plumer et les vider, et nous les rôtirons ce soir.
- Malheureuse! Ce n’est pas de la volaille, c’est du gibier! Et quel gibier!
Nous ne les mangerons que demain, car aujourd’hui ce serait un crime!
/.../
...Un jour, M.Arnaud, qui était un pêcheur passionné, avait pris à la ligne
une énorme « rascasse »: il avait apporté à l’école une photographie de
son exploit. /.../
...A table, mon père décrivit ce tableau triomphal, et il avait conclu:
- Qu’il soit content d’avoir pris une belle pièce, je veux bien l’admettre, mais se
faire photographier avec un poisson! Quel manque de dignité! De tous les
vices, la vanité est décidément le plus ridicule! (M. Pagnol)
12. Mettez en français le texte suivant:
Dup\ un r\stimp de dezmeticire, Teofil se gîndi s\ plece. Îl scormonea îns\
dorin]a s\ afle mai de aproape cine e domnul Socrate, cum l-o mai fi chemînd,
de ce l-o fi poftit de atîtea ori [i atît de st\ruitor la mas\.
{i domnul Socrate se arat\ cu oarecare sfial\, lungind cam mult plînsetul u[ii,
care aproape înn\bu[ise glasu-i moale.
- A, în sfîr[it, ]i-ai adus aminte [i de mine. Adic\, vreau s\ spui... mi-ai f\cut pl\cere. Ia
poftim! Trebuie s\-]i fie foame, [i tontul de Ion n-a pus masa ... Ioane!
Ion nu r\spunse.
- A! nerodule, iar ai pierit!
Domnul Socrate se încurc\ printre scaune, se lovi de pat, nu-[i g\sea p\l\ria.
- Trebuie s\ m\ duc s\-l caut. Uite, numai d-astea îmi face. Te rog s\ m\ ier]i un
minut. Vin îndat\ ... (I.A.Bassarabescu)

13. Amusez-vous à étudier le texte ci-dessous, extrait des Exercices de style


de Raymond Queneau:
EXCLAMATIONS
Tiens! Midi! temps de prendre l’autobus! que de monde! que de monde!
ce qu’on est serré! marrant! ce gars-là! quelle trombine! et quel cou!
soixante-quinze centimètres! au moins! et le galon! le galon! je n’avais
pas vu! le galon! c’est le plus marrant! ça! le galon! autour de son
chapeau! Un galon! marrant! absolument marrant! ça y est le voilà qui
râle! le type au galon! contre un voisin! qu’est-ce qu’il lui raconte!
L’autre! lui aurait marché sur les pieds! Ils vont se fiche des gifles! pour
sûr! mais non! mais si! va h y! va h y! mords y l’oeil! fonce! cogne!
mince alors! mais non! il se dégonfle! le type! au long cou! au galon!
c’est sur une place vide qu’il fonce! oui! le gars!
Eh bien! vrai! non! je ne me trompe pas! c’est bien lui! là-bas! dans la Cour de
Rome! devant la gare Saint-Lazare! qui se balade en long et en large! avec un
autre type! et qu’est-ce que l’autre lui raconte! qu’il devrait ajouter un
bouton! oui! un bouton à son pardessus! à son pardessus!
Comparez ce texte à celui qui sert d’inter-texte et de prétexte à Raymond
136 Mariana TUÞESCU

Queneau:
NOTATIONS
Dans l’S, à une heure d’affluence. Un type dans les vingt-six ans, chapeau
mou avec cordon remplaçant le ruban, cou trop long comme si on lui
avait tiré dessus. Les gens descendent. Le type en question s’irrite contre
un voisin. Il lui reproche de le bousculer chaque fois qu’il passe
quelqu’un. Ton pleurnichard qui se veut méchant. Comme il voit une
place libre, se précipite dessus.
Deux heures plus tard, je le rencontre Cour de Rome, devant la gare
Saint-Lazare. Il est avec un camarade qui lui dit: « Tu devrais faire
mettre un bouton supplémentaire à ton pardessus ». Il lui montre où (à
l’échancrure) et pourquoi.

4.1.3. L’injonction
1. Transformez les énoncés assertifs suivants en énoncés injonctifs. Opérez, à
ce sujet, toutes les modifications syntaxiques nécessaires, amenées par
l'emploi de l'impératif (pour les 2-èmes personnes singulier et pluriel et
la 1-ère pluriel) ou du subjonctif (pour la 3-ème personne, singulier et
pluriel).
M o d è l e: Il va à l'école ⇒ Qu'il aille à l'école!
Tu vas à l'école ⇒ Va à l'école!
Tu y vas ⇒ Vas-y!
Tu t'en vas d'ici ⇒ Va-t'en d'ici!
Nous allons à pied ⇒ Allons à pied!
1. Vous êtes sages. 2. Ils font leurs devoirs sérieusement. 3. Vous n'êtes
pas en retard. 4. Vous n'avez pas peur des malfaiteurs. 5. Tu me dis la
vérité. 6. Tu ne me caches pas la vérité. 7. Tu ne me la caches pas. 8. Tu
as soin de toi-même et de tes proches. 9. Vous lui direz toute la vérité.
10. Vous la lui direz. 11. Vous vous taisez pendant ce cours. 12. Les
spectateurs se taisent durant le spectacle. 13. Tu le salues avec courtoisie.
14. Tu envoies ce télégramme dans les plus brefs délais. 15. Tu l'envoies
le plus vite possible. 16. Ils savent de quoi il s'agit. 17. Nous n'avons
pas peur du danger. 18. Nous ne sommes jamais en retard. 19. Tu
prends ce paquet et tu le donnes à ton frère. 20. Nous allons à la
piscine.
2. Transformez les assertions suivantes en injonctions. Vous emploierez, à ce
sujet, l'impératif et vous procéderez à toutes les modifications syntaxiques
requises:
M o d è l e: Tu me prêtes ce livre ⇒ Prête-moi ce livre!
Tu me le prêtes ⇒ Prête-le-moi!
1. Tu aides ton copain. 2. Vous vous taisez. 3. Tu lui parles à haute voix.
4. Vous êtes sages. 5. Nous ne parlons pas de cette histoire.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 137

6. Tu vas chez le docteur. 7. Tu y vas. 8. Vous vous en allez. 9. Tu ne le


lui donnes pas. 10. Tu es conscient de tes responsabilités. 11. Il ira se
promener. 12. Nous ne trichons pas. 13. Vous, vous sortez.
14. Vous êtes remerciés par le sort. 15. Elle m'écrira. 16. Ils feront leurs
devoirs. 17. Elles iront se promener. 18. Vous savez que je suis votre
fidèle ami. 19. Vous ne le lui reprochez pas. 20. Tu n'y penses pas. 21.
Tu n'as pas peur. 22. Vous n'avez pas peur.
3. Quelles sont les valeurs modales exprimées par l'impératif dans chacun
des énoncés ci-dessous?
- Asseyez-vous! / - Fermez la porte! / - Fermez la porte, s'il vous plaît! / -
Mais répondez donc, s'il vous plaît! / - Rappelez ce soir, si vous voulez
bien! / - Veuillez vous asseoir un instant! / - Veuillez me dire votre nom!
/ - Ne dépassez pas la vitesse légale! / - Ne fumez pas dans la salle de
spectacle! / - Veuillez déposer vos manteaux au vestiaire! / - Sachez que
je ne vous oublierai jamais! / - Ayez la gentillesse de me recommander à
votre directeur! / - Faites-moi le plaisir d'accepter ce petit cadeau! / -
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! (Marx) / - Médecin, soigne-toi
toi-même! (Proverbe biblique) / - Cherchez la femme (dicton) / -
Chassez le naturel, il revient au galop! (Molière)
4. Par quels procédés réalise-t-on l'acte d'ORDRE dans les énoncés suivants:
1. Retirez-vous sur-le-champ! 2. Je vous ordonne de vous retirer.
3. Je vous intime/donne l'ordre de vous retirer. 4. Dehors! 5. Silence!
6. A cheval! 7. En avant! 8. Ta gueule! 9. Je veux que tu sortes. 10. Je te
demande de sortir. 11. J'aimerais que tu sortes. 12. Viens par ici, toi! 13.
Ouvrons non seulement notre bourse, mais aussi notre coeur aux
malheureux! 14. Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
(Boileau) 15. Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es. 16. Le fric ou je
te tue! 17. Allons! Dépêchez-vous, paresseux! 19. Veux-tu te taire?
19. Alors, vous vous retirez, oui? 20. Alors, maintenant, tu prends tes
affaires et tu te retires sur-le-champ.
5. Exprimez d'une manière variée l'ORDRE de:
- Sortir le plus vite possible; / - Fermer la fenêtre; / - Faire sa valise; / -
Faire ses adieux à ses amis; / - Mettre de l'ordre dans sa chambre; / -
Ranger ses papiers; / - Laver le linge sale; / - Remercier ses professeurs;
/ - Être à l'heure à son travail.

6. Justifiez les moyens par lesquels on exprime l'acte d'INTERDICTION ou


de DÉFENSE dans les énoncés ci-dessous:
1. Ne parlez pas durant le spectacle! 2. Ne roulez pas à tombeau ouvert!
3. Ne brûlez pas les étapes! 4. Ne fumez pas dans le métro! 5. Je vous interdis
de partir avec moi. 6. Je vous défends de me suivre. 7. Défense de fumer. 8. Je
vous ordonne de ne plus tirer. 9. Je ne vous permets pas de parler. 10. Vous
n'êtes pas autorisé à parler. 11. Vous ne pouvez pas parler.
138 Mariana TUÞESCU

8. Les énoncés ci-dessous expriment des CONSEILS. Observez les moyens


spécifiques de leur expression. Quelle différence voyez-vous entre
l'ORDRE et le CONSEIL?
1. Allez voir un médecin! Vous êtes pâle. / 2. Si vous alliez voir le
médecin... / 3. Eh bien, si j'étais à votre place, j'irais voir le médecin. / 4.
Mon conseil chaleureux c'est d'aller voir le médecin! / 5. Je vous
conseille d'aller voir le médecin.
« Conseiller - disait J.Searle -, ce n'est pas essayer de vous faire faire
quelque chose comme c'est le cas de demander. Conseiller, c'est plutôt
vous dire ce que vous avez intérêt à faire » (Les Actes de Langage, 1972).

9. Quelle est la force illocutionnaire5de la modalité injonctive de chacun des


énoncés qui suivent?
1. - Jeannette, mon chocolat! 2. - La porte, s'il vous plaît! 3. - Je vous
prierai, Monsieur le Préfet maritime, de me dire s'il s'agit de mètres
cubes (Stendhal). 4. - Arrière, monstre! 5. - Voyons, Marie, ne pleure
pas! 6. - Voyons, vous n'allez pas croire cela... 7. - Je te prie de prendre
avec moi un autre ton, espèce de sale gamin. (M.Aymé).
8. - Veuillez entrer là, dans le pavillon. 9. - Te tairas-tu? 10. - Veux-tu
faire immédiatement ton devoir?! 11. - Pouvez-vous fermer la porte? 12.
- Voulez-vous fermer la porte? 13. - Voulez-vous me passer votre livre?
14. - Le livre, s'il vous plaît! 15. - Veuillez vous asseoir! 16. - Te tairas-
tu! 17. - Quand tu t'ennuieras, et si ça te fait plaisir, tu donneras un
coup de main aux gens de la maison. 18. - Si vous lisiez moins haut, là-
bas! cria le caissier, on ne s'entend plus.
19. - Je vous serais bien obligé si vous consentiez à avoir l'extrême bonté
de me tenir au courant. 20. - Toi, fais-moi le plaisir de t'asseoir!
21. - Silence! elle dort. 22. - Ayez la bonté d'exécuter les ordres que je
porte (P.Mérimée). 23. - Que Monsieur descende vite, la pauvre
Madame est en train de mourir. 24. Pierre, qui traînait, se fait rappeler à
l'ordre: - Vous venez, mon ami? 25. - Voudriez-vous accepter un
compagnon de voyage? 26. - Je ne vous retiens pas.
27. - Vous pouvez partir.

10. L'infinitif est un marqueur privilégié de l'injonction. Cet INFINITIF


« IMPÉRATIF » est utilisé lorsque le conseil, l'ordre, l'exhortation ne
s'adressent pas à un destinataire précis, mais à une classe
d'individus. De là son emploi dans tout libellé destiné à une
audience très large: consignes, notices de montage, guides
touristiques, modes d'emploi, indications de chemins de fer, notes
publicitaires, posologies de médicaments, recettes de cuisine.

5
La force ou la valeur illocutionnaire est l'intention avec laquelle un locuteur
(énonciateur) emploie son énoncé et qu'il veut faire reconnaître à son destinataire. C'est le
but de la communication. La force illocutionnaire reflète, à ce sujet, la situation de
communication. Ainsi, une injonction pourra exprimer « l'ordre », « la prière », « la
requête », « le conseil », « l'invitation » , « le reproche », « la défense » « l'offre », « la
permission », « la remontrance», « l'avertissement » etc.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 139

Étudiez à ce sujet les énoncés suivants et précisez dans quelles situations ils
sont employés:
1. Ne pas se pencher en dehors. / 2. Prendre la première rue à gauche,
s'arrêter ensuite sur le parvis de la cathédrale. / 3. Ne pas ouvrir le
coffret. Confier l'entretien de l'appareil uniquement à un personnel
qualifié. / 4. Verser le contenu du sachet dans une soupière. Ajouter 750
ml. d'eau froide. Amener à ébullition en remuant de temps en temps. /
5. Prendre deux comprimés par jour, avant les repas. / 6. Ne pas
dépasser la dose prescrite. Ne pas laisser à la portée des enfants.
Traduisez en roumain ces énoncés.

11. Rédigez la recette de la pâte à crêpes en mettant les verbes à l'infinitif:


Je prends un saladier, je mesure cent cinquante grammes de farine, je casse
deux oeufs, je verse un demi-litre de lait, je mets cinquante grammes de
sucre, je bats le tout, j'ajoute du rhum et un sachet de sucre vanillé, je
mélange, je couvre le saladier d'un linge et je laisse reposer.

12. Donnez à une amie française les recettes des plats roumains musaca et
sarmale.

13. Vous avez ci-dessous Les dix commandements du parfait écolo.


Tous les prédicats verbaux des phrases qui forment ce texte sont au futur.
Pourquoi? Justifiez l'emploi de ce futur:
1. Tu ne dépenseras pas inutilement de l'eau.
2. Tu ne jetteras pas les déchets.
3. Tu banniras les aérosols.
4. Tu te méfieras des plastiques.
5. Tu ne mettras pas n'importe quel détritus dans les poubelles.
6. Tu ne gaspilleras pas l'énergie.
7. Tu ne détruiras pas la faune et la flore.
8. Tu n'utiliseras pas d'essences polluantes.
9. Tu prendras le moins possible ta voiture pour circuler en ville.
10. Tu te souviendras, en toutes circonstances, que la Terre est belle et
qu'elle doit le rester.
(LE FIGARO MAGAZINE, mars 1990)

14.Le discours ci-dessous du Père Ubu représente un texte injonctif. Quels en sont
les marqueurs? Expliquez comment s'enchaînent les actes directifs d'ORDRE,
d'ENGAGEMENT et d'OBLIGATION VOLITIVE pour constituer un
ensemble significatif qui est une « stratégie militaire »:
L'ARMÉE: Les Russes! L'ennemi!
PÈRE UBU: Allons, messieurs, prenons nos dispositions pour la bataille.
Nous allons rester sur la colline et ne commettrons point la sottise de
descendre en bas. Je me tiendrai au milieu comme une citadelle vivante
et vous autres graviterez autour de moi. J'ai à vous recommander de
140 Mariana TUÞESCU

mettre dans les fusils autant de balles qu'ils en pourront tenir, car 8
balles peuvent tuer 8 Russes et c'est autant que je n'aurai pas sur le dos.
Nous mettrons les fantassins à pied au bas de la colline pour recevoir les
Russes et les tuer un peu, les cavaliers derrière pour se jeter dans la
confusion, et l'artillerie autour du moulin à vent ici présent pour tirer dans le
tas. Quant à nous, nous tiendrons dans le moulin à vent et tirerons avec le
pistolet à phynances par la fenêtre, en travers de la porte nous placerons le
bâton à physique, et si quelqu'un essaye d'entrer gare au croc à merde!!!
OFFICIERS: Vos ordres, Sire Ubu, seront exécutés.
PÈRE UBU: Eh! cela va bien, nous serons vainqueurs. Quelle heure est-il?
LE GÉNÉRAL LASCY: Onze heures du matin.
PÈRE UBU: Alors, nous allons dîner, car les Russes n'attaqueront pas
avant midi. Dites aux soldats, Seigneur Général, de faire leurs besoins et
d'entonner la Chanson à Finances.(Alfred Jarry)

15. Analysez les modalités assertives, injonctives, interrogatives et


exclamatives qui s'emboîtent pour former le texte qui suit:
- Dépêche-toi... Où sont mes gants?... Non... Ce ne sont pas ceux-là...
cherche-les dans mon sac...
-Les trouve pas, mon Capitaine.
- Tu es un imbécile.
Ils sont tous des imbéciles. Celui qui ne sait pas trouver mes gants.
Et l'autre, de l'État-Major, avec son idée fixe de mission à basse altitude.
- Je t'ai demandé un crayon. Voilà dix minutes que je t'ai demandé un
crayon... Tu n’as pas de crayon?
- Si, mon Capitaine.
En voilà un qui est intelligent.
- Pends-moi ce crayon à une ficelle. Et accroche-moi cette ficelle à cette
boutonnière-ci... Dites donc, le mitrailleur, vous n'avez pas l'air de vous
presser...
- C'est que je suis prêt, mon Capitaine.
- Ah! Bon.
Et l'observateur, je bifurque vers lui:
- Ça va, Dutertre? Manque rien? Vous avez calculé les caps?
- J'ai les caps, mon Capitaine...
Bon. Il a les caps. Une mission sacrifiée... Je vous demande un peu s'il est censé
de sacrifier un équipage pour des renseignements dont personne n'a besoin
et qui, si l'un de nous est encore en vie pour les rapporter, ne seront jamais
transmis à personne... (A. de Saint-Exupéry)

16. Mettez en français le texte suivant:


Doctorul Vasiliad comand\ profesional b\trînului:
- Scoate]i-v\ c\ma[a!
Acesta, intimidat, se execut\, aruncînd o uit\tur\ vrednic\ de mil\ c\tre ceilal]i,
care nu se putur\ ab]ine de a nu zîmbi.
- Cî]i ani ave]i? întreb\ doctorul, imperios.
Mo[ Costache se fîstîci. Era învederat c\ nu-i pl\cea s\-[i spun\ vîrsta. (...)
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 141

Vasiliad începu apoi s\ fac\ ausculta]ia pl\mînilor, ducîndu-[i urechea deasupra


spin\rii b\trînului.
- Spune]i treizeci [i trei, comand\ el.
- Ce, cum?
- Spune]i tare: treizeci [i trei. A[a. Tu[i]i. Din nou: treizeci [i trei. (...)
Doctorul ridic\ capul.
- A]i suferit vreodat\ de vreo congestie la baza stîng\?
- Nu - nu - nu! se ap\r\ Costache, pu]in palid.
- A]i avut ceva: aud crepita]iuni.
- Domnule doctor, - s\ri Pascalopol - l\sa]i omul în pace. N-a avut nimic.
- Nu ave]i din cînd în cînd sufoca]ii, palpita]ii?
Mo[ Costache ezit\, indispus.
- Am s\ v\ dau un calmant foarte bun, insinu\ doctorul.
- E vîrsta, fire[te, coment\ sinistru St\nic\. Examineaz\ [i inima, Vasiliad.
- Se-n]elege, se-n]elege.
Vasiliad ordon\ lui mo[ Costache s\-[i opreasc\ respira]ia [i-[i puse urechea pe
pieptul lui, în vreme ce cu mîna dreapt\ îi lu\ pulsul. (George C\linescu)

4.1.4. La négation
1. Dans les exemples suivants, précisez la nature des moyens qui expriment
la négation. Dites ensuite quel est le niveau d’incidence de la négation et
quel est donc le constituant nié:
1. Ces événements n’étaient pas à leur place et Marie ne pouvait croire à
leur vérité.
2. - Tu ne sais pas où nous allons? (M.Pagnol)
3. Les députés n’étaient nullement pressés de sortir.
4. Pourquoi se montrer impatient par des efforts disproportionnés? Pierre,
apôtre de la non-violence inclinait à ne plus s’obstiner.
5. Personne ne reparlera jamais de cette histoire.
6. Ce n’est pas à Rome que je voudrais aller, mais à Florence.
7. C’est un chauffard; il conduit maladroitement.
8. Jean a descellé le piton du mur.
9. Le soldat déloge la balle du chargeur.
10. - Paul ne fume plus.
- Est-ce qu’il a jamais fumé?
11. Au CNRS, comme ailleurs, délocalisation ne rime pas avec
décentralisation mais avec dislocation!
12. « Un Président pour une France désunie!», titraient les journaux à la
veille du second tour des élections présidentielles de mai 1995.
13. Il n’y a que Maille qui m’aille. (Slogan publicitaire).
14. - Est-ce que tu répondras à cette lettre?
- Non.
15. Ne pas laisser ce médicament à la portée des enfants. Ne pas dépasser
la dose prescrite.
16. N’avoir jamais rien demandé aux autres, voilà qui vous donne une
142 Mariana TUÞESCU

certaine indépendance.
17. L’homme du monde se trouve là comme dans un pays lointain, dont il
ne connaît ni les routes, ni la langue, ni les moeurs, ni la coutume (La
Bruyère).
18. Il ne fait que de rares apparitions dans cette société.
19. - Je dirai toute la vérité, ne vous en déplaise.
- Qu’à cela ne tienne!
20. Il n’y a aucun remède.
21. Je n’aime guère ce quartier.
22. Nul n’est censé ignorer la loi.
23. Je ne suis allée nulle part pendant ces jours fériés.
24. C’étaient de nouvelles peines auxquelles ils ne s’attendaient mie.
(G.Sand)
Vous remarquerez la diversité des moyens linguistiques qui expriment la
négation et le fait qu’on peut nier tout élément de langue, du niveau lexical
au niveau discursif.
2. Au niveau phrastique, il y a deux types de négation: une n é g a t i o n
p r é d i c a t i v e (ou t o t a l e) et une n é g a t i o n n o n -
p r é d i c a t i v e (ou p a r t i e l l e). Décelez dans les énoncés ci-dessous
le type de négation exprimée:
1. Cottard n’était pas libre le lendemain et d’ailleurs Rambert n’avait plus
besoin de lui. (A.Camus)
2. - Qu’est-ce que cela fait? dit-il. Ce n’est pas la loi qui compte, c’est la
condamnation. Nous n’y pouvons rien. (Ibid.)
3. Tout ne sera pas fini alors.
4. J’espère que Tarrou ne tardera pas, murmura Rieux. (A.Camus)
5. - Vous savez, dit-il d’une voix sourde, ce n’est pas cela qui me fait
partir.(A.Camus)
6. - L’épidémie va trop vite? demanda Rambert.
Rieux dit que ce n’était pas cela et que même la courbe des statistiques
montait moins vite. Simplement, les moyens de lutter contre la peste
n’étaient pas assez nombreux. (A.Camus)

3. Transformez en négations prédicatives (ou totales) les énonciations


suivantes:
M o d è l e: J’aime le cinéma. ⇒ Je n’aime pas le cinéma.
1. Nous irons à Paris. / 2. Il ose se plaindre de cette injustice. / 3. Je
mange beaucoup de confiture. / 4. Les étudiants arrivent en retard. / 5.
Nous sommes toujours contents de notre sort. / 6. Avez-vous sorti la
voiture du garage? / 7. Roulez lentement! / 8. Cessez de vous lamenter. /
9. Ils ont bien des choses à nous dire. / 10. Pourriez-vous vous taire? /
11. Le temps guérit les plaies morales.

4. Dans les énoncés suivants, faites porter la négation sur le constituant en


caractères gras. Vous engendrerez ainsi une négation partielle ou non
prédicative:
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 143

M o d è l e:
(A) Pierre va à Marseille ⇒ Ce n’est pas Pierre qui va à
Marseille.
(B) Pierre va à Marseille ⇒ Ce n’est pas à Marseille que
Pierre va.
(C) Je m’adresse à lui ⇒ Ce n’est pas à lui que je m’adresse.
1. Vous lirez ce livre dans une semaine. 2. Jacques repasse sa chemise. 3.
Jacques sort sa voiture du garage. 4. Il m’écrit très souvent. 5. Je leur
apprends à être profonds et respectueux. 6. Marie achète des petits pois. 7.
Ils roulent à tombeau ouvert. 8. Claude est venu parce qu’il voulait
demander de l’argent à ses parents.

5. La n é g a t i o n d’ é n o n c é consiste à nier l’ensemble d’une


combinaison d’éléments qui forment un énoncé (P.Charaudeau).
Vous avez ci-dessous des négations d’énoncé. Transformez-les en
énonciations de contenu positif, non-négatif. Opérez toutes les
modifications syntaxiques requises par l’effacement de la négativité:
Modèle:
A. Tu ne bois plus de Coca-Cola. ⇒ Tu bois du Coca-Cola.
B. Ne le regarde pas! ⇒ Regarde-le!
C. Il ne regarde jamais la télé. ⇒ Il regarde toujours la télé.
D. Ne pas dépasser la vitesse légale. ⇒ Dépasser la vitesse
légale!
1. Je ne prends plus de beurre au petit déjeuner. 2. Je ne vais jamais à la mer.
3. Je ne vois personne à qui demander des renseignements.
4. Il ne répondra pas à cette lettre. 5. Ne plus boire de vin, voilà qui est un
vrai supplice. 6. Ne lui cache plus la vérité! 7. Ne la lui cache plus! 8. Il ne
cédera jamais à cette tentation. 9. Je souhaite ne pas déranger les gens
pendant le spectacle. 10. Ne pas fumer. 11. Il a été récompensé pour n’avoir
pas parlé. 12. Ne me dites pas cette cruelle vérité!

6. Vous avez ci-dessous des négations d’énoncé. Transformez-les en


assertions positives, tout en veillant à donner le contraire de tous les
constituants négatifs:
M o d è l e:
- Malheureusement, il ne passa jamais personne par ici.
⇒ Heureusement, il passe toujours quelqu’un par ici.
1. On n’a jamais vu de si nombreux touristes dans ces régions. 2. Je n’ai
trouvé nulle part ce journal. 3. Aucun des étudiants n’a pu répondre à cette
question. 4. Il n’y a plus personne ici. 5. Nulle chose n’y manquait. 6. Nous
n’avons rien vu dans cette randonnée à bicyclette. 7. Non, nul autre
n’en fut capable. 8. Qui ne risque rien n’a rien (Proverbe). 9. Personne
144 Mariana TUÞESCU

n’a jamais rien fait de bon nulle part.


7. Vous avez ci-dessous des structures syntaxiques déterminées par certaines
contraintes de la langue où la particule NE est le seul morphème de la
négation. Analysez ces énoncés, tout en essayant de les grouper selon les
types syntactico-sémantiques qui les rendent et traduisez-les ensuite en
roumain:
1. A Dieu ne plaise. - Il n’est bon bec que de Paris. - Il n’empêche! -
N’importe! - Qu’à cela ne tienne! 2. N’ayez crainte. - N’ayez garde. - Ne
vous en déplaise. 3. Si je ne m’abuse. - Si je ne me trompe. - Si ce n’est
toi, c’est donc ton frère. - Si ce n’eût été / N’était-ce. Si ce n’était.
N’était. 4. Qui n’en ferait autant? - Que ne le disiez-vous? - Que ne
suis-je mouche pour savoir ce qu’ils se racontent! 5. N’avoir cure. - Ne
dire / souffler mot.- N’avoir que faire. - N’avoir de cesse. 6. Il s’en est
fallu de peu qu’il n’intervienne. 7. Il y a belle lurette que je ne l’ai vu.
Voilà longtemps qu’il ne s’est présenté.

8. Justifiez l’emploi de la particule NE, unique moyen d’expression de la


phrase négative dans les situations ci-dessous:
1. Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. 2. Qui ne prend
plaisir à regarder le vol si gracieux de l’hirondelle? 3. L’exilé ne cesse de
songer à sa patrie. 4. On ne saurait admettre que l’on commette une
pareille infamie. 5. Nos parents n’ont d’autre désir que celui de nous
voir heureux. 6. Il y a des caractères insoumis: ni les promesses ni les
menaces ne les font plier. 7. Il y a bien deux mois que je ne vous ai
écrit. 8. Si vous ne modifiez votre comportement, vous vous aliénerez
bien des sympathies.

9. Les énoncés qui suivent renferment les adverbes aspectuels déjà, encore,
toujours. Transposez-les dans les énoncés négatifs correspondants, tout en
veillant à placer les adverbes ci-dessous dans le champ de la négation. Vous
remarquerez les transformations lexicales qui s’imposent:
M o d è l e:
A. Pierre est déjà là. ⇒ Pierre n’est pas encore là.
B. Pierre est encore là. ⇒ Pierre n’est plus là.
C. Il est toujours en retard. ⇒ Il n’est jamais en retard.
1. Il a déjà terminé son congé. 2, Tu es déjà fatigué. 3. Il est encore
sous l’emprise des leçons de ce philosophe. 4. Tu as déjà pris du café. 5.
Prenez encore du cognac! 6. Jacques était encore dans son bureau à 21
heures. 7. Il est toujours en proie au désespoir. Il arrive toujours le
premier. 9. La vie se déroule toujours pareille, avec la mort au bout.
(Maupassant)

10. Répondez négativement aux questions suivantes, en choisissant vos réponses


II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 145

6
dans la liste des forclusifs suivants: point, nullement, aucunement,
personne, rien, guère, jamais, jamais de la vie, aucun.
M o d è l e: A. - Es-tu fatigué? ⇒ Nullement.
B. - Qui vous prête des livres? ⇒ Personne.
1. Est-ce que l’amour est aveugle? 2. Jean gardait-il le silence pendant la
cérémonie? 3. Vous mangez du lard? 4. Est-ce que vous allez oublier ce
séjour en Roumanie? 5. Connaissez-vous quelqu’un qui puisse me
rendre ce service? 6. Avez-vous des nouvelles de Paul?
7. Quel physicien ignorerait ces principes? 8. Pourriez-vous me faire ce
sale coup? 9. Que faites-vous? 10. A quoi penses-tu? 11. Est-ce qu’il
n’exagère pas un peu? 12. Vous n’avez personne de sérieux à me
recommander? 13. Est-ce votre ami?
11. La négation condensée est, selon P.Charaudeau, celle qui
consiste à nier la réalisation d’un processus ou d’une
qualification à travers la négation de l’un des éléments de
l’énoncé, ellipse étant faite des autres éléments.
C’est le cas de:
- le non-respect des règles;
- de nationalité non-française.
La marque principale en est non ou pas, mais c’est ici que
s’emploient les forclusifs: personne, nul, aucun, rien, jamais.
Rendez les négations condensées ci-dessous par des énoncés négatifs
formés de NE et d’un forclusif:
- une non-intervention; un non-conformiste; des non-dits; le non-être: non-
comparution en justice ;
- un arrêt / une ordonnance de non-lieu; bénéficier d’un non-lieu;
- Plus besoin d’innombrables papiers et factures de tout genre (Slogan
publicitaire).
- Un travail point terminé, nullement intéressant.
- Il attendait sans nullement s’impatienter.
- Je ne crains guère de choses et ne crains aucunement la mort. (La
Rochefoucauld )
- Rien à signaler à bord.
- Jamais, tu entends, jamais de la vie.
- Ici, personne.
- Bizarrement, le docteur m’a conseillé non pas de prendre un
tranquillisant, mais de marcher le plus possible.
- C’est un bon conseil, non / pas seulement pour vous, mais encore / aussi
pour moi.

6
Comme on le sait, le système de la négation en français repose sur l’association
d’un élément constant, la particule NE, et d’un ou plusieurs éléments appartenant à
l’ensemble que J. Damourette et Ed.Pichon numment les forclusifs: pas, plus, aucun,
jamais, personne, rien, nul, nullement, aucunement, guère etc.
146 Mariana TUÞESCU

A remarquer, à propos des deux derniers exemples, que le


morphème non, employé pour infirmer une donnée, a pour variante
non pas, laquelle s’abrège parfois en pas, forme raccourcie de non... pas.
Pour infirmer partiellement et modifier une attente partiellement
erronée on se sert de la locution non seulement (variante pas
seulement) et le rectificatif qui suit se caractérise par la séquence
mais aussi (variante mais encore). La négation apparaît ainsi
toujours comme discontinue.
12. Quelle différence sémantique repérez-vous entre les énoncés négatifs
suivants:
1. Nous n’irons PAS au bois. 2. Nous n’irons PLUS au bois. 3. Nous
n’irons JAMAIS au bois. 4. Nous n’irons PLUS JAMAIS au bois.
13. Les forclusifs de la négation partielle peuvent apparaître dans
des contextes qui ne sont pas directement négatifs. La proposition
dans laquelle ils apparaissent ne constituera pas une assertion
positive; c’est le cas (a) des interrogatives directes ou indirectes,
totales ou non; (b) des propositions de forme positive qui dépendent
de déclaratives non assertives (interrogatives ou négatives) et (c) des
subordonnées introduites par sans que, avant que (par opposition à
après que), des comparatives d’inégalité (par opposition aux
comparatives d’égalité).
Observez ces exemples:
(a) 1. Avez-vous JAMAIS rencontré personne de ce genre?
2. Je me demande si j’ai JAMAIS lu aucun livre de cet auteur.
3. Je me demande à qui vous vous êtes JAMAIS intéressé.
(b) 1. Je ne pense pas que PERSONNE puisse JAMAIS vous comprendre.
2. Pensez-vous que PERSONNE ait RIEN fait pour m’aider?
(c) 1. Pierre parle sans que NUL puisse l’arrêter.
2. Jean est parti avant que PERSONNE ait pu faire AUCUN geste.
3. Claude est plus gentil qu’AUCUN de mes amis.
Essayez de remplacer les forclusifs SALVA VERITATE ci-dessus par un
indéfini de forme positive, appartenant à la série: QUELQUE,
QUELQU’UN, QUELQUE CHOSE, N’IMPORTE LEQUEL, TOUT
AUTRE, UNE FOIS, etc. Le sens demeurera inchangé.
14. Le NE e x p l é t i f tient assurément du paradoxe. Cette
structure ne modifie pas la valeur de vérité de la proposition qui
la comporte: Je crains qu’il NE vienne équivaut à Je crains qu’il
vienne et ces deux phrases correspondent à Je crains sa venue et
non pas Je crains sa non-venue.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 147

J. Damourette et Ed. Pichon traitent ce NE explétif comme le


lieu d’une discordance. Ainsi, disent-ils, la « crainte est une
attitude psychologique dans laquelle il y a discordance entre ce
que le sujet désire et ce qui lui semble probable.»
P. Martin propose une explication très éclairante. Pour lui, ce NE
explétif est le signe d’une contradiction entre le monde où P est
évoqué, monde dans lequel P est vrai, et un monde alternatif où
P est faux. Le monde alternatif est un monde possible (et non un
monde contrefactuel ou irréel) dans une image d’univers (v.
Robert Martin).
Dans les énoncés suivants, remplacez, quand il y a lieu, les points de
suspension par NE explétif et joignez-y PAS là où c’est nécessaire:
1. Si vous manquez d’ordre, je crains que vous... en éprouviez de pénibles
désagréments. 2. L’avare appréhende toujours qu’on... lui dérobe son trésor.
3. Évitez soigneusement que la colère... vous aveugle. 4. Faut-il avoir peur
que vous... manquiez à votre devoir? 5. L’honnêteté défend que l’on...
prenne le bien d’autrui. 6. Je doute qu’une prospérité continue... procure à
l’homme un véritable bonheur. 7. Je ne doute pas que l’imagination... altère
souvent notre jugement. 8. Je nie qu’un homme sans caractère... puisse
organiser solidement sa vie. 9. Il s’en faut de beaucoup que les universitaires
d’aujourd’hui... égalent ceux de jadis. 10. Bien des gens sont en réalité tout
autres qu’ils... paraissent. 11. Cet écrivain ne voulait pas mourir avant qu’il...
eût vu son dernier roman publié. 12. Habituons-nous à ne pas voir les choses
autrement qu’elles... sont. 13. Cet étudiant court à un échec, à moins qu’il...
change de méthode de travail. 14. Empêchons que la contagion du vice...
nous atteigne. 15. A quoi tient-il que vous... fassiez régner dans votre coeur
la droiture et la noblesse? 16. Faites votre devoir sans qu’on... vous
contraigne. 17. L’une de ses appréhensions est que ses voisins... parlent. 18.
Vous ferez plus de conquêtes que vous... en voulez. 19. Ces pauvres gens
vivotaient plutôt qu’ils... vivaient. 20. Ils sont meilleurs qu’ils... paraissent.
21. Tâchez d’éviter que vos relations... se dégradent. 22. Je crains qu’il...
pleuve et qu’il... fasse froid. 23. Vous y croirez avant que je... y croie. 24. Il se
comporte autrement que je... l’avais prévu.

15. Composez de petits textes où vous emploierez le NE explétif régi par les
structures suivantes:
Douter que. - Ne pas craindre que. - Nier que. - Avant que. - Ne pas
empêcher que. - Sans que. - A moins que. - Il s’en faut de peu que. -
Meilleur que. - Autrement que. - Défendre que. - Ne pas empêcher que.
- Doutera-t-on que...? - Avez-vous peur que... ?

16. Traduisez en français les phrases suivantes:


1. Îmi este team\ ca fiica mea s\ nu plece f\r\ a-[i lua nimic de ploaie. 2. Î]i
cuno[ti îndatoririle mai bine decât î[i poate închipui lumea. 3. A fost avansat la
gradul de conferen]iar universitar mai devreme decât credea. 4. Sosi la slujb\
148 Mariana TUÞESCU

mai tîrziu decât prev\zuse. 5. Ioana avusese o otit\ grav\; pu]in lipsise s\-[i
piard\ auzul. 6. {tia c\ doresc aceast\ carte; de aceea mi-a oferit-o înainte de a i-
o cere.

17. À la différence de la n é g a t i o n d e s c r i p t i v e (qui est


l'affirmation d'un contenu sémantique négatif), la n é g a t i o n p
o l é m i q u e est un acte de dénégation, un démenti, la
réfutation d'un contenu positif soutenu antérieurement par un
énonciateur différent du locuteur (ou l'instance énonciative) qui
produit cet énoncé.
La négation polémique est une stratégie argumentative, basée sur la
contestation ou le rejet d'un énoncé antérieur.
Ainsi, par exemple, les énoncés suivants représentent des négations
descriptives:
(A-1) Marc n'est pas aussi intelligent que Pierre.
(B-1) Il ne me le dit plus.
(C-1) Pierre n'est pas petit
et les énoncés corrélatifs, renfermant des négations polémiques,
seront, par exemple, les suivants:
(A-2) Marc n'est pas aussi intelligent que Pierre, il
est bien plus intelligent.
(B-2) Il ne me le dit plus, il ne cesse de me le répéter.
(C-2) Pierre n'est pas petit; au contraire, il est immense.
À remarquer le rôle argumentatif du correctif, c'est-à-dire de la
seconde partie, de l'enchaînement dans la négation polémique.
Observez, dans les exemples ci-dessous, la structure et le fonctionnement de
la négation polémique:
1. Il ne pleut pas; c'est un véritable déluge. 2. J'ai les épaules larges, mais je
ne suis pas une femme forte, se confesse l'actrice suisse Marthe Keller. 3.
Johnny Halliday ne chatouille pas sa guitare, il la massacre Paris-Match, le 12
août 1983.. 4. Elle n'est pas intelligente, elle est brillante. 5. Ce premier
ministre ne gouverne pas; il fait de la câlinothérapie. 6. Ce n'est pas du café;
c'est du jus de chaussette. 7. Ce n'est pas de la bière. C'est de la bibine.

18. Transformez les négations descriptives suivantes en négations


polémiques. À ce sujet, veillez à ce que l'enchaînement correctif
introduise une direction argumentative autre que la conclusion vers
laquelle conduirait la simple négation descriptive.
Modèle:
Il n'est pas riche... ⇒ Il est richissime (cousu d'or).
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 149

Ce n'est pas un film.. ⇒ C'est un navet.


1. Cette comédienne n'est pas belle... 2. Il n'est pas bête... 3. Ce mendiant
n'est pas sale... 4. Ce n'est pas une toile... 5. Ce type n'est pas un écrivain... 6.
Celui-ci n'est pas un médecin... 7. Ce n'est pas une voiture... 8. Ça, ce n'est
pas de la cuisine... 9. Cet instrument n'est plus un piano... 10. Celui-là n'est
pas un avocat... 11. Ce n’est pas une montre...

19. Traduisez en français les phrases suivantes:


1. Nu m\nînc niciodat\ unt de fric\ s\ nu m\ îngra[. 2. - Ce ai f\cut duminica
trecut\? - Nimic. 3. Aceasta este nefericirea lui [i nu a noastr\. 4. Nu a[ putea
s\-]i spun nimic în plus. 5. El nu mai bea bere, gust\ din cînd în cînd pu]in vin.
6. Nu am mai v\zut o asemenea ploaie toren]ial\ de ani de zile. 7. Tu nici nu
po]i, nici nu vrei s\ m\ aju]i. 8. Mai am multe lucruri s\-]i spun, a[a c\ te rog s\
r\mîi înc\ un sfert de or\ cu noi. 9. Acest copil bolnav nu m\nînc\ decît compot
[i nu bea decît ceai. 10. - Î]i prelunge[ti [ederea în aceast\ sta]iune? - Nici gînd.
11. Ea nu a f\cut nimic r\u. 12. Nimic nou nu este de semnalat. 13. Nu departe
de casa noastr\, fulgerul a tr\snit un copac b\trîn. 14. - E[ti obosit\ de acest
drum lung? - Deloc. 15. Nimeni nu va putea niciodat\ s\-l conving\ s\ renun]e
la acest plan nebunesc. 16. Orice se va întîmpla, nu voi t\cea, voi spune tot
adev\rul. 17. El nu mai are bani [i de aceea nici prin gînd nu îi trece s\ mearg\
la mare. 18. Nu c\l\toresc niciodat\ noaptea. 19. - Fii atent! Mi-este team\ s\ nu
cazi [i s\-]i rupi piciorul. 20. Nu am închis ochii toat\ noaptea. Dac\ nu m\
în[el, este a treia noapte de cînd nu dorm. 21. Asta nu este o ma[in\, este o
rabl\! 22. Ce mai pictur\! Nu e un tablou, e o mîzg\leal\! 23. - Ai b\ut o cafea?
Nu o cafea, ci o sp\l\tur\ de ibric! 24. Asta nu e vin, e o po[irc\! 25. Ai pierdut
procesul! Ai avut nu un avocat ci un cl\n]\u, care nu a [tiut s\-]i apere cauza.
20. Mettez en français le texte suivant:
Irina nu a fost niciodat\ convins\ c\ eu ]in la ea. Nu f\ceam nici un sacrificiu, nu
renun]am la nici un spectacol numai pentru a r\mîne cu dînsa [i nu o puteam min]i cu
totul. Îi [i spusesem r\spicat c\ nu o voi lua de nevast\. Pretextam, pentru ca s-o
îmblînzesc, o teorie asupra temperamentelor artistice, din care voiam s-o conving c\
f\ceam parte. Un astfel de temperament trebuia l\sat în voie [i nu trebuia înl\n]uit cu
obiceiuri burgheze. Ea izbucnea în lacr\mi: «Dar dac\ eu nu m\ pot lipsi de tine!»
Atunci o pov\]uiam s\ aib\ voin]a s\ m\ uite [i s\ se distreze cu al]ii. Imediat ce s-ar fi
distrat, a[ fi suferit. O dat\, familia Irinei i-a g\sit chiar un candidat, la ]ar\, la o
m\tu[\. (A. Holban)
21. Les publicités suivantes sur le thème CLIMATISATION ET
DÉVELOPPEMENT, sont basées sur des structures négatives. Étudiez-
les, tout en essayant d’en découvrir les arguments explicites et/ou
implicites et la structure logique du discours qui les sous-tend:
(I) NON à la climatisation!
NON au bien-être!
(II) Votre bureau N’est PAS climatisé... Courage, pensez à l’hiver!
(III) À partir de 25 degrés les clients des boutiques NON climatisées
sont très pressés d’en sortir.
150 Mariana TUÞESCU

(IV) L’été, tout cerveau plongé dans un bureau NON climatisé


commence à ramollir.

22. Du point de vue du discours et de la logique du langage, il faut dire


que toute négation représente un second moment par rapport à
l’affirmation. Toute négation se justifie par la plausibilité d’une
assertion inverse et préalable. Tout énoncé négatif exprime la non
réalisation d’un événement, précisément parce que sa réalisation
peut être envisagée comme possible. La négation apparaît ainsi bien
souvent comme une stratégie argumentative.
Amusez-vous à étudier le texte suivant de Raymond Queneau:
NÉGATIVITÉS
Ce n’était ni un bateau, ni un avion, mais un moyen de transport terrestre.
Ce n’était ni le matin, ni le soir, mais midi. Ce n’était ni un bébé, ni un
vieillard, mais un homme jeune. Ce n’était ni un ruban, ni une ficelle, mais
du galon tressé. Ce n’était ni un aimable, ni un méchant, mais un rageur. Ce
n’était ni une vérité, ni un mensonge, mais un prétexte. Ce n’était ni un
debout, ni un gisant, mais un voulant-être assis.
Ce n’était ni la veille, ni le lendemain, mais le jour même. Ce n’était ni
la gare du Nord, ni la gare de Lyon, mais la gare Saint-Lazare. Ce n’était
ni un parent, ni un inconnu, mais un ami. Ce n’était ni une injure, ni
une moquerie, mais un conseil vestimentaire.

4.2. Les auxiliaires modaux

4.2.1. Pouvoir
1. Le verbe modal POUVOIR a cinq valeurs: capacité interne (Tu PEUX
voir à longue distance sans lunettes.), possibilité (Rien ne POUVAIT
apparemment troubler son travail. Il PEUT pleuvoir d’un instant à l’autre.),
permission (- Est-ce que je PEUX partir? - Oui, vous POUVEZ partir, dit
Claude.), éventualité épistémique (Cet enfant PEUT avoir maintenant
dix ans.), sporadicité (Les Alsaciens PEUVENT être obèses = Certains
Alsaciens sont obèses, pas tous. Jean PEUT être odieux = Il arrive parfois à
Jean d’être odieux).
Les tests de la paraphrase, de l’enchaînement sont de nature à
lever l’ambiguïté de l’auxiliaire modal POUVOIR et à préciser de
quelles valeurs il est question.
Explicitez les différentes valeurs modales de POUVOIR dans les énoncés
ci-dessous:
1. Comme il n’y avait pas trop de monde, il PUT facilement trouver une
place assise.
2. Il PEUT avoir sur son compte 20 000 francs.
3. Cette valise est lourde et pourtant je PEUX la soulever.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 151

4. Juridiquement il PEUT avoir raison, mais pas moralement.


5. - Vous POUVEZ partir, mais ne revenez pas trop tard.
6. Rambert luttait pour empêcher que la peste le recouvre. Ayant acquis la
preuve qu’il ne POUVAIT sortir de la ville par les moyens légaux, il était
décidé, avait-il dit à Rieux, à user des autres. (A.Camus)
8. Le lendemain, il POUVAIT être midi, quand un cri parcourut le bateau
et rassembla ses passagers dans la salle de restaurant: la télé!
(M.Tournier)
9. Parce que la jeune femme était muette, il avait l’impression qu’elle ne
POUVAIT rien pour lui. (R.Grenier)
10. Même le lit conjugal, même un goûter sur l’herbe avec les enfants
PEUVENT être une occasion de péché. (M.Yourcenar)
11. - Vous retombez en enfance!
- PUISSÉ-je ne l’avoir jamais quittée! (M.Déon)
12. - Est-ce que vous POURRIEZ demander à un plombier de venir réparer
mon chauffe-eau?
13. PUIS-je te faire remarquer que tu exagères?
14. Mais comment Ted a-t-il PU être aussi oublieux, aussi peu romanesque?
15. La solitude PEUT être fatigante alors même qu’elle est sincère.
(M.Yourcenar)
16. Se PEUT-il que j’aie enfin un ami? - Ça SE PEUT, je ne dis pas le
contraire.
17. Il SE POURRAIT bien que tu aies raison.
18. Mais je crois qu’à partir de ce jour ma mère commença à croire que
Putois POUVAIT bien exister et qu’elle POUVAIT bien n’avoir pas menti.
(A.France)

2. Lorsque le verbe POUVOIR exprime l’éventualité, ses emplois


épistémiques sont paraphrasables et donc substituables par
l’adverbe modaliseur PEUT-ÊTRE. Ainsi donc, l’énoncé:
(I) Il PEUT arriver que je fasse une erreur dans mon raisonnement
est substituable par l’énoncé:
(Ia) Il arrive que je fasse PEUT-ÊTRE une erreur dans mon raisonnement
puisque POUVOIR a le sens épistémique d’éventualité.
Lorsque POUVOIR signifie la permission, la possibilité, la
capacité interne, son remplacement par PEUT-ÊTRE n’est pas
possible:
(II) Vous POUVEZ partir (permission = Vous avez la permission de partir)
ne sera pas substituable par:
(Ia)* Vous partez PEUT-ÊTRE.
Dans le(s)quel(s) des énoncés ci-dessous POUVOIR pourra-t-il être
substitué par PEUT-ÊTRE? Opérez les autres modifications que ce
changement entraînerait:
1. Quand tu auras fini ton travail, tu POURRAS aller au cirque.
152 Mariana TUÞESCU

2. - POURRIEZ-VOUS vous taire? 3. Le voleur ne POUVAIT être que cet


inconnu barbu en pull. 4. Cet enfant PEUT avoir au plus six ans. 5.
Cette paire de chaussures POURRAIT bien coûter trop cher pour ma
bourse. 10. Il PEUT être à la pêche. 6. Il PEUT pleuvoir. 7. C’est fou ce
qu’il PEUT être drôle! 8. Il POUVAIT être seize heures quand nous
sommes sortis.
3. Levez l’ambiguïté des phrases suivantes, en les enchaînant à des
séquences explicites:
1. Jean PEUT travailler. 2. Tu POURRAS partir dans quelques instants. 3.
Il est en retard, mais il PEUT encore arriver. 4. Il ne PEUT pas avoir
ouvert la porte. 5. Nous avons PU sortir à quatre heures. 6. Je PEUX moi
aussi me tromper.

4. POUVOIR « sporadique » fonctionne comme un adverbe de


quantification existentielle modal, paraphrasable par parfois,
quelquefois, certains X sont Y, Il arrive que P, Il y a des fois où P.
Ainsi, par exemple:
(1) Les Français PEUVENT être rouspéteurs
est paraphrasable par:
(a) Il y a des Français qui sont rouspéteurs.
(b) Certains des Français sont rouspéteurs.
Dans ce cas, la sporadicité est r é f é r e n t i e l l e: elle porte sur
les individus.
Dans:
(2) Jean PEUT être odieux,
la phrase est paraphrasable par:
(a) Jean est parfois (à certains moments) odieux,
et la sporadicité est t e m p o r e l l e ou a s p e c t u e l l e; elle
porte sur l’état ou l’événement dénoté. POUVOIR sporadique ne
peut apparaître que dans des phrases génériques ou des phrases
habituelles.
5. Analysez le verbe modal POUVOIR dans les énoncés ci-dessous et
précisez, compte tenu de la paraphrase, de quelle valeur sporadique il est
question:
1. Des hommes habiles dans l’analyse PEUVENT être privés
d’imagination. 2. J’eus d’ailleurs le plaisir de constater plus tard qu’une
petite erreur PEUT avoir de grands avantages (M.Pagnol).
3. Jean, certes, POUVAIT fonder une famille. Mais ne ferait-il pas son
malheur? (Fr. Mauriac)4. Les tempêtes PEUVENT être dévastatrices.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 153

5. Cet employé POUVAIT travailler à mi-temps.

6. Traduisez en français les énoncés suivants:


1. Când crezi c\ vei putea s\-mi restitui banii pe care ]i i-am împrumutat acum o lun\?
2. Era cam ora trei dup\-amiaz\ când factorul a sunat la u[\. 3. S-ar putea s\ ai
dreptate, dar eu nu cred c\ Paul va mai putea face ceva în via]\. Este un ratat. 4. Pute]i
pleca, dar nu uita]i s\ v\ lua]i umbrelele [i impermeabilele, spuse bunica nepo]ilor s\i.
5. Am avut o grav\ fractur\ de col femural [i nu pot merge f\r\ baston. 6. - Pisica
poate s\ fie viclean\, dar poate s\ fie [i afectuoas\. Nu-i a[a? - N-a[ putea s\-]i
spun.

