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3 Bruit
3 Centre d’appels
3 Casque
3 Enquête
3 Exposition sonore

h Jacques CHATILLON,
Nicolas TROMPETTE, INRS, département
Ingénierie des équipements de travail

h Pierre OTTAVIANI, Elodie PELLETIER,


France Telecom Orange

Observation de l’activité Observation of the activity in call

en centre d’appels
centres and noise exposure limits

The operators of call centres are subjected

téléphoniques et limites
to sound exposure on account of the
conversations received in the headset, and

d’exposition au bruit
the risks should therefore be evaluated. The
regulations stipulate that these exposure
levels be evaluated in the diffuse sound
field (external to the ear). To do this, INRS
uses a standardized measurement method
employing an artificial head and an ear
simulator. This evaluation also involves
Les opérateurs des centres d’appels téléphoniques sont soumis à une exposition sonore, due aux ascertaining the reception duration of
conversations reçues sous un casque, dont il convient d’évaluer les risques. La réglementation conversations over the course of the working
demande à ce que les niveaux d’exposition soient évalués en champ diffus (à l’extérieur de l’oreille). day, a very variable duration depending on
Pour cela, l’INRS utilise une méthodologie de mesure normalisée déployant une tête artificielle et the functions occupied by the employees
un simulateur d’oreille. Cette évaluation impose aussi de connaître la durée de la réception des in call centres. A study by France Telecom
conversations durant la journée de travail, durée très variable selon les fonctions occupées par les Orange has shown that these durations, for
salariés dans les centres d’appels. Une étude de France Telecom Orange montre que ces durées, pour the jobs observed, lie between 2 and 3 hours
les métiers observés, sont comprises entre 2 et 3 heures par jour. De telles observations, on déduit per day. The maximum sound exposure level
le réglage maximum du niveau sonore reçu dans les casques téléphoniques des opérateurs pour être in the telephone headsets of the operators is
conforme à la réglementation. Ces réglages sont de nos jours souvent bornés par les limiteurs de deduced from these observations to ensure
niveaux mis en place sur les plateaux téléphoniques. La limitation du niveau d’émission des casques conformity with the regulations. Nowadays,
doit s’accompagner d’un contrôle du bruit ambiant afin de garantir l’intelligibilité des conversations. these levels are often set by level limiters
Ce contrôle peut s’effectuer par une démarche d’amélioration de l’acoustique des bureaux paysagers. installed at the telephone workstations.
Ces mesures de prévention ont montré leur efficacité et demandent à être généralisées afin de garantir Limitation of the emission level of the
une absence de risque pour l’audition des salariés dans les centres d’appels téléphoniques. Cet article headsets must be accompanied by an
éclaire les problématiques liées à la mesure de l’exposition. Les résultats chiffrés d’une campagne de ambient noise check in order to guarantee the
mesure effectuée par l’INRS dans les centres d’appels téléphoniques seront publiés ultérieurement. intelligibility of the conversations. This check
can be done through an approach intended
to improve the acoustics of the open-plan
offices in which they are located. These

L
prevention measures have demonstrated
Les travailleurs contraints d’uti- résultant du cumul d’un bruit ambiant their effectiveness and are worthy of being
liser un casque de communica- et du niveau sonore délivré par leur cas- generalized in order to guarantee the
tion représentent aujourd’hui que. Ce niveau sonore est généralement absence of risk of hearing impairment of call
en France une population de d’autant plus élevé que l’intelligibilité centre employees. This article highlights the
plusieurs centaines de milliers de sala- des messages reçus au casque est faible. problems linked to measuring exposure. The
riés que ce soit dans les centres d’appels Le bruit ambiant gênant l’intelligibilité, results of a measurement campaign carried
téléphoniques, les centres de prépara- il a donc une influence sur le réglage du out by INRS in call centres will be published
tions de commandes (secteur de la logis- niveau sonore. at a later date.
tique utilisant le système vocal «  Voice
Picking  »), les professions du specta- Dans les années 2000, une première
cle (disc-jockeys, ingénieurs et techni- étude de l’INRS, a conduit à une métho- 3 Noise
ciens du son) ou d’autres (commerciaux dologie de mesure de l’exposition sonore 3 Call Centre
­itinérants, secrétaires ré-écoutant des des salariés dans les centres d’appels 3 Headset
dictaphones, etc.). Ces salariés sont sou- téléphoniques publiée en 2003 [1]. Cette 3 Survey
mis à une exposition sonore complexe étude est aujourd’hui remise en cause 3 Sound Exposure

