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1665 Les associés personnes physiques qui investissent au capital de PME peuvent
bénéficier, à titre de mesure d’incitation, de réductions d’impôt. Souvent,
ces réductions d’impôt sont subordonnées au fait que l’associé s’engage à
conserver les titres reçus pendant un certain temps. Ainsi par exemple, la
réduction d’impôt pour souscription au capital des PME est indissociable de
l’engagement de l’investisseur de conserver les titres jusqu’au 31 décembre
de la cinquième année qui suit celle au cours de la souscription.
(1) Rép. Cornut-Gentille, JO déb. AN, 16 octobre 2007, p. 6355, n° 967. On observera cependant que l’apport en société des titres
ayant ouvert droit à réduction d’impôt pendant le délai de conservation équivaut à une rupture de l’engagement de conservation.
(2) Sur l’absorption de filiales détenues à 100 %, voir paragraphes 1693 et suivants sur la fusion simplifiée et voir deuxième
partie sur la dissolution-confusion.
1674 L’exonération du boni de fusion est parfois la raison d’être de l’option pour le
régime de faveur des fusions. Elle explique en partie pourquoi certaines opéra-
tions de fusion faites à la valeur comptable, donc sans plus-values d’apport, sont
néanmoins faites en régime de faveur. Cette option permet d’obtenir l’exo-
nération du boni de fusion. A contrario, si la fusion est faite en régime de droit
commun, la plus-value constatée lors de l’annulation des titres est imposable
au niveau de la société absorbante. La plus-value sera imposée selon le régime
propre aux titres annulés. Depuis 2007, le coût peut être extrêmement faible.
1675 L’exonération dont bénéficie la société absorbante s’applique quelle que soit
l’ancienneté des titres acquis par la société absorbante. La circonstance que
la prise de participation dans le capital de la société absorbée remonte à plus
ou moins de deux ans est à cet égard sans incidence (1).
L’exonération s’applique de la même façon sans condition d’importance
de la participation détenue dans le capital de la société absorbée. Enfin, la
circonstance que le prix de revient des titres annulés incorpore des frais
d’acquisition en cours d’amortissement n’affecte en rien le principe de l’exo-
nération. Naturellement, l’amortissement des frais n’est plus possible après
l’annulation (2).
1677 L’annulation des titres entraîne une moins-value : le « mali de fusion ». Lorsque la
société absorbante procède à l’annulation des titres de la société absorbée
qu’elle détenait en portefeuille, elle peut être amenée à constater une moins-
value. Tel sera le cas lorsque le coût d’acquisition des titres annulés est supé-
rieur à la valeur réelle des actifs qu’ils représentent au jour de la fusion. En
comptabilité, le mali de fusion est défini comme étant l’écart entre l’actif net
reçu par la société absorbante à hauteur de sa participation dans le capital de
la société absorbée et la valeur comptable de cette participation (2).
(1) État 2058 A - ligne X G.
(2) Règlement CRC 2004-01.
1678 La distinction entre le vrai mali et le faux mali. La doctrine a pris l’habitude de
distinguer le vrai mali de fusion du faux mali de fusion. Le vrai mali de fusion
correspond, pour simplifier, au scénario suivant. La société absorbante a
acquis les titres de participation dans le capital de la société absorbée pour
un prix correspondant à la valeur réelle de l’absorbée au jour de l’acquisition.
Puis, au jour de la fusion, réalisée sur la base des valeurs réelles, l’absorbée
ayant en quelque sorte perdu de la valeur, l’absorbante constate une moins-
value lors de l’annulation des titres. On est en présence d’un vrai mali de
fusion.
Le faux mali de fusion, ou « mali technique », est de nature différente. La
société absorbante a fait l’acquisition des titres de l’absorbée pour une
valeur correspondant à la valeur réelle des titres à la date de l’acquisition.
Puis, lorsque intervient la fusion entre les deux sociétés, la fusion est réa-
lisée sur la base des valeurs comptables. Lors de l’annulation des titres de
l’absorbée, la société absorbante constate alors un mali qui n’a pas néces-
sairement une existence réelle. Ce mali peut être simplement imputable au
fait que lors de l’annulation des titres, on est tenu de rapprocher deux gran-
deurs différentes : un prix d’acquisition de titres mesuré en fonction d’une
valeur vénale, d’une valeur de marché, et une contrepartie mesurée sur la
base des valeurs comptables. La perte constatée est ainsi susceptible d’être
en partie artificielle, d’où l’appellation « mali technique ». Le comité de la
réglementation comptable précise encore que le mali technique correspond,
à hauteur de la participation antérieurement détenue, aux plus-values laten-
tes sur éléments d’actifs comptabilisés ou non dans les comptes de l’absor-
bée déduction faite des passifs non comptabilisés en l’absence d’obligation
comptable dans les comptes de la société absorbée (par exemple provisions
pour retraites, impôts différés passifs) (1). Le comité de la réglementation
comptable considère par ailleurs que la définition comptable du mali tech-
nique s’applique quelque soit l’actif net comptable de la société absorbée,
positif ou négatif (2).