4.2.2. Devoir
1. Le verbe modal DEVOIR est caractérisé, lui aussi, par une
plurivocité sémantique et ce n’est que le contexte de son emploi
qui lève cette ambiguïté.
DEVOIR remplit trois valeurs modales: l ’ o b l i g a t i o n » (Il
DEVRA être à Paris dans deux jours), l a p r o b a b i l i t é (Le train
DOIT se trouver maintenant entre Paris et Nanterre) et la
n é c e s s i t é (Le plomb DOIT fondre à 335 degrés).
Explicitez les différentes valeurs modales du verbe DEVOIR par le recours
aux paraphrases des énoncés ci-dessous. Opérez les modifications
syntaxiques requises:
M o d è l e:
(a) Jean DOIT venir d’un moment à l’autre =
(a’) Il est PROBABLE que Jean vienne d’un moment à l’autre.
(b) Tu DOIS prendre ton pardessus =
(b’) Il FAUT que tu prennes ton pardessus.
1. Nous DEVONS remercier nos parents pour leurs sacrifices. 2. Cet enfant
DOIT être grand maintenant. 3. L’eau DOIT bouillir à 100 degrés. 4. -
Caroline a mauvaise mine. - Elle DOIT être souffrante. 5. Ça DOIT être
terrible, l’enfer! 6. Jean DOIT avoir perdu, car il a l’air tout penaud. 7. Le
Secrétaire d’État aux Universités DEVRAIT être maintenant à Paris. 8. Il
DOIT pleuvoir d’un moment à l’autre. 9. Elle est morose, elle DOIT avoir
mal dormi. 10. Les enfants DOIVENT être très indulgents envers les
grandes personnes. (A. de Saint-Exupéry) 11. En face, au-delà des toits, le
grand ciel pur s’étendait, avec le soleil rouge. Qu’IL DEVAIT faire bon là-
bas! (G.Flaubert)
2. Levez l’ambiguïté des phrases suivantes, en faisant recours soit à leur
enchaînement, soit à leur paraphrase:
1. Jean DOIT venir. 2. Son père a DÛ se faire naturaliser. 3. IL DOIT faire
chaud là-bas. 4. Elle DEVRAIT avoir froid. 5. Hélène DOIT sortir pour
154 Mariana TUÞESCU

acheter le l’huile. 6. Il DOIT sortir avant 6 heures.

Pensez, à ce sujet, à l’exemple suivant:


(a) Ils DOIVENT être mariés.
Si on l’enchaîne à: pour toucher une allocation, ce sera le sens
déontique, d’obligation. Si la même phrase est enchaînée à: pour
être si pantouflards, elle ne pourra recevoir que l’interprétation
épistémique, puisque le verbe n’est pas un verbe d’action,
contrairement à toucher.
3. Mettez en français ces phrases:
1. Trebuie s\-]i faci o carier\; este singurul lucru care conteaz\ în via]\. 2. Ar fi trebuit
s\ nu pierde]i aceast\ ocazie. 3. Nu voi face acest compromis, de-ar fi s\ pl\tesc cu
via]a! 4. Automobili[tii nu trebuie s\ se angajeze în dep\[iri în curbe periculoase. 5. Ai
procedat a[a cum trebuia. 6. Nu m\ voi ocupa de un copil boln\vicios de-ar fi s\
tr\iasc\ optzeci de ani! 7. Cred c\ trebuie s\ fie frig într-o astfel de regiune [i într-un
asemenea anotimp.

4.2.3. Autres verbes modaux:


SAVOIR, CROIRE, FALLOIR, VOULOIR, TROUVER, VOIR
1. SAVOIR, verbe d’attitude propositionnelle et verbe modal
épistémique, marque l’idée que la proposition qui figure dans
son champ appartient à l’univers de croyance du sujet.
SAVOIR QUE + P est f a c t i f: il présuppose la vérité de la
proposition complément P dans l’univers du locuteur:
(a) Je SAIS que tu es sage, présuppose tu es sage.
SAVOIR SI + P n’est pas factif: cette structure présuppose que le
locuteur ne sait pas si la proposition P est vraie ou qu’il ne dit
pas si P:
(b) Je ne SAIS pas si tu peux m’aider est une variante de
l’interrogation indirecte.
Au conditionnel, forme négative, suivi d’un infinitif, je ne saurais,
signifie « je ne puis » et traduit une inaptitude foncière,
irréductible du locuteur ou du sujet. A l’impersonnel, il ne saurait
signifie « il est tout à fait impossible, il est inconcevable ».
Les formes tu sais, vous savez placées en tête ou en fin de phrase
et marquées par une pause, sans être liées par la conjonction
QUE à une complétive, sont des connecteurs discursifs, des mots
sans valeur sémantique mais pourvus d’un rôle argumentatif,
justificatif, quand ils ne représentent pas de simples marqueurs
de coopération.
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 155

Grande est la différence entre:


(c) TU SAIS que Marie a un cancer des poumons?
et
(d) Pierre a arrêté de fumer. TU SAIS, il a un cancer des poumons.
1. Analysez les différentes structures formées autour du verbe SAVOIR; à ce
sujet, rapportez-vous au complément qui est enchaîné à ce verbe modal et
au mode/temps auquel il est employé:
(1) Mais il (Rieux) savait cependant que cette chronique ne pouvait pas
être celle de la victoire définitive. (...) Car il savait ce que cette foule en
joie ignorait, et qu’on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste
ne meurt ni ne disparaît jamais. (A.Camus)
(2) A trente ans, on commence à vieillir et il faut profiter de tout. Je ne
sais pas si vous pouvez le comprendre. (A.Camus)
(3) Vous savez, docteur, dit-il, j’ai beaucoup pensé à votre organisation.
Si je ne suis pas avec vous, c’est que j’ai mes raisons. Pour le reste, je
crois que je saurais encore payer de ma personne, j’ai fait la guerre
d’Espagne. (A.Camus)
(4) Savez-vous s’il doit venir?
(5) Je sais pourquoi il est fâché.
(6) Un homme qui sait quatre langues vaut quatre hommes (Mme de
Staël).
(7) - Allez ouste! Levez-vous: nous allons chez la tante Rose et je vous
promets une belle surprise!
- Moi, dis-je, ta surprise, je la sais déjà...
- Ho ho! dit-il. Et que sais-tu?
- Je ne veux pas te le dire, mais je te promets que j’ai tout compris.
(M.Pagnol)
(8) On ne saurait penser à tout. (Musset)
(9) Ni la goutte, ni la colique ne sauraient lui arracher une plainte. (La
Bruyère)
(10) Sibylle n’a pas la prétention , que je sache, d’imposer silence à mes
amis. (Barbey d’Aurevilly)
(11) M. Jérôme ajoute: - Tu sais, ce que le curé veut, il le veut bien.
(Fr.Mauriac)
(12) Je n’ai jamais mordu dans la miche de pain des casernes sans
m’émerveiller que cette concoction lourde et grossière sût se changer en
sang, en chaleur, peut-être en courage... (M.Yourcenar)
(13) Tout se sait, tout finit par se savoir.

2. Continuez les phrases suivantes, en tenant compte du rôle sémantico-


syntaxique du verbe modal SAVOIR:
1. Je savais que ton frère... 2. Savez-vous s’il...? 3. Je voudrais en savoir... 4.
Eh bien, oui, je sais s’il... mais je n’en dirai rien. 5.Celui-ci sait par coeur... 6.
Il sait... sur le bout du doigt. 7. Je ne sais pas si... 8. - Est-ce qu’il a réussi à ce
concours? - Je ne saurais... 9. - Viens-tu ce soir avec moi au cinéma? - Tu
156 Mariana TUÞESCU

sais,...

3. CROIRE, verbe « créateur de mondes possibles », présente la


proposition qui figure dans son champ comme une conviction,
subjectivement assumée, comme une croyance qui permet à
l’interlocuteur de faire valoir d’éventuelles objections.
A lire R.MARTIN, on peut représenter la croyance QUE P par
une tension qui va du faux au vrai.
Analysez le fonctionnement du verbe modal CROIRE dans les énoncés ci-
dessous:
1. Je CROYAIS que les officiers voyageaient toujours en première
(R.Grenier). 2. Jean CROIT que son frère prendra des vacances en hiver. 3. Je
n’aurais jamais CRU que l’on pût tant souffrir. 4. On CROIRAIT qu’il dort,
mais il ne dort pas. 5. Nous savons bien que nous mourrons, mais nous ne le
CROYONS pas. (P. Bourget) 6. J’ai CRU sentir le temps s’arrêter dans mon
coeur. (Musset) 7. IL CROIT que tous pensent comme lui. 8. Il est à CROIRE
qu’il n’a jamais rien lu.
4. Quelle différence de sens et de forme y a-t-il entre les phrases suivantes?
1. Je ne CROIS pas qu’il viendra. 2. Je ne CROIS pas qu’il vienne.

5. Rendez par des paraphrases les structures suivantes, centrées sur le verbe
polysémique CROIRE; observez le régime syntaxique du verbe et faites
ensuite l’inventaire de ces types de structures:
1. Après cet accident, on l’a cru mort. 2. Je n’en pouvais croire mes
oreilles. 3. Nous croyons les autres plus heureux qu’ils ne sont
(Montesquieu). 4. C’est un naïf: il croit aux promesses de tous. 5. Le
médecin crut à une pneumonie. 6. Ce malade croit aux médecins. 7.
Marie ne va pas à l’église, mais elle croit en Dieu. 8. Je crois en mes
amis. 9. - Est-ce que tu crois à la guerre? - Je n’y crois pas. 10.
Malgré son intelligence, mon cousin croit au père Noël.
11. D’après les premières preuves, le juge d’instruction crut à un crime.
12. Il faut croire en soi. 13. On vous dit quelquefois: Ceci est un fait...
C’est dire: Croyez! (P.Valéry) 14. A l’en croire, tout est perdu. 15. Je
crois fermement à ma linguistique.

6. CROIRE et PENSER ont en commun de décrire des univers de


croyance. Ce sont des verbes d’attitude propositionnelle.
CROIRE est un verbe de connaissance, alors que PENSER est un
verbe de jugement, un verbe lié à quelque opération ou
construction de l’esprit. Dans bien des contextes, ces deux verbes
sont commutables, dans d’autres, ils ne le sont pas.
Examinez les énoncés ci-dessous et précisez dans lequel/lesquels CROIRE
commute avec PENSER et inversement et dans quel(s) autre(s) ces verbes ne
sauraient être substitués l’un à l’autre. Justifiez votre réponse:
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 157

1. Tout donne à CROIRE qu’il réussira. / 2. Je CROIS que je ne suis pas


lâche, du moins la plupart du temps (A.Camus). / 3. Vous PENSEZ s’il
me racontait la vérité! / 4. C’est ton fusil de guerre? finit-il par lui
demander - Oh non! Tu PENSES! dit Mogadem (M.Tournier). / 5. Vous
savez, docteur, j’ai beaucoup PENSÉ à notre organisation... (A.Camus) /
6. Pascal se mit à PENSER toutes sortes de choses idiotes (R.Grenier). / 7.
Je lui ai fait CROIRE que sa mère guérirait. / 8. Je CROYAIS qu’il
partirait. / 9. Il ne CROIT pas qu’elle parte et pourtant elle partira. / 10.
Elle est là, mais Pierre ne le CROIT pas. / 11. Et comme un soir mon
père lui disait: - Tu n’as donc jamais eu d’ambition? - Oh mais si! dit-
il, j’en ai eu! Et je CROIS que j’ai bien réussi! PENSE qu’en vingt ans, mon
prédécesseur a vu guillotiner six de ses élèves (M.Pagnol). / 12. Alors tout
seul, en regardant danser les flammes, je PENSE à mon grand-père de vingt-
quatre ans, qui mourut sans lunettes, avec toutes ses dents (M.Pagnol).

7. Précisez dans quelles situations on dira chacun des énoncés suivants,


centrés sur une forme du verbe modal VOULOIR; quel est l’acte de
langage performé dans chaque cas:
1. - Tu VEUX ranger ta chambre? 2. - VOULEZ-vous fermer la fenêtre?
3. - Vous VOUDRIEZ me remplacer à la prochaine réunion? 4. - Tu
VEUX que je t’aide à transporter ces meubles? 5. - Je VEUX mes cent
francs, dit Paul à son employeur. 6. - VEUILLEZ croire en mes
sentiments les meilleurs. 7. - VEUX-tu que je te laisse encore travailler? 8.
- VEUILLEZ agréer mes sincères salutations. 9. - VEUX-tu m’envoyer ton
article dans les plus brefs délais? me demanda mon éditeur. 10. - Monsieur,
VEUILLEZ poursuivre maintenant, dit l’avoué.

8. Remplacez le verbe FALLOIR par un verbe ou une locution verbale


synonyme. Opérez les modifications syntaxiques requises:
1. Cette villa est toute vide, et il va FALLOIR la meubler.
2. Rieux arrivait peu à peu dans des rues moins encombrées et pensait
qu’il n’est pas important que ces choses aient un sens ou non, mais
qu’IL FAUT voir seulement ce qui est répondu à l’espoir des hommes.
(A.Camus).
3. IL S’EN FAUT d’un point qu’il n’ait été admis à ce concours.
4. Je n’ai pas récupéré mes avances, IL S’EN FAUT DE BEAUCOUP.
5. - Combien vous FAUT-IL?
- Il me FAUT dix mille francs pour demain.
6. - S’IL FAUT un prétexte, on le trouvera!
7. Dire des choses pareilles! IL FAUT avoir perdu l’esprit!
8. - Vous irez le voir, IL le FAUT!
9. FAUT-IL être bête, tout de même!
10. IL FAUT que je vous voie ce soir, c’est indispensable!
Quels sont les emplois du verbe qui rendent des modalités?

9. Décelez les valeurs épistémiques du verbe TROUVER de ses autres valeurs;


158 Mariana TUÞESCU

par quel trait syntaxique se caractérisent les valeurs épistémiques et


quels sont leurs équivalents sémantiques?
1. Il a fini par TROUVER du travail. 2. Ils TROUVÈRENT asile dans ce
pays d’accueil. 3. Il y avait TROUVÉ la mort. 4. Il a TROUVÉ la clé de l’
énigme. 5. A l’auscultation, ceux qui me soignent affirment qu’ils ne
TROUVENT rien. 6. Elle TROUVE que son mari ne s’occupe pas d’elle. 7.
Je TROUVE du plaisir à bavarder avec eux.
8. - Elle est vachement bien, cette fille!
- Tu TROUVES?
9. Le soir, le docteur TROUVA Cottard devant la table de la salle à
manger (A.Camus).
10. Vous TROUVEZ que c’est juste? Vous TROUVEZ qu’on a le droit de
faire ça à un homme? (A.Camus)
11. Lui aussi, comme Cottard, sentait un besoin de chaleur humaine.
Rieux TROUVAIT cela stupide, mais cela l’aida à se souvenir qu’il avait
promis une visite au représentant (A.Camus).
10. Il y a deux types d’emplois du verbe VOIR: a) l’emploi p e r c e p t i f, v i
s u e l et b) les emplois é p i s t é m i q u e s. Décelez ces deux types
d’emploi par le recours à leurs paraphrases:
1. Les sangliers ne sont pas rares à Grand-Gué, mais il est peu commun
de VOIR se déplacer toute la harde (M.Yourcenar).
2. Un sanglier VU de près, fouillant de son groin à la recherche de
racines, n’étonnerait pas et ne ferait peut-être qu’amuser, à la condition
de se savoir prudemment hors de portée de ses défenses
(M.Yourcenar).
3. Les pieuses gens VOYAIENT dans ces deux fins tragiques le châtiment
d’une grande fortune construite autrefois sur les biens d’émigrés ou des
biens d’Eglise (M.Yourcenar).
4. Je voudrais le VOIR rien qu’un instant, ce gosse.
5. - Comme il ressemble à sa mère, dit-elle.
- Mais vous n’avez jamais VU ma nièce qu’en photographie, dit
vivement mon oncle d’un ton bourru (M.Proust).
6. Je voudrais bien VOIR ce qu’il ferait à ma place.
7. On VOIT bien que tu es jeune.
8. Je VOIS que vous ne m’avez pas oublié.
9. Ah oui, je vous VOIS venir.
10. VOYEZ comme le hasard fait bien les choses!
11. Il faut d’abord VOIR si elle accepte votre invitation.
12. Tu VOIS la réalité telle qu’elle est.
13. - Vous VOYEZ ce que je veux dire.
- Ah! je VOIS!
14. Je ne VOIS à cela aucun inconvénient.
15. Qui vivra VERRA!
11. La structure TU VOIS, VOIS-TU, VOYEZ, VOYEZ-VOUS, VOYONS
est un connecteur discursif, mot du discours, signe dialogique ou
marqueur interactif. C.Kerbrat-Orecchioni (1990) place ce
morphème dans la classe des c a p t a t e u r s tels HEIN, TU SAIS,
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 159

SAVEZ-VOUS, DIS, N’EST-CE PAS, éléments phatiques, employés


par l’énonciateur pour s’assurer l’écoute de son destinataire,
coopérer avec lui dans la conversation, l’entraîner dans l’examen de
certains sentiments.
Précisez quelles valeurs interactives et quels sentiments ou croyances du
locuteur sont exprimés dans les énoncés suivants:
1. Elle n’est pas venue, bien qu’elle eût promis de venir, tu vois.
2. Vois-tu... ce qui est beau, c’est d’être simple.
3. Ce si bémol à la clef, n’oubliez pas, dit la dame, sans ça ce serait parfait,
tu vois (M.Duras).
4. - Justement les gammes, tu vois.
/L’enfant/ hésita, puis, alors qu’elles en désespéraient tout à fait, il s’y
décida. Il joua.
- Voyez-vous, Madame Desbaresdes, je ne sais pas si je pourrai
continuer à m’en occuper (M.Duras).
5. - Ne pleure pas, voyons!
6. Voyons, qu’est-ce qui vous prend?
7. - Je viens de vous dire ce que je pourrais vous dire, voyez. (M.Duras)

12. Analysez les verbes de modalité qui apparaissent dans le texte suivant:
Madame Arsinoé Saindoux, voyante extralucide, 18, boulevard des
Batignolles. Les mains de Paul tremblent sur les bras de son fauteuil.
- Tu crois à ces choses-là? demande Michel, se retenant de laisser
paraître du dédain.
- Je ne sais. Puisque je crois en l’âme immortelle, je n’ai aucune raison de
supposer a priori qu’on ne puisse communiquer avec les morts.
Michel trouve le raisonnement juste.
- Mais l’église désapprouve le spiritisme.
Paul a un geste excédé.
- Spiritisme ou non... Seulement, ajoute-t-il comme un aveu qui lui
coûte, j’ai peur...
- Veux-tu que je t’accompagne?
C’est en effet ce qu’il voulait. (M.Yourcenar)

13. Mettez en français le texte suivant:


Titu [tia acum sigur c\ va fi scandal mare [i nici nu se mai duse acas\. Trebuia s\
vad\ b\taia, s\ aib\ ce povesti mâine familiei [i poate chiar prietenilor din Armadia.
Merse deci încet plimbându-se pân\ la gura Uli]ii din dos, se întoarse iar înapoi, trecu
prin fa]a cârciumii pân\ spre casa lui Simion Butunci, nevrând s\ se dep\rteze prea
mult ca s\ poat\ sosi grabnic la fa]a locului când va începe înc\ierarea.
F\cu plimbarea asta de zece ori, de dou\zeci de ori, [i tot degeaba... Ion, oricât era
de hot\rât, nu îndr\znea s\ se aga]e tam-nesam de oameni. Îi trebuia o pricin\, cât de
mic\, [i n-o g\sea, c\ci George petrecea între tovar\[ii s\i [i nici nu se uita spre masa
lui, parc-ar fi b\nuit c\-i caut\ gâlceav\. (Liviu Rebreanu)
160 Mariana TUÞESCU

4.3. Les modalisateurs ou les adverbes de phrase


1. A la différence des a d v e r b e s d e c o n s t i t u a n t, adverbes
verbaux ou circonstants, les a d v e r b e s d e p h r a s e sont des
m o d a l i s a t e u r s , donc des éléments qui déterminent tout
l’énoncé ou toute l’énonciation. Les modalisateurs n’acceptent pas la
focalisation, comme les circonstants. Non focalisables, les
modalisateurs se caractérisent par les traits suivants:
(a) Ils ne peuvent pas figurer par extraction dans la structure
clivée C’EST... QUE.
(b) Ils ne peuvent être niés ni être frappés par l’interrogation
partielle.
(c) Ils peuvent figurer en position détachée dans l’énoncé et
même en tête de la phrase négative.
Qu’on compare, à ce sujet, PROBABLEMENT, adverbe verbal ou
circonstant d’un exemple comme celui-ci:
I. C’est ma maison. J’y suis né, je l’habite quand je ne voyage pas,
j’y mourrai très PROBABLEMENT (M.Tournier)
au modalisateur PROBABLEMENT, qui n’est pas circonstant de
manière, qui présente les traits cités ci-dessus ainsi que le refus de la
comparaison et de la périphrase de forme de manière ADJ + -
féminin.
II. A. - Viendra-t-il?
- PROBABLEMENT..
II. B. PROBABLEMENT qu’il y a en toi quelque chose du
sauvage (Aragon).
Dans les énoncés suivants, distinguez les adverbes de constituants
(compléments circonstanciels) des adverbes de phrases ou moralisateurs.
Faites recours, à ce sujet, aux tests caractéristiques pour la découverte
des premiers et aux tests définitionnels propres aux seconds:
1. a. Il faut exprimer le vrai pour écrire naturellement. (La Bruyère)
b. Elle avait de longs cheveux noirs, naturellement bouclés.
c. On a été naturellement porté à penser que l’homme essaie de
dépasser sa condition initiale.
d. Il était naturellement courageux, comme tant de timides. (Malraux)
e. Elle le tutoyait si naturellement que Léon n’en était pas surpris
(R.Martin du Gard)
f. Naturellement, par nonchalance, il en vint à se délier de toutes les
résolutions qu’il s’était faites. (G.Flaubert)
2. a. Madame de Guermantes s’avança décidément vers la voiture, et
redit un dernier adieu à Swann (M.Proust)
b. J’en parlai à ma mère, craintivement d’abord, ensuite plus
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 161

décidément.
c. Vous savez cela aussi? Décidément, vous savez tout!
d. Décidément, je n’ai pas de chance!
e. Ce curé, décidément, ne ressemblait pas aux abbés que nous avions
connus.
3. a. Il vécut heureusement les dernières années de sa vie auprès de sa
jeune épouse.
b. Il a enfin compris, heureusement.
c. Heureusement, le train n’a pas de retard.
d. Heureusement que je ne m’en soucie guère.

Les adverbes de phrase ou modalisateurs présentent des formes


très variées: adverbes en -MENT, mais aussi des structures
comme AU FOND, A CE PROPOS, CERTES, PEUT-ÊTRE, EN
OUTRE, A CET ÉGARD, AU CONTRAIRE, DU RESTE,
NÉANMOINS etc.
2. Distinguez dans le texte ci-dessous les adverbes de constituant des
adverbes de phrase et des adverbes d'énonciation:
Une jeune femme entrée pour s'abriter d'une pluie d'ouragan remonta
son châle sur sa nuque, en lissa les plis, les rassembla sur sa poitrine,
dissimulant sous l'étoffe noire l'objet dangereux, enveloppé de papier
brun, qui cette nuit changerait peut-être le destin d'un peuple.
«...Espérons que l'humidité... En tout cas, pensa-t-elle, rien à craindre de
la part de l'armurier, il est du Parti. On réussit parfois...
Plus souvent qu'on ne pense, si on est déterminé à aller jusqu'au
bout, à ne pas ménager derrière soi un chemin de sortie...
Heureusement que j'ai appris à tirer avec Alessandro à
Reggiomonte... Le balcon ou la porte?... Devant le balcon, dans la
foule, il est plus difficile de lever le bras. Mais la porte est plus
surveillée... Mieux vaut au fond qu'il y ait une alternative: tu choisiras
sur place... Tout de même, il aurait peut-être été plus sage de se
décider pour la Villa Borghèse...
S'arranger pour se tenir près de la piste cavalière avec un enfant...
Non. Non. Ne vacille pas... Je serai morte bientôt, c'est la seule chose qui
soit sûre.» (M. Yourcenar)
3. Modalisez les énoncés ci-dessous en faisant recours aux adverbes de
phrase à valeur épistémique: peut-être, probablement, certes,
certainement, vraiment, assurément, au fond, à ce propos, à cet
égard, en somme. Faites les modifications syntaxiques requises par
cette modalisation; vous remarquerez la topique de la phrase:
1. Il viendra ce soir, puisqu’il me l’a promis. 2. Jean serait malade, car je
ne l’ai pas vu depuis longtemps. 3. Ils ne viendront pas. 4. Pensa-t-elle
qu’Olivier l’avait réellement trompée? 5. On l’a blâmé, mais il n’avait
pas tort. 6. Ah! je voulais vous demander... 7. Paul est sur la bonne voie.
Ne t’inquiète pas! 8. Il a bien mérité son sort! 9. Il exagère! 10. Que
162 Mariana TUÞESCU

veut-il de moi?
4. Dans les énoncés suivants remplacez là où le cas s’y prête, le modalisateur
peut-être par l’auxiliaire épistémique pouvoir, tout en opérant les
changements syntaxiques qui s’imposent:
1. Je suis roi, mais je suis pauvre. Peut-être la légende fera-t-elle de moi le
Mage venu adorer le Sauveur en lui offrant de l’or (M.Tournier).
2. - Demain, répondis-je, avec ma grand-mère, j’irai les chercher en
voiture au train de 4 h 2’.
- Dans la voiture à Fromentin, peut-être?
3. Peut-être avait-il perdu de son autorité et de sa force de persuasion,
car il ne put obtenir de M.Jérôme que la clause fût effacée de ses
dernières volontés...(F.Mauriac)
4. Je suis peut-être un peu comme les grandes personnes, j’ai dû vieillir
(A. de Saint-Exupéry).
5. Il venait le diable sait d’où; peut-être bien de Hongrie. (A. Duhamel).
6. Ils ne viendront peut-être pas.
7. Il y a peut-être dans mon cas un peu de lâcheté? C’est possible.
(J.Romains)
Par quels équivalents pourriez-vous remplacer PEUT-ÊTRE là où POUVOIR
n’est pas de mise?

5. Il y a trois types de BIEN en français contemporain. Le premier c'est


l'a d v e r b e d e c o n s t i t u a n t, qui porte sur le prédicat ou un
constituant de ce prédicat. Dans cet emploi, BIEN qualifie:
(a) Il parle BIEN l'allemand (l'antonyme en est MAL; la
question à laquelle répond l'adverbe est COMMENT?)
(b) Elle est BIEN coiffée
(c) On est BIEN ici; (dans cet emploi, BIEN marque l'idée
de satisfaction ou bien celle de réussite.)
Adverbe de constituant, BIEN peut servir aussi à l'expression d'une
quantification:
(d) Le vent a encore BIEN soufflé, cette nuit; (BIEN y est
synonyme de beaucoup)
(e) Il est BIEN sympathique; (paraphrasable par TRÈS)
(f) Je le ferai BIEN volontiers; (= TRÈS).
Le deuxième emploi de BIEN est celui d' a d v e r b e d e p h r a s e
o u d e m o d a l i s a t e u r. En tant que tel, il y a un BIEN de «
confirmation »:
(g) J'ai BIEN reçu votre lettre du 3 Mars.
(h) Tu as BIEN fermé le gaz en partant? (question
confirmative )
II. LA STRUCTURE DE LA PHRASE 163

(i) Écoutez-moi BIEN! (Phrase injonctive dont l'ordre n'est


pas à exécuter immédiatement et qu'on énonce pour
demander à l'interlocuteur de réfléchir, le moment venu,
à l'exécution de l'acte ),
un BIEN « inférentiel »; qui peut exprimer soit une c o n s é c u t i o n:
(j) Asseyez-vous. Vous avez BIEN une minute à votre
disposition.
(k) Nous avons BIEN de quoi vivre,
soit une c o n c e s s i o n:
(l) Pierre est BIEN arrivé, mais accepterait-il de faire cette
commission?
et un BIEN d'« approximation »:
(m) Elle a BIEN quarante ans.
(n) Il y avait BIEN dix mille personnes sur le stade.
Dans tous ces emplois comme a d v e r b e d e p h r a s e, BIEN
marque une « plénitude de vérité » - selon la thèse défendue par
R. Martin. Ce modalisateur donne pour incontestablement
vérifié ce qui a pu paraître douteux ou qui a pu être négligé.
Dans son troisième emploi, BIEN est un a d v e r b e d e p r é d i c a t
m o d a l i s a n t. Portant sur un prédicat modalisant, ce BIEN
détermine des verbes comme SAVOIR, CROIRE, COMPRENDRE,
POUVOIR et SE POUVOIR, FALLOIR, AIMER etc.
Adverbe de prédicat modalisant, BIEN a un effet de renforcement:
(o) Je sais BIEN qu'un jour on disparaîtra tous,
un effet d'atténuation:
(p) Je crois BIEN qu'elle n'a pas pu surmonter ces difficultés.
BIEN a la même valeur que les adjectifs épistémiques: évident, vrai,
certain, probable que...
6. Décelez les différents types de BIEN qui apparaissent dans les énoncés ci-
dessous:
1. C'est un roman bien écrit. 2. Il a très bien réussi dans la vie.
3. Elle parle bien l'anglais. 4. Je le trouve bien jeune. 5. Je te dirai bien
volontiers la vérité. 6. Le vent a encore bien soufflé, cette nuit.
7. Il part bien demain? 8. C'était bien la peine de se déranger.
9. C'est une fille bien. 10. Tu as bien fermé le gaz en partant? 11. Tu
finiras bien par poster la lettre un de ces jours! 12. On achève bien les
chevaux, alors pourquoi pas les humains? 13. Dites-vous bien qu'un
homme moderne doit lire plusieurs langues. 14. Si je meurs, tu auras
bien de quoi vivre. 15. Nous avons bien de quoi vivre. Mais enfin... 16.
Asseyez-vous. Vous avez bien une minute à votre disposition.
164 Mariana TUÞESCU

17. Il y avait bien deux mille personnes dans la manif. 18. Je sais bien
que tu me diras la vérité. 19. Paul aime bien Marie. 20. Je crois bien
qu'après tout cet effort tu as décroché le grand prix...

7. En quoi consiste l’ambiguïté des phrases suivantes, basées sur les


différentes valeurs de l’adverbe BIEN?
1. Il gagne bien 20 000 francs par mois. 2. Articulez bien vos phrases!
3. Il a bien mangé, mon garçon!
Levez leur ambiguïté, en enchaînant chacune d’elles à une séquence de
nature à préciser l’une des gloses de l’adverbe BIEN.
165

III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE

1. LE SENS LEXICAL ET L’ANALYSE SÉMIQUE

1. Dans les phrases suivantes, remplacez les points par l'un des mots de la
série suivante: DENRÉES, MARCHANDISES, ARTICLES, PRODUITS,
FOURNITURES:
La publicité lance souvent, sur le marché, de nouveaux.................pour la
lessive. - Cet épicier ne vend que des.........................de premier choix. -
Dans ce rayon, vous trouverez tous les................. de voyage. - En
septembre, on se presse, dans les librairies, pour acheter
les............................ scolaires. - Les fruits et les légumes sont
des..................périssables.

2. Complétez les phrases suivantes à l'aide de l'un de ces verbes: EMPESTER,


PARFUMER, FLOTTER, IMPRÉGNER, MONTER:
Un sachet de lavande..................le linge. - Une odeur de feuilles
mouillées...................du sol humide. - Un léger parfum d'eau de
toilette.........................dans la salle de bains. - L'odeur du
mazout..........les vêtements du mécanicien. - Ce marécage.....................le
voisinage.

3. Reliez, par une flèche, la phrase de gauche à l'expression de droite qui lui
correspond:
- D'une jeune fille qui s'habille à la mode, on dit qu'elle - c'est du vent
est......
- Le bavard parle souvent inutilement, ce qu'il dit....... - dans le vent
- Pour accueillir aimablement quelqu'un, on lui - aux quatre vents
dit........
- D'une personne qui vient et repart rapidement, on - quel bon vent
dit qu'elle est passée....... vous amène?
- D'une maison dont rien ne ferme, on dit qu'elle est - en coup de vent
ouverte.......
- De celui à qui tout réussit, qui est favorisé, on dit - des moulins à
qu'il a..... vent
- Don Quichotte se battait contre....... - le vent en poupe

4. Trouvez le complément qui convient dans les phrases suivantes:


1. On alimente un malade avec....................................
2. Les abattoirs alimentent les boucheries en...................................
3. Le barrage alimente la ville en..............................................
4. Une centrale électrique alimente la région en..........................
5. On alimente la chaudière du chauffage central avec......................
166 Mariana TUÞESCU

5. Complétez convenablement le texte par l’un des mots suivants:


BIBLIOTHÈQUE, BIBLIOPHILES, BIBLIOTHÉCAIRE, PAPETERIE,
LIBRAIRIE, LIBRAIRE, LIVRES, FOURNITURES:
La vitrine du... attire souvent les..., amateurs de bons livres.
Les écoliers s’intéressent aux... scolaires quand la... vend aussi de la...
On peut emprunter des... dans une... municipale en s’inscrivant auprès
de la....

6. Le sens du mot (sens lexical) est un ensemble d’unités minimales


nommées s è m e s.
Ainsi, par exemple, le sens du lexème FLEUVE est constitué par
l’ensemble des sèmes: «cours d’eau» + «qui se jette dans la mer»;
celui du lexème RIVIÈRE par les sèmes: «cours d’eau» + «qui se
jette dans un autre cours d’eau». Les sèmes qui forment le sens
du lexème ENFANT sont: «être humain» + «de la naissance à
l’adolescence». Le sens du mot CHAISE est constitué par les
sèmes «objet» + «meuble» + «pour s’asseoir» + «sur pied(s)» +
«pour une personne» + «avec dossier» + «sans bras» + «en
matière rigide».
Le sens du verbe LIRE repose sur les sèmes: «action» + «faite par un
sujet humain» + «de suivre des yeux» + «pour les identifier» + «des
caractères ou une écriture»; celui du verbe MANGER est formé de:
«action» + «faite par un sujet animé» + «d’avaler» + «pour se
nourrir» + «un aliment solide ou consistant».

En vous appuyant sur le dictionnaire, précisez quels sont les sèmes qui
forment le sens lexical des unités:
CHAT, CHIEN, MOUCHOIR, ROBE, ARMOIRE, GLACE, ACQUÉRIR,
BOIRE, RIRE, SE PROMENER, TRAVAILLER.
Vous aller constater que les définitions lexicographiques vous fournissent des
paraphrases, qu’on analysera (segmentera), POUR DÉCOUVRIR LES
SÈMES CONSTITUTIFS DU SENS LEXICAL.

7. A côté des sèmes, le sens lexical renferme des c l a s s è m e s ou


sèmes combinatoires, traits sémantiques dus à l’environ-nement
syntagmatique des mots. Ainsi, par exemple, le verbe LIRE a
pour classème «sujet humain», BOIRE a pour classème «sujet
animé» et «objet liquide comestible».
Les classèmes ou r e s t r i c t i o n s s é l e c t i v e s témoignent
du fait que le sens s’établit syntagmatiquement, dans la phrase,
dans le discours. Le sens des mots est déterminé par leur
contexte syntagmatique.

Quel est le sens des lexèmes suivants compte tenu de leurs classèmes?
Pour répondre à cette question, vous devrez employer ces mots dans des
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 167

phrases:
ÉCRIRE, ABOYER, RIRE, SALUER, DORMIR, MIAULER; LE COURAGE, LA
JOIE, L’ENTHOUSIASME, LA BEAUTÉ, LA FARINE, LA PATRIE.

8. Définissez les mots suivants, en découvrant les sèmes et les classèmes qui
forment leurs sens. A noter que le sens global d’un mot, somme des sèmes
et des classèmes qui constituent sa signification lexicale, s’appelle s é m è
m e:
- restaurant, immeuble, studio;
- patron, usine, fabrique, école;
- cruauté, méchanceté, optimisme, courage;
- songer, bêcher, faire du tricot, coudre.

9. L’adjectif BON a plusieurs sens, compte tenu des contextes syntag-


matiques dans lesquels il apparaît. Soient ces situations:
- un BON vieillard; - c’est un BON fruit; - c’est une BONNE pluie; - il vous
rendra BON compte; une BONNE partie de l’entretien a été ennuyeuse; -
un manteau BON pour toutes les saisons; - BON voyage! - c’est une
BONNE affaire.
Trouvez la paraphrase pour chacune des structures ci-dessus et précisez
quels sont les sèmes qui distinguent les différents sens de l’adjectif BON.

10. Vous avez ci-dessous des groupes nominaux qui présentent l’adjectif
AURICULAIRE. Quel est le sens de chacune de ses occurrences, compte
tenu de son contexte nominal?
Pavillon auriculaire ; - Nerf auriculaire; - Témoin auriculaire; - Doigt
auriculaire.
Traduisez en roumain ces structures.

11. Soient ces différents contextes syntagmatiques du mot PAYANT:


- un spectateur PAYANT; - les cochons de PAYANTS; - un billet PAYANT;
- une place PAYANTE; - un spectacle PAYANT; - le coup n’est pas
PAYANT.
Explicitez les sens de ce mot et tâchez d’en dégager les sèmes et les
classèmes constitutifs.

12. Complétez les énoncés ci-dessous par un des verbes suivants, compte tenu
de l’isotopie ou de la cohésion sémantique de sa struc-ture:ACCEPTER,
ASSIGNER, IMPOSER, INCOMBER, RETOMBER, REVENIR:
1. C’est à vous que cette tâche... 2. C’est à lui qu’il... de prendre la
décision. 3. Il doit en... la responsabilité, car c’est lui le plus âgé. 4. Je
doute qu’il... ce rôle, car ce n’est pas le beau rôle. 5. Il s’est vu... cette
tâche, sans pouvoir riposter. 6. En cas d’échec, c’est sur moi que la
responsabilité... 7. Il ne faudrait pas lui... cette tâche, mieux vaudrait la
lui faire... de bon gré.
168 Mariana TUÞESCU

13. Dans les groupes nominaux ci-dessous, remplacez les points de


suspension par un déterminant de la série:
BRISÉ CONCASSÉ ÉMIETTÉ MOULU
BROYÉ ÉCRASÉ FRACASSÉ PULVÉRISÉ
CASSÉ EFFRITÉ MÂCHÉ ROMPU
Amandes...; arbre...; fil...; fraises...; grain...; maïs...; membres...; os...;
pain...; papier...; plâtre...; vase... .

14. Placez chacun des verbes ci-dessous dans un contexte SUJET + VERBE +
COMPLÉMENT D’OBJET DIRECT, en veillant à respecter les classèmes:
arroser baptiser inonder seringuer
asperger doucher irriguer submerger
baigner imbiber mouiller tremper

15. Donnez aux verbes suivants, sur la base de leurs classèmes ou traits
sémiques combinatoires, un sujet marqué par le sème «personne» et un
complément d’objet:
agripper coudoyer empoigner plier
allonger croiser fléchir secourir
balancer écarter joindre serrer
brandir embraser palper tapoter
16. Placez les groupes nominaux ci-dessous comme objets directs auprès du
verbe convenable:
M o d è l e: le défi ⇒ relever le défi
une rebuffade ⇒ essuyer une rebuffade
- un accueil, le gant, un défi, d’anciennes querelles, un refus;
- un complot, la discorde, sa faute, des inquiétudes, la révolte;
- une conférence, un cours, un discours, un entretien, quelques paroles;
- un séjour, une visite, un voyage d’affaires.

17. Donnez chacun des noms ci-dessous comme complément à l’un ou à


l’autre des verbes qui suivent:
FRONT - LÈVRES - NEZ - OREILLES - YEUX - SOURCILS
baisser couver (de) fermer parler (de)
se boucher détourner froncer pincer
cligner (de) dresser jeter plisser
clignoter (de) écorcher se mordre rouler
corner (à) écarquiller ouvrir saigner (de)

18. Joignez les adjectifs suivants à des noms adéquats, porteurs de leurs
restrictions sélectives ou sèmes combinatoires:
- camus; crépi; glauque; trapu;
- écrémé; rance; saur;
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 169

- escarpé; étale;
- bis; vairon; vermeil;
- à pic; en colimaçon; en fer-à-cheval
Mettez en roumain les structures nominales que vous aurez formées.

19. Faites l’analyse sémique des mots HALLE, MARCHÉ, BAZAR, SOUK en
vous aidant du tableau suivant, dans lequel vous allez cocher les
rubriques convenables:
Sèmes «Lieu où l’on vend des «Fixe» «Couvert» «On y vend des
Mots produits fabriqués» produits»
alimentaires objets
Halle
Marché
Bazar
Souk

20. Sur le modèle de l’exercice précédent, faites une grille d’analyse sémique
pour les unités lexicales suivantes:
salaire; appointements; émoluments; gages; honoraires; solde; vacation.
Joignez ensuite chacun des mots ci-dessus à un complément du nom propre à
en dégager le sens.
Modèle: salaire de professeur; vacation des experts.
21. Dans la liste ci-dessous, faites l’ensemble de ce qui se rapporte à
«l’habillement» et l’ensemble de ce qui se rapporte à la «parure»:
bracelet - robe - chemisier - jupe - veste - broche - manteau - collier -
boucles d’oreilles.

22. Classez par ordre de force croissante:


le cyclone - la bourrasque - la brise - la tornade - la rafale - l ‘ouragan.
Cherchez ces mots dans votre dictionnaire avant d’en opérer le classement.

23. Trouvez les éléments sémiques identiques dans:


parcours et itinéraire / croiser et doubler / compliqué et complexe
grave et important.

24. Trouvez les éléments de sens différents dans:

boulevard et avenue / caravane et roulotte / stand et baraque / nomade


et forain / camionnette et poids lourd / rouler et conduire / retentir et
claquer / gagner et envahir / instrument et outil / apaisé et calmé /
discrètement et en sourdine.
Construisez des phrases avec ces mots.
170 Mariana TUÞESCU

25. Cherchez des énoncés qui puissent expliquer l’emploi différencié des
adverbes de manière ci-dessous:
gravement ~ grièvement; nommément ~ nominalement;
chaleureusement ~ chaudement
Soit, comme modèle pour le dernier couple adverbial, la publicité suivante:
Il vous accueillera CHALEUREUSEMENT, mais il discutera
CHAUDEMENT.
26. Pour vous vêtir, n’utilisez pas le verbe METTRE! Sur le modèle METTRE
UN VÊTEMENT c’est SE VÊTIR, donnez le verbe précis correspondant
aux opérations vestimentaires suivantes:
- mettre un habit, c’est... / - mettre ses chaussures, c’est... / - mettre des
gants, c’est... / - mettre une cravate, c’est... / - mettre un chapeau, c’est...

27. Dans les séquences suivantes, les points de suspension représentent le


verbe abstrait, généralisateur AVOIR. Insérez à sa place le verbe requis
par le contexte syntagmatique.
M o d è l e: avoir le second rang ⇒ occuper le second rang.
avoir un but ⇒ viser, se proposer...
avoir les conséquences les plus graves ⇒ entraîner...
-... dans son esprit un grand dessein. / -... des pensées mélancoliques. / -
... des projets ambitieux. / -... de grandes vertus. / -... un pays dans son
pouvoir. / -... un grand succès. / - Cette lutte peut... deux aspects
distincts. / - Cette idée peut... plusieurs formes. / - Ce cultivateur
compte... beaucoup d’avoine cette année. / - Tâcher de... enfin son
indépendance. / - Tâcher de... la bienveillance des auditeurs. / - Ce
fonctionnaire... avec ses collègues des rapports suivis. / - Cet élève...
plusieurs prix. / - Cette école d’éloquence... de nombreux auditeurs. / -
Tous ces édifices... des traits communs.

28. Dans les séquences ci-dessous, les points de suspension représentent le


verbe abstrait FAIRE. Insérez à sa place le verbe précis, requis par les
restrictions sélectives de l’objet direct:
M o d è l e: FAIRE des cris ⇒ POUSSER des cris.
FAIRE une ligne ⇒ TRACER une ligne.
FAIRE un tunnel ⇒ FORER un tunnel.
(A) ... une autoroute;... une convention;... une maison;... les nattes à sa
fille;... une ouverture dans un mur;... la partition musicale d’un film;...
un procès-verbal;... un projet de loi;... une réforme;... le scénario d’un
film;... un sentier dans la forêt;... une statue;... un tableau;... un vilain
tour à quelqu’un;... des vêtements.
(B) L’architecte... les plans de la future construction. / Son absence... un
grand vide. / Cet arbre... son ombre juste sur mon parterre de fleurs. / Il
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 171

vous... ses voeux de Nouvel An. / Il vous... ses excuses.

29. Dans les phrases suivantes, remplacez le mot abstrait CHOSE par le
lexème adéquat, exigé par les classèmes:
1. La méchanceté est une CHOSE redoutable. 2. L’entêtement est une
CHOSE qui peut vous jouer de mauvais tours. 3. La bosse des langues est une
CHOSE utile pour la jeune génération. 4. L’accroissement de la délinquance
juvénile est une CHOSE dangereuse. 5. L’oeil exercé du peintre perçoit
jusqu’aux plus fines CHOSES. 6. La cohérence est pour un discours une des
CHOSES majeures. 7. La croissance économique représente la CHOSE
prioritaire pour les pays en voie de développement. 8. Pourquoi s’habille-t-
elle toujours de CHOSES si criardes? 9. Une équipe bien soudée est une
CHOSE indispensable pour la réussite d’une entreprise. 10. Voilà la CHOSE la
plus contestable de son plaidoyer.

30. Complétez les phrases ci-dessous par des lexèmes actualisant


l’archilexème LIEU:
1. Le... me plaît; je compte y rester. 2. Il n’y a pas beaucoup de... ici; pour
deux personnes c’est un peu juste. 3. Les maisons ont été bâties sur ce...
vague. 4. J’ai loué ma... pour le spectacle de demain soir.
5. On a choisi le... de la nouvelle école. 6. Les coutumes varient avec les... 7.
Il a mis l’argent en... sûr. 8. Les gens de l’... sont très aimables. 9. La... que
tient cette armoire est vraiment trop grande; on gagnerait de la... si on la
vendait. 10. Sur le... de l’ancienne mairie, on a aménagé un parc. 11. Pousse-
toi un peu pour me faire une petite... à côté de toi!

31. Trouvez, vu les contextes syntagmatiques ci-dessous, les mots qui


signifient «grande quantité» ou «grand nombre»:
M o d è l e: Assiettes --- une pile d’assiettes;
Souvenirs --- une moisson de souvenirs.
chemises, coups, domestiques, enfants, faveurs, injures, mâts, paroles,
personnes, reproches, sauterelles, visiteurs.

32. Vu les contextes nominaux suivants, trouvez le mot qui recouvre la


signification «petite quantité»:
M o d è l e: ironie --- une pointe d’ironie.
beurre, chemin, conversation, culture, doute, farine, fil, folie, honnêteté,
huile, lait, pain, papier, persil, raison, sel, soupe, vin.

33. Transformez les mots ci-dessous en d’autres mots, dont le sens sera le
même objet marqué par le sème «mauvaise qualité».
M o d è l e:
café + «mauvais» ⇒ jus de chaussette, lavasse
écrivain + «mauvais» ⇒ écrivailleur, écrivaillon, plumitif,
172 Mariana TUÞESCU

barbouilleur de papier, pisseur de copie


auteur, avocat, chirurgien, conducteur, élève, employé, médecin, peintre,
poète, prince, tableau, piano, violon.

34. Dites quelle corrélation sémique s’établit entre les mots des paires ci-
dessous:
boisson / vs / bibine film / vs / navet
commerçant / vs / mercanti marchandise / vs / camelote
cuisine / vs / ratatouille voiture / vs / guimbarde
médecin / vs / médicastre piano / vs / casserole

35. Que signifient les gestes? Reliez correctement la spécificité du geste (à


droite) à sa signification (à gauche):
(A) De beaux gestes:
- offrir des fleurs à sa mère TRADUIT notre politesse
- céder sa place à une personne âgée notre savoir-vivre
- prêter ses livres à un camarade notre affection
- se tenir correctement à table notre respect
- se lever pour saluer un visiteur notre gentillesse
(B) De vilains gestes:
- menacer du poing TRADUIT notre résignation
- tirer la langue notre ennui
- trépigner notre grossièreté
- bâiller bruyamment notre colère
- hausser les épaules notre impatience

36. Mettez en français le texte suivant:


Cînd m\ri]i o fat\ e parc\ ]i-ar arde casa! oft\ Herdelea încheind socotelile
nun]ii. Acu numai s\ fie cuminte [i fericit\!...
Casa p\rea pustie f\r\ Laura. To]i vorbeau numai de ea, ghiceau pe unde o fi
ajuns [i ce-o fi f\când, iar d\sc\li]a [i Ghighi l\crimau când d\deau peste vreun
lucru[or r\mas de la dânsa.
Via]a îns\ î[i relu\ chiar de-a doua zi mersul ei obi[nuit, nep\s\toare nici de dureri [i
nici de bucurii. O scrisoare recomandat\ de la avocatul Lendvay vesti data licita]iei de
care avea groaz\ dna Herdelea, oricât îi explica Titu c\ e o simpl\ formalitate.
Înv\]\torul, îngrijorat în tain\ ca [i nevast\-sa [i doritor de comp\timire [i încuraj\ri care
s\-i risipeasc\ temerile, c\ut\ [i g\si un prilej s\ povesteasc\ [i lui Belciug toat\
încurc\tura. De[i st\ruia între dîn[ii r\ceala, amândoi se pref\ceau c\ nu [tiu nimic, iar
Herdelea tr\gea n\dejdea acum s\-l înduio[eze [i s\ netezeasc\ drumul spre o împ\care
adev\rat\, din ce în ce mai înfrico[at s\ nu-i fac\ vreo pozn\ cu locul casei. Belciug se
mir\, îl comp\timi cu o pîlpîire stranie în ochi [i pe urm\ îi spuse c\ va veni [i dânsul la
licita]ie s\-i dea o mân\ de ajutor, dac\ va fi nevoie.
Înv\]\torul era mul]umit c\ l-a îmblînzit [i astfel îl va îndupleca mai lesne de-
acuma s\ fac\ actul de dona]iune a locului, cum îi f\g\duise când s-a apucat s\-[i
cl\deasc\ încrez\tor casa. Totu[i nu îndr\zni s\ se spovedeasc\ nevestei sale care
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 173

r\mînea neclintit\ în antipatia ei fa]\ de «P\m\tuful». (Rebreanu)

2. SYSTÈMES SÉMIQUES

1. Quels sèmes différencient les unités appartenant aux paradigmes


suivants:
- l’arrivant, l’arrivée, l’arrivage; - la baignade, le baigneur, la baignoire; -
la démarche, le démarchage, le démarcheur; - la vengeance, le vengeur,
la vengeresse; - le trésor, la trésorerie, le trésorier; - la semence, le
semeur, les semailles, le semoir?
Introduisez ces lexies dans des énoncés.

