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XXXVllJ NOTICE HISTORIQUE.

l'empire romain, dont les foibles enf~nts du granel Théodose faisoient un honteux trafic
pour obtenir une tranquillité passagere. L'antique gloire du nom romain avoit encore une
telle prépondérance, que les chefs de ces nations aspiroient plus a de vains titres hono-
rifiques dans les cours des empereurs qu'a la conquete facile du pays; ils battoient leurs
armées et sollicitoient leur alliance, adoptoient leur langage, leurs coutumes, et leur re-
ligion. Implacables dans les guerres qui les divisoie:J?.t entre eux, ils sembloient regretter
d'employer la meme rigueur contre les Romains; et les Goths sur-tout eussent desiré une
alliance solide avec eux a l'exclusion des autres peuples conquérants. C'est ainsi qu'Alaric
épargna deux fois Ro me, qu'il finit ep.fin par livrer au pillage, et que Théodoric , roí des
Goths, uni avec le général romain Aetius, défit le fameux Attila dans les champs· Catalauni-
ques. D'un -autre coté les empereurs, n'ayant souvent point d'armées disponibles, prenoient
a leur solde' attiroient dans leurs états une partie de ces peuples pour les opposer ad'autres.
n sembloit que
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ces barbares ne pouvoient etre détