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20/10/2008
1. Généralités................................................................................................. E 3 366 - 2
2. Technologies ............................................................................................. — 2
2.1 Techniques de réalisation et physique des couches minces ................... — 2
2.2 Couches minces multicouches ................................................................... — 3
2.2.1 Évolution des procédés...................................................................... — 3
2.2.2 Types de multicouches....................................................................... — 3
2.2.3 Procédés de dépôt .............................................................................. — 6
2.2.4 Obtention des motifs et perçage des vias ........................................ — 7
2.2.5 Packaging ............................................................................................ — 10
2.3 Performances et limitations........................................................................ — 11
2.3.1 Limitations actuelles........................................................................... — 11
2.3.2 Intégration des composants passifs ................................................. — 11
2.3.3 Tendances futures............................................................................... — 12
2.4 Contraintes industrielles ............................................................................. — 12
2.5 Comparaison avec les couches épaisses et autres techniques à couches — 12
2.5.1 Diffusion PatterningTM ........................................................................ — 13
2.5.2 Couche épaisse photo-imageable Fodel ........................................ — 14
2.5.3 Couche épaisse photodéfinissable.................................................... — 14
2.5.4 LTCC ..................................................................................................... — 15
2.5.5 Build-up MCM-L.................................................................................. — 15
3. Applications .............................................................................................. — 15
3.1 Interconnexion et applications basses fréquences................................... — 15
3.1.1 Substrats d’interconnexion MCM-S et MCM-D................................ — 15
3.1.2 Macrocomposants MCM-S et MCM-D .............................................. — 16
3.1.3 Substrats MCM-S et MCM-D actifs ................................................... — 17
3.1.4 Modules dits 3D .................................................................................. — 17
3.1.5 Couches minces pour encapsulation de composants haute
densité ................................................................................................. — 18
3.1.6 Cas particulier des électroniques numériques, dites rapides ......... — 19
3.2 Applications optoélectroniques.................................................................. — 19
3.2.1 Affichage ............................................................................................. — 19
3.2.2 Applications optoélectroniques à venir ............................................ — 20
3.3 Autres applications...................................................................................... — 20
4. Conclusion ................................................................................................. — 21
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. E 3 367
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 3 366 − 1
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— méthodes de dépôt ; parfois même un pas de 75 µm suffit-il. Mais cela n’est habituel-
— croissance et nucléation ; lement pas réalisable en technique de couches épaisses et impose
— adhérence et contraintes ; donc un retour aux techniques de couches minces.
— méthodes de conception et de réalisation des motifs ; Les techniques dites MCM sont donc nées d’une évolution des
— stabilité des couches minces. procédés en couches minces, lesquels ont de tout temps présenté
Il y trouvera également un paragraphe dédié à la réalisation des l’intérêt d’une densité d’interconnexion nettement plus élevée que
couches minces monocouches, celles que nous appelons « tradi- celle obtenue en technique de couches épaisses (400 cm · cm–2
tionnelles ». En particulier, y sont décrites les principales méthodes contre environ 20 cm · cm–2, pour un niveau conducteur), mais qui
de dépôt : butaient jusqu’ici sur la difficulté de réaliser plusieurs niveaux
conducteurs. C’est donc sur ce paramètre essentiel que les évolu-
— évaporation thermique ;
tions eurent lieu. Ainsi, deux concepts sont-ils nés quasi
— pulvérisation cathodique ; simultanément [6].
— dépôt par voie gazeuse.
Le présent article est avant tout dédié à la description des appli- ■ MCM-S
cations plus récentes des couches minces, parmi lesquelles les Le premier concept consiste à considérer que le meilleur subs-
techniques dites de multichip modules représentent une avancée trat possible pour interconnecter de grandes puces est le silicium
essentielle. lui-même, et que l’interconnexion utilisée peut être la même que
celle utilisée pour la réalisation des circuits monolithiques type
ASIC, c’est-à-dire : métal (généralement aluminium) - dioxyde de
silicium - métal - dioxyde de silicium, etc. Ainsi, une fonderie de
2.2 Couches minces multicouches composants, même quelque peu obsolète, peut-elle être utilisée
pour la réalisation de grands substrats dans une technique de
Avec le besoin croissant en densité d’interconnexion requis par semi-conducteur dégradée, et sans les étapes de diffusion. Le
les circuits numériques complexes, et avec l’arrivée dans les terme MCM-S (pour tout silicium) a été retenu pour identifier cette
années 1980-1985 des techniques dites MCM, les couches minces filière particulière.
utilisées en tant qu’élément d’interconnexion (seulement) revien-
nent au devant de la scène microélectronique. ■ MCM-D
Quelques années plus tard, alors que les nouvelles techniques Le deuxième concept consiste à utiliser un diélectrique inter-
d’interconnexion sont bien maîtrisées, il apparaît que les nom- couche qui puisse être déposé à l’air libre, sans installation parti-
breux éléments passifs nécessités par le tout numérique pourraient culière, et qui puisse recevoir une couche mince métallique,
être avantageusement intégrés à l’intérieur même du substrat, de généralement par sputtering. C’est ainsi que l’usage de diélec-
manière à en libérer la surface pour les composants actifs. La triques polymères est apparu possible. Ceux-ci sont déposés sous
notion de composants passifs enterrés est née, pour lesquels les forme liquide en couches relativement minces, sur le substrat ou
couches minces représentent une solution intéressante. sur une couche métallique. Après polymérisation et durcissement,
ils sont gravés pour ouvrir les vias nécessaires. Une couche de
Ainsi, l’histoire se répète. Dix ans après la quasi-disparition des métal est alors déposée sur le polymère, gravée puis suivie d’un
circuits actifs réalisés à partir de couches minces, des fonctions nouveau dépôt de polymère, et ainsi de suite. Cette filière porte le
complexes sont à nouveau réalisées avec cette technologie, amé- nom de MCM-D (pour couche déposée).
liorée, et des composants passifs sont à nouveau intégrés dans les
couches. Force est de constater qu’aujourd’hui, même si les deux filières
coexistent, la deuxième a donné lieu à beaucoup plus d’applica-
tions que la première. La raison réside sans doute dans la néces-
2.2.1 Évolution des procédés sité pour la première de disposer d’une fonderie silicium, même
obsolète, ce qui n’est pas le cas d’une grande majorité d’hybri-
■ Objectif deurs qui se retrouvent plus dans le second procédé.
Chercher à évoluer est bien, mais on peut se poser la question
du but poursuivi et de l’objectif à atteindre. Cela permet d’orienter 2.2.2 Types de multicouches
les développements et de juger si l’objectif est ou non atteint.
En fait, lorsque l’on observe un circuit hybride traditionnel (en 2.2.2.1 MCM-S ou procédé minéral « tout silicium »
couche épaisse multicouche), force est de constater que la distri-
bution des signaux occupe une surface non négligeable sur le Les avantages d’un substrat silicium sont nombreux :
substrat ; les composants passifs également. On parle alors du — disponibilité assurée ;
coefficient de foisonnement ou d’encombrement. De ce fait, un — coût raisonnable ;
paramètre important en miniaturisation, le facteur de mérite — coefficient de dilatation adapté ;
packaging : Γ = SSi /Sm dans lequel SSi représente la surface totale — légèreté ;
de silicium actif et Sm la surface du module hybride fini, demeure — performances thermiques ;
relativement faible, ~ 5 à 10 % maximum. L’objectif premier est — excellent support mécanique pour des couches minces.
d’augmenter ce facteur de mérite packaging. Pour cela, la surface
Les avantages d’une structure « tout silicium » sont quant à eux
occupée par les composants passifs doit être réduite, d’où le
basés sur l’existence d’un savoir-faire assez largement répandu et
concept de composants passifs enterrés. Pour ce qui concerne le
sur l’existence d’installations de fabrication bien rodées, d’autant
système de conducteurs en couches minces, l’objectif est de
que les performances attendues pour du MCM-S (traits de 10 µm
réduire le pas des lignes de manière à ce que l’ensemble de
au minimum) sont loin des exigences du monde semi-conducteur
celles-ci tienne dans la surface occupée par les actifs et les passifs,
actuel (traces de 0,3 µm et moins).
sans requérir de surface supplémentaire. Cela est d’autant plus
Nota : ainsi de nombreux acteurs du monde microélectronique se sont-ils lancés, tôt,
facile à réaliser que les actifs numériques complexes sont de taille dans cette voie : IBM, Honeywell, Hitachi, AT&T, Toshiba, Mosaïc, Raychem, nCHIP racheté
de plus en plus importante. depuis par Flextronic et en France ES2 devenu Atmel.