2. A la suite de l’analyse componentielle des lexies suivantes, découvrez dans


chaque série le noyau sémique commun et les sèmes différenciateurs:
- acte - action - activité - démarche;
- adresse - art - habileté - maîtrise - savoir-faire;
- attitude - comportement - conduite - manière;
- assise - base - fondement - soubassement;
Formez des groupes nominaux avec ces noms, en leur joignant des
compléments adnominaux.

3. Dressez le champ dérivationnel du mot CHAMBRE.


4. Quels sont les mots qui appartiennent au champ dérivationnel de JOUR?
Et ceux qui illustrent le champ dérivationnel de NUIT?
5. Précisez quels sont les rapports sémiques qui s’établissent entre les lexies
des séries suivantes:
(A) fille- fillette (B) âne - ânon
garçon- garçonnet chat - chaton
livre- livret chien- chiot
nuage- nuagelet lapin- lapereau
oiseau- oiselet loup- louveteau
ruisseau- ruisselet ours- ourson
perdrix- perdreau;
(C) cerf- biche (D) cheval- bidet
jars- oie chien- bichon;
loup- louve
porc- truie
étalon- jument
sanglier- laie;
(E) moineau - pépier; pépier - pépiement
hirondelle - gazouiller; gazouiller - gazouillement - gazouillis
hibou - huer, holer, tutuber
perdrix - cacaber
174 Mariana TUÞESCU

coq - coqueriquer; coqueriquer - cocorico


poule - caqueter; caqueter - caquet
poule - glousser; glousser - gloussement
aigle - glatir
chien - aboyer; aboyer - aboiement
chien - clabauder; clabauder - clabaudage
chien - japper; japper - jappement
lapin/renard - glapir; glapir - glapissement;
(F) jument - pouliner (G) perdrix - se motter.
lapine - lapiner.

6. Quelques-uns des noms d'animaux ci-dessous ont des verbes précis


désignant la parturition; lesquels? Précisez quels sont ces verbes:
l'âne, le chat, la chèvre, le chien, le cochon (la truie), la vache.

7. Faites l'analyse sémique des verbes suivants, appartenant au champ


sémantique et onomasiologique de PLEURER:
brailler, chialer, geindre, se lamenter, pleurnicher, sangloter.
Construisez des contextes phrastiques pour le sens de chacun de ces verbes.

8. Quelle corrélation sémique s'établit-il entre les lexies des paires suivantes?
chapeau- chapeauté herbe - herbeux
cravate - cravaté pierre - pierreux
houppelande - houppelandé vert-de-gris - vert-de-grisé
cheveu - chevelu ventre - ventru
Introduisez ces lexies dans des énoncés.

9. Vous avez ci-dessous un système lexico-sémantique dérivé à partir du nom


LAINE:
LAINAGE (n), LAINER (verbe), LAINER (nom), LAINERIE (nom),
LAINEUR/LAINEUSE (nom), LAINEUSE ou LAINIÈRE (nom),
LAINEUX/LAINEUSE (adj), LAINIER/LAINIÈRE (nom), LAINIÈRE (adj).
Précisez le sens de chacun de ces mots et insérez-les dans des phrases. Quel est le
rôle du contexte syntagmatique dans la formation du sens sémantique?

10. Établissez le champ sémantique des mots JARDINIER,


ARBORICULTEUR, FLEURISTE, HORTICULTEUR, MARAÎCHER,
PÉPINIÉRISTE. Quels sont les classèmes ou sèmes combinatoires qui
distinguent les sens de ces verbes?
11. Analysez les relations sémiques qui s’établissent entre les unités formant
le champ sémantique de: DÉTENTEUR, DÉTENTION, TENEUR,
TENANT, TENANCIER.
12. Dressez le système sémique des mots dont le sens commun nucléaire est
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 175

«CUISINIER». Envisagez, à cet égard, des lexies telles que:


CUISINIER, CUISTANCIER, CUISTOT, AIDE-CUISINIER, COQ,
GARGOTIER, GÂTE-SAUCE, MARMITON.

13. Dites à propos de quelles personnes on emploie les lexies ci-dessous.


Construisez ensuite avec ces unités des phrases témoignant de leur sens:
BISTROT, GORILLE, GRABATAIRE, GROGNASSE, PANTHÈRE, PIED-
NOIR, PIN-UP, SUFRAGETTE, PÉTROLEUSE.

14. Faites l’analyse sémique des mots CROÛTE, LICHETTE, LOPIN, MIE.
Explicitez leurs restrictions sélectives par le recours à leurs contextes
syntagmatiques.

15. Exposez des paraphrases pour les unités des séries suivantes,
appartenant à un même système sémique:
(A) reculer, se traîner, trottiner.
(B) avoir bon bec, balbutier, couper la parole à quelqu’un, grommeler,
fausser les notes, marmonner, nasiller, rabâcher, tempêter.

16. Faites l’analyse sémique des verbes: ATTACHER, COLLER, LIER,


NOUER, RÉUNIR appartenant à un même champ onomasiologique. A
cette fin, insérez-les d’abord dans des phrases.

17. Mettez en roumain le texte suivant:


Le côté de Méséglise avec ses lilas, ses aubépines, ses bluets, ses coquelicots,
ses pommiers, le côté de Guermantes avec sa rivière à têtards, ses nymphéas et
ses boutons d’or, ont constitué à tout jamais pour moi la figure des pays où
j’aimerais vivre, où j’exige avant tout qu’on puisse aller à la pêche, se
promener en canot, voir des ruines de fortifications gothiques et trouver au
milieu des blés /.../ une église monumentale, rustique et dorée comme une
meule; et les bluets, les aubépines, les pommiers qu’il m’arrive, quand je
voyage, de rencontrer encore dans les champs parce qu’ils sont situés à la
même profondeur, au niveau de mon passé, sont immédiatement en
communication. (M. Proust)

3. SENS SITUATIONNEL ET IMPLICITE


IMPLICATIONS, PRÉSUPPOSÉS, SOUS-ENTENDUS.
LES ACTES DE LANGAGE

1. Dans quelles situations dira-t-on d’une femme qu’elle est:


- un cordon bleu; / - une effeuilleuse; / - une panthère; / - une
pétroleuse; / - une perche; / - un pot-au-feu, une popote; / - un
repoussoir?
176 Mariana TUÞESCU

Formez de petits récits avec chacun de ces mots.


2. Dans quelles situations dira-t-on d’un homme qu’il est:
- un barbouilleur de papier; / - un loup de mer; / - un maître queux; / -
un beau garçon sur le retour; / - un ours mal léché?
Construisez de petits récits avec chacun de ces mots afin d’en faire ressortir le
sens.
3. Dans quelles situations dira-t-on d’une personne:
- c’est une soupe au lait; / - c’est une langue d’aspic; / - c’est la paille et la
poutre; / - il fait l’âne pour avoir du son; / - il fait le lézard; / - il (elle) enfonce
des portes ouvertes. / - il (elle) est dans le creux de sa vague?

4. Dans quelles situations dira-t-on:


- c’est un cautère sur une jambe de bois. / - c’est le bouquet! / - il n’y a
pas de roses sans épines. / - ce n’est pas la mer à boire. / - se casser le nez
à la porte de quelqu’un. / - vous pouvez en faire des confettis! / - c’est la
tarte à la crème. / - ouvre l ‘oeil et le bon! / - mon oeil!

5. Dans les énoncés suivants, indiquez la valeur sémantique de l’emploi du


verbe PASSER à l’impératif:
1. PASSE-moi le crayon! 2. C’est un idiot, PASSE-MOI LE MOT. 3.PASSEZ
dans la salle d’attente, s’il vous plaît! 4. Halte! NE PASSEZ PAS par là! 5.
PASSONS! C’est un sujet plutôt pénible. 6. PASSONS au salon, si vous
voulez bien. 7. PASSEZ-MOI Monsieur Desborde, s’il vous plaît.
Essayez de rendre chacun de ces énoncés par un autre, équivalent, qui en
explicite le sens.

6. Le sens de tout énoncé renferme un contenu sémantique


implicite, qui n’est pas dit, mais suggéré au destinataire. Bien
souvent cet implicite est dévoilé par certains mots de discours,
particules pragmatiques à moindres frais, qui orientent la
signification de l’énoncé vers une certaine conclusion. Soient ces
énoncés:
(I) Dans ce zoo, il y a des éléphants.
(II) Dans ce zoo, il y a aussi des éléphants.
(III) Dans ce zoo, il y a même des éléphants.
La différence sémantique entre ces phrases est évidente. La
phrase (I) est constatative, elle donne une information neutre.
Dans (II), le locuteur construit par l’emploi du mot aussi une
échelle quantitative; l’implicite de cette phrase renvoie à une
énumération indispensable: «Dans ce zoo, il y a des ours, des
singes, des serpents et également des éléphants»; tous ces
individus se trouvent sur le même plan.
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 177

Dans (III) le locuteur pose un jugement de valeur, fait un


raisonnement et, par l’emploi de même, il construit une échelle
argumentative, qui est une échelle qualitative. Ce même
s’appelle ‘enchérissant’, il présuppose une échelle quantitative,
orientée d’un argument faible vers un argument fort nommé
aussi preuve. La conclusion vers laquelle conduit l’énoncé (III)
serait: «On ne s’attendrait pas à ce qu’il y ait des éléphants dans
ce zoo; ce zoo n’est pas comme les autres, il est
exceptionnellement muni».
Compte tenu de ces éléments, rendez compte des différences sémantiques
qui s’établissent entre les énoncés qui suivent:
(A) 1. Marie lit l’anglais. / 2. Marie lit aussi l’anglais. / 3. Marie lit même
le chinois.
(B) 1. Colette regarde la télé. / 2. Colette aussi regarde la télé. / 3. Même
Colette regarde la télé.
(C) 1. Jacqueline a acheté une poupée. / 2. Jacqueline a acheté aussi une
poupée. / 3. Jacqueline a acheté même une poupée.

7. Le sens de l’énoncé induit une certaine conclusion qui s’appelle ‘f o r c e


a r g u m e n t a t i v e’. Justifiez-la pour les énoncés ci-dessous, qui
renferment le MÊME ‘enchérissant’:
1. Même Alain est venu. 2. Mon cousin regarde la télé, même
régionale. 3. Je viendrai même s’il pleut. 4. A certains moments,
même l’homme robuste faiblit. 5. Il prend la voiture même s’il y a du
verglas. 6. Je ne me rappelle même plus son nom. 7. Même s’il faisait
amende honorable, je ne lui pardonnerai pas. 8. Elle lit même des
policiers. 9. Tu insultes les gens sans même t’en apercevoir. 10. Ci-gît
Piron qui ne fut rien / Pas même académicien. (Piron)

8. Complétez les énoncés suivants par le mot convenable, compte tenu de la


classe argumentative marquée par l’adverbe MÊME ‘enchérissant’:
1. Elle est jolie, je dirai même... 2. Je le connais; il est très courageux, parfois
même... 3. Il a des manières discourtoises, même... 4. Vous travaillez avec
assiduité, avec... même. 5. C’est une émission destinée aux enfants et
même à... 6. Il a l’air heureux,... même. 7. Elle lit beaucoup de langues
anciennes, elle lit même l’.... 8. Elle manifeste une sensibilité à fleur de peau,
je dirai même de la...

9. Dans les énoncés suivants, l’emploi de l’adverbe MÊME ‘enchérissant’


rend agrammaticales certaines constructions; pourquoi?
(L’astérisque symbolise les énoncés incorrects, agrammaticaux.)
1. (a) C’est un type intéressant, fascinant même.
(b) * C’est un type fascinant, intéressant même
2. (a) Il a été aimable envers nous, je dirai même gentil.
(b) * Il a été gentil envers nous, je dirai même aimable.
178 Mariana TUÞESCU

3. (a) Son comportement m’a semblé réservé, froid même.


(b) * Son comportement m’a semblé froid, réservé même.
4. (a) Il a le bac, et même une licence en lettres.
(b) * Il a une licence en lettres et même le bac.

10. Le sens de tout énoncé renferme deux types d’informations: une


information e x p l i c i t e, nommée le POSÉ, et une information
i m p l i c i t e, nommée le PRÉSUPPOSÉ. Ainsi, par exemple,
l’énoncé:
(I) Pierre a cessé de fumer
a pour posé: Pierre ne fume plus actuellement et pour
présupposé: Pierre a(vait) fumé auparavant.
(II) La ville de Bucarest est sale présuppose l’existence d’une
ville nommée Bucarest.
La formule:
(III) Je vide mon verre au succès de votre entreprise
contient un posé, information explicite sur l’acte qu’accomplit l’orateur
portant le toast et un présupposé, information implicite sur l’état dans
lequel se trouvait le verre avant le toast. Je vide mon verre présuppose
mon verre était plein. On pourrait dire que tout verbe signifiant le
passage d’un état 1 à un état 2 présuppose l’état 1. Ainsi Je me lève
présuppose J’ai été couché ou assis. Les feuilles des arbres jaunissent
présuppose Les feuilles des arbres n’étaient pas jaunes. Un énoncé tel que
J’ai vendu ma voiture présuppose J‘avais une voiture. L’été dernier, en
Espagne, je me suis foulé la jambe présuppose J’ai été, l’été dernier, en
Espagne. Il regrette d’avoir perdu sa carte d’identité présuppose Il a perdu sa
carte d’identité.
Les présupposés d’un énoncé représentent les contenus
sémantiques qui sont extérieurs ou résistent aux mécanismes de la
négation, de l’interrogation, de l’injonction, de l’emphase et de
l’enchaînement. Ces opérations touchent le posé de l’énoncé et
laissent inchangés ses présupposés. Ainsi, par exemple:
(IV) Claire a empêché Françoise de partir
présuppose
(A) Françoise cherchait à partir.
Si on met (IV) à la forme négative, c’est-à-dire si l’on a:
(IVa) Claire n’a pas empêché Françoise de partir,
le présupposé
(A) Françoise cherchait à partir
reste tel quel.
Si l’on frappe d’interrogation (IV), si l’on a:
(IVb) Est-ce que Claire a empêché Françoise de partir?
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 179

la présupposition
(A) Françoise cherchait à partir
est invariable.
Les énoncés impératifs:
(IVc) Claire, empêche Françoise de partir!
emphatiques:
(IV d) Claire, elle, a empêché Françoise de partir!
et celui formé par l’enchaînement:
(IV e) Claire a empêché Françoise de partir bien que celle-
ci fût décidée à le faire
ne portent aucune atteinte au présupposé (A), maintenu constant
sous toutes ces modifications.
Vu ces considérations, trouvez le présupposé contenu dans chacune des
phrases suivantes; analysez exclusivement le sens des verbes en caractères
gras:
1. Il enlève son béret, se déshabille et entre dans l’eau. 2. Il a cessé toute
activité depuis deux ans. 3. Dès que la pluie se fut arrêtée, Pierre
interrompit son travail, et sortit pour aller chercher des champignons. 4. Je
lui ai vendu un gilet beige. 5. Tu t’es acheté une paire de gants. 6. Colette
nous a offert trois lapins. 7. Je commence à m’impatienter. 8. Ce chasseur
tua trois lapins. 9. Marie dépoussière les tapis. 10. Il refusa de me prêter ce
livre. 11. Il se réjouissait de voir son élève réussir.
12. Guy s’excusa auprès de sa femme d’avoir écrit cette lettre.

11. Quels sont les posés et les présupposés des énoncés suivants?Les éléments
pertinents sont ceux en caractères gras:
1. Je continue à apprendre l’anglais. 2. Hugues cessa de venir en retard. 3. Il
ne fume plus. 4. Pour un Italien, il sait beaucoup de logique. 5. Il est
grand pour un pygmée. 6. Prenez encore du café. 7. Vous êtes déjà
rentré? 8. Tiens! Il est déjà 8 heures. 9. Je suis encore fatigué de mon
voyage en train. 10. Tous les enfants ne sont pas sages. 11. Vous êtes
encore là? 12. Marc partira au Maroc s’il a de l’argent. 13. Je refuse de
partir. 14. Pierre n’a pas tenu sa promesse. 15. Paul sait que Marie
viendra. 16. Paul se doute que Marie viendra. 17. Paul s’imagine que
Marie viendra. 18. Si cet élève avait appris, il aurait su. 19. Fermez la
porte! 20. N’oublie pas qu’il faut téléphoner à Odette.
Vérifiez le choix de vos présupposés par le recours aux épreuves précitées
(négation, interrogation, injonction, emphase, enchaînement).

12. Pour les énoncés suivants, mettez en relief la distinction POSÉ /


PRÉSUPPOSÉ en niant d’abord le POSÉ, ensuite le PRÉSUPPOSÉ:
M o d è l e:
(A) Je savais que tu étais partie en vacances ⇒
180 Mariana TUÞESCU

(a) Je ne savais pas que tu étais partie en vacances.


(b) Je savais que tu n’étais pas partie en vacances.

1. Jean a compris que sa soeur avait déjà quitté Paris. 2. Il a persuadé ses
parents de le laisser partir en excursion. 3. Ils se sont rendus compte qu’il
était trop tard. 4. Il ignorait que sa soeur fût malade 5. Il regretta d’avoir glissé
un dictionnaire sous sa tête en guise d’oreiller.

13. La structure sémantique des verbes CRITIQUER et ACCUSER est


caractérisée par le fait que ces verbes de jugement s’inversent
réciproquement en posés et présupposés. Leur structure de rôles
est identique; un JUGE (celui qui DIT quelque chose), un
DÉFENDEUR (la personne responsable de la situation décrite), et
une SITUATION (un fait, une action, un état de choses). Le posé
de CRITIQUER porte sur le caractère MAUVAIS de la situation et
son présupposé porte sur la responsabilité du DÉFENDEUR
quant à la SITUATION et sur le caractère RÉEL de celle-ci.
Ainsi, la phrase:
(A) Jean critique Marie d’avoir été injuste
pose que le fait que “Marie ait été injuste est mauvais” et
présuppose que “Marie a réellement été injuste; elle est responsable
d’avoir été injuste”.
Par contre, le verbe ACCUSER, performatif, pose que “le
DÉFENDEUR est responsable de la situation” et présuppose “que la
situation en question est mauvaise”. Ainsi, la phrase:
(B) Jean accuse Marie d’avoir été injuste
pose que “Marie est responsable d’avoir été injuste”, elle a réellement
été injuste et présuppose qu’”être injuste, c’est mauvais”.
Compte tenu de ces éléments, découvrez les posés et les présupposés des
phrases suivantes:
1. Le proviseur a accusé Marc d’avoir cassé la vitre. 2. Le public
critique ce spectacle musical d’être trop long. 3. Le juge accuse ce
coupable d’avoir poignardé son voisin. 4. Les Français accusent la
R.A.T.P.de ne pas accroître le nombre des autobus aux heures de pointe.
5. L’opposition critique le gouvernement.

14. Quels sont les posés et les présupposés des verbes blâmer, condamner,
désapprouver, vitupérer, apparentés au verbe critiquer?
Construisez des phrases avec ces verbes de jugement.

15. Quels sont les posés et les présupposés des verbes:


attaquer, dénoncer, dénigrer, incriminer, vilipender, apparentés au verbe
accuser?
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 181

Introduisez ces verbes dans des énoncés.

16. Précisez quels sont les posés et les présupposés des verbes admirer,
apprécier, approuver, féliciter, louer. Construisez des énoncés avec
ces verbes.
17. Rendez compte de la structure présuppositionnelle des phrases suivantes
à l’aide des procédés de mise en valeur. Indiquez à chaque fois le
présupposé (PP) et le contenu posé (P) de la phrase:
M o d è l e: Michel écrit des lettres dans son bureau.
(i) C’est Michel qui écrit des lettres dans son bureau ⇒
(PP) Quelqu’un écrit des lettres dans son bureau.
(P) Michel écrit des lettres dans son bureau.
(ii) C’est des lettres que Michel écrit dans son bureau ⇒
(PP) Michel écrit quelque chose dans son bureau.
(P) Michel écrit des lettres dans son bureau.
1. Pierre range les livres de sa bibliothèque. 2. Anne cultive des tulipes
dans son jardin. 3. Il est allé hier soir voir son père malade à l’hôpital. 4.
Marc et Colette prendront demain l’avion pour Paris.
18. Posez des questions à propos des phrases suivantes en vue d’obtenir des
réponses qui mettent en valeur les structures présuppositionnelles
différentes de ces assertions:
M o d è l e:
Elle cherche une poupée à cheveux blonds pour sa fille.
(a) - Est-ce une poupée à cheveux blonds qu’elle cherche
pour sa fille?
- Non, elle cherche une poupée à cheveux châtains.
(b) - Est-ce une poupée à cheveux blonds qu’elle cherche?
- Non, elle cherche une poupée sans perruque du tout.
(c) - Est-ce pour sa petite fille qu’elle cherche une poupée?
- Non, c’est pour sa nièce.
1. J’ai besoin d’un pull à col roulé. 2. Elle veut s’acheter une jupe à rayures
noires. 3. J’ai envie de lire un roman d’aventures du XIXe siècle.
19. Indiquez les présupposés des énoncés suivants et, sur cette base,
expliquez l’emploi du mode verbal dans les propositions régies:
1. (a) Je crois que la séance s’est prolongée tard dans la nuit.
(b) Je ne crois pas que la séance se soit prolongée si tard dans la nuit.
2. (a) Je me doute qu’il est possible de l’aider encore.
(b) Je doute qu’il soit possible de l’aider encore.
3. (a) Il semble que la lettre est arrivée hier.
182 Mariana TUÞESCU

(b) Il semble que la lettre soit arrivée hier.


4. (a) Je ne nie pas qu’il est le meilleur, toujours est-il que cette fois-ci il a
déçu tout le monde.
(b) Je ne nie pas qu’il soit le meilleur, toujours est-il que cette fois-ci il a
déçu tout le monde.

20. Les énoncés ci-dessous sont centrés sur un f a c t i f. Leurs présupposés


sont constitués par la vérité de leurs compléments. Spécifiez les
présupposés de ces énoncés:
M o d è l e:
Je regrette que Jean soit malade  (présuppose)
Jean est malade.
Certainement, le temps se remettra au beau  (présuppose)
Le temps se remettra au beau.
1. Jean regrette d’être parti sans faire ses adieux. 2. Ma mère ignorait
qu’on pût taire cette histoire. 3. Les enfants avaient remporté de grands prix
à ce concours sportif; leurs parents s’en réjouirent. 4. Il m’ ennuie que
Paul ait cette voix de rogomme. 5. Ce paysan déplorait qu’on lui eût piqué
sa touloupe. 6. Certainement, le train n’a pas de retard.

21. Démontrez au moyen de l’analyse présuppositionnelle que la différence entre


les phrases du type (A), renfermant un verbe factif et les phrases du type (B),
renfermant un verbe implicatif, est due à la différence de valeur de vérité de
la complétive régie par un verbe négatif:
1. (A) Jean NE s’est PAS rendu compte que le monde avait changé.
(B) Jean NE parvenait PAS à comprendre que le monde avait changé.
2. (A) Il N’oublie PAS de payer ses frais de séjour.
(B) Il NE se rappelle PAS avoir payé ses frais de séjour.
3. (A) Sale caractère! Il NE se soucie guère de blesser les sous-ordres.
(B) Tu N’oses jamais blesser les sous-ordres.

22. Quels sont les présupposés des énoncés ci-dessous centrés sur des verbes
implicatifs négatifs?
1. Il évitait lâchement de rencontrer son regard. 2. La plupart des
journaux s’abstenaient de tout commentaire. 3. Elle refusa de
reconnaître ses torts. 4. Il néglige de répondre à son courrier. 5. Le
concierge a oublié de vous prévenir de l’arrivée de Jacques.

23. Indiquez quels sont les présupposés des verbes en caractères gras; sur cette
base, expliquez en quoi consiste l’anomalie des énoncés marqués par un
astérisque, par rapport aux énoncés bien formés correspondants:
1. (a) J’avais oublié que je devais aller chez lui.
(b)* Je suis en train d’oublier que je dois aller chez lui.
2. (a) Je sais que Jean est actuellement à Paris.
(b)* Je ne sais pas que Jean est actuellement à Paris.
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 183

3. (a) Que Paul ait eu cette idée farfelue, je n’en savais rien.
(b)* Que Paul ait eu cette idée farfelue, je n’en sais rien.
4. (a) J’ignorais que son frère avait suivi les cours de l’École Polytechnique.
(b)* J’ignore que son frère a suivi les cours de l’École Polytechnique.

24. Le niveau d’incidence du circonstant temporel en italiques modifie la


structure présuppositionnelle des énoncés suivants: sur cette base et
compte tenu des présupposés du verbe principal, montrez d’où provient
l’anomalie des énoncés marqués par un astérisque et le caractère douteux
des énoncés marqués par un signe d’interrogation:
1. Il va finir le travail demain matin. 2. Demain matin il va finir le
travail. 3. Je suppose qu’il va finir le travail demain matin.
4.* Demain matin je suppose qu’il va finir le travail. 5. Je crois qu’il va
finir le travail demain matin. 6.* Demain matin, je crois qu’il va finir
le travail. 7. Hier soir, vous les avez rencontrés.

25. Les phrases formées d’une relative déterminative ou d’une relative


explicative n’ont pas les mêmes posés et présupposés. Soit ces exemples:
(A) Les automobilistes qui sont en infraction devront payer
une amende
et
(B) Les automobilistes, qui sont en infraction, devront
payer une amende.
Le test de l’interrogation nous permettra de faire apparaître la
différence entre ces deux phrases. Ainsi (A) répond-elle à la question:
(A-1) QUELS automobilistes devront payer une amende? -
CEUX QUI sont en infraction.
La question porte donc sur l’ensemble de la phrase. Cela présuppose
qu’il y a PLUSIEURS AUTOMOBILISTES parmi lesquels CERTAINS
seulement sont en infraction.
Par contre, la phrase (B) suppose qu’à question:
(B-1) QUELS automobilistes devront payer une amende?
la réponse soit:
- TOUS les automobilistes.
La relative reste, en quelque sorte, hors de la question; elle peut à son
tour supporter une question complémentaire:
Est-ce que ces automobilistes sont en infraction?
ou, plus aisément, être niés:
(A) - Les automobilistes qui sont en infraction auront une
amende.
- Ils ne sont pas en infraction.
------------ C’est un dialogue de sourds!
184 Mariana TUÞESCU

(B) - Les automobilistes, qui sont en infraction, auront


une amende.
- Ils ne sont pas en infraction.
----------- La discussion est ouverte.
Dégagez les présupposés des textes suivants:
1. Le feu a détruit intégralement la forêt de châtaigniers qui entoure la
vieille maison que l’écrivain habite en permanence depuis vingt ans à
proximité de La Garde-Freinet.
2. Le ferry Estonia, qui reliait Tallin à Stockholm, a coulé en quelques
minutes, mercredi 28 septembre 1994, en fin de matinée.
3. Les vagues de pluie et de neige qui déferlent depuis une semaine sur
l’Europe du Nord-Ouest ont provoqué des inondations très étendues, du
pays de Galles à la Bavière. En Grande-Bretagne, où la neige a été
particulièrement abondante, notamment en Ecosse, six personnes ont
trouvé la mort. (Le Monde, 31 janvier 1995).
Observez la diversité des présupposés, compte tenu des éléments de langue qui les
déclenchent. Montrez ensuite comment les tests de l’interrogation, de la négation,
de l’emphase préservent les présupposés découverts.

26. L’enchaînement d’un circonstant temporel, causal, concessif ou de


manière à une proposition principale confère à celle-ci le statut de
présupposé. Ainsi, par exemple:
(A) Marie est affligée parce que son fils est malade
présuppose:
(a) Le fils de Marie est malade.
Dans les phrases suivantes, formées de propositions subordonnées,
dégagez les présupposés en vous aidant des tests de l’interrogation, de la
négation, de l’emphase, de l’enchaînement:

1. Il est venu quand tu l’as appelé. 2. Cela s’est passé après que Paul
vous eut téléphoné. 3. Ils ont terminé la moisson avant qu’il pleuve. 4.
Annie est désolée parce que ses géraniums ont gelé. 5. Il a compris sans
que je lui aie rien expliqué.
27. Quels sont les contenus posé et présupposé de l’affiche publicitaire
suivante:
Buvez COCA-COLA
COCA-COLA désaltère le mieux.
Tâchez d’exprimer plus explicitement la structure logique de ce texte.
28. Les connecteurs logiques parce que et puisque ont des statuts
sémantiques différents. Parce que rattache deux propositions en
rapport de CAUSE - EFFET; puisque marque une justification, en
rattachant deux propositions dont l’une est la preuve qui justifie
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 185

l’énonciation principale. Parce que sera vérifié par le test de la


question pourquoi? Puisque ne saurait répondre à la question
pourquoi?

La différence entre parce que et puisque peut se rendre aussi en


termes de POSÉ / PRÉSUPPOSÉ.
Soient ces exemples:
(A) Pierre est venu parce qu’il fait beau.
(B) Pierre est venu puisqu’il fait beau.
Le POSÉ de (A) est: Le beau temps est cause de la venue de Pierre. (A)
renferme deux présupposés: Pierre est venu et Il fait beau. Ces
présupposés sont maintenus lorsque (A) est à la forme
interrogative:
Est-ce que Pierre est venu parce qu’il fait beau?,
à la forme négative:
Pierre n’est pas venu parce qu’il fait beau,... mais parce
qu’il voulait demander de l’argent à sa mère,
ou à la forme emphatique:
C’est parce qu’il fait beau que Pierre est venu.
Il en est tout autrement avec la phrase (B). Des phrases comme:
* Est-ce que Pierre est venu puisqu’il fait beau?
* Il n’est pas venu puisqu’il fait beau.
* C’est puisqu’il fait beau qu’il est venu.
sont impossibles. La phrase (B) pose une assertion principale: Pierre est
venu et présuppose que le beau temps justifie la venue de Pierre.
Dans la majorité des cas puisque P porte sur le dire et non pas sur
le dit. La forme puisque P justifie l’affirmation du locuteur: elle
porte sur l’énonciation même de la principale Q.
Analysez les énoncés ci-dessous, en proposant des paraphrases pour les
propositions régies, introduites par parce que ou puisque.
1. Marie garde le lit parce qu’elle est enrhumée. 2. Je pars demain,
puisque nous nous sommes promis de tout nous dire. 3. Il ne viendra
pas parce qu’il est malade. 4. Il ne viendra pas puisqu’il est malade. 5.
- N’oublie pas que je t’ai répondu parce que tu insistais.
6. - Oublie-le, Antigone, comme il nous avait oubliés.
- Laisse son ombre dure errer éternellement sans sépulture, puisque
c’est la loi de Créon. (Anouilh).
29. Dans les phrases qui suivent, la place du connecteur logique a été laissée
en blanc; vous choisirez entre parce que et puisque et vous justifierez
votre choix. Il pourra se faire que vous ayez la possibilité d’employer l’un
186 Mariana TUÞESCU

ou l’autre connecteur dans le même contexte: vous montrerez alors la


différence entre les deux solutions:
1. On se chauffe... on a froid. 2. C’est sûrement vrai... vous le dites.
3. On l’a hospitalisé... il ne pouvait plus marcher. 4. Il est venu... sa
voiture est devant la maison. 5. J’irai me coucher,... je n’ai pas fermé
l’oeil de la nuit. 6.... ils sont tous d’accord, c’est parfait! 7. Il est là,... il y
a de la lumière chez lui. 8. Tu es venu me voir,... tu voulais me parler. 9.
Raconte-moi ce qui s’est passé... tu es là. 10. Paul est en vacances... les
stores de son appartement sont baissés. 11. La pierre tombe... elle est
pesante.

30. Rendez compte de la valeur différente des connecteurs puisque et parce


que au moyen des restrictions syntactico-sémantico-pragmatiques qui
déterminent leur usage; expliquez en quoi consiste l’anomalie des énoncés
marqués par un astérisque:
1. (a) C’est fait en bois, puisque tu voulais le savoir.
(b) Puisque tu voulais le savoir, c’est fait en bois.
2. (a) C’est fait en bois, parce que c’est plus solide.
(b)* Parce que tu voulais le savoir, c’est fait en bois.
4. (a) Guy est arrivé, puisque je vois sa voiture.
(b)* Guy est arrivé, parce que je vois sa voiture.
5. (a) «La peste, puisqu’il faut l’appeler par son nom,/ Faisait aux
animaux la guerre» (La Fontaine).
(b)* La peste, parce qu’il faut l’appeler par son nom, faisait aux
animaux la guerre.
A souligner de nouveau que puisque Q porte sur le DIRE et non pas
sur le DIT. Ainsi, une phrase comme:
Elle mentait (P) puisque sa mère était encore à Paris le soir
de notre rencontre (Q)
ne précise évidemment pas la cause du fait qu’elle mentait, mais en
fournit la preuve: Je puis dire qu’elle mentait: la preuve en est
que...L’acte introduit par puisque en est un de preuve ou justification
(Q), acte illocutoire en vertu duquel on a droit à énoncer P, l’assertion
principale.
31. La conjonction car est apparentée à puisque: impossible de
placer Q, car P dans le champ de la négation, de l’interro-gation,
d’un quantificateur ou d’un verbe subordonnant; impossible de
mettre car P sous une forme clivée. Comme puisque, car introduit
une explication, une justification, une preuve. Car et puisque
impliquent tous les deux que Si P, alors Q, La proposition P est en
revanche, dans Q, car P assertée et non pas présupposée comme
elle l’est dans Q, puisque P.
Ainsi on peut dire:
Il l’aime et puisqu’il l’aime, il l’épousera
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 187

mais non:
* Il l’aime et il l’épousera, car il l’aime.
On acceptera, par contre:
Il l’aime et il l’épousera, car il l’aime vraiment,
où il l’aime vraiment est assertée.
A la différence de parce que, car ne peut pas introduire une
proposition où l’on rappelle simplement ce qu’un locuteur vient
de dire. A ne peut pas dire:
- Il fait beau
et B y répondre:
* - Eh bien, sortons, car il fait beau.
En employant car P, le locuteur semble se référer à une raison
jusque là ignorée; en employant puisque P, au contraire, il a l’air
de se référer à une sorte d’aveu de l’auditeur, implicite ou non,
et se fondant sur cet aveu, il cherche par son dire à contraindre
l’auditeur à admettre le bien-fondé de l’acte de langage accompli
dans la proposition principale. Lorsque P découle avec évidence
de la situation même de discours, car P devient impossible:
comment asserter ce que la situation impose avant même que
l’énonciation ait lieu? Ainsi on dira:
Dites-moi la vérité, puisque vous savez tout
mais non
* Dites-moi la vérité, car vous savez tout.
Et également:
Je vais vous l’expliquer, puisque je vous vois.
Compte tenu de ces explications, justifiez l’emploi de car dans les énoncés
suivants:
1. Quant à notre mère, elle se reprochait un peu la naissance de Putois, et
non sans raison. Car enfin Putois était né d’un mensonge de notre mère,
comme Caliban du mensonge du poète (A.France).
2. - Serrez bien votre crosse, Joseph, car j’ai mis une charge et demie de
poudre. Et vous, Mesdames, bouchez-vous les oreilles, car vous allez
entendre le tonnerre! (M.Pagnol)
3. Je l’énervais et elle m’énervait aussi, car je les aime et je les déteste, ces
animaux charmants et perfides (Maupassant).

32. Mettez à la place des points de suspension parce que, puisque ou car et
justifiez votre choix:
1. Naturellement, je viendrai,... je l’ai décidé. 2. Je ne peux pas avoir de
chien... je voyage beaucoup. 3. Paul est de retour,... sa voiture est devant
la maison. 4. - Raconte-moi ce qui s’est passé,... tu es là.
188 Mariana TUÞESCU

5.... je vous vois, j’en profite pour vous dire que Marc est rentré hier
soir. 6. Ils (les chats) sont délicieux pourtant, délicieux surtout,... en les
caressant, alors qu’ils se frottent à notre chair, ronronnent et se roulent
sur nous en nous regardant de leurs yeux jaunes qui ne semblent jamais
nous voir, on sent bien l’insécurité de leur tendresse, l’égoïsme perfide
de leur plaisir (Maupassant). 8. Papa, dis-moi ce que c’était que Putois...
tu veux que je le sache, dis-le moi (A.France).

33. Les adverbes PEU et UN PEU appartiennent à des classes


argumentatives différentes. PEU se situe sur l’échelle
argumentative de la limitation, échelle qui conduit vers une
signification négative; UN PEU appartient à l’échelle
argumentative de la position, le morphème ayant une valeur
positive. PEU affirme une restriction, il a une valeur litotique;
UN PEU restreint une affirmation.
La direction sémantico-pragmatique vers laquelle conduit chacun de
ces mots sera vérifiée par l’enchaînement. Ainsi, on dira:
(A) Pierre mange PEU de sucre, il n’en mange même pas du
tout.
et
(B) Pierre mange UN PEU de sucre, il en mange même
beaucoup.
Faites ressortir la différence de signification qui existe entre les phrases
qui suivent, en vous appuyant sur la différence sémantique existant entre
PEU et UN PEU:
1. (a) Il a PEU d’argent.
(b) Il a UN PEU d’argent.
2. (a) Marie est PEU méchante.
(b) Marie est UN PEU méchante.
3. (a) Pierre a PEU d’enthousiasme dans la vie.
(b) Lorsqu’il n’est plus fatigué, Pierre a UN PEU d’enthousiasme.
(c) Lorsqu’il est en pleine forme, Pierre a UN PEU plus d’enthousiasme
dans la vie.

34. Dans les énoncés qui suivent, mettez à la place des points de suspension PEU
ou UN PEU, compte tenu de la signification du contexte:
1. Je ne vois presque rien dans la pièce: la lampe éclaire... 2. Nous
sortons... le soir de peur de ne pas être attaqués. 3. Cet élève est...
intelligent; il n’arrive même pas à résoudre les problèmes les plus
simples. 4. Le soleil avait tourné... et l’ombre commençait à approcher
de la fenêtre de mon appartement. 5. Ce brave homme est... timbré; c’est
le malheur et le chagrin. 6. Elle effeuillait la marguerite et se disait: «Il
m’aime,... Beaucoup. Passionnément.» 7. Il faut être... trop bon pour
l’être assez (Marivaux).
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 189

35. Les adverbes PRESQUE et A PEINE illustrent des échelles


argumentatives différentes. Dire PRESQUE P, c’est conduire vers une
conclusion méliorative, favorable; dire A PEINE P, c’est conduire vers
une conclusion minimisante, défavorable. Ainsi, énoncer:
(A) Il gagne PRESQUE 5 000 francs et
(B) Il gagne A PEINE 5 000 francs,
c’est conduire vers des directions argumentatives différentes. L’énoncé (A)
pourra être enchaîné de sorte à donner:
(A’) Il gagne PRESQUE 5 000 francs, peut-être même plus,
dans les 5 200 francs; ça lui suffit!
alors que l’énoncé (B) pourra se voir enchaîné de sorte à avoir:
(B’) Il gagne A PEINE 5 000 francs, peut-être même moins
de 5 000; c’est un scandale!
Complétez les énoncés ci-dessous par une séquence de nature à indiquer la
conclusion pour laquelle ils argumentent:
1. Il est A PEINE six heures.... 2. Je suis PRESQUE en retard,...
3...., il a lu PRESQUE deux cent cinquante pages. 4. Il a lu A PEINE
cinquante pages,... 5.... je suis PRESQUE enrhumée. 7.... Je suis A PEINE
enrhumée. 8. A PEINE réveillé,... 9. Je ne fais PRESQUE rien... 10. Il
gagne A PEINE de quoi...

36. Complétez les énoncés suivants en y introduisant - compte tenu de leur


orientation argumentative - un adverbe de la classe de PRESQUE (PLUS
DE, UN PEU PLUS DE, PAS MOINS DE, GUÈRE MOINS DE, AU
MOINS) ou de la classe de A PEINE (MOINS DE, SEULEMENT, PAS
TOUT À FAIT, PAS PLUS DE, UN PEU MOINS DE, GUÈRE PLUS DE,
AU PLUS):
1. Peu d’automobilistes dépassent le 120 km/h,... 5%. 2. 40% des
étudiants habitent la Cité Universitaire, sinon... 3. Dix... de mes invités
sont venus, sinon moins. 4.... un tiers des collégiens se retrouva sur les
lieux du rendez-vous à 8 heures du matin; c’est pourquoi le proviseur
fut mécontent et critiqua les absents. 5. Si... il était arrivé à temps! 6.
Une grande misère régnait dans cette famille; il y avait... de quoi
manger. 7. Affaibli, il trébuchait... à chaque pas. 8. Il n’est... soûl, car il
dit encore des choses sensées. 9. Cette recrue était triste, car on ne lui
avait accordé... cinq jours de sursis. 10. Ces recrues toutes fraîches qui
savent... manier le mousquet. (V.Hugo)
37. Précisez quel est le type d’acte de langage performé en énonçant chacune
des phrases suivantes:
1. Dites la vérité, c’est mieux pour vous. 2. Dites la vérité, sinon vous
allez être puni. 3. Dites la vérité, sinon je vais vous punir. 4. Dites la
vérité, sinon on va me punir. 5. Dites la vérité et rien que la vérité.
38. Quelles sont les conditions de succès ou les règles pragmatiques qui
190 Mariana TUÞESCU

rendent possibles les actes de langage suivants?


A signaler que tous les actes de langage illocutionnaires reposent sur un certain
nombre de règles pragmatiques ou ‘conditions de bonheur’ ou de succès.
Ainsi, par exemple, l’acte d’ASSERTION pose que le locuteur a des preuves ou
des raisons pour croire que la proposition qu’il émet est vraie. La QUESTION
implique que son locuteur ne connaît pas la réponse, qu’il se trouve dans un
état d’incertitude, de doute, et qu’il veut obtenir cette information de la part
de son interlocuteur. L’ORDRE implique une autorité du locuteur exercée sur
son destinataire ainsi que la capacité que celui-ci effectue l’acte futural qu’on
lui demande. Le REMERCIEMENT se base sur un acte passé accompli par
l’auditeur, acte qui a été profitable au locuteur et pour lequel celui-ci est
reconnaissant etc.
1. Fermez la fenêtre, s’il vous plaît! 2. Taisez-vous! 3. Où irez-vous pendant
les vacances? 4. Qui frappe à la porte? 5. Je suis très fatiguée aujourd’hui. 6.
Pouvez-vous fermer la fenêtre? 7. Voulez-vous me passer le sel? 8. Quel
cochon, ce chauffeur du dimanche! 9. Comment vous remercier de votre
générosité? 10. C’est vraiment très gentil de votre part. 11. Toutes mes
félicitations! 12. Chapeau! 13. Attention! Le taureau va charger. 14. Vous
devriez voir un médecin. 15. Je vous rendrai ce livre dans deux jours. Je vous
le promets. 16. Je suis vraiment désolée.
39. Quelles sont les conditions de succès qui permettent d’accomplir les actes de:
BAPTÊME (d’une personne, d’un établissement, d’un navire), de MARIAGE,
de NOMINATION de QUELQU’UN DANS UN POSTE DE MINISTRE ou
D’AMBASSADEUR, de LEGS TESTAMENTAIRE, d’OUVERTURE et de
CLÔTURE D’UN CONGRÈS? Précisez quelles sont les formules de langue qui
expriment chacun de ces actes.
40. Découvrez les relations logiques établies entre les propositions des énoncés
suivants: quel est le rôle des séquences en gras dans l’accomplissement avec
succès des actes de langage réalisés en énonçant ces phrases?
1. Il est terriblement distrait, le savais-tu? 2. Il est terriblement distrait: il a
encore oublié l’adresse. 3. L’accident n’est pas grave, car la voiture n’a
pas été endommagée. 4. L’accident n’est pas grave, c’est un témoin
oculaire qui me l’a dit. 5.Est-ce que je peux me permettre de vous
demander une faveur? 6. J’ose à peine vous demander cette faveur. 7. Et
qui est le coupable, si tu le sais? 8. Qui est le coupable, je t’en prie, dis-le
moi! 9. Je ne sais pas, parce que je n’étais pas là. 10. Je ne sais pas,
puisque je te le dis!

41. Indiquez, dans les couples d’énoncés ci-dessous, quelles sont les marques
linguistiques qui permettent de distinguer l’emploi performatif de
l’emploi constatif des verbes en gras:
1. (a) Je promets d’aller souvent rendre visite à mes amis.
(b) Je promets souvent d’aller rendre visite à mes amis.
2. (a) Je jure d’entreprendre tous les efforts afin de le sauver.
(b) Attends! je suis en train de jurer que j’entreprendrai tous les
II. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 191

efforts afin de le sauver.


3. (a) Sur le chantier naval, devant un public enthousiaste, une bouteille de
champagne à la main, le maire dit: Je baptise ce navire «Le Liberté»!
(b) La pièce voisine servait au besoin pour de petites opérations. Léon
l’avait baptisée «le laboratoire»; c’était une salle de bains désaffectée
(R.Martin du Gard).
4. (a) Je nomme M.Pierre Dupont chef d’équipe.
(b) J’ai nommé vendredi dernier M.Pierre Dupont chef d’équipe.
5. (a) Je vous conseille de prendre des vacances.
(b) Je lui ai conseillé de ne plus se fatiguer excessivement.
6. (a) Je maudis la maladie qui m’a fait tant subir!
(b) Maudis cette maladie qui t’a fait tant subir!
7. (a) Je dois condamner un tel comportement et demander que le
coupable soit puni.
(b) Dois-je condamner un tel comportement et demander que le
coupable soit puni?
42. Les énoncés suivants contiennent un verbe performatif implicite; mettez ces
énoncés au style indirect, en faisant attention aux modifications qui
s’imposent, notamment à celles qui concernent les expressions adverbiales en
italiques:
M o d è l e: Pour la dernière fois, je n’achèterai pas ce vélo.
⇒ Il refusa une dernière fois d’acheter ce vélo.
1. En somme, il a bien mérité son sort! 2. Bref! il n’a même pas salué.
3. Pour la dernière fois, dis «bonne nuit» à tout le monde et va te
coucher. 4. Dis «bonne nuit» à tout le monde pour la dernière fois et
va te coucher. 5. Pour conclure, voici la preuve de sa culpabilité. 6.
Avant tout, j’achète ce compact disque. 7. J‘achète avant tout ce
compact disque.
43. Déterminez le type d’acte de langage réalisé en énonçant les phrases
suivantes; sur cette base, complétez-les par une proposition adéquate,
choisie parmi celles qui sont indiquées après chaque phrase:
1. Permettez-moi de vous dire que le temps se gâtera d’ici peu
-... puisque vous aimez les prévisions météorologiques.
-... car on vient de l’annoncer à la radio.
2. Permettez-moi de vous demander si vous avez déjà déjeuné
-... car il est déjà tard et vous devez avoir faim.
-... car c’est dans votre propre intérêt que je le fais.
3. Permettez-moi de vous épargner les détails de l’histoire
-... car je sais que vous n’aimez pas entendre des choses aussi
désagréables.
-... car je sais que ça ne vous intéresse pas.
4. Est-ce que je peux vous dire que votre réponse a été peu satisfaisante?
-... puisque vous n’avez réussi à convaincre personne.
-... puisque vous détestez qu’on fasse des critiques à votre sujet.
5. Est-ce que je peux vous dire, à présent que nous sommes seuls, que
192 Mariana TUÞESCU

votre réponse a été peu satisfaisante?


-... puisque vous me l’avez demandé.
-... puisque je sais que vous détestez qu’on vous fasse des critiques en
public.
44. Précisez quels types d’actes illocutionnaires sont performés par les textes
suivants:
1. - Je sais ce qu’il y a. Ne dis pas non: tu es amoureux.
2. - Ah! va-t’en! cria Joseph en le poussant dehors.
3. Retournez au travail! s’écria Marc Allister. Quatre chevaux à l’état
sauvage ne m’y traîneraient pas. Sachez que je suis ici par suite des
circonstances de ma volonté et que j’ai l’intention de noyer mon chagrin
dans l’alcool tous les soirs.
Que lisez-vous? La Sainte Bible!
- Je vous préviens de faire attention, dit Joseph en couvrant de sa main
le livre ouvert.
- Qu’est-ce qui vous prend? demanda Marc Allister. (J.Green)
45. L’acte de SOUHAITER quelque chose à quelqu’un connaît des formules
de langue différentes selon les situations de communication qui les
génèrent. On aura ainsi:
- Au moment de commencer un repas: - Bon appétit!
- Au moment de commencer à boire (à trinquer ): à votre santé! - à la
vôtre! - Tchin, tchin! - Au succès de ton projet!
- Pour un accueil officiel: - Bienvenue à...; - Soyez le/la bienvenu(e) à...
- Pour les fêtes: - Bonne fête! - Joyeux anniversaire! - Joyeux Noël!
Bonne année! - Meilleurs voeux!
- A quelqu’un qui va travailler: - Bon courage! - Travaille(z) bien!
- A quelqu’un qui aborde une tâche: - Bonne chance!
- A quelqu’un qui sort: - Bonne journée! - Bonne soirée! - Amuse-toi
bien!
- A quelqu’un qui part en voyage: - Je vous souhaite un bon voyage /
séjour! - Bon voyage! - Bonnes vacances!
- A quelqu’un qui est fatigué: - Repose-toi bien!
- A quelqu’un qui va dormir: - Bonne nuit! - Fais de beaux rêves!
- A quelqu’un qui est malade: - Soigne-toi bien! - Remets-toi vite! -
Meilleure santé! - Prompt rétablissement!
Construisez de petits récits avec chacune de ces formules.
46. Quelles sont les formules de langue par lesquelles vous demandez une
information pratique (une rue, l’heure du départ / de l’arrivée de l’avion
etc.)?
47. Comment exprimez-vous l’acte d’ACCEPTER UNE INVITATION?
48. Comment exprimez-vous le REFUS D’UNE INVITATION?
49. Comment exprimez-vous une REQUÊTE?
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 193

4. LE SENS FIGURATIF
4.1. La métaphore

1. Distinguez, dans les couples d'énoncés ci-dessous, les sens dénotatifs (non-
figuratifs, non-métaphoriques) des sens connotatifs (figuratifs,
métaphoriques) exprimés par le même mot (le même signifiant lexical):
1 (a) Il était complètement IVRE; il ne pouvait plus tenir debout.
(b) Le poème de Rimbaud Le Bateau IVRE est un manifeste de la poétique
symboliste.
2 (a) Marie EMPOISONNE les rats de sa cave.
(b) La flambée des prix et l'inquiétude EMPOISONNENT la vie des gens.
3 (a) Bien qu'il soit encore jeune, ce gars est un gros VENTRU.
(b) De ma fenêtre j'aperçois les dômes VENTRUS de l'église russe.
4 (a) Ce chien LÈCHE la main de son maître.
(b) Ces flammes LÈCHENT la plaque de la cheminée.
Expliquez en termes sémiques la différence de sens entre le terme propre et le
terme figuré. Précisez le rôle du contexte syntagmatique dans la formation
du sens métaphorique.

2. Le mécanisme qui se trouve à la base de la métaphore est


l' a n a l o g i e. Comparaison en abrégé, la métaphore se fonde
sur une analogie ou ressemblance entre les deux entités
sémantiques impliquées.
Vous avez ci-dessous des structures métaphoriques, devenues des éléments de
dénotation, c'est-à-dire des m é t a p h o r e s l e x i c a l i s é e s.
Justifiez en termes sémiques la formation de ces métaphores, tout en
essayant de les paraphraser:
(A) Le coeur de l'été; une lueur d'espoir; la source du mal; la fleur de la
chevalerie; le feu de l'inspiration; la clé d'un problème; une langue de
terre; le printemps de la vie; l'automne d'une femme; l'hiver des ans;
l'enfance de l'art; la soif des grandeurs.
(B) Tenir les rênes du gouvernement. Les arts florissent dans la paix.
Cette idée fait du chemin. Il se tue au travail. Mourir dans la fleur
de l'âge. Être dévoré d'ambition. Sa vie ne tient plus qu'à un fil.
Ses admirateurs l'ont porté aux nues. Cette histoire de brigands donne
la chair de poule. Vivre sur un grand pied. Il me le paiera: je
n'empoche pas l'affront.

