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LECTURE

Violette à la campagne
(épisode 1)

10 juillet 2002

Q uel horrible mois de juillet ! Je ne pensais pas que des vacances pouvaient
être aussi désagréables ! Ce matin, je me suis levée, je suis allée devant la
glace et je me suis souhaité un bon anniversaire. J’avais les yeux rouges et j’ai dû
me retenir pour ne pas pleurer. Je me sens seule et triste. Grand-mère, c’était à pré-
voir, a oublié que j’ai eu treize ans aujourd’hui. Elle ne semble pas se soucier de ce
genre de chose !
Ce n’est pas comme Grannie ! Grannie, elle, fait toujours un gâteau spéciale-
ment pour moi et m’offre un cadeau. Ce jour-là, maman et elle disent que j’ai tous
les droits et que mes désirs sont des ordres.
Ici, c’est comme si je n’existais pas ! Je ne suis ici que depuis trois jours et déjà
je… Attention ! J’entends des pas dans l’escalier !
J’ai juste eu le temps de cacher mon journal sous les draps. C’était grand-mère qui
venait me demander d’éteindre la lumière. Sinon, m’a-t-elle dit, je risque d’être
fatiguée demain et nous devons aider le voisin à ramasser des prunes ! Un comble !
De toute façon, je ne risque pas de me coucher tard : grand-mère ne possède même
pas de téléviseur !

11 juillet 2002

Je n’ai jamais eu aussi mal au dos ! Et j’ai été piquée par des insectes ! Je n’ai
presque pas parlé de la journée pour montrer mon mécontentement. Grand-mère ne
semblait pas s’en apercevoir. Elle est vraiment très curieuse cette grand-mère, je
ne sais jamais ce qu’elle pense et elle a toujours une lueur au fond des yeux,
comme si elle s’amusait en me regardant…
Il faut dire que je la connais très peu. Depuis que papa et maman sont séparés,
elle ne vient presque jamais nous voir à Paris. Elle dit que cela la fatigue et qu’elle
préfère que nous venions la voir.
Grannie, elle, habite juste au-dessus de chez nous. Je la vois presque tous les
jours. Elle me prépare mon goûter, m’aide à faire mes devoirs et m’emmène au
cinéma le mercredi. D’habitude, c’est elle qui me garde pendant les vacances, mais
le médecin lui a prescrit du repos et elle est partie en cure thermale en Bretagne.
Papa se trouve encore en Grèce et je dois le rejoindre au mois d’août. Maman m’a
annoncé au dernier moment que je partais chez grand-mère, dans ce village perdu
où je ne connais personne. Devant mon visage décomposé, elle m’a embrassée en
me disant que l’air de la campagne me ferait du bien, qu’elle me rejoindrait rapi-
dement et que, de plus, ce serait l’occasion pour moi de faire connaissance avec
mon autre grand-mère. Elle a dit cela avec un drôle de petit sourire… Je me
demande bien pourquoi… Bon, je suis fatiguée, je vais me coucher !

45 JDI ● N° 10 QVPTA2003
LECTURE

Exercices (épisode 1)
1. As-tu bien compris ?
a) Complète ce tableau avec les informations que tu possèdes sur Violette et sa famille.
Violette Ses parents Ses grands-mères

b) Où se déroule l’histoire et chez qui ? Pourquoi Violette est-elle là ?


__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
c) Écris les dates mentionnées ?
____________________________________________
d) Pourquoi Violette a-t-elle un cahier et pourquoi le cache-t-elle sous ses draps ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
e) Pourquoi Violette ne connaît-elle pas très bien sa grand-mère ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________

2. Donne ton avis.


a) Que peux-tu dire de l’expression : “lueur au fond des yeux” ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
b) Comment expliques-tu le petit sourire de la mère de Violette ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________

3. As-tu l’œil vif ?


Parcours très rapidement le texte et relie l’action à la grand-mère correspondante.
• elle a oublié l’anniversaire
Grand-mère • • elle ne se rend jamais à Paris
• elle voit sa petite fille presque tous les jours
• elle fait toujours un gâteau d’anniversaire
Grannie • • elle ne possède pas de télévision
• elle aide à faire les devoirs

JDI ● N° 10 QVPTA2003 46
LECTURE

Violette à la campagne
(épisode 2)

12 juillet 2002

Ce matin, grand-mère m’a proposé de faire une promenade au bord de la rivière


et d’emporter un pique-nique. J’ai dit que je préférais rester lire dans le jardin. Elle
est donc partie toute seule en me disant que dans le réfrigérateur se trouvaient des
aliments. Elle s’est éloignée tranquillement avec ses grosses chaussures de marche
aux pieds, son sac à dos et son paquet de cigarettes dépassant de la poche de sa
salopette. Une grand-mère qui fume, je n’ai jamais vu ça ! Grannie ne fume pas, ses
cheveux sont blancs comme ceux des vraies grands-mères et non pas gris, coupés
très courts.

