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Stéphane Rossignol*
Emmanuelle Taugourdeau**
We compare the optimal insurance contribution rate and welfare levels for two
opposite social insurance systems: a beveridgean one and a bismarckian one. The
social contribution rates are decided by majority voting rule in both cases. In a
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INTRODUCTION
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l’Allemagne sont considérés comme étant des pays « bismarckiens » alors que
les Pays-Bas sont considérés comme « beveridgiens »1.
Les taux de cotisation des systèmes de protection sociale sont très souvent
étudiés dans des modèles de vote. Cette approche a été initiée par Browning
[1975] qui a développé un modèle dans lequel les agents se différenciaient par
leur âge. Le critère de l’âge est un élément crucial dans l’analyse des politiques
sociales et notamment concernant les retraites (cf. Tabellini [2000]). Mais il est
maintenant reconnu que l’analyse de la politique de protection sociale doit
prendre en compte d’autres degrés d’hétérogénéité des agents considérés comme
aussi essentiels dans l’analyse. La distribution des revenus est notamment un des
éléments capitaux dans la détermination de la politique sociale et, en particulier,
lorsque les prestations ne dépendent pas des cotisations individuelles des agents
(système de protection sociale de type beveridgien).
L’objet de cet article est de comparer deux cas polaires de systèmes que nous
qualifions ici de purement beveridgien et purement bismarckien. Les systèmes
bismarckien et beveridgien se différencient par plusieurs aspects : le premier
s’adresse exclusivement aux travailleurs et a une logique assurantielle. Il fonc-
tionne dans le cadre d’un groupe professionnel et est géré par les partenaires
sociaux. En revanche, le système beveridgien repose sur une logique de solida-
rité. Trois principes le caractérisent : l’uniformité des prestations, l’universalité
et l’unicité. L’État gère en effet l’intégralité des risques de tous les agents et les
travailleurs ne sont plus les seuls individus couverts par l’assurance sociale.
Dans notre modèle, nous opposerons les termes beveridgien et bismarckien en
confrontant les notions d’assurance et d’uniformité. En effet, la société simpli-
fiée que nous représentons ici ne différencie pas les travailleurs des autres indi-
vidus et ne divise pas la société en groupes professionnels capables d’autogérer
leur système d’assurance sociale.
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1. Voir Johnson [1998]. Voir aussi Join-Lambert [1994] pour une explication plus détaillée des
systèmes beveridgien et bismarckien.
2. Voir Myles [1995] pour un survey portant sur les modèles de vote concernant la politique
sociale avec agents d’âges différents.
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LE CADRE DU MODÈLE
p ∑j N j w j t = (1 – p) ∑j N j b j
Deux systèmes de protection sociale peuvent être appliqués. Ils s’opposent
par leur logique d’assurance et de solidarité. Étant donné les caractéristiques de
1. Cette formalisation de la protection sociale a déjà été utilisée par Cremer, Pestieau et Casa-
matta [2000b] entre autres.
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Démonstration
pU ( w j ( 1 – t ) ) + ( 1 – p )U ------------ tw > p U ( w j ( 1 – t ) ) + ( 1 – p ) U ------------ tw j
p p
1 – p 1 – p
⇔
wj < w
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LA POLITIQUE OPTIMALE
W BI ( t BI, w j ) = pU ( w j ( 1 – t BI ) ) + ( 1 – p )U t BI w j ------------
p
1 – p
pour le système bismarckien ( BI ) .
Comme U est concave, W BE (resp. W BI ) est une fonction concave en t BE
(resp. en t BI ).
