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f o r m at i o n
f o r m at i o n
a. La radiographie
pré-opératoire
montre l’absence de
traitement de MV1
et MV2 de la 17.
b. La radiographie
postopératoire
montre le traitement
des quatre canaux
MV1, MV2, DV, P.
Configuration III de
Weine de la racine MV.
1a b
Analyse de la littérature
Pour un traitement endodontique correct, la
connaissance de l’anatomie canalaire de la dent à
traiter devient alors une prérogative essentielle.
Tableau 1 : Etudes in vitro sur la configuration canalaire de la racine
mésio-vestibulaire de la deuxième molaire maxillaire Déjà, en 1925 Hess et Zurcher [12] mettaient
en évidence la complexité de la racine mésio-
Auteurs Méthode d’étude Pourcentage
vestibulaire des molaires maxillaires. Presqu’un
de localisation
du MV2 demi-siècle plus tard, en 1969, Weine et
coll. [30] affirmaient que les racines mésio-
Pineda F. et Kuttler (1972) Radiographie 35,4 % vestibulaires des molaires maxillaires présentaient
Gilles J. et Reader (1990) Radiographie (SEM) 70 % souvent deux canaux. Quelque temps après, maints
articles sont apparus à propos de la configuration
Kulid et Peters (1990) Sections au microscope 93,7 % canalaire de la première molaire maxillaire et des
Pecora et coll. (1992) Décalcification 42 % molaires maxillaires plus généralement [5, 9, 10,
13, 15, 17, 18, 19, 22, 28]. Cependant, peu d’arti-
Alavi et coll. (2002) Décalcification 55 % cles ont étudié exclusivement la deuxième molaire
maxillaire [2, 7]. De nos jours, la littérature consi-
dère la première molaire maxillaire comme une
dent à quatre canaux. Mais ce n’est pas la même
Tableau 2 : Etudes in vivo sur la configuration canalaire de la racine chose pour la deuxième molaire maxillaire ; même
mésio-vestibulaire de la deuxième molaire maxillaire
si le peu d’études effectuées montrent clairement
Auteurs Méthode d’étude Pourcentage qu’il s’agit, dans la plupart des cas, d’une dent à
de localisation quatre canaux [tableaux 1 et 2]. Dans leur étude
du MV2
in vitro, Kulid et Peters [15], par exemple, ont pu
Stropko (1999) Microscope opératoire 60 % localiser le MV2 dans le 93,7 % des deuxièmes
et dépose de la dentine molaires analysées. Tandis que Pecora et coll.,
Sempira et Hartwell (2000) Microscope 24 % dans leur « Morphologic Study of the Maxillary
Molars » [19], étude réalisée in vitro, concluent
Wolcott (2002) Microscope 35 % que « l’incidence de deux canaux dans la racine mésio-
Buhrley (2002) Microscope 36,1 % vestibulaire est plus élevée dans la deuxième molaire
maxillaire que dans la première ». Cette même
Buhrley (2002) Loupes binoculaires 40,5 % étude montre la présence d’anastomoses récur-
Wolcott (2005) Microscope 34 % rentes transversales entre le MV1 et le MV2.
Pourtant, in vivo, la localisation du MV2 semble
Onay et coll. (2008) Microscope 40,5 % être un challenge à en juger par le faible nombre
Mancino (2009) Loupes binoculaires 62,5 % des traitements de ce canal en pratique clinique
[21] (fig. 1a et b).
Matériels et méthodes
Cette étude a été conduite de septembre 2008 à
septembre 2009. Sept cent quatre-vingt-quatre
dents, dont soixante-quatre deuxièmes molaires
maxillaires, ont subi un traitement ou un retrai-
tement endodontique. Les deuxièmes molai-
res maxillaires ont été traitées comme décrit
ci-après :
1. Le praticien a utilisé des loupes binoculaires.
2. Pour chaque dent, au moins deux radiogra-
phies pré-opératoires ont été réalisées, sous dif-
férentes prises de vues. Cela a permis de mieux 2a
connaître l’anatomie canalaire de la dent et d’avoir
une image tridimensionnelle du système canalaire 2. La préparation de la CAD.
avant de commencer le traitement (à cet effet, a. CAD triangulaire classique.
le localisateur d’apex, instrument nécessaire et
b. CAD modifié rhomboïdale.
très utile, ne devrait jamais remplacer les radios
pré-opératoires). D’autres radios ont été prises
pendant et à la fin du traitement.
3. Au début, une cavité d’accès rhomboïdale a été
pratiquée dans le but d’améliorer la visibilité et de
faciliter la recherche du MV2 (fig. 2a et b). Une b
solution d’hypochlorite de sodium à 2,5 % a été
utilisée en tant qu’irrigant. Résultats
Soixante-quatre deuxièmes molaires traitées (tableau 3)
4. Quand le MV2 n’a pas immédiatement été
retrouvé, la portion de pavé de la chambre pul- présentaient :
paire, située entre le canal mésio-vestibulaire et • un seul canal dans 1,56 % des cas ;
le canal palatin, a été explorée grâce à des inserts • deux canaux dans 6,25 % des cas ;
ultrasonores (ET40). Ces derniers sont plus • trois canaux dans 29,69 % des cas ;
conservateurs et moins agressifs que les fraises. • quatre canaux dans 62,5 % des cas (présence de MV2).