3. Il existe une riche classe de m é t a p h o r e s l e x i c a l i s é e s ou


é t e i n t e s, propres au langage quotidien, aux langages techniques
et scientifiques, formées de structures nominales dont le premier
terme désigne une partie du corps animal ou humain. Ainsi les
substantifs bouche, bras, oeil, dent, pied, tête ont généré de nombreuses
métaphores cognitives. C’est le cas de:
194 Mariana TUÞESCU

- le bras d’un treuil, le bras d’une ancre, le bras d’une manivelle; - la


bouche d’un fleuve, la bouche d’un tuyau, la bouche du métro; - le pied
de la montagne, les pieds de la chaise; - les dents d’une scie, les dents
d’une fourche, les dents d’une roue, les dents d’un peigne; - la tête d’un
pont, la tête des arbres, la tête du fémur, une tête d’ail; une tête de
champignon, une tête d’épingle, la tête de lecture d’un pick-up; - tête
chercheuse, faire/revenir tête sur queue, tête de chapitre, tête de liste,
wagon de tête etc.
Sur ce modèle, trouvez d’autres exemples de métaphores cognitives qu’on
rencontre fréquemment en roumain et en français.
4.. Analysez le mécanisme sémique qui sous-tend la structure des métaphores
suivantes, conçues comme des métasémèmes:
1. Les pieds des danseurs MARTELAIENT LA TERRE. 2. Ses cheveux clairs
MANGEAIENT SON FRONT. 3. Les députés S'EMBOURBENT DANS LA
PROCÉDURE. 4. Par tout ce qu'il avait souffert, il S'EST LAVÉ DU PÉCHÉ.
5. Dans le seizième arrondissement, à Paris, il y a DES COLLÈGES HUPPÉS.
6. Le shérif de ce western a le profil BURINÉ par des NIAGARAS DE SUEUR
alternativement froides et brûlantes. 7. «Il est de BRILLANTS SUJETS que LE
FORCING SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE vide, dès vingt ans, de tout
pouvoir créateur» (Daninos). 8. Céline, reçue toujours première, est une
BÊTE À CONCOURS.
5. Expliquez la neutralisation sémique du centre nominal due à son
insertion dans les groupes nominaux ci-dessous:
1. une grêle de balles; une grêle d'injures; 2. un nuage de mousseline; un
nuage de sauterelles; 3. une pluie de baisers; une pluie de faveurs; une
pluie de pierres; 4. une tempête d'imprécations; une tempête de vivats; 5.
un tonnerre d'acclamations; un tonnerre d'applaudissements.
Traduisez en roumain ces groupes nominaux.
6. Traduisez en français les structures suivantes, basées sur des métaphores
lexicalisées:
poalele muntelui, picioarele mesei, din]ii fier\str\ului, ochi de bou (nume dat
ferestrelor rotunde de mici dimensiuni, folosite pentru iluminarea [i aerisirea
mansardelor, podurilor), capul podului, cap de ]ar\ (nu-i un cap de ]ar\), gâtul
sticlei;
o bomboan\ de fat\, un drac de copil, o gr\din\ de om.

7. Rendez compte de la formation des énoncés métaphoriques ci-dessous en


précisant la manière dont le contexte (syntagmatique et situationnel)
contribue à engendrer le langage figuratif:
1. A la voir du parc, au-dessus de ce gazon propre, de ces arbustes dont les
feuillages vernis luisaient, cette grande bâtisse, neuve encore et toute
blafarde, avait la face blême, l’importance riche et sotte d’une parvenue,
avec son lourd chapeau d’ardoises, ses rampes dorées, son ruissellement
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 195

de sculptures. C’était une réduction du nouveau Louvre, un des


échantillons les plus caractéristiques du style Napoléon III, ce bâtard
opulent de tous les styles. (E.Zola)
2. Et il regardait stupidement sa main sanglante, l’oreille encore occupée du
bruissement sauvage des feuilles, tandis qu’une pluie de grosses fleurs
blanches tombait sur son cou et ses épaules, lourdes comme des fruits.
Le tonnerre du galop roula quelques instants encore à travers l’immense
désert d’arbres, puis se confondit par degrés avec la respiration plus vaste
du soir. (G.Bernanos)
8. Pourquoi la métaphore a-t-elle été nommée «scandale sémantique», «défi
à la raison linguistique» (Rhétorique générale)? Commentez cette
affirmation, en vous appuyant sur les exemples suivants:
1. L’expérience est une lanterne accrochée dans le dos qui éclaire le passé.
(Maxime attribuée à Confucius)
2. Le bateau ivre; mes souliers blessés. (A.Rimbaud)
3. Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent. (G.Apollinaire)
4. La Hollande est un songe, monsieur, un songe d’or et de fumée, plus
fumeux le jour, plus doré la nuit, et nuit et jour ce songe est peuplé de
Lohengrin comme ceux-ci, filant rêveusement sur leurs noires
bicyclettes à hauts guidons, cygnes funèbres qui tournent sans trêve,
dans tout le pays, autour des mers, le long des canaux. (A.Camus.)
5. Il retournait au cours de Vincennes et il errait, le fer dans l’âme, buvant
du regard les avenues sèches. /.../ Quatre mois il resta ainsi, dans un
puits de mélancolie, toute sa vie sentimentale comme bue par ce
souvenir. (H. de Montherlant)
6. La nuit respirait dans les feuilles. Les grands arbres sous la lune
chuchotaient sans qu’aucun oiseau s’éveillât. (Fr. Mauriac)

9. Le principe du ‘tertium comparationis’, de l’analogie ou de la


ressemblance entre les entités en rapport de comparaison
abrégée explique pourquoi la métaphore se rapproche de l’acte
d’intellection.
Créer ou comprendre une métaphore implique une recherche de
l’esprit et la découverte des rapports nouveaux entre les choses.
«La réduction métaphorique est achevée quand le lecteur a
découvert ce troisième terme, virtuel, charnière entre les deux
autres. /.../ La métaphore extrapole, elle se base sur une identité
réelle manifestée par l’intersection de deux termes pour affirmer
l’identité des termes entiers. Elle étend à la réunion des deux
termes une propriété qui n’appartient qu’à leur intersection.»
(Rhétorique générale)
Découvrez pour chacun des exemples ci-dessous le terme virtuel, la
charnière ou l’analogie sémique qui permet l’engendrement de la
structure métaphorique:
196 Mariana TUÞESCU

1. Les fenêtres du village étaient tout en feu sous les rayons obliques du
soleil, qui se couchait dans la prairie (G.Flaubert).
2. Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne
sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le
glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante
rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux.
C’est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent.
Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur toute son étendue pour laisser
pleuvoir du feu (A.Camus).
3. C’est à Rome, durant les longs repas officiels, qu’il m’est arrivé de
penser aux origines relativement récentes de notre luxe, à ce peuple de
fermiers économes et de soldats frugaux, repus d’ail et d’orge,
subitement vautrés par la conquête dans les cuisines de l’Asie,
engloutissant ces nourritures compliquées avec une rusticité de paysans
pris de fringale. Nos Romains s’étouffent d’ortolans, s’inondent de
sauces, et s’empoisonnent d’épices (M.Yourcenar).
Traduisez en roumain ces textes, tout en essayant de maintenir les structures
figuratives.

10. Il existe un type de métaphore dérivée, basée sur un


emboîtement et un enchaînement de plusieurs métaphores
(primaires) appartenant au même champ sémantique, qui a été
appelée m é t a p h o r e f i l é e. Fruit des opérations
discursives de cohérence, cette métaphore engendre un texte
figuratif au bout d’une interprétation logique et sémantico-
discursive des noyaux figuratifs. M.Riffaterre, qui a étudié ce
type de métaphore, fournit comme exemple ces deux vers de
R.Brock qui définissent le «commutateur électrique»:
Rossignol de muraille, étincelle emmurée,
Ce bec, ce doux déclic prisonnier de la chaux.
Analysez le mécanisme de la formation des métaphores filées qui suivent;
vous retrouverez en italiques les constituants déclencheurs de la
métaphorisation:
1. Mais, aux lignes, comme si la fréquence de la mort, les blessures et les
risques ininterrompus fissent chaque homme mourir plusieurs fois, la
mort, mise en petite monnaie, perdait sa valeur. Son change était le plus bas
possible. (J. Cocteau)
2. Bergère ô Tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin. (G.Apollinaire)
3. Cet instant fait dérailler le train rond des pendules. (A.Breton)
4. Tout l’automne à la fin n’est plus qu’une tisane froide. Les feuilles mortes de
toutes essences macèrent dans la pluie. Pas de fermentation, de création
d’alcool: il faut attendre jusqu’au printemps l’effet d’une application de
compresses sur une jambe de bois. (Fr. Ponge)
5. Je n’ai jamais assaisonné un fait vrai à la sauce du mensonge, pour m’en
rendre à moi-même la digestion plus facile. (M.Yourcenar)
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 197

11. Vous avez ci-dessous un texte d’information politique qui date. Il est basé sur
une métaphore filée, trope qui constitue sa cohérence discursive. Étudiez-le,
tout en essayant de préciser le contenu sémantique des mots:
BERLINE, MOTEUR, FONCTIONNEMENT, PILOTER, COUPS D’ACCELERATEUR,
CHANGEMENTS DE VITESSE, DIESEL (TROP PAISIBLE), TIGRESSE, RONRONNER, RUGIR.:
Certes, la désignation d’un Premier ministre est toujours une opération
périlleuse aux résultats aléatoires. Dans cette berline qu’est l’exécutif sous la
V-e République, Matignon est en effet le moteur, et tout finalement dépend
de son bon fonctionnement. Le Président pilote, encore faut-il que le chef du
gouvernement réponde à ses coups d’accélérateur ou à ses changements de
vitesse. Rocard, aux yeux de Mitterand, était devenu un diesel trop paisible.
Avec Edith Cresson, il pense mettre une tigresse dans son moteur. La
politique ronronnait, il veut qu’elle rugisse. (Edith Cresson: un pari, in Le Point,
20-26 mai 1991).
A quel domaine référentiel a-t-on puisé le champ sémantique de cette
métaphore filée?
Trouvez pour chacune des métaphores ci-dessus des contextes phrastiques de
leur emploi non métaphorique, dénotatif. Vous pouvez, le cas échéant,
construire tout un récit témoignant du domaine de la conduite des autos.

12. Stratégie discursive basée sur un acte d’indirection de nature


figurative, la métaphore présente - selon des théoriciens comme M.
Le Guern un - volet sémantique et un volet rhétorique. A ce sujet, on
parle de métaphores poétiques et de métaphores argumentatives. C’est
que toute métaphore n’est pas argumentative. A la visée esthétique
de la métaphore poétique s’oppose la visée persuasive de la
métaphore argumentative. C’est la métaphore argumentative qui
nous fournit les informations les plus solides sur le sémantisme de la
langue; ce type de métaphore joue sur les sèmes nucléaires. Par contre,
la métaphore poétique, fruit des grands poètes, nous renseigne
beaucoup moins sur la langue que sur le style du créateur: «il lui faut
attirer l’oeil, plus courtisane que terroriste» (M.Le Guern). La
métaphore poétique joue sur un sème de second rang, sur un
virtuème.
Plus contraignante, la métaphore argumentative se passe de la
complicité de l’auditeur, elle devient un mode de dénotation de
la réalité, comme la métaphore lexicalisée ou éteinte.
Soient comme exemples de métaphore argumentative:
- une toilette de chat = une toilette très sommaire;
- un robinet d’eau tiède = une personne qui est un bavard
insipide;
- quelle bécasse! = une femme sotte.
Définissez les structures suivantes, formées de métaphores argumentatives,
par le recours à leurs équivalents de signification:
198 Mariana TUÞESCU

- ce cochon de Jean; une histoire cochonne; un film cochon; - un vilain


oiseau / moineau; - faire ses choux gras de quelque chose; - (être) le
pigeon de l’affaire; - baptiser le vin / le lait; - se saigner aux quatre
veines; - vendre sa dernière chemise.
13. Dans quelles situations et pourquoi dira-t-on d’un collègue qu’il est:
- un puits de science? - un aigle? - un âne?
14. Vous avez ci-dessous le texte d'un reportage dont la structure
métaphorique est déclenchée par les constituants en gras.
Après l'avoir compris, comparez le sens des mots connotés, en gras, avec
le sens dénoté de ces mêmes morts puisés au dictionnaire:
Le Louvre, antre à chefs-d'oeuvre de la peinture mondiale, est un iceberg.
Alors qu'il possède 15 000 toiles, seuls 2 200 d'entre elles sont exposées.
Installés dans les sept salles inondées de lumière, les ateliers de restauration
ressuscitent les beautés fanées en mettant les technologies d'avant-garde au
service de l'art. Là, cinquante personnes effacent les fentes, les éclats, les
déchirures et autres dégâts causés par le temps. À la médecine s'ajoute la
magie lorsque le laboratoire du Louvre, grâce à un matériel radiographique
de pointe, permet de découvrir certaines impostures ou de rectifier les erreurs
parfois commises, et qui n'étaient pas contestées depuis des siècles.
(Reportage Le Louvre, in Paris-Match, le 6 avril 1984)

Quelle est l'analogie sémique qui rend possible cet emploi textuel des mots
antre, iceberg, ressusciter, médecine et magie?
15. Expliquez les mutations sémiques qui se trouvent à la base de la
formation des synesthésies suivantes:
1. «les froides ténèbres» (Baudelaire); 2. «odeurs légères» (Baudelaire);
3. «les bruits aigres des bals publics» (Verlaine); 4. «de blancs sanglots»
(Mallarmé); 5. «Ma songerie.../ S’enivrait savamment du parfum de
tristesse» (Mallarmé).
16. Expliquez les mécanismes sémantico-discursifs des personnifications
suivantes:
1. «L’eau se frottant les mains aiguise les couteaux». (Eluard)
2. «Les armes du sommeil ont creusé dans la nuit
Les sillons merveilleux qui séparent nos têtes». (Eluard)
3. «La mer, rauque chanteuse». (Baudelaire)
4. «... La ville magique
où des orgues moudront des gigues dans les soirs». (Verlaine)
17. Mettez en français le texte suivant:
În anul 1888, o secet\ îndelung\, vreme de dou\ luni, a uscat lanurile mo[iei Buciumeni
a boierului Alexandru Filoti [i a s\r\cit toate ogoarele ]\ranilor din cele nou\ sate ale
mo[iei. Ardea v\zduhul; nourii se ar\tau numai pe marginile z\rii. În trei sâmbete
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 199

ie[ise preotul cu icoanele la [ipotele de sub deal, urmat de ob[te. Se vede c\ era o
mânie a lui Dumnezeu; toat\ lumea î[i luase n\dejdea dinspre partea ploii. În ima[uri,
vântul stârnea pulberi; fâne]ele sunau uscat [i trist; p\pu[oaiele î[i r\suceau frunzele în
ar[i]\. Numai grâul boierului se alesese bun [i batozele morm\iau la girezi, în patru
col]uri ale mo[iei, împresurate de oameni cu obrazurile asudate [i negre de colb
amestecat cu pleav\ [i fum. (M.Sadoveanu)

4.2. Métonymie et synecdoque

1. Le trope nommé métonymie représente un métasémène ou


changement de sens par c o n t i g u ï t é sémantique, cette
contiguïté pouvant être notionnelle, spatiale, temporelle ou
causale. La métonymie est ainsi basée sur la c o ï n c l u s i o n
dans un ensemble sémique. Les changements référentiels sur
lesquels repose la métonymie seraient des types suivants:
- le ‘contenant’ pour le ‘contenu’: boire un verre;
- le ‘lieu de production’pour le ‘produit qu’on y fabrique’: du
champagne, le camembert, un Sèvres;
- ‘l’auteur’, le ‘créateur’ pour son ‘oeuvre’: écouter du Mozart, feuilleter
un Mauriac;
- le ‘lieu’ pour les ‘personnes qui s’y trouvent ‘: l’Élysée, le Matignon;
- la ‘cause’ pour ‘l’effet’: bénéficier des bontés de quelqu’un;
- le ‘moment’ pour ‘l’action ou le produit fait(e) à ce moment’:
prendre son quatre heures;
- la ‘partie du corps’ pour le ‘sentiment qui y est communément
rattaché “: celui-ci n’a pas de coeur, etc.
Explicitez les métonymies ci-dessous, en précisant le sens des énoncés qui les
renferment. Proposez ensuite des paraphrases pour chacun de ces
énoncés métonymiques:
1. Passez-moi votre Grevisse! 2. - Prenez votre César! nous dit le professeur
de latin. 3. Je n’aime pas le roquefort. 4. Brassens, le poète qui est entré dans
les livres de classe avec une guitare et des refrains. 5. Tout Bucarest assista au
lancement de ce livre. 6. Au vernissage de ce grand artiste on avait invité tout
Paris. 7. Cet homme n’a pas de coeur. 8. J’ai lu cette histoire dans Tacite. 9.
Que de beautés sur cette plage! 10. J’aime le velouté de ta peau. 11. Ma
soeur a acheté hier du hollande, du champagne et une boîte de havanes. 12.
Cet écrivain vit de sa plume.

2. La métonymie opère - selon Albert Henry - un changement dans


1
la compréhension logique d’un mot; elle substitue à un mot un

1
Par compréhension logique, A.Henry entend «l’ensemble des caractères, génériques
ou spécifiques, qui définissent un être ou un groupe d’êtres» (Métonymie et métaphore). Ce
concept est identique à ce qu’on appelle en logique moderne intension.
200 Mariana TUÞESCU

terme de compréhension différente. La synecdoque opère un


2
changement dans l’extension logique du mot; elle substitue à un
mot un terme d’extension différente.
Une forte parenté rattache ces deux figures de focalisation (et Albert
Henry utilise figurément le verbe focaliser «faire converger en un
point un faisceau lumineux ou un flux d’électrons» ). La métonymie
joue sur «les structures sémiques d’une cellule lexicale»; la
synecdoque joue sur les structures sémiques de deux éléments d’un
champ associatif (A.Henry).
Métonymie et synecdoque enrichissent considérablement le
vocabulaire de la langue au cours de son histoire. Beaucoup de
mots modifient métonymiquement ou synecdochiquement leur
sens dans l’évolution de la langue.
Soient comme exemples de métonymies classiques:
- conclave «chambre fermée à clé», puis «assemblée des
cardinaux qui élisent un pape» (signe linguistique du
contenant pour le contenu).
- Poubelle - poubelle; Camembert - camembert
(producteur, créateur pour le produit)
- grève, «lieu au bord de la Seine» - «lieu au bord de la
Seine où s’assemblaient les ouvriers sans travail» - «acte de
cesser le travail».
Pour ce qui est des synecdoques, retenez les exemples suivants:
- crins «poils sur la tête et la nuque de toutes sortes d’êtres
vivants»  «uniquement, poils sur la tête et la nuque du cheval et
des fauves»;
- république «n’importe quelle forme de gouvernement, y compris la
monarchie»  «une certaine forme de gouvernement» etc.
Vous avez ci-dessous une série de mots qui engendrent des sens
métonymiques et synecdochiques. Formez à partir de chacun d’eux deux
phrases: dans la première vous emploierez le sens dénotatif, non figuré et
dans la seconde vous mettrez à profit le sens tropologique:
M o d è l e: Soit le mot CALICE:
1. Pendant la messe, le calice était couvert avec une patène.
2. Il faut boire le calice jusqu’à la lie.
cachemire, madras, perse, tergal, popeline, mérinos, castor, blaireau, or,
ivoire, buis, verre, tasse, voile, moire.
2
L’extension logique (extension, en termes de logique symbolique) est conçue comme
«l’ensemble des êtres ou des objets auxquels s’applique la définition que l’on envisage de
ce mot» (A.Henry).
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 201

Précisez le genre de chacun de ces mots dans leur sens tropologique.


3. Les énoncés ci-dessous sont basés sur des structures métonymiques.
Précisez-en le sens et expliquez le mécanisme de leur formation:
1. Il a offert à ses invités un bordeaux rouge. 2. Cet enfant prend son
quatre heures. 3. Il n’aime pas le bourgogne; par contre, il aime
sabler le champagne. 4. Cet homme mendie sa vie. 5. Jean a le vin
gai; son frère, par contre, a le vin triste. 6. La salle applaudit à tout
rompre. 7. Le parterre et le poulailler sifflèrent les acteurs. 8. On peut
toujours essayer de vivre de son travail. 9. Il a fini par obtenir son
maroquin. 10. J’ai offert à mon amie, pour son anniversaire un
Sèvres. 11. Même un ministre ne peut pas s’acheter un Delacroix. 12.
Les prétentions russes agacent l’Élysée.

4. Le trope est fondé sur la perception d’une relation unissant le


pôle littéral et le pôle figuré.
Dans les phrases ci-dessous vous avez affaire à des synecdoques. Explicitez la
relation qui se trouve à la base de chacun de ces tropes:
1. Claude Fischer, auteur du livre L’Homnivore, paru aux éditions Odile Jacob,
est gourmand et fin gosier (Le Point, 30 sept. 1990). 2. Les cuivres de cet
orchestre m’ont enthousiasmée. 3. Marie astique les cuivres de sa cuisine. 4.
Un oeil noir te regarde. 5. Ma mère répondit qu’elle ne savait pas où logeait
Putois, qu’on ne lui connaissait pas de domicile, qu’il était sans feu ni lieu
(A.France). 6. - Putois! J’ai entendu ce nom-là, dit la cuisinière, mais je ne
peux pas mettre un visage dessus (A.France). 7. Son beau corps a roulé
dans la vague marine (A.Chénier) 8. Là, tu n’entends plus rien que l’herbe
et la broussaille (V.Hugo). 9. J’aime les soleils marins. 10. L’hiver où je
l’ai vu pour la première fois, Pierre portait une touloupe et un castor. 11.
Mon père, enfant des villes et prisonnier des écoles, n’avait jamais tué ni poil
ni plume, mais l’oncle Jules avait chassé depuis son enfance, et il n’en faisait
pas mystère (M.Pagnol).
5. Essayez de créer des métonymies en exploitant vos lectures et les
dictionnaires. Appuyez-vous, à ce sujet, sur le raisonnement suivant
d’Albert Henry:
«... tout acte de langage peut être le lieu d’une métonymie. Dans un quartier
où nous avons habité, dans presque chaque jardin était installée une corde à
sécher le linge, montée sur deux poulies. Celles-ci étaient rouillées,
naturellement, et grinçaient pendant la manoeuvre. Comme on pendait le
linge surtout par ciel ensoleillé, la phrase les poulies grincent avait fini par
signifier, dans le cercle familial, «il fait beau»: le signe pour la chose signifiée,
dirait la Rhétorique: mais la traduction linguistique correspondante est, non
pas un mot, mais une phrase. On devine alors que l’essentiel du phénomène
n’est pas le résultat lexical, mais l’envisagement métonymique lui-même,
donc l’opération d’esprit. Le sujet parlant pourra même combiner des
procédés: si un père dit à son petit garçon: «Regarde! un wawa!», il insiste
202 Mariana TUÞESCU

«onomatopéiquement» sur une qualité, il nomme le chien au moyen d’une


«onomatopée métonymique» (comme. «Regarde! Un aboyeur!») (Albert
Henry).
6. Il y a dans la métonymie un lien s y m b o l i q u e. Les connotations
métonymiques deviennent souvent conventionnelles et créent des
symboles. On a ainsi:
- le froc «l’habit des moines»; la houlette (de l’évêque); la robe (de prêtre, de
magistrat, de recteur ou doyen de faculté), le voile (voile blanc de mariée, de
communiante, voile de religieuse, voile d’infirmière, prendre le voile);
- les chemises noires «les fascistes»;
- les Immortels «les quarante membres de l’Académie française»;
- l’habit vert «habit des Académiciens français»;
- Les Quinze «les quinze pays membres de la Communauté Européenne».
Construisez des énoncés avec ces nominaux, tout en faisant attention aux
contextes du discours qui précisent ces significations métonymiques.
7. Traduisez en français ces énoncés métonymiques:
1. Strada r\suna de ]ipetele copiilor [i de vâjîtul motoarelor de ma[ini [i motociclete.
2. Tenorul n-a cântat deloc bine în seara aceea; publicul de la galerie [i balcoane l-a
huiduit. 3. Nu mai pot suporta [i aceste necazuri: s-a umplut paharul! 4. Mai vrei o
cafea? - Nu. Î]i mul]umesc, am b\ut deja dou\ ce[ti. 5. - Treci pe la mine în seara asta
s\ bem un pahar împreun\. 6. Este un bun profesionist! Nu î[i face de rîs breasla. 7.
Joia trecut\, la «Ceaiul de la ora cinci», au fost invita]i lideri ai unor forma]iuni
politice. Televiziunea ne-a oferit astfel un spectacol interesant... 8. Cu o floare nu se
face prim\var\! 9. Universitatea nu a primit cu bucurie ultimele hot\râri ale
Guvernului. 10. L-ai citit pe Marchizul de Sade? 11. Din cauza neachit\rii taxelor la
Regia de termoficare a ora[ului, blocul era amenin]at cu debran[area de la re]ea.
8. Analysez le texte qui suit du point de vue des structures tropologiques qui
le caractérisent. Expliquez le rôle du contexte discursif dans la formation
des sens figurés :
«Mc Donald’s arrive en ville le printemps prochain! Le géant de la
restauration rapide ne pouvait décemment plus ignorer Bucarest - la plus
grande ville d’Europe centrale avec 2,4 millions d’habitants - ses réseaux
câblés, ses enseignes vantant une célèbre boisson gazeuse américaine
produite sur place ou ses signes extérieurs de réussite individuelle, comme la
personnalisation des plaques d’immatriculation.» («Roumanie: enfin la
croissance», in Le Point, 11 février 1995).
9. Expliquez le mécanisme sémantico-discursif qui engendre les énoncés
tropologiques suivants:
1. Le cancer du chômage ronge le corps des pays européens. 2. La bonne
santé du franc est une réalité, qu’on veuille ou non l’accepter. 3. La vie
financière d’Istanbul est entrée en ébullition, et ce qui était, il y a encore
quelques années, un havre de paix a pris des airs de Grand Bazar
financier (Le Point, 18 février 1995). 4. Le prix du beurre risque fort de
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 203

grimper. 5. En Europe, les stocks de beurre, naguère pléthoriques, sont à


plat. 6. J’ai travaillé d’arrache-pied les derniers temps; après deux
semaines de nuits blanches, je suis lessivée!

10. Comment comprenez-vous ce vers de l’Art poétique de Paul Verlaine:


Prends l ‘éloquence et tords-lui son cou ?
11. Le métasémème nommé synecdoque est un trope par connexion
qui opère un changement dans l’extension logique du mot. Le
procès synecdochique repose sur les mutations suivantes:
• l’ emploi de la partie pour le tout: le voile pour le bateau; le coeur,
la bouche, le bras, la tête pour la personne. Il nous manque des bras
signifie «il nous manque des hommes»; le vin pour le festin; le
printemps pour l’année
• l’emploi de la matière pour l’objet: un fer signifie «une arme en
fer»; un bronze, c’est «une statue de bronze» ou «une monnaie de
bronze antique»; les fers représentent «les chaînes»;
• l’emploi du tout pour la partie: le générique pour le particulier:
l‘armée a pris le pouvoir ne représente que quelques officiers;
l’homme a mis le pied sur la lune en 1969 renvoie à un cosmonaute
américain;
• l’emploi du singulier pour le pluriel: le Germain révolté pour «les
Germains, les Allemands»;
• l’emploi du pluriel pour le singulier: la grandeur des Colberts;
• l’emploi de l’espèce pour le genre: le pain pour la nourriture; les
ours et les panthères pour les bêtes féroces; les roses pour les fleurs;
• l’emploi du genre pour l’espèce: le quadrupède pour le lion; le poisson
pour le carpillon; l’arbre pour le chêne; l’arbuste pour le roseau;
On voit, d’après ces illustrations, que le procès synecdochique
désigne un objet par le nom d’un autre objet avec lequel il forme
un ensemble, un c h a m p a s s o c i a t i f.
Justifiez le mécanisme synecdochique qui se trouve à la base des phrases
suivantes:
1. Je vois un port rempli de voiles et de mâts (Baudelaire). 2. Il ne fait
rien, ce fainéant; c’est une bouche à nourrir pour sa famille. 3. La
quatre portes la plus courte d’Europe (publicité pour un nouveau type
de Renault, la Clio). 4. Où croissent des chardons, là naissent des épis
(P. Fontanier) 5. Quelle mauvaise tête, ta cousine! 6. Il y avait, à cette
cérémonie, toutes les têtes couronnées d’Europe. 7. A cette foire, il a
payé trois cents francs par tête. 8. Il a reçu ses amis sous son toit. 9. La
Seine a des Bourbons, le Tibre a des Césars... (P. Fontanier)

12. La synecdoque apparaît dans des conditions bien précises. Le


204 Mariana TUÞESCU

terme à valeur de synecdoque est le plus souvent qualifié,


accompagné d’un prédéterminant nominal ou d’un collectif et
son interprétation sémantique est régie par la connaissance du
monde, par la compétence encyclopédique des énonciateurs de
la langue. La synecdoque témoignerait des conditions de
l’élimination de la redondance; elle est connectrice d’isotopies
discursives.
Pourquoi dans les exemples suivants a-t-on affaire à des synecdoques?
Paraphrasez-les et observez si ces paraphrases ont la même pertinence que
les structures synecdochiques:
1. Murat a chargé à la tête d’un escadron de trois cents lances.
(N.Ruwet). 2. Ivan Illich possédait un village de cent âmes (N.Ruwet).
3. Ben Allison a mené un troupeau de deux mille têtes du Texas au
Montana (N.Ruwet). 4. Haroun al Raschid régnait sur un harem de
deux cents culs (N.Ruwet).

13. Remplacez les points de suspension par un terme qui désigne


synecdochiquement soit une partie du corps de l’homme, soit un trait de
son caractère.
M o d è l e:
Ce geste n’eût pas échappé à un HOMME clairvoyant ⇒
⇒ à UN OEIL clairvoyant.
Les prisonniers furent rachetés à un écu par HOMME ⇒
⇒ PAR TÊTE.
1. Ce croquis dénote une... très habile. 2. Le transport d’un tel fardeau exige
un... robuste. 3. Cette réserve dénote un... des plus scrupuleux. 4. Un... ferme
triompherait des obstacles. 5. Que lui servent tant de... armés pour le
défendre? 6. Toute friandise est amère aux... malades. 7. Je dévorais d’un...
curieux les articles à la une des journaux. 8. Aux... de Marie, trop indulgente,
il n’était pas mal.
14. Qu’est-ce que vous comprenez par les nominaux:
- petite main
et
- première main ?
Formez deux phrases avec ces noms.

15. La synecdoque d ‘i n d i v i d u ou a n t o n o m a s e désigne un


individu ou par le nom commun de l’espèce, ou par le nom d’un
autre individu de la même espèce que lui; ce trope synecdochique
emploie donc un nom propre pour un autre nom propre: il emploie
le nom commun, tant pour le nom propre de l’individu que pour le
nom commun de l’espèce à laquelle il appartient.
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 205

Ainsi, par cette synecdoque on peut prendre:


- un nom commun pour un nom propre:
Aristote est nommé «le philosophe», Cicéron «l’orateur»; dans Virgile,
Enée est nommé «le Troyen» ou «le Dardanien»;
- un nom propre pour un nom commun:
Un Midas c’est «un mauvais juge en matière de goût»; un Virgile, un
Homère c’est «un grand poète»; un Harpagon c’est «un homme avare ´;
une Pénélope c’est «une femme chaste et vertueuse»;
- un nom commun, tant pour le nom propre de l’individu, que pour le
nom commun de l’espèce à laquelle il appartient véritablement:
Le Juif est «celui qui prête à usure ou qui vend très cher»; un Turc «un
homme rude, inexorable et sans aucune pitié»; on appelle épicurien
«un voluptueux, un homme qui ne songe qu’au plaisir», un ermite,
«celui qui vit fort retiré et qui fuit la société du monde».
A remarquer que l’antonomase englobe, le plus souvent, une
métaphore; c’est qu’elle est allusive et même quelquefois
mythologique, symbolique.

16. Formez, à partir des noms propres ci-dessous, deux séries d’énoncés;
dans la première série vous emploierez le sens propre et, dans la seconde,
le sens figuré du même mot:
- Bossuet - Euclide - Newton - Mécène - Benjamin - Crésus - Molière.
Essayez de créer des antonomases à partir des réalités culturelles roumaines
et traduisez en français vos inventions .
17. Mettez en français les énoncés suivants:
1. În România, venitul pe cap de locuitor este extrem de sc\zut. 2. S\racul de el,
cu o cas\ de copii, cu atâtea guri de hr\nit, nu [tiu cum va mai face fa]\ cre[terii
pre]urilor. 3. A doua zi, recitindu-[i scrisoarea, i se p\ru cam umflat\ [i o rupse.
Se mai potolise pu]in cu speran]a joiei viitoare. (Rebreanu) 4. - N-am nimic,
domni[orule, afar\ de sufletul din oase!... N-am!... Dar ia-mi-l, ia-mi-l!... C\
feciorul mi-i în c\tane de doi ani de zile [i cât amarul de p\mânt ne-a l\sat
Dumnezeu, acolo zace în paragin\ de m\ doare inima... Numai sufletul mi-a mai
r\mas... Amu încaltea ia-mi [i sufletul, domni[orule!... (L.Rebreanu)
18. Dans le fragment qui suit, Flaubert décrit un encombrement de voitures
sur les Champs-Elysées et en présente les occupants.
Analysez la manière dont les réseaux synecdochiques contribuent à donner de la
réalité décrite une vision fragmentée, kaléidoscopique, plus pertinente que
celle qu’aurait pu exprimer le texte dénotatif, non-figuré, littéral:
Du bord des panneaux armoriés, des regards indifférents tombaient sur la
foule; des yeux pleins d’envie brillaient au fond des fiacres; des sourires
206 Mariana TUÞESCU

de dénigrement répondaient aux ports de tête orgueilleux; des bouches


grandes ouvertes exprimaient des admirations imbéciles.
Décelez aussi les métaphorisations de ce texte.

19. Commentez ce poème de Paul Verlaine du point de vue des procès et


structures synecdochiques, métonymiques et métaphoriques qu’il
renferme. En quoi consiste son isotopie poétique?
LES INGÉNUS
Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
Interceptées! - et nous aimions ce jeu de dupes.
Parfois aussi le dard d’un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles sous les branches,
Et c’était des éclairs soudains de nuques blanches,
Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.
Le soir tombait, un soir équivoque d’automne:
Les belles, se pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme depuis ce temps tremble et s’étonne.
20. Commentez cette affirmation de Nietzsche et donnez là-dessus votre
opinion:
Toutes les figures de rhétorique (c’est-à-dire l’essence du langage) sont
de faux syllogismes. Et c’est avec eux que commence la raison.
Croyez-vous que le langage figuratif (tropologique) soit un écart?

5. LES RELATIONS SÉMANTIQUES


5.1. L'hyponymie

1. Voici une liste de mots; trouvez pour chacun d'eux un terme de sens plus
large, qui vise l'hyperonymie:

Modèle: CAMION ⊂ VÉHICULE


- immeuble - appendicite - aigle - cyclomoteur - professeur - aspirine
- armoire - chat - potager - revolver - viticulteur - abricot - manteau -
dictionnaire - policier.

2. Les mots qui suivent sont groupés en séries hyponymiques; pour chacune
d'elles, trouvez l'hyperonyme commun à tous les termes et complétez la
liste des termes spécifiques par d'autres hyponymes:
Modèle: la série VIOLETTE, TULIPE, ŒILLET, GLAÏEUL,
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 207

PERCE-NEIGE, ROSE implique l'hyperonyme ⊂ FLEUR


(a) chaise, fauteuil, tabouret, table, buffet;
(b) lit, matelas, sommier, oreiller;
(c) cuisinière, chauffeur, femme de chambre, employée de maison;
(d) laine, coton, tergal, nylon, rhovyl;
(e) juge, magistrat, conseiller à la Cour des Comptes;
(f) instituteur, maître d'école, professeur, maître assistant, maître de
conférences;
(g) instituteur, professeur, postier, inspecteur des impôts, ministre, îlotier,
éboueur.

3. Vous avez ci-dessous une liste de mots; trouvez pour chacun d'eux un
hyponyme, un hyperonyme et réunissez-les ensuite dans une seule phrase.
Soit, par exemple, le mot AUTOMOBILE; il aura pour
hyponyme, par exemple, une OLTCIT et son hyperonyme
sera VÉHICULE:
fleur, officier, bague, jardin, footballeur, maison, roman, voilier.

4. Trouvez les verbes dont TUER est le générique et précisez pour chacun de
ces verbes le/les trait(s) spécifique(s). Employez ensuite ces verbes dans
des phrases révélatrices de leurs valeurs particulières.
5. Le type de phrase qui correspond à la relation d'implication hyponymique
est la phrase attributive basée sur la hiérarchie - ÊTRE. Sa forme
correspond à:
Le / les / un N1 est un / des N2.
Avec des noms comme TULIPE, BLÉ ou FER, elle sera
illustrée par des structures comme:
Les tulipes sont des fleurs.
La tulipe est une fleur.
Une tulipe est une fleur.
Le blé est une céréale.
Le fer est un métal.
En même temps, la relation hyponymique se manifeste dans des
phrases d' a p p a r t e n a n c e, c'est-à-dire des phrases dont le
sujet est une ou des occurrences individuelles dont on prédique
l'appartenance à une classe. Il s'agit donc d'une phrase
attributive de forme:
C'est un X ou C'est du X,
où X indique la classe dont l'individu sujet est une occurrence, fait
marqué par l'article indéfini ou partitif:
208 Mariana TUÞESCU

C'est une tulipe implique unilatéralement C'est une fleur.


C'est du fer implique unilatéralement C'est un métal, C'est
du métal.
Compte tenu de ces principes, complétez les phrases suivantes par les hétéronymes
convenables:
1. Le cuivre est un........... 2. La Renault 10 est une..............
3. L'aspirine est un..................... 4. Le maïs, l'avoine, l'orge, le riz, le seigle
sont des................ 5. Le maître assistant, le maître de conférences, le
professeur sont des............. 6. La carpe, le silure, la truite, le carassin, la
daurade sont des.............. 7. Il n'y a pas de.............plus belles que les tulipes.
8. Jean a acheté des cerises et d'autres............... 9. J'aime tous les.............., et
même le chat de gouttière. 10. Marie s'est acheté bien des..............: deux
robes, une jupe, un chemisier, un deux-pièces, trois tabliers et une robe de
chambre.

6. Étudiez la relation d'implication unilatérale qui rattache les hyponymes


et les hyperonymes des phrases ci-dessous. Dans quels types de structures
discursives apparaissent-ils?
1. Toutes les pommes ne sont pas des pommes à couteau. 2. L'eau est un
liquide incolore, inodore, transparent et insipide lorsqu'il est pur, dont la
formule chimique est H2O (Le Petit Robert). 3. Sur son établi il y avait des
scies, des raboteuses, des fraises, des marteaux et d'autres outils de
menuisier. 4. Cerf, chevreuil, daim, lièvre, sanglier, autant d'espèces qui
représentent le gibier à poil. 6. Pour le prix d'un violon offrez-vous un
Stradivarius (slogan publicitaire). 8. Lemtea. Le thé glacé qui vous aide à
reconstituer vos forces (slogan publicitaire).

5.2. La synonymie
1. Dans les phrases suivantes, remplacez le verbe CORRESPONDRE par l’un
des synonymes appartenant à la série suivante: ÉQUIVALOIR,
RÉPONDRE, COMMANDER À, ÉCRIRE À:
1. Cette personne CORRESPOND au signalement publié dans la presse.
2. Le mot anglais star CORRESPOND au mot français étoile. 3. Cette
camionnette CORRESPOND à vos besoins. 4. Le grade de sergent-chef
CORRESPOND à celui de quartier-maître dans la marine. 5. Cette pédale
CORRESPOND à l’embrayage. 6. Ma soeur CORRESPOND avec une jeune
Anglaise.

2. Reliez le verbe RETENIR, de la colonne de gauche, à son synonyme de la


colonne de droite:
1. Un ami m’a RETENU à dîner. RETRANCHER
2. Un passant a RETENU le cheval emballé. SE RAPPELER
3. RETENEZ ce tableau avec un piton. ACCROCHER
4. L’élève RETIENT bien sa leçon. ARRÊTER
5. On lui a RETENU 100 francs sur son salaire. INVITER
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 209

3. Reliez par une flèche le verbe FLOTTER à son synonyme:


1. Un parfum léger FLOTTE dans la pièce. GLISSER
2. Un drapeau FLOTTE au vent. SE DESSINER
3. Un tronc d’arbre FLOTTE sur l’eau. RÉGNER
4. Un sourire FLOTTE sur ses lèvres. NAVIGUER
5. La barque FLOTTE sur la mer. NAGER
6. Elle FLOTTE dans sa robe. CLAQUER

4. Donnez les synonymes des adjectifs suivants, tout en tenant compte des
contextes nominaux dans lesquels ils apparaissent. Vous expliquerez
ensuite le rôle des classèmes dans le choix de l’unité lexicale.
I. CONCENTRÉ - boîte de lait CONCENTRÉ
- esprit CONCENTRÉ
- caractère CONCENTRÉ
II. CRIARD - enfant CRIARD
- voix CRIARDE
- couleur CRIARDE
- dette CRIARDE
III. FORT - femme FORTE
- homme FORT
- cuir FORT
IV. NATUREL - le lion est NATUREL en Afrique.
- gaz NATUREL
- eau minérale NATURELLE
- (ling.) genre NATUREL
- eau-de-vie NATURELLE
- enfant NATUREL

5. Indiquez les synonymes des adjectifs ci-dessous, compte tenu des noms qu’ils
déterminent. Ces noms constituent les restrictions de sélection des adjectifs.
Construisez des phrases avec les groupes nominaux ainsi obtenus:
- CLAIR: eau; idée; allusion; esprit; son; vitre
- ÉTROIT: chambre; esprit; vêtement; sens
- FAIBLE: enfant; esprit; vieillard; élève; raisonnement; style
- FROID: accueil; boisson; main; réponse; vent; zone
- HAUT: lieu; naissance; son; ton; taille.
- MAUVAIS: action; caractère; conduite; écriture; goût; influence; rêve

6. Décelez, en vous servant du dictionnaire, les noyaux sémiques communs et les


sèmes différenciateurs qui constituent les sens des mots ci-dessous:
1. Un discours, une harangue, une péroraison, une tirade. 2. Un orateur,
un conférencier, un prédicateur, un prophète. 3. Accentuer, articuler,
détacher. 4. Débiter, déclamer, improviser

7. Mettez à la place des points de suspension un des synonymes de la série:


ABÎMER, AMOCHER, BOSSELER, CASSER, BOUSILLER,
210 Mariana TUÞESCU

DÉTÉRIORER, DÉTRAQUER, ENDOMMAGER, ESQUINTER, GÂTER,


LÉZARDER, SALIR, TACHER:
1. La moisissure a complètement... ce livre. 2. Il a reçu un coup de poing qui
lui a... la figure. 3. Il s’est... la vue en lisant pendant la nuit. 4. Je lui ai prêté
mon stylo, il me l’a rendu tout... 5. Je n’ai pas sorti la voiture du garage, le
moteur en est... 6. Sa voiture est rentrée dans un arbre, le pare-choc en est
tout... 7. Il a crié si fort qu’il s’est... la voix. 8. Il est tombé et il a... sa montre.
9. Le papier des murs était... par la chaleur sèche de la pièce. 10. J’ai essayé
de t’appeler, mais le téléphone était... 11. La palissade avait été... par les
intempéries. 12. Un tremblement de terre avait... le mur. 13. Cet horrible
monument... le paysage environnant. 14. Il a trop plu ce printemps;
l’humidité a... les fruits 15. Une voiture qui passa en trombe l’éclaboussa,
en... sa belle robe bleu ciel. 16. Le navire a été sérieusement... par la tempête.

8. Remplacez les points par un des mots de la série synonyme: LIEU, ENDROIT,
EMPLACEMENT, PLACE, SITE, selon l’isotopie du contexte:
1. La police s’est rendue sur... de l’accident. 2. La voiture débouche sur...
à toute allure. 3. C’est un... merveilleux; il faudrait y revenir plus
souvent. 4. Il y eut plusieurs débats pour fixer... du stade. 5. Dans le
train, les enfants de moins de cinq ans paient demi... 6. Je crois qu’il a
été reçu au concours dans les premières... 7. Vous allez trouver tout ce
qu’il vous faut sur... 8. A quel... a-t-il été blessé? 9. Je me suis
longuement attardé aux meilleurs... du roman.

9. Les unités synonymiques sont déterminées par leur interchangeabilité


dans les contextes syntagmatiques et situationnels. Deux mots peuvent
être synonymes dans un contexte et ne plus l’être dans d’autres.
Ainsi, par exemple, dans l’expression un nuage de lait, le mot NUAGE
peut être remplacé par le mot SOUPÇON (un soupçon de lait),
mais on ne peut pas dire *un gros soupçon noir vient de cacher le
soleil, ni *J’ai conçu de forts nuages à son sujet.
Dites dans quels contextes les mots suivants sont synonymes et dans quels
autres contextes ils ne le sont pas:
- cime - sommet - fleuve - rivière
- châtier - punir - remplacer - substituer
- sauvage - farouche - enfantin - puéril

10. Les synonymes suivants ne sont pas interchangeables. D’après les contextes où
ils sont employés, dites quelle différence sémique les distingue:
- CAPABLE / SUSCEPTIBLE: Il est capable de courir le 1500 m en 4
minutes 30 secondes. - Son dernier disque est susceptible d’avoir un
grand succès. - Seriez-vous capable de taper ce texte à la machine? - Ce
fauteuil est susceptible d’être transformé en chaise-longue.
- DÉNUÉ / DÉPOURVU: Cet enfant est dénué d’imagination. - En ce
moment, je suis dépourvu d’argent. - Cette opinion est dénuée de tout
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 211

fondement. - Les murs de ce château sont dépourvus d’ornements.


- AMENER / APPORTER: Avez-vous apporté votre guitare? - Apportez-
moi vos livres! - La prochaine fois, j’amènerai mon ami.
- Je vous amène? me demanda Paul.

11. Dans les couples suivants, le synonyme entre parenthèses ne peut être
utilisé que pour l’une des deux phrases; indiquez laquelle:
1. a. Il est toujours très exact à ses rendez-vous. (PONCTUEL)
b. Avez-vous l’heure exacte?
2. a. Une douce mélodie parvenait à mes oreilles. (SUAVE)
b. Cette année, l’hiver a été doux.
3. a. J’aime cet endroit calme. (TRANQUILLE)
b. Pendant la morte-saison, les affaires sont calmes.
4. a. C’est un rude adversaire. (RAUQUE)
b. Il a une voix rude et perçante.
5. a. Il s’est montré grossier envers nous. (MALPOLI)
b. Vous avez fait une grossière erreur.
6. a. Cette douleur tenace me ronge. (PERSÉVÉRANT)
b. Il est trop tenace pour abandonner près du but.
7. a. Le buvard absorbe l’encre. (BOIRE)
b. Les vacances ont absorbé toutes mes économies.
8. a. Le gardien de but attrape la balle au vol. (SAISIR)
b. Il a attrapé un coup de soleil.

12. Dans chacune des phrases suivantes, substituez au verbe FAIRE le verbe
équivalent qui convient le mieux:
Le maçon FAIT lui-même sa maison. - Nous ne FAISONS pas cet article. -
Il faudra bientôt s’arrêter pour FAIRE de l’essence. - L’acrobate FAIT un
double saut périlleux. - Mon fils FAIT du droit. - “C’est un métier que
de FAIRE un livre”(La Bruyère). - Que vous le vouliez ou non, cela n’y
FAIT rien. - - Le facteur FAIT ce trajet chaque matin. - As-tu FAIT la
vaisselle?

13. Voici des séries de groupes nominaux. Lequel des deux adjectifs proposés est
exigé par les restrictions sélectives de chacun des noms tête?
1. PÉRILLEUX / DANGEREUX: un individu, une zone, une situation,
un poison, un animal, une route, une affirmation.
2. LÉGER / ANODIN (n’employez pas LÉGER avant le nom): une déception,
un repas, une blessure, une clause, un personnage, une critique, une
recommandation, une punition.
3. LÉGER / IMPERCEPTIBLE (employez LÉGER avant le nom): une
couche de vernis, des efforts, un son, un parfum, un haussement
d’épaules, un froncement de sourcils, une dissonance.

14. Dans les listes qui suivent, associez les termes deux par deux:
- apprivoiser, domestiquer, dompter, dresser ---- un fauve, un berger
212 Mariana TUÞESCU

allemand, un chat sauvage, des oiseaux.


- décortiquer, éplucher, peler, écaler, écosser ---- un oeuf dur, une pêche,
des pommes de terre, des petits pois, des noix.
- la lande, la garrigue, le maquis, la brousse ---- d’Afrique, d’Écosse, de
Provence, de Corse.

15. Remplacez les points de suspension par l’un des synonymes suivants:
ATTESTER, CONFIRMER, ASSURER, DÉCLARER, PRÉTENDRE:
1. Je vous... par cette lettre que, comme prévu, mon avion atterrira à
Orly. 2. Alors qu’il avait manifestement tort, il est allé jusqu’à... qu’il
avait raison. 3. Je soussigné, Jean Dupont,... sur l’honneur que ces
renseignements sont exacts. 4. Je ne comprends pas Philippe! Il me dit
aujourd’hui qu’il ne viendra pas alors qu’hier il m’avait... qu’il ferait
tout pour se libérer. 5. Si vous voulez mon avis, je vous... tout net que je
n’aime pas vos façons de faire.

16. Dans les textes suivants, évitez la répétition des mots en italique en les
remplaçant par des synonymes:
1. Contrairement à ses camarades qui n’avaient aucun but dans
l’existence, Marc avait pour but d’atteindre un but difficile. Le but de ses
désirs était très précis et il mit tout en oeuvre pour persévérer dans le but
qu’il s’était fixé. 2. Un détective qui enquête sur un assassinat doit toujours
remonter aux causes. Un crime est rarement commis sans causes. L’appât de
l’argent n’est souvent qu’une cause qui dissimule la véritable cause qui a
poussé le coupable à agir. 3. Pour finir son devoir, l’élève finit sa
démonstration en finissant sur un point important qu’il traita
malheureusement trop vite par peur de ne pouvoir finir à temps.

17. Groupez les mots suivants en quatre séries de six synonymes:


indulgent - prudent - interdit - surpris - dissimulé - tolérant - trompeur -
stupéfait - raisonnable - réfléchi - fourbe - complaisant - sournois -
prévoyant - éberlué - avisé - faux - accommodant - étonné - hypocrite -
arrangeant - sage - ébahi - conciliant.

18. Classez par ordre d’intensité croissante les termes proposés:


- félicitations, compliment, louange, éloge;
- compétence, capacité, génie, talent, aptitude;
- épouvante, crainte, anxiété, appréhension, terreur, peur, inquiétude,
panique, effroi, frayeur;
- heureux, satisfait, content, ravi;
- consterné, attristé, peiné, désolé, chagriné, navré;
- rabaisser, avilir, déprécier, humilier;
- persister, s’obstiner, continuer, persévérer.

