Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
DEUXIEME PARTIE
Pascale HAUTFENNE
1
I. INTRODUCTION
2
Les biens affectés à l’exercice de l’activité professionnelle sont :
Exemple jurisprudentiel :
3
Discussion
4
La Cour d’appel de Liège a par exemple jugé comme suit dans le
cadre d’une plus-value sur immeuble réalisée par un menuisier et
son épouse.
5
c) Enfin, si l’activité ayant généré la plus value peut être
considérée comme continue et habituelle, les revenus seront
taxés à titre de revenus professionnels - cas de l'activité
lucrative
6
Cela indique que ces immeubles étaient considérés comme des
marchandises, plutôt que comme des investissements.
1) Principes
L’article 90, 9° inclut par ailleurs depuis la loi du 11 décembre 2008 parmi
les revenus divers, outre l’article 90, 1° :
« 9° Les plus-values sur actions ou parts qui :
7
- Soit, sont réalisées à l’occasion de la cession à titre onéreux de
ces actions ou parts, en dehors de l’exercice d’une activité
professionnelle, à l’exclusion des opérations de gestion normale
d’un patrimoine privé ;
- Soit, sont réalisées à l’occasion de la cession à titre onéreux, en
dehors de l’exercice d’une activité professionnelle, à une personne
morale (non résidente) dont le siège social, le principal
établissement ou le siège de direction ou d’administration n’est
pas situé dans un Etat membre de l’Espace Economique
Européen, d’actions ou parts représentatives de droits sociaux
d’une société résidente si, à un moment quelconque au cours des
cinq années précédant la cession, le cédant, ou son auteur dans
les cas où les actions ou parts ont été acquises autrement qu’à
titre onéreux, a possédé directement ou indirectement, à lui seul
ou avec son conjoint, ses descendants, ascendants et collatéraux
jusqu’au deuxième degré, inclusivement et ceux de son conjoint,
plus de 25 % des droits dans la société dont les actions ou parts
sont cédées ».1
- prestations
- opérations, ou
- spéculations, ou
- services rendus à des tiers ;
1 1
La loi du 11 décembre 2008 modifiant le CIR en vue de le mettre en concordance avec la directive 90/434/CEE (directive fusion), entrée
en vigueur le 12 janvier 2009, a modifié l’article 90 et ajouté ce nouvel article 90, 9°, afin de contrer une jurisprudence de la cour de
cassation du 30 novembre 2006 décidant que:
"l'article 90, 1°, du CIR ne soumet pas à l'impôt la plus-value réalisée à l'occasion d'une vente excédant les limites de
la gestion (normale) du patrimoine privé, mais uniquement le bénéfice ou profit qui résulte d'une telle opération ".
En l'occurrence, la base imposable devait dès lors être réduite, conformément à l'arrêt de cassation, "à la différence entre le
prix de vente des parts sociales et leur valeur intrinsèque au moment de la vente des parts ".
Suivant l'interprétation de l'article 90, 1°, consacrée par cet arrêt, lorsqu'une vente d'actions d'une société était considérée
comme excédant les limites de la gestion normale d'un patrimoine privé, il fallait rechercher quel était le bénéfice ou profit qui
"résultait" de l'opération jugée anormale.
A supposer que la cession puisse être considérée comme une opération "anormale" au sens de l'article 90, 1°, le profit
taxable se limitait au profit qui "résulte" de l'opération anormale, c'est-à-dire à la différence entre le prix de vente des
actions et leur valeur normale au moment de la vente.
8
- cette « situation » peut correspondre à une opération, spéculation,
prestation ou service visés ;
9
objets mobiliers (tous biens dont se compose normalement un patrimoine
privé) – que par la nature des actes accomplis relativement à ces biens :
ce sont les actes qu’un bon père de famille accomplit, non seulement
pour la gestion courante, mais aussi pour la mise à fruit, la réalisation et
le remploi d’éléments d’un patrimoine, c’est-à-dire des biens qu’il a
acquis par succession, donation ou par épargne personnelle ou encore
en remploi des biens aliénés » (Pasin., p. 1702).
