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BULLE 

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ée 

Texte du ca
ardinall Hergeenröth
her, Josseph.
Cattholic Churrch and Ch
hristian Sttate : A Serries of Essa
ays on the R
Relation off the
C
Church to the
t Civil Power.
P Vol.. 1. Burns and Oates, 1876 : ppp. 41 à 45 5.

Josepph Hergen nröther (n né le 15 sseptembree 1824 à Wurtzbou


W urg en royaume
de Bavière et mort le 3 octobre 11890 à l’aabbaye de Mehrerau u, près dee Bre-
e
genz) estt un cardiinal bavarrois du XIX siècle.
Hergeenröther exerce
e dees fonctionns au seinn de la currie romain ne, notammment
com
mme préfett de la ma aison pon ntificale. Il est aussii doyen dde la facultté de
théoloogie de l’uuniversité de Wurtzzbourg dee 1852 à 1879. 1 Il esst un gran
nd par-
tisan d
de l’infailllibilité po
ontificale eet écrit beeaucoup sur
s la théoologie, l’h histoire
de l’É
Église et lee droit can nonique. Le pape LéonL XIII le crée ccardinal loors du
consiistoire du
u 12 mai 1879.
1 Le ccardinal Hergenröt
H ther est enn 1879 preemier
préfett des arch
hives secrèètes du Va atican.
§6
L’on fait appel à la Bulle de Paul IV, Cum ex Apostolatus Officio, du 15 février
1559 [1], à laquelle nos opposants sont les plus désireux d’y attacher le carac-
tère d’une décision doctrinale ex cathedra [2], disant que si cette Bulle n’est pas
un décret doctrinal engageant l’Église universelle (sur ce point de l’autorité
pontificale), alors aucun décret papal ne peut prétendre l’être [3]. Mais aucun
des experts en théologie dogmatique n’a trouvé ce caractère jusqu’à présent [4],
qui a été universellement considéré comme une émanation de l’autorité spiri-
tuelle pénale et non pas comme une décision de l’autorité doctrinale [5]. Nous
constatons que les tactiques des adversaires de l’Église ont été inversées : autre-
fois les jansénistes et le jury du Parlement français ont nié que la Bulle Unigeni-
tus était dogmatique, bien que tous les théologiens catholiques la considérèrent
comme telle ; maintenant le parti de Janus et les juristes qui protestent contre le
Concile du Vatican [I] affirment que la Bulle de Paul IV est dogmatique, ce que
tous les théologiens catholiques nient. En vérité, ni la formulation de cette der-
nière, ni le contenu dans son ensemble, ni les règles universellement reçues
chez les théologiens ne permettent de la considérer comme une décision dog-
matique. Pour qu’un décret doctrinal engage toute l’Église il faut qu’une doc-
trine soit tenue ou qu’une proposition soit à rejeter, il faut qu’il soit présenté
aux fidèles en termes impliquant une obligation, et qu’il soit proposé par
l’autorité suprême de l’enseignement de l’Église. Ce n’est pas le cas avec cette
Bulle. Le pouvoir du Pape est mentionné dans l’introduction de façon suffi-
samment correcte, ce qui est en accord avec l’opinion qu’on avait de lui au
Moyen Âge. Mais ici, comme dans toute autre Bulle, la règle déjà évoquée est
valable, non pas concernant l’introduction et les raisons alléguées, mais sim-
plement et uniquement la décision (dispositive) imposée, la décision elle-même
est obligatoire. Des introductions assez similaires peuvent être trouvées dans
des lois purement relatives à des matières disciplinaires, comme tout un chacun
consultant le Bullarium peut le remarquer [6]. En ce qui concerne la partie auto-
ritaire de la Bulle en question, elle ne contient que des sanctions pénales contre
l’hérésie, qui appartiennent incontestablement aux seules lois disciplinaires.
Déduire de l’introduction une décision doctrinale émanant de l’autorité papale
est tout simplement ridicule. Cela s’est déjà vu chez d’autres adversaires, qui
n’ont donc pas, contrairement à Janus et Huber, déduit une définition dogma-
tique par rapport à la formule d’introduction choisie par le Pape, mais qui l’on
déduite par rapport à la partie proposant une définition portant sur la morale.
« Pour savoir comment un catholique devrait se comporter envers les héré-
tiques et les chefs hérétiques, qu’il s’agisse d’une action de vol ou d’occupation,
que l’on soit obligé, en conscience, de reconnaître une demande de succession
ou d’autres droits légaux, – cela et les questions similaires doivent être considé-
rés comme appartenant à la morale chrétienne même par les canonistes les plus
tièdes. » [7]
Une telle affirmation venant de quiconque a vraiment lu la Bulle nous laisse
peu d’espoir qu’il comprenne bien de quoi il parle. Paul IV renouvelle les cen-
sures et les lois pénales que ses prédécesseurs, agissant de concert avec les em-
pereurs, avaient émis contre diverses hérésies ; il désire qu’elles soient obser-
vées partout et mises en vigueur là où elles n’ont pas été appliquées [8]. Il s’agit
donc de l’exécution pratique des lois pénales précédentes, qui sont discipli-
naires par leur nature, et procèdent non pas de la révélation divine, mais de
l’autorité pénale civile et ecclésiastique. Il y a un ajout de nouvelles sanctions
[9], outre le renouvellement des anciennes, qui appartiennent également à la
sphère disciplinaire. De nombreuses peines sont entièrement calquées sur des
lois, par exemple celles de Frédéric II (1220) [10]. Le Pape ne parle pas ici en
tant que pasteur et docteur (ex cathedra), mais en tant que berger vigilant dési-
reux de protéger les brebis des loups [11], à une époque où la chute imminente
des évêques et des cardinaux [12] exigeait la plus grande vigilance et la plus
forte des mesures. La Bulle de Paul IV peut être considérée trop sévère, peu ju-
dicieuse et immodérée dans ses sanctions, mais elle ne peut certainement pas
être considérée comme une décision doctrinale ex cathedra. Aucun théologien
catholique ne l’a considérée comme telle, ou l’a placée dans une collection de
décisions dogmatiques ; et si cela avait été fait, cela aurait été ridicule ; car si
cette Bulle devait être considérée comme une décision doctrinale, alors il en
serait de même pour toute loi pénale ecclésiastique. Il est vrai que l’infaillibilité
papale exclut toute erreur quant à l’enseignement moral, de sorte que le Pape
ne puisse jamais déclarer quoi que ce soit de moralement mauvais comme étant
quelque chose de bon, et vice versa ; mais l’infaillibilité ne concerne que
les préceptes moraux et les principes généraux que le Pape prescrit à tous les chré-
tiens en tant que règle de bonne conduite ; et non pas l’application de ces prin-
cipes aux cas individuels [13], elle n’exclut donc en aucun cas la possibilité que
le Pape commette des erreurs dans son gouvernement par trop grande sévérité
ou autre. Son infaillibilité, qui est la sienne uniquement en tant que pasteur et
docteur, le préserve en effet de falsifier les doctrines de l’Église quant à la foi et
à la morale, mais il n’y a aucune garantie qu’il fera toujours appliquer correc-
tement ces doctrines et ne commettra jamais personnellement d’infraction à
leur encontre.