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Cette figure correspond à un enregis- Figure 2


trement effectué durant environ 25 minu-
tes pendant lequel 6 conversations ont Principe de la double écoute
eu lieu, chacune avec différents niveaux
de bruit moyen reçu, de 90 à 100 dB(A).
Pour être conforme à la réglementa-
tion, les niveaux reçus sous le casque
sont corrigés de la pondération A et de
la fonction de transfert du simulateur
d’oreille de la tête artificielle. On obtient
finalement les niveaux équivalents qui
seraient reçus en champ diffus. Sur la
Figure  3, on observe 6 conversations
Tête artificielle
de durée Tc(i), pour i = 1 à 6, don-
équipée
nant 6 doses de bruit notées L Aeq,Tc(i). Dérivation en Y du casque d’origine
Connaissant l’ensemble de toutes les
valeurs mesurées Tc(i) et L Aeq,Tc(i) , pour
i = 1 à N, sur l’ensemble de la journée
de travail, on en déduira l’exposition
sonore quotidienne de l’opérateur L ex,8h. h
On suppose pour cela que les niveaux Poste téléphonique
de bruit reçus en dehors des périodes de Amplificateur d’isolement
conversation sont négligeables (ce qui se
vérifie sur la Figure 2) : les niveaux reçus Opérateur travaillant
avec le casque de
«  hors conversation  » (bruit de fond)
substitution
étant inférieurs d’une vingtaine de dB
aux niveaux de conversation.

En réalité, l’évaluation de l’exposi- Figure 3


tion est limitée par l’effort de mesurage
et s’effectue finalement par un échan- Niveaux relevés sous le casque et recalculés en champ diffus équivalent
tillonnage de quelques conversations 110
pour un opérateur (comme, par exem- Conversations
Niveau dBA (ref 2.10-5 Pa)

ple, l’enregistrement de la Figure  3). 100


L’extrapolation sur l’ensemble de la jour- 90
née est compliquée par :
80
Bruit de fond
1) la variabilité des niveaux des
70
conversations : les interlocuteurs exté-
rieurs peuvent appeler d’un téléphone 60
fixe (classique ou par voix « Internet
50
Protocol ») ou d’un téléphone mobile et 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 1300
les niveaux reçus dépendent de la qua- Temps (secondes)
lité de ces lignes ;

2) la variabilité des temps de conver-


sation (pour un opérateur donné, et Dit autrement, le problème est sim- La seule grandeur qui reste à éva-
entre différents opérateurs). plifié en évaluant le niveau moyen des luer est la durée cumulée de conver-
L Aeq,Tc(i) , pour i = 1 à 6 (par exemple). sation Tc. Pour éclaircir ce deuxième
Le premier point est supposé résolu On le supposera à peu près identique point, une étude de France Telecom
en effectuant une moyenne des niveaux sur toute la journée (i = 1 à N) : Orange a permis d’encadrer les durées
reçus sur quelques conversations, on ne relatives des différentes séquences de
s’intéresse plus qu’au temps cumulé passé conservation, pour différentes fonctions
en conversation pendant la journée : (métiers), rencontrés sur ces centres
. d’appels.
d’où l’exposition quotidienne

(1)

