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Voyage vers la Tour de la flèche noire

Notre aventure a commencé par une belle matinée de printemps dans les terres du sud-est du
Wastelands. Je me suis levée à l’aube pour me rendre avec grand-mère Margritt au grand marché de
Leydenhoven, vendre les moutons de la ferme familiale.

Comme chaque fois, la perspective de quitter le hameau isolé de Weerwick pour aller à Leydenhoven
me réjouit. Leydenhoven n’est certes qu’un petit village comparé à Marienburg, mais le grand marché
est l’occasion de renouer, de manière modeste, avec la vie citadine. Les cris des marchands, l’odeur
marine charriée par le Reik, me remplissent d’aise et me font oublier un temps l’ennui de la vie à la
campagne.

Je prends toutefois garde à modérer mon enthousiasme pour ne pas inquiéter ma grand-mère, ainsi
qu'oncle Joris et tante Gusta. Aucun d’entre eux n’est prêt à oublier que ma mère s’est enfuie pour
Marienburg un jour de fête à Leydenhoven, et n’est jamais revenue.

Ecartant ces sombres pensées, je passe le


trajet à deviser gaiement avec Margritt,
échangeant sur la beauté des paysages de
la vallée du Reik. C’est en fin de matinée
que nous parvenons au bourg de
Leydenhoven, rencontrant par hasard
Menno, un jeune ovate avec qui j’ai noué
amitié lorsqu’il venait soigner les animaux
de la ferme.

Menno est un garçon sympathique à


l’esprit vif, un peu dans la lune et assez
maladroit. Comme d’habitude, je lance
Menno sur notre sujet de conversation
favori : les mérites comparés de la ville et
de la campagne. Il défend avec fougue la
beauté de la nature alors que je lui vante la
vie trépidante des faubourgs de la capitale,
abritant des peuples, créatures et
marchandises innombrables venus des
quatre coins du monde connu.

Notre débat est interrompu par l’arrivée de Konrad et Thomas, deux jeunes gens de Leydenhoven,
avec qui je me suis également liée d’amitié. Konrad est un bûcheron, à l’air un brin sévère, dont le
père forgeron connaît bien mon oncle Joris. Sa jeune sœur Ingrid est serveuse à l’auberge des trois
plumes, l’un des établissements les plus réputés de la ville. Thomas est quant à lui guide-convoyeur.
C’est un garçon exceptionnellement doué mais un peu hâbleur, ce qui me conduit à me moquer
régulièrement de lui.

L’air maternel, grand-mère me confie d’un regard à la garde des trois garçons en me conseillant de
profiter de la ville, pendant qu’elle s’occupe de l’installation de nos moutons dans un enclos.

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Nous avons à peine commencer à savourer des tourtes onctueuses achetées à une famille hobbite
qu'un individu aux vêtements étranges, porteur de deux lames courbes, nous aborde. L'homme se
prénomme Isham et connaît visiblement Thomas, avec qui il échange brièvement quelques platitudes
sur les vicissitudes du métier de guide-convoyeur, avant de continuer son chemin. Nous décidons
ensuite de nous rendre à l’auberge des trois plumes, pour prendre un verre et refaire le monde.

A notre arrivée, nous


sommes accueillis par le
patron, Mayeur, qui nous
installe à notre table
habituelle. L’auberge
n’est qu’à moitié pleine
mais occupée par des
gens qui suscitent
l’intérêt. Nous regardons
ainsi la demi-douzaine
de mercenaires, armée
de pied en cape, qui s’égosillent et engloutissent des litres de bière en clamant leurs récits de bataille.
Alors que nous sommes à notre deuxième tournée, une aristocrate de l’Empire et sa suite pénètre
dans l’auberge. Nous apprenons qu’il s’agit de Clothilde von Teugen, qui est venue honorer la
mémoire de son ancêtre, tombé sur le champ de bataille à proximité de Leydenhoven. La jeune
femme porte une tenue somptueuse et des bijoux ornés de diamants, rubis et grenat qui brillent de
mille feux. Elle est accompagnée d’un chevalier au port altier et d’un ménestrel aux atours chatoyant.
D’une voix grave et profonde, ce dernier entonne un chant aux accents antiques, qui me transporte et
m’emplit de nostalgie…

Alors que la dame quitte la grande salle pour rejoindre ses appartements, l’aubergiste nous
entreprend à nouveau pour nous proposer un travail. Il s’agit de se rendre au sud de la ville, à la tour
de la flèche noire, pour apporter des provisions à une troupe de gardes. L’aller-retour prendra au
maximum trois jours. Mayeur nous propose 5 guilders par personne. Fidèle à la réputation des
marienbourgeois, je m’assure que le marché est honnête avant de donner mon accord.