§7
Mais il est dit : « Cette bulle s’adresse à toute l’Église, elle est signée par les
Cardinaux, et a ainsi été publiée dans la forme la plus solennelle, et est certai-
nement ex cathedra. » [1]. Ces caractéristiques, cependant, ne suffisent pas à en
faire une déclaration de doctrine dogmatique. Le droit obligatoire erga
omnes comme la discipline a aussi été signé par les Cardinaux, et proclamé so-
lennellement. Même la Bulle Cum divina d’Alexandre VII. (26 mars 1661), qui
imposait à toutes les propriétés ecclésiastiques d’Italie certaines dîmes afin
d’aider les Vénitiens dans leur lutte contre les Turcs, avait été signée par les
Cardinaux [2]. Et d’autres lois de discipline pontificale ont été publiées « de
plénitude de puissance » (de plenitudine potestatis) [3] ; le terme « define » est utili-
sé dans d’autres cas également de jugements judiciaires [4] ; et des lois décla-
rées comme étant de validité perpétuelle (constitutio in perpetuum valitura) ont
par la suite rapidement été abrogées, car s’étant révélées n’être d’aucune utilité
pour l’Église [5]. Le type de preuves que nos opposants mettent en avant dans
cette question montre une totale ignorance des bulles pontificales [6]. Compa-
rons, par exemple, une autre Bulle du même Pape dirigé contre les projets am-
bitieux de ceux qui convoitent son titre [7] ; cette Bulle a également l’accord
des Cardinaux, est publiée dans la plénitude du pouvoir pontifical, est déclarée
être de validité perpétuelle, elle menace autant les dignitaires spirituel que tem-
porel sans exception, etc. Et pourtant il est indubitable que ce n’est pas du tout
une Bulle dogmatique. Si tel était le cas, les canonistes auraient difficilement eu
quelques lois ecclésiastiques récentes (opposées aux dogmes) à disserter ; alors
que les experts en théologie dogmatique auraient tous été dans une étrange
ignorance de leur domaine.