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Temps d’exposition Tableau I

quotidien : l’étude Observables dans les phases de la relation client


de France Telecom
Orange
N° Observable Description Exposition sonore

1 Début de conversation -
Tonalité téléphonique Emission sonore dans le casque
2 (au début et à la fin de la
Afin de déterminer la valeur de conversation)
la durée quotidienne d’exposition, une
L’opérateur parle Il existe un retour de la voix de l’opérateur
démarche ergonomique a été utilisée, repris du micro dans le casque. Il se situe,
basée sur une immersion sur le plateau 3 d’après les données des constructeurs, à des
et une analyse du travail réel prenant en niveaux inférieurs à 20 dB, ce qui les rend non
compte les éléments déterminants de significatifs sur le calcul de l’exposition pondérée
l’activité. 4 Le client parle Emission sonore dans le casque
5 Personne ne parle Pas d’exposition
En effet, les données issues du sys-
Mise en attente : Pas d’exposition
tème d’information, si elles sont très 6 le conseiller peut parler, le
détaillées sur des points tels que les durées client ne l’entend pas
d’appel et les temps de connexion au 7 Fin de conversation -
réseau, ne donnent pas accès au déroulé et
au contenu quantitatif des conversations
entre l’opérateur et ses interlocuteurs.
Tableau II
Afin d’avoir un échantillon repré-
sentatif de différents métiers de la rela- Données recueillies : appels
tion client, le choix s’est porté sur deux
types d’entités qui représentent plus de Activité Nombre de plateaux Nombre d’appels Durée totale
la moitié des salariés concernés : Vente et Service Client 3 305 68 heures
Assistance technique internet 3 87 20 heures
1 la vente et le service client par
téléphone, entités qui assurent la rela-
tion commerciale par téléphone pour
les clients particuliers et les clients - des temps de traitement de dossier Le codage
professionnels. Les salariés de ces enti- et de renseignement des applications
tés sont répartis dans diverses activités informatiques, A l’issue de cette étape préliminaire,
(nouveaux clients, recouvrement, fidéli- - des échanges avec les managers il a été décidé de coder les sept phases
sation, etc.) étudiées séparément afin de et les soutiens de proximité lors ou en observables présentées dans le Tableau I
voir si elles ont une spécificité ; dehors de la relation avec le client, afin de quantifier leur durée. Le codage
- des temps de pauses non normali- est fait par l’observateur en temps réel
1 l’assistance technique, compo- sés mais pris en fonction de l’activité, au moyen de sept touches de clavier.
sée d’entités qui assurent le soutien - des temps d’attente où il n’y a pas
technique pour les produits internet d’appels à prendre. Une application informatique per-
mais aussi pour le réseau de télécom- met de calculer a posteriori les durées
munication fixe, pour les clients parti- Des études réalisées par les cellules cumulées par phase observable. La
culiers et professionnels. de planification montrent que le temps durée de chaque appel, le nombre
maximum passé en relation client cou- d’échanges entre le conseiller et le client
vre 85 % du temps de travail effectif. et leur durée moyenne sont également
Journée de travail recueillies à partir des relevés par opéra-
et phases d’activité Si on ne considère que l’activité de teurs fournis aux superviseurs.
relation client par téléphone, les obser-
L’analyse de l’activité, par l’inter- vations ouvertes ont permis de déter-
médiaire de la double écoute, a montré miner les phases présentées dans le Résultats
que la communication téléphonique ne Tableau I dans le déroulement de la
représente pas l’exclusivité de l’activité conversation. Les données recueillies
des opérateurs. La journée de travail
comporte également : On en déduit que pour évaluer l’ex- Les observations ont été réalisées
- des temps consacrés à l’informa- position, il faut déterminer la durée sur des plateaux correspondant à deux
tion et l’animation d’équipe et à la rela- pendant laquelle l’opérateur est soumis types d’entités, sur des sites différents,
tion managériale, à une tonalité et est en conversation avec en province et en Île-de-France, afin
- des périodes, pour une part impor- le client. d’obtenir des données représentatives
tante, consacrées à la formation aux (cf. Tableau II).
outils, aux offres et aux produits qui
sont en évolution constante,

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Agence de vente et services clients Figure 4

Le traitement des données pour les Décomposition des temps de conversation en fonction des métiers
agences de vente et service a été réparti
100% mise en attente
en six activités différentes pour lesquel-
90% personne ne parle
les il était souhaitable de vérifier l’hypo-
thèse de variabilité. 80% émission