19. Dans les séries de synonymes suivantes, il existe un mot qu’on ne saurait
rattacher directement à la série respective. Lequel? Expliquez ce
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 213

phénomène en termes sémiques:


- consolider, encourager, fortifier, renforcer;
- berner, jouer, risquer, rouler;
- exempter, décharger, libérer, relâcher;
- abandonner, délaisser, négliger, se désintéresser;
- épousseter, essuyer, liquider, nettoyer;
- objecter, prétexter, répondre, rétorquer.
20. En les employant dans deux phrases différentes, montrez que ces mots,
souvent pris l’un pour l’autre, n’ont pourtant pas la même valeur
d’emploi:
dentisterie / odonto-stomatologie; essencerie / pompe (à essence) d’une
station-service; oculiste / opticien; émigration / immigration; liquide /
fluide; corsaire / pirate; vénéneux / venimeux; écurie / étable.
21. En employant chacun des verbes des séries suivantes avec un nom
complément, vous distinguerez leur construction:
se souvenir / se rappeler; renoncer / abandonner; convoiter / aspirer; fuir /
échapper; tromper / mentir; utiliser / se servir; accaparer / s’emparer;
avouer / s’accuser; plaindre / s’attendrir; épouser / se marier; influer /
influencer; vaincre / triompher.

22. Dans chacun des textes ci-dessous, les mots en italique, bien que
synonymes, présentent une légère différence de sens. Expliquez cette
nuance:
1. La populace ne peut faire que des émeutes. Pour faire une révolution, il
faut le peuple. (V.Hugo)
2. Dans Thérèse Raquin, Zola a voulu étudier des tempéraments et non des
caractères.
3. Ce ne sont pas les ennemis naturels qui se battent /.../. Ceux qui se
battent, ce sont ceux que le sort a lustrés et préparés pour une même
guerre: ce sont des adversaires.(Jean Giraudoux)
4. LE ROI: Tu m’avais prévenu trop tôt. Tu m’avertis trop tard. Je ne veux
pas mourir. (Eugène Ionesco)

23. Vous avez ci-dessous des locutions formées d’un verbe et d’un
déterminatif de forme à + NOM. Remplacez ces locutions par leurs
paraphrases ou synonymes syntactico-sémantiques:
- aller à pied; mener à terme; traiter à forfait avec un entrepreneur; mettre à
profit les enseignements d’un maître; mettre sa responsabilité à couvert;
acheter à tempérament; crier à pleins poumons; être à charge; courir à
bride abattue; recevoir quelqu’un à bras ouverts: je vous dis cela à titre
de renseignement; ce critique prend l’auteur à partie; l’enfant est venu à
terme.
214 Mariana TUÞESCU

24. Les énoncés suivants appartiennent au français familier, populaire ou


argotique. Trouvez leurs équivalents du français standard. Précisez le niveau
de langue dont témoignent les constituants en majuscules:
1. C’est un type qui a une bonne POIRE. 2. On m’a volé tout LE FRIC. 3.
Il gagne dans les cent mille BALLES par mois. 4. - GROUILLE-TOI,
Jacques! 5. - MAGNE-TOI, on va ÊTRE À LA BOURRE. 6. Ce plat-là, il
est DE PREMIÈRE BOURRE. 7. On lui fera LA PEAU. 8. IL SE FAIT
TELLEMENT DE MOURON, qu’il ne PIONCE plus. 9. Pauvre BOUGRE!
Plus de POGNON, plus rien à BOUFFER et bientôt AU BOUT DE SON
ROULEAU! 10. - Écoute, MON VIEUX, tu es PLEIN AUX AS et tu
continues à MÉGOTER. 11. Ce qu’il faut TRIMER, TURBINER, pour
GAGNER SA CROÛTE! SALE BOULOT! 12. Voilà un POCHARD qui est
déjà ROND à huit heures du matin. 13. BIGRE! Voilà UN TYPE qui n’est
pas commode; il ENGUEULE tout le monde. 14. UN GOSSE, UN
MOUCHERON, PAS PLUS HAUT QUE ÇA! VEINARD! Il vient de
DÉCROCHER le gros lot à la loterie. 15. Guy était BRINDEZINGUE, je
l’aperçus qui AVAIT DU VENT DANS SES VOILES. 16. Il a voulu faire
un discours, et puis il a BAFOUILLÉ; ça a été UN FOUR; voilà ce que
c’est de toujours vouloir TENIR LE CRACHOIR. 17. J’ai essayé, mais IL
N’Y A PAS EU MÈCHE; ZUT ALORS! 18. Si tu crois que c’est commode,
ce TRUC-LÀ, TU TE METS LE DOIGT DANS L’OEIL! 19. C’était DU
RIGOLO! Tout le monde SE TORDAIT!
25. L’accumulation des synonymes crée un effet rhétorique d’argumentation
pour une certaine conclusion.
Analysez ce phénomène dans le texte suivant. Tâchez ensuite de le traduire
en roumain:
MAÎTRE JACQUES: Vous êtes la fable et la risée de tout le monde; et
jamais on ne parle de vous sous les noms d’avare, de ladre, de vilain et
de fesse-mathieu.
HARPAGON (en le battant): Vous êtes un sot, un maraud, un coquin et
un impudent. (Molière)

26. Pourriez-vous distinguer sémantiquement les mots suivants, quasi-


synonymes?
- les LECTEURS des LISEURS (créés par le critique littéraire Albert
Thibaudet)
- les ÉCRIVAINS des ÉCRIVANTS (créés par Roland Barthes)

5.3. Homonymie et polysémie

1. Les homonymes sont des mots à forme identique et à sens différents. Entre les
sens des homonymes il n’y a pas de rapport logique ou d’intersection sémique.
L’origine de l’homonymie s’explique, en général, par l’histoire du
vocabulaire. Les homonymes appartiennent souvent à des catégories
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 215

grammaticales différentes. Les dictionnaires devraient enregistrer les


homonymes comme des entrées lexicographiques différentes.
Soient les mots suivants:
1. (a) LA MINE - l’aspect du visage
(b) LA MINE - la carrière, le gisement.
2. (a) LA GRÈVE - terrain plat, formé de sable, graviers, situé au
bord de la mer ou d’un cours d’eau
(b) LA GRÈVE - cessation volontaire ou collective du travail
décidée par des salariés pour obtenir des avantages matériels
ou moraux.
3. (a) LE MARRON - fruit du marronnier
(b) LE MARRON - jeton servant à contrôler la présence d’une
personne à son poste
(c) (pop.) LE MARRON - coup de poing
(d) MARRON (adjectif) - qui se livre à l’exercice illégal d’une
profession ou à des pratiques illicites: courtiers / médecins
marrons.
Construisez des phrases avec chacun des mots ci-dessus de sorte à révéler, par la
combinatoire syntagmatique, le sens propre à chaque unité lexicale.

2. Quelle signification ont les mots hais (tu hais) et les haies (prairie
bordée de haies; haie vive; 110 mètres haies)? Et les mots mur et
mûre? Placez ces mots homophones dans des contextes. Envisagez, à ce
sujet, le poème suivant de Raymond Devos:
JE HAIS LES HAIES
Je hais les haies qu’elles soient de mûres
qui sont des murs qu’elles soient de houx!
Je hais les haies Je hais les murs
et les mûriers qu’ils soient en dur
qui font la haie qu’ils soient en mou!
le long des murs. Je hais les haies
Je hais les haies qui nous emmurent.
qui sont de houx. Je hais les murs
Je hais les haies qui sont en nous!
(R.Devos)

3. Il y a deux mots homonymes BRASSEUR, ayant deux origines différentes:


(a) - brasseur, brasseuse - personne qui fabrique de la
bière ou en vend en gros.
D’où le néologisme: brasseur d’affaires - homme qui s’occupe de
nombreuses affaires.
(b) - brasseur, brasseuse - nageur, nageuse de brasse.
Construisez trois énoncés avec chacun de ces mots, tout en veillant à ce que
chaque énoncé soit monosémique.
216 Mariana TUÞESCU

4. Complétez le texte suivant à l’aide des homonymes - homophones de la


série suivante: tend, taon, t’en, tant, tan, temps:
L’élève qui se dit à lui-même: “Ne... fais pas” a tort; au contraire, le bon
élève... tous ses efforts vers l’étude, car il y a... de choses à apprendre
qu’il ne faut pas perdre son...; ainsi, saviez-vous que le... est le nom de
l’écorce du chêne et que le... est une grosse mouche.

5. Complétez par fond ou fonds:


1. L’épicier met ses réserves au... de sa boutique; c’est un petit
commerçant et son... de commerce est modeste. 2. Cet homme est ruiné:
il a mangé son... et ses revenus; il est au... du désespoir.
3. Nous ne connaissons pas encore notre langue à...; cette langue
appartient au... de la culture romane.

6. Précisez le sens des homonymes suivants en leur ajoutant un complément


déterminatif du nom:
(a) - le voile... (d) - le mode...
- la voile... - la mode...
(b) - le vase... (e) - le livre...
- la vase... - la livre...
(c) - le manoeuvre...
- la manoeuvre...

7. Remplacez les points par tache ou tâche:


- Une... de graisse. - Des... de rousseurs. - S’imposer une.... - Des... noires
sur le pelage. - Remplir sa.... Enlever une... avec de l’essence. - Donner
une... à quelqu’un. - Faire une... d’encre. - Faciliter la.... - Travailler à
la....

8. Les homonymes suivants sont tantôt masculins, tantôt féminins. Montrez


la différence de leur signification et structure en les utilisant dans des
phrases de votre invention:
- barde; - livre; - moule; - pendule; - mousse; - platine; - manche; - voile; -
crêpe; - manoeuvre; - tour.

9. Les homonymes qui composent cette liste peuvent être noms ou verbes.
Trouvez des phrases où ils apparaîtront tantôt dans un sens, tantôt dans
l’autre:
- sort; - brosse; - espace; - lit; - menace; - teint; - gare; - trait; - part; -
trompe; - porte; - bois.

10. La polysémie est la relation sémantique qui s’établit entre les différents
sens d’un mot qui se trouvent dans un rapport logique.
Ce rapport peut être dit “d’extension de sens”, de “restriction de
sens”, de “métonymie”ou de “métaphore”(analogie, c’est-à-dire
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 217

effacement et addition de sèmes simultanément).


Soient, par exemple le mot MINUTE - ‘soixantième partie d’une
heure’, → ‘court espace de temps’ (C’est la relation dite “extension
de sens”).
Le mot FEMME - ‘personne du sexe féminin’ → ‘personne du sexe
féminin qui est ou a été mariée’ (C’est la relation dite “restriction
de sens”).
Le mot BLAIREAU - ‘mammifère carnivore, bas sur pattes,
plantigrade, de pelage clair sur le dos, foncé sous le ventre, qui se
creuse un terrier’ → ‘pinceau fait de poils de blaireau dont se
servent les peintres, les doreurs, ainsi que les hommes pour se faire
la barbe’ (C’est la relation dite “de métonymie”).
Le mot EMPOISONNER - ‘faire mourir ou mettre en danger de
mort, en faisant absorber du poison’ → ‘empuantir, empester’ →
‘corrompre moralement’ → ‘altérer dans sa qualité, son agrément’
→ ‘rendre invivable, insupportable’ (C’est la relation “de
métaphore”).
Voici des phrases centrées sur le verbe LÉCHER. Découvrez les différents sens
de ce verbe polysémique et précisez la nature logico-sémantique de chacune
de ses gloses:
1. Ce chien LÈCHE la main de son maître. 2. Le gosse LÈCHE la confiture et
laisse le pain de la tartine. 3. Les flammes LÈCHENT la plaque de la
cheminée. 4. Quel flagorneur! Il LÈCHE les bottes de son supérieur. 5. Ce
plat, il en raffole, il s’en LÈCHE les doigts / les babines. 6. Il n’a pas d’argent,
mais il LÈCHE les vitrines; il fait du LÈCHE-VITRINES. 7. Ce type, c’est un
OURS MAL LÉCHÉ. 8. Ce peintre fignole toujours ses oeuvres; je lui ai
acheté un tableau LÉCHÉ.
Essayez de mettre en roumain ces phrases.

11. Rendez à chacun (LE MÉDECIN, NAPOLÉON, LA LESSIVE X, LE


DÉPUTÉ, LE CITADIN, LE PAYSAN) LA CAMPAGNE qui lui revient.
Précisez ensuite les différents sens du mot CAMPAGNE, par le recours
aux paraphrases:
1. LA CAMPAGNE de Russie a été une déroute pour.... 2. Le... parle
beaucoup durant la CAMPAGNE électorale. 3. Le... se repose, chaque week-
end, dans sa maison de CAMPAGNE. 4. La... s’est imposée à la suite d’une
bruyante CAMPAGNE publicitaire. 5. Les travaux de LA CAMPAGNE
imposent une vie souvent rude au.... 6. Le... de CAMPAGNE rentre très tard
chez lui car ses malades sont très dispersés.

12. Vous avez ci-dessous des phrases centrées sur le verbe polysémique PASSER.
Donnez pour chacune de ses occurrences le synonyme paraphrastique et
observez le rôle du contexte dans la précision du sens:
1. Les fleurs PASSENT. 2. L’explorateur PASSE un fleuve. 3. Une voiture
PASSE le pont. 4. La mode PASSE. 5. L’élève PASSE un examen. 6. Il
218 Mariana TUÞESCU

PASSERA en sixième. 7. La douleur PASSE. 8. Maman PASSE la cire sur


le parquet. 9. Ce garçon PASSE inaperçu. 10. Le voleur PASSE devant le
tribunal. 11. Marcel A PASSÉ son permis de conduire. 12. Ce soldat
PASSE pour être courageux. 13. Le temps PASSE vite. 14. PASSEZ chez
moi, cet après-midi, prendre un café.

13. Voici toute une série de CARTES: carte postale, carte de visite, carte
d’identité, carte de séjour, carte orange, carte Michelin, carte de
géographie, carte routière, carte d’électeur, carte de fête, carte muette.
Employez chacune d’elles dans une micro-situation, exprimée par un énoncé.
14. Marquez par une flèche la relation qui existe entre l’expression de gauche
contenant le mot CARTE et l’expression de droite ayant le même sens:
- Tirer les cartes. - Dire l’avenir à l’aide des cartes.
- Jouer cartes sur table. - Laisser à quelqu’un tous les pouvoirs.
- Jouer sa dernière carte. - Commander un menu de son choix.
- Brouiller les cartes. - Essayer une dernière fois de réussir
quelque chose.
- Dîner à la carte. - Embrouiller les affaires.
- Donner carte blanche. - Être très franc dans tout ce qu’on fait.

15. Précisez, en vous aidant du dictionnaire, la relation qui existe entre les
deux sens de ces mots. Sur quelle analogie repose-t-elle?
- La CLÉ d’un appartement. La CLÉ de sol. - Une DISCIPLINE de fer.
Une DISCIPLINE d’éveil. - La PLUME d’un corbeau. La PLUME d’André
Gide. - RESTAURER ses invités. RESTAURER des tableaux. - TOURNER
en rond. TOURNER un film.
16. Employez chacun des mots polysémiques ci-dessous dans des phrases
différentes, à même de dévoiler ses significations:
(a) - cas; - accent; - direction; - assistance; - correction;- intérêt; - peine;
soin; - terme.
(b) - affecté; - étourdi; - délicat; - honnête; - juste; - touché; - uni.
(c) - filer; - gagner; - nommer; - juger; - dresser; - composer; - ordonner; -
souffler; - trouver.
17. Montrez les différents sens des verbes ci-dessous, en les employant d’abord
dans une phrase où ils auront pour complément un être animé, ensuite dans
une phrase où ils auront pour complément un objet inanimé:
- commander; - estimer; - délivrer; - occuper; - presser; - recevoir.
18. Précisez au moyen d’un synonyme le sens de chacun de ces mots dans les
contextes suivants:
- RAME: (a) Les haricots à rames sont plus faciles à cueillir que les
haricots nains. (b) Il passe tous les quarts d’heure plusieurs rames de
trains. (c) Les rames s’enfonçaient dans l’eau alternativement.
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 219

- COURANT: (a) Le bateau a été emporté par le courant. (b) On nous a


coupé le courant. (c) Je viendrai vous voir dans le courant de la
semaine. (d) Je ne suis pas au courant de cette affaire.
- FARCE: (a) Le cuisinier prépare la farce qui doit emplir la dinde.
(b) Marc aime les crêpes avec une farce de confitures de griottes. (c) Les
farces de Molière sont célèbres. (d) Il m’a joué une farce.
19. Cherchez dans le dictionnaire tous les sens et emplois du mot PIÈCE.
Rédigez ensuite un texte narratif où vous emploierez ce mot polysémique
le plus souvent possible, en des sens différents.
20. Quelle différence y a-t-il entre:
- une tête de veau et une tête d’épingle? - un arbre fruitier et un
arbre généalogique? - un feu de paille et un homme de paille? - un
pied de porc et un pied-de-biche? - une balle de tennis et une balle de
pistolet? - le bras de ma fille et un bras de mer? - une lame de parquet,
une lame de rasoir et une lame de fond?

21. A partir des énoncés suivants, cherchez les synonymes et les antonymes
du verbe MONTER dans chacun de ses emplois:
- La mer MONTE. - La fièvre MONTE. - Jacques MONTE l’escalier. - Les
déménageurs MONTENT le piano. - Le chat MONTE à l’arbre. - Les généraux
ONT MONTÉ une conspiration. - Le jockey MONTE un cheval blanc. - Ce
haut fonctionnaire MONTE dans la hiérarchie sociale.

22. Dans quelle situation dira-t-on:


(A) - Le mets est SALÉ.
- La facture est SALÉE.
(B) - Le lion DÉVORE sa proie.
- Paul lit beaucoup, DÉVORE livre après livre, avec une avidité
juvénile.
- Les flammes DÉVORENT l’édifice.
- Elle est DÉVORÉE de remords.
(C) - Pour le repas de ce soir, maman ENTRELARDAIT une volaille
qu’elle laissait ensuite cuire à petit feu.
- Ce conférencier ENTRELARDAIT son discours de citations latines
et grecques.
(D) - Les PIGEONS salissent le pavé et les monuments de Paris.
- Jacques, il a été le PIGEON dans l’affaire.
(E) - C’était une mer HOULEUSE ce jour-là.
- L’atmosphère au Parlement était HOULEUSE.
Précisez dans quels cas vous avez affaire à une polysémie métaphorique.

23. Expliquez la polysémie des mots ci-dessous, en justifiant les relations


logico-sémantiques établies entre les différentes acceptions de l’unité
lexicale:
220 Mariana TUÞESCU

(A) - Le CANCER du foie;


- Le CANCER du chômage.
(B) - Le MENU de ce restaurant de luxe;
- Le MENU du programme de l’ordinateur.
(C) - CRÉNEAU de lancement;
- CRÉNEAU entre deux voitures en stationnement; → FAIRE UN
CRÉNEAU;
- Le CRÉNEAU d’un professeur.

24. Le mot BOUILLON DE CULTURE, terme de bactériologie, signifie


“liquide destiné à la culture des microbes”, figurativement “milieu
favorable”.
Expliquez ce terme appliqué à l’émission télévisée de Bernard PIVOT.
25. Quels services peut rendre:
- une agence immobilière? - une agence OLTCIT?
- une agence touristique? - une agence matrimoniale?
- une agence publicitaire? - une agence d’assurances?

26. Distinguez les unités polysémiques et homonymiques qui apparaissent


dans les phrases ci-dessous. Donnez-en des paraphrases:
1. Il est parti comme une flèche. 2. C’est un mot qui part du coeur. 3.
A partir d’aujourd’hui on se mettra sérieusement au travail. 4. Il portait
un casque de jockey parti de blanc et de vert. 5. Tu ne cesses d’avoir
maille à partir avec tes copains.
Traduisez en roumain ces énoncés.

27. Ayez une bonne... vue! Complétez les phrases suivantes à l’aide du mot
vue et des expressions données: point de vue, en vue, à vue, à vue
d’oeil, en vue de.
1. Sur cette route, le guide Michelin signale un magnifique.... 2. Le
dessin... se fait sur mesure, sans instrument. 3. Dire que l’automne est
une saison triste est un... discutable. 4. Au printemps, les bourgeons
grossissent.... 5. Les étudiants en D.E.A. travaillent avec ardeur... passer
leur diplôme. 6. A l’exposition des travaux d’élèves, le maître place... les
oeuvres les mieux réussies.

28. CRIBLER - ÊTRE CRIBLÉ DE


(A) Dites pour quelle raison
Le maçon CRIBLE le sable; le meunier CRIBLE sa farine; le fermier
CRIBLE son blé.
(B) Retrouvez le responsable:
1. Une vigne CRIBLÉE de grêlons. 2. Un malade CRIBLÉ de piqûres. 3.
Un sanglier CRIBLÉ de chevrotines. 4. Un devoir CRIBLÉ de fautes. 5.
Une jupe CRIBLÉE de taches. 6. Une personne CRIBLÉE de dettes.
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 221

29. Levez l’ambiguïté sémantique des séquences suivantes par le recours à


l’enchaînement syntagmatique:
1. Tu regardes des glaces. 2. J’ai assisté à cette ouverture. 3. J’ai rêvé
d’une longue promenade. 4. C’est une opération délicate.
5. Elle peut partir dans deux heures. 6. Il doit être en pleine forme.

30. Expliquez le double sens des mots sur lesquels jouent ces écrivains:
1. La Cour du roi est comme un édifice bâti de marbre; je veux dire qu’elle
est composée d’hommes fort durs mais fort polis. (La Bruyère)
2. Un ministère qu’on soutient est un ministère qui tombe. (Talleyrand)
3. La France contient trente-six millions de sujets, sans compter les sujets
de mécontentement. (Henri Rochefort)
4. - Qui donc êtes-vous? (...) - La Bande des Voleurs d’Escaliers. Est-ce
donc d’aujourd’hui seulement que vous entendez parler d’escaliers
dérobés? (Alphonse Allais)
5. DORANTE: Mademoiselle votre fille comment se porte-t-elle?
Mme JOURDAIN: Elle se porte sur ses deux jambes. (Molière)

31. Ces plaisanteries reposent sur des jeux de mots. Expliquez-les:


1. - Que pensez-vous d’un pâtissier qui aurait peur des éclairs?
2. - Préfériez-vous qu’on réforme le service militaire ou qu’on réforme
les appelés? 3. - Comment peut-on projeter un film qui n’a pas encore
été réalisé? 4. - Est-il étonnant qu’un dramaturge fasse des scènes à son
public? 5. - Un peintre qui croque ses modèles est-il anthropophage? 6. -
Un pianiste qui exécute une polonaise est-il un assassin? 7. - Plaindriez-
vous un imprimeur qui a rencontré beaucoup d’épreuves dans sa vie?

32. Expliquez le mécanisme langagier en vertu duquel dans les textes


ci-dessous, dus a Boris Vian, le langage est pris au pied de la lettre:
1. Il tendit sa carte d’abonnement, qui fit un clin d’oeil au contrôleur à
l’aide de deux trous déjà perforés. Le contrôleur répondit par un sourire
complice, n’en ouvrit pas moins une troisième brèche dans le bristol
orange, et la carte fut aveugle.
2. Alors, seulement, Colin revint à la vraie réalité et s’aperçut que le
plafond était à claire-voie au travers de laquelle regardaient les locataires
d’en dessus...
3. Je passai par la porte de la chambre de Jasmin, condamnée à l’origine mais
dont la peine venait d’être rapportée, et, traversant le salon, je bifurquai vers
la salle à manger d’où je pus regagner ma chambre.
4. C’était une petite robe toute simple, de lainage vert amande avec de
gros boutons de céramique dorée et une grille en fer forgé formant
l’empiècement du dos.
- Vous l’aimez? dit Isis.
- Elle est très ravissante, dit Colin. Peut-on passer la main à travers les
barreaux sans être mordu? (Boris Vian)
222 Mariana TUÞESCU

5.4. L’antonymie

1. Cherchez les contraires des adjectifs qualificatifs suivants. Précisez ensuite


le paradigme des préfixes qui expriment cette antonymie:
(a) capable; contrôlable; cohérent; buvable; mobile; parfait; transportable;
maculé.
(b) Légal; logique; limité; vulnérable; volontaire; vertébré; respectueux;
responsable; respirable; probable.

2. Formez des phrases avec les antonymes des mots suivants:


indigne; inexplicable; indécis; inquiet; insensible; intellectuel; intolérant;
invulnérable; inouï ; invisible.

3. Quel serait, dans chaque phrase, les antonymes des quatre termes suivants?
SEC: - En été, l’air est sec.
- Il lui dit la vérité d’un air très sec.
- Je n’aime pas les gâteaux secs.
AIGU: - Un angle aigu.
- Une pointe de flèche aiguë.
- Un accent aigu.
- Une douleur aiguë.
FROID: - Il se lave à l’eau froide.
- En toutes circonstances, il reste froid.
- Ce professeur est très froid avec ses élèves.
NOUVEAU: - C’est un nouveau modèle.
- Ce film est très nouveau.
- Il est nouveau dans cette carrière.

4. Cherchez les antonymes des mots suivants, puis classez-les en trois


catégories:
(A) - ceux dont l’antonyme n’a aucun rapport formel avec le mot initial
(clair /vs/obscur);
(B) - ceux dont l’antonyme s’obtient grâce à un préfixe
(heureux/vs/malheureux);
(C) - ceux dont l’antonyme s’obtient grâce à un suffixe
(francophile/vs/francophobe).
- connu; habité; poli; mangeable; propre; honnête; permettre; force;
capable; courageux;
- paraître; peupler; apprécier; existence; espoir;
- sympathie; centripète; concorde; bienfaisant;
- content; habile; plein; entente; emballer;
- accrocher; rire.

5. Vous avez ci-dessous des lexies préfixées. Dites pour chacune d’elles si elle
possède un antonyme non préfixé:
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 223

(A) - désobéir - le départ - dérouler - dérouter - déplorer - défiler


- déranger
(B) - inoubliable - insouciant - indélicat - insolite - incohérent -
inconvenant - intempérant - irraisonné - irrationnel
(C) - déboussoler - en découdre - le dérèglement - le déséquilibre - le
désordre - délasser - déboîter - dédouaner
(D) - médire - se méfier - se méprendre - mésaventure - mésentente

6. Reliez, par une flèche, l’adjectif qualificatif LISSE à son contraire:


Un front LISSE - TIMBRÉ
Un rocher LISSE - RABOTEUX
Un plancher LISSE - STRIÉ
Un tissu LISSE - RIDÉ
Un coquillage LISSE - FRIPÉ

7. Reliez chaque expression au contraire du verbe PERDRE:


Il a PERDU de l’argent dans la rue. - GAGNER
Le témoignage de ses voisins l’a PERDU. - TROUVER
Le général PERDIT la bataille. - SAUVER
Papa A PERDU l’habitude de fumer. - RETROUVER
Il A PERDU la parole. - PRENDRE

8. Quel est le contraire de LIBRE dans les expressions suivantes? (Marquez-


le par une flèche):
Un appartement LIBRE - TIMBRÉ
Du papier LIBRE - OCCUPÉ
Une journée LIBRE - ENCOMBRÉ
La voie est LIBRE - PLEIN
Une nation LIBRE - PAYANT
Une entrée LIBRE - OPPRIMÉ

9. Reliez par une flèche l’adjectif DUR à son synonyme et à son contraire:
Synonymes Contraires
insensible - de la viande DURE doux
coriace - un siège DUR simple
rigoureux - un DUR travail confortable
inconfortable - un problème très DUR tendre
difficile - un climat DUR facile
pénible - un coeur DUR sensible

10. Quels sont les antonymes des adjectifs suivants, compte tenu des noms
avec lesquels ils se combinent?
(A) du beurre frais - un teint frais - une boisson fraîche - des traces
toutes fraîches;
(B) un verre fragile - une personne fragile - un bonheur fragile;
224 Mariana TUÞESCU

(C) discours amusant - personnage amusant - histoire amusante;


(D) la justice humaine - la géographie humaine - l'espèce humaine
- une réaction humaine;
(E) une boîte pleine -un visage plein -un autobus plein -une journée
pleine;
(F) un tissu grossier -un lavage grossier -un homme grossier -des
propos grossiers;
(G) un fait douteux - une réponse douteuse -un raisonnement douteux
-un goût douteux.

11.Trouvez le contraire des expressions suivantes. Les termes à trouver ne


sont pas nécessairement des couleurs:
Modèle: un café noir /vs/ un café crème
un ciel gris /vs/ un ciel bleu
1. un temps gris; 2. du raisin blanc; 3. du pain blanc; 4. une nuit noire;
5. des olives vertes; 6. des cerises vertes; 7. une plante verte; 8. du blé
vert; 9. des haricots blancs; 10. un jaune d'oeuf.

12. Dans les phrases suivantes, remplacez les adjectifs en caractères gras par
leurs antonymes:
1. Pierre habite dans un immeuble ancien au troisième étage. 2. Tous
les jours je rencontre ce vieil homme à la boulangerie. 3. Pourquoi es-tu
gai aujourd'hui? 4. Ton quartier est vraiment tranquille!
5. L'affiche que tu as achetée à l'exposition est belle mais chère!
6. Nous avons passé une soirée agréable. 7. Alain est grand et gros. 8.
L'appartement que tu as trouvé est clair. 9. Le malade a passé une nuit
tranquille. 10. Pour déménager il a mis un vieux pantalon!
11. La voiture de François est sale. 12. Pierre porte toujours des
vêtements foncés. 13. Tu es petite, la table est trop haute pour toi. 14.
Ce paquet a l'air très léger. 15. Après le prochain village, la route
devient plus étroite. 16. Ce chien a l'air gentil. 17. Le dernier film que
j'ai vu était intéressant. 18. Ces deux fauteuils sont différents.

13. Indiquez quels sont les antonymes des mots en caractères gras, compte
tenu de leurs classèmes ou restrictions sélectives:
heures d'ouverture des magasins; l'ouverture d'un congrès; discours
inaugural; le démarrage d'une voiture; le démarrage d'un navire;
quai du départ; ligne de départ (sports); train en partance pour.

14. Démontrez par l'analyse sémique que, dans les paires ci-dessous, les
lexies en italiques ne sauraient être antonymes:
- faire de gros bénéfices ~ les maléfices d'un sorcier;
- un homme estimable ~ une valeur inestimable;
- connaître une science ~ méconnaître un service;
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 225

- être disposé à faire une chose ~ être indisposé;


- être dans un état pitoyable ~ un coeur impitoyable;
- le règlement d'une affaire ~ le dérèglement des moeurs;
- daigner écouter son interlocuteur ~ dédaigner les richesses;
- plumer une volaille ~ un oiseau déplumé;
- s'arroger un droit ~ déroger à l'usage établi;
- concerter un projet avec quelqu'un ~ être déconcerté par une réponse.

15. Indiquez les antonymes des déterminants nominaux apparaissant dans


les syntagmes ci-dessous:
animal sauvage; cheval sage; oiseau diurne; insecte nuisible; cheval de
selle; chien de luxe; chat de gouttière; bétail à l'engrais; gibier à
plumes; lapin de garenne; oiseau de basse-cour; poisson d'eau douce.
Traduisez en roumain ces couples antonymiques.

16. Donnez les antonymes des adjectifs suivants, compte tenu des classèmes
des noms qu'ils déterminent:
(A) un air précieux; des gestes fébriles; un regard fuyant; une
physionomie repoussante; des manières revêches.
(B) une mise impeccable; un chapeau démodé; une robe neuve; une
toilette discrète; des couleurs criardes; une tenue soignée; des talons
plats.

17. Dans les phrases qui suivent remplacez les circonstants par leurs
contraires:
1. Je n'aime pas voyager de nuit. 2. Depuis janvier, il travaille à mi-
temps. 3. Cet article est paru à la une du «Figaro». 4. Il a acheté cet
appartement à tempérament. 5. Cette usine fabrique des voitures à
bon marché. 6. Il se rend à son boulot à pied.

18. Cherchez les contraires des prédicats suivants:


1. Cette robe lui tombe mal. 2. Elle se passe un costume tailleur.
3. Les couleurs de sa robe jurent. 4. Il est sans argent.

19. Indiquez, là où il est possible, les antonymes des lexies préfixées qui
suivent:
sous-homme, sous-officier, sous-production, sous-ingénieur,
sous-entendu, sous-alimentation, sous-développement, sous-bois,
sous-vêtement, sous-louer, sous-location, sous-locataire, sous-préfet,
sous-secrétariat, sous-secrétaire d'État, sous-payer.

20. Expliquez l'antonymie des structures nominales ci-joint par le recours à


un même noyau sémique ou archisémème inclus dans leur sens:
Modèle: - la vie publique /vs/ la vie privée - «fonction remplie
226 Mariana TUÞESCU

dans la société»
- région sous-équipée /vs/ région suréquipée -
«équipement industriel»
(A) - péché véniel /vs/ péché mortel
- maison dotale /vs/ maison paraphernale
- une jupe droit fil /vs/ une jupe en biais
- la citation ci-dessous /vs/ la citation ci-dessus.
(B) - sous-équipement d'une usine/vs/ suréquipement d'une
usine
- sous-estimation des résultats /vs/ surestimation des
résultats
- sous-exposition d'une pellicule /vs/ surexposition d'une
pellicule
- sous-emploi de la main d'oeuvre /vs/ plein d'emploi de la
main d'oeuvre

21. Rendez compte de l'antonymie des noms suivants en démontrant que


leurs sens sont basés sur le même noyau sémique:
- épure /vs/ croquis; - crachin /vs/ ondée; - culture /vs/ jachère;
- cabotage /vs/ navigation hauturière; - libre penseur /vs/ croyant.

22. Donnez les antonymes des lexies suivantes:


1. Un bout de femme; une grosse légume; un brin de causette 2. À son
insu; à bon escient; de plein gré. 3. Avoir le vent en poupe; être au
septième ciel; être bas de plafond; dormir à poings fermés; manger de bel
appétit; rire jaune.

23. Il existe une antonymie établie exclusivement au niveau du discours, de


l’exercice du langage, de l’énoncé employé en situation de communication.
Dans quelles situations emploie-t-on les structures suivantes?
- en panne / vs / en forme
- pile ou face
- satisfait ou remboursé
- fromage ou dessert
- le fric ou je te tue!

24. Phénomène scalaire et discursif par excellence, l’antonymie


relève d’une logique du flou et de la sous-composante
encyclopédique du langage. Le référentiel culturel et/ou
civilisationnel détermine le surgissement des couples
antonymiques qui s’imposent dans la compétence des locuteurs.
Soit ce document authentique relatif aux comportements
alimentaires actuels des Français, texte qui crée outre des
antonymes tels que: discours végétarien / vs / discours carnivore;
III. LA STRUCTURE SÉMANTIQUE 227

zoophages (“mangeurs d’animaux”) / vs / sarcophages


(“mangeurs de chair”), une échelle antonymique qui mérite
d’être étudiée:
Mais l’évolution des moeurs fait que la femme est, aujourd’hui, moins
reproductrice que productrice. Dès lors, ce qui intéresse nos compagnes,
ce n’est pas leur santé, mais leur apparence. Je dirais même qu’elles sont
prêtes à mettre leur santé en danger pour se conformer au modèle juvénile
qui prévaut actuellement. Du callipyge, on est passé au tanagra. Entre le
cosmétique et le diététique, il y a ambiguïté. La vogue de l’allégé repose
sur ce flou. Le discours anti-graisse détermine des conduites dangereuses et,
chacun le sait, des régimes aberrants qui parfois débouchent sur des
boulimies ou des anorexies. ( On mange avec sa tête, in Le Point, sept. 1990).
Découvrez les sèmes nucléaires en vertu desquels s’établissent les antonymes
discursifs:
- productrice / vs / reproductrice
- santé / vs / apparence
- le callipyge / vs / le tanagra
- le cosmétique / vs / le diététique
- boulimie / vs / anorexie
Comment l’idéologie et la composante civilisationnelle apparaissent-elles
dans ce texte? Résumez-le et donnez-lui un titre.
228

IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE

1. LE NIVEAU TRANSPHRASTIQUE.
ÉNONCÉ ET ÉNONCIATION.
COHÉRENCE ET COHÉSION DU TEXTE ET DU
DISCOURS.
TEXTICITÉ ET DISCURSIVITÉ. LES CONNECTEURS
DISCURSIFS.

1. Complétez les phrases suivantes par le mot de relation convenable, choisi


parmi ceux qui vous sont proposés :
1. Marie est belle et jeune... elle est malade. /(et, parce que, mais)
2. Je n'aime pas le théâtre de Victor Hugo, .........j'aime assez ses romans. /
(en revanche, aussi, d'ailleurs)
3. Non seulement il fait chaud, ........il fait également très humide. / (de
plus, et, mais)
4. ..........vous me l'aviez dit, il est trop occupé pour venir. / (ainsi, comme,
tel que)
5. ..........il pleuve, je sors me promener. / (et, néanmoins, bien que)
6. Ils ont voté la grève, ...............d'une forte opposition. / (en dépit,
quoique, pourtant)
2. Reliez un élément de chacune des trois colonnes de façon à obtenir huit
phrases correctes :
1. Il ont voté la grève a. néanmoins A. ont-ils fait grève
2. Ils sont allés voir le professeur b. comme B. il a réussi son examen
de math
3. Il n'a rien fait pendant toute c. parce que C. il a dû redoubler sa
l'année classe
4. Il n'était pas fort en d. en dépit D. d'une forte opposition
mathématiques
5. Il a réussi deux de ses problèmes e. à savoir E. il n'était pas concerné
6. Il a eu une bonne note f. en revanche F. leur fils avait des
en français problèmes
7. Il a refusé de faire grève g. car, c'est G. il a beaucoup travaillé
pour quoi
8. Ils considèrent leurs conditions h. aussi H. celui de maths et celui
de travail très mauvaises de physique
3. Vous avez ci-dessous des phrases en rapport de parataxe ou de
juxtaposition. Rattachez-les, compte tenu de leur rapport sémantique,
par la préposition, la conjonction ou la locution conjonctive convenable.
Opérez les modifications syntaxiques nécessaires.
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 229

Modèle :
(a) Jean est allé à la cave. Il voulait chercher du charbon
⇒ Jean est allé à la cave parce qu'il voulait chercher du
charbon.
(b) Ce voisin entre périodiquement dans la cour. Il balaie
les feuilles mortes ⇒ Ce voisin entre périodiquement dans
la cour pour balayer les feuilles mortes.
1. J'ai acheté des chocolats. Vous les emporterez. 2. Il connaît la région. Il
pourra nous servir de guide. 3. Mes chemises sont froissées. Maman les a
entassées dans l'armoire. 4. Marie a bu beaucoup de cognac. Elle a la gueule
de bois. 5. Ce malfaiteur a inondé la cave. Il détruit les preuves.
6. Il entra. Tous les regards se tournèrent vers lui. 7. Il a de l'argent. Il pourra
partir en vacances. 8. Il était coupable. Il dut taire la vérité. 9. Sa voix
tremblait. Il s'adressait à nous. 10. Tu es fatigué. Tu continues à travailler
d'arrache-pied. 11. Marie est très âgée. Elle a toute sa tête.
12. Tu t'en vas. Passe-moi un coup de fil. 13. Il avait réfléchi. Il eût hésité.

4. Dans les séquences de sous (A) il y a une c o n t i n u i t é t h é m a -


t i q u e. Comment l'expliquerez-vous ? Dans les séquences de sous (B),
formées en maintenant l'une des phrases des couples donnés dans (A),
cette continuité thématique est brisée, ces séquences n'étant pas
cohérentes. Pourquoi ?
(A) 1. Il fait beau. J'irai me promener.
2. Colette rentre de l'école. Elle trouve les siens attablés.
3. Tu mettras le couvert. Je laverai la salade.
4. - Quelle heure est-il ?
- Midi et demie.
5. Pierre est venu. C'est qu'il voulait demander de l'argent à ses
parents.
6. - Anne est-elle rentrée ?
- Son sac est sur la table.
7. - Anne est-elle rentrée ?
- Je l'ignore.
8. La neige est tombée en abondance cette nuit. Le trafic
ferroviaire a été perturbé.
9. - Accepteriez-vous de présider cette séance ?
- Pourquoi pas ?
10. - Un peu de cognac ?
- Merci, je ne bois jamais.
(B) 1. * Il fait beau. Je suis diplômé des arts et métiers.
2. *J'ai mal au coeur. Elle trouve les siens attablés.
3. *Tu mettras le couvert. Mon chien est malade.
4. *- Quelle heure est-il ?
- Je m'appelle Colette Desborde.
5. *J'emploie un dentifrice bifluoré. C'est qu'il voulait
demander de l'argent à ses parents.
230 Mariana TUÞESCU

6. *- Tu as l'heure ?
- Son sac est sur la table.
7. *- Anne est-elle rentrée ?
- Il fait beau.
8. *La neige est tombée en abondance cette nuit. - Qui frappe à
la porte ?
9. *- Accepteriez-vous de présider cette séance ?
- Ne fumez pas dans ma chambre!
10. *- Ferme la fenêtre!
- Merci, je ne bois jamais.
Les phrases de sous (A) forment des textes ; elles représentent le niveau
transphrastique. L'ensemble (A) est donc caractérisé par la t e x t i c i t é;
L'ensemble (B) ne l'est pas. La non-cohérence de chacune des séquences de sous
(B) est le signe de l'absence de texticité. Les éléments de sous (B) se maintiennent
donc au niveau phrastique.

5. Démontrez que les phrases qui suivent perdent dans le texte leur
autonomie et arrivent à former un tout supérieur ; chacune d'elles
implique sémantiquement la phrase antérieure et entraîne la phrase
suivante. Cet enchaînement sémantique et syntaxique, au-delà de la
phrase, suite configurationnellement orientée d'unités (propositions)
séquentiellement liées et progressant vers une fin s'appelle t e x t e :
Quand ce fut son tour, au moment de régler son billet, il se tourna vers
Edouard et lui dit d'un ton sans appel :
- Donnez-moi vingt livres.
- En voilà dix puisque votre billet en vaut six.
- Oui, mais je prendrai une pinte ou deux avant le départ.
Edouard lui tendit à regret le billet de vingt livres, conscient de se
comporter en pigeon et sentant bien qu'il était dans sa nature de se
laisser gruger tant lui déplaisait l'idée de refuser quelque chose qui
restait dans ses moyens.
- Eh bien, dit-il conciliant, nous boirons cette pinte ensemble.
- Je ne bois jamais avec la classe moyenne. (M. Déon)
6. Le texte recèle les traces de son énonciation. Vous avez ci-dessous plusieurs
réponses des personnes interviewées à propos de la manière dont elles ont
passé les vacances. Précisez, pour chacun des textes qui suivent, les
données de l ' í n v e s t i s s e m e n t é n o n c i a t i f: le sexe du
personnage, son état civil, son milieu social, sa profession, le genre de vie qu'il
mène, sa psychologie, sa conception sur les vacances:
(I) - Oh! je suis pas partie bien souvent dans ma vie. En '51, je suis allée à
Lourdes. Et il y a deux ans, mon mari et moi, on a décidé d'aller chez
mon frère en Bretagne. C'est pas facile de tout laisser mais on s'est
arrangé. C'est les voisins qui ont soigné les bêtes.
Finalement, ça change les idées. Et puis, c'est joli, la Bretagne!
On a bien aimé. Mais voyez-vous, au bout de huit jours, j'étais bien
contente de rentrer.
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 231

(II) - Pensez! Trois semaines sans pointer, trois semaines sans machines,
sans métro; l'air pur, quoi! Il y en a qui voyagent, il y en a qui changent
de coin tous les ans. Moi, j'en ai trouvé un sur la Costa Brava. Pas cher.
Quand j'ouvre les volets, pas de mur, pas de gris, rien que du bleu.
(III) - Tous les ans, on veut partir, pourtant on n'a jamais pu. Bien sûr,
maintenant, mon mari, il a droit aux congés payés. Mais cette année...
avec les trois semaines de grève... Et puis, il y a le poisson qui se vend
pas tellement. Alors? les enfants iront en colonie, mais nous? avec quoi
partir? avec quoi partir?
(Textes puisés à la méthode Interlignes, Didier, Paris, 1977)
7. Précisez les relations qui existent entre ces interlocuteurs: sont-elles
amicales, familiales, fonctionnelles, professionnelles? Y a-t-il entre les
interlocuteurs un rapport de supérieur à inférieur ou y a-t-il égalité?
1. - Vous devriez prendre la robe rouge: elle vous va mieux. 2. - Vous direz à
Richard qu'il termine son rapport pour le 12. 3. - Vous devez absolument
vous expliquer et justifier vos retards réitérés. 4. - Taisez-vous! 5. - Vous
voudrez bien passer à mon bureau dans le courant de la semaine prochaine.
6. - Nous voulons une augmentation de salaire.
7. - Vous devriez lire ce livre: il vous intéressera sûrement. 8. - Et si nous
allions chercher des champignons dimanche prochain? 9. - Je voudrais tant
que tu ne dises rien à personne! 10. - Je veux bien m'occuper de la
bibliothèque, à condition que quelqu'un m'aide. 11. - Tu peux aller chez
Isabelle mais ne rentre pas après sept heures.
Remarquez qu'il s'agit d'un énoncé de DIRE DE FAIRE; qui doit agir: celui
qui demande ou celui à qui on demande?

8. Dans quelles situations ont été produits les textes qui suivent? Quel est
l'émetteur ou l'énonciateur de chacun d'eux? Quelle intention
communicative a-t-il?
(I) Je soussigné, Marc Rigaud, demeurant 4, rue des Ponts à Perpignan,
déclare sur l'honneur ne bénéficier d'aucune réduction, à quelque titre
que ce soit, sur les moyens de transports publics.
(II) Mes chers amis,
Mon voyage en Abyssinie s'est terminé.
Je vous ai déjà expliqué comme quoi, mon associé étant mort, j'ai eu de
grandes difficultés au Choa, à propos de sa succession. On m'a fait payer
deux fois ses dettes et j'ai eu une peine terrible à sauver ce que j'avais
mis dans l'affaire. Je n'ai pas de chance!... Enfin, envoyez-moi de vos
nouvelles. Je vous souhaite paix et bonheur!
Arthur Rimbaud (Correspondance)
(III) Pernelle: la finesse à toute épreuve.
Voici une nouvelle vaisselle vraiment nouvelle! Nouvelle, pourquoi?
C'est la première fois qu'une vaisselle vraiment fine, vraiment délicate,
vraiment légère est en même temps aussi incroyablement solide.
Elle résiste aux chocs (pas aux coups de marteau, bien sûr) et conserve
son éclat, même si vous la lavez tous les jours en machine.
232 Mariana TUÞESCU

C'est incroyable, mais c'est vrai. Et nous vous en donnons la preuve: sur
chaque article il y a un bon de garantie de 2 ans, tous risques.

9. Précisez dans quelles situations d'énonciation sont produits les textes qui
suivent. Avec quel but chacun de ces textes est-il produit? Quelle peut
être l'identité du ou des récepteur(s )?
(I) Maintenant, regardez dans le viseur. Vous allez voir tout de suite si vos
images sont nettes ou pas. Vous voulez filmer un papillon en macro? Pas
d'accessoires à monter sur l'objectif, votre sujet s'envolerait: une simple
bague à tourner et l'aile du papillon remplit tout l'écran.
Vous pouvez aussi choisir votre diaphragme pour filmer à contre-jour,
filmer image par image pour sous-titrer vos films, lier vos séquences par
des fondus... (Publicité)
(II) Mercredi 28 janvier. Bruxelles. Je ne t'écris qu'une page à toi, Charles,
car tu seras peut-être en route pour Bruxelles quand cette lettre sera à
Paris. Viens le plus tôt que tu pourras et préviens-moi de ton arrivée par
un mot. J'irai t'attendre au débarcadère. Aie soin de me dire l'heure où
tu arriveras. Je t'embrasse sur les deux joues. À bientôt. (Victor Hugo)
(III) Pour des raisons de santé et de sécurité, il est interdit de fumer:
- durant les cours, travaux dirigés et travaux pratiques;
- pendant les épreuves collectives de contrôle continu et d'examen
terminal;
- dans les salles de travail et les bibliothèques sauf s'il a été réservé
une salle pour les fumeurs isolée de la salle pour non-fumeurs.

10. Quels sont, compte tenu de la situation d'énonciation, les référents


substitués par le pronom ON dans les textes suivants? Essayez de
traduire en roumain les séquences où apparaît ce pronom:
(I) Ce détour me valut de voir le derrière de la tribune.
Avez-vous jamais vu une tribune par derrière? On devrait familiariser
tous les hommes - simple proposition - avec la vue arrière d'une tribune,
avant de les rassembler devant. (G.Grass)
(II) Nous étions à l'étude, quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau
habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand
pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme
surpris dans son travail.
Le Proviseur nous fit signe de nous rasseoir; puis, se tournant vers le
maître d'étude:
- Monsieur Roger, lui dit-il à demi-voix, voici un élève que je vous
recommande, il entre en cinquième. Si son travail et sa conduite sont
méritoires, il passera dans les grands, où l'appelle son âge. (...)
On commença la récitation des leçons. Il les écouta de toutes ses oreilles,
attentif au sermon.(G.Flaubert)
(III) - Va donc, eh Pouilleux!
- C'est ainsi, Mademoiselle l'insolente, qu'on traite son adorable
cousin, grâce à qui on a passé de si bonnes vacances!
- C'est vrai! oh ingratitude!...(M. Fondal)
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 233

11. Dans les exemples suivants, déterminez quelles sont les relations sociales
établies entre les trois personnes désignées dans les énoncés (l'émetteur de la
question, l'émetteur de la réponse, la personne désignée par le nom propre);
précisez quels sont les marqueurs linguistiques de ces relations:
1. - Viendras-tu à la gare accompagner Claude?
- Euh... je ne sais pas si je pourrai... je crois que je ne serai pas libre.
2. - Jacques t'avait demandé de remettre le paquet entre les mains du
destinataire, l'as-tu fait?
- Je vous prie de m'excuser, il m'a été pratiquement impossible de le
faire, vu qu'on avait oublié d'indiquer l'adresse du destinataire.
3. - Es-tu prête, Colette? on sera en retard et tante Alice sera contrariée.
- Oh, ce que tu peux être rasante parfois, tu sais que tante Alice est la
personne la plus accommodante qui soit.
12. Dans les échanges conversationnels suivants, la réplique du locuteur B
est basée sur une implication conversationnelle. Laquelle? Comment le
respect de cette implication entraîne la cohérence du texte dialogal?
1. (A) - Ferme la porte!
(B) - Tout de suite.
2. (A) - Quel âge cette jeune fille peut-elle avoir?
(B) - Tu sais, elle a coiffé Sainte-Catherine.
3. (A) - Je me sens défaillante.
(B) - Et pourtant tu as bonne mine.
4. (A) - Je n'ai plus d'essence.
(B) - Il y a un pompiste au coin de la rue.
5. (A) - Tu viens ce soir avec moi au cinéma?
(B) - Tu sais, j'ai un examen demain matin.
6. (A) - Qu'est-ce que tu penses? Peut-on lui confier cette tâche?
(B) - Tu sais, c'est une personne très aimable.
7. (A) - Où habite Alain?
(B) - Quelque part dans le Midi de la France.
8. (A) - Je trouve que la femme de ton directeur est agaçante.
(B) - Il fait très beau dehors, ne trouves-tu pas?
13. Imaginez une situation, décrite par un petit dialogue, dans laquelle un
énonciateur pourrait employer les expressions suivantes:
1. Il n'y a pas de roses sans épines. 2. Tirer à quelqu'un une épine du
pied. 3. Ne pas avoir froid aux yeux 4. Se casser le nez à la porte de
quelqu'un. 5. Ce n'est pas la mer à boire. 6. C'est de la tarte à la crème.
7. C'est un cautère sur une jambe de bois. 8. Il est la cinquième roue du
carrosse. 9. Il enfonce des portes ouvertes. 10. Cela lui va comme un
tablier à une vache.
14. Les expressions suivantes, énoncées dans certaines situations, acquièrent
une valeur ironique. Indiquez pour chacune d'elles un contexte
linguistique révélateur de son emploi. Justifiez le fonctionnement des
implications conversationnelles:
234 Mariana TUÞESCU

1. La belle raison! 2. C'est du propre! 3. Ne vous gênez pas! 4. Pour


changer! 5. Vous voilà bien avancés! 6. De mieux en mieux!
7. Allons! Ça va bien! 8. C'était bien la peine de se déranger! 9. Dites que
je ne suis pas gentil! 10. On aura tout vu!