D’abord ravie d’être seule, je me suis installée sur la table de jardin avec mes
livres et mes feutres. J’ai écrit à maman en lui disant que j’avais hâte qu’elle vienne
me chercher.
Maintenant, je trouve le temps long. Grand-mère exagère de me laisser seule si
longtemps ! Je ne me suis jamais autant ennuyée !
C’est d’ailleurs parce que je m’ennuie que j’ai commencé la rédaction de mon jour-
nal. C’est comme une personne à qui je peux me confier, raconter ce que je ressens.
Je n’en avais encore jamais éprouvé le besoin. Mais, ici, je me sens isolée. Avec
grand-mère, je ne sais jamais de quoi parler. Elle m’impressionne. Elle parle fort et
prononce des gros mots. Ses yeux sont perçants et j’ai l’impression qu’elle devine
mes pensées !

13 juillet 2002

Il pleut depuis ce matin ! J’ai demandé à grand-mère de m’emmener au cinéma.


Elle a éclaté de rire et m’a répondu que je devrais plutôt aller chercher des escar-
gots. Cet après-midi, comme je m’étais réfugiée près du feu allumé, elle a ri encore
et m’a dit que je ressemblais à une vieille chouette renfrognée. Je me suis consi-
dérée comme offensée et je suis montée dans ma chambre… où je tourne en rond
à présent. Que pourrais-je faire pour que le temps s’écoule un peu moins lentement,
pour essayer de mieux comprendre cette grand-mère qui me paraît une étrangère…

Me revoilà après une petite interruption. Une idée m’est venue : explorer le gre-
nier. Grand-mère avait insisté plusieurs fois pour que j’y aille, me disant que les
greniers sont des endroits passionnants, où l’on peut trouver des trésors ainsi que
la réponse à des questions que l’on se pose. Je lui avais répondu que le grenier est
un endroit plein de poussière et de toiles d’araignée.

En y repensant, je me suis dit qu’elle avait voulu me communiquer un message.


Je crois que ce qui m’a poussée aujourd’hui à gravir l’escalier étroit qui mène au
grenier, c’est un sentiment de curiosité. Après tout, les greniers sont des endroits
où l’on dépose les objets que l’on ne veut plus voir, où l’on enfouit son passé en
quelque sorte. J’espérais bien trouver dans le grenier des choses qui me permet-
traient de mieux la connaître, de saisir des moments de sa vie passée. Je ne vou-
lais pas me l’avouer, mais je crois qu’elle m’intriguait cette grand-mère si différente
des autres !

47 JDI ● N° 10 QVPTA2003
LECTURE

Exercices (épisode 2)

1. As-tu bien compris ?


a) Pourquoi Violette s’ennuie-t-elle ?
__________________________________________________________________________________________________
b) Qu’est-ce qui impressionne Violette chez sa grand-mère ?
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__________________________________________________________________________________________________
c) Pourquoi grand-mère se moque-t-elle de Violette au sujet du cinéma ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________

2. Donne ton avis.


a) Es-tu, comme Violette, plutôt attiré(e) par la lecture et l’écriture ou préfères-tu aller chercher des escar-
gots et jouer dans la campagne ? Peut-on aimer ces deux activités à la fois ? Si oui, pourquoi ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
b) D’après toi, pourquoi grand-mère incite-t-elle Violette à se rendre dans le grenier ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________

3. As-tu l’œil vif ?


À quels jours et à quels épisodes correspondent ces phrases ? (Pour cet exercice, tu dois utiliser les épisodes
1 et 2.)

Jours Épisodes
J’entends des pas dans l’escalier !
Je la vois presque tous les jours.
Elle parle fort et prononce des gros mots.
Une grand-mère qui fume, je n’ai jamais vu ça !
Il pleut depuis ce matin !
Un comble !
Papa se trouve encore en Grèce.
Je me suis considérée comme offensée.