L’aubergiste nous donne rendez-vous le lendemain en nous demandant d’un regard appuyé d’être à
l’heure. Je salue les trois garçons avant de me rendre chez Isolde, une amie de ma grand-mère qui
nous héberge lorsque nous sommes en ville. Comme je le craignais une discussion houleuse s’engage
avec Margriit lorsque je lui apprends que j’ai accepté la proposition de l’aubergiste. Elle craint bien
sûr de me perdre comme elle a perdu Théodora, 36 ans plus tôt. Je fini par jurer sur Handrich que je
reviendrais à Leydenhoven et devant mon insistance, grand-mère finit par céder.

Malgré cet épisode, je m’endors comme une souche et me réveille, comme de coutume, en retard.
Ma grand-mère m’embrasse avec émotion et je perds encore un peu de temps à apaiser ses craintes.
Arrivée à destination, je suis obligée de m’excuser platement auprès de l’aubergiste, même si je
constate avec soulagement que Menno est également en retard. Alors que Mayeur nous confie avec
moult recommandations sa charrette, son cheval et ses provisions, Konrad, Thomas, Menno et moi le
rassurons et promettons de respecter nos engagements. La matinée passe avec une lenteur
effrayante, alors que nous éprouvons les pires difficultés à sortir de la ville, du fait d’une charrette
accidentée qui nous bloque le passage. L’ennui me guette, heureusement écarté par la conversation
avec Menno. A l’extérieur du bourg, nous croisons une caravane qui nous apporte un peu de

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distraction. Pour une raison que j’ignore, Thomas est effrayé par une bête à la peau grise, étrange et
massive, dotée de défenses en ivoire. Nous rions de bon cœur, alors que notre ami se cache tout
tremblant derrière un arbre. Peu après, nous rencontrons une compagnie de bûcherons, qui rapporte
une rumeur inquiétante : une troupe de gobelins roderait dans les terres aux alentours de
Leydenhoven.

Malgré cette menace, la journée


se passe tranquillement, tandis
que nous cheminons vers la
colline aux pierres dressées,
située au sud-est de
Leydenhoven. Menno souhaite
en effet profiter de ce voyage
pour rencontrer son maître, qui
lui a donné rendez-vous en ce
lieu. En fin de journée, nous
arrivons enfin à destination. La
colline aux pierres dressées est connue dans la région pour être un endroit hanté, habité par les
forces mystiques de la nature. Je crois assez peu à ces racontars de paysan crédule et me réjouit de la
perspective d’une bonne soirée au coin du feu.

Alors que nous gravissons les pentes herbeuses, le visage de Menno se fait de plus en plus grave.
Visiblement son maître est absent et n’a pu honorer son rendez-vous. Je ne m’en inquiète pas outre
mesure car le vieux druide à la réputation d’être un homme fantasque et imprévisible. Konrad et
Thomas dressent le camp tandis que Menno panse le cheval et que je prépare le repas. Les sourires
crispés de mes compagnons témoignent de la faiblesse de mes talents culinaires. Sous un ciel chargé
dépourvu d’étoiles, nous écoutons avec respect Menno nous conter l’antique histoire des pierres
dressées, avant que l’homme ne pénètre en ces contrées, du temps ou les nains et elfes vivaient en
harmonie.

Je suis réveillée en sursaut par des hurlements sauvages et les hennissements apeurés de notre
monture. Les loups sont sur nous ! Le feu couve sous la cendre et j’aperçois avec difficulté la
silhouette de Menno qui ravive les braises. J’entends soudain l’arc de Konrad chanter. Ce dernier à
une vue surnaturelle qui lui permet de percer les ténèbres les plus épaisses.