15. Selon J.M.Adam (1990), le texte est une suite configuration-


nellement orientée de propositions, séquentiellement liées et
progressant vers une fin.
La bonne formation ou la grammaticalité du texte repose sur un
nombre de règles de cohérence micro-structurelle qui sont les
suivantes:
- les règles de répétition;
- les règles de progression;
- les règles de non-contradiction;
- les règles de relation:
La répétition signifie la récurrence des éléments significatifs
permettant d’accrocher une proposition ou une séquence à une
autre qui se trouve dans son entourage immédiat. Cette reprise
des éléments du sens se réalise par pronominalisations,
anaphores, emploi de l’article défini et des déictiques (ceux-ci
renvoient à des référents contextuels désignant des objets, des
êtres et des situations uniques dans le discours), par des reprises
d’inférences et des recouvrements présuppositionnels.
Les règles de progression exigent que le déroulement du texte
s’accompagne d’un apport sémantique constamment renouvelé. La
progression agit par la corrélation entre thème et rhème .
Le thème ou sujet logique est l’information connue, ce dont on
parle, tandis que le rhème est l’information nouvelle, le prédicat
logique, ce qu’on dit du sujet logique. Dans le texte, la progression
s’établit soit sur le thème , soit sur le rhème , soit sur les deux.
La production d’un texte suppose que soit réalisé un «équilibre
périlleux entre continuité thématique et progression sémantique ou
rhématique» (M.Charolles, 1978). Si l’exigence de la progression n’est
pas remplie, le texte se dissout en coq-à-l’âne.
La non-contradiction postule qu’un texte est cohérent si son
développement linéaire n’introduit aucun élément sémantique qui
contredise un contenu posé ou présupposé par une occurrence
antérieure du texte ou déductible de celle-ci par inférence.
Les règles de relation postulent que les faits dénotés dans le
monde textuel doivent être reliés entre eux. De nature
fondamentalement pragmatique, ces règles exigent qu’une
séquence textuelle doive être cohérente si les états, actions ou
événements qu’elle désigne sont en relation entre eux, relations du
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 235

type cause~effet, antécédent~conséquent, prémisse


conclusion, partie~tout, général~particulier, etc. La
proposition P sera pertinente pour la proposition Q, les deux
formant une séquence textuelle.
Les règles de la cohérence du texte, règles qui constituent ce qu’on
appelle «la grammaire de texte» sont des règles de nature
sémantico-pragmatico-syntaxique, mais aussi des règles logiques,
attestant la logique du langage au niveau discursif. Ce sont ces règles
qui expliquent le phénomène de texticité et le fait que la compétence
de communication est de nature discursive.
Explicitez comment ces règles agissent pour engendrer le texte ci-dessous:
Avec Meaulnes, j’allais à la porte des écuries des faubourgs, à l’heure où l’on
trait les vaches... Nous entrions dans les boutiques, et, du fond de l’obscurité,
entre deux craquements de son métier, le tisserand disait:
« Voilà les étudiants!»
Généralement, à l’heure du dîner, nous nous trouvions tout près du
Cours, chez Desnoues, le charron, qui était aussi maréchal. Sa boutique
était une ancienne auberge avec de grandes portes à deux battants qu’on
laissait ouvertes. De la rue on entendait grincer le soufflet de la forge et
l’on apercevait à la lueur du brasier, dans ce lieu obscur et tintant,
parfois des gens de campagne qui avaient arrêté leur voiture pour causer
un instant, parfois un écolier comme nous, adossé à une porte, qui
regardait sans rien dire. (Alain-Fournier)

16. Montrez comment fonctionne la thématisation (ou choix du thème) et la


rhématisation (choix des prédicats logiques) dans le texte qui suit.
Expliquez ensuite comment les anaphores CES ARRIVAGES et CES
ÉPAVES illustrent le fonctionnement des règles de répétition:
Mon père avait une passion: l’achat des vieilleries chez les brocanteurs.
Chaque mois, lorsqu’il revenait de « toucher son mandat » à la mairie, il
rapportait quelques merveilles: une muselière crevée (Ofr 50), un compas
diviseur épointé (1fr 50), un archet de contrebasse (1 fr), une scie de
chirurgien (2 fr), une longue-vue de marine où l’on voyait tout à l’envers (3
fr), un couteau à scalper (2 fr), un cor de chasse un peu ovalisé, avec une
embouchure de trombone (3 fr), sans parler d’objets mystérieux, dont
personne n’avait jamais pu trouver l’usage, et qui traînaient un peu partout
dans la maison.
Ces arrivages mensuels étaient pour Paul et pour moi une véritable fête. Ma
mère ne partageait pas notre enthousiasme. Elle regardait, stupéfaite, l’arc des
îles Fidji, ou l’altimètre de précision, dont l’aiguille, montée un jour à 4000
mètres (à la suite d’une ascension du Mont Blanc, ou d’une chute dans un
escalier) n’en voulut jamais redescendre.
Alors, elle disait avec force: «Surtout, que les enfants ne touchent pas à
ça!»
Elle courait à la cuisine, et revenait avec de l’alcool, de l’eau de Javel, des
236 Mariana TUÞESCU

cristaux de soude, et elle frottait longuement ces épaves.


Il faut dire qu’à cette époque, les microbes étaient tout neufs, puisque le
grand Pasteur venait à peine de les inventer, et elle les imaginait comme de
très petits tigres, prêts à nous dévorer par l’intérieur. (M.Pagnol)
Traduisez en roumain ce texte.

17. Découpez le texte ci-dessous en s é q u e n c e s t e x t u e l l e s, unités


constitutives de sa signification. Étudiez, dans la configuration de ce
texte, les rapports entre les t h è m e s et les r h è m e s. Montrez ensuite
1
comment les opérations d e s c h é m a t i s a t i o n discursive
2
contribuent à sa c o n t r a c t i o n :
On était de nouveau à l'époque de la fenaison, par un ciel bleu et très
chaud, que des brises rafraîchissaient; et l'on avait fixé le mariage au
jour de la Saint-Jean, qui tombait cette année-là un samedi.
Les Fouan avaient bien recommandé à Buteau de commencer les
invitations par la Grande, l'aînée de la famille. Elle exigeait des égards,
en reine riche et redoutée. Aussi, Buteau, un soir, s'en alla-t-il avec Lise,
tous les deux endimanchés, la prier d'assister à la noce, à la cérémonie,
puis au repas, qui devait avoir lieu chez la mariée.
La Grande tricotait, seule dans sa cuisine; et, sans ralentir le jeu des
aiguilles, elle les regarda fixement, elle les laissa s'expliquer, redire à
trois reprises les mêmes phrases. Enfin, de sa voix aiguë:
- À la noce, ah! non, bien sûr!... Qu'est-ce que j'irais faire, à la noce?...
C'est bon pour ceux qui s'amusent.
Ils avaient vu sa face de parchemin se colorer, à l'idée de cette bombance
qui ne lui coûterait rien; ils étaient certains qu'elle accepterait; mais
l'usage voulait qu'on la priât beaucoup.
- Ma tante, là, vrai! ça ne peut pas se passer sans vous.
- Non, non, ce n'est point fait pour moi. Est-ce que j'ai le temps, est-ce
que j'ai de quoi me mettre? C'est toujours de la dépense... On vit bien
sans aller à la noce.
Ils durent répéter dix fois l'invitation, et elle finit par dire d'un air
maussade:
- C'est bon, puisque c'est forcé, j'irai. Mais il faut que ce soit pour vous
que je me dérange.
Alors, voyant qu'ils ne partaient pas, un combat se livra en elle, car
1
La s c h é m a t i s a t i o n d i s c u r s i v e est constituée par les opérations
discursives qui créent un schéma, un simulacre simplifié de la réalité, fait d'actants,
d'acteurs, de procès, de situations, de circonstances, autant d'éléments qui réduisent
la complexité référentielle à un noyau dur, une mise en scène symbolique, une
théâtralité. À ce sujet, la schématisation discursive sera représentée par les
thématisatioons (ou choix des thèmes), les rhématisations (ou choix des rhèmes ou
prédicats logiques), la mise en évidence des situations, des circonstances et des
relations complexes entre tous ces éléments.
2
La c o n t r a c t i o n du texte est la réduction de celui-ci à ses éléments
sémantico-discursifs fondamentaux (nommés aussi « noyaux ») et la suppression des
éléments sémantico-discursifs complémentaires, secondaires (nommés aussi
«catalyses» ). C'est un résumé du texte.
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 237

d'habitude, dans cette circonstance, on offrait un verre de vin. Elle se


décida, descendit à la cave, bien qu'il eût là une bouteille entamée.
C'était qu'elle avait, pour ces occasions, un reste de vin tourné, qu'elle
ne pouvait boire, tant il était aigre, et qu'elle appelait du chasse-cousin.
Elle emplit deux verres, elle regarda son neveu et sa nièce d'un oeil si
rond, qu'ils durent les vider sans une grimace, pour ne pas la blesser. Ils
la quittèrent, la gorge en feu. (É. Zola)

18. Le texte qui suit est basé sur une p r o g r e s s i o n t h é m a t i q u e.


Analysez la manière dont chaque paragraphe apporte une information
pertinente pour la carrière professionnelle de Mouret, le créateur du
Bonheur des Dames, le type du grand magasin il y a plus d'un siècle:
La grande puissance était surtout la publicité. Mouret en arrivait à
dépenser par an trois cent mille francs de catalogues, d'annonces et
d'affiches. Pour sa mise en vente des nouveautés d'été, il avait lancé
deux cent mille catalogues, dont cinquante mille à l'étranger, traduits
dans toutes les langues. Maintenant, il les faisait illustrer de gravures, il
les accompagnait même d'échantillons, collés sur les feuilles. C'était un
débordement d'étalages, le Bonheur des Dames sautait aux yeux du
monde entier, envahissait les murailles, les journaux, jusqu'aux rideaux
des théâtres.
Il professait que la femme est sans force contre la réclame, qu'elle finit
fatalement par aller au bruit. Du reste, il lui tendait des pièges plus savants, il
l'analysait en grand moraliste. Ainsi, il avait découvert qu'elle ne résistait pas
au bon marché, qu'elle achetait sans besoin, quand elle croyait conclure une
affaire avantageuse; et, sur cette observation, il basait son système des
diminutions de prix, il baissait progressivement les articles non vendus,
préférant les vendre à perte, fidèle au principe du renouvellement rapide des
marchandises. Puis, il avait pénétré plus avant encore dans le coeur de la
femme, il venait d'imaginer « les rendus », un chef-d'oeuvre de séduction
jésuitique. « Prenez toujours, madame: vous nous rendrez l'article s'il cesse
de vous plaire.» Et la femme, qui résistait, trouvait là une dernière excuse, la
possibilité de revenir sur une folie: elle prenait, la conscience en règle.
Maintenant, les rendus et la baisse des prix entraient dans le fonctionnement
classique du nouveau commerce.
Mais où Mouret se révélait comme un maître sans rival, c'était dans
l'aménagement intérieur des magasins. Il posait en loi que pas un coin du
Bonheur des Dames ne devait rester désert; partout, il exigeait du bruit, de la
foule, de la vie: car la vie, disait-il, attire la vie, enfante et pullule. De cette loi,
il tirait toutes sortes d'applications. D'abord, on devait s'écraser pour entrer, il
fallait que, de la rue, on crût à une émeute; et il obtenait cet écrasement en
mettant sous la porte les soldes, des casiers et des corbeilles débordant
d'articles à vil prix; si bien que le menu peuple s'amassait, barrait le seuil,
faisait penser que les magasins craquaient de monde, lorsque souvent ils
n'étaient qu'à demi-pleins. Ensuite, le long des galeries, il avait l'art de
dissimuler les rayons qui chômaient, par exemple les châles en été et les
indiennes en hiver; il les entourait de rayons vivants, les noyait dans un
238 Mariana TUÞESCU

vacarme. Lui seul avait encore imaginé de placer au deuxième étage les
comptoirs des tapis et des meubles, des comptoirs où les clients étaient plus
rares, et dont la présence au rez-de-chaussée aurait creusé des trous vides et
froids. S'il en avait découvert le moyen, il aurait fait passer la rue au travers
de sa maison. (E. Zola)

I. Dressez la liste de tous les procédés employés par Mouret dans son magasin
pour faire de la publicité (`À ce sujet, observez le premier paragraphe).
II. Comment Mouret s'y prend-il pour inciter les femmes à acheter? Dressez la
liste de tous ses «pièges» (Observez le deuxième paragraphe).
III. Montrez comment Mouret conçoit l'aménagement du magasin pour son
plus grand profit. (Observez le troisième paragraphe).
IV. A partir de l'étude du texte, comparez le grand commerce du XIXe siècle
avec celui d'aujourd'hui.
V. Faites-vous vos courses dans une grande surface, un supermarché? Dans
l'affirmative, décrivez:
- les employés, leur travail;
- l'aménagement du magasin: disposition des «gondoles», des rayons,
des produits en réclames;
- la publicité dans le magasin (annonces au micro, réclames, jeux...)
- les techniques de vente (soldes, promotions);
- l’approvisionnement du magasin etc.
Vous pouvez vous intéresser encore à d'autres aspects. À vous de les
découvrir.
VI. Mouret fait-il preuve de vertus « managérielles » modernes?

2. DISCOURS DIRECT /VS/ DISCOURS RAPPORTÉ

1. Le d i s c o u r s d i r e c t reflète une première situation


d'énonciation, dans laquelle on cite une opinion propre à un
énonciateur qui s'exprime dans un moment temporel To et un
espace Eo. Le locuteur recrée, à l'intérieur de sa propre parole,
l'espace énonciatif de cet énonciateur, agent effectif de l'acte émis.
Ce discours direct apparaît dans des exemples tels:
(A) - Le boulanger dit: « Le pain augmentera encore la
semaine prochaine ».
(B) - Ferme la porte!
(C) - Quelle heure est-il?
(D) - Où vas-tu?
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 239

(E) - Sortez!
(F) - J'imagine que Colette sera là.
(G) - Je vous demande de fermer la porte.
(H) - Tu n'es pas disponible en ce moment.
(I) - Maintenant je peux te dire la vérité.
(J) - Aujourd'hui il fait beau: demain il fera peut-être
mauvais.
(K) - (Jean à son ami Paul) - Je démissionnerai.
(L) - Tu peux partir, lui dit Jacques.
(M) - Où aller?
(N) - (Le député X de l'Assemblée Générale à un Doyen de
Faculté Y) - Vous m'avez invité à venir visiter
votre Faculté. Cela ne me sera pas possible en ce
moment. Croyez que je le regrette vivement.
(O) - Quel dommage que vous ne soyez pas venus. Pas un
nuage pendant 15 jours; et des pistes! Je ne vous dis que ça.
(P) (i) - Hep! tu viens m'aider?
(ii) - Dis donc, si tu m'aidais un peu?
(iii) - Alors, on n'aide pas le copain, non?
(Iv) - Un coup de main, ça ne serait pas de trop!

Le d i s c o u r s r a p p o r t é reflète une deuxième situation


d'énonciation, dans laquelle le locuteur rapporte une opinion, la
plupart du temps celle d'un tiers. Cette deuxième situation de
communication se place dans un moment temporel T1 (différent
de T0) et dans un espace E1 (différent de E0). La valeur de vérité
de la proposition P, exprimée dans le discours rapporté, n'est pas
prise en charge par le locuteur; en ce sens, P n'appartient pas à
l'univers de croyance de celui-ci, mais à l'hétéro-univers de celui
dont on rapporte les paroles.
Sous sa forme la plus simple, le d i s c o u r s r a p p o r t é n'est
que la simple reprise par un locuteur d'énoncés d'une
conversation qu'il a entendue ou à laquelle il a participé.
P r e m i e r p a s v e r s l e r é c i t, le discours rapporté transpose
sur le plan linguistique l'implicite sémantique, logique,
psychologique ou émotionnel d'une conversation directe, d'une
énonciation de premier degré. Dans le discours rapporté, l'énoncé
renvoie à un double signifié, le deuxième étant une modulation du
premier que l'on réactive. Une certaine distance sémantique se
creuse entre le discours direct et le discours rapporté.
240 Mariana TUÞESCU

Le passage du discours direct au discours rapporté impose certaines


transformations morpho-syntaxiques: l'apparition des verbes de
communication, nommés généralement verbes « transcripteurs du
discours rapporté » (dire, demander, ordonner, exiger, conseiller, défendre,
inviter à, permettre, estimer, juger), des transpositions de temps
verbaux, la transformation des indicateurs temporels déictiques, la
modification de la personne grammaticale, des combinaisons de
phrases simples en phrases complexes, des formules nominales
comme: à mon avis, au dire de X, selon X, d'après X, ou autres marques
de citation.
Ainsi, par exemple, transposés en discours rapporté, les énoncés de
sous (A)- (P) deviendraient:
(A') Le boulanger dit que le pain augmentera encore la semaine d'après.
(B') Il me/lui dit de fermer la porte.
(C') Il me demanda quelle heure il était.
(D') Il me demanda où j'allais.
(E') Il m'ordonna de sortir.
(F') Il imagina/s'imagina que Colette sera là.
(F") Il imaginait/s'imaginait que Colette serait là.
(G') Il lui avait demandé de fermer la porte.
(H') Il croyait qu'elle n'était pas disponible à ce moment-là.
(I') Il lui demandait s'il pouvait alors lui dire la vérité.
(J') Il affirmait que ce jour-là il faisait beau; il estimait que le lendemain il
ferait peut-être/probablement beau.
(K') Jean annonça à son ami Paul qu'il démissionnerait.
(L') Jacques lui donna la permission de partir.
(M') Je me demande où aller.
(N') Monsieur le député X de l'Assemblée Générale a refusé de venir
visiter la Faculté Y sur la demande de son Doyen.
ou:
(N") Il n'a pas été possible à M. le député X d'aller visiter la Faculté Y.
ou:
(N"') M. le député X s'est excusé de ne pouvoir visiter la Faculté Y sur
l'invitation de son Doyen.
(O') Ils sont ravis. Ils ont eu un temps extraordinaire aux sports d'hiver;
les pistes étaient sensationnelles, paraît-il. Ils ont regretté que leurs amis
ne fussent pas venus les rejoindre.
(P') Il m'a demandé de l'aider.
Comme on le voit surtout d'après les derniers exemples, une rupture
sémantique se crée entre le discours direct et le discours rapporté.
Le premier témoigne de la subjectivité du locuteur, de son
affectivité; ceci apparaît dans l'emploi des deux premières
personnes (les personnes de dialogue), du présent, des exclamations
et interjections, des éléments temporels déictiques qui renvoient au
temps présent (T0 ) de l'énonciation.
Par contre, le discours rapporté, qui re-formule le message du
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 241

premier discours, vise à la neutralité, à la reprise de


l'information objective, celle-ci étant rapporté par le locuteur
dans un second temps de la communication.
Certains verbes signifient différemment en discours direct et en
discours rapporté. Ainsi, par exemple, le verbe imaginer.
Employé en discours direct, donc au présent, à la première
personne, il est équivalent de penser:
(I) J'imagine que Jacques sera là
signifie une supposition proche de la certitude, j'imagine est
quasi-synonyme de « je pense ».
(II) Il imagine que Jacques sera là,
donc en discours rapporté, à la troisième personne, il imagine
signifie «il se figure» («à mon avis, il se trompe». Avec la forme
pronominale il s'imagine, on accentue le caractère illusoire de cet
acte de pensée.
Avec un verbe comme prétendre, on assiste à une rupture
sémantique entre les deux emplois. Ainsi:
(III) - Je prétends, Messieurs, que la gestion de l'entreprise
est efficace
signifie « j'affirme..., je me porte garant d'une certitude »,
l'emploi du verbe étant performatif.
(IV) Il a prétendu que la gestion de l'entreprise était efficace
signifie «il a eu l'audace d'affirmer une chose que nous
considérons comme fausse», le verbe prétendre, à la troisième
personne, n'étant pas performatif.
Pour ce qui est des transformations d'indicateurs temporels
déictiques, dans le passage du discours direct au discours
rapporté, nous donnons ci-dessous les équivalences les plus
fréquentes:
DISCOURS DIRECT DISCOURS RAPPORTÉ
PRÉSENT
aujourd'hui le jour même, ce jour-là
en ce moment à ce moment-là
maintenant alors, à ce moment-là
PASSÉ
hier la veille
ce soir ce soir-là
cette semaine cette semaine-là
ce mois-ci ce mois-là
cette année cette année-là
l'autre jour quelques jours avant
il y a deux jours deux jours plus tôt/avant
242 Mariana TUÞESCU

(le mois) dernier (le mois) précédent/d'avant


dimanche dernier le dimanche d'avant/précédent
la semaine passée la semaine d'avant/précédente
le mois passé le mois d'avant/précédent
l'année passée l'année précédente
FUTUR
demain le lendemain
dans X jours X jours plus tard
dimanche prochain le dimanche suivant/d'après
la semaine prochaine la semaine suivante/d'après
le mois prochain le mois suivant/d'après
l'année prochaine l'année suivante/d'après

Dans la bibliographie de spécialité, le discours rapporté est nommé


le plus souvent s t y l e i n d i r e c t.
L'un de ses aspects, le s t y l e i n d i re ct l i b r e, reflète
l'ingérence du discours direct dans le discours rapporté. Le style
indirect libre se caractérise par des marques qui signalent la
citation, mais l'opinion rapportée par ce type de discours n'est
pas en rapport de dépendance syntaxique avec le contexte-
source de la citation.
En outre, le discours indirect libre emprunte au discours direct
diverses marques syntaxiques et sémantiques d'immédiateté, de
spontanéité et d'oralité, qui jouent le rôle de marques
supplémentaires de citation.
Ce type de discours est particulièrement caractéristique de la prose
littéraire qui retrace la psychologie des personnages.
2. Compte tenu de ces considérations, transposez les énoncés suivants du
discours direct en discours rapporté:
(1) (Colette à son amie Jacqueline) - Je passerai demain vous voir.
(2) «La santé de ma mère me donne en ce moment beaucoup de soucis»,
m'écrit Évelyne.
(3) «J'ignore, hélas, combien de jours ton cousin passera chez nous», me
dit Marie.
(4) Savez-vous s'il viendra?
(5) - Qu'est-ce que tu as acheté à la foire aux puces?
- Pas grand-chose, lui ai-je répondu.
(6) (Pierre à Jean) - Aidez-moi!
(7) Aujourd'hui, c'est la rentrée des classes et j'en suis fort émue.
(8) - Tu as bien dormi?
- Oui.
(9) - Taisez-vous! dit le professeur à ses élèves.
(10) (Le général X à ses soldats): - Soldats, je vous fait confiance.
Attaquez! Vous ferez à coup sûr plier les ennemis et la patrie sera fière
de vous.
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 243

(11) Le héron déclara: « Je vis de régime et je mange à mes heures ».


(12) La semaine passée, ma soeur s'est cassé la jambe.
(13) Nous partirons dans trois jours pour un long voyage à travers
l'Europe.
(14) La semaine prochaine, au plus tard, vous devrez me payer le loyer,
nous prévint notre logeuse, propriétaire de l'appartement.
(15) Y a-t-il une cabine téléphonique dans les environs? Car ce soir je dois
appeler mon associé.

3. Précisez quels sont, dans le texte qui suit, les énoncés propres au discours
direct et les énoncés caractéristiques du discours rapporté:
Il me fallut longtemps pour comprendre d'où il venait.
Le petit Prince, qui me posait beaucoup de questions, ne semblait jamais
entendre les miennes. Ce sont des mots prononcés par hasard qui, peu à
peu, m'ont tout révélé. Ainsi, quand il aperçut pour la première fois
mon avion (je ne dessinerai pas mon avion, c'est un dessin beaucoup
trop compliqué pour moi), il me demanda:
- Qu'est-ce que c'est que cette chose-là?
- Ce n'est pas une chose. Ça vole. C'est un avion. C'est mon avion. Et
j'étais fier de lui apprendre que je volais. Alors il s'écria:
- Comment? Tu es tombé du ciel!
- Oui, fis-je modestement.
- Ah! ça c'est drôle...
Et le petit Prince eut un très joli éclat de rire qui m'irrita beaucoup. Je désire
que l'on prenne mes malheurs au sérieux. (A. de Saint-Exupéry)
Relevez les verbes transcripteurs du discours rapporté.

4. Transformez le texte suivant du discours direct en discours rapporté:


Ah! petit Prince, j'ai compris, peu à peu, ainsi, ta petite vie mélancolique.
Tu n'avais eu longtemps pour distraction que la douceur des couchers de
soleil. J'ai appris ce détail nouveau le quatrième jour au matin quand tu
m'as dit:
- J'aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil...
- Mais il faut attendre...
- Attendre quoi?
- Attendre que le soleil se couche.
Tu as eu l'air très surpris d'abord, et puis tu as ri de toi-même. Et tu m'as
dit:
- Je me crois toujours chez moi!(A. de Saint-Exupéry)

5. Dans le récit suivant, transposez les énoncés de discours rapporté en


énoncés de discours direct:
La chaleur, à ce moment, sembla monter encore. Cottard enleva sa veste et
frappa sur la tôle. Un petit homme, perdu dans un long tablier bleu, sortit du
fond, salua Cottard du plus loin qu’il le vit, avança en écartant le coq d’un
vigoureux coup de pied et demanda, au milieu des gloussements du volatile,
244 Mariana TUÞESCU

ce qu’il fallait servir à ces messieurs.


Cottard demanda du vin blanc et s’enquit d’un certain Garcia. Selon le
nabot, il y avait déjà quelques jours qu’on ne l’avait vu dans le café.
(A.Camus)
Quels sont, dans le texte ci-dessus, les verbes transcripteurs de discours
rapporté?

6. Dans le texte qui suit, transformez les énoncés propres au discours direct
en énoncés de discours rapporté:
Paul arrivait, pied nus, pour savoir ce qui se passait et il demanda:
- Est-ce qu’il y a des chameaux?
- Non, dit mon père, il n’y a pas de chameaux.
- Et des rhinocéros?
- Je n’en ai pas vus.
J’allais poser mille questions, lorsque ma mère me dit:
- Mange.
- Et comme j’oubliais ma tartine, elle poussa ma main vers ma bouche.
Puis, elle se tourna vers Paul:
- Toi, va d’abord mettre tes pantoufles, sinon tu vas nous faire encore une
angine. Allez, file!

7. Le texte ci-dessous, tiré de La Peste d'Albert Camus, retrace une


conversation entre le journaliste Rambert, Tarrou et le docteur Rieux.
Transformez-le en discours rapporté, tout en opérant les modifications
syntaxiques qui s'imposent:
- Vous savez, docteur, dit-il [Rambert], j'ai beaucoup pensé à votre
organisation. Si je ne suis pas avec vous, c'est que j'ai mes raisons. Pour
le reste, je crois que je saurais encore payer de ma personne, j'ai fait la
guerre d'Espagne.
- De quel côté? demanda Tarrou.
- Du côté des vaincus. Mais depuis, j'ai un peu réfléchi.
- À quoi? fit Tarrou.
- Au courage. Maintenant je sais que l'homme est capable de grandes
actions. Mais s’il n'est pas capable d'un grand sentiment, il ne
m'intéresse pas.
- On a l'impression qu'il est capable de tout, dit Tarrou.
- Mais non, il est incapable de souffrir ou d'être heureux longtemps. Il
n'est donc capable de rien qui vaille.
Il les regardait, et puis:
- Voyons, Tarrou, êtes-vous capable de mourir pour un amour?
- Je ne sais pas, mais il me semble que non, maintenant.
- Voilà. Et vous êtes capable de mourir pour une idée, c'est visible à l'oeil
nu. Eh bien, moi, j'en ai assez des gens qui meurent pour une idée. Je
ne crois pas à l'héroïsme, je sais que c'est facile et j'ai appris que c'était
meurtrier. Ce qui m'intéresse, c'est qu'on vive et qu'on meure de ce
qu'on aime.
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 245

Rieux avait écouté le journaliste avec attention. Sans cesser de le regarder,


il dit avec douceur:
- L'homme n'est pas une idée, Rambert.
L'autre sautait de son lit, le visage enflammé de passion.
- C'est une idée, et une idée courte, à partir du moment où il se détourne de
l'amour. Et justement, nous ne sommes plus capables d'amour.
- Résignons-nous, docteur. Attendons de le devenir et si vraiment ce n'est
pas possible, attendons la délivrance générale sans jouer au héros. Moi,
je ne vais pas plus loin. (A. Camus)

8. Vous avez ci-dessous un texte au discours rapporté:


Ses lieutenants le suppliaient de rester sur la défensive: ils disaient qu'une
offensive n'aurait aucune chance de succès avant l'arrivée des renforts et
que, jusque-là, il ne devait pas hasarder la vie des soldats.
Voici comment il pourra être transposé au discours direct:
- Restez sur la défensive, suppliaient ses lieutenants; une offensive n'aura
pas de chance de succès avant l'arrivée des renforts; jusque-là vous ne
devez pas hasarder la vie des soldats.
Au discours indirect libre il deviendra:
D'après ses lieutenants, il devait rester sur la défensive; une offensive n'aurait
pas de chance de succès avant l'arrivée des renforts; jusque-là il ne devait pas
hasarder la vie de ses soldats.(D'après Aline Arénilla-Béros)

9. Vous avez ci-dessous des discours rapportés, des discours indirects libres basés
sur des verbes transcripteurs du discours rapporté, verbes de communication
qui se trouvent en italiques. Transformez ces textes en discours directs tout en
maintenant inchangés les énoncés neutres de ce point de vue ou ceux qui
expriment déjà des discours directs:
(I) Un soir, elle avoua à Maxime qu'elle mourait d'envie d'aller à un bal
que Blanche Muller, une actrice en vogue, donnait aux princesses de la
rampe et aux reines du demi-monde. Cet aveu surprit et embarrassa le
jeune homme lui-même, qui n'avait pourtant pas de grands scrupules. Il
voulut catéchiser sa belle-mère: vraiment, ce n'était pas là sa place; elle
n'y verrait, d'ailleurs, rien de bien drôle; puis, si elle était reconnue, cela
ferait scandale. A toutes ces bonnes raisons elle répondait, les mains
jointes, suppliant et souriant:
- Voyons, mon petit Maxime, sois gentil. Je le veux... Je mettrai un
domino bleu sombre, nous ne ferons que traverser les salons.(É. Zola)
(II) Elle lui conta la peur qu'elle venait d'avoir dans le parc Monceau.
Alors elle lui confessa une autre de ses envies: elle aurait voulu faire, la
nuit, sur le petit lac du parc, une promenade dans la barque qu'elle
voyait de ses fenêtres, échouée au bord d'une allée. Il trouva qu'elle
devenait élégiaque. (É. Zola)
246 Mariana TUÞESCU

3. LES TYPES DE TEXTES


3.1. Le récit
1. Le récit est l’unité textuelle formée d’une succession minimale
d’événements survenant en un temps T, puis T + n, succession
d’événements orientée vers une fin et emportée par une tension.
L’unité thématique du récit a un caractère anthropomorphe: il ne
peut y avoir de récit là où il n’y a pas implication d’intérêt humain.
A ce sujet, le récit comporte un ou plusieurs acteurs (= sujets
agissants), des patients, liés entre eux par des prédicats
transformateurs. Le récit est structuré par l’unité d’une même et
unique action. Sa logique causale et chronologique est ternaire,
dominée par la tension transformationnelle: SITUATION INITIALE
+ FAIRE «TRANSFORMATEUR» (Procès agi ou subi) + SITUATION
FINALE.
«En narrativité, - écrit U.Eco - le souffle n’est pas confié à des
phrases, mais à des macro-propositions plus amples, à des
scansions d’événements» (Apostille au Nom de la Rose, 1985)
Démontrez que les unités textuelles suivantes sont des récits. Tâchez ensuite
de les analyser en séquences narratives et celles-ci en macro-propositions
constitutives de la séquence. Relevez le rôle du temps verbal dans la
causalité événementielle:
(I) Comme il parlait ainsi, Catherine la dentellière parut sur le seuil, le
bonnet sur l’oreille et son fichu très chiffonné. A sa vue, ma mère fronça
le sourcil et laissa tomber trois mailles de son tricot.
- Monsieur Ménétrier, dit Catherine à mon père, venez dire un mot aux
sergents du guet. Si vous ne le faites, ils conduiront sans faute frère Ange en
prison. Le bon frère est entré tantôt au Petit Bacchus, où il a bu deux ou trois
pots qu’il n’a point payés, de peur, disait-il, de manquer à la règle de saint
François. Mais le pis de l’affaire est que, me voyant sous la tonnelle en
compagnie, il s’approcha de moi pour m’apprendre certaine oraison
nouvelle. Je lui dis que ce n’était pas le moment et, comme il devenait
pressant, le coutelier boiteux, qui se trouvait tout à côté de moi, le tira très
fort par la barbe. Alors, frère Ange se jeta sur le coutelier, qui roula à terre,
emportant la table et les brocs. Le cabaretier accourut au bruit et, voyant la
table culbutée, le vin répandu et frère Ange un pied sur la tête du coutelier,
brandissant un escabeau dont il frappait tous ceux qui l’approchaient, ce
méchant hôte jura comme un diable et s’en fut appeler la garde. Monsieur
Ménétrier, venez sans tarder, venez tirer le petit frère de la main des sergents.
C’est un saint homme et il est excusable dans cette affaire. (A.France)
(II) Charles, le lendemain, fit revenir la petite. Elle demanda sa maman.
On lui répondit qu’elle était absente, qu’elle lui rapporterait des joujoux.
Berthe en reparla plusieurs fois; puis, à la longue, elle n’y pensa plus. La
gaieté de cette enfant navrait Bovary, et il avait à subir les intolérables
consolations du pharmacien.
Les affaires d’argent bientôt recommencèrent, M.Lheureux excitant de
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 247

nouveau son ami Vinçart, et Charles s’engagea pour des sommes


exorbitantes; car jamais il ne voulut consentir à laisser vendre le moindre
meuble qui lui avait appartenu. Sa mère en fut exaspérée. Il s’indigna plus
fort qu’elle. Il avait changé tout à fait. Elle abandonna la maison.
Alors chacun se mit à profiter. Mlle Lempereur réclama six mois de leçons,
bien qu’Emma n’en eût jamais pris une seule (malgré cette facture acquittée
qu’elle avait fait voir à Bovary): c’était une convention entre elles deux; le
loueur de livres réclama trois ans d’abonnement; la mère Rollet réclama le
port d’une vingtaine de lettres, et, comme Charles demandait des
explications, elle eut la délicatesse de répondre:
- Ah! Je ne sais rien! c’était pour ses affaires.
A chaque dette qu’il payait, Charles croyait en avoir fini. Il en survenait
d’autres, continuellement. (G.Flaubert)

2. Vous avez ci-dessous un fragment de récit historique. Relevez, dans ce


texte, les emplois du présent de narration ou présent historique, temps
qui rend plus vivants les événements décrits, qui place le lecteur
imaginairement en témoin de l’action passée.
Substituez au présent historique des temps du passé et observez les
modifications entraînées par ce changement.
Étudiez, également, les imparfaits narratifs. Dans quel(s) énoncé(s)
l’imparfait pourra-t-il être remplacé par un passé simple?
LA PRISE DE LA BASTILLE
Le gros Santerre, un brasseur que le faubourg s’était donné pour
commandant, proposait d’incendier la place en y lançant de l’huile
d’oeillet d’aspic, qu’on avait saisie la veille et qu’on enflammerait avec
du phosphore. Il envoyait chercher les pompes.
Un charron, ancien soldat, sans s’amuser à ce parlage, se mit bravement à
l’oeuvre. Il s’avance, la hache à la main, monte sur le toit d’un petit corps de
garde, voisin du premier pont-levis, et, sous une grêle de balles, il travaille
paisiblement, coupe, abat les chaînes, fait tomber le pont. La foule passe; elle est
dans la cour. On tirait à la fois des tours et des meurtrières qui étaient au bas.
Les assaillants tombaient en foule, et ne faisaient aucun mal à la garnison. De
tous les coups de fusil qu’ils tirèrent tout le jour, deux portèrent: un seul des
assiégés fut tué. (J.Michelet, Histoire de la Révolution française)

3. Étudiez dans le récit qui suit le rôle du passé simple et celui de l’imparfait.
Relevez la chronologie de l’enchaînement des événements narratifs:
Un homme s’élança sur le cadavre. Bien qu’il fût sans barbe, il avait à
l’épaule le manteau des prêtres de Moloch, et à la ceinture l’espèce de
couteau leur servant à dépecer les viandes sacrées et que terminait, au
bout du manche, une spatule d’or. D’un seul coup il fendit la poitrine de
Mâtho, puis en arracha le coeur, le posa sur la cuiller et Schahabarim,
levant le bras, l’offrit au Soleil.
Le soleil s’abaissait derrière les flots; ses rayons arrivaient comme de
longues flèches sur le coeur tout rouge. L’astre s’enfonçait dans la mer à
248 Mariana TUÞESCU

mesure que les battements diminuaient; à la dernière palpitation, il


disparut.
Alors, depuis le golfe jusqu’à la lagune et de l’isthme jusqu’au phare,
dans toutes les rues, sur toutes les maisons et sur tous les temples, ce fut
un seul cri; quelquefois il s’arrêtait, puis recommençait; les édifices en
tremblaient. Carthage était comme convulsée dans le spasme d’une joie
titanique et d’un espoir sans bornes.
Narr’Havas, enivré d’orgueil, passa son bras gauche sous la taille de
Salammbô, en signe de possession; et, de la droite, prenant une patère
d’or, il but au Génie de Carthage.
Salammbô se leva comme son époux, avec une coupe à la main, afin de
boire aussi. Elle retomba, la tête en arrière, par-dessus le dossier du
trône, blême, raidie, les lèvres ouvertes, et ses cheveux dénoués
pendaient jusqu’à terre.
Ainsi mourut la fille d’Hamilcar pour avoir touché au manteau de Tanit.
(G.Flaubert)

4. La logique macro-propositionnelle du récit se réduit à un schéma


quinaire qui hiérarchise les événements chronologiques et leurs liens
de causalité. Ces cinq moments qui «découpent» la structure du
récit sont les suivants:
1. Une situation initiale, nommée aussi Orientation.
2. Un ou plusieurs éléments qui compliquent l’histoire, un
premier élément déclencheur ou perturbateur.
3. Une situation de déséquilibre, «FAIRE» transformateur ou
évaluation de l’histoire.
4. Un ou plusieurs éléments qui visent à rétablir l’équilibre, la
résolution de l’histoire ou un second élément déclencheur.
5. La situation finale ou nouvel équilibre; morale.
Analysez la structure logique quinaire de la fable suivante:
LE COCHE ET LA MOUCHE
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé
Et de tous les côtés au soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un coche.
Femmes, moine, vieillards, tout était descendu;
L’attelage suait, soufflait, était rendu.
Une Mouche survient, et des chevaux s’approche,
Prétend les animer par son bourdonnement,
Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment
Qu’elle fait aller la machine,
S’assied sur le timon, sur le nez du cocher.
Aussitôt que le char chemine,
Et qu’elle voit les gens marcher,
Elle s’en attribue uniquement la gloire,
Va, vient, fait l’empressée: il semble que ce soit
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 249

Un sergent de bataille allant en chaque endroit


Faire avancer ses gens et hâter la victoire.
La Mouche, en ce commun besoin,
Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin;
Qu’aucun n’aide aux chevaux à se tirer d’affaire.
Le moine disait son bréviaire:
Il prenait bien son temps! Une femme chantait:
C’était bien de chansons qu’alors il s’agissait!
Dame Mouche s’en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail, le Coche arrive en haut.
«Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt:
J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Ça, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.»
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S’introduisent dans les affaires.
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés. (La Fontaine, Fables)
Commentez ce jugement de Taine: «Pour sentir l’importunité de la mouche, il
faut être importuné de ses allées, de ses venues, de ses piqûres, de son
bourdonnement. (...) La critique est en action et le ridicule palpable, parce que la
sottise tombe du moral dans le physique et que l’impertinence des pensées et des
sentiments devient l’impertinence des gestes et des mouvements».
Quel est l’équivalent roumain du concept Le Coche et la Mouche?

5. Vous avez ci-dessous trois textes sur les «joies de la bicyclette». Étudiez
attentivement et en en tirant profit, racontez votre première leçon de
natation, de ski ou de patin:
(I) LA LEÇON DE BICYCLETTE
- Je voudrais essayer, dit Elisabeth.
- Tu es déjà montée à bicyclette? demanda Pépitou (le grand-père
d’Elisabeth).
- Non.
- Alors, fais attention. Ne te crispe pas. C’est moi qui te guide.
Pépitou l’épaula légèrement et se mit en marche. La machine roulait
avec lenteur. Il pressa le pas. Elisabeth appuya sur les pédales. Pépitou,
accroché à la bicyclette, commença à trotter en soufflant.
- Bon... bon... Pédale toujours... Regarde en avant!...
Grisée par le succès, Elisabeth accéléra le mouvement de ses jambes.
- Pas si vite! gronda Pépitou, qui maintenant, était obligé de courir pour
rester au niveau des roues.
Soudain, elle se sentir seule, libre, perchée très haut, entourée de vide.
Pépitou l’avait lâchée. Une crainte délicieuse lui poignait le coeur. Le guidon
vibrait dans ses mains. Les fenêtres de l’école défilaient en sautillant le long de
sa joue droite. Elle allait s’envoler. Un caillou en décida autrement. La roue
avant hésita, dévia. Elisabeth se retrouva par terre, les jambes prises sous sa
machine, dont une pédale tournait encore. Elle s’était écorché le genou. Le
250 Mariana TUÞESCU

sang coulait, mais elle n’avait pas mal. En voyant accourir Pépitou, elle pouffa
de rire. Geneviève le suivait. Elle était blanche et balbutiait d’une voix
mourante:
- Tu vois que c’est dangereux, Pépitou!
Puis elle s’enfuit en hurlant:
- Maman! Maman! Vite! Elisabeth s’est blessée!
Pépitou avait une mine coupable. N’était-il pas l’instigateur de cette
expérience qui se terminait par un accident? (H.Troyat)
(II) LES JOIES DE LA BICYCLETTE
Le soir de ce même jour, à neuf heures, deux bicyclettes sortaient de
Nevers. Bénin et Broudier roulaient coude à coude. Comme il y avait clair
de lune, deux ombres très longues, très minces, précédaient les machines,
telles que les deux oreilles du même âne.
- Sens-tu cette petite brise, disait Bénin.
- Si je la sens, répondait Broudier. Ça me traverse les cheveux tout
doucement, comme un peigne aux dents espacées.
- Tu as quitté ta casquette?
- Oui, on est mieux.
- C’est vrai. Il semble qu’on ait la tête sous un robinet d’air... Mon vieux!
Je suis heureux! Tout est admirable! Et nous glissons à travers tout sur de
souples et silencieuses machines. Je les aime, ces machines... Elles ne nous
portent pas bêtement...
Mais le mouvement cessa de leur être insensible. Ils durent peser sur les
pédales. Une montée toute droite faisait une lueur entre des arbres noirs.
La côte était ardue. Chaque pédale, tour à tour, semblait aussi résistante
qu’une marche d’escalier. Elle cédait pourtant, et les roues avançaient par
saccades. La machine faisait front d’un côté puis de l’autre, comme une
chèvre qui lutte contre un chien.
La côte était gravie. Cent mètres de plaine, puis les machines partirent toutes
seules. (...) Les deux bicyclettes allaient d’une vitesse toujours accrue. Les deux
roues d’avant sautaient ensemble. (J.Romains)
(III) PROMENADE À BICYCLETTE
Si déjà pour un jeune homme ordinaire la bicyclette est un instrument
bien amusant, que ne devait-elle pas sembler à un pauvre garçon comme
moi, qui naguère encore, traînait misérablement la jambe, trempé de
sueur, dès le quatrième kilomètre!...
Au haut des côtes, descendre et s’enfoncer dans le creux des paysages;
découvrir comme à coups d’ailes les lointains de la route qui s’écartent et
fleurissent à votre approche, traverser un village dans l’espace d’un instant
et l’emporter tout entier d’un coup d’oeil... En rêve seulement j’avais
connu jusque-là course aussi charmante, aussi légère. Les côtes me
trouvaient plein d’entrain. (Alain-Fournier)

6. Continuez les séquences qui préludent à des récits. Construisez ces récits.
Veillez au bon emploi des temps verbaux:
1. Nos voisins, les Vincent, trouvent, à leur retour des vacances, la clôture
brisée et, à l’intérieur, l’appartement saccagé. Alors...
2. La foule est arrêtée, derrière le portillon, par une double porte fermée
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 251

qui l’empêche d’accéder au quai de la station. L’escalier qui descend


jusque-là est entièrement occupé par des sapeurs-pompiers. C’est que, il
y a quelques instants il y eut...
3. Tard dans la nuit, un bruit étrange et un vrombissement de moteur me
réveillèrent. Quand je descendis dans la rue...
4. Une détonation retentit. Alors...
7. Reconstituez le récit dont l’ordre a été bouleversé:
A. Ne pouvant atteindre le contenu du meuble, ils se sont alors servi d’un
hameçon accroché au bout d’un fil.
B. Comme seul indice, la police ne possède, pour l’instant, que l’hameçon
laissé par les voleurs.
C. Des malfaiteurs avertis mais aussi pêcheurs à la ligne chevronnés ont su
contourner la difficulté.
D. Ils ont ainsi ferré plusieurs enveloppes contenant près de10 000 francs.
E. Après s’être introduits par effraction dans les locaux d’une station-
service, ils ont percé un important coffre-fort.
Trouvez un titre amusant à cet article.
8. Voici, indiquées dans le désordre, les séquences narratives d’un récit
policier. Remettez ces éléments dans l’ordre logique, en rétablissant entre
eux la ponctuation qui vous paraît souhaitable:
A. - À moins d’admettre que l’assassin ait bondi vers sa victime au
moment même où il tirait pour la deuxième fois, on doit donc penser
qu’il n’était pas seul.
B. - car enfin le meurtrier peut s’être muni de deux revolvers.
C. - certes, le fait que les deux balles ne proviennent pas de la même arme
ne prouve nullement que l’assassin ait eu un complice.
D. - or, le témoignage du concierge, confirmé par celui des voisins, est formel:
les deux détonations se sont produites presque simultanément.
E. - mais ce qui est plus révélateur à cet égard, c’est que les deux balles,
mortelles l’une et l’autre, ont été tirées l’une à bout portant et l’autre à
plus de deux mètres.

9. A quels moments d’un récit et dans quel type de textes trouve-t-on ces
expressions?
1. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.
2. A suivre.
3. La suite au prochain numéro.
4. Le cas de Mademoiselle X n’est pas banal.
5. Il était une fois. (Trouve-t-on: Il était deux fois?)
6. Toute ressemblance avec les événements récents ou des personnages
contemporains serait purement fortuite.
7. Ceci est l’histoire véridique d’une baleine qui fut transformée en une
adorable souris.
10. Que signifient ces expressions très courantes:
252 Mariana TUÞESCU

- C’est une histoire qui n’a ni queue ni tête.


- C’est un conte à dormir debout.
- C’est une histoire à suspense.
- L’épopée de l’équipe de France de rugby.
- Un malheur n’arrive jamais seul.
- Tout est bien qui finit bien?
Au lieu de donner, comme un dictionnaire, le sens de ces expressions,
insérez-les dans de courts récits.
11. La logique du récit s’avère fort pertinente pour le compte rendu d’un
événement. Celui-ci est d’un usage courant: témoignage écrit sur un
accident, avis d’un fournisseur ne respectant pas la date d’une livraison,
relation d’un différend avec un client, etc.
En voici un spécimen amusant. Résumez-le et dites où pousse l’ironie de
l’énonciateur:
Monsieur,
Je soussigné X, maçon chargé des réparations dans la toiture du Bâtiment Y à
Saint-Nom la Bretèche, j’ai l’honneur de vous informer de l’accident suivant:
Le 21 novembre, quand je suis arrivé au bâtiment, j’ai découvert que l’ouragan
avait fait tomber du toit quelques briques. J’ai donc installé sur le toit du
bâtiment une poutre et j’ai hissé un couple de caisses de briques. Quand j’ai eu
réparé le toit, il restait une quantité de briques.
J’ai hissé de nouveau la caisse et j’ai fixé la corde en bas et je suis descendu et
j’ai détaché la corde. Malheureusement la caisse était plus lourde que moi et
avant que j’ai su ce qui m’arrivait, la caisse a commencé à descendre, me
soulevant de terre d’un seul coup.
J’ai décidé de m’agripper et à mi-montée j’ai rencontré la caisse qui descendait
et j’ai reçu un sérieux coup à l’épaule. Alors j’ai continué jusqu’en haut me
cognant la tête contre la poutre et m’écrasant les doigts dans la poulie. Quand la
caisse a frappé le sol, le fond a lâché et toutes les briques se sont répandues. Alors
j’étais plus lourd que la caisse et je suis reparti vers le bas à toute vitesse. A mi-
chemin j’ai rencontré à nouveau la caisse qui montait et j’en ai reçu de
nombreuses blessures au tibia. Alors j’ai heurté le sol, j’ai atterri sur les briques
dont les arêtes tranchantes m’ont infligé plusieurs coupures douloureuses.
A ce moment j’ai dû perdre ma présence d’esprit car j’ai lâché la corde.
Alors la caisse est redescendue me donnant un autre coup violent sur la tête.
Je demande respectueusement un congé de maladie.
Je vous prie de croire, Monsieur, à ma haute bienveillance.
Mettez en roumain ce texte.

3.2. Le texte descriptif

1. Centré sur des énoncés d’état, le texte descriptif substitue à la


linéarité dominante du type narratif une tabularité qui dévoile
un savoir encyclopédique de son créateur (producteur-
énonciateur).
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 253

Le «descripteur» est un commentateur du monde, «un


scientifique en chambre», un«savant austère, peu disert», donc
un interprète du monde qui communique au «descriptaire»
(lecteur) son expérience encyclopédique, culturelle,
lexicographique.
Nommées par Paul Valéry «cartes postales«, les descriptions
rompent l’ordre événementiel propre au récit. Les séquences et
les propositions qui forment une description peuvent être
interverties entre elles sans pour autant changer l’unité
sémantique du texte. G. Lukács disait que «si le récit structure,
la description nivelle», et Ph. Hamon avançait l’hypothèse que le
descriptif est «une utopie linguistique, celle de la langue comme
nomenclature, celle d’une langue dont les fonctions se
limiteraient à désigner terme à terme le monde, d’une langue
monopolisée par sa fonction d’étiquetage d’un monde lui-même
«discret», découpé en «unités»» (Ph. Hamon, 1981 ). Le descriptif
organise ou plutôt désorganise, de façon privilégiée, la lisibilité
de l’énoncé, étant, à la fois, énoncé didascalique (on y transmet des
signes, indices, indications plus ou moins explicites de la régie
nécessaire à la compréhension globale du texte par le
lecteur/descriptaire) et énoncé didactique ( on y transmet une
information encyclopédique sur le monde, vérifiable ou
simplement possible). Au centre du descriptif se situe la
procédure d’ancrage, ancrage référentiel, qui choisit un thème-
titre, nom pour la plupart, qui sera décrit, analysé, reformulé. En
créant une cohésion sémantique référentielle, le thème-titre est
un premier facteur d’ordre.
A côté de l’ancrage, la procédure d’aspectualisation met en
évidence les parties composantes et les caractéristiques de
l’objet/événement décrit. A lire Jean-Michel Adam, l’opération
d’aspectualisation est la plus communément admise comme
base de la description. Si l’opération d’ancrage est responsable
de la mise en évidence d’un tout, l’opération d’aspectualisation
s’occupe du découpage du tout en parties (J.-M.Adam, 1992).
Le texte descriptif assure une importante fonction argumentative, il
emporte l’adhésion des destinataires, conduit vers une conclusion
pertinente (implicite ou explicite).
Le temps le plus fréquent de la séquence descriptive est
l’imparfait.
Analysez, à propos de la description «classique» de la casquette de Charles
Bovary, les procédures d’ancrage et celles d’aspectualisation ainsi que le
rôle argumentatif, didactique et didascalique du message:
Nous avions l’habitude, en entrant en classe, de jeter nos casquettes par
terre, afin d’avoir ensuite nos mains plus libres; il fallait, dès le seuil de la
porte, les lancer sous le banc, de façon à frapper contre la muraille, en
254 Mariana TUÞESCU

faisant beaucoup de poussière; c’était là le genre.