3) Charge de la preuve
L’arrêt cité n’a dès lors pas la portée que lui attribue l’administration
fiscale (cf. la note M.B., n° 3, sous cet arrêt, J. KIRKPATRICK, Examen
de jurisprudence, 1968-1982, Les impôts sur les revenus et les sociétés,
R.C.J.B., 1984, p. 692 ; DASSESSE et MINNE, Droit fiscal, 4ème éd.,
1996, p. 520 ; Th. AFSCHRIFT, Traité de la preuve en droit fiscal, p. 76).
10
C’est dès lors bien à l’administration fiscale qu’incombe la charge de la
preuve sous la réserve de l’obligation pour le redevable de « s’expliquer
sur les circonstances que l’administration invoque pour faire cette
preuve » (cf. note M.B., sous l’arrêt précité) (voy. Civ. Bruxelles, 16 mai
2001, RG n° 2000/208/A).
4) Commentaire administratif
11
Toute la question est de déterminer ce qu’est un acte qu’un bon
père de famille accomplit habituellement en vue de faire fructifier
son patrimoine.
L’opération qui est la plus couramment visée est l’achat d’un bien
visé et la revente de celui-ci avec plus-value.
12
Précisons d’emblée que la Cour de cassation la définit comme
« l’acquisition de biens avec le risque de subir des pertes mais
avec l’espoir de réaliser des bénéfices en cas de hausse du prix
du marché ».
13
6) Nature des biens visés par l’exonération relative au
patrimoine privé
14
- le mode d’acquisition du bien : lorsqu’il provient d’une
succession ou d’une donation, lorsqu’il a été acquis à la
suite d’une épargne personnelle, on peut raisonnablement
exclure toute intention spéculative au départ ; ce ne sera
pas le cas lorsqu’on a eu recours à l’emprunt ou à un achat
conjoint.
15
principe, la gestion normale d’un patrimoine privé.
(c) L’emprunt
16
gestion normale d’un patrimoine privé. Un bon père de famille peut
restaurer un immeuble dont il n’a plus besoin pour le revendre
dans des conditions favorables.
17
Dans cette affaire, l’administration a considéré que le contribuable
exerçait une activité de marchand de biens et a taxé la plus-value
réalisée sur la vente de ces immeubles. Le contribuable avait
acquis les maisons successivement, les avait restaurées lui-même
et y avait habité.
18
prendre notamment en considération la fréquence et l’importance
des achats et ventes d’immeubles, la souscription d’emprunts,
l’obtention d’ouverture de crédit, etc. Le seul fait d’être en
indivision avec deux sociétés commerciales ne permet pas de
conclure que le (notaire) ait réalisé une entreprise commerciale et
ait pour ce faire formé une association momentanée avec ses co-
indivisaires. L’opération immobilière n’a fait l’objet que d’un seul
achat la fréquence des ventes s’expliquant par le lotissement, et le
requérant n’a conclu aucun emprunt pour celle acquisition, (…)
L’acquisition d’un terrain unique en vue de le lotir seul ou en
commun avec plusieurs personnes, n’entre pas dans le cadre de
l’activité professionnelle d’un notaire. La connaissance du marché
immobilier acquise dans l’exercice de la profession ne permet pas
de considérer le notaire en soi comme un marchand de biens. La
fréquence des ventes provient uniquement de la division en
parcelles d’une seule acquisition immobilière; les bénéfices
réalisés au fur et à mesure des ventes au cours des années
trouvent leur source dans une seule opération et non dans une
série d’achats en vue de la revente; le fait pour un contribuable
d’être nota ire ne peut le priver de gérer son patrimoine privé d’a
prés toutes les connaissances qu’il peut en avoir et au mieux de
son intérêt” (Bruxelles, 12 septembre 1989, FJF 89/189).
1. Principes
19
« 1° la spéculation est une opération financière ou commerciale
qui consiste à profiter des fluctuations naturelles du marché, pour
réaliser un bénéfice ;
20
La spéculation est également définie par la Cour de cassation
comme « l’achat de biens au risque de subir une perte, mais dans
l’espoir de réaliser un bénéfice à la suite d’une hausse de leur
valeur marchande » (Cass., 15 mai 1987, et Cass., 6 mai 1988,
cité par ANDRE, ibidem).