Le bûcheron encoche une nouvelle flèche et abat sans coup férir un loup énorme qui harcelait le
cheval. Je m’empare également de mon arc et met en joue un second loup qui s’élance sur la
monture pour l’égorger. Ranald doit veiller sur moi car ma flèche s’envole vers la créature et lui
transperce la gorge, ne lui laissant aucune chance. Le loup s’abat lourdement sur le sol avant
d’expirer, ses yeux rougeâtres reflétant une intelligence surnaturelle. Nous reprenons à peine notre
souffle pour remarquer que Thomas manque à l’appel. Menno perçoit des cris dans la futaie qui
s’étend au pied de la colline et dévale la pente pour porter secours à notre compagnon, tandis que
Konrad et moi lui emboîtons le pas. Nous surgissons dans une clairière et découvrons Thomas
baignant dans son sang, le cou atrocement mutilé. Fort heureusement il respire encore mais est
grièvement blessé. Je nettoie la plaie à l’eau claire et presse la blessure avec un linge pour tenter
d’endiguer l’hémorragie.

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La fin de la nuit se déroule dans l’inquiétude tandis que nous prenons soin de Thomas du mieux que
nous pouvons. Il est urgent de trouver de l’aide car aucun d’entre nous n’est capable de le soigner.
Menno nous indique qu’il connaît un lieu vers le sud ou réside un être possédant des talents curatifs
dignes de ce nom. Les propos de l’ovate sont un peu vagues mais nous sommes obligés de faire
confiance à son instinct, tandis que Konrad nous fait remarquer que les traces des loups s’enfoncent
aussi vers le sud…

Privés des talents de Thomas, nous cheminons avec difficulté vers le midi. Menno semble avoir du
mal à trouver sa route et il nous fait rebrousser chemin. Alors que nous commençons à perdre espoir,
Menno s’exclame à la vue d’un arbre à l’air étrange qui domine une colline dans le lointain. « Nous y
sommes, j’ai retrouvé la voie ! » La pente abrupte nous oblige à laisser notre véhicule et à construire
une civière avec des branchages pour transporter le blessé. Arrivés au sommet de la colline, nous
nous retrouvons sous l’arbre, dont le tronc massif laisse sourdre un mystère indéfinissable. Nous
poursuivons le chemin pour s’engager dans une combe étroite entre deux collines.

Nous perdons le fil du


temps, comme bercés par
une étrange mélopée à
peine perceptible, pour
déboucher sans prévenir
devant une haute falaise,
percée d’une grotte à l’air
étrange. Des inscriptions de
grande taille entourent
l’entrée de la caverne.
L’ovate tente de me rassurer
en indiquant qu’il n’y a rien

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à craindre. Nous pénétrons néanmoins avec circonspection, prêt à dégainer nos armes à la moindre
menace. Nous nous engageons dans un couloir entre deux colonnes de pierre, pour s’enfoncer de
plus en plus dans les profondeurs de la terre.

Une lueur fantomatique émane de champignons à l’aspect étrange qui recouvrent entièrement les
parois. Après un long moment, le couloir s’arrête brusquement pour laisser la place à une immense
salle, visiblement d’origine naturelle, dont une partie est obstruée par de longues tentures en cuir.
Nous remarquons une silhouette à la gauche de la caverne : il s’agit d’une femme, recouverte de
mailles argentées et aux longs cheveux pâles. La présence de la guerrière est telle que nous hésitons
à lui adresser la parole, tandis que Menno s’avance et écarte les tentures en cuir, nous intimant d’un
geste d’attendre son appel pour continuer notre progression. Après un court moment, Menno nous
hèle en nous demandant de le rejoindre. L’ovate ne semble pas inquiet mais une sourde angoisse
commence à étreindre mon cœur. Au fond de la salle, j’aperçois une silhouette massive, dotée d’un
visage énorme et repoussant, défiguré par de longues canines jaunâtres. Alors que la créature me
toise de son regard, l’horreur s’abat sur moi et je me recroqueville sur le sol, paralysée par la terreur.

