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FNSPBHU

SNMB-CHU
L’humain au centre

Les organisations professionnelles de biologistes médicaux


français ne veulent pas d’une réforme dénaturée

Profitant de la tentative d’abrogation de l’ordonnance portant réforme de la biologie médicale


française (publiée le 15 janvier 2010) par les députés dans le cadre de la loi de Bioéthique, le ministère
essaie de revenir sur des points importants du texte. Les principales organisations professionnelles de
biologistes médicaux libéraux et hospitaliers, ainsi que les internes, s’expriment d’une seule voie pour
exprimer leur refus de voir la réforme dénaturée et ainsi porter atteinte à leur exercice, tant dans le
public que dans le privé.

Le débat sur la modification de l’ordonnance portant réforme de la biologie médicale française


se concentre aujourd’hui sur les trois sujets suivants :
• Permettre le recrutement en centres hospitaliers universitaires (CHU) de biologistes
médicaux ne disposant pas du diplôme d'études spécialisées (DES) de biologie médicale
et remettre en cause la réorganisation des laboratoires de biologie médicale (LBM) dans
les CHU sous la forme du laboratoire unique d’établissement.
• Réintégrer des possibilités de ristournes sur les examens de biologie médicale.
• Permettre le prélèvement d’échantillons biologiques en cabinet d’infirmier.

Sur ces trois points, nous dénonçons les risques de remise en cause de la qualité et du caractère
médicalisé de l’exercice de la biologie médicale, axes essentiels d’une réforme élaborée en
concertation avec les organisations professionnelles et mise en place sur le terrain depuis déjà
plus d’un an.

Soucieux par ailleurs de renforcer l’indépendance d’exercice des biologistes médicaux, nous
serons particulièrement attentifs à ce que l’adoption de cette réforme écarte définitivement les
risques de financiarisation de la biologie médicale française. La profession attend en particulier
une publication rapide du décret d’application de l’article 5.1 de loi MURCEF, qui mettrait fin à la
recrudescence des réseaux financiers de laboratoires en cascade, ainsi que la création de
sociétés de participations financières de professions libérales de biologistes médicaux.

Les biologistes médicaux français réaffirment donc avec force les principes intangibles -
médicalisation, indépendance, qualité des soins et service de proximité - qu’un aménagement
de l’ordonnance ne doit pas remettre en cause. Toutefois, nous avons conscience qu’il est
nécessaire de sortir de l’impasse actuelle.

C’est pourquoi, sur chacun des points en débat, nous proposons des solutions qui peuvent faire
consensus (lire ces propositions ci-dessous). Nous voulons maintenant être entendus.
Contacts presse
Biologistes hospitaliers
- Professeur Jean-Luc Wautier (06 85 12 93 95), Président du Syndicat National des Médecins Biologistes
de CHU (SNMB-CHU)
- Professeur Jean Gérard Gobert (06 82 24 35 66), Président de la Fédération Nationale des Syndicats de
Praticiens Biologistes Hospitaliers et Hospitalo-Universitaires (FNSPBHU)
- Docteur Claude Grasmick (06 87 08 74 82), Président du Syndicat National des Biologistes des Hôpitaux
(SNBH)
- Docteur Julien Fonsart (06 60 85 95 03), Président de la Fédération Nationale des Syndicats de
Praticiens et Biologistes Assistants des Hôpitaux (FNSPBAH)
Internes et jeunes biologistes du public et du privé
- Docteur Thomas Nenninger (06 03 08 64 47), Président du Syndicat des Jeunes Biologistes Médicaux
(SJBM)
Internes
- Jérémie Martinet (06 64 41 13 50), Président de la Fédération Nationale des Syndicats d’Internes en
Pharmacie (FNSIP)
Biologistes libéraux
- Docteur François Blanchecotte (06 08 89 61 02), Président du Syndicat Des Biologistes (SDB)
- Docteur Dominique Caillat (06 08 33 62 74), Président du Syndicat des Laboratoires de Biologie Clinique
(SLBC)