Pour la classification de la morphologie canalaire de la racine
5. Une fois l’orifice du canal mésio-palatin loca- mésio-vestibulaire, la méthode de Weine [30] a été utilisée
lisé, un insert ultrasonore a permis l’élargissement (fig. 3) :
de l’orifice canalaire aux dépens de la paroi mésiale. • 32,20 % des cas pré-
Cela a permis de modifier légèrement la courbe sentaient une confi- Tableau 3 - Étude sur 64 deuxièmes molaires
trop prononcée en sens mésial du MV2. Ainsi, guration canalaire de
la lime K 06 ou 08 a pu descendre en direction type I ;
apicale sans rencontrer d’obstruction. La racine a • 23,73 % des cas pré-
donc été traitée de la façon la plus conservative
sentaient une confi-
possible : en s’éloignant de sa concavité pour éviter
guration canalaire de
tout risque de stripping.
type II ;
6. La longueur du travail a été déterminée à l’aide • 44,07 % des cas pré-
d’un localisateur d’apex et/ou de radiographies. sentaient une confi- 1 canal 2 canaux 3 canaux 4 canaux
7. La thérapie canalaire a été achevée en une guration canalaire de
séance. type III.
Parmi les soixante-quatre molaires, sept ont été retraitées et pour
Les facteurs déterminants cinq d’entre elles, le MV2, qui n’avait pas été détecté lors du pre-
pour le succès du traitement mier traitement, a été localisé et traité (fig. 4a et b).
ont été la conviction de l’existence Ce fait suggère qu’une attention accrue du praticien, comme dans
du MV2 et la persévérance le cas de retraitements, augmente les probabilités de localiser le
du praticien dans sa recherche. MV2.
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I ii iii iv 4a b
3
3. Classification des types de configuration canalaire de
la racine mésio-vestibulaire d’après Weine :
Type I : un canal simple de l’orifice de la chambre
Discussion
pulpaire jusqu’à l’apex.
Type II : deux canaux séparés, avec deux orifices Pour un meilleur traitement de la deuxième molaire supé-
canalaires dans la chambre pulpaire, fusionnant rieure, il est nécessaire de rappeler la morphogenèse du
avant l’apex pour former un canal simple système canalaire de la racine mésio-vestibulaire [7, 28] :
jusqu’à l’apex.
Type III : deux canaux séparés de l’orifice jusqu’à l’apex.
au tout début il s’agit d’un canal réniforme, à un pôle plus
Type IV : un canal simple quittant l’orifice de la chambre large, le canal mésio-vestibulaire (MV1), et l’autre plus
et se divisant en deux canaux séparés jusqu’à l’apex. étroit, le MV2, le supposé quatrième canal. L’isthme qui
4. Cas clinique n° 2 : traitement endodontique relie les deux pôles peut se fermer en raison du dépôt de
incomplet. dentine. Cela pourrait se vérifier aussi au niveau apical ; il
a. La radiographie pré opératoire montre l’absence y aurait donc deux foramina.
de traitement de MV2 de la 17. Dans la pratique clinique, la localisation du MV2, sur une
b. La radiographie peropératoire montre le traitement dent située autant en arrière dans la cavité orale est un
du MV2. Configuration III de Weine de la racine MV. défi, étant donné que souvent, après la préparation de la
5a à f. Deuxièmes molaires maxillaires à quatre canaux : CDA, l’orifice canalaire n’est pas visible [13, 15, 23, 29],
MV1, MV2, DV, P. Configuration III de Weine car recouvert d’une couche de dentine ou tout simplement
de la racine MV. trop petit pour être vu à l’œil nu sans aide optique [4, 6,
5a b c
d e f
6a à f. Deuxièmes
molaires maxillaires
à quatre canaux :
MV1, MV2, DV,
P. Configuration II
de Weine de la racine
MV.
6a b
c d
e f
10, 16, 22]. En outre, sa localisation peut dépendre Il est important de considérer que, une fois le MV2
aussi de l’âge du sujet à traiter. Elle est plus facile localisé, il convient de le traiter et que sa négocia-
chez des patients de moins de cinquante ans. À ce tion n’est pas simple, en raison de son importante
propos, Gilles et Reader [10, 18] soutiennent la pro- courbe dans le sens mésial dans son premier tiers
babilité d’une diminution du diamètre du MV2 avec coronal [13, 14, 23, 29]. Cette courbe peut empê-
l’âge du sujet. Pour compliquer encore la recher- cher l’avancement dans le sens apical de la lime K,
che du MV2, s’ajoute le fait que la zone mésiale de qui s’arrête sur la paroi mésiale du premier tiers
la deuxième molaire est souvent le lieu de grosses coronal du canal sans pouvoir avancer.
restaurations conservatives ou de gros processus Il serait alors indispensable de consacrer le temps
carieux. Ces derniers peuvent provoquer une irri- nécessaire à la recherche et à la négociation du
tation chronique du tissu pulpaire qui, par consé- MV2. Le manque de localisation du MV2 peut
quent, peut engendrer la formation de calcifications entraîner l’échec du traitement endodontique. Cela
intracamérales. se produit certainement dans le cas d’une racine de
Alors que les études in vitro montrent la présence du type III de Weine (fig. 5a à f) et très probablement
MV2 dans la quasi-totalité des deuxièmes molaires, pour les racines de type II de Weine (fig. 6a à f)
la visibilité limitée et le risque de perforation peu- où les deux canaux confluent dans leur trait le plus
vent expliquer le faible taux de localisation du MV2 apical, du fait d’une rétention importante de tissu
in vivo. organique et de bactéries.
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7a b c