(1) Selon le comité d’urgence du CRC, le mali doit être calculé à la date d’effet rétroactif de la fusion en fonction des élé-
ments comptables sans tenir compte des éléments liés à la libération juridique du capital. En conséquence, il n’y a pas lieu
de tenir compte de la perte de rétroactivité, ni des dividendes à verser, pour le calcul du mali de fusion.
1680 a) Le vrai mali de fusion. Le vrai mali de fusion est constaté parmi les charges
de l’entreprise. Selon le CRC, ce mali peut être représentatif d’un complé-
ment de dépréciation de la participation détenue dans le capital de la société
absorbée et doit être comptabilisé dans le résultat financier de la société
absorbante de l’exercice au cours duquel l’opération est réalisée.
(1) Sur la question du mali technique dans le cas de fusion à l’envers d’entreprises sous contrôle commun : voir Avis du
comité d’urgence de la réglementation comptable de mai 2005 : Avis 2005-C – question 11.
(2) Sur la détermination du mali technique en cas d’actif net comptable négatif : voir Avis 2007-D du comité d’urgence du
15 juin 2007.
Il y a lieu de procéder à une dépréciation du mali technique dans la mesure où la plus-value constatée
sur le terrain et sur l’immeuble est inférieure à la valeur du mali affecté.
Dans l’hypothèse où, par exemple, l’immeuble viendrait à être cédé, il conviendrait de constater la
sortie de la quote-part de mali affecté.
1685 Le mali est en principe affecté actif par actif. Néanmoins, le CNC accorde
aux entreprises la faculté de constater la dépréciation par groupes d’actifs.
L’éventuelle dépréciation sera ainsi constatée lorsque la plus-value latente
sur un groupe deviendra inférieure à la valeur du mali affecté.
1686 Il faut préciser enfin que selon le CNC, lorsqu’une opération conduit à la
constatation d’un mali, la société absorbante doit mentionner dans l’annexe
de ses comptes annuels les éléments significatifs sur lesquels le mali a été
affecté. L’entreprise doit, de la même façon, mentionner les modalités de
dépréciation et sortie définitive du mali.
1688 a) Le régime fiscal du vrai mali de fusion. Le vrai mali de fusion est représen-
tatif d’une perte constatée lors de l’annulation des titres. Le régime fiscal
applicable au vrai mali de fusion commande d’envisager distinctement la
situation de la société absorbée, selon que cette dernière présente un actif
net réel positif ou négatif.
Dans l’hypothèse où la fusion aboutit à l’absorption d’une société présentant
un actif net réel positif, le vrai mali de fusion aboutit au constat d’une perte
déductible des résultats de la société absorbante. Néanmoins, le régime fiscal
de cette perte va dépendre de la nature des titres annulés. Ainsi, en présence
de titres de participation acquis il y a au moins de deux ans, aucune imputation
du mali de fusion n’est possible si les titres annulés sont des tires qui entrent
dans le champ d’application de l’exonération des plus-values à long terme (1).
Si les titres sont détenus depuis moins de deux ans, le mali de fusion est alors
une charge déductible du résultat imposable au taux de droit commun (2)(3).
Dans l’hypothèse où la fusion aboutit à l’absorption d’une société présentant un
actif net réel négatif, la déduction du mali de fusion est possible dans les condi-
tions évoquées précédemment avec cependant une restriction pour les opéra-
tions de dissolution-confusion de l’article 1844-5 ou d’absorption de filiales déte-
nues à 100 %. Dans ce cas de figure en effet, l’article 209 II bis du CGI n’admet
pas la déductibilité du mali de fusion et ce, quel que soit le régime sous lequel
est placée l’opération de fusion : régime spécial ou régime de droit commun.
1689 b) Le régime fiscal du mali technique. Le régime fiscal applicable au mali tech-
nique doit être envisagé distinctement selon que l’opération de fusion est
placée sous le régime spécial des fusions ou non.
(1) Exonération des plus-values à long terme sur titres de participations réalisées à compter du 1er janvier 2007.
(2) Il conviendra d’être vigilant, dans ce cas de figure, quant au sort fiscal de l’éventuelle dépréciation des titres qui avait
pu être constatée par la société absorbante pour les titres détenus dans le capital de la société absorbée.
(3) Naturellement, si les frais d’acquisition des titres avaient été incorporés au prix de revient et font l’objet d’un amortisse-
ment, du fait de l’annulation des titres, il n’est plus possible de poursuivre l’amortissement des frais d’acquisition. Sur cette
question : Instr. 4 janvier 2008 : BOI 4H-1-08, § 35.