Quelques études d’implantations ont permis d’observer que cet Le processus de fabrication d’un substrat multicouche tout sili-
objectif n’est pas déraisonnable. Généralement en effet, un pas de cium est largement simplifié par rapport à celui d’un circuit intégré
50 µm (soit des lignes de 25 µm ou une densité d’interconnexion actif par le fait que les étapes de diffusion sont éliminées. Partant
de 200 cm · cm–2 par niveau conducteur) est largement suffisant, d’une tranche de silicium rodée et chimiquement préparée, une
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présente par sa structure même un avantage et un inconvénient. où : εr (eff) représente la permittivité équivalente, ou
efficace, dans le cas où le milieu diélectrique
■ Avantage n’est pas homogène, cas d’un conducteur de
L’implantation en première couche métallique puis en seconde, surface par exemple. Généralement, la valeur
de plans de masse et d’alimentation est intéressante au niveau εr (eff ) = (εr + 1)/2 constitue une approxima-
implantation et routage car elle réduit les résistances et les selfs tion suffisante. Dans le cas d’un conducteur
des circuits d’alimentation. De plus, ces deux plans contigus totalement enfoui, εr (eff ) = εr ,
constituent une capacité parasite de découplage répartie, égale- Z 0 ( εr =1 ) représente la valeur de l’impédance caracté-
ment très intéressante vis-à-vis de ses performances. ristique de la ligne dans le vide (εr = 1), et
L’anodisation de la première couche de métal, en lieu et place du dépend du rapport largeur sur épaisseur w/h.
dépôt de SiO2 entre les deux plans, conduit à un diélectrique extrê- Dans le cas présent, pour w/h > 1, Z0 est défi-
mement mince, donc à une capacité de découplage améliorée (voir nie par la relation empirique suivante [6] :
[E 3 365]).
120π
Z 0 ( εr =1 ) ≈ -----------------------------------------------------------------------------------------
-
■ Inconvénient w h h 6
------ + 2,42 – 0,44 ------ + 1 – ------
h w w
Le dépôt de SiO2 qui s’intercale entre le deuxième plan (alimen-
tation) et la première couche de signaux constitue également un L’impédance est exprimée en ohms et les longueurs en
diélectrique, aussi des capacités parasites naissent-elles entre mètres.
chaque piste et le plan métallique (voir encadré 1). Même faibles,
ces capacités sont un frein important vis-à-vis des signaux et doi-
vent être minimisées.
en œuvre reste à la portée d’un hybrideur conventionnel, pour
Exemple : un conducteur de 5 cm de long, 25 µm de large, sur un autant que celui-ci dispose d’un bâti de pulvérisation cathodique
dépôt diélectrique de 5 µm, représente une capacité de plus de 50 pF pour le dépôt des couches conductrices.
avec le plan sous-jacent.
Les inconvénients d’un tel diélectrique existent néanmoins. Ce
Limiter ces capacités parasites à une valeur acceptable conduit sont sa moins bonne stabilité dans le temps et en température, une
donc à épaissir la couche diélectrique correspondante. On admet conductivité thermique plus faible ainsi qu’une résistance moins
généralement que 20 µm (10 µm au minimum, si le circuit n’est pas bonne aux agressions chimiques.
trop rapide) sont nécessaires. Or, on vient de le dire, cette épais- Enfin, une couche organique moins dure qu’une couche miné-
seur de SiO2 , déposée en CVD, engendre des contraintes internes rale peut conduire à des problèmes de câblage, particulièrement
incompatibles, conduisant à la fissuration de la couche. Des procé- aux ultrasons, d’où une attention particulière portée au module
dés complexes et donc chers, faisant appel à un dépôt PECVD de d’élasticité (voir encadré 2). La fiabilité d’un tel système doit donc
SiO2 épais sous contraintes (précambrure du substrat), ont été mis être préalablement éprouvée. Cela ne veut pas pour autant dire
au point et brevetés. Cela a considérablement réduit l’intérêt, par que de bonnes solutions n’existent pas, pour preuve le très large
ailleurs élevé, de cette filière technologique. développement que cette filière technologique a eu.
En effet [11], malgré cela, la technologie MCM-S (également Nota : les utilisateurs de cette technologie sont en effet nombreux de par le monde :
appelée MCM-D inorganic par les Américains) est néanmoins AT&T (PolyHIC), IBM, Hughes-HDMI, MMS, General Electric-HDI, OKI, IMC, Fujitsu, Toshiba,
Thalès (ex Thomson-CSF Microélectronique) en France, à Chateaubourg, mais aussi des
considérée comme plus robuste, plus facile à câbler (en raison de céramistes comme NTK et Kyocera. Plusieurs d’entre eux déjà cités dans le paragraphe
la dureté du diélectrique), plus compatible avec les procédés de précédent possèdent à la fois une technologie MCM-S et une technologie MCM-D. De plus,
réparation et plus fiable sous contraintes thermiques, que la filière il doit être considéré que cette liste n’est pas exhaustive tant les apparitions ou disparitions
sont fréquentes, dues à la fois aux évolutions technologiques qu’aux rachats et regroupe-
technologie MCM-D organique dont la description suit. ments de sociétés.
De ce qui précède, on comprend immédiatement l’intérêt majeur Les types de substrats utilisés en technologie MCM-D sont par-
d’un diélectrique organique polymère. Celui-ci est en effet plus ticulièrement nombreux.
facile à déposer en couches plus épaisses, présentant moins Le silicium reste un matériau de choix assez souvent utilisé,
d’effets capacitifs parasites et générant moins de contraintes cependant les céramiques représentent probablement la majorité
internes. De plus, il présente une meilleure « planarisation » que le des applications. Parmi celles-ci, citons l’alumine haute pureté
SiO2 , lequel reproduit et accentue les reliefs des couches glassivée sur laquelle il est possible de déposer directement un
sous-jacentes plus qu’il ne les efface, ainsi qu’une constante dié- film mince de métal, ou bien l’alumine normale « planarisée » par
lectrique plus faible, favorable aux circuits rapides. Enfin, sa mise dépôt préalable d’une couche mince isolante. Le nitrure d’alumi-
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2.2.3 Procédés de dépôt réduits puis déposés sur les zones libres (au travers des ouvertures
d’une laque photosensible) de la sous-couche d’accrochage.