Les conditions du premier ordre nous donnent pour BI :
– pw j U′ ( w j ( 1 – t BI ) ) + pw j U′ t BI w j ------------ = 0
p
1 – p
et pour BE :
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et pour BE :
t BE * = 1 – p pour σ = 1
j
1
t BE
j - pour σ ≠ 1
* = -------------------------------------------------
w –σ p
1
1 + ----- ------------
w j 1 – p
Ces résultats nous indiquent tout d’abord que le taux de cotisation choisi dans
le cas où le pays applique un système de protection sociale bismarckien ne
dépend pas du type des agents. En revanche, si un système beveridgien est
1
appliqué, lorsque l’aversion relative pour le risque --- est supérieure à 1, plus les
σ
agents sont riches et plus le taux de cotisation qu’ils préfèrent est élevé. En effet,
un agent riche qui a une aversion pour le risque élevée ( σ < 1 ) choisit de lisser
son revenu entre son bon état et son mauvais état de la nature. Il préfère donc un
taux de cotisation relativement élevé, mais qui implique une forte redistribution
des revenus entre les riches et les pauvres. Si son aversion pour le risque est rela-
tivement peu élevée ( σ > 1 ) , son objectif de lissage est faible. Il préfère donc un
faible taux de cotisation, qui implique peu de redistribution. Le mécanisme
s’inverse pour un agent pauvre. Si σ < 1 , il souhaite fortement lisser ces deux
états, mais comme son revenu w j est inférieur au revenu moyen w , cela
implique un faible taux de cotisation et donc, peu de redistribution. Pour σ > 1 ,
son objectif de lissage est faible, il privilégie alors la redistribution, d’où un taux
de cotisation élevé.
De façon analytique, on a :
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d G ( t BE, w j, w )
----------------------------------- = 0 pour σ = 1 (3)
dw j
Nous savons que c’est la classe médiane qui détermine le taux de prélèvement
appliqué pour le système beveridgien. Son niveau est donc donné par :
t BE * = 1 – p pour σ = 1
1
t BE * = --------------------------------------------------- pour σ ≠ 1 (4)
w –σ p
1 + -------
1
------------
w m 1 – p
546
w 1–σ
Inversement, pour σ > 1 , on a ------- < 1 , ce qui implique t BE * > t BI *
w m
547
CONCLUSION
Dans cet article, nous avons comparé les niveaux de bien-être des agents issus
de systèmes de protection sociale diamétralement opposés : un système dit
bismarckien et un système dit beveridgien. Lorsque les agents diffèrent par leur
revenu, nous avons montré que les plus pauvres ont un niveau de bien-être plus
élevé dans une économie qui applique un système beveridgien mais que la fron-
tière entre les « riches » et les « pauvres » dépend notamment de l’indice
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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BROWNING E. [1975], « Why the social security insurance budget is too large in a
democracy? », Economic Inquiry, 13, 373-388.
CASAMATTA G., CREMER H. et PESTIEAU P. [2000a], « The political economy of social
security », Scandinavian Journal of Economics, 102, p. 503- 522.
CASAMATTA G., CREMER H. et PESTIEAU P. [2000b], « Political sustainability and the
design of social insurance », Journal of Public Economics, 75, p. 341-364.
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ANNEXE
PREUVE DE LA PROPOSITION 3
= pU ( w j ( 1 – t BE * ) ) + ( 1 – p )U t BE * w ------------ – U ( w j p )
p
1 – p
avec
K′ ( w j ) = p ( 1 – t BE * )U′ ( w j ( 1 – t BE * ) ) – pU′ ( w j p )
Pour une utilité CES avec σ ≠ 1
K′ ( w j ) < 0
1 –1
1 – --- ------
⇔ ( 1 – t BE * ) σ < pσ
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avec
t BE *
R ( t BE * ) = -------------------------------------------------------------
σ
-
–1 1
1 – --- ------------
p ----- -
σ – ( 1 – t BE * ) σ σ – 1
et
R′ ( t BE * ) > 0 ⇔ t BE * < 1 – p
soit R′ ( t BE * ) > 0 ⇔ σ < 1
Ainsi pour w fixé :
• Si σ > 1 , le revenu seuil est décroissant avec le taux de cotisation qui est lui-même
croissant avec l’indice d’inégalité. Au total, le revenu seuil décroît avec l’indice d’inéga-
lité.
• Si σ < 1 , le revenu seuil est croissant avec le taux de cotisation qui est lui-même
décroissant avec l’indice d’inégalité. Au total, le revenu seuil décroît avec l’indice
d’inégalité.
• Si σ = 1 , d’après la proposition 1, w̃ = w car t BE * = t BI * .
w̃
Enfin, pour un indice d’inégalité égal à 1, on a t BE * = 1 – p , d’où ---- = 1
w
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