70% réception
Les résultats présentés dans la
60%
Figure 4 montrent que si la répartition
des temps de conversation peut varier 50%
maximum
assez fortement, la proportion du temps 40%
pour lequel il y a une émission sonore minimum
30%
dans le casque varie dans une marge
étroite et est toujours nettement en deçà 20%
de 50 % du temps conversationnel : 10%
0%
1  le maximum se situe à 44 % FID POT NA HVME RECO 1016 UAT
du temps passé en conversation, pour
les services de fidélisation des clients Figure 5
(FID) et le 10 16 qui est le service dédié
aux clients professionnels ; Détermination des temps d’exposition

1  il se situe autour de 40 % pour 1h12 pas de conversation


les clients multi-équipés (HVME), les
nouveaux abonnés (NA) et le service
recouvrement (RECO) ;
journée de travail

1  le minimum de 33 % est consta- 70 %


à pas de réception
té pour les clients potentiels (POT). 56 %

Unité d’assistance technique 6h48 conversations


durée d'exposition
Pour les centres dédiés à l’assistance
technique, l’activité consiste à traiter
tout appel des clients (particuliers ou 30 % 2h02
à à
professionnels) ayant des problèmes 44 % 2h59
réception
techniques avec le réseau téléphonique dans le casque
fixe et ce qui a trait à internet et à la
télévision sur ADSL.
les temps de réalisation de tests (syn- À partir de ces données, on en
C’est une activité de relation avec le chronisation de la ligne, débranchement déduit que le temps de conversation
client à part entière mais qui présente et rebranchement du routeur ADSL, tests effectif maximum est de 6 heures 48
des spécificités. Elles apparaissent qua- de l’application informatique, etc.) et de par jour. Le temps de parole de l’inter-
litativement lors de la double écoute et manipulations informatiques (redémar- locuteur, et donc l’exposition au bruit
sont confirmées par la quantification rage de l’ordinateur, installations, etc.) émis par le casque, représente de 30 %
(cf. Figure 4 : UAT) : sont conséquents : l’item « personne ne (cas de l’assistance technique) à 44 %
parle » représente 20 % en moyenne de (fidélisation et vente et services aux pro-
1  les interactions sont fréquentes la durée des conversations. fessionnels) du temps conversationnel.
et très courtes ;
Calcul des durées d’exposition Le temps d’exposition quotidien
1  après l’exposé de son problème effectif au bruit reçu dans le casque varie
par le client, l’opérateur guide et maî- Les données présentées ci-dessus donc de 2 heures 02 à 2 heures 59.
trise la conversation pour les phases de ont permis d’obtenir une estimation,
diagnostics et de tests et les tentatives de avec une précision compatible avec la
résolution, le client se bornant souvent à problématique, de la proportion du Remarque
confirmer ou infirmer les demandes de temps d’exposition pour différentes acti- Ces données, pourtant
l’opérateur ; vités. La démarche est illustrée Figure 5. objectives, ne concordent pas avec la
représentation que les opérateurs se
1  de ce fait, le temps de parole du Comme cela a été montré, les opéra- font de leur activité et leur ressenti.
client est bien moins important que celui teurs sont, dans les cas les plus critiques, Ils pensent être exposés sur des
de l’opérateur et représente seulement 30 en conversation 85 % du temps de travail durées plus longues, notamment pour
% du total de la durée de conversation ; effectif. Les vacations sont de 8 heures l’assistance technique.
maximum hors pauses repas.