1691 Fusion placée sous le régime de droit commun. Dans ce cas de figure, la société
absorbée a été imposée sur l’ensemble des plus-values constatées lors de la
fusion. Aussi, et dans la mesure où le mali technique est représentatif de tout
ou partie de ces plus-values ou profits latents, il convient d’admettre les charges
constatées soit dans le cadre de la dépréciation du mali, soit dans le cas de sa
sortie, en déduction du résultat imposable (4).
Mais attention, le traitement fiscal du mali suit le régime des actifs sous-
jacents entre lesquels il a été réparti. En conséquence, selon les cas, la
déduction ne se fera pas systématiquement sur l’assiette du résultat impo-
sable au taux de droit commun. Le mali pourra être frappé dans certains cas
de non déductibilité lorsque par exemple, l’actif sous-jacent est un bien dont
les charges font l’objet d’exclusions expresses de déductibilité fiscale (5). Le
traitement du mali pourra parfois ne produire aucun effet fiscal. Il suffit de
songer au cas de l’imputation du mali sur des titres de participation admis au
régime d’exonération applicable au 1er janvier 2007. Dans ce cas de figure, la
dépréciation du mali technique liée à une dépréciation des titres ne produira
pas d’effets fiscaux.
Actif Passif
Terrain 20 000 Capitaux propres 55 000
Immeuble (dont résidence 60 000 Emprunts 30 000
d’agrément 25 000)
Titres de participation 10 000 Autres dettes 15 000
Stocks 5 000
Clients 3 000
Disponibilités 2 000
100 000 100 000
La société B a créé un fonds commercial qui est valorisé 100 000 dans le traité d’apport. La valeur
réelle des éléments d’actif comportant des plus-values a été chiffrée à :
Terrain 60 000
Constructions 100 000 (dont résidence d’agrément : 40 000)
Titres de participation 30 000
Pour les autres éléments, la valeur réelle correspond à la valeur nette comptable. Aucun autre passif
n’a été constaté dans l’apport.
La totalité des titres B avaient été acquis par A pour 85 000 ¤.
Le mali de fusion est égal à : 85 000 – 55 000 = 30 000 ➟ mali technique
L’affectation du mali s’effectue de la manière suivante :
1693 Au cas des sociétés détenues à 100 %, il convient d’ajouter le cas des sociétés
dont la quasi-totalité du capital est détenue par une même société. En effet, l’ab-
sorption de ces sociétés présente la même caractéristique que l’absorption de
filiales à 100 % : elle s’effectue sans augmentation de capital pour l’absorbante.
Dans le cas des sociétés détenues à 100 %, l’absence d’augmentation de capital
est logique. L’absorbante étant l’unique associée de la société absorbée, toute
part émise par l’absorbante au titre de la fusion devrait lui revenir. Il convien-
drait, en d’autres termes, d’opérer une fusion-renonciation « pour le tout ».
1695 Si les fusions sans augmentation de capital sont admises au plan juridique, le
traitement fiscal de ces opérations soulève diverses difficultés, en particulier
sur le point de savoir si la fusion peut être admise ou non au bénéfice du
régime spécial.
1698 Du fait de la fusion, ces sociétés vont devenir associées de la société absor-
bante. Elles encourent toutefois le risque, compte tenu des modalités de
l’opération, de se trouver à la tête d’un portefeuille qui ne leur permette plus
a priori de continuer à bénéficier du régime des sociétés mères.
EXEMPLE.
La société Lahune absorbe la société Ladeux. L’actif net de la société Lahune est estimé à 40 000 000
(capital de 10 000 000 divisé en 100 000 actions de 100) et l’actif net de la société Ladeux est estimé à
10 000 000 (capital de 2 000 000 divisé en 20 000 actions de 100).
La fusion est réalisée par émission de 25 000 actions de 100 par la société Lahune contre les 20 000
actions de la société Ladeux, soit une parité de cinq actions Lahune contre quatre actions Ladeux.
La société Deubis avait 2 000 actions de la société Ladeux. Il en résulte que cette société bénéficiait du
régime des sociétés mères et filiales dans ses rapports avec la société Ladeux.
Du fait de la fusion, la société Deubis va recevoir 2 500 actions Lahune. Mais le capital de la société Lahune
étant composé après la fusion de 125 000 actions, la société Deubis ne possédera plus que 2,1 % du capital
de la société absorbante, ce qui ne lui permet plus de bénéficier du régime des sociétés mères et filiales.
(1) Sur les particularités du mali de fusion dans le cadre de l’absorption d’une filiale détenue à 100 %, voir paragraphes précédents.
(2) On laissera de côté le cas particulier dans lequel la société mère est la société absorbante elle-même (sur cette question,
voir §§ 1279 et s.).