Notes
§6
[1] Lib. Sept. c. ix. de Haeret. v. 8. Raynald. a. 1559, n. 14, M. Bull. i. 840.
Sentis, Lib. Septimus, v. 5, 23, p. 164.
[2] Janus, p. 405 seq. Schulte, ii. 12. La Bulle a été présentée à la Sorbonne,
1627-1629, comme étant décisive pour ceux qui, comme les Dominicains de
Testefort, voulaient considérer les décrets papaux comme les Saintes Écritures
(Du Plessis, t. ii. P. ii. pp. 248-289).
[3] Huber, p. 47.
[4] Le prof. Denzinger a recueilli toutes les décisions dogmatiques dans
son Enchiridion Definitionum, qui a été édité quatre fois depuis 1853, a été re-
commandé par de nombreux évêques, et a été loué par le Saint-Père. Aucun
théologien correcteur dans toute la Chrétienté ne s’est plaint de l’omission de la
Bulle en question ; tous auraient plutôt considéré une demande pour son inser-
tion comme ridicule.
[5] Dr. Fessler, p. 44. Cf. Anti-Janus, p. 168, seq. Votum on the Vatican Coun-
cil, Mainz, 1871, p. 45 seq.
[6] Par exemple Urbain VIII, Const. 12, d. 7, Mart. 1624 (Bulle ed. Lux. t. v. p.
40) : « Romanus pontifex, in quo dispositione incommutabiliti divina providentia uni-
versalis Ecclesiae constituit principatum, auctoritatem a Christo per B. Petrum Apostolo-
rum culmen sibi traditam intelligens, ut noxia evellat, et destrust, utiliaque plantet et
aedificet, » & c. La Bulle entière se rapporte à la Constitution des Fratres Refor-
mati strictioris observantiae Ordinis S. Francisci. Pareillement, Const. 64 d. 6 Fév.
1626, se rapportant à l’abolition d’une congrégation de Franciscains (ib. p. 119,
§ 1).
[7] Allgemeine Zeitung, 12 Avril 1871, Supplement.
[8] Omnes er singulas excommunicationis, suspensionis, et interdici ac privationis et
quaevis alias sententiae, censurae, et poenas […] contrea haereticos aut schismaticos
quomodolibet latae et promulgatae apostolica observantis, si forsan in ea non sint, reponi
et esse debere, nec non quoscunque […] (haereticos cujuscunque status) censuras et
poenas praedictas incurrere volumus atque decernimus.
[9] Par exemple perte ipso facto de tous offices et dignités, incapacité d’en tenir
d’autres, confiscation des biens, &c.
[10] Frider. II. Const. a. 1220 (Walter, Fontes, pp. 84, 85, §6) :
Sit enim intestabilis, ut nex testamenti liberam hebeat factionem, nec ad hae-
reditatis successionem accedat. Nullus praeterea ei super quocumque negotio,
sed ipsi alii respondere cogatur. Quod si forte judex extiterit, ejus sententia nul-
lam obtineat firmitatem, nex causae aliqua ad ejus audientiam, nec causae ali-
quae ad ejus audientiam perfectantur. Si fuerit advocatus, ejus patrocinium nul-
latenus admittatur. Si tabellio, instrumenta confecta per ipsum nullius penitus
sint momenti.
Paul IV, Constit. Cum ex Apostolatus officio :
Qu’ils ne puissent pas tester, ni hériter, en outre que personne ne soit contraint