2.2.3.1 MCM-S Rapide, le procédé est néanmoins dynamique et doit être parfai-
tement surveillé pour une bonne reproductibilité. En particulier,
■ Conducteurs
l’appauvrissement du bain tout comme les conditions d’agitation
Les dépôts se font par sputtering. Une couche mince d’alumi- modifient les conditions de dépôt. La présence d’impuretés dans le
nium de 1 à 2 µm est déposée par pulvérisation cathodique bain peut conduire à des problèmes de pollution, d’adhérence, de
(§ 2.2.1.2 de [E 3 365]) sur la surface du substrat. Après gravure contraintes résiduelles et de fissurations. De même, une bonne
puis dépôt de la couche isolante diélectrique, une nouvelle couche homogénéité des motifs à déposer est conseillée car des variations
mince d’aluminium est déposée. Le procédé se répète autant de dimensionnelles conduisent à des densités de courant différentes,
fois qu’il doit y avoir de niveaux conducteurs (généralement de donc à des épaisseurs déposées différentes d’un motif à un autre,
2 à 5 niveaux). les lignes les plus fines recevant les épaisseurs les plus fortes.
■ Isolants Chrome, cuivre, or et nickel peuvent être déposés de cette
● CVD et PECVD : les couches minces intermédiaires de SiO2 sont
manière, ce qui permet de réaliser par ce moyen toute architecture
déposées en CVD ou PECVD (§ 2.2.1.3 de [E 3 365]). Le PECVD [8] complexe utilisant plusieurs de ces métaux.
peut être assimilé au sputtering mais il s’agit d’un procédé chimique ● Dépôt chimique : à l’opposé de la méthode précédente, un
qui ne nécessite pas de cible. Seul un gaz est nécessaire. Dans le cas dépôt chimique ne nécessite pas de sous-couche conductrice
présent, l’isolant SiO2 est obtenu par réaction du gaz silane SiH4 continue. Seule une couche de germination catalytique sans contact
avec du N2O dans un plasma RF, dont le principal avantage est qu’il électrique est requise, laquelle peut être prégravée selon le motif à
est obtenu à température modérée (~ 300 oC), en dessous de la tem- réaliser. Le dépôt métallique s’effectue par réduction des ions métal-
pérature de fusion de la couche mince d’aluminium. liques dans une solution aqueuse et par dépôt sélectif de ceux-ci sur
● Anodisation : dans certains cas, lorsque la technique d’implan-
la base de germination catalytique.
tation utilise plan de masse et plan d’alimentation, il peut être avan- Une solution de cuivre chimique est habituellement formulée de
tageux de réduire l’épaisseur de la couche isolante diélectrique pour la manière suivante [10] [11] :
favoriser la capacité de découplage entre les deux. Dans ces condi- — le sulfate de cuivre constitue la source d’ions cuivre ;
tions, une technique d’anodisation du premier plan métal déposé — le formaldéhyde agit comme agent réducteur ;
est préférée au dépôt PECVD d’une couche isolante. L’anodisation, — l’hydroxyde de sodium constitue la source d’ions hydroxyles.
principalement celle de l’aluminium, est bien connue puisque déjà
largement utilisée dans la fabrication des condensateurs en alumi- La réaction qui prend naissance lors du dépôt est la suivante :
nium électrolytique. Par anodisation, la couche naturelle d’alumine à l’anode : 4OH– + 2HCHO → 2HCOO– + 2H2O + H2 + 2e–
(~ 0,01 µm) présente à la surface d’un film d’aluminium non traité à la cathode : Cu++ + 2e– → Cu
peut être suffisamment épaissie pour présenter les caractéristiques Le procédé fonctionne naturellement bien sur l’or et le nickel
voulues, en particulier une tension de tenue satisfaisante. L’anodisa- mais peu sur les surfaces inertes telles que les diélectriques poly-
tion est généralement opérée dans un bain d’acide sulfurique, le mères et SiO2 . Ces dernières surfaces doivent alors être activées
film d’aluminium constituant l’anode. Le potentiel appliqué entre par un sel de palladium pour initialiser le dépôt.
anode et cathode se retrouve alors en quasi-totalité sur la mince
couche d’alumine. L’aluminium agressé migre alors au travers de ■ Isolants
cette couche, permettant ainsi à l’oxydation de se poursuivre. La
Deux méthodes de dépôt des couches diélectriques polymères
décroissance du courant produit permet de maîtriser l’épaisseur de
coexistent : le dépôt dit « à la tournette » et le dépôt par aspersion.
la couche déposée [1] [3] [10]. Dans certains cas, l’oxydation d’une
couche très mince de tantale est préférée à celle d’une couche ● Dépôt dit « à la tournette » (« spin coating ») : ce mode
mince d’aluminium, l’oxyde de tantale Ta2O5 présentant une d’enduction très commun est hérité du dépôt des laques photosen-
constante diélectrique supérieure à celle de l’alumine Al2O3 . sibles. Le polymère en solution est déposé au centre du substrat en
rotation. Sous l’influence de la force centrifuge résultant de la rota-
tion, le liquide se répand uniformément du centre vers la périphérie
2.2.3.2 MCM-D du substrat (figure 1). Vitesse et temps de rotation sont les para-
■ Conducteurs mètres essentiels qui guident épaisseur, planéité et régularité de la
Les conducteurs utilisés en MCM-D sont plus variés qu’en couche déposée. La mouillabilité du substrat doit être préalable-
MCM-S. Le plus courant est incontestablement le cuivre, mais ment assurée par un excellent nettoyage qui en chasse toute impu-
l’aluminium, l’or ainsi que des alliages cuivre/aluminium sont éga- reté. Un primaire d’accrochage étant nécessaire, celui-ci est souvent
lement utilisés. Du fait des problèmes d’adhérence ou de suscepti- inclus dans la solution polymère elle-même.
bilité de certains d’entre eux, des métaux intermédiaires comme le ● Dépôt par aspersion (« spray coating ») : une rampe dispense
nickel, le chrome, le titane ou le titane/tungstène sont également un brouillard constitué du polymère en solution, vaporisé, au-des-
utilisés en couches très minces (50 à 500 nm). sus du substrat, lequel se translate sous la rampe. Deux translations
● Sputtering : le mode de dépôt est quasi exclusivement la pulvé-
orthogonales du substrat sous la rampe assurent une bonne couver-
risation cathodique pour toutes les couches d’accrochage ainsi que ture ainsi qu’une bonne homogénéité du dépôt. Pression d’asper-
pour l’aluminium. Les couches à base de cuivre ou d’or peuvent éga- sion et vitesse de déplacement guident les paramètres du dépôt.
lement être obtenues par recharge électrolytique ou par dépôt chi- Mais la viscoélasticité du polymère ainsi que sa concentration dans
mique (electroless plating ), pour autant qu’une sous-couche de la solution sont aussi des paramètres influents essentiels.
métal préexiste. Dans le cas de la recharge électrolytique, ou galva- ● Polymérisation et réticulation (« curing ») : quel que soit le
noplastie, une sous-couche conductrice doit être prévue pour la mode de dépôt du polymère en solution, celui-ci doit être « cuit »,
mise de l’ensemble des équipotentielles au même potentiel. c’est-à-dire polymérisé et réticulé, pour donner une couche dure et
● Galvanoplastie : l’avantage essentiel de la galvanoplastie est la
stable. La « cuisson » des polyimides s’opère de 350 à 400 oC ou
rapidité de dépôt (> 1 µm · min–1), mais une contrainte est la néces- plus, suivant les produits. Celle des BCB s’opère plus bas, entre
sité de disposer d’une sous-couche conductrice, ou « germe », qu’il 210 et 250 oC.
faut ensuite éliminer des zones d’isolation. Cela augmente le Lors de la polymérisation de l’acide polyamique en polyimide, le
nombre d’étapes du procédé (voir procédés additif et semi-additif, solvant N-méthyl pyrrolidone (NMP) est évaporé. La réticulation
§ 2.2.2 de [E 3 365]). En galvanoplastie, le substrat joue le rôle des chaînes polyimides s’opère quant à elle en libérant deux molé-
d’anode et les ions métalliques issus du bain électrolytique sont cules d’eau par unité de polymère formé. La perte de masse en sol-
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X hν Diélectrique polymère
+ A Substrat
A + +
A Espèces neutres A
A a dépôt, polymérisation du diélectrique
+ (H ; H* ; H*2 ...)