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Limite de l’exposition 1 diminution du niveau ambiant par Dans un bureau paysager, les sources
quotidienne une amélioration de l’acoustique archi-
tecturale.
sonores gênant un opérateur sont géné-
ralement les conversations des autres
opérateurs, mais aussi les bruits des sys-
Les limiteurs de niveaux sont des modu- tèmes de ventilation ou de climatisation,
L’exposition quotidienne des opéra- les électroniques placés entre le poste des ordinateurs, des imprimantes, etc.
teurs, en tenant compte des données de téléphonique et le casque d’écoute. Il en Diminuer le bruit ambiant peut donc
l’étude France Telecom Orange (Tc = 2 à existe plusieurs modèles, proposés par être effectué par plusieurs actions :
3 heures), est donc bornée par la formule plusieurs fabricants, et un modèle com-
(1) à : porte généralement plusieurs réglages 1 Diminution à la source en agissant
(du niveau d’écoute, comme du niveau sur :
Temps minimum : émis par le microphone de l’opérateur).
Les plus simples ont des fonctions de 9  les sources mécaniques (ventilations,
filtrage ou de compression, les plus éla- climatisations, imprimantes, etc.) ;
borés limitent presque instantanément
le niveau de sortie dans le casque, même 9  les sources humaines non opéra-
Temps maximum : dans le cas de signaux intempestifs, ren- tionnelles (conversations intempestives,
contrés rarement mais peu tolérables, interpellations) ;
comme les « chocs acoustiques » (effet
Larsen ou assimilé). La campagne de 9  les sources humaines opérationnel-
mesure menée par l’INRS depuis début les (conversations avec des appelants,
D’où 2008 1 a montré que certains limiteurs diminution de « l’effet cocktail 3 ») ;
de bonne qualité garantissent dans tous
les cas une exposition sonore quoti- 1 Diminution durant la propagation en
L’exemple de la Figure 3 montre que le dienne en dessous de la valeur d’action agissant sur l’organisation et l’acousti-
critère est applicable : l’exposition ne inférieure de 80 dB(A). que du local :
vérifie pas cette condition puisque
est de l’ordre de 95 dB(A) pendant les La diminution du bruit ambiant du pla- 9  en éloignant les opérateurs ou les
conversations, sous l’hypothèse que ces teau est une autre voie pour améliorer groupes d’opérateurs (organisés géné-
conversations soit représentatives de tou- l’intelligibilité des messages reçus à un ralement en marguerites) les uns des
tes les conversations reçues dans la jour- niveau de réglage raisonnable des pos- autres (augmentation de la surface dis-
née. Cette hypothèse est souvent admise tes téléphoniques. Cette action permet ponible par opérateur) ;
car les opérateurs ont tendance à régler donc de diminuer les risques d’exposi-
leur poste téléphonique « une fois pour tion sonore mais aussi, en améliorant le 9  en séparant les opérateurs proches
toute  » à un certain niveau de confort confort acoustique général, elle permet par des écrans acoustiques (absorbants
d’écoute qui dépend de leur aptitude à aux opérateurs de se concentrer plus et isolants) ;
comprendre facilement tous les interlo- facilement sur les tâches intellectuel-
cuteurs dans le bruit ambiant du plateau. les complexes (saisie d’informations 9  en traitant le local (moquette au
Néanmoins, la variabilité des connec- sur ordinateur) et participe ainsi à sol, plafond acoustique de qualité, sto-
tions téléphoniques modernes (analo- une meilleure efficacité du travail et à res acoustiques, écrans acoustiques ou
gique, numérique, protocole internet, une diminution d’un des facteurs de mobilier de séparation de zones).
téléphones mobiles) font que le confort stress.
d’écoute peut varier sensiblement d’un
appel à l’autre. Le bruit ambiant global d’un centre d’ap-
pels est très souvent compris entre 50 et
70 dB(A) et ne participe donc pas direc-
tement à l’exposition sonore journalière 2
Réduction de mais les recommandations [9, 10] en
fixent la limite haute à 55 dB(A).
­­l’exposition
quotidienne Dans la publication de l’INRS de 2003 [1],
une corrélation entre le niveau de bruit 1 Campagne menée sur une vingtaine de centres
ambiant et le niveau de réglage des cas- d’appels et une centaine d’opérateurs.
ques a été calculée, montrant que 50 % 2 Contrairement au bruit ambiant dans les
Pour protéger les opérateurs des risques des opérateurs utilisaient une émergence centres de préparation de commande, provoqué
auditifs, deux démarches conjointes ont de 25 dB pour travailler confortablement. parfois par des sources très bruyantes – véhicules,
été mises progressivement en place, La nouvelle campagne de mesures menée groupes réfrigérants… - et dont le niveau est
parfois non négligeable comparé au niveau
depuis quelques années, sur les plateaux depuis début 2008 sur les plateaux télé-
restitué par les messages dans les casques d’écoute.
téléphoniques : phoniques actuels, montre une corrélation 3 Effet cocktail : augmentation progressive
faible entre le niveau de bruit ambiant
du bruit de fond par augmentation de la
1 limitation du niveau sonore à la et le niveau de réglage des casques. On hauteur des conversations, dans une foule
source par la mise en place de limiteurs n’utilise donc plus le niveau de bruit (cocktail, restaurant), due à la difficulté qu’a
de niveau ; ambiant pour déduire l’exposition sonore chaque personne à se faire comprendre par son
des opérateurs. interlocuteur.