de répondre d’eux en quelque commerce. Et si par aventure ils sont Juges, que
leurs sentences n’aient aucune force, qu’ils n’entendent plus aucune cause. S’ils
sont Avocats, que leurs défenses ne soient plus reçues, s’ils sont Notaires, que
leurs actes soient tout à fait dénués de force et d’importance.
Que quelqu’un montre ne serait-ce qu’un seul cas d’une conformité similaire à
des lois dans une Bulle vraiment dogmatique.
[11] Nulle part Paul IV ne s’appelle lui-même « docteur », il agit « comme un
berger vigilant », « capturer les renards occupés à saccager la vigne du Seigneur
et écarter les loups des bergeries » (§1)
[12] Comme l’évêque Victor de Bergamo (Raynald. a. 1558, n. 20), l’évêque
Jacob de Nevers (ib. a. 1559, n. 13), le Cardinal Chastillon évêque de Beauvais
(ib. a. 1561, n. 86), &c. Cf. the Brief of Paul IV, against the bishops suspected
of heresy, ib. a. 1559, n. 19 : « Cum sicut nuper. »
[13] Cf. Suarez, de Fide, disp. 5 § 8, n. 7. Aussi Schaetzler, Die Päpstliche Un-
fehlbarkeit, Freiburg, 1870, p. 197 ; et Merkle de Augsburg Pastoralbatt, 11
Fév. 1871, pp. 47-50.
§7
[1] Schulte, i. p. 34, n. 1.
[2] Bull. ed. Lux. t. vi. p. 142 seq.
[3] Cf. Bened. XI. 1304, c.iii. de Elect. i. 3. Joh. XXII. a. 1319, c. xi. de Prae-
bend. iii. 2, in Xvagg. com. Clem. X. 1671, Const. 52. Romanus Pontifex, Bullar.
ed. Lux. vx. 376 seq. Const. Creditae Nobis, 1670, ib. p. 321 (Indult for the resi-
dence of the Papal Court). Innocent XII. Const. Speculatores, 1694, § 3 (Conc.
Trid. ed. Richter, p. 531). Pius IX. 26 Aug. 1852 (Acta Pii IX. Vol. i. p. 376,
Indult for the Congr. Lauretana), &c.
[4] Innoc. III. l. vi. ep. 90, 104, 109, 189, 202, 203, pp. 96, 111, 114, 208, 227
seq. ; l. Viii. ep. 60, 61, 106, 155, p. 626 seq. 675, 734, et autre part. Donc l. ix.
ep. 83, p. 905 : « Quod est a nobis sententialiter definitum ; » l. vii. ep. 29, p.
311 : « Lis ante judicem debet contestari et causa per judicem definiri. »
[5] Ainsi l’Empereur Frédéric II dit aussi de sa loi contre les hérétiques (1220) :
ʻHoc edicto in perpetuum valituroʼ (Walter, Fontes, p. 84, § 6). Cf. Pius V.
Const. Cum nil magis, c. un v. 14, de Monet. Tonsor. Const. 2, 3, de Ambitu, v.
10, in libro sept. Const. Romanus Pontifex, 1568 (Conc. Trid. Ed. Richter, p.
502) : ʻDe apostolicae potestatis plenitudine hac perpetua valitura constitutione.ʼ De la
même façon, Alex VII. Const. 25, In sublimi ; Clem. X. Cons. 21, In gravissi-
mis (Bull. vi. 42 seq. 328 seq. ed. Luxemb.), pour lequel dans les États pontifi-
caux, l’abrogation des exemptions de certaines taxes est déclarée, et dans
d’innombrables autres Bulles.
[6] Voir ma critique de Schulte dans l’Archiv für Kirchenrecht, 1871. vol. xxv.
p. cxxix. § 17 ; also Fessler, l. c. p. 82 seq.
[7] Cap. i. Cum secundum Apostolum. l. v. 10, de Ambitu in lib. vii. Decret.