Il est en tout cas certain que l’on peut rechercher un profit et que
ce concept n’est pas incompatible avec la gestion normale d’un
patrimoine privé. C’est ainsi que le Code civil, à propos de la
gestion de biens d’un tiers protégé, comme un mineur, admet que
la mission du tuteur est de « conserver, faire fructifier et
augmenter le patrimoine dont il a l’administration » (art. 450 du
Code civil).
21
En effet, la spéculation peut rentrer dans la gestion normale d’un
patrimoine privé
2. Analyse de décisions
22
La seconde condition «plus délicate car subjective », est «
celle relative à l’intention de l’investisseur lorsqu’il effectue
son achat; pour qu’il y ait une spéculation, l’acte d’achat,
réalisé de plein gré, requiert l’espoir d’une évolution
favorable en vue de réaliser par la revente un bénéfice
substantiel et la conscience d’un risque important que
l’opération engendre ».
23
vendu sa collection personnelle.
24
Le fait de revendre avec une plus-value de près de
9500.000 BEF même dans une intention strictement
spéculative ne s’écarte pas de l’attitude qu’adopterait un
bon père de famille saisissant l’occasion de faire fructifier
son patrimoine.
25
Les requérants se sont réservés les lots 10 et 12 et ont
passé les actes authentiques de vente avec les autres
acquéreurs le même jour ou dans les jours suivant ces
actes authentiques.
26
Toutefois, en l’espèce, la Cour a jugé le risque pris
déraisonnable, par rapport à la gestion que se doit de
donner un bon père de famille.
27
3. Conclusions sur le critère de la spéculation – Concept
de « bon père de famille » et de patrimoine privé
28
Ainsi que l’a écrit HAELTERMAN à propos de l’hypothèse de
l’actionnaire qui détient 55 % des actions d’une société et souhaite
les céder à ses trois enfants en vue de sa succession et crée une
holding nouvelle avant de céder la participation dans le holding à
ses enfants : « On soulignera tout particulièrement le fait que
l’opération n’est pas inspirée d’abord par des motifs fiscaux. Elle
l’est davantage par des motifs d’organisation du patrimoine
familial. L’opération est compliquée certes, mais cette complexité
n’est-elle pas purement la conséquence de la nature des
éléments du patrimoine en jeu ? Celui qui possède une
participation de contrôle souhaite conserver la valeur de contrôle.
Le fait de s’organiser dans ce but paraît relever d’un objectif
normal » (HAELTERMAN, op. cit., p. 3).
29
une holding qu’il a constitué, n’a non plus rien d’extravagant, mais
ne dénote rien non plus qui relève là de l’opération spéculative
justifiant une taxation. Il n’a rien fait d’autre que de faire fructifier
son patrimoine en prenant des décisions avisées.
On notera à cet égard que l’idée selon laquelle la notion de bon père de famille
n’est pas « l’homme de la rue », fait son chemin : le tribunal de première
instance de Bruxelles, dans un jugement du 10 octobre 2008 (RG n°
2004/7683/A) : « le critère du bon père de famille normalement prudent et
diligent doit s’analyser en fonction des circonstances concrètes (…) ; que (le
requérant) se soit rendu compte qu’il faisait une « bonne affaire » comme l’a
souligné le défendeur, cela ne fait aucun doute. Mais « faire une bonne affaire »
n’est pas synonyme, automatiquement de fraude fiscale ».
30
tandis que sa fille née d’une seconde union se verrait attribuer des avantages
financiers de son patrimoine ».
A cet égard, la recherche d’une charge fiscale moindre dans le respect de la loi
est le comportement normal d’un bon père de famille qui gère son patrimoine
privé.
La réalisation de cet objectif par des opérations qui permettent dans le respect
de la loi et en l’absence de la moindre simulation, de réduire la charge fiscale
relève du comportement normal du bon père de famille qui gère son patrimoine
privé et le tribunal de conclure : «En conclusion, le défendeur ne démontre pas
31
qu’il y aurait eu une gestion « anormale » de patrimoine privé dans le chef de
chacun des requérants.