+
e– A Espèces chargées
+ + Couche de masquage
électriquement
+ A + (H+ ; H+2 ; e– ...)
e– Autres espèces
X (rayons X ; h ν ...)
a plasma
b dépôt du masque « dur »
Plasma gazeux
Photorésist
Génération d’espèces réactives
Diffusion n Diffusion
Diffusion
à la Diffusion
vers
à la
surface levers
gaz
surface Gaine legaz
du Gaine
plasma n c dépôt, révélation du masque photorésist
n* du plasma
Adsorption Désorption
Adsorption
n* Désorption
■ Gravure humide Figure 4 – Procédé de gravure sèche, sous plasma (d’après [7])
La gravure par voie humide se fait par attaque chimique dans
une solution, généralement aqueuse. Par exemple, SiO2 est gravé
par une solution partiellement diluée d’acide fluorhydrique HF, ■ Diélectrique photosensible
tamponnée par du fluorure d’ammonium NH4F [19]. Simple à Dans ce cas, le polymère utilisé comme diélectrique contient
mettre en œuvre et de grosse capacité, elle est majoritairement uti- lui-même les éléments photosensibles habituellement rencontrés
lisée. Cependant, elle présente plusieurs inconvénients [19] : dans un photorésist. La gravure du polymère consiste donc tout
— elle est isotrope, donc génère des effets d’attaque latérale ou simplement à exposer celui-ci puis à le révéler, avant de le poly-
sous-gravure, qui limitent la résolution du motif ; mériser. Dans le cas d’un polymère de type négatif, les zones non
— la vitesse est éminemment variable et dépend de plusieurs exposées ne sont pas durcies et sont donc éliminées lors du net-
paramètres dont la charge en substrats traités ; toyage qui accompagne son développement.
— le point de fin de gravure reste difficile à contrôler. Polyimides et BCB existent en version photosensible (PSPI et
Un rinçage parfait est nécessaire après gravure. Son contrôle se PSBCB). Ils ont une durée de vie bien définie avant utilisation et
fait par mesure de la résistivité de l’eau désionisée utilisée. On nécessitent un stockage réfrigéré, afin de réduire les risques de
considère qu’à 0,16 MΩ · m, le rinçage est suffisant (résistivité de préréticulation et de prévenir l’augmentation de viscosité qui
l’eau ultrapure = 0,18 MΩ · m). s’ensuit.
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Laser UV Homogénéiseur
XeCl à 308 nm
e e e
0,7 e 0,5 e 0,2 e
Lentille de champ
Masque
Lentilles transfert
Substrat
Contrôle
Table X-Y
X Y
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Polymère
Flash chimique de Ni
Couche d'accrochage Cr/Cu
a percement des vias
Substrat dans le diélectrique
Ni
chimique
b croissance chimique
du via
c pulvérisation de la
couche d’accrochage
Cr/Cu
Figure 8 – Boîtier cofritté en AIN, type LGA, bicavité,
960 entrées-sorties recto verso (doc. Astrium)
Photorésist
2.2.5 Packaging
On ne revient pas ici sur l’assemblage des composants. Celui-ci
d masquage a été décrit dans [E 3 365] (§ 2.2.4) et il n’y pas de différences fon-
du photorésist damentales entre l’assemblage sur couches minces monocouches
et l’assemblage sur substrats multicouches MCM-S ou D. La plu-
part des composants sont collés, parfois brasés. Leurs inter-
Cuivre électrodéposé connexions sont réalisées par câblage filaire or ou aluminium. De
plus en plus, cependant, pour des raisons de densité et de vitesse,
le flip-chip est préféré au câblage filaire.
Au plan du packaging lui-même, la différence essentielle réside
dans le type de fonctions intégrées en technologies MCM-S ou D.
e dépôt électrolytique Pour la plupart, ces fonctions sont numériques et complexes. Cela
de cuivre veut dire que de nombreuses et grandes pastilles de semi-conduc-
teur sont implantées, avec comme corollaires principaux une aug-
mentation du nombre des entrées-sorties et, lorsque le circuit est
destiné à fonctionner à fréquence élevée, une augmentation de la
puissance dissipée.
Exemple : un boîtier hermétique actuel pour MCM peut présenter
f ablation du une cavité de 6 à 8 cm de côté (parfois jusqu’à 10 cm), plusieurs cen-
photorésist et taines d’entrées-sorties et doit permettre de dissiper jusqu’à 10 W
gravure du métal (parfois même 20 W).
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· cm–2)
hermétique, un cadre métallique est brasé à la périphérie du MCM-L MCM-C
substrat.
4
Coût (
2.3 Performances et limitations
3
On a vu que deux domaines d’application particuliers se
partagent l’utilisation des couches minces en électronique : celui MCM-D
des capteurs, des passifs de hautes performances, des régimes de 2
fonctionnement particuliers (UHF)... et celui, plus récent, dans
lequel la couche mince utilisée en tant que substrat retrouve ses
lettres de noblesse, grâce en particulier au multicouche.
Les circuits en couches minces, utilisés dans les techniques 1
MCM, représentent donc une avancée majeure dans les techniques
hybrides, et concurrencent les techniques ASIC monolithiques tou-
jours en bute aux problèmes de taille de puce, de rendement de
0
fabrication et d’investissement à amortir. 0 100 200 300 400
Cependant, les techniques MCM sont multiples et se font, Densité d'interconnexion (cm · cm–2)
elles-mêmes, concurrence. En particulier, les MCM-C et les MCM-L,
moins coûteux que les MCM-S ou que les MCM-D, répondent de Autre estimation :
plus en plus aux exigences de l’électronique professionnelle et MCM-L 0,2 · cm–2
grand public, ne laissant aux couches minces que les applications MCM-C 0,3 · cm–2
de très hautes performances ou les applications de très haute fia-
MCM-D 1,5 · cm–2
bilité. (par couche conductrice)
Devant les exigences actuelles en matière de packaging :
— faible coût ;
Figure 9 – Coût comparatif des filières MCM
— mince, léger, portable ;
— performances élevées (rapidité) ;
— multifonctionnalité (nombre élevé de puces) ;
— ergonomie, facilité d’utilisation, attrait, différentiation, on a vu (tableau 4 de [E 3 365]) que la résistance de feuille des
conducteurs, dans des épaisseurs de 1 à 2 µm, avoisine 15 à
il apparaît que de nombreuses limitations viennent grever l’intérêt
35 mΩ · –1. Cela peut donc conduire à des résistances de lignes
des couches minces utilisées en tant que substrats multicouches,
de 120 à 280 Ω, ce qui est parfaitement excessif tant vis-à-vis de la
par rapport aux techniques MCM concurrentes déjà citées ou à
puissance propre dissipée que de la dégradation des signaux et
d’autres techniques naissantes. Quelles sont ces limitations ?
des retards apportés.
Il y a donc un risque à faire trop petit, sur des surfaces trop
2.3.1 Limitations actuelles grandes (expression d’un rapport de dimensions raisonnable,
lequel ne devrait pas excéder 1 000 à 2 000).
■ Coût
De plus, d’autres risques fonctionnels existent à faire cohabiter
Il est clair qu’après le monolithique (ASIC, SOC), les MCM-S et trop près des pistes trop longues. Ces risques se nomment :
les MCM-D (rassemblées sous la désignation MCM-D) représentent — couplages, inductifs et capacitifs, donc diaphonie ;
la solution technologique la plus onéreuse. Comme l’atteste la
— selfs parasites des alimentations et bruits de commutation ;
figure 9, elle reste cependant la seule solution viable pour des den-
— diminution de l’immunité aux bruits, induite par la diminution
sités d’interconnexion élevées.
des tensions d’alimentation.