JDI ● N° 10 QVPTA2003 48
LECTURE

Violette à la campagne
(épisode 3)

En poussant le loquet de la lourde porte du grenier, j’avais le cœur qui battait


la chamade. J’ai même poussé un cri en apercevant une silhouette dans le fond…
silhouette qui n’était en fait que mon reflet dans un grand miroir adossé au mur du
fond !

Je n’ai d’abord trouvé que des vieilleries : piles de journaux jaunis, jouets cas-
sés, objets hétéroclites, coffres remplis de vêtements à l’odeur de naphtaline. C’est
au moment où j’allais repartir que j’ai aperçu dans un coin une vieille couverture.
Je l’ai soulevée et j’ai trouvé dessous une très jolie commode recouverte de marbre.
En ouvrant les tiroirs, j’ai retenu mon souffle… ils étaient vides ! Alors, prise d’une
inspiration subite, j’ai eu l’idée de soulever le plateau de marbre. J’ai trouvé là un
bouquet de fleurs séchées, une boîte de galettes remplie de photographies en noir
et blanc, de lettres, de papiers et un gros cahier d’écolier.
J’ai saisi la boîte et le cahier et j’ai tout emmené dans ma chambre.
Mon butin est là, devant moi. J’ai hâte de l’examiner en détail mais je crois qu’il
est préférable d’attendre après le dîner, lorsque grand-mère sera couchée.

14 juillet 2002

Il est sept heures du matin. J’ai très peu dormi cette nuit. Trop de pensées se
bousculaient dans ma tête. Hier soir, tout de suite après le dîner, j’ai dit que j’étais
fatiguée et je suis montée dans ma chambre. Grand-mère s’est contentée de me dire
“bonne nuit” de sa façon brusque habituelle, avec son regard transperçant. Il me
semblait qu’elle savait ce que j’avais fait et, d’ailleurs, ses yeux s’attardaient sur
les traces de mon t-shirt gris de poussière.

Une fois enfermée dans ma chambre, j’ai étalé les papiers sur mon lit et je m’y
suis plongée. Je ne savais par où commencer. C’est incroyable ! Grand-mère a été
jeune ! Grand-mère, une très jolie jeune fille aux longs cheveux, a même gagné un
concours de beauté à 18 ans. J’ai vu sa photo dans un journal de l’époque, sou-
riante, gracieuse, les mains sur les hanches. Je n’arrivais pas à croire qu’il s’agis-
sait de cette grand-mère bourrue avec qui je vis depuis quelques jours. Pourtant,
j’ai reconnu ses yeux noirs et brillants, son menton relevé, l’expression volontaire
de son visage qui m’intimident tant.
Sur une autre photo, elle pose en tenue de mariée, radieuse sous son voile
blanc. Elle regarde tendrement l’homme qui la tient dans ses bras, ce grand-père
que je n’ai jamais connu… La photo a été prise en janvier 1939. Quelques mois
après, la guerre a éclaté et grand-père est parti au combat.

49 JDI ● N° 10 QVPTA2003
LECTURE

Exercices (épisode 3)

1. As-tu bien compris ?


a) Quelle est cette silhouette qui se tient au fond du grenier ?
____________________________________________________________________
b) À quel endroit précis Violette se met-elle à chercher ?
__________________________________________________________________________________________________
c) Pourquoi Violette a-t-elle très peu dormi ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
d) Décris ce que contient son “butin”.
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________

2. Donne ton avis.


a) Peut-on dire réellement, comme le pense Violette, que cette grand-mère est autoritaire ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
b) Imagine comment Violette et sa grand-mère vont trouver le moyen de communiquer ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
c) Imagine en quelques lignes le début de l’épisode 4.
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________

3. As-tu l’œil vif ?


Lis très attentivement la première partie de cet épisode jusqu’à : “… lorsque grand-mère sera couchée”. Cache
ensuite le texte et écris les adjectifs qualifiants ces noms.