Source
Hergenröther, Joseph. Catholic Church and Christian State: A Series of Essays on the
Relation of the Church to the Civil Power. Vol. 1. Burns and Oates, 1876 : pp. 41 à 45.

Lien pour télécharger l’ouvrage intégral anglais :


https://ia800908.us.archive.org/12/items/catholicchurchch01hergiala/cath
olicchurchch01hergiala.pdf

La publication originale est en langue allemande (1872), dispo-


nible également en fac-similé sur archive.org :
 

POUR PLUS D’INFOS, lire ce livret


exhaustif sur la question :
« La Bulle de Paul IV dans la crise actuelle »
https://fr.calameo.com/books/004628632a1bc9edac45f
 

ÉDITIONS D F T — BP 47033 — 35370 ARGENTRÉ‐DU‐PLESSIS (France) 
AUTRE TEXTE : 
De Mgr Joseph FESSLER, évêque de Saint-
Hippolyte (Autriche), Secrétaire général du Concile
du Vatican [ I ], dans son ouvrage La vraie et la fausse
infaillibilité des papes, Paris, E. Plon et Cie, 1873. Ou-
vrage qui a été honoré d’un Bref approbatif de S. S.
Pie IX. Traduit de l’allemand. Le traducteur Emma-
nuel Cosquin précise en note 1 dans l’introduction :
« le savant secrétaire général du Concile ».
En substance, l’auteur écrit que la bulle Cum ex apos-
tolatus officio : « n’est qu’une loi pénale, non une défi-
nition dogmatique » et qu’elle ne contient pas une
doctrine touchant la morale. « Ce décret pontifical
n’est pas une définition de foi, ni par suite un juge-
ment ex cathedra. [...] Il est absolument certain [...]
que cette bulle n’est pas une définition de foi, une dé-
cision doctrinale, un jugement ex cathedra. Elle est
évidemment un acte émanent du suprême pouvoir lé-
gislatif et pénal des Papes, mais non de leur suprême
autorité doctrinale. »
Citation intégrale pages 105-110 :
« M. le docteur Schulte cite ensuite une autre bulle du pape Paul IV,
de l’année 1559, Cum ex Apostolatus,1 bulle qui porte avec raison dans la
collection des bulles pontificales le titre de Renouvellement des anciennes
censures et peines portées contre les hérétiques et les schismatiques, avec addition
de nouvelles peines, etc. Ce titre, qui fait très-exactement connaître le con-
tenu de la bulle, suffit à lui seul pour montrer au lecteur que ce décret
pontifical n’est pas une définition de foi, ni par suite un jugement ex ca-
thedra. Et pourtant M. le docteur Schulte le soutient de la manière la
                                                            