Mais, soit qu’il n’eût pas remarqué cette manoeuvre ou qu’il n’eût osé s’y
soumettre, la prière était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur
ses deux genoux. C’était une de ces coiffures d’ordre composite, où l’on
retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska, du chapeau rond, de la
casquette de loutre et du bonnet de coton, une de ces pauvres choses, enfin,
dont la laideur muette a des profondeurs d’expression comme le visage d’un
imbécile. Ovoïde et renflée de baleines, elle commençait par trois boudins
circulaires; puis s’alternaient, séparés par une bande rouge, des losanges de
velours et de poils de lapin; venait ensuite une façon de sac qui se terminait
par un polygone cartonné, couvert d’une broderie en soutache compliquée,
et d’où pendait, au bout d’un long cordon trop mince, un petit croisillon de
fils d’or, en manière de gland. Elle était neuve; la visière brillait.
- Levez-vous, dit le professeur.
Il se leva; sa casquette tomba. Toute la classe se mit à rire.
Il se baissa pour la reprendre. Un voisin la fit tomber d’un coup de
coude, il la ramassa encore une fois.
- Débarrassez-vous donc de votre casque, dit le professeur, qui était un
homme d’esprit.
Il y eut un rire éclatant des écoliers qui décontenança le pauvre garçon,
si bien qu’il ne savait s’il fallait garder sa casquette à la main, la laisser
par terre ou la mettre sur sa tête. Il se rassit et la posa sur ses genoux.
(G.Flaubert)

2. Le point de vue du descripteur permet une schématisation discursive du texte.


Tâchez de réduire les textes ci-dessous à une schématisation. Montrez ensuite
que le changement de l’ordre des propositions constitutives ne porte aucune
attaque à l’intégrité sémantique du texte:
(I) Il y avait là, à droite, au bord de la route, une auberge, une charrette à
quatre roues devant la porte, un grand faisceau de perches à houblon,
une charrue, un tas de broussailles sèches près d’une haie vive, de la
chaux qui fumait dans un trou carré, une échelle le long d’un vieux
hangar à cloisons de paille. Une jeune fille sarclait dans un champ où
une grande affiche jaune, probablement du spectacle forain de quelque
kermesse, volait au vent. A l’angle de l’auberge, à côté d’une mare où
naviguait une flottille de canards, un sentier mal pavé s’enfonçait dans
les broussailles.(V.Hugo)
(II) Les sièges, de forme antique, étaient garnies en tapisseries représentant
les fables de La Fontaine; mais il fallait le savoir pour en reconnaître les
sujets, tant les couleurs passées et les figures criblées de reprises se
voyaient difficilement. Aux quatre angles de cette salle se trouvaient des
encoignures, espèces de buffets terminés par de crasseuses étagères. Une
vieille table à jouer en marqueterie, dont le dessus faisait échiquier, était
placée dans le tableau qui séparait deux fenêtres. Au-dessus de cette
table, il y avait un baromètre ovale, à bordure noire, enjolivé par des
rubans de bois doré, où les mouches avaient si licencieusement folâtré
que la dorure en était un problème. Sur la paroi opposée à la cheminée,
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 255

deux portraits au pastel étaient censés représenter l’aïeul de madame


Grandet, le vieux M. de la Bertellière, en lieutenant aux gardes
françaises et défunt Madame Gantillet, en bergère. Aux deux fenêtres
étaient drapés des rideaux en gros de Tours rouge, relevés par des
cordons de soie à glands d’église.
Cette luxueuse décoration, si peu en harmonie avec les habitudes des
Grandet, avait été comprise dans l’achat de la maison... Dans la croisée la
plus rapprochée de la porte se trouvait une chaise de paille dont les pieds
étaient montés sur des patins... (H.de Balzac)

3. Tout texte est constitué à partir d’un thème (sujet logique) et d’un rhème
(ou prédicat). La progression du texte descriptif se fait surtout par le
développement des rhèmes ou propos. Précisez, à propos des textes
suivants, les rapports entre thèmes et rhèmes (propos) et étudiez
comment les opération d’ancrage et d’aspectualisation interfèrent avec
les themes ~ rhèmes. Justifiez les temps verbaux employés; pourrait-on
remplacer ces temps par d’autres?
(I) Charles descendit dans la salle, au rez-de-chaussée. Deux couverts,
avec des timbales d’argent, y étaient mis sur une petite table, au pied
d’un grand lit à baldaquin revêtu d’une indienne à personnages
représentant des Turcs. On sentait une odeur d’iris et de draps humides
qui s’échappait de la haute armoire en bois de chêne, faisant face à la
fenêtre. Par terre, dans les angles, étaient rangés, debout, des sacs de blé.
C’était le trop-plein du grenier proche, où l’on montait par trois marches
de pierre. Il y avait, pour décorer l’appartement, accrochée à un clou, au
milieu du mur dont la peinture verte s’écaillait sous le salpêtre, une tête
de Minerve au crayon noir, encadrée de dorure, et qui portait au bas,
écrit en lettres gothiques: «A mon cher papa».(G.Flaubert)
(II) La cafetière est en faïence brune. Elle est formée d’une boule que
surmonte un filtre cylindrique muni d’un couvercle à champignon. Le
bec est en S aux courbes atténuées, légèrement ventru à la base. L’anse
a, si l’on veut, la forme d’une oreille, ou plutôt de l’ourlet extérieur
d’une oreille, mais ce serait une oreille mal faite, trop arrondie et sans
lobe, qui aurait ainsi la forme d’une «anse de pot». Le bec, l’anse et le
champignon du couvercle sont de couleur crème. Tout le reste est d’un
brun clair très uni, et brillant. (A.Robbe-Grillet)
Est-ce que ces deux descriptions sont du même type? Par quels moyens
linguistiques chacun des textes est-il réalisé?
Mettez en roumain ces textes.
4. En vous inspirant des textes ci-dessus, décrivez:
A. une chambre à coucher, ensuite une salle à manger qui vous sont
familières;
B. un objet quotidien: un fer à repasser, une salière-poivrière, une théière.

5. Vous avez ci-dessous des structures nominales; il s’agit, en fait, d’une


simple énumération des caractéristiques d’une voiture. Tous ces éléments
256 Mariana TUÞESCU

vous sont donnés dans le désordre:


- peintures métallisées - pare-chocs «bouclier»
- pare-brise feuilleté - coffre transformable
- vitres teintées - toit ouvrant
- quatre portes - phares orientables
Vous réécrirez ce texte en employant, dans des phrases avec verbe, les
éléments donnés; vous construirez un texte descriptif qui respecte la
progression suivante:
Phrase 1: Thème 1 - Rhème 1
Phrase 2: Thème 2 - Rhème 2
Phrase 3: Thème 3 - Rhème 3
Puis, vous rédigerez une autre séquence descriptive qui, reprenant les mêmes
éléments, les organisera selon le schéma:
Phrase 1: Thème 1 Rhème 1
Phrase 2: Thème 2 Rhème 2
Phrase 3: Thème 3 Rhème 3 etc.
Vous pouvez, enfin, imaginer un troisième texte qui combinerait des
progressions différentes.

6. Décrivez un petit village ou un hameau en vous inspirant de la fameuse


description de Yonville-L’Abbaye, brossée par Flaubert dans Madame
Bovary (Deuxième partie, Chapitre I).
7. Avez-vous visité un supermarché ou une grande surface? Décrivez-le/la en
insistant sur l’atmosphère qui y règne et sur les rayons qui vous ont le
plus intéressé.
8. Décrivez une vitrine de Noël.
9. La tradition rhétorique a inventorié un nombre de types de
descriptions. P.Fontanier synthétise cette tradition en mention-nant
les types suivants de descriptions: la TOPOGRAPHIE (description
qui a pour objet un lieu quelconque, tel un vallon, une montagne,
une plaine, une ville, un village, une maison, un jardin etc.), la
CHRONOGRAPHIE (description de temps, de périodes, d’âges d’un
événement etc.), la PROSOPOGRAPHIE (description de la figure, du
corps, des qualités physiques, de l’extérieur etc.), l’ÉTHOPÉE
(description des moeurs, des caractères, des vices, des talents, des
défauts, des qualités morales d’un personnage réel ou fictif), le
PORTRAIT (description physique ou morale d’un être animé), le
PARALLÈLE (deux descriptions, consécutives ou mélangées, par
lesquelles on rapproche l’un de l’autre, sous leur rapports physiques
ou moraux, deux objets dont on veut montrer la ressemblance ou la
différence) et le TABLEAU (certaines descriptions vives et animées
de passions, d’actions, d’événements etc.). La description donne
souvent lieu à l’HYPOTYPOSE, «lorsque l’exposition de l’objet est si
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 257

vive, si énergique, qu’il en résulte une image, un tableau».


En vous rapportant à vos lectures françaises (ou roumaines), exemplifiez
chacun de ces types de descriptions par un texte caractéristique.

10. Vous avez ci-dessous une séquence descriptive imagée du château de


Combourg, page célèbre de Chateaubriand:
En sortant de l’obscurité du bois, nous franchîmes une avant-cour
plantée de noyers, attenante au jardin et à la maison du régisseur; de là
nous débouchâmes par une porte bâtie dans une cour de gazon, appelée
la Cour verte. A droite étaient de longues écuries et un bouquet de
marronniers; à gauche, un autre bouquet de marronniers. Au fond de la
cour, dont le terrain s’élevait insensiblement, le château se montrait
entre deux groupes d’arbres. Sa triste et sévère façade présentait une
courtine portant une galerie à mâchicoulis, denticulée et couverte. Cette
courtine liait ensemble deux tours inégales en âge, en matériaux, en
hauteur et en grosseur, lesquelles tours se terminaient par des créneaux
surmontés d’un toit pointu, comme un bonnet posé sur une couronne
gothique.
Quelques fenêtres grillées apparaissaient ça et là sur la nudité des murs.
Un large perron, raide et droit, de vingt-deux marches, sans rampes, sans
garde-fou, remplaçait sur les fossés comblés l’ancien pont-levis; il
atteignait la porte du château, percé au milieu de la courtine. Au-dessus
de cette porte on voyait les armes des seigneurs de Combourg et les
taillades à travers lesquelles sortaient jadis les bras et les chaînes du
pont-levis. (Chateaubriand)
Mettez en roumain ce texte, tout en observant les termes de civilisation
française.
Essayez de décrire, sur ce modèle, le château de Peleº de chez nous, ainsi que
le site de Sinaïa où il se trouve.

11. Faites le portrait physique d’un vieillard, en prenant appui sur les
structures suivantes:
traîner une jambe, voûté, des vêtements usagés, un nez crochu, des
cheveux blancs épars, une cravate noire ressemblant à une ficelle, des
bottines couvertes de poussière et sans lacets, un manteau long qui
traînait par terre, une démarche difficile, l’oeil hagard.

12. Vous avez ci-dessous un portrait actuel, intitulé Côté cour, côté
banlieue; c’est le portrait de Jean de Boishue, secrétaire d’État à
l’Enseignement supérieur en France, portrait publié dans le numéro
1193, de juillet 1995 de la revue LE POINT.
Expliquez le titre du texte suivant et essayez d’intervertir l’ordre des
propositions qui le constituent. Tâchez aussi d’en supprimer quelques-unes.
A quelles conclusions arriverez-vous?

CÔTÉ COUR, CÔTÉ BANLIEUE


258 Mariana TUÞESCU

Un physique beethovénien, une intelligence réputée «pétillante»...


Jean de Boishue est arrivé, en mai dernier, au poste délicat de secrétaire
d’État à l’Enseignement supérieur précédé d’une image flatteuse, y
compris à gauche. Cet agrégé de russe de 52 ans, né d’une mère
bretonne et d’un père russe blanc, a été assistant de littérature comparée
à la Sorbonne avant d’entrer en politique.
Séguiniste - mais il tutoie Chirac - il est l’auteur d’un rapport sur l’avenir
de l’enseignement supérieur. Seul RPR à n’avoir pas voté la révision de
la loi Falloux, Boishue est vite parvenu, néanmoins, à se faire apprécier
de son ministre de tutelle, François Bayrou. Certains jeunes de Brétigny-
sur-Orge (Essonne), en revanche, goûteraient moins leur maire et ex-
député. Son livre sur la banlieue (Banlieue, mon amour, La Table Ronde) -
son autre «dada» avec l’éducation - publié au printemps, le rattrape au
coeur de l’été alors qu’il prépare la rentrée universitaire. Le poste de
secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur est déjà suffisamment
exposé comme cela pour ne pas y ajouter des polémiques inutiles contre
un homme stupéfait devant le procès qui lui est fait. (Le Point, 1193,
juillet 1995)
13. Mettez en français le texte suivant:
Într-o sear\ de la începutul lui iulie 1909, cu pu]in înainte de orele zece, un tân\r
de vreo optsprezece ani, îmbr\cat în uniform\ de licean, intra în strada Antim,
venind dinspre strada Sfin]ii Aposoli cu un soi de valiz\ în mân\, nu prea mare,
desigur, dar desigur foarte grea, fiindc\, obosit, o trecea dintr-o mân\ într-alta.
(...)
Tân\rul mergea atent de-a lungul zidurilor, scrutând, acolo unde lumina slab\ a
felinarelor îng\duia, numerele caselor. Uniforma neagr\ îi era strâns\ bine pe
talie, ca un ve[mânt militar, iar gulerul tare [i foarte înalt [i [apca umflat\ îi
d\deau un aer b\rb\tesc [i elegant.
Fa]a îi era îns\ juvenil\ [i prelung\, aproape feminin\ din pricina [uvi]elor mari
de p\r ce-i c\deau de sub [apc\, dar culoarea m\slinie a obrazului [i t\ietura
elinic\ a nasului corectau printr-o not\ voluntar\ întîia impresie. Din chipul
dezorientat cum trecea de pe un trotoar pe altul în c\utarea unui anume num\r,
se vedea c\ nu cuno[tea casa pe care o c\uta. Strada era pustie [i lumea p\rea
adormit\, fiindc\ l\mpile de prin case erau stinse sau ascunse în mari globuri de
sticl\ mat\, ca s\ nu dea c\ldur\. În aceast\ obscuritate, strada avea un aspect
bizar. Nici o cas\ nu era prea înalt\ [i aproape nici una nu avea cat superior.
(G.C\linescu)

3.3. Le texte conversationnel et dialogué

1. Selon les théories linguistiques modernes, le texte


conversationnel élémentaire a une structure hiérarchique
formée de trois unités: acte de langage, intervention3 et échange4
3
L’intervention est la contribution de chaque participant à la conversation. L’intervention
rompt l’équilibre interactionnel, marqué par le silence ou l’absence de communication.
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 259

(= l’unité maximale).
Comme E.Goffman (1973, 1974) l’a démontré, tout acte
illocutoire constitue une menace potentielle pour les faces
positive (= l’image publique) et négative (= l’indépendance) des
interlocuteurs.
C’est ce caractère virtuellement menaçant de tout acte dans
l’interaction sociale qui détermine la structure de la conversation à
trois niveaux: acte de langage, intervention, échange.
E.Roulet (1981) distingue, à la suite de E.Goffman, deux types
fondamentaux d’échange:
(a)Les échanges confirmatifs , qui visent simplement à
entretenir ou à confirmer une relation établie; l’exemple le plus
courant est l’échange de salutations:
1. - Bonjour, Pierre.
- Bonjour, Marie.
(b)Les échanges réparateurs , qui visent à neutraliser les
effets potentiellement menaçants pour la face de l’interlocuteur. Ce
type d’échange comprend généralement trois constituants: (1)
une intervention de requête; (2) une intervention de
l’interlocuteur visant à satisfaire cette requête; (3) une nouvelle
intervention du locuteur visant à évaluer la manière dont sa
requête est satisfaite.
2. - Tu peux me passer la salière?
- Volontiers.
- Merci, mon petit.
La conversation et le dialogue ont une structure récursive, basée sur
une succession d’échanges, constitués généralement de deux ou trois
interventions, chacune d’elles formée d’actes de langage.
Dans la structure de l’échange, on distingue les fonctions
illocutoires initiatives (l’assertion, la demande
d’information, la requête), qui caractérisent la première
intervention, et les fonctions illocutoires réactives
(comme l’évaluation), qui caractérisent la troisième intervention
et permettent de clore l’échange.
Compte tenu de ces éléments, analysez la structure hiérarchique du dialogue
suivant. Précisez les types d’actes de langage, la forme des interventions, le
fonctionnement et les types d’échanges conversationnels. Montrez comment
s’établit la cohérence de ce texte dialogal:
EXCÈS DE VITESSE

4
L’échange est l’ensemble des interventions, de la rupture au rétablissement de
l’équilibre interactionnel.
260 Mariana TUÞESCU

Mme DARD: Qu’est-ce qu’il y a?


LE MOTARD: Vous rouliez à 140, Madame. La limite est à 110 à l’heure.
Mme DARD: Comment!? Je faisais du 140!? Mais ce n’est pas possible!
LE MOTARD: Si, Madame. C’est même certain. On vous a contrôlée au
radar. Vos papiers, s’il vous plaît.
Mme DARD: Voilà... Le radar, vous dites? Ah, maintenant je comprends!
Il doit y avoir une erreur. Tout le monde sait qu’on ne peut jamais se
fier au radar.
LE MOTARD: Erreur ou non, ça vous coûtera tout de même 300 francs
d’amende. Voilà la contravention. Au revoir, Madame.
Mme DARD: Mais, c’est inadmissible (A elle-même) Quel imbécile! Il ne
voulait même pas discuter. Décidément on n’est plus libre dans ce pays
aujourd’hui. (A.Chamberlain & Ross Steele)

2. Dans toute séquence dialogale, il y a un/des acte(s) initiatif(s) (A)


et un/des acte(s) réactif(s) (B), qui s’enchaînent et se diversifient.
Le linguiste suisse J.Moeschler a formulé la cohérence du texte
dialogal sous la forme des «conditions de satisfaction
d’appropriété cotextuelle d’un acte réactif B par rapport à l’acte
initiatif A». Ces conditions sont les suivantes:
(a) une condition thématique, qui impose à l’acte réactif B d’avoir le
même thème ou sujet que l’acte initiatif A;
(b) une condition de contenu propositionnel, qui spécifie que le
contenu de l’acte réactif B doit entretenir une relation
sémantique précise (de type implicatif, antonymique ou
paraphrastique) avec le contenu propositionnel de l’acte initiatif
A;
(c) une condition illocutoire, qui indique quel type d’acte illocutoire
(représentatif) est compatible avec l’acte initiatif (par exemple,
un acte de demande d’information), pour constituer une
séquence bien formée du point de vue pragmatique.
En plus, chaque acte de langage engage le locuteur à accomplir
l’autre. On parle, dans ce sens, de congruence des actes
illocutoires.
Justifiez ces trois types de conditions de cohérence du texte dialogal dans
le fonctionnement des dialogues authentiques suivants:
VOS PAPIERS, S’IL VOUS PLAÎT!
(Dans la rue. Une manifestation vient de se terminer.)
LE POLICIER: Hé, vous là-bas! Par ici! Montrez-moi vos papiers!
RAYMOND: Pourquoi? Je n’ai rien fait, moi!
LE POLICIER: Vous n’avez pas entendu? Vos papiers et vite!
RAYMOND: Voilà.
LE POLICIER: Belge, hein? Qu’est-ce que vous faisiez dans la manifestation?
RAYMOND: Mais, je n’étais pas dans la manif! Je feuilletais des bouquins
devant la librairie là-bas. Alors, j’ai vu passer des manifestants. Et puis, la
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 261

police a chargé et j’ai couru. Que vouliez-vous que je fasse! D’ailleurs, la


politique ici, je m’en fous! Ça ne m’intéresse pas du tout, vous savez!
LE POLICIER: Montrez-moi le bouquin que vous avez là! (Raymond lui
donne le livre.) Ah! Vous lisez Marx, hein?
RAYMOND: Oui, Joseph Marx. C’est un cinéaste.
LE POLICIER: Belge?
RAYMOND: Non, Brésilien.
LE POLICIER: Ah oui, ma grand-mère, elle le connaît bien... Allez, filez! Mais
la prochaine fois foutez le camp quand il y a une manifestation!
RAYMOND: Ça c’est juré!
AU COMMISSARIAT
L’AGENT: Allez, Monsieur, du calme! Alors, qu’est-ce qu’il y a?
M.LAVAUD: On m’a volé mon passeport, mon portefeuille, mon appareil
photo, enfin tout!
L’AGENT: Ça s’est passé quand et où?
M.LAVAUD: Tout de suite là. Devant la gare! (...)
L’AGENT: Comment ça, ils ont tout pris?
M.LAVAUD: Ben... avec cette chaleur, je n’avais pas de veste, alors, j’avais
mis toutes mes affaires dans un sac.
L’AGENT: Ah! je vois! Ils étaient comment ces voleurs?
M.LAVAUD: Celui qui conduisait, je ne sais pas du tout. Je ne l’ai pas vu.
L’autre, il était... (...)
L’AGENT: Bon, alors vous allez là-bas faire votre déclaration. Mais ça
m’étonnerait qu’on retrouve vos affaires. En été, vous savez, il y a des
tas de vols de ce genre.
M.LAVAUD: Mais c’est affreux! La moto est même montée sur le trottoir!
L’AGENT: Je suis désolé. Tout ce que je peux faire c’est de vous donner
des conseils. Évitez de porter vos affaires dans un sac. Mettez votre
argent dans une poche, votre passeport dans une autre. Et ne prenez
jamais beaucoup d’argent liquide avec vous.
M.LAVAUD: De bons conseils, mais un peu tard!
L’AGENT: Enfin!bonnes vacances quand même, hein?
(A.Chamberlain & Ross Steele)
Analysez le rôle des mots et des séquences en italique dans chacun de ces
textes.
Y a-t-il dans le premier de ces textes une pointe d’ironie?

3. Dites comment le dialogue suivant s’engage et comment les interlocuteurs


coopèrent pour que la conversation se poursuive. Notez séparément les
relances et les changements de thèmes:
- Salut. J’étais sûr de vous trouver là... Un petit crème, Jean-Marie...
Alors, qu’est-ce que vous me racontez de beau?
- On est en plein délire. T’as pas vu le tirage du Loto à la télé?
- Non. Pourquoi, tu as gagné?
- Ah, arrête. Neuf millions et des poussières! Près d’un milliard de
centimes! Je ne sais même pas combien il y a de zéros!
262 Mariana TUÞESCU

- Tiens, ça me fait penser qu’il faut que j’aille demander ma prime.


- Toi, on peut dire que tu as le sens de l’à-propos!
- Oh! moi je ne rêve pas d’être milliardaire. On se débrouille pas si mal
avec ma femme.
- Pourquoi tu as besoin de ta prime, alors?
- Pour ma maison de campagne. Le toit n’a pas résisté à la tempête.
- Ta maison de campagne, avec ce qu’elle te coûte, tu ferais mieux de la
vendre!
- Moi, je suis pas contre, mais ma femme veut qu’on la garde.
- Et comme ça, tu pourras acheter le bateau dont t’as envie.
- De toute façon, quand les enfants seront élevés, je m’en achèterai un.
- En parlant d’enfants, tu sais que le fils de Bernard veut laisser tomber
ses études pour partir dans je ne sais quel pays lointain?
- Ça ne m’étonne qu’à moitié. Il a toujours eu des idées un peu
bizarres...
(G.Capelle, N.Gidon, M.Molinié)

4. La façon la plus simple d’enchaîner et de prolonger la conversation


consiste à poser une question à son interlocuteur.
On peut aussi reprendre un fait ou une idée et s’en servir comme
«tremplin»:
- En parlant de vacances, ...
- Vous me donnez une idée ...
- Au fait, vous l’avez vendue, votre maison?
Continuez ces séquences d’actes initiatifs, en formant des dialogues cohérents .
5. Dans les dialogues qui suivent, complétez les interventions qui manquent.
Poursuivez la conversation, en enchaînant sur les répliques que vous
allez logiquement découvrir, compte tenu de l’état du contexte
situationnel:
(I) - Excusez-moi. Vous avez du feu?
- ...................................................
- Ah! Vous ne fumez pas! J’aurais dû m’en douter. Vous n’avez rien
contre ceux qui fument?
- ....................................................
(II) - Pouvez-vous me dire l’heure?
- .................................................
- Comme c’est curieux, je croyais qu’il était beaucoup trop tard. Vous
êtes sûr que votre montre marche bien?
- ....................................................
(III) - Je peux vous aider?
- ..................................................
- Mais si, laissez-moi faire. C’est bien trop lourd pour vous.
- .................................................

6. Reconstruisez l’intervention pour laquelle les énoncés suivants (émis par


l’interlocuteur) se constituent en réplique:
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 263

1. A. - ........................................
B. - Pourquoi pas?
2. A. - .......................................
B. - Volontiers.
3. A. - ........................................
B. - Naturellement.
4. A. - ........................................
B. Je n’y avais pas pensé.
5. A. - .......................................
B. - Je ne saurais vous le dire.
6. A. - .......................................
B. - Il ne manquait plus que ça!
7. A. - ........................................
B. - Je ne sais pas ce que j’aurais fait.
8. A. - ........................................
B. - D’accord!
9. A. - .......................................
B. - C’est vrai?
10. A. - .....................................
B. - Sûrement pas!
11. A. - ...................................
B. - C’est entendu.
12. A. - ...................................
B. - Vous ne me laissez pas le choix.
13. A. - .........................................
B. - Chouette!
14. A. - ............................................
B. - C’est à quel sujet?
15. A.- ..........................................
B. - Pour ma part, je n’y vois pas d’inconvénient.

7. Analysez, dans le trilogue suivant, les interventions directrices (ou initiatives)


d’échanges et leur enchaînement aux interventions réactives.
A noter qu’une intervention illocutoire initiative impose deux grands
types d’obligations aux interlocuteurs: (a) des obligations discursives
(qui commandent leur réaction immédiate dans la conversation) et (b)
des obligations générales (de croire, d’agir etc.).
D’autre part, il y a des interventions positives et des interventions
négatives. Celles-ci consistent en des objections, des refus, des négations,
des réfutations, des démentis ou des récusations.
UN COUPLE DÎNE DANS UN BON RESTAURANT
(C’est la fin du repas)
LE GARÇON: Vous voulez du café, des digestifs?
NICOLAS: Euh... du café, seulement. Et l’addition, s’il vous plaît. (Le
garçon revient avec deux cafés et l’addition)
NICOLAS (à sa femme ): Voyons, ça fait combien? Quoi? Presque cinq
264 Mariana TUÞESCU

cents balles!
HÉLÈNE: Fais voir. Quatre cent quatre-vingt-quinze! Mais ce n’est pas
possible. Il doit y avoir une erreur.
NICOLAS: On va voir. Euh ... garçon, s’il vous plaît! J’crois qu’il y a une
erreur, là.
LE GARÇON: Mais non, Monsieur. J’ai fait l’addition à la caisse.
NICOLAS: Mm... Alors, vous avez dû mettre quelque chose qu’on n’a pas
eu... Mm... Ah! Tenez, regardez. Vous avez marqué deux bouteilles de
Saint-Émilion.
LE GARÇON: Et vous n’en avez bu qu’une?
NICOLAS: Mais, bien sûr!
HÉLÈNE: Ah, je sais ce qui c’est passé. On a commandé à l’autre garçon
d’abord, mais il a oublié de nous l’apporter. Alors, on vous a appelé et
on a commandé de nouveau. Votre collègue a dû nous marquer la
bouteille sur l’addition sans nous l’apporter.
NICOLAS: Il est toujours là, l’autre garçon?
LE GARÇON: Oui, je vais lui demander ... (Il revient.) Oui, effectivement,
c’est ce qui c’est passé. Excusez-nous, hein?
HÉLÈNE: Il n’y a pas de mal.
NICOLAS: Hé! Facile à dire, quand ce n’est pas toi qui payes!
HÉLÈNE: Oh! Mais j’te rappelle que c’est moi qui ai la voiture. Tu vas
rentrer à pied, toi!(A.Chamberlain & Ross Steele)

8. Reconstituez les interventions initiatives qui sont à l’origine des énoncés


seconds suivants, conçus comme interventions réactives:
1. La mère de Rieux dit à Rambert qu’il le trouverait à l’hôpital de la haute
ville.
2. Tarrou dit que cela lui faisait plaisir et que Rambert devait veiller sur lui.
3. Tarrou, qui s’était tu jusque là, sans tourner la tête vers eux, fit
remarquer que si Rambert voulait partager le malheur des hommes, il
n’aurait plus jamais le temps pour le bonheur. Il fallait choisir.
4. Tarrou murmurait que ce n’était jamais fini et qu’il y aurait encore des
victimes, parce que c’était dans l’ordre.
5. Cottard demanda alors s’il était arrivé qu’on arrêtât quelqu’un qui se
trouvait dans une clinique ou dans un hôpital. Rieux répondit que cela
s’était vu, mais que tout dépendait de l’état du malade.
6. Le journaliste demanda si cela servait à quelque chose et Tarrou
répondit que non, mais que cela donnait confiance aux autres.
(A.Camus)

9. Transformez le dialogue suivant en un récit monologal. Veillez à opérer


toutes les modifications syntaxiques requises:
DANS UN TAXI
Mme BERNARD: (elle monte dans un taxi): Vous m’emmenez à la gare,
s’il vous plaît? Je suis très pressée.
LE CHAUFFEUR: Oui, Madame. (Le taxi commence à rouler. Le chauffeur
tourne à gauche.)
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 265

Mme BERNARD: Mais pourquoi passez-vous par là? La gare, c’est tout
droit!
LE CHAUFFEUR: Vous n’avez pas vu la circulation? Par ici, c’est un peu
plus long, mais ça roule beaucoup mieux. Il n’y a que deux feux rouges.
Mme BERNARD: Mais je n’ai pas eu de problèmes dans l’avenue des
Mimosas.
LE CHAUFFEUR: Je vous assure que ça va plus vite par ici.
Mme BERNARD: Je vous signale que je connais très bien la ville, hein?
LE CHAUFFEUR: Alors, je fais demi-tour ou quoi?
Mme BERNARD: Non, non. Continuez. On verra bien si c’est plus rapide.
J’ai un train dans un quart d’heure.
LE CHAUFFEUR: Faites-moi confiance, Madame. Vous l’aurez, votre train.

10. Pensez à une situation dans laquelle une femme peut engager la
conversation. Jouez ensuite la scène:
(I) Première situation: Dans un train: une femme veut mettre sa valise
assez lourde dans le compartiment à bagages. Elle demande à un
monsieur s’il veut bien l’aider.
(II) Deuxième situation: Dans un avion: une dame demande à son voisin s’il
peut arrêter de fumer. Elle s’excuse parce qu’il n’y avait plus de place dans la
partie non-fumeurs, mais elle est allergique à la fumée.
(III) Troisième situation: Sur le quai de la gare: encombrée de bagages,
avec deux enfants, à la descente du train, une femme se rend compte
qu’elle n’a plus une de ses valises.

11.Trouvez une phrase pour vous assurer que votre interlocuteur vous écoute
dans chacun des cas suivants, en imaginant successivement que vous
parlez à un(e) ami(e), à un(e) collègue, à un(e) supérieur (e)
hiérarchique.
A. L’expression de votre interlocuteur vous laisse croire «qu’il est
ailleurs».
B. Vous avez conscience que l’histoire que vous lui racontez est
compliquée et ne l’intéresse pas.
C. Il y a beaucoup de bruit.
D. Votre interlocuteur reste silencieux et ne réagit pas à vos propos.

12 Voici quelques formules pour recentrer la discussion:


- Ne nous embarquons pas dans une nouvelle discussion!
- Ne nous égarons pas!
- Nous nous perdons en digressions!
- Ne nous perdons pas/plus dans les détails!
- Où en était-on?
- Où est-ce qu’on était?
- Attention! Il me semble que la discussion part dans toutes les directions!
- Revenons à nos moutons, tu veux?
- Ça n’a rien à voir avec le sujet. Arrête!
266 Mariana TUÞESCU

- Pour en revenir à notre sujet.


Construisez une situation dialogale dans laquelle vous allez employer une de
ces formules. Justifiez leur emploi.
13. Reconstruisez l’intervention verbale pour laquelle l’énoncé du
personnage B se constitue en réplique ou acte réactif:
1. A. - ................................................................
B. - Revenons à nos moutons, tu veux?
2. A. - ................................................................
B. - Mais je suis en plein dans le sujet!
3. A...................................................................
B. - Et si nous parlions d’autre chose?
4. A. - .............................................................
B. - Vous voulez encore qu’on se dispute! Changeons de sujet, ça
vaudra mieux.
5. A.- ............................................................
B. - Mais si, le rapport est évident!
6. A. - ...........................................................
B. - Assez parlé de ça, tu veux!
7. A.- ...............................................................
B. Oh! tu sais, pour l’intérêt que ça a!
8. A. - ...........................................................
B. - Ne nous perdons pas en digressions!
9. A. - ..............................................................
B. - Ah, oui, vraiment!
10. A. - ............................................................
B. - Voyons, voyons...

14. Essayez de transposer le dialogue suivant en un récit à la troisième


personne:
- Vous avez vu, encore un attentat à Paris!
- Pardon?
- Attentats, meurtres, suicides. On ne voit que ça dans les journaux. Vous
croyez que ça va durer longtemps, comme ça?
- Difficile à dire.
- L’autre jour, je rentrais chez moi. Il y avait une bande de petits voyous
qui étaient en train d’essayer de voler une voiture. Quand ils m’ont vu,
ils ont filé. J’ai prévenu la police, ça m’a semblé normal. Qu’est-ce que
vous auriez fait vous, à ma place?
- On ne peut jamais dire ce qu’on va faire dans des cas pareils.
- Je les ferai bosser, moi! Ils en baveraient. Le gouvernement est trop gentil
avec eux. Vous ne croyez pas qu’il pourrait faire quelque chose, non?
- Il doit s’occuper de tellement de choses, le gouvernement!
- Et alors, c’est pour ça qu’on paie des impôts, non? Vous ne payez pas
d’impôts, vous?
- Si, si, bien sûr.
- Et ça vous plaît de ne pas pouvoir laisser votre fille sortir seule après huit
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 267

heures du soir?
Ça vous plaît de voir tous ces jeunes qui traînent sans rien faire?
- Il ne faut pas exagérer.
- Exagérer! Vous n’avez jamais été attaqué, vous!
- Non. Et vous?
- Moi? Non, enfin... j’aurais pu...

3.4. Le texte explicatif

1. Le texte explicatif est produit par un énonciateur qui se décentre, qui est
neutre par rapport à son objet et qui fournit une réponse à une question
dont l’opérateur est POURQUOI.
D’une façon générale, la structure d’une séquence explicative est la
suivante: l’opérateur [ POURQUOI] fait passer d’une schématisation S -
i , qui présente un objet complexe (0 - i), à une schématisation S - q, qui
fait problème (objet problématique O - q), puis un second opérateur [
PARCE QUE] permet de passer de S - q à une schématisation explicative
S - e (O - e). La séquence explicative proposée par J.Bl.Grize (1990) est la
suivante:
S-i Pourquoi S-q Parce que S-e
[O -i] [O - q] [O - e]
«Le rôle du [POURQUOI] est toujours d’introduire une sorte de rupture
{...} dans la schématisation, de désigner un manque de cohérence et le
rôle de [PARCE QUE] est de combler la lacune en introduisant un aspect
nouveau» (Grize, 1990).
L’explication scientifique est un discours théorique, à la troisième
personne, qui s’oriente plutôt vers la description des faits et des
phénomènes.
Le critère de l’explication est donc l’opérateur [POURQUOI], mais
[COMMENT] joue parfois le même rôle.
Comment décrivez-vous la structure des textes ci-dessous? Analysez la
configuration des séquences explicatives:
(I) Le phénomène Greenpeace
Il a pris subitement son essor outre-Atlantique, en 1971.
Des Canadiens audacieux inaugurèrent alors, sur l’Océan, la pratique
très remarquée de l’intrépide bateau protestataire.
Depuis ce jour fameux, le mouvement Greenpeace s’est finalement
internationalisé.
Parce que ses représentants ont su s’interposer spectaculairement, sur
de fragiles embarcations, entre baleines en danger d’extinction et
baleiniers qui ne voulaient pas le savoir.
Parce que, au nom de phoques, de tortues marines, de manchots en péril,
ses manifestations, souvent téméraires, toujours frappantes dans leur
268 Mariana TUÞESCU

originalité, ne passent jamais inaperçues aux yeux de l’opinion.


Parce que ses maîtres à agir se sont montrés aussi courageusement
inventifs pour que la conscience internationale réprouve les immersions
de déchets radioactifs comme les débarras hasardeux des pollutions
chimiques...
... son audience a même franchi les portes des grandes conférences
internationales (Commission baleinière et autres), tandis qu’un public
toujours accru s’est approvisionné, dans son antre parisien, en
autocollants éloquents, affiches percutantes, tee-shirts publicitaires pour
soutenir son action.
Et puis il y a eu les suites de la tragédie du Rainbow Warrior qui
chiffonnent sans doute différemment les uns ou les autres de ces
«clients» sans que nul ne puisse oublier les mérites acquis au cours des
quinze années écoulées. (P.Pellerin)
(II) Air pollué. Ce que vous risquez.
La pollution urbaine, surtout quand elle atteint les niveaux enregistrés
ces derniers temps à Paris ou en Alsace, quand les villes, faute de vent,
sont sous cloche d’air vicié, est un réel problème de santé publique. Au
point que certains spécialistes se posent sérieusement la question de
savoir si l’on n’est pas en train de faire de nos enfants, qui restent le nez
à hauteur des pots d’échappement et respirent ainsi un air deux à trois
fois plus pollué que celui inhalé par leurs parents, une génération
d’adultes souffrant d’insuffisance respiratoire. (...)
La pollution automobile est à combattre en priorité. (...)
La nocivité des moteurs diesel s’expliquerait, elle, surtout par la taille
des particules émises dans les fameuses fumées noires: elles mesurent
moins d’un micromètre. Elles peuvent donc rester plusieurs semaines en
suspension dans l’air et pénètrent facilement au fond des alvéoles
pulmonaires. Selon certaines estimations, 1 500 de ces particules
transitent chaque jour de forte pollution dans chaque alvéole
pulmonaire et la moitié au moins s’y déposent. On imagine aisément les
conséquences inflammatoires d’un tel phénomène, en particulier chez
les personnes sensibles, âgées ou fumeuses.
Selon l’étude Erpur, ces particules sont responsables d’une augmentation
de 6% des décès, de 10% des hospitalisations en urgence pour
problèmes respiratoires ou cardiaques, de 30% des visites à domicile
pour asthme et de 17 % pour maux de tête. Des chercheurs britanniques
exposent une hypothèse pour expliquer cette surmortalité: les micro-
particules émises en masse par les moteurs diesels provoqueraient, via
l’inflammation pulmonaire, une hypercoagulabilité du sang qui pourrait
accroître le risque d’accident cardiaque. (Le Point, ll91/1995)
2. Il faut distinguer entre EXPLIQUER et JUSTIFIER. Il y aura ainsi
deux relations PARCE QUE: l’une marque une liaison causale et
l’autre une liaison logique de raison à conséquence. La locution
PARCE QUE peut, en général, marquer les deux types de
rapports; les conjonctions PUISQUE, CAR marquent
essentiellement la justification ou la preuve.
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 269

La JUSTIFICATION est une réponse à la question: «pourquoi


affirmer cela?» L’EXPLICATION proprement-dite doit plutôt
être considérée comme une réponse à: «pourquoi être / devenir
tel ou faire cela?»
En d’autres termes, on justifie des paroles (de dicto ) et l’on
explique des faits (de re ).
Rendez compte de l’explication et de la justification qui apparaissent dans
les énoncés suivants. Quelle question allez-vous formuler pour l’énoncé
explicatif et quelle autre pour l’énoncé justificatif?
1. Il s’est brisé la jambe parce qu’il est tombé de cheval. 2. 18 est le
multiple de 6 parce qu’il est divisible par 2 et par 3. 3. Il doit être en
vacances, puisque je ne l’ai pas vu depuis un mois. 4. Un jour ma mère
me dit: «Puisque tu parles toujours de Mme de Guermantes, comme le
docteur Percepied l’a très bien soignée il y a quatre ans, elle doit venir à
Combray pour assister au mariage de sa fille. Tu pourras l’apercevoir à la
cérémonie.» (M.Proust)

3. Par quels moyens exprime-t-on l’explication ou la justification dans les


énoncés ci-dessous? Tâchez de rendre autrement les mêmes relations
logiques:
1. Comme il a gelé cette nuit, les conduits d’eau ont éclaté.
2. «Je pense, donc je suis.» (Descartes)
3. Il pleut, je prends donc mon parapluie.
4. L’autobus avait du retard; c’est pourquoi je suis arrivé en retard.
5. Je n’ai pas tiré conséquence de son acte, peut-être parce que j’ai pensé
qu’il ne l’avait pas fait exprès.
6. Elle ne m’a pas écrit depuis longtemps. Certainement il lui est arrivé
quelque chose.
7. Si les restaurants sont envahis, c’est qu’ils simplifient pour beaucoup le
problème du ravitaillement. (A.Camus)
8. Elle a quitté la région: comme quoi il est impossible que tu l’aies
rencontrée.
4. Construisez un discours explicatif pour le phénomène du stress.
5. Essayez de justifier par un texte cohérent une arrivée tardive qu’on vous
reproche.

3.5. Le texte argumentatif

1. Le texte argumentatif vise à modifier les dispositions intérieures


de ceux à qui il s’adresse, à les convaincre et à les persuader du
bien-fondé d’une thèse que leur propose l’énonciateur. Basé sur un
enchaînement logique des propositions, le texte/discours
argumentatif aura la structure suivante
270 Mariana TUÞESCU

PRÉMISSE
(explicite ou implicite)

ARGUMENT(S)

THÈSE
(Conclusion)

La thèse est donc l’idée directrice que l’on veut défendre.


Les arguments sont les raisons sur lesquelles on s’appuie pour
défendre la thèse. Ces arguments sont eux-mêmes appuyés le
plus souvent sur des exemples. C’est de la valeur des arguments
qu’un discours tire sa principale force de persuasion. Les
arguments forts s’appellent preuves.
Observez ces textes. Dégagez la thèse et résumez-la. Décelez les arguments et
étudiez leur valeur, en précisant lesquels constituent des preuves:
(I) Il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain. Un
paysage pourra être beau, gracieux, sublime, insignifiant ou laid; il ne
sera jamais risible. On rira d’un animal, mais parce qu’on aura surpris
chez lui une attitude d’homme ou une expression humaine.
On rira d’un chapeau; mais ce qu’on raille alors, ce n’est pas le morceau
de feutre ou de paille, c’est la forme que les hommes lui ont donnée,
c’est le caprice humain dont il a pris le moule. (H.Bergson)
(II) Vous le savez, mais vous ne l’avez peut-être pas assez médité, à quel
point l’ère moderne est parlante? Nos villes sont couvertes de
gigantesques écritures. La nuit même est peuplée de mots de feu. Dès le
matin des feuilles imprimées innombrables sont aux mains des passants,
des voyageurs dans les trains et des paresseux dans leurs lits. Il suffit de
tourner un bouton dans sa chambre pour entendre les voix du monde,
et parfois la voix de nos maîtres. Quant aux livres, on n’en a jamais tant
publié. On n’en a jamais tant lu, ou plutôt tant parcouru! (P.Valéry)

2. Comment comprenez-vous le texte publicitaire suivant? Établissez le


schéma argumentatif qui le sous-tend:
Quand le dernier arbre sera coupé, la dernière rivière empoisonnée et le
dernier poisson mort, alors l’homme découvrira que l’on ne se nourrit
pas d’argent. (GREENPEACE)

3. Démontrez que le texte qui suit a une structure essentiellement


argumentative. Justifiez l'enchaînement logique des propositions qui le
constituent:
L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un
roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser:
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 271

une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais quand l'univers
l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui tue, parce qu'il
sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui , l'univers n'en sait
rien.
Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C'est de là qu'il faut nous
relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir.
Travaillons donc à bien penser: voilà le principe de la morale.(Pascal)
Quelle est la vertu argumentative de la définition de l'homme comme
«roseau pensant»?

4. Analysez le mouvement argumentatif qui sous-tend les Pensées suivantes


de Pascal:
(A) «On ne consulte que l'oreille, parce qu'on manque de coeur.»
(B) «Voulez-vous qu'on croie du bien de vous? N'en dites pas .»
(C) «Puisqu'on ne peut être universel et savoir tout ce qui se peut savoir
sur tout, il faut savoir peu de tout. Car il est bien plus beau de savoir
quelque chose de tout que de savoir tout d'une chose; cette universalité
est la plus belle. Si on pouvait avoir les deux, encore mieux, mais s'il
faut choisir, il faut choisir celle-là, et le monde le sent et le fait, car le
monde est un bon juge souvent.»

5. Analysez les opérations de justification et les mouvements argumentatifs qui


constituent le texte ci-dessous. Précisez ensuite quel est le rôle des connecteurs
argumentatifs: en effet, par conséquent, mais, alors, or.
Et en effet, sur la planète du petit prince, il y avait comme sur toutes les
planètes, de bonnes herbes et de mauvaises herbes. Par conséquent, de
bonnes graines de bonnes herbes et de mauvaises graines de mauvaises
herbes. Mais les graines sont invisibles. Elles dorment dans le secret de la
terre jusqu'à ce qu'il prenne fantaisie à l'une d'elles de se réveiller. Alors elle
s'étire, et pousse d'abord timidement vers le soleil une ravissante petite
brindille inoffensive. S'il s'agit d'une brindille de radis ou de rosier, on peut la
laisser pousser comme elle veut. Mais s'il s'agit d'une mauvaise plante, il faut
arracher la plante aussitôt, dès qu'on a su la reconnaître. Or il y avait des
graines terribles sur la planète du petit prince... C'étaient les graines de
baobabs. Le sol de la planète en était infesté. Or un baobab, si l'on s'y prend
trop tard, on ne peut jamais plus s'en débarrasser. Il encombre toute la
planète. Il la perfore de ses racines. Et si la planète est trop petite, et si les
baobabs sont trop grands et trop nombreux, ils la font éclater. (Antoine de
Saint-Exupéry, Le petit Prince)

6. La conclusion argumentative de l'intervention suivante, due au petit Prince, se


trouve dans la dernière proposition du texte. Étudiez, tout en expliquant le
rôle et le fonctionnement de la négation polémique:
- Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi. Il n'a jamais
respiré une fleur. Il n'a jamais regardé une étoile. Il n'a jamais aimé
personne. Il n'a jamais rien fait d'autre que des additions. Et toute la
272 Mariana TUÞESCU

journée il répète comme toi: «Je suis un homme sérieux! je suis un


homme sérieux!» et ça le fait gonfler d'orgueil. Mais ce n'est pas un
homme, c'est un champignon! (Antoine de Saint-Exupéry, Le petit
Prince)

7. Les publicités suivantes ont une structure implicite, basée sur des
enthymèmes (ou syllogismes abrégés). Quelle en est la force
argumentative?
1. Avec le Petit Robert, on trouve toujours ses mots.
2. Concorde: Rio de Janeiro à 7 heures de Paris.
3. Le test de la FIAT 131: une berline familiale qui reprend les techniques
d’hier pour faire face à la crise d’aujourd’hui.
4. Toutes les machines à laver se ressemblent... D’aspect seulement
(Publicité pour la machine à laver MIELLE).
5. Tout le monde ne prend pas AIR INTER pour les mêmes raisons... mais
tout le monde a de bonnes raisons pour prendre AIR INTER (Réclame
publicitaire pour les vols de la Compagnie AIR INTER).
6. DISNEYLAND Paris: Rien que d’y penser, ça fait rêver (PARIS-MATCH,
janvier 1995).