■ Dimensions, légèreté, portabilité
■ Multifonctionnalité
Du fait de leur fragilité, tant celle des couches minces que celle
des puces nues rapportées, les MCM-S et D nécessitent un boîtier La multifonctionnalité des circuits numériques modernes conduit
(§ 2.2.5 de [E 3 365]). Ce boîtier procure malheureusement un à l’intégration d’un nombre élevé de circuits intégrés sur un même
encombrement et une masse supplémentaires (indépendamment substrat. Le corollaire en est un nombre élevé d’entrées-sorties qui
du coût), peu compatibles avec les exigences de légèreté et de por- devient difficile à gérer si l’intégration du circuit n’est pas totale.
tabilité des équipements grand public. Une tendance est donc à L’impact sur le boîtier est important.
l’abandon de ce boîtier, malheureusement incompatible vis-à-vis ■ Ergonomie
de ces filières.
Ce même boîtier s’avère peu compatible avec les exigences
■ Performances actuelles d’ergonomie et d’attrait, essentiellement demandées aux
Les performances actuelles des MCM-S et D en termes de den- applications grand public. Cette filière reste donc cantonnée à des
sité d’intégration sont bonnes. Les capacités actuelles de perçage applications professionnelles et Hi-Rel (high reliability ) qui n’ont
des vias (frein essentiel à l’intégration) sont de : pas ce genre d’exigences.
— 25, 50 et 50 µm de diamètre, en technique photovias ;
— 5, 10 et 10 µm de diamètre, en techniques RIE et laser ; 2.3.2 Intégration des composants passifs
pour des diélectriques respectivement de 10, 15 et 20 µm d’épais-
seur. Mais il faut se défier de ces valeurs. En effet, la réduction de Il apparaît clairement que l’un des facteurs actuels essentiels de
section des pistes conductrices et l’augmentation de la taille des perte d’intégration est la place occupée par les très nombreux élé-
substrats sont antagonistes. Une piste de 20 cm de long et de ments passifs nécessités par l’électronique numérique. En effet, il
25 µm de large représente 8 000 (en langage d’implanteur). Or faut garder présent à l’esprit que des résistances de pull-up ou de
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pull-down sont associées à chaque entrée de signal d’un circuit — recherche de solutions de packaging non hermétiques, moins
intégré. De même, une capacité de découplage est associée à cha- onéreuses que les grands boîtiers hermétiques ;
que entrée d’alimentation du même circuit. Quand on sait que les — utilisation de puces de type KGD (known good die ) pour
circuits intégrés numériques complexes dépassent aujourd’hui apporter une solution au problème du rendement de première
1 000 entrées- sorties et qu’un ratio de 1/8 à 1/6 de ces entrées-sor- passe lors de l’assemblage de puces multiples.
ties est dévolu aux alimentations et aux masses, on se rend
Mais cela suffira-t-il ? Rien n’est moins sûr et il reste probable
compte du nombre de composants passifs qui peuvent être asso-
que les techniques de couches minces multicouches continueront
ciés à ces puces actives. Ces passifs peuvent occuper aujourd’hui
à s’adresser à des marchés haut de gamme. C’est que des
la moitié de la surface d’un substrat.
concurrents sérieux s’annoncent. En particulier, l’apparition des
Heureusement, les exigences de performances sont faibles. Des composants type CSP est à même de changer le panorama de
composants passifs à ± 10 % ou même à ± 20 % sont suffisants. l’assemblage de haute densité. De la taille de la puce nue, le CSP
Nous sommes loin des exigences des fonctions analogiques ou de n’en est cependant pas une et reste compatible avec des solutions
conversion A/N. Cela laisse donc une possibilité à leur intégration d’assemblage type TMS. De plus, ses exigences de protection sont
dans le substrat pour un coût qui ne soit pas trop prohibitif. bien moindres et il est acheté, contrôlé et testé unitairement.
Ce problème est probablement celui qui génère actuellement le Cela laisse à penser que les technologies MCM, même dans
plus d’études et de développements. Tous les fabricants de MCM leurs versions les moins onéreuses, MCM-C et surtout MCM-L, ne
travaillent sur le sujet. De nombreuses solutions pour l’intégration représentent sans doute plus l’avenir des produits de masse. L’uti-
des capacités, des résistances et même parfois des inductances, lisation de CSP sur des substrats SBU à microvias, pas très éloi-
sont proposées. gnés des substrats MCM-L, pourrait bien répondre aux exigences
à la fois de dimensions, de taille, de légèreté et de coût, des élec-
Mais le problème est difficile car, à la différence des couches troniques grand public, du moins pour les fonctions convention-
minces monocouches dans lesquelles le passif est la dernière nelles ne requérant pas de performances particulières.
étape, dans les couches minces multicouches, la réalisation du
passif est la première étape si l’on veut qu’il soit enterré. Dans ces
conditions, il doit subir toutes les opérations et toutes les cuissons
relatives au dépôt des couches conductrices et diélectriques. Sa 2.4 Contraintes industrielles
qualité et sa stabilité peuvent en être altérées, d’où la difficulté du
procédé. Le choix d’un diélectrique comme le BCB, à température
de cuisson plus faible que celle du polyimide, peut être un élément Les contraintes industrielles liées aux procédés MCM couches
déterminant. minces sont pour l’essentiel dues au fait que ces technologies
n’ont jamais vraiment percé dans le domaine des fabrications de
Les solutions retenues pour la réalisation des couches résistives masse. De ce fait, le développement des outils industriels n’a pas
sont diverses, entre autres : NiCr, TaN et Ta2N, CrSi, TaSi, TiW. Des suivi la demande, ce qui conduit aujourd’hui à un coût de substrats
résistances de feuille de quelques ohms par carré à 100 Ω · –1 inacceptable pour des applications de grande diffusion. Ainsi, on
sont obtenues par sputtering puis gravure RIE de ces matériaux. considère [2] qu’un cinq couches, solution topologique assez tradi-
tionnelle qui associe deux niveaux de signaux à un niveau de
Pour la réalisation des capacités, on propose des diélectriques
masse, un niveau d’alimentation et un niveau d’assemblage, éla-
tels que : SiO2 , Si3N4 , TaxOy , BaTiOx , Ba (Zr, Ti) O3 (ou BZT), (Pb,
boré dans une filière MCM à 400 cm · cm–2 ou plus, revient à envi-
La) (Zr, Ti) O3 (ou PLZT), BCB chargé de poudre de BaTiOx , ou poly-
ron 8 à 16 € · cm–2, ce qui en limite l’usage aux applications pour
imide chargé de poudre de PbMgTiOx , etc. Des capacités spéci-
lesquelles la densité atteinte et les performances sont absolument
fiques de 22 nF · cm–2 ont ainsi été obtenues. En MCM-S,
prioritaires (cas des supercalculateurs par exemple). Un objectif
l’utilisation de plans conducteurs aluminium dont l’un est anodisé
d’environ 0,5 € · cm–2 semblerait en effet plus raisonnable.
par une couche de 0,15 µm d’alumine [2] permet d’atteindre
50 nF · cm–2. Pour tenir cet objectif ambitieux, des améliorations importantes
doivent être apportées au procédé. La première voie consiste à
Pour la réalisation des inductances, on propose des matériaux augmenter la taille des panneaux de manière à augmenter le
comme NiFe-Cu ou Al, NiFe constituant le noyau magnétique et le nombre de substrats et ainsi diminuer le coût unitaire de fabrica-
cuivre ou l’aluminium le conducteur. Une inductance spécifique de tion. La deuxième voie consiste à diminuer l’investissement en
35 nH · mm–2 mesurée à 1 MHz a été obtenue par le Georgia Tech infrastructure (salles blanches) et en équipements de fabrication.