Tout bon père de famille qui serait placé dans les mêmes circonstances
aurait agi de la même manière : éviter, autant que faire se peut, de devoir
payer des impôts, mais ce, en toute légalité, et pour ce faire, recourir à
des mécanismes, certes complexes, mais légaux, et garder le contrôle
d’une activité particulièrement florissante, en vue de pouvoir continuer à
gérer sainement, et sans contrainte, un patrimoine privé qui, compte tenu
de son importance, est censé rapporter de nombreux fruits » (Civ.
Bruxelles, 13 février 2009, 32ème Chambre).
32
l’administration impose généralement la plus-value réalisée à
l’occasion de l’apport ou de la vente d’actions à une société
holding. L’administration exige d’après le député que
l’opération réponde à des besoins légitimes de caractère
financier ou économique, alors que cette condition n’est pas
exigée par l’article 90, 1° du CIR 92.
33
l’exonération prévue par l’article 60bis du Code des droits de
succession, avait une portée générale .
34
remboursement d’un prêt ou l’apurement d’un compte-courant
qui a été contracté pour racheter les parts de certains
actionnaires. Le remboursement du prêt ou l’apurement du
compte-courant doit toutefois être étalé sur une période
suffisamment longue ;
35
décisions anticipées », R.G.C.F., 6/2008, p. 443). Cette
procédure a été mise en place par une loi du 24 décembre
2002 théoriquement pour assurer une plus grande sécurité
juridique.
Une décision positive concerne ainsi l’apport des actions d’une SPRL
holding, qui détenait exclusivement une participation dans une BV
néerlandaise, à une SCA à créer, qui aurait pour seul but de détenir
la participation de la SPRL holding (décision 500.312 du 22
décembre 2005).
36
Plusieurs demandes concernent l’apport d’actions d’une ou de
plusieurs sociétés, détenues par plusieurs personnes (un couple, des
frères et sœurs, un père et certains de ses enfants, etc.) à une seule
société holding.
37
- l’apport des actions à une SCA dans un but d’organisation
successorale (le père qui gère la société peut déjà donner les
actions à ses enfants, tout en restant gérant statutaire jusqu’à
son décès) ;
38
Certaines demandes ne contiennent qu’une description des
opérations envisagées, sans motivation à tout le moins explicite
(décisions 400.294 du 9 juin 2005, 400.322 du 23 juin 2005, 500.174
du 8 septembre 2005, 500.266 du 24 novembre 2005).
c) Qu’en penser ?
Sur le plan pragmatique, il est certes clair toutefois que dès l’instant
où le respect des conditions fixées par le SDA n’est pas un problème
pour le contribuable, il est prudent et aisé de s’y confirmer afin de
bénéficier de la tolérance administrative, quoi que l’on puisse penser
de sa légalité…
39
A l’examen des critères de la jurisprudence, pour l’appréciation de la
gestion normale d’un patrimoine privé, il n’est pas fait de distinction
selon qu’il s’agit d’une opération
d’apport ou d’une opération de vente d’actions ou parts.
40
« Eu égard à la portée de l’actuel article 344, § 1, CIR 92, il est
indiqué, en particulier au moment d’une réduction de capital
ultérieure, de confronter, d’une part, les motifs invoqués à l’occasion
de l’apport d’actions à un ou plusieurs holdings ayant conduit à une
décision favorable (concernant l’application de l’article 90, 1° et/ou
90, 9°, premier tiret, CIR 92) à, d’autre part, ce qui est avéré à ce
même moment. Dans le même esprit, le SDA évaluera les
justifications relatives, tant au maintien qu’à l’utilisation des
placements et des liquidités excédentaires.
41
Depuis la fin 2013, et le changement de la position en raison du nouvel article
344, § 1er, on constate que le SDA fait intervenir des critères qui sont sans lien
avec la notion de gestion normale du patrimoine privé.
Il en va ainsi des notions de caractère complexe ou ingénieux de l’opération, de
l’existence ou non de motifs économiques ou de l’intervention de sociétés
nouvellement constituées.
Ces notions sont sans aucun lien avec la notion de gestion du patrimoine privé.
42