1
La bulle Cum ex Apostolatus (Bull. Rom., ed. cit., t. IV, P. I, p. 354). Innovatio quarumcumque censurarum et
pœnarum contra hæreticos et schismaticos, etc.
plus formelle. Il dit (page 34) : « La bulle est adressée à l’Église universelle,
signée par les cardinaux, par conséquent dans la forme la plus solen-
nelle ; donc certainement elle a été promulguée ex cathedra. 2 » On en
croit à peine ses yeux quand on voit présenter avec une assurance aussi
tranchante des assertions aussi évidemment erronées. Je regrette vrai-
ment que M. le docteur Schulte prête tellement le flanc à la critique de
quiconque connaît un peu la matière. Il est absolument certain, malgré
ce qu’il dit, que cette bulle n’est pas une définition de foi, une décision
doctrinale, un jugement ex cathedra. Elle est évidemment un acte éma-
nant du suprême pouvoir législatif et pénal des Papes, mais non de leur
suprême autorité doctrinale. Ce serait abuser de la patience du lecteur
que de vouloir démontrer longuement ce qui ressort ici de chaque ligne.
À qui est-il venu à l’esprit, avant M. le docteur Schulte, d’affirmer que
les Papes sont infaillibles dans le domaine du droit pénal ?
M. le docteur Schulte trouve dans cette bulle diverses choses « cu-
rieuses », « plus curieuses » et « des plus curieuses », et même des
choses absolument « inconcevables » (p. 34-35). Dans ces réflexions de
M. le docteur Schulte, je trouve aussi quelque chose de « très-curieux »
et même « d’inconcevable » : c’est qu’en sa qualité de canoniste, il n’ait
pas du tout compris le préambule de la bulle en question, ni le sens
d’un passage qui se trouve plus loin (§ 6). C’est là un grave reproche, et
il est de mon devoir de le justifier. Je demande donc au lecteur un peu
de patience.
M. le docteur Schulte trouve par trop curieux que dans cette bulle
« l’élection d’un hérétique comme Pape soit d’avance cassée et déclarée
nulle et non avenue, » et, qui plus est, « que le Pape et avec lui le col-
lège tout entier des cardinaux admettent la possibilité qu’un Pape infail-
lible puisse être atteint et convaincu de s’être écarté de la foi. »
Pour faire bien comprendre cette question, les remarques suivantes
pourront ne pas être inutiles. Le Pape évidemment se représente ici
comme possible (bien que des plus invraisemblables) le cas où un
homme attaché à une doctrine hérétique serait élu Pape : il suppose
que, même une fois parvenu au trône pontifical, cet homme adhère en-
core en son particulier à cette doctrine hérétique ou peut-être la mani-
feste dans des conversations ; mais non qu’il l’enseigne à l’Église universelle,
dans une décision de son suprême magistère (ex cathedra). Une décision
semblable ne se produira pas. Dieu, par son assistance spéciale, en pré-
                                                            