Institute [2]. Parvenir à fabriquer des substrats acceptables dans une salle blan-
Mais le problème des passifs demeure encore. En effet, si l’incor- che de classe inférieure et réduire le coût des équipements par une
poration de ces éléments dans les couches du substrat MCM plus large diffusion, sont la solution. Le coût élevé des polymères
répond à une attente évidente en matière de densité d’intégration diélectriques (actuellement ~ 1 000 € · kg–1) et de leurs procédés
et de performances, le coût de réalisation de ces éléments reste de mise en œuvre doivent être révisés à la baisse, par la recherche,
notablement plus élevé que l’achat et le report de composants dis- par exemple, d’autres matériaux. Enfin, un effort doit être fait sur
crets. Cette technologie reste donc encore aujourd’hui limitée à des les temps de cycle. Le tableau 2 (d’après [2]) illustre cette réflexion.
applications de haut niveau.
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Coût d’infrastructure .....................................................(€ · m–2) 11 000 (classe 100) 2 200 (classe 1 000) 5×
H2O
2.5.1 Diffusion Patterning
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Film épais après cuisson Au plan du coût, cette dernière technique n’est certes pas opti-
mum mais elle se justifie par les performances atteintes, exac-
tement celles des couches minces, et par l’usage d’un procédé
Vias couche épaisse relativement peu modifié, donc déjà disponible
dans de nombreux ateliers.
d cuisson La figure 12 montre le plan supérieur de report et de câblage,
ainsi que les deux niveaux de signaux X et Y d’un circuit calcula-
teur complexe de 33 mm × 45 mm, comprenant quelque 2 500 vias
Figure 11 – Procédé diélectrique photo-imageable Fodel (DuPont) percés par laser, sur conducteurs de 50 µm.
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2.5.4 LTCC problème qui subsiste est celui de la recharge en cuivre des trous
ainsi formés. Réalisée généralement par dépôt chimique, cette
Le LTCC, ou cocuit basse température, a largement pris le pas recharge suppose que le trou puisse être balayé par le liquide de
sur le HTCC (cofritté haute température) pour toutes les applica- recharge. Cela est aisé dans des trous traversants mais difficile
tions de masse. Il est en effet d’un coût plus abordable grâce à une dans des trous borgnes de faible diamètre. On estime qu’un fac-
industrialisation plus à la porté des hybrideurs et plus favorable teur de forme de 1 à 1,5 est un maximum à ne pas dépasser,
aux applications RF grâce à un matériau de permittivité plus faible c’est-à-dire que la profondeur du trou ne doit pas excéder 1 à 1,5
que la céramique conventionnelle. fois son diamètre. De cette manière, le perçage d’une feuille de
50 µm impose un trou de 50 µm et le perçage de deux feuilles
Les performances du LTCC en termes de densité d’intégration impose un trou de 100 µm. Cela limite la densité en surface.
restent très en deçà de celles des couches minces. L’explication
réside dans le fait que le procédé de dépôt métallique (générale- Lorsqu’un tel substrat imprimé de haute densité est destiné au
ment argent ou argent/palladium) est du type couche épaisse et report de puces nues plutôt qu’au brasage conventionnel de
que sa complexité et son imprécision sont accrues par l’empilage composants, on lui donne le nom de MCM-L. Il reste loin des per-
et la compression des feuilles de matériau LTCC avec les risques formances en densité des couches minces.
de mauvaise superposition et de glissement qui s’ensuivent. On
considère aujourd’hui qu’un pas de 175 µm en standard est le
mieux que l’on puisse atteindre avec cette technologie, même si
150 µm est parfois possible. Les vias les plus fins sont percés au
diamètre de 75 µm. La résistance de feuille des pistes réalisées 3. Applications
(> 2 mΩ · –1 pour 10 µm d’épaisseur) n’est pas extrêmement
bonne et impose parfois la mise en parallèle et en superposition de
plusieurs motifs identiques, ce qui explique le nombre élevé de Il n’est pas très aisé de déterminer un domaine particulier pour
couches conductrices souvent rencontré dans un substrat LTCC ou l’utilisation des couches minces en électronique, tant les applica-
HTCC complexe. tions peuvent être variées mais aussi, comme on l’a déjà dit, tant
la notion de couches minces s’estompe elle-même parmi d’autres
Exemple : IBM met en œuvre des substrats à plus de 60 (par- filières plus ou moins proches. On peut néanmoins tenter la clas-
fois 80) couches conductrices. sification des applications typiques des couches minces :
— le domaine « traditionnel » des couches minces, à savoir cer-
Une des plus grosses difficultés du LTCC (comme du HTCC) est tains circuits analogiques, les codeurs ainsi que toutes sortes de
l’important retrait en X, Y et en Z (~ 30 à 40 %) qui apparaît lors de capteurs, senseurs, jauges, etc. (voir [E 3 365]) ;
l’opération de cofrittage ou de cocuisson. Cela nuit fortement à la — le domaine très particulier des applications hyperfréquences et
résolution qu’il est possible d’atteindre avec cette technique, parti- radiofréquences, pour lequel dans bien des cas, seules les couches
culièrement sur des substrats de grande taille. La société Thalès minces apportent les performances nécessaires (voir [E 3 365]) ;
Microelectronics (ex Sorep-Érulec) met actuellement au point un — le domaine actuel des applications basses fréquences, à haute
procédé de cocuisson sans retrait en X et en Y, grâce à la mise en densité d’interconnexion, essentiellement celui des circuits numé-
compression des feuilles du matériau LTCC cru entre deux plaques riques complexes, dits MCM ;
d’alumine crue à plus haute température de frittage, lors de cette — le domaine le plus récent, celui encore embryonnaire des
opération critique. Après cocuisson, les plaques d’alumine sont éli- applications optoélectroniques ;
minées par abrasion. — enfin, l’ensemble des autres applications qui n’entrent pas
dans les domaines précédents, comme la robustification.
Le tableau 3 donne un aperçu de l’ensemble des applications
2.5.5 Build-up et MCM-L possibles des couches minces.
Mais surtout, il convient ne pas oublier que dans chacun de ces
Le circuit imprimé reste le substrat privilégié des applications de domaines, les circuits en couches minces peuvent autant se pré-
masse. Mais il reste peu dense pour des applications portables, en senter sous la forme de sous-ensembles ou modules multipuces,
raison essentiellement de la technique de stratification et des pro- que sous la forme de composants unitaires. Nous avons déjà lar-
blèmes de fluage et de glissement qui lui sont liés. gement évoqué les composants passifs réalisés en couches minces
La technique dite build-up, qui se traduit par « stratification et pensons que ceux-ci ne constituent pas un domaine particulier
séquentielle progressive », tente de remédier à cet état de fait. mais entrent dans la classification précédente, en fonction de leurs
caractéristiques particulières.
Sur un cœur conventionnel (FR4 à 2 ou à 4 niveaux de métal par
exemple), des niveaux haute densité sont ajoutés sur chaque face
par une technique proche de la technique MCM-D, c’est-à-dire par
dépôts successifs de couches isolantes et métalliques, gravure de 3.1 Interconnexion et applications
celles-ci et perçage de vias par laser. basses fréquences
Une option de plus en plus répandue consiste à laminer sur le
substrat une feuille souple, le RCC ou RCCF, constituée d’un sand-
wich de résine organique prépolymérisée et de cuivre en feuille 3.1.1 Substrats d’interconnexion
mince. Après polymérisation de cette feuille sur le substrat, celle-ci MCM-S et MCM-D
est gravée, percée, puis rechargée en cuivre. Un autre niveau peut
alors être déposé. La seule contrainte est l’obligation de déposer le Comme il a été montré précédemment, le renouveau des cou-
RCC sur chaque face du substrat de manière à conserver la symé- ches minces est arrivé avec les applications d’interconnexion haute
trie en matière de coefficient de dilatation. densité, autrement appelées MCM.