__________________ porte _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ miroir journaux _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _


jouets__________________ objets__________________ __________________ couverture

__________________ commode tiroirs __________________ inspiration__________________


fleurs__________________ __________________ cahier d’écolier

JDI ● N° 10 QVPTA2003 50
LECTURE

Violette à la campagne
(épisode 4)

Les lettres qui accompagnaient les photos sont celles envoyées par mon grand-
père alors qu’il se trouvait sur le front. Je ne les ai pas lues. En revanche, j’étais
irrésistiblement attirée par un gros cahier à couverture noire. En le feuilletant rapi-
dement, j’ai compris qu’il s’agissait d’un journal tenu par ma grand-mère pendant
plusieurs années, un journal intime ressemblant à celui que j’écris depuis quelques
jours. J’hésitais à le lire, me demandant si ce n’était pas indiscret, quand, soudain,
une phrase écrite sur la première page a attiré mon attention. Elle était tracée
d’une encre différente qui semblait récente, et disait : “À ma petite fille, quand elle
sera en âge de comprendre.” Ainsi, ce journal m’était destiné ! Caché dans un
recoin du grenier, il m’attendait, et grand-mère avait en quelque sorte guidé mes
pas jusqu’à lui en m’incitant à fouiner dans cet endroit.

J’ai lu tout le journal d’une traite jusqu’à une heure avancée de la nuit. Grand-
mère a tenu ce journal pendant toute la durée de la guerre. Elle y raconte sa vie
au jour le jour, les difficultés pour survivre dans Paris occupé par les Allemands, le
froid, la faim, la peur durant les bombardements. Elle parle des gens qui l’entou-
rent, dont certains disparaissent, des astuces pour trouver du ravitaillement. Elle
confie ses craintes pour mon grand-père, sa joie lorsqu’elle reçoit de ses nouvelles
ou lorsqu’il revient en permission, sa douleur lorsqu’il repart.

À partir de l’été 1940, le journal prend un ton un peu différent. Mon grand-père
est parti en Angleterre rejoindre la Résistance. Ma grand-mère reçoit rarement de
ses nouvelles. Son inquiétude grandissante se devine au travers des lignes, d’au-
tant plus qu’elle vient de mettre au monde un bébé…, mon père ! Parfois, des
hommes viennent la voir de la part de son mari, des étrangers qu’elle doit cacher
durant quelques jours.

Puis mon grand-père est revenu en France rejoindre le maquis. En 1942, grand-
mère décide alors de quitter Paris avec son enfant. Cachée dans un camion, elle
rejoint sa belle-famille qui vit dans un petit village de Corrèze.
Elle parle alors de sa découverte de ce monde plus calme que la ville, où la guerre
paraît plus lointaine, de ses longues promenades dans la nature avec son beau-père
qui lui apprend à aimer et à connaître les plantes et les animaux, de ses travaux
dans les champs ; elle parle de son bébé qui grandit, devient un petit garçon, et
qui, pourtant, ne connaît pas encore son père…
Le journal s’arrête en juillet 1944. Je sais que mon grand-père est mort au mois
d’août, arrêté et fusillé par une garnison allemande en fuite, alors qu’il se dirigeait
vers Paris.

Voilà. La vie de la jeune fille au sourire éclatant que l’on voit sur la photo s’est
arrêtée là. Plus jamais, elle n’a été la même. Elle n’a plus jamais écrit dans son jour-
nal et ne s’est plus jamais confiée à personne. Elle est restée dans ce petit village
où la guerre l’avait amenée, elle a élevé son enfant puis est restée seule. Elle est
devenue cette grand-mère autoritaire que j’entends à présent s’agiter dans la cui-
sine. Cette grand-mère avec qui j’ai tant de difficultés à communiquer, et pourtant
avec qui j’aurais tant de choses à échanger.

51 JDI ● N° 10 QVPTA2003
LECTURE

Exercices (épisode 4)
1. As-tu bien compris ?
a) Par quoi Violette est-elle attirée ? (Coche la bonne réponse.)
■ des poupées ■ un cahier ■ des photographies ■ des tableaux
b) Qu’est-ce qui pousse Violette à lire ce journal intime ?
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c) Quelle période ce journal couvre-t-il ?
__________________________________________________________________________________________________
d) Que raconte-t-il ? Pourquoi grand-mère est-elle envahie d’une peur grandissante ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________

2. Donne ton avis.


a) D’après toi, que signifie la phrase : “La vie de la jeune fille au sourire éclatant que l’on voit sur la photo
s’est arrêtée là” ?
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__________________________________________________________________________________________________
b) Pourquoi Grand-mère a-t-elle écrit ce journal ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
c) Pourquoi Violette aurait-elle tant de choses à échanger avec sa grand-mère ?
__________________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________

3. Cherche des informations relatives à la Résistance à partir des mots suivants :


– Angleterre : _____________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
– Maquis :_________________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________
– Fusillade : _______________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________________________

JDI ● N° 10 QVPTA2003 52
LECTURE

Violette à la campagne
(épisode 5)

14 juillet 2002 (après le dîner)