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Discussion comme la vente par correspondance, plateaux téléphoniques. Ce genre de


et conclusion le service après-vente, le dépannage à
distance, les annuaires et les nouveaux
démarche formalisée donne aux acteurs
impliqués dans la conception d’espa-
renseignements téléphoniques, etc. ces ouverts des éléments qualitatifs et
quantitatifs sur les moyens à mettre en
L’évaluation de l’exposition sonore quo- Les salariés au casque dans les cen- œuvre et les objectifs à atteindre.
tidienne des salariés des centres d’appels tres d’appels téléphoniques peuvent
téléphoniques nécessite une métrologie aujourd’hui être protégés contre les ris- La généralisation des limiteurs de
complexe doublée d’observations avan- ques pour leur audition, à condition niveaux et la sensibilisation des déci-
cées de l’activité et des conversations. que des limiteurs de niveaux de bonne deurs sur l’importance du traitement
La métrologie aujourd’hui déployée par qualité soient utilisés et que l’acoustique acoustique des espaces ouverts ont fait
l’INRS dans les centres d’appels s’ap- architecturale du plateau soit optimi- que les centres d’appels sont souvent,
puie sur une norme de mesurage et une sée. aujourd’hui, à l’abri des risques pour
méthodologie améliorée. Le déploiement l’audition tels que la réglementation les
de la tête artificielle couplée à un simu- Améliorer l’acoustique des locaux est définit.
lateur d’oreille permet d’enregistrer sur un des objectifs prioritaires du préven-
site un échantillonnage de conversations teur. C’est une solution collective qui per- Pour les deux aspects (limiteurs de
conformes à celles que l’opérateur reçoit met d’abaisser le niveau de bruit ambiant niveau et acoustique des locaux), une
tout au long de sa journée de travail. et, par voie de conséquence, garantit que démarche normative est à engager afin
les salariés règlent leurs postes téléphoni- de garantir la qualification de ces solu-
Les observations, comme celles effec- ques à un niveau de réception raisonna- tions.
tuées par France Telecom Orange et ble tout en conservant une bonne intel-
reportées dans cet article, permettent ligibilité des conversations. De plus, la Pour les autres salariés travaillant au
d’encadrer rigoureusement le temps de diminution du niveau de bruit ambiant a casque, comme les salariés des centres
conversation quotidien des opérateurs des effets bénéfiques sur la concentration de préparation de commandes vocales
selon leur activité. On a constaté que les des salariés et contribue à la réduction ou les professions du spectacle, des pro-
temps de réception des paroles des inter- d’un facteur de stress. grès dans la prévention du risque auditif
locuteurs extérieurs étaient compris, restent à effectuer.
pour les métiers observés, entre 2 et 3 Pour ce dernier point, France Telecom
heures sur une journée de 8 heures. Orange a mis en place une charte natio-
nale (en s’appuyant sur la norme [11]),
D’autres observations seraient pour- afin de prendre en compte l’acoustique Reçu le : 28/04/2009
tant nécessaires, dans d’autres métiers, dès la conception (ou la rénovation) des Accepté le : 26/06/2009

Bibliographie
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