2
Pour un homme au fait de ces questions, il est vraiment plaisant d’entendre affirmer que du moment où
une bulle du Pape est adressée à l’Église universelle et signée par tous les cardinaux, elle doit être une définition
doctrinale infaillible.
servera toujours le Pape et l’Église. Ainsi donc, si la personne élue Pape
adhérait à une doctrine hérétique, sans pourtant la déclarer formelle-
ment doctrine de foi catholique et sans prescrire à l’Église universelle
de l’observer comme telle, alors ce serait le cas prévu par la bulle citée
(§ 6), celui pour lequel Paul IV prend des précautions, quand il casse
l’élection d’un tel homme comme Pape, et la déclare nulle et non ave-
nue. C’est un des cas que les théologiens ont en vue, lorsqu’ils disent
que le Pape peut errer comme personne privée (homo privatus) dans une
question de foi, si on le considère simplement comme homme avec son
opinion purement humaine sur une doctrine de foi. Mais il ne saurait
errer, lorsque, comme Pape, comme suprême docteur de l’Église catho-
lique, en vertu de l’assistance spéciale que Dieu lui a promise et accor-
dée, il définit solennellement la doctrine révélée de Dieu et prescrit à
l’Église de la tenir fidèlement. Il y a ici deux modes distincts de
l’activité d’une seule et même personne : la manière ordinaire de penser
et de voir les choses 3, et la décision doctrinale solennelle s’adressant à
l’Église universelle ; cela est évident. Je voudrais éclairer la question en
comparant le Pape à un juge qui doit décider une affaire litigieuse. Ce
juge peut avoir son opinion particulière et la manifester en dehors du
tribunal ; et cette opinion peut être très-différente de la sentence. Et
pourtant il n’y a de décisif dans l’affaire que le jugement qu’il prononce
à son tribunal, jugement qui d’ailleurs n’est assurément pas infaillible.
Mais on voit clairement par cet exemple qu’un individu qui est investi
d’une fonction publique, peut parfaitement être distingué dans ses opi-
nions et ses paroles comme homme, et dans ses décisions et ses actes
comme magistrat. Après cette explication, qui, je le crois, est claire, on
comprendra facilement les paroles du préambule de cette bulle, où le
Pape exprime cette considération qu’il serait dangereux qu’un Pape,
même dans sa vie privée, fût partisan d’une hérésie, et que ce fait pour-
rait amener de graves complications, puisque la même personne, con-
sidérée comme homme privé, serait coupable d’hérésie, et, par suite,
tomberait sous le coup des lois pénales édictées contre les hérétiques,
tandis qu’en qualité de Pape elle n’aurait personne au-dessus d’elle
pour la juger [ le pape « n’est jugé par personne » : canon 1556].4 »
http://www.liberius.net/livres/La_vraie_et_la_fausse_infaillibilite_des_papes_000000207.pdf 
                                                            