Cette technique sans « prépreg », élément de collage de la stra- Cela donne des substrats extrêmement denses, avec des lignes
tification conventionnelle, permet de réaliser des substrats plus conductrices de faible largeur (25 à 50 µm en général), sur un
minces et plus denses en surface. Des lignes et espacements de nombre de niveaux relativement faible puisqu’en raison de la den-
75 µm sont réalisables assez facilement sur un ou deux niveaux sur sité d’interconnexion atteinte, seuls les croisements et les risques
chaque face du substrat. Les vias peuvent être percés jusqu’à de couplages, capacitifs ou inductifs, imposent au moins deux
25 µm grâce à l’usage de plus en plus répandu du laser, mais le plans de signaux croisés.
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RF et hyperfréquences
Capteurs, senseurs
basses fréquences
Optoélectronique
Interconnexion
Monolithiques
Applications
analogiques
Autres
MEMS, MOEMS X
Capteurs infrarouges, bolomètres X
Cellules solaires X
Senseurs biologiques X
Capteurs de pression, température X
Senseurs de gaz X
Magnétomètres X
Capteurs médicaux X
Conditionneurs de signaux X
Terminaisons, lignes à retard X
Convertisseurs de données X
Figure 13 – Circuit MCM-D test, Cu/Au/PPQ, de 10 × 10 mm2
Amplificateurs et réseaux X (doc. Hightec MC, ex Contraves)
Interconnexion haute densité (hybrides, X
MCM)
Modules 3D X
Boîtiers composants haute densité X
Circuits radiofréquences X
Ondes acoustiques de surface X
Circuits hyperfréquences X
Circuits optroniques X
Protection, robustification X
Composants de haute performance X X
MEMS : micro-electronic mechanical system.
MOEMS : micro-optical and electronic mechanical system.
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a b
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d
c- ε r
t p = ----
Figure 21 – PSGA ou CSP injecté en LCP (doc. Siemens) on peut immédiatement en tirer un enseignement vis-à-vis du
matériau le mieux approprié, en fonction des temps de commu-
tation tc des signaux à transmettre et des longueurs d de lignes
présentes sur le circuit.
Il est probable que le CSP va représenter une étape majeure
dans l’assemblage électronique, particulièrement pour toutes les Exemple : soit un circuit présentant des conducteurs de 10 cm de
applications portables, comme l’a été dans les années 1970-1980 long et devant transmettre des signaux de 2 ns. Dans l’alumine
l’apparition du montage en surface. (MCM-C par exemple), avec un εr de 9, on sera en régime de circuit
La figure 21 représente une autre option de CSP développée par rapide, donc avec une conception faisant appel à des lignes adaptées.
l’IMEC et industrialisée par Siemens sous le nom de PSGA (poly- Dans le polyimide ou mieux le BCB (MCM-D), avec un εr de 2,5 à 3, on
mer stud grid array ), laquelle fait appel aux techniques dites MID sera en régime de circuit lent, donc sans précaution particulière au
(moulded interconnection devices ) utilisées dans la réalisation des niveau de la conception.
cartes imprimées moulées en 3D.
Le support du composant, à la fois substrat et base d’encapsu-
lation, est injecté en LCP, protubérances (ou studs ) incluses. 3.2 Applications optoélectroniques
L’ensemble est ensuite cuivré chimiquement recto et verso puis
rechargé électrolytiquement. Une recharge d’étain est ensuite
« structurée » par laser afin de servir de masque pour l’attaque chi-
mique du cuivre. Le cuivre résidant est enfin rechargé d’or par gal- 3.2.1 Affichage
vanoplastie.
Les couches minces sont utilisées en optoélectronique depuis
La puce est montée câblée sur la face supérieure puis elle est que les panneaux d’affichage ou les écrans plats existent. Les LCD
surmoulée. Les liaisons recto et verso entre la puce et les protu- à matrice active sont probablement aujourd’hui les plus répandus.
bérances métallisées sont obtenues soit par métallisation et struc- Ils comportent deux lames de verre gravées de sillons à 90o desti-
turation de la tranche du substrat, soit plus récemment par perçage nés à recevoir les cristaux liquides en sandwich et à leur permettre
et métallisation de ce même substrat. de prendre deux orientations différentes. La rotation de la matière
Le corps de composant ainsi obtenu est particulièrement peu organique est commandée par un système d’électrodes déposées
onéreux et de plus, il est relativement adapté en CTE au montage ainsi que par un transistor de commutation associé à chaque pixel.
sur carte imprimée. Les transistors sont réalisés en couches minces, d’où le nom de
matrice active donné à cette technique d’écran plat. Cela constitue
une limite pour la dimension et le nombre de pixels des écrans
3.1.6 Cas particulier des électroniques plats (plus de 1,3 million de transistors pour un écran plat SXGA,
numériques, dites rapides au format 1 280 × 1 024 par exemple), lesquels dépassent rarement
21 ou 22 pouces.
Une des particularités de l’électronique numérique moderne est Le marché des écrans plats est énorme et touche tous les
son mode de fonctionnement sur signaux de transition, ou fronts domaines : télécommunications, informatique portable, télévision,
de montée et de descente, très « raides ». Ainsi, une CPU moderne électronique grand public, terminaux, industrie, navigation auto-
peut ne fonctionner qu’avec une horloge cadencée à quelques cen- mobile, militaire, avionique, transport, médical, instrumentation,
taines de mégahertz, mais avec des temps de commutation de etc. Le volume est estimé à plusieurs centaines de millions d’unités
l’ordre de la nanoseconde et moins. annuelles, soit plusieurs dizaines de milliards d’euros ou de dollars
Bien que ne pouvant pas parler de radiofréquences ni d’hyper- américains.
fréquences avec un fonctionnement qui n’est pas de type analogi- De nombreuses technologies tentent de concurrencer le LCD à
que, la propagation et l’intégrité de ces signaux rapides répondent matrice active, en particulier pour les écrans de grande taille. Le
à des contraintes quelque peu similaires. PDP, ou écran plasma, est l’une d’elles. Il n’y a plus de transistor
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Lumière
Électrode supérieure –
Couche émissive
Couche de transport
ITO +
Verre
Lumière
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Depuis quelques années cependant, le sujet revient à l’honneur. sinon les millions, de transistors que les techniques de diffusion
Les raisons pour cela sont essentiellement financières et en liaison permettent aujourd’hui d’intégrer sur quelques centimètres carrés
directe avec la baisse des budgets des donneurs d’ordres. de silicium.
Dès la mise en route des études du char Leclerc, l’armée fran- Mais au-delà de l’électronique monolithique et des circuits
çaise, au travers de la DGA, s’est vue confrontée au double pro- intégrés, toute l’électronique est concernée. Une majorité de cap-
blème d’une part de budgets en réduction, et d’autre part de teurs, de senseurs, aujourd’hui en couches minces, sont le point de
composants militaires de plus en plus rares et difficiles à obtenir. départ de nombreuses fonctions électroniques. Les couches
De la même manière, l’apparition des « constellations de satel- minces interviennent également dans la conversion des signaux
lites » a conduit les responsables du spatial à imaginer des solu- analogiques en signaux numériques. Dotées d’une grande stabilité,
tions moins onéreuses pour des satellites de moindre coût, réalisés d’une très haute précision et d’un coefficient de température faible,
en « grandes séries » (parfois jusqu’à 300). elles sont enfin la composante de choix des systèmes radio-
fréquences et surtout hyperfréquences.