Annexe - Des propositions consensuelles

Sur le recrutement des biologistes médicaux en CHU


− De façon unanime, les syndicats refusent toute modification de l’ordonnance qui permettrait à certains
d’exercer la biologie médicale en CHU sans les compétences médicales requises. Etre titulaire du DES
qualifiant de biologie médicale doit rester la règle, ou d’une qualification ordinale pour les médecins
ou pharmaciens spécialisés dans une autre discipline, mais ayant une compétence et une formation
équivalente en biologie médicale.
− L’ordonnance ne remet pas en cause le statut des personnels enseignants et hospitaliers des centres
hospitaliers et universitaires titulaires déjà en place.
− La réforme de la biologie médicale ne comporte par ailleurs aucune disposition susceptible d’entraver
la nomination des PU à l’hôpital. En effet, l’ordonnance laisse aux sous-sections médicales et à la 82e
section de pharmacie du Conseil National des Universités ‘’la mission de valider la compétence des
candidats aux postes hospitaliers universitaires’’ dans le domaine spécialisé qui est le leur.

Dans une optique de mise en cohérence de l’ordonnance avec les caractéristiques de certaines
spécialités médicales possédant un DES doté d’une partie clinique et d’une partie biologique, comme la
génétique, nous sommes ouverts aux adaptations de l’ordonnance qui permettraient aux médecins et
pharmaciens en position statutaire MCU-PH ou PU-PH, avec l’option biologie, d’exercer la biologie
médicale sur le champ restreint de leur compétence.

En revanche, nous sommes opposés à la création de pôles clinico-biologiques de biologie spécialisée pour
les seuls CHU. Cet objectif, poursuivi par certaines propositions de modification du système de recrutement
des biologistes en CHU, n’est pas souhaitable dans la perspective de mise en place d’une biologie
médicale et d’une recherche bioclinique d’excellence.
Sur la réintroduction des ristournes

Depuis l’ordonnance de réforme, l’examen de biologie médicale est reconnu comme étant un acte
médical. Par conséquent, et à l’image de ce qui se fait pour les autres professions de santé (médecins,
chirurgiens-dentistes et sages-femmes), la pratique commerciale des ristournes doit être absolument
prohibée. Nous ne pouvons donc que nous opposer à l’instauration de ristournes sur les prix des actes de
biologie médicale réalisés par les LBM pour les établissements de santé publics ou privés.

La Cour de Justice de l’Union européenne, a d’ailleurs constaté au point 56 de son arrêt du 16 décembre
2010 que la France avait confié ‘’un rôle médical au biologiste lors des phases pré-analytiques et post-
analytiques’’. Elle a bien rappelé que la biologie médicale était une activité de santé, et non une activité
commerciale.

Si les ristournes étaient à nouveau possibles, le gouvernement français pourrait rouvrir la porte à un nouveau
contentieux européen.

En revanche, et ce, dans l’intérêt du patient et de la collectivité, la concurrence entre les laboratoires est
tout à fait possible. Elle doit toutefois s’établir au travers de critères portant sur la qualité des soins -
transport et conservation des échantillons biologiques, conseils auprès du malade - et non sur des critères
de prix négociés.

Le prélèvement en cabinet d’infirmier

Cette question est d’ordre réglementaire. Il n’y a donc pas lieu de la traiter dans le cadre d’une
modification de l’ordonnance.

Par ailleurs, et pour éviter tout risque de compérage et de recrudescence de centres de prélèvements
infirmiers, moins coûteux à mettre en place car soumis à des critères qualité moins stricts que les laboratoires
de biologie (pas de présence d’un biologiste à plein temps…), cette pratique doit être encadrée.

Dans un souci de clarification, les organisations professionnelles de biologistes sont donc prêtes à discuter
avec les pouvoirs publics et les représentants des infirmiers afin de trouver un accord qui prenne en
compte les impératifs de santé public et de qualité de l’examen de biologie médicale qui sont au cœur
de l’ordonnance.

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