8. Justifiez le caractère argumentatif du texte ci-dessous, puisé à la presse


française contemporaine.
Quels sont les arguments p o u r la privatisation et quels sont les arguments
c o n t r e la privatisation?
Privatisations: en trompe-l'oeil
Plus personne, ni en France ni à l'étranger, ne conteste sérieusement le
principe des privatisations. Pourtant, à voir le mésusage qu'en fait notre
gouvernement, on pourrait presque se demander s'il ne vaudrait pas
mieux, en France, qu'on ne privatisât point plutôt que de «privatiser»
ainsi! Le dernier projet officiel, la cession de 49% de Renault, en dit long
là-dessus.
Trois arguments plaident en faveur des privatisations. Premièrement une
entreprise est mieux gérée si elle n'appartient pas à l'État. Deuxièmement, si
l'on affecte le produit des privatisations à la réduction de la dette publique,
on réduit les frais financiers qui grèvent le budget. Troisièmement, en
proposant aux épargnants des actions attractives, on les amène en Bourse.
Or, on est en train de réussir la prouesse de «privatiser» en passant à côté de
ces trois objectifs.
L'argument de bonne gestion est essentiel: que Renault ne soit plus contrôlée
par l'État, et l'entreprise fonctionnera normalement, sans ces interférences
dont la puissance publique est friande.Oui, mais s'il conserve 51% ou plus du
capital, l'État gardera en fait Renault sous sa coupe! D'ailleurs, les Arnault,
Bolloré ou Naouri, dans le privé, ne prouvent-ils pas, en «empilant» les
holdings à 51% pour contrôler une affaire sans y mettre le prix, que la vraie
barrière est bien là?
L'État, en dépensant directement le fruit des cessions d'entreprises publiques
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 273

au lieu d'en profiter pour rembourser sa dette, commet une deuxième


erreur: il réduit son actif, mais pas son passif, se contentant de faire plus de
dépenses courantes. Les partisans de cette hérésie font valoir, évidemment,
que, s'ils ne dépensaient pas cet argent, il leur faudrait bien emprunter
davantage pour boucler le budget - ce qui accroîtrait l'endettement du même
montant. Sophisme! Ce raisonnement ne tient que si l'on postule que la
dépense est incompressible, hypothèse commode, mais fausse. La vérité, c'est
que plus on met de recettes dans le budget de l'État, plus on trouve de
bonnes raisons de dépenser. Et que le plus mauvais service à rendre à ce
pays, déjà perclus de dettes, est d'accroître artificiellement ses entrées en
vendant les bijoux de famille pour boucler les fins de mois.
Quant à l'épargnant, troisième bénéficiaire théorique des privatisations, il est
tenu dans cette affaire en bien piètre estime! «On ne peut pas envisager une
privatisation de Renault sans un accord industriel permettant de garantir son
avenir», affirmait mardi le Premier ministre... proposant tout aussitôt de
vendre à monsieur Tout-le-Monde un petit bout du capital de cette société
dont l'avenir n'est pas «garanti»! Le fera-t-on au prix fort? Ce serait courir le
risque de dégoûter les souscripteurs de la Bourse. Pratiquera-t-on une
décote? On léserait alors les intérêts de l'État s'il est vraiment possible de
vendre mieux un peu plus tard!
En fait, ou une entreprise est en état d'être privatisée - et doit alors l'être
totalement - ou bien elle ne l'est pas - et elle doit alors être conservée dans le
patrimoine public. Le compromis balladurien, en la matière, n'a pas de sens -
sauf peut-être politique: il faut bien trouver de l'argent, mais il ne faut pas
«choquer» en vendant - vraiment - l'ex-Régie.
En se contentant de «privatiser» par morceaux pour payer les fonctionnaires,
on prépare pourtant aux Français des chocs autrement plus violents: un jour,
pour rembourser notre dette galopante, il faudra vendre, sous la contrainte,
pas seulement Renault mais - ce sera plus fâcheux - tout le reste. Des forêts
domaniales aux hôpitaux en passant par les monopoles de service public et -
pourquoi pas? - les jardins des ministères. (Philippe Manière)
9. «Un village qui se dépeuple est un musée que l’on déserte».
Vous commentez cette définition sous forme d’un essai de 30 à 40 lignes.
10. «La technique ne suffit pas à créer une civilisation. Pour qu’elle soit un
élément de progrès, elle exige un développement parallèle de nos
conceptions morales, de notre volonté de réaliser ensemble un effort
constructif.»
Construisez une argumentation à partir de cette affirmation en justifiant
votre position et en l’illustrant par des exemples concrets.
11. «Le langage ne fait-il que dire les choses?» Quelle est votre opinion?
Explicitez-la sous la forme d’un essai de 30 lignes.
12. Construisez une argumentation à partir de l’idée suivante:
«Le Progrès, c’est ce qui aide l’homme à vivre plus heureusement, plus
librement, plus amicalement». (J.-M.Domenach)
274 Mariana TUÞESCU

13. Que pensez-vous de cette affirmation d’André Maurois:


«Être de son temps, c’est comprendre que le temps ne peut être isolé de
ce qui le précéda».
14. Est-ce que ce mot d’Oscar Wilde est un paradoxe:
«La mode est une forme de laideur si intolérable qu’il faut en changer tous
les six mois»?
Donnez là-dessus votre opinion, tout en commentant argumentativement
cette affirmation.
15. Vous avez ci-dessous une scène entre Ismène et Antigone, tirée de la pièce de
Jean Anouilh, Antigone. Les deux soeurs défendent deux thèses adverses.
Lesquelles? Étudiez les arguments invoqués par chacun des deux personnages
à l’appui de sa thèse. Sont-ils fondés sur la raison ou sur les sentiments?
Rédigez votre réponse en quelques lignes.
On a choisi pour cette scène le titre:
JE NE VEUX PAS AVOIR RAISON
(Les deux fils d’Oedipe, Etéocle et Polynice, qui devaient règner sur Thèbes un
an chacun se sont entretués. Leur oncle Créon, le nouveau roi, a ordonné
que Polynice, le révolté, serait laissé sans sépulture, la proie des corbeaux et
des chacals. Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera
impitoyablement puni de mort. Au début de la pièce, Antigone et Ismène, les
deux soeurs de Polynice et Etéocle se rencontrent .)
ISMÈNE: Nous ne pouvons pas.
ANTIGONE (après un silence, de sa petite voix): Pourquoi?
ISMÈNE: Il nous ferait mourir.
ANTIGONE: Bien sûr. A chacun son rôle. Lui, il doit nous faire mourir, et
nous, nous devons aller enterrer notre frère. C’est comme cela que ça a
été distribué. Qu’est-ce que tu veux que nous y fassions?
ISMÈNE: Je ne veux pas mourir.
ANTIGONE (doucement): Moi aussi j’aurais bien voulu ne pas mourir.
ISMÈNE: Écoute, j’ai bien réfléchi toute la nuit. Je suis l’aînée. Je réfléchis
plus que toi. Toi, c’est ce qui te passe par la tête tout de suite, et tant pis
si c’est une bêtise. Moi, je suis plus pondérée. Je réfléchis.
ANTIGONE: Il y a des fois où il ne faut pas trop réfléchir.
ISMÈNE: Si, Antigone. D’abord c’est horrible, bien sûr, et j’ai pitié moi
aussi de mon frère, mais je comprends un peu notre oncle.
ANTIGONE: Moi je ne veux pas comprendre un peu.
ISMÈNE: Il est le roi, il faut qu’il donne l’exemple.
ANTIGONE: Moi, je ne suis pas le roi. Il ne faut pas que je donne l’exemple,
moi... Ce qui lui passe par la tête, la petite Antigone, la sale bête, l’entêtée, la
mauvaise, et puis on la met dans un coin ou dans un trou. Et c’est bien fait
pour elle. Elle n’avait qu’à ne pas désobéir!
ISMÈNE: Allez! Allez!... Tes sourcils joints, ton regard droit devant toi et te
voilà lancée sans écouter personne. Écoute. J’ai raison plus souvent que
toi.
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 275

ANTIGONE: Je ne veux pas avoir raison.


• Pourquoi Ismène dit-elle: «Je suis l’aînée»?
• Repérez dans ses paroles le champ sémantique de la raison et relevez les
mots qui en font partie.
• Commentez cette réplique d’Antigone: «Il y a des fois où il ne faut pas
trop réfléchir.»
• Expliquez le sens de la séquence: «Mais je comprends un peu notre oncle»
dans la bouche du personnage Ismène.
• Pourquoi Antigone refuse-t-elle de «comprendre un peu» Créon?
Précisez la valeur du mot “un peu” dans les répliques des deux soeurs.
• Décelez le caractère polyphonique du discours d’Antigone. Appuyez-vous
surtout sur son intervention: « Il ne faut pas que je donne l’exemple,
moi... - Ce qui lui passe par la tête, la petite Antigone, la sale bête,
l’entêtée, la mauvaise, et puis on la met dans un coin ou dans un trou
/.../ Elle n’avait qu’à ne pas désobéir!»
• Caractérisez Ismène et Antigone d’après leurs discours. Les deux soeurs
se ressemblent-elles?
16. En vous appuyant sur des arguments, défendez les thèmes suivants:
- Rire est le propre de l’homme.
- La ville a une figure; la campagne a une âme. (J. de Lacretelle)

17. Dans les textes qui suivent explicitez le rôle et le fonctionnement des
connecteurs argumentatifs en gras:
(1) Le petit Prince ne parvenait pas à s’expliquer à quoi pouvait servir,
quelque part dans le ciel, sur une planète sans maisons, ni populations,
un réverbère et un allumeur de réverbères. Cependant il se dit en lui-
même: «Peut-être bien que cet homme est absurde. Cependant il est
moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le
buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. Quand il allume son
réverbère c’est comme s’il faisait naître une étoile de plus ou une fleur.
Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l’étoile. C’est une
occupation très jolie. C’est véritablement utile puisque c’est joli.» (A. de
Saint-Exupéry)
(II) Il n’y a pas longtemps, certains restaurants affichaient: «Ici, le couvert
est ébouillanté.» Mais, peu à peu, ils ont renoncé à toute publicité
puisque les clients étaient forcés de venir. Le client, d’ailleurs, dépense
volontiers /.../ Il paraît aussi que des scènes de panique ont éclaté dans
un restaurant parce qu’un client pris de malaise avait pâli, s’était levé,
avait chancelé et gagné très vite la partie. (A.Camus)

18. A partir des connecteurs discursifs ci-dessous, utilisés dans cet ordre,
construisez une argumentation sur les sujets suivants:
(A) l’importance du sport dans la vie des jeunes;
276 Mariana TUÞESCU

(B) le rôle formateur de la lecture.


Certes. Mais. Pourtant. En effet. D’une part. D’autre part. De plus.
D’ailleurs. Donc..

19. Observez cette conclusion. Quel rôle y jouent les articulateurs logiques et
les connecteurs argumentatifs? Et la disposition en paragraphes?
Car c’est bien de quoi il s’agit en dernier ressort: le citoyen est un homme
qui ne laisse pas à d’autres le soin de décider de son sort et du sort
commun.
Parce qu’elle dépend essentiellement de la volonté des citoyens, parce
qu’elle suppose un effort permanent, la démocratie n’est jamais acquise.
On ne peut jamais se reposer sur elle, s’endormir en elle.
Pas plus qu’elle ne peut être acquise, elle ne peut être parfaite.
Il n’existe pas de démocratie atteinte et accomplie une fois pour toutes.
Elle est ce vers quoi on tend, ce qui demeure à l’horizon.
Mais aussi parce qu’elle n’est jamais pleinement acquise, la démocratie est
toujours menacée. Par ses adversaires, sans aucun doute. Mais bien plus
par la négligence ou l’inertie des citoyens. Eux seuls peuvent la faire
vivre, en la portant jour après jour, dans une action incessante.
(P.Mendès-France)
20. Les principales relations logiques dans l’argumentation sont:
- LA CONCESSION exprimée par: malgré, sans doute, certes, bien que,
quoique, quelque ... que etc.
- L’OPPOSITION exprimée par: mais, au contraire, en revanche, tandis
que, alors que, ou, plus faiblement par: néanmoins, pourtant,
toutefois etc.
- L’ADDITION ou GRADATION exprimée par: et, de plus, en outre,
surtout, d’abord, ensuite, enfin, outre que etc.
- LA CAUSE et LA JUSTIFICATION exprimées par: parce que, en effet,
sous prétexte que, non que (CAUSE REJETÉE), étant donné,
puisque, car etc.
- LA CONSÉQUENCE exprimée par: donc, c’est pourquoi, de là, d’où etc.
Dans les extraits textuels qui suivent, retrouvez les relations logiques et
précisez par quels articulateurs discursifs elles sont exprimées:
(I) Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins
malheureux que nous; les fétiches hollandais qui m’ont converti me
disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d’Adam, blancs
et noirs. Je ne suis pas généalogiste; mais si ces prêcheurs disent vrai,
nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m’avouerez qu’on
ne peut en user avec ses parents d’une manière plus horrible. (Voltaire)
(II) La psychologie de l’automobiliste est un chapitre nouveau dans
l’anthropologie, non parce que l’automobiliste est un homme nouveau,
mais au contraire parce que c’est un être dont le fond n’a pas changé,
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 277

quoi qu’il dispose d’un objet magique. (L.Millet)


(III) Ce qu’il y a de fondamental dans la période transitoire, ce n’est pas
tellement que le progrès technique engendre des perturbations, ce n’est
pas tellement que le progrès technique agisse irrégulièrement sur les
différents secteurs de la production et, par conséquent, sur tous les
phénomènes économiques, c’est surtout qu’il dépayse constamment
l’individu. (J.Fourastié)

21. Commentez cette affirmation de Camus sous la forme d’un essai de 30


lignes. Vous allez accorder une plus grande attention à la signification de
la dernière proposition:
Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne
sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande.
Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse.
Pessimisme, optimisme ou responsabilité supérieure? Qu’en pensez-vous?

22. Retrouvez le connecteur logique propre à ces textes, en remplaçant les


pointillés entre crochets par le mot de liaison qui convient:
(1) Il vaut mieux courir au trépas.
Je dois à ma maîtresse aussi bien qu’à mon père:
[...] J’attire en me vengeant sa haine et sa colère;
[...] J’attire ses mépris en ne me vengeant pas. (Corneille)
(II)Il faut travailler [...] par goût, [...] par désespoir. (Baudelaire)
(III)Vivre toute sa vie. Développer toutes les puissances que l’on sent en
soi-même. Beau programme [...]. [...] Difficile programme. (Alain)
(IV) Je ne sais plus bien ce qui me maintient encore en vie [...] l’habitude
de vivre. (A.Gide)

3.6. Le texte figuratif

1. Les textes suivants, dus à Marguerite Yourcenar, sont basés sur des
métaphores et des comparaisons. Analysez la manière dont les
constituants en italiques arrivent à former des structures poétiques et
confèrent au texte auquel ils appartiennent une valeur figurative:
1. Grâce à Wang-Fô, Ling connut la beauté des faces de buveurs estompées
par la fumée des boissons chaudes, la splendeur brune des viandes
inégalement léchées par les coups de langue du feu et l’exquise roseur des
taches de vin parsemant les nappes comme des pétales fanés.
2. Comme le voyageur qui navigue entre les îles de l’Archipel voit la buée
lumineuse se lever vers le soir, et découvre peu à peu la ligne du rivage, je
commence à apercevoir le profil de ma mort.
Déjà, certaines portions de ma vie ressemblent aux salles dégarnies d’un palais
trop vaste, qu’un propriétaire appauvri renonce à occuper tout entier. Je ne
chasse plus (...)
Le renoncement au cheval est un sacrifice plus pénible encore: un fauve n’est
qu’un adversaire, mais un cheval était un ami. Si on m’avait laissé le choix de ma
278 Mariana TUÞESCU

condition, j’eusse opté pour celle de Centaure. (...)


Il en va de même de la nage: j’y ai renoncé, mais je participe encore aux
délices du nageur caressé par l’eau. Courir, même sur le plus bref des
parcours, me serait aujourd’hui aussi impossible qu’à une lourde statue, un
César de pierre, mais je me souviens de mes courses d’enfant sur les
collines sèches de l’Espagne (...)
2. Comment se constitue l’image d’une MER DE SABLE dans le texte
poétique qui suit? Analysez les métaphores et les autres tropes qui
contribuent à la schématisation discursive de ce texte:
On lui avait parlé d’une «mer de sable». Idriss n’avait jamais vu la mer, mais
il en eut une image parfaitement fidèle en butant au bout d’une rue sur la
grande dune qui montait, vierge et dorée, jusqu’au ciel. Une colline d’au moins
cent mètres de haut, douce et parfaitement intacte, sans cesse caressée et
remodelée par le vent, annonçait ainsi, comme sa première vague, l’immense
océan du Grand Erg occidental. Il ne peut se retenir de se jeter à l’assaut de
cette montagne instable et tendre, qui croulait sous ses pieds en cascades
blondes, et au flanc de laquelle il se coucha un moment pour reprendre son
souffle. Pourtant l’escalade n’avait rien d’éprouvant, et il se trouva bientôt à
cheval sur la crête, une arête rigoureusement dessinée, qu’un friselis provoqué
par le vent ne cessait de peigner et d’aiguiser. A l’est moutonnait à l’infini,
jusqu’à l’horizon, l’échine d’or d’une infinité d’autres dunes, une mer de sable,
oui, mais figée, immobile, sans un navire.
En redescendant, il constata que la trace de ses pas au flanc de la première
dune était déjà effacée, comme absorbée, digérée par l’épaisseur du sable. La
dune était à nouveau vierge et intacte comme au premier jour de la création. Il
se demanda par quel miracle cette masse de sable meuble, constamment
travaillée par l’air, n’envahissait pas les rues, ne recouvrait pas les maisons.
Mais non, elle s’arrêtait bien sagement au pied d’une murette de quelques
centimètres qui limitait le village. (M. Tournier)
3. Le code poétique est un «défi exceptionnel» à la réalité langagière, un
code conventionnel basé sur l’arbitraire du signe linguistique et la
fictionalité, un discours double, qui articule le plan de l’expression
avec celui du contenu. Il y a une corrélation du plan de l’expression
et de celui du contenu, un isomorphisme - en termes structuraux -
qui définirait le spécifique du discours poétique ou figuratif. Le
texte poétique crée son propre référent, il est «autoréférentiel», il
est générateur d’une «illusion référentielle». Cette équivalence entre
le signifiant sonore et/ou graphique et le signifié provoque une
«illusion référentielle en nous invitant à assurer comme vrais les
propos tenus par le discours poétique qui voit ainsi sa sacralité
fondée sur sa matérialité» - écrivait A.J.Greimas (1972).
Nous vous proposons de réfléchir sur le poème suivant, dû à Henri
Michaux, et d’essayer de le commenter. Il est à remarquer que deux types
de langage s’y affrontent: l’un volontairement «déformé», l’autre
volontairement clair. La violation du langage n’intervient-elle pas là où
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 279

il eût été banal de recourir à un lexique «normal»?


LE GRAND COMBAT
Il l’emparouille et l’endosque contre terre;
Il le rague et le roupète jusqu’à son drâle;
Il le pratèle et le libuque et lui barufle les ouillais;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l’écorcobalisse.
L’autre hésite, s’espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C’en sera bientôt fini de lui;
Il se reprise et s’emmargine... mais en vain.
Le cerceau tombe qui a tant roulé.
Abrah! Abrah! Abrah!
Le pied a failli!
Le bras a cassé!
Le sang a coulé!
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret
Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs;
On s’étonne, on s’étonne, on s’étonne
Et on vous regarde,
On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret.
A remarquer que les mots employés, surtout dans la première partie,
n’appartiennent pas à la langue française. Pourtant ils n’apparaissent
pas comme inintelligibles; ils ont un «air» français. Certains sont très
proches des mots connus: marmine (marmite), tocarde (tocard).
D’autres sont formés sur un mot appartenant à une autre classe
grammaticale: se torse (le torse) ou construits avec un autre préfixe: se
défaisse (s’affaisse): ailleurs, un verbe existant est ici utilisé dans une
construction différente: se reprise (repriser, contaminé d’ailleurs par
se reprendre, ce qui provoque la trouvaille).
Dans les autres cas, ces mots paraissent «français», bien que sans
parenté évidente avec d’autres du lexique français, parce que leur
corps phonétique a une allure analogique:
- emparouille rappelle s’emparer, empaler, dérouiller.
- rague rappelle râle, vague, rage etc.
- pratèle rappelle martèle, écartèle etc.
La morphologie et la syntaxe demeurent intactes. Il suffit de
faire disparaître les lexèmes du vers 2, par exemple, pour s’en
rendre compte:
Il le ... et le ... jusqu’à son ...
Cette suite morpho-syntaxique pourrait être celle de:
Il le touche et le transperce jusqu’à son coeur.
Sans doute, le vers le plus énigmatique du texte est le dixième:
Le cerceau tombe qui a tant roulé.
280 Mariana TUÞESCU

C’est un vers archaïsant, énigmatique et effrayant. Sans doute un


cerceau ne mérite-t-il pas de contexte si poétique; néanmoins nous
avons été préparés dès le début aux pirouettes verbales et aux
parentés sonores, «Michaux ne nous conduit-il pas à associer
inconsciemment au mot cerceau un autre, terrible dans ce contexte:
cerveau?
La dérision du langage nous met peut-être en garde contre de trop
faciles lectures; contre les pièges d’un langage frivole.»
(E.Genouvrier & J.Peytard)
4. Le Dictionnaire LE PETIT ROBERT définit le CAGEOT comme
«l'emballage à claire-voie, en bois, osier, servant au transport des
denrées alimentaires périssables: cageot de laitues, de fruits.» Le mot est
synonyme de CLAYETTE.
Voici comment Francis Ponge décrit cet objet en en faisant le thème d'un
discours figuratif ou poétique:
LE CAGEOT
A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple
caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre
suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort,
il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées
fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat
sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être
dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en
somme des plus sympathiques, sur le sort duquel il convient toutefois de
ne s'appesantir longuement. (Francis Ponge)
Quels sont les constituants figuratifs du texte, appartenant à l ' a x e d e s
c o n n o t a t i o n s?
5. Lisez attentivement le texte qui suit et tâchez de le paraphraser par vos
propres paroles. Vous allez sans doute constater que votre lecture
dénotative efface son caractère figuratif. Pourquoi? Comment
expliquerez-vous cette tension poétique, cette métaphorisation, cette
indirection qui le caractérisent?
L'autre semaine, j'ai repéré sur le dessus d'une poubelle une paire de
brodequins crevés, déchirés, brûlés par la sueur, humiliés de surcroît
parce qu'avant de les jeter on avait récupéré leurs lacets, et ils bâillaient
en tirant la languette et en écarquillant leurs oeillets vides. Mes mains
les ont cueillis avec amitié, mes pouces cornés ont fait ployer les semelles
- caresse rude, mais affectueuse -, mes doigts se sont enfoncés dans
l'intimité de l'empeigne. Ils semblaient revivre, les pauvres croquenots,
sous un toucher aussi compréhensif, et ce n'est pas sans un pincement
de coeur que je les ai replacés sur le tas d'immondices. (M. Tournier)
6. Dans ce fragment du poème l’Expiation de Victor Hugo, précisez en quoi
consistent le(s) référentiel(s), les structures rhétoriques et l’organisation
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 281

du discours poétique. Analysez le fonctionnement de ces trois types de


5
médiation :
L’EXPIATION
Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l’aigle baissait la tête.
Sombres jours! L’empereur revenait lentement,
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.
Il neigeait. L’âpre hiver fondait en avalanche.
Après la plaine blanche une autre plaine blanche.
On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau.
Hier la grande armée, et maintenant troupeau.
On ne distinguait plus les ailes ni le centre.
Il neigeait. Les blessés s’abritaient dans le ventre
Des chevaux morts; au seuil des bivouacs désolés
On voyait des clairons à leurs postes gelés,
Restés debout en selle et muets, blancs de givre,
Collant leur bouche en pierre aux trompettes de cuivre.
Boulets, mitraille, obus, mêlés aux flocons blancs,
Pleuvaient; les grenadiers, surpris d’être tremblants,
Marchaient pensifs, la glace à leur moustache grise.
Il neigeait, il neigeait toujours! La froide bise
Sifflait; sur le verglas, dans des lieux inconnus,
On n’avait pas de pain et l’on allait pieds nus.
Ce n’étaient plus des coeurs vivants, des gens de guerre,
C’était un rêve errant dans la brume, un mystère,
Une procession d’ombres sous le ciel noir,
La solitude, vaste, épouvantable à voir,
Partout apparaissait, muette, vengeresse.
Le ciel faisait sans bruit avec la neige épaisse
Pour cette immense armée un immense linceul;
Et, chacun se sentant mourir, on était seul.
- Sortira-t-on jamais de ce funeste empire?
5
En partant du jeu des isotopies dans les textes poétiques, le Groupeµ propose
l’hypothèse du modèle médiateur. On distingue ainsi trois types de médiation: (a) la
médiation référentielle: le texte comporte explicitement des termes qui désignent
des procès médiateurs; (b) la médiation discursive - deux isotopies sont
explicitement mises en relation, au fil du syntagme, sur la base de rapports entre les
signifiés et/ou entre les signifiants; (c) la médiation rhétorique: une isotopie ou
une unité de signification est rendue lisible selon une autre isotopie ou comme une
autre unité de signification (non manifestée) grâce à des opérations rhétoriques
faisant usage de leurs propriétés communes.
C’est en tant que médiation langagière que l’opération poétique s’accomplit.
D’autre part, la Rhétorique de la poésie propose un modèle sémantique triadique qui
sous-tend la création poétique. Celui-ci est représenté par ce triangle:
LOGOS

ANTHROPOS COSMOS
Voir là-dessus, Groupe µ, Rhétorique de la poésie. Lecture linéaire. Lecture tabulaire. Seuil, 1990.
282 Mariana TUÞESCU

Deux ennemis! le czar, le nord. Le nord est pire.


On jetait les canons pour brûler les affûts.
Qui se couchait, mourait. Groupe morne et confus,
Ils fuyaient; le désert dévorait le cortège.
On pouvait, à des plis qui soulevaient la neige,
Voir que des régiments s’étaient endormis là. /.../
On s’endormait dix mille, on se réveillait cent./.../
Toute une armée ainsi dans la nuit se perdait.
L’empereur était là, debout, qui regardait.
Il était comme un arbre en proie à la cognée.
Sur ce géant, grandeur jusqu’alors épargnée,
Le malheur, bûcheron sinistre, était monté;
Et lui, chêne vivant, par la hache insulté,
Tressaillant sous le spectre aux lugubres revanches,
Il regardait tomber autour de lui ses branches.
Chefs, soldats, tous mouraient. Chacun avait son tour. (V.Hugo)
Relevez quelques-unes des isotopies qui forment le signifié de ce poème.
7. Comment le signifié «la fuite des jours» est-il exprimé dans les vers
suivants d’Apollinaire? Expliquez l’isomorphisme entre le plan du
signifié (ou du contenu) et celui du signifiant (ou de la forme):
(I) Belles journées, souris du temps,
Vous rongez peu à peu ma vie,
Dieu! je vais avoir vingt-huit ans,
Et mal vécus, à mon avis.
(II) Des cadavres de jours rongés par les étoiles.
(III) Et moi qui m’attardais sur le quai à Auteuil
Quand les heures tombaient parfois comme les feuilles
Du cep.
(IV) Passons passons puisque tout passe
Je me retournerai souvent
Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent.

8. Vous avez ci-dessous deux poèmes sur La cigarette, l’un dû à Jules Laforgue
et l’autre à Francis Ponge. Comparez-les et relevez l’expression des trois types
de médiation: RÉFÉRENTIELLE, DISCURSIVE et RHÉTORIQUE ainsi
que la manière dont se réalise le modèle triadique: ANTHROPOS (=
HOMME) ~ LOGOS (= LANGAGE) ~ COSMOS (= UNIVERS):
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 283

(I) LA CIGARETTE
Oui, ce monde est bien plat; quant à l’autre, sornettes.
Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort.,
Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.
Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes,
Moi, le méandre bleu, qui vers le ciel se tord,
Me plonge en une extase infinie et m’endors,
Comme aux parfums mourants de mille cassolettes.
Et j’entre au paradis, fleuri de rêves clairs,
Où l’on voit se mêler en valses fantastiques
Des éléphants en rut à des choeurs de moustiques.
Et puis, quand je m’éveille en songeant à mes vers,
Je contemple, le coeur plein d’une douce joie,
Mon cher pouce rôti comme une cuisse d’oie.

(II) LA CIGARETTE
Rendons d’abord l’atmosphère à la fois brumeuse et sèche, échevelée, où
la cigarette est toujours posée de travers depuis que continûment elle la
crée.
Puis sa personne: une petite torche beaucoup moins lumineuse que
parfumée, d’où se détachent et choient selon un rythme à déterminer
un nombre calculable de petites masses de cendres.
Sa passion enfin: ce bouton embrasé, desquamant en pellicules
argentées, qu’un manchon immédiat formé des plus récentes entoure.

9. Le caractère figuratif du texte suivant, dû au poète surréaliste Robert


Desnos, est assuré par les transgressions grammaticales, les violations des
règles de grammaire. Relevez-les et montrez leur rôle dans l’établissement
du code poétique; expliquez le titre du poème :
AU MOCASSIN LE VERRE
Tu me suicides, si docilement.
Je te mourrai pourtant un jour.
Je connaîtrons cette femme idéale
et lentement je neigerai sur sa bouche.
Et je pleuvrai sans doute même si je fais tard, même si je fais beau temps.
Nous aimez si peu nos yeux
et s’écroulerai cette larme sans
raison bien entendu et sans tristesse.
Sans.

10. Mettez en français le texte suivant:


Cu capul descoperit, purtînd pe bra] pelerina cenu[ie ale c\rei pulpane atîrnau prin iarb\,
{tef\nel intr\ în livad\, l\sîndu-se în voia pa[ilor.
284 Mariana TUÞESCU

Ar fi putut merge cu ochii închi[i oriunde prin livad\! Copil\ria cu genunchii zgîria]i l-
ar fi c\l\uzit pretudineni, din pom în pom, ca pe un voievod orb, prin potecile cucernice
ale norodului s\u. ... L\sase livada ast\-toamn\, cenu[ie de ploi, împotmolit\ în glodul
mohorît; o reg\sea ager\, plin\ de cer, înmugurind. ... În cale îi ie[ir\ merii, vi[inii,
piersicii, renglozii... {i, rînd pe rînd, buzele lui murmurau:
- Iat\ merii; iat\ vi[inii; iat\ piersicii...
A[a cum ar fi spus: bine v-am g\sit, merilor; bine v-am g\sit, vi[inilor; bine v-am g\sit,
piersicilor...
... Ocoli întreaga livad\, [i la urm\ de tot se îndrept\ spre pomul dintre to]i mai drag,
spre zarz\rul de la geamul fostei lui od\i. «S-a mai schimbat oare?» {i-l amintea de cînd
era mic: [i el, [i zarz\rul. Copil\riser\... Crescuse cu încetul, rîzînd cu din]ii de lapte ai
mugurilor fiec\rui April, în\l]îndu-se pe treptele prim\verilor, spre fereastra od\ii. {i într-o
diminea]\ neuitat\, copilul în c\ma]\ de noapte [i pomul în c\ma[\ de flori, î[i întinde
mînile la geam - pe pragul prin care zarz\rul intra în odaie, cu vîntul [i cu soarele...
... Îl v\zu de departe, [i-l auzi [i se gr\bi s\-l întîmpine. Pe zidul alb, zvîntat de soare,
crengile se desprindeau armonioase, cu bra]ele în\l]ate în ritmul unui început de d\n]uire;
mul]imea mugurilor ]esea un abur umed de m\rg\ritare ruginii. P\rea îmbujorat zarz\rul,
[i surîz\tor, ca obrajii bucuriei...
(Ionel Teodoreanu)

3.7. Le texte polytypologique

1. Expliquez comment agissent les règles de la cohérence micro-structurale dans la


constitution du texte suivant, tiré de La Peste d'Albert Camus. Tâchez
ensuite de le résumer et précisez quels types de discours ou de texte (narratif,
descriptif, explicatif, conversationnel, figuratif (poétique) sont illustrés par les
différentes séquences textuelles ou propositions qui forment ce texte:
Il était quatre heures de l'après-midi. Sous un ciel lourd, la ville cuisait
lentement. Tous les magasins avaient leur store baissé. Les chaussées étaient
désertes. Cottard et Rambert prirent des rues à arcades et marchèrent longtemps
sans parler. C'était une de ces heures où la peste se faisait invisible. Ce silence,
cette mort des couleurs et des mouvements, pouvaient être aussi bien ceux de
l'été que ceux du fléau. On ne savait si l'air était lourd de menaces ou de
poussières et de brûlure. Il fallait observer et réfléchir pour rejoindre la peste. Car
elle ne se trahissait que par des signes négatifs. Cottard, qui avait des affinités
avec elle, fit remarquer par exemple à Rambert l'absence des chiens qui,
normalement eussent dû être sur le flanc, au seuil des couloirs, haletants, à la
recherche d'une fraîcheur impossible.
Ils prirent le boulevard des Palmiers, traversèrent la place d'Armes et
descendirent vers le quartier de la Marine. À gauche, un café peint en vert
s'abritait sous un store oblique de grosse toile jaune. En entrant, Cottard et
Rambert essuyèrent leur front. Ils prirent place sur des chaises pliantes de
jardin, devant des tables de tôle verte. (...)
La chaleur, à ce moment, sembla monter encore. Cottard enleva sa veste
et frappa sur la tôle. Un petit homme, perdu dans son long tablier bleu,
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 285

sortit du fond, salua Cottard, avança en écartant le coq d'un vigoureux coup
de pied et demanda, au milieu des gloussements du volatile, ce qu'il fallait
servir à ces messieurs. Cottard demanda du vin blanc et s'enquit d'un
certain Garcia. Selon le nabot, il y avait déjà quelques jours qu'on ne l'avait
vu dans le café.
«Pensez-vous qu'il viendra ce soir?
- Eh! dit l'autre, je ne suis pas dans sa chemise. Mais vous connaissez son
heure?
- Oui, mais ce n'est pas très important. J'ai seulement un ami à lui
présenter.»
Le garçon essuyait ses mains moites contre le devant de son tablier.
«Ah! monsieur s'occupe aussi d'affaires?
- Oui» dit Cottard.
Le nabot renifla:
«Alors, revenez ce soir. Je vais lui envoyer le gosse»
En sortant, Rambert demanda de quelles affaires il s'agissait.
«De contrebande, naturellement, ils font passer des marchandises aux
portes de la ville. Ils vendent au prix fort.
- Bon, dit Rambert. Ils ont des complicités?
- Justement.» (A.Camus, La Peste)

2 Vous avez ci-dessous un texte d'André Gide: Paludes. Sa «mise en abyme»


résulte de la multiplicité des plans énonciatifs et des types textuels qui le
constituent.
Étudiez ces différents niveaux énonciatifs et textuels et précisez comment ils
s'enchâssent pour former un texte moderne, polyphonique et
polytypologique, c'est-à-dire propre à la poétique d'André Gide:
- Hubert fait beaucoup de bien: cinq familles indigentes lui doivent de
subsister encore; il place des ouvriers qui manquent d'ouvrage chez des
patrons qui manquaient d'ouvriers. Il envoie des enfants chétifs à la
campagne, où il y a des établissements. Il a fondé un atelier de rempaillage
pour occuper de jeunes aveugles. - Enfin, les dimanches, il chasse. - Et vous!
qu'est-ce que vous faites?
- Moi! répondis-je un peu gêné, j'écris Paludes.
- Paludes? qu'est-ce que c'est? dit-elle.
Nous avions fini de manger; j'attendis d'être dans le salon pour répondre.
Quand nous fûmes tous deux assis au coin du feu: Paludes, commençai-je, c'est
l'histoire d'un célibataire dans une tour entourée de marais.
- Ah! fit-elle.
- Il s'appelle Tityre.
- Vous me lirez ça, dit Angèle.
- Quand vous voudrez. J'en ai précisément quatre ou cinq feuillets dans
ma poche; et les en sortant aussitôt, je lui lus, avec toute l'atonie désirable:

JOURNAL DE TITYRE ou PALUDES


De ma fenêtre j'aperçois, quand je relève un peu la tête, un jardin que je n'ai pas
encore bien regardé; à droite, un bois qui perd ses feuilles; au-delà du jardin, la
286 Mariana TUÞESCU

plaine; à gauche un étang dont je reparlerai.


Le jardin, naguère, était planté de passe-roses et d'ancolies, mais mon incurie a
laissé les plantes croître à l'aventure; à cause de l'étang voisin, les joncs et les
mousses ont tout envahi; les sentiers ont disparu sous l'herbe; il ne reste plus, où
je puisse marcher, que la grande allée qui mène de ma chambre à la plaine, et
que j'ai prise un jour lorsque je fus me promener. Au soir, les bêtes du bois la
traversent pour aller boire l'eau de l'étang; à cause du crépuscule, je ne distingue
que des formes grises, et comme ensuite la nuit est close, je ne les vois jamais
remonter.
- Moi, ça m'aurait fait peur, dit Angèle; - mais continuez - c'est très bien
écrit.
J'étais très contracté par l'effort de cette lecture:
- Oh! c'est à peu près tout, lui dis-je; le reste n'est pas achevé.
- Des notes, s'écria-t-elle - ô lisez-les! c'est le plus amusant; on y voit ce
que l'auteur veut dire bien mieux qu'il ne l'écrira dans la suite.
Alors je continuai - déçu d'avance et, tant pis, tâchant de donner à ces
phrases une apparence inachevée:
- Prolongement sous l'eau des mousses de la rive. Indécisions des reflets; algues; des
poissons passent. Éviter, en parlant d'eux, de les appeler des «stupeurs opaques».
- Je l'espère bien! mais pourquoi cette note?
- Parce que mon ami Hermogène appelle déjà comme ça les carpes.
- Je ne trouve pas ça heureux comme expression.
- Tant pis. Je continue?
- Je vous en prie; elles sont très amusantes vos notes.
- Tityre, à l'aube, aperçoit des cônes blancs s'élever dans la plaine; salines. Il
descend pour voir travailler. - Paysage inexistant; talus très étroits entre deux marais
salants. Trop grande blancheur des trémies (symbole); on ne peut voir ça que quand il
fait du brouillard; des lunettes de verre fumé préservent des ophtalmies les
travailleurs.
Tityre met une poignée de sel dans sa poche, puis rentre dans sa tour. - C'est tout.
- C'est tout?
- Tout ce que j'ai écrit.
- J'ai peur que ce ne soit un peu ennuyeux, votre histoire, dit Angèle.
Rentré chez moi, je tentai de mettre en vers le début de Paludes. J'en
écrivis le premier quatrain:
De ma fenêtre j'aperçois
Quand je relève un peu la tête
La lisière d'un petit bois
Qui ne s'est jamais mis en fête.
Et puis je me couchai, ayant achevé ma journée. (André Gide)
3. Le texte suivant constitue bien un portrait. Relevez, dans sa structuration,
le rôle et les aspects de la narrativité ainsi que les éléments de la
description. Paraphrasez ce texte et montrez comment votre démarche
détruit son caractère poétique:
IL S’OCCUPE...
À Marcel Schwob
Il s’occupe des travaux de la terre et taille
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 287

Les haies, ramasse le blé et les figues qui bâillent.


Il a un pavillon dans sa vigne, et il goûte
Le vin en bois aigre qu’il examine au jour.
Un lièvre lui mange les choux de son jardin
Où quelques rosiers sont lourds de pluie, le matin.
Parfois on lui porte un acte notarié,
Un paysan, pour savoir comment être payé.
Il nettoie son fusil et couche avec sa bonne.
L’existence lui est douce, calme et bonne.
Il fit son droit jadis.
Une photographie
Nous le montre triste, pommadé et jauni,
A l’époque de son duel pour une femme.
Il tient un journal à la main et regarde
Devant lui.
Que c’est triste, que c’est triste,
Je trouve, ce temps où on se nommait Évariste.
Le vieux père et la mère étaient au désespoir...
On avait surpris une lettre de femme, un soir...
Un jour, il est revenu de la capitale
Avec un chou de cheveux sur son front pâle.
On a enterré les vieux parents qu’il aimait,
Et dont il parle avec un touchant respect.
Il n’a pas d’héritiers et sa succession,
Qui sera belle, sera partagée, dit-on, entre les Dumouras et les Cosset.
Qui sait?
Il vit ainsi, auprès des chênes, et c’est
De longues veillées qu’il passe à la cuisine
Où dort le chien rose de feu, où les mouches
Salissent de cacas tout ce qu’elles touchent.
Parfois, le matin, il s’essaye à un trombone
Triste auquel est habituée sa bonne.
Il vit ainsi doucement, sans savoir pourquoi.
Il est né un jour. Un autre jour il mourra. (Francis Jammes).

4. Mettez en français le texte suivant, en observant comment s’enchaînent les


différentes séquences textuelles (narratives, explicatives, injonctives,
conversationnelles, figuratives):
... Ochii Soniei înverzir\ de sub gene. Se dojeni singur\: - Iar am a]ipit - [i la
noapte n-am s\ mai pot dormi!
Nuni oft\ u[urat\, v\zînd c\ Sonia s-a de[teptat. Ca s\ nu-i tulbure somnul, st\tuse
locului pîn\ atunci, vorbind p\pu[iii la ureche, de[i p\pu[a n-avea urechi. Astfel,
Nuni izbutise s\-[i vorbeasc\ singur\ la ureche.
Toate sunetele agonisite în c\pu[orul ei se risipir\ darnic în hohote de rîs, ca b\nu]i de
argint rostogoli]i dintr-o pu[culi]\ spart\.
- Ce-i, Nuni?
Rîsul feti]ei conteni. Privind gale[ p\pu[a:
- Pu[o. roag\ tu pe Sonia s\ ne duc\ la plimbare!
288 Mariana TUÞESCU

- ...!
Sonia se ridic\ de pe divan alene, cu mi[c\rile înv\luite în moliciunea somnului [i
în c\dura soarelui, ca în faldurile unui [al vene]ian.
- Vai! ce-i în capul meu!
Un v\lm\[ag lucios de tumbe brune nelini[ti luciul oglinzii ovale: p\rul Soniei
dup\ somn.
Luînd de pe m\su]\ un flacon [olduros, cu potcap de argint aurit, i-l încredin]\ lui
Nuni:
- }ine-l bine [i desf\-l cu b\gare de seam\... dac\ vrei s\ ne plimb\m!
În timp ce feti]a, devenind grav\ deodat\, de[uruba dopul, Sonia începu s\ se
pieptene. Pe rînd pieptenele [i peria biruir\ buclele înd\r\tnice, pîn\ cînd - supuse -
alunecar\ de o parte [i de alta a c\r\rii, pe tîmplele palide, pe obrajii cire[ii de somn,
încol\cindu-se mocnit în jurul grumajilor.
Sonia în\l]\ ochii, pe sub sprîncene: prea era lins\!
Scutur\ capul: buclele o n\p\dir\ ca un stol de p\s\ri bunduce. Nuni începu s\ rîd\:
- Sonia, tu te joci [i Nuni face treab\!
- Las\, Nuni, c\ vine [i r\splata!
Nuni zîmbi; î[i luase singur\ r\splata: o pat\ umed\ de parfum pe rochi]\.
- Sonia, cum se cheam\ parfumul t\u?
- Eau de lavande.
- Lev\n]ic\?
- Da, Nuni!
- Sonia, da’lev\n]ica parc\-i albastr\! De ce nu-i [i parfumul la fel?
Sonia ridic\ din umeri, încurcat\...
- Nuni drag\, nici ploaia nu-i albastr\, [i doar cade din cer! (Ionel Teodoreanu)
5. Lisez attentivement le texte suivant et tâchez de le comprendre:
DANS CE PETIT HÔTEL, QUI SE DIT GRAND (ET D’ALBION), IL Y A...
(Pierre Daninos)
Il y a un monsieur qui, à la fin de chaque repas, d’un coup de crayon
préalablement humecté, marque sur la bouteille son niveau de vin. Le soir, il
emporte son eau minérale dans sa chambre et laisse sa femme au salon. L’après-
midi, on l’a vu taillant des bouchons.
Il y a, bien étendu, beaucoup d’enfants insupportables et un célibataire qui, les
supportant à merveille, montre aux parents comment il faut s’y prendre. La
meilleure preuve que les célibataires connaissent beaucoup mieux les enfants (et
les femmes) que les pères de famille, c’est qu’ils ne se marient pas...
Il y a une Dame Blanche (corsage blanc, albe ombrelle) assez distante (face-à-
main), qui ne sort qu’avec Nietzsche. Elle déjeune, dîne, se promène et doit
dormir avec Zarathoustra. Jamais elle ne lit aucun journal. Du moins le croyait-
on. Et puis, hier, Michel, le fils du professeur Letoupin, a dit qu’il l’avait vue au
P.M.U. du Crotoy, dévorant Paris-Turf. Sa côte a beaucoup baissé dans l’hôtel.
«Nitchevo!» a conclu le boute-en-train de l’endroit, car il y a évidemment un
boute-en-train redoutable.
Il y a un ménage qui se lève toujours très tôt et voit des choses extraordinaires
qu’il rapporte à haute voix à déjeuner, pour que les autres regrettent bien. «La
mer était belle ce matin à six heures! Hein, Gaston? On aurait juré du feu! Ah! ça
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 289

valait la peine!»
Il y a le professeur Letoupin, qui sait à peu près tout, depuis les origines du
plissement hercynien jusqu’au type de baba que l’on aura dimanche au dessert.
Comme les gens qui savent tout, il commence presque toutes ses phrases par
«Savez-vous comment ...» ou «Savez-vous pourquoi...» pour s’entendre dire
«Non» et placer ce qu ‘il sait’ /.../
Il y a un monsieur qui a été emporté dans le courant, l’autre jour, et que l’on a
vu avec anxiété disparaître vers le large (bon nageur, naturellement). A la mer
comme sur la terre, ce sont toujours les bons qui partent. A l’autre bout de la
salle à manger il y a un autre monsieur qui s’est porté à son secours, l’a rejoint et,
pour éviter qu’il se débatte, lui a asséné un grand coup sur la nuque. C’était pour
son bien: un corps inerte est plus aisé à tirer qu’un être vif. L’emporté, s’il l’a bien
encaissé, l’a très mal pris. Loin de rester inerte il a répliqué par un coup de pied
dans le ventre, criant qu’il n’avait sonné personne (je vous le dis: un de ces
champions qui savent se faire emporter par le courant et ramener par un autre).
Le sauveteur, tenaillé par la crampe, a failli se noyer. Les deux hommes sont
brouillés. Et chacun dans son coin souhaite en secret qu’aux grandes marées
l’autre y reste. Preuve qu’il est difficile de vivre, voire de mourir tranquille, en
vacances.
Il y a une dame qui, chaque soir, pleure aux fruits. Allergie? Réminiscence? On
ne sait, mais le fait est là: les fruits la font pleurer. Spectacle piquant vers lequel
convergent tous les regards. On soupçonne même Mme Pintard d’avoir fait
placer ses invités d’hier soir près de la table de la pleureuse pour qu’ils puissent
mieux voir. Eh bien, le croira-t-on? La dame qui pleure n’a pas pleuré. «C’est
toujours comme ça, a soufflé Mme Pintard à son mari. Quand nous avons invité
les Ducreux pour le perroquet avant notre départ, Abdul n’a pas dit un mot de la
soirée!»
Il y a un vieux médecin qui n’exerce plus mais sur qui l’hôtel s’exerce.
Personne ne veut l’importuner, bien sûr; alors tout le monde vient le trouver,
juste pour un conseil ... ne serait-ce que pour savoir si cela vaut vraiment la
peine de consulter un vrai médecin pas en vacances et qui fait payer. Seul point
inquiétant, la petite feuille de la Sécurité Sociale ... pour les prestations... Mais on
ne peut pas tout avoir.
Il y a un couple cossu, avec sa petite fille Sophie. Des soyeux de Lyon... très
riches. On se demande pourquoi ils ne sont pas au Carlton. Gênés eux-mêmes,
ils ont expliqué qu’ils étaient à Capri. Revenus à cause de la petite qui avait
besoin d’iode. Le fameux coup de fouet de la Manche. Tout était plein. Ils ont
pris ce qu’ils ont trouvé. Ils se vengent: a) par le supplément de bouquet servi sur
leur table à tous les déjeuners. Comme ils arrivent tard, on a le temps de regarder
(le dimanche, jour du bouquet-pension, ils prennent de la langouste); b) par
l’Italie: ils ne cessent de parler de leur palace de Capri, du charme de Capri, des
prix de Capri. Au début, ils en parlaient avec les autres. Et puis les autres en ont
eu assez.
Maintenant ils en parlent entre eux. On les a mis en quarantaine. Surtout
depuis l’histoire de la table près de la fenêtre que les Lherbieux guettaient depuis
dix-huit jours et que les soyeux leur ont soufflée. Mme Luneaud, la directrice, a
dit que c’était pour la petite ... l’air de la mer... l’iode... O iode! que ne ferait-on
croire en ton nom! Pas aux Lherbieux toutefois, qui ont dit:
290 Mariana TUÞESCU

«Pensez-vous! C’est le bouquet, voyons! ... Avec leurs supplément, ils sont plus
intéressants que nous!»
Les Lherbieux, et les autres, ont eu leur revanche le jour où les Santal-Lemoine
sont arrivés d’Espagne, et même d’ailleurs. Eux aussi venaient se faire fouetter
après l’insolation. Au café, M. Santal-Lemoine a dit à la serveuse en lui montrant
sa monnaie (les cigarettes se paient comptant):
«Je ne peux pas vous payer avec ça... Ce sont des bolivars!» Tout l’hôtel a
cherché aussitôt où il y avait des bolivars. Mlle Tierce a dit:
«En Bolivie, tiens!»
Mais le professeur Letoupin a corrigé:
«Ce serait trop commode! Non, en Bolivie, c’est le boliviano. Les bolivars, c’est
au Venezuela.»
Têtes de soyeux, ravalés au rang de voyageurs de banlieue. (P.Daninos)
- Présentez le scénario qui forme le noyau du texte.
- A partir des descriptions données par Daninos, dressez la «fiche»
sociologique et psychologique de chaque personnage. Par exemple, pour le
premier personnage: sens de l’économie à la limite de l’avarice, égoïsme, un
peu de misanthropie; il occupe ses journées à des tâches méticuleuses et
inutiles, à la limite de la manie.
- Étudiez le rôle de l’IRONIE dans le portrait de chaque personnage et dans
la description des situations.
6. Dans l’éditorial suivant, dû à Claude Imbert, analysez la manière dont les
différents types de texte interfèrent pour se constituer en un texte
polytypologique complexe.
Justifiez ensuite le titre choisi, en essayant de l’expliciter par une
périphrase. En quoi consiste son implicite? Résumez ce texte en trois
phrases:
LE MURMURE DE COLOMBEY
Une nouvelle présidence pour une nouvelle politique, bon! Mais qu’est-ce que
nous appelons, au juste, une «politique», sinon de plus en plus, un arsenal de
recettes susceptibles de modifier l’état économique de la Nation? Recettes pour la
relance de l’offre ou de la demande; recettes monétaires; recettes fiscales; textes
pour attaquer de divers biais la grande misère du chômage. (...)
Mais dans un pays libre, cette influence n’est jamais décisive si la mentalité
collective reste passive et atone. Une nouvelle politique doit, pour réussir,
inspirer une nouvelle confiance collective. C’est évidemment ce que Chirac
cherche dans la proclamation d’un changement fort et le recours au «pacte
républicain».
*
Nul ne peut dire encore si ses annonces prochaines suffiront à faire lever la
pâte bien molle de l’opinion. Mais la vision est juste qui consiste à se soucier
enfin des «mentalités» et de leur rôle dans le sort commun. Abusés que nous
sommes par le matérialisme marxiste ou son homologue libéral, nous ne
sommes que trop résignés à compter pour du beurre les éléments immatériels -
idéaux, croyances, convictions - qui pèsent tout autant que le flux des échanges
IV. LA STRUCTURE TEXTUELLE 291

matériels.
C’est ce philtre mystérieux d’idées, de filiation patriotique et d’ambitions
communes qui forme le sentiment national. Le seul qui puisse imposer sans
contrainte les règles nécessaires à toute collectivité et les arbitrages de l’intérêt
général. Le seul qui puisse aujourd’hui combattre la tribalisation économique
d’intérêts divergents et ce désenchantement civique qui nous engourdit. Quelle
pitié de constater que les illusions fasciste ou communiste suscitèrent jadis tant
d’enthousiasme et que, dans notre monde aux trois quarts écrasé par le
dénuement et la violence d’État, une oasis de liberté comme la nôtre n’inspire, à
ceux-là mêmes que le chômage épargne, que la mélancolie démocratique!
Alors, il est, pour quelques jours, permis de rêver éveillé: comment redonner
aux enseignants le goût d’enseigner le bonheur ou la fierté d’être français?
Comment, après avoir tant exalté les droits de l’Homme, commencer de nommer
leurs devoirs? (...) Comment, dans l’exercice politique, substituer le grand théâtre
de l’ambition nationale à ces saynètes dérisoires de l’ambition personnelle? A ces
délires qu’excitent les médias («Monsieur, comment voyez-vous la présidentielle
de 2002?» ...) et qui donnent, certains moments, à la politique un air de nef des
fous?
Comment redonner à ses responsables un minimum de décence civique? (...)
Voyez Tapie - que tous les honnêtes gens avaient percé à jour alors même que
Mitterand en faisait un ministre aigrefin le plus «toc» de l’après-guerre - voyez-
le, dans le giron complaisant des deux premières chaînes de télé, apostropher ses
juges et apitoyer les jobards! (...) Quel État, en accordant à la sécurité publique
autant d’égards qu’à la Sécurité sociale, s’attaquera à l’inégalité des citoyens
devant la loi?
Comment, enfin, réveiller la valeur la plus nécessaire à la démocratie - la
responsabilité personnelle - qui s’endort dans le cocon individualiste et la
résignation à l’assistanat? Qui osera dire, en France, comme Kennedy en 1961:
«Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez-vous
plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays»?
*
On n’attendra pas la lune d’une nouvelle présidence. Une grande partie du
délabrement de la société échappe à l’action politique. Exemple: dans un pays où
6 millions de personnes vivent seules, où le nombre de familles dites gentiment
«monoparentales» a doublé depuis 1968, on conviendra que, lorsque la famille,
premier embryon du contrat social, se trouve elle-même mutilée, l’apprentissage
élémentaire des règles et codes collectifs qui fondent la cohésion sociale s’en
trouve durablement perturbé.
Il reste que la politique n’est pas sans moyens. Elle peut «modéliser» un
nouveau civisme. Regagner, par la volonté de réforme, une crédibilité perdue.
Restaurer dans la jeunesse une «certaine idée de la France». L’attente populaire,
dit-on, est grande. Mais où a-t-on vu un pouvoir démocratique satisfaire une
nation couchée? Il faut d’abord la relever. C’est, j’imagine, ce que Chirac, le jour
même de son investiture, voulait s’entendre murmurer, d’outre-tombe, par la
bouche d’ombre de Colombey. (C.Imbert, Le Point, mai 1995)
Ce texte vous aura permis de comprendre qu’il n’existe pas de texte informatif.

293

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