Je dispose de peu de temps pour écrire. Nous partons avec grand-mère assister
au feu d’artifice du 14 Juillet. Elle connaît, paraît-il, un point de vue d’où on obser-
vera les fusées beaucoup mieux que dans le village.
Je veux cependant, avant de partir, noter le déroulement du petit déjeuner ce
matin. Je me sens tellement soulagée ! Nous étions assises face à face, toutes deux
silencieuses, comme souvent depuis que je suis ici. J’ai pris mon courage à deux
mains, j’ai respiré à fond et lui ai dit : “Tu sais, grand-mère, je crois que j’ai grandi
cette nuit et que je peux maintenant comprendre beaucoup de choses. J’aimerais
pouvoir parler avec toi et mieux te connaître.”
Grand-mère avait le nez plongé dans son bol de café. J’ai vu ses sourcils se haus-
ser, ses deux yeux noirs me fixer et j’ai cru que mon cœur allait s’arrêter de battre.
Puis elle a posé son bol et m’a fait un grand sourire, le premier, puis elle m’a dit :
“Il serait peut-être temps que nous fassions connaissance, non ?” J’ai pensé à ma
mauvaise humeur des jours précédents, à mes silences et mes bouderies parce que
ma grand-mère ne ressemblait pas à l’image que je m’étais faite d’une grand-mère.
Une fois de plus, elle a dû deviner mes pensées car elle m’a fait un clin d’œil et
nous avons toutes les deux éclaté de rire.

16 juillet 2002

Aujourd’hui, grand-mère m’a emmenée dans un endroit qu’elle aime particuliè-


rement. Nous avons gravi une falaise par un petit sentier plutôt raide. Maintenant,
c’est moi qui porte le sac à dos avec le pique-nique car, même si elle ne dit rien,
je vois bien qu’elle respire parfois difficilement. Là-haut, nous avons été récom-
pensées par une vue magnifique. La rivière serpentait parmi les champs, les col-
lines ondulaient doucement. Grand-mère m’a donné le nom des villages que nous
apercevions. Nous étions si bien que, après le pique-nique, nous avons fait une
sieste dans l’herbe haute. Nous sommes redescendues par un autre chemin et, sou-
dain, nous avons croisé un troupeau de vaches. Grand-mère n’a pas eu peur ; elle
les a poussées avec son bâton pour qu’elles se mettent sur le bord du chemin et
nous sommes passées tranquillement.

18 juillet 2002

Non seulement grand-mère connaît le nom de toutes les plantes et leurs pro-
priétés, sait reconnaître les différents oiseaux et leurs chants, m’expliquer la vie
des insectes, déchiffrer la vie terrestre, mais elle sait lire également dans le livre
du ciel. Hier soir, nous nous sommes enveloppées dans des couvertures et, allon-
gées dans des transats, nous avons passé un long moment à contempler le ciel
étoilé tandis que grand-mère m’expliquait les différentes constellations, le fonc-
tionnement du système solaire, toutes ces choses qui, à l’école, me paraissaient si
éloignées de la vie. Avec grand-mère, je m’en rends compte, les choses les plus
simples prennent une signification : faire des confitures, ramasser des pommes de
terre, écouter le cri du hibou, observer une araignée, tout est important, tout est
rattaché à la vie.

53 JDI ● N° 10 QVPTA2003
LECTURE

Exercices (épisode 5)
1. As-tu bien compris ?
a) Pourquoi grand-mère et Violette éclatent-elles de rire ?
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b) Quelles relations se sont maintenant instaurées entre elles ? Qu’en penses-tu ?
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c) Pourquoi grand-mère connaît-elle aussi bien la nature ?
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2. Donne ton avis.


a) Trouve un titre possible au paragraphe du 16 juillet. Pourquoi les événements de ce jour sont-ils si importants ?
Titre : ____________________________
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b) Commente cette phrase : “Tu sais, grand-mère, je crois que j’ai grandi cette nuit…”
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c) Que peux-tu dire de la phrase suivante : “Tout est important, tout est rattaché à la vie” ?
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3. Transforme le texte.
Réécris le texte du paragraphe du 16 juillet en enrichissant certains passages. (Ce que l’on voit : paysage, vil-
lage ; ajout de rêves durant la sieste…)
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JDI ● N° 10 QVPTA2003 54
LECTURE

Violette à la campagne
(épisode 6)

