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La situation clinique que j’ai choisi d’identifier s’est déroulé dans un établissement de gérontologie

du Val d’Oise qui compte une unité de soins de longue durée, un service de soins de suite et de
réadaptation gériatrique, un service d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ainsi qu’une
unité d’hospitalisation renforcée (strictement EHPAD). Le service EHPAD (comprenant l’UHR)
compte 74 résidents dont 70 à 80 pour cent sont touchés par la maladie d’Alzheimer. C’est dans ce
service qu’a eu lieu la situation.

C’est donc une résidente de l’EHPAD, atteinte de la maladie d’Alzheimer, qui a fait part de son
symptôme à l’infirmier que je suivais : elle semblait ne pas parvenir à dormir depuis deux jours. Le
problème a été résolu par l’usage d’un placebo : une sucrette à base d’aspartame dont il a été dit à
la résidente que c’était un comprimé pour l’aider à dormir. Le lendemain de la prise du placebo la
résidente a affirmé avoir bien dormi et a demandé à ce que l’on lui donne de nouveau ce
« médicament » pour les jours à venir.

J’en suis donc venu à me demander comment l’infirmier avait considéré le problème, et pourquoi le
considérer de cette manière.

J’ai demandé dans un premier temps à l’infirmier si c’est la pathologie de la résidente qui était en
cause, car j’ai constaté que beaucoup de résidents Alzheimer semblaient avoir besoin de traitement
médicamenteux pour dormir, des recherches personnelles m’ont confirmé qu’il y avait
effectivement une corrélation entre cette maladie et les troubles du sommeil. L’infirmier m’a dit
que c’était probable, mais qu’un trouble anxieux amplifié par la maladie n’était pas rare dans ce
cas, c’est donc également sa connaissance de la résidente lui a permis de déterminer plus
vraisemblablement la cause de cette insomnie passagère. En effet, quelques jours avant que la
résidente ne fasse part de son sommeil troublé, sa fille partait en voyage, ce qui, d’après les dires
de l’infirmier, était une source d’anxiété chez la résidente. L’infirmier a donc émit l’hypothèse
selon laquelle l’anxiété générée par l’absence de la fille de la résidente pourrait être chez cette
dernière la cause de son insomnie. Il m’a donc confirmé que le fait de lui avoir donné un placebo
était en réalité une sorte de « test », car si par ce biais la résidente parvenait à retrouver le
sommeil, il y avait ainsi de forte chance pour que l’hypothèse émise par l’infirmier se vérifie. J’ai
ainsi compris l’une des raisons pour lesquelles il en était venu à cette tentative : déterminer la ou
les causes de l’insomnie, ou évincer d’autres possibles raisons. La connaissance de la résidente
semblait pour moi déterminante dans la manière qu’a eu l’infirmier de prendre en charge son
symptôme, je lui ai donc demandé si il aurait réagi de la même manière si cela avait été une
résidente qu’il ne connaissait pas, une résidente donc pour laquelle il n’aurait pas pu être si
confient quant à l’identification des causes de l’insomnie. Il m’a répondu que même ne sachant pas
pourquoi elle aurait pu être anxieuse, ou si même elle l’était, l’anxiété semblait être l’une des
manifestations les plus précoces de la maladie d’Alzheimer, c’est donc en ce sens qu’il oriente sa
réflexion dans un premier temps. De plus m’a-t-il dit, il faut dans la mesure du possible ne recourir
au traitement médicamenteux qu’en cas de « dernier recours » .Cela me donnait donc une seconde

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explication des raisons pour lesquelles l’utilisation d’un placebo a été préféré dans un premier
temps.

J’ai par la suite demandé à l’infirmier s’il y avait d’autres possibilités envisageables dans le cas
d’une personne âgée anxieuse ne parvenant pas à trouver le sommeil. Il m’a dit que ce genre de
problème était récurent dans le service, et que généralement c’était sa manière d’aborder le
problème. Je me demandais également pourquoi l’usage d’anxiolytiques ne permettait pas à ces
résidents de trouver le sommeil puisque la cause semblait souvent être l’anxiété. Il m’a dit que
dans le cas de personnes Alzheimer, c’était un équilibre fragile qui pouvait être pouvait être
bouleversé par tout type d’éléments perturbateurs : le fait que certains résidents ne veulent tout
simplement pas être là, mais préféreraient être chez eux, une toilette qui se déroule mal ou qui
survient trop tardivement ou trop tôt, une altercation entre résidents, un moment de solitude
prolongé qui ne serait pas supporté, une dérogation aux habitudes du résidents, ou bien comme
dans le cas que j’ai choisi, un proche parti en voyage donnant l’impression au résident d’être
abandonné.

Enfin, je lui ai demandé comment est-ce qu’il aurait réagi si l’usage d’un placebo ne lui avait pas
permis d’arranger le problème. Est-il possible de donner à la résidente un comprimé pour l’aider à
dormir ? En effet, sur ce cas, la première tentative a été bonne, simplement ma curiosité aurait
peut-être préférée que le placebo ne fonctionne pas pour voir comment l’infirmier aurait réagi. Il
m’a dit qu’il n’était pas en mesure de lui donner de somnifère car jusque-là aucun médicament de
ce type ne lui avait été prescrit. Il aurait donc fait part du problème au médecin, qui d’après les
dires de l’infirmier aurait surement demandé à faire une clairance de la créatinémie pour juger du
bon fonctionnement ou non des reins de la résidente. Si aucune contre-indication médicale n’avait
été déclarée, alors effectivement la résidente aurait pu se voir administrer un somnifère. Il y a donc
certain résidents pour lesquels des somnifères sont prescrit en cas de besoin.

En conclusion, il semblerait que l’infirmier n’ai manqué d’aucune information pour tenter de
comprendre et résoudre le problème. Il lui aurait cependant manqué l’aval du médecin pour lui
administrer un somnifère si le placebo n’avait pas fonctionné sur la résidente. Mon départ du stage
au terme des 5 semaines ne m’a pas permis de savoir si le retour de la fille de la résidente avait
permis de résoudre le problème de manière durable.

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