3
De cette manière ordinaire de penser, Ballerini, l.c., dit très-bien : « Ex quo Summi Pontifices ad Petri
sedem promoti sunt, sicut non idcirco exuerunt humanam naturam, ita neque humanam agendi et opinan-
di rationem deposuerunt. »
4
La question de savoir, an Papa, si in hæresim incidit (comme homo privatus), deponi possit ? a été dans l’ancien
temps résolue de diverses façons. Le préambule de la bulle en question indique la solution dans le sens du
Pape : ici le point capital est le véritable sens à donner au mot redargui.
LA BULLE DE PAUL IV… 
« Q. : Pourquoi n’utilisez-vous pas, tout simplement, Cum ex apostolatus de
Paul IV ? — R. : Oulalala... c’est une longue histoire... je vais tâcher d’être
court et complet. Je vais discuter A) de la nature de la bulle ; B) de son applica-
tion ; C) de sa valeur actuelle. — A) Nature : disciplinaire ou dogmatique ?
Jeune adolescent, je croyais qu’elle était dogmatique ! Tout comme les anti-
infaillibilistes qui voulaient par là se moquer de l’infaillibilité à la fin du XIXe,
soit dit en passant... — Réponse : disciplinaire, et même : pénale. Le Cardinal
Hergenröther explique magistralement et longuement la question (Catholic
Church and Christian State, Ed. Burns and Oates, 1876, pp. 41 à 45.) —
D’ailleurs le Cardinal dit que tel est l’avis de tous les théologiens et cano-
nistes. Et cela est conforme à la petite introduction qui lui est donnée par le Bul-
larium.
https://ia800908.us.archive.org/12/items/catholicchurchch01hergiala/catholicchurchch01hergiala.p
df 
— B) Sens de la bulle sur la question qui nous préoccupe : c’est une loi pénale,
qui sera confirmée par saint Pie V d’ailleurs. Puis dans une bulle du même nom
(“Cum ex apostolatus”), st Pie V revient sur la question afin de décider des dis-
putes sur des bénéfices liés aux vacances. — Puis s’ensuivent encore d’autres
documents semblables. En tout cas une chose est claire dans ces textes : c’est
une peine qui punit le crime d’hérésie, et ce crime était l’objet d’un procès
qui appliquait cette loi. — Le premier problème c’est donc : que se passe-t-il si
personne ne réagit, ne dénonce, n’accuse et n’applique la loi ? Alors rien ne se
passe et tout continue... — Deuxième problème, qui concerne maintenant uni-
quement la question du pape (dont l’élection aurait été invalide pour cause
d’hérésie antérieure de l’élu) : l’élection est déclarée nulle mais après
“l’obéissance de tous”. Mais c’est là un terme technique en fait. — PASSERINI,
vicaire général des dominicains, éminent canoniste et théologien, a écrit un traité
entier sur l’élection du Souverain Pontife. Il traite donc directement de cette
question et explique que “l’obéissance de tous” fait référence à la cérémonie
d’obéissance des cardinaux. — Mais après l’acceptation par l’Église Univer-
selle, dit-il, on ne peut pas accuser l’élu pour des crimes précédant son pon-
tificat. Cela rendrait tout pontificat douteux, car il suffirait de retrouver un crime
jusque-là inconnu. — Billuart dit implicitement la même chose. Et les théolo-
giens confirment cette interprétation en enseignant tous qu’un hérétique occulte
peut être élu et être pape. — C) Maintenant, concernant la valeur actuelle de la
bulle de Paul IV (on aurait peut-être du commencer par cela, vu la conclusion) :
eh bien, je sais que ça n’est pas une chose populaire à dire, mais la vérité est
qu’elle est abrogée. Je vais expliquer. — Le Canon 6 [CDC 1917] dit expressé-
ment que toutes les peines de l’ancien droit sont abrogées, à moins d’être re-
prises explicitement dans le nouveau code. Or la bulle de Paul IV n’est pas re-
prise dans le nouveau code. — Il est vrai qu’elle est mentionnée par Gaspari
dans les éditions spéciales où il a mis en bas de page quelques-unes des sources
du droit actuel dans le droit ancien. — Mais cette indication est à titre indicatif
dans son édition, et n’a pas de caractère officiel. De plus Gaspari explique lui-
même dans la préface que ces mentions sont à titre indicatif, et qu’il est fré-
quent que les lois aient changé, surtout les peines. — C’est pourquoi le DTC, à
l’article hérésie dit : « Les peines fulminées dans les droits antérieurs à la
promulgation du code canonique n’ont qu’un intérêt rétrospectif ». — Et
effectivement, la loi en cette matière a substantiellement changé : la bulle Cum
Ex Apostolatus est une loi pénale. Le canon 188, 4° n’est pas une loi pénale mais
une renonciation tacite. C’est un changement substantiel. — Bref aucun doute
là-dessus. Je pourrais rajouter le témoignage d’un canoniste que j’ai lu, qui dit
noir sur blanc que la bulle de Paul IV “non amplius viget” (n’a plus force de
loi), mais il faudrait que je retrouve mon papier sur la question. — Comme je
l’ai mentionné, PASSERINI OP a écrit un traité entier sur l’élection du souverain
pontife, il est dommage que ça n’intéresse personne. Vicaire général des domi-
naicains, éminent canoniste et théologien, même donné en référence par Garri-
gou-Lagrange sur la charité... » 
F. Petri Mariae Passerini ... Tractatus de electione Summi Pontificis. By 1596-1677 Pietro Maria
(O.P.) Passerini, ed. (Roma) Giovani Casoni and imp. (Roma) Niccolò Angelo Tinassi, 1670.
https://books.google.fr/books/about/Tractatus_de_electione_summi_pontificis.html?id=q_OrCad4FJU
C&redir_esc=y

(Abbé Damien Dutertre, 16 mai 2019.)

https://twitter.com/AbbeDutertre/status/1128848842714226688 

   

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