C’est ainsi que les solutions de robustification, minérales pour le
Mais la récente nouveauté des couches minces réside dans
spatial (essentiellement pour des raisons de masse) et organiques
l’interconnexion de haute densité. Les couches minces avaient
pour le militaire reviennent au devant de la scène électronique.
tenu le terrain de l’interconnexion, principalement dans le cas des
hybrides à puces nues, pendant de nombreuses années, jusqu’à ce
■ Robustification minérale que les couches épaisses, plus faciles à mettre en œuvre et moins
Matra Cap Systèmes, au début des années 1990, a proposé le coûteuses n’apparaissent début 1980 et ne s’emparent de ce
dépôt d’un sandwich constitué de parylène/Si3N4 /parylène sous le domaine. Mais cette perte d’influence n’aura duré qu’une dizaine
nom de procédé Isobar. Le résultat est remarquable (figure 23) car d’années. En effet, les couches minces réapparaissent au début des
excessivement mince, transparent et particulièrement spectacu- années 1990 avec une capacité d’interconnexion nouvelle, induite
laire, telle cette puce nue, câblée par fils et globalement protégée par la possibilité d’empiler plusieurs niveaux les uns sur les autres,
par ce procédé. La photographie montre bien la gangue de protec- donc de proposer du multicouche. Cela donne un second souffle
tion qui enrobe de manière « quasi hermétique » tant la puce que au circuit hétérolithique, le « bon vieux circuit hybride » qui, du
ses fils et le substrat. coup, devient circuit multipuce ou MCM et introduit la notion de
macrocomposant, ou de macrofonction complexe.
■ Robustification organique/minérale Le calcul, avec toutes les applications qui en découlent, s’est
rapidement emparé de cette nouvelle capacité d’intégration pour
Aujourd’hui, la société 3D Plus Electronics propose une solution intégrer ce qui ne l’est plus en monolithique, en particulier les
industrielle pour la robustification d’ensembles électroniques plus supercalculateurs ainsi que les mémoires de masse à l’état solide
industriels, du composant plastique seul, jusqu’à des cartes qui leur sont nécessaires. L’informatique, le militaire embarqué, le
complexes [21]. spatial, mais aussi le médical au travers des très gros équipements
Le principe repose sur un enrobage époxy préalable (à moins que sont scanners et autres dispositifs à base de calculateurs, sont
que celui-ci n’existe déjà), suivi d’un dépôt minéral de SiOx en les grands domaines utilisateurs de ces techniques nouvelles appe-
couche mince et, si l’application l’exige, d’une couche organique lées multichips modules, parfois rendues encore plus denses par
protectrice (figure 24). l’utilisation de techniques d’empilage dites 3D.
Dans les deux cas de figure qui précèdent, c’est la couche mince Pour d’évidentes raisons de coût, les applications grand public
minérale, Si3N4 ou SiOx , qui assure la « quasi herméticité ». De sont plus frileuses quant à l’emploi de ces techniques sophisti-
l’ordre du micromètre d’épaisseur, elle est déposée par procédé quées, et le MCM-L n’a pas encore le succès que certains lui
PECVD. avaient prédit. Mais avec la « pervasion » de l’électronique dans les
applications grand public et en particulier dans les applications
La couche organique de base n’intervient que comme élément portables, la densité d’interconnexion devient néanmoins l’une des
intermédiaire assurant à la fois une bonne planarisation préalable premières exigences demandées à l’électronique. Si les MCM-L et
et une adaptation vis-à-vis des coefficients de dilatation. La couche les techniques à base de puces nues n’y sont effectivement guère
organique finale intervient essentiellement comme élément de pro- utilisées, les couches minces y trouvent cependant une ouverture
tection mécanique. nouvelle, dans le packaging des composants miniatures nouveaux
tels que les CSP. Sans aucun doute, cela constituera probablement
une application majeure des années à venir.
L’optoélectronique, qui constitue encore à l’heure actuelle la
branche la moins développée de l’électronique et reste quasiment
4. Conclusion aujourd’hui cantonnée aux applications d’affichage, prépare selon
toute vraisemblance une large gamme d’applications nouvelles
pour les couches minces. Composants, mais aussi substrats à
Ceux d’entre nos lecteurs qui ont lu l’article dédié aux couches guides de lumière enfouis, tireront probablement un grand béné-
minces dites « traditionnelles » [E 3 365] se sont rendus compte fice des capacités d’intégration liées aux techniques couches
que celles-ci sont encore irremplaçables pour de nombreuses minces. Les SLIM du Georgia Institute en sont les prémisses.
applications et dans la réalisation de nombreux composants pas- Loin de se cantonner à des applications anciennes, l’utilisation
sifs. des couches minces reste donc encore pleine d’avenir et de poten-
Sans elles, il n’y aurait pas non plus de circuits intégrés monoli- tialité. Celles-ci n’ont certainement pas fini de nous étonner par
thiques car il ne serait pas possible d’interconnecter les milliers, leurs capacités d’adaptation et d’évolution.
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Sigles et abréviations
A/N Analogique/numérique ODA Oxydianiline diamine
ADN Acide désoxyribonucléique OLED Organic light-emitting device (ou diode)
ASIC Application specific integrated circuit (monolithique) PAA Polyamic acid
BCB Benzocyclobutène ou bis-benzocyclobutène PALC Plasma adressed liquid crystal
BGA Ball grid array PCB Printed board circuit
BPE Barrel plasma etching PDP Plasma display panel
BZT Ba(Zr, Ti)O3 barium zirconium titanate PE Plasma etching
CAO Conception assistée par ordinateur PECVD Plasma enhanced chemical vapor deposition
CBGA Ceramic ball grid array PGA Pin grid array
CCGA Ceramic column grid array PI Polyimide
CE Cyanate ester PID Photo imageable dielectric
CMP Chemical mechanical polishing (ou planarization) PLCC Plastic leaded chip carrier
COC Chip-on-chip PLZT (Pb, La) (Zr, Ti)O3 lead lanthanum zirconium titanate
CPU Central processing unit PMDA Pyromellitic acid dianhydride
CSP Chip size (ou scale) package PPQ Polyphénylquinoxaline
CTE Coefficient of thermal expansion PSBCB Photosensitive BCB
CVD Chemical vapor deposition PSGA Polymer stud grid array
DGA Délégation générale à l’armement PSPI Photosensitive polyimide
DRAM Dynamic random access memory QFP Quad flat package
DSP Digital signal processor RCC Resin coated copper
FED Field emission device RCCF Resin coated copper foil
FR4 Flamme retardant (type 4) RF Radiofréquence (13,56 MHz)
HTCC High temperature cofired ceramic RIE Reactive ion etching
IMPS Integrated mesh power system SBU Sequential build-up
ITO Indium tin oxide SLA Scanning laser ablation
KGD Known good die SLIM Single-level integrated module
LCD Liquid crystal display SOC System-on-chip
LCP Liquid crystal polymer SOP System-on-package
LGA Land grid array SRAM Static random access memory
LTCC Low temperature cofired ceramic SXGA Super extended graphics array
MCM Multi chip module TAB Tape automated bonding
MCM-C Multi chip module cofired (ou ceramic) TAB Transfert automatique sur bande
MCM-D Multi chip module deposited TMS Technique de montage en surface
MCM-L Multi chip module laminated TOLED Transparent organic light emitting device
MCM-S Multi chip module all silicon UHF Ultra haute fréquence
MID Moulded interconnection device µBGA MicroBGA
NMP N-méthyl pyrrolidone
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