J’émerge progressivement de
ma catatonie pour
apercevoir Konrad, Menno et
Thomas, complètement
guéri, en train de discuter
avec la créature. Mes amis
tentent de me rassurer en
me présentant le monstre
comme un troll chaman,
nommé Pépétroll. Le troll a
une voix étrangement douce
et apaisante, qui atténue
mes craintes. Je reste
toutefois à bonne distance
du chaman et prête peu
d'attention à ses propos. Je saisi toutefois que Menno le remercie pour son aide et s’engage à revenir
dans un mois pour lui rendre un service, avec l’appui de Thomas et Konrad. Pour ce qui me concerne,
je réserve ma réponse. Le troll nous souhaite ensuite bonne chance et remet à Menno une fiole "très
utile en cas de blessure".

Avant de quitter la caverne, je me rapproche de la dame en cotte de maille pour engager la


conversation. J’apprends qu’elle se nomme Cendre et qu’elle n’est pas originaire des Wastelands. Elle
poursuit depuis la lointaine Kislev un dénommé Ingerjar, un maître-loup qui, selon Cendre, est à la
tête des loups qui nous ont attaqué la nuit précédente. Nous saluons avec respect le chaman et la
dame de Kislev avant de rebrousser chemin.

De retour au pied de la colline, nous découvrons avec stupeur qu’une demi-douzaine de créatures, de
petite taille et à la peau verdâtre, tente de s’emparer de la charrette et de nos provisions. Konrad et
moi dégainons rapidement nos arcs : ma flèche se perd vers le ciel, tandis que le bûcheron, plus
adroit, arrive à abattre une créature qui semble être le chef de la bande. Ce dernier a toutefois le
temps de lancer un maléfice avant de trépasser, qui fait surgir un nuage rougeâtre et nauséabond.
Menno est le seul d’entre nous à être pris au piège. Les créatures poussent des cris stridents et

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s’élancent vers nous pour engager le combat. Armé de sa
lourde hache, Konrad se débarrasse sans difficultés de deux
adversaires. Thomas et moi sommes moins efficaces. Je
parviens avec difficulté à tuer une créature avec ma dague,
puis arrive à en blesser grièvement une deuxième. Thomas
se débarrasse également d’un de ses opposants, qui se
retrouvent en infériorité numérique. Pris de panique, les
survivants s’enfuient en poussant des cris mêlant la peur et
la colère. Le nuage rougeâtre se dissipe peu après et nous
retrouvons Menno face à un arbre, l’air hagard. Il nous
indique que le sort lancé par la créature l’a rendu aveugle.
Nous jouons de malchance ! Nous fouillons prestement les
cadavres de nos ennemis et récupérons un sac contenant
des boules d'argile, recouvertes de diverses couleurs. Après
un rapide échange, il est décidé de se rendre sans attendre à
la Tour de la flèche noire.

L’après-midi se passe avec lenteur, tandis que la cécité de Menno persiste. Ce n’est qu’en début de
soirée, alors que le soleil commence à décliner, que l’ovate retrouve soudainement la vue. Nous
touchons enfin au but et percevons dans le lointain les ruines de la Tour de la flèche noire, sise sur les
bords du Reik. Arrivés à destination, nous sommes accueillis froidement par les gardes qui se
plaignent de notre retard. Ils s’adoucissent néanmoins lorsque que nous leurs relatons les
affrontements avec les loups et les créatures verdâtres, qui se révèlent être des morveux (et non des
gobelins comme nous avons pu le croire).

Alors que ses


hommes hissent les
provisions, le chef
des gardes me
demande si je peux
faire la cuisine pour
ses troupes. Je
manque de
l’envoyer sur les
roses mais préfère
lui répondre avec
un sourire espiègle
que je m’en
chargerai avec
plaisir, tandis que
mes compagnons
toussent poliment. Le repas est bien sûr exécrable et je regarde avec gourmandise les gardes
s’étouffer avec mon brouet infâme. Alors que la nuit commence à tomber, nous nous rendons tous les
quatre au sommet de la tour pour contempler les dernières lueurs du soleil, qui embrase d’un feu or
et pourpre l’onde tumultueuse du Reik. Que Manaan soit béni, car ses flots apportent or et
richesses !

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