Au milieu de toutes nos occupations, grand-mère me parle d’elle, parfois. Par


petits bouts elle me raconte des souvenirs, me décrit ses sentiments. Les mots lui
viennent quelquefois difficilement et il lui arrive de s’interrompre au milieu d’une
phrase. Je respecte son silence. Hier, pour la première fois, elle a évoqué sa soli-
tude douloureuse après la mort de son mari. “Tu sais, m’a-t-elle dit, c’est la vie
proche de la nature, les journées passées dans les sous-bois pour la récolte des
truffes et des champignons que je vendais sur les marchés qui m’ont permis de
reprendre goût à la vie.” Je lui parle de moi, de ma vie à Paris. Tout l’étonne, tout
la fait rire, elle ne comprend pas comment nous pouvons vivre dans un endroit aussi
pollué où il y a autant de monde et si peu d’arbres.

C’est ainsi, par bribes, par des conversations entrecoupées de silence, par des
confidences mutuelles, que nous apprenons peu à peu à nous connaître. Je crois
que nous partageons curiosité et appétit de vivre. Grand-mère est vraiment éton-
nante : toujours active, elle a toujours su faire face et s’intéresse à tout.
Nous parlons de beaucoup de choses. La barrière qui nous séparait s’est ouverte.
Son franc-parler, sa façon abrupte de dire les choses comme elle les ressent ne me
déconcertent plus. Je crois que j’aimerais lui ressembler plus tard.

21 juillet 2002

Je me rends compte que j’écris de moins en moins dans mon cahier. Les jours
passent et les pages restent blanches. Pourtant, je sais qu’écrire ainsi mes pensées
représente quelque chose d’important pour moi car cela me permet d’y voir plus
clair en moi-même et d’avancer dans ma vie. Après tout, c’est un peu une habitude
de famille ! Il faudra que je demande à papa s’il fait la même chose !

Maman a téléphoné hier pour m’annoncer qu’elle venait me chercher dans trois
jours. Je lui ai proposé de nous rejoindre et de rester ici un peu avec grand-mère
et moi pour finir d’arranger les plantations du jardin. Elle a semblé un peu interlo-
quée. Il y a eu un silence puis elle m’a dit qu’elle était surprise et ravie de voir que
je m’entendais si bien avec ma grand-mère et que je m’intéressais au jardinage. Je
lui ai répondu que bien d’autres choses allaient probablement la surprendre, que
j’avais appris et découvert beaucoup de choses en l’espace de quelques jours. “Voilà
ce que c’est que d’envoyer sa fille en terre inconnue sans aucune préparation”, lui
ai-je dit d’un petit air mystérieux. Elle s’est mise à rire et a dit qu’elle avait hâte
de voir sa nouvelle fille. Bon, quand même, dans un premier temps, je vais lui évi-
ter un trop gros choc : je ne lui montrerais pas le lézard que j’ai dans ma chambre
et le petit chien boiteux que nous soignons avec grand-mère et que je compte bien
emmener à Paris…

FIN

55 JDI ● N° 10 QVPTA2003
LECTURE

Exercices (épisode 6)
1. As-tu bien compris ?
a) Qu’est-ce qui attire soudainement Violette vers sa grand-mère ? Pourquoi aimerait-elle lui ressembler plus tard ?
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b) Pourquoi la mère de Violette semble interloquée au téléphone ?
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c) Pourquoi était-ce très important pour grand-mère de vivre en Corrèze ?
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d) Explique pour quelle raison ce journal a permis à Violette “d’y voir plus clair et d’avancer dans la vie” ?
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2. Donne ton avis.


a) As-tu aimé ce texte ? Entoure le personnage de ton choix.
b) Quels passages as-tu préférés ? (Indique la partie et rédige une description.)

Partie Description du passage

3. As-tu l’œil vif ?


Lis le paragraphe allant de : “Je me rends compte…” jusqu’à “... papa s’il fait la même chose !” Cache ensuite
le texte puis écris les mots absents.
Je me rends ____________________ que j’écris de moins en moins dans mon cahier.Les____________________
passent et les ____________________ restent ____________________. Pourtant, je sais qu’écrire ainsi mes
____________________ représente quelque chose d’important pour ________ car cela me permet d’_ _ _ _ voir
plus _ _ _ _ _ _ _ _ en moi-même et d’avancer dans ma ____________________. Après tout, c’est un peu une
____________________ de____________________ ! Il faudra que je _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ à papa s’il fait la
même chose !

JDI ● N° 10 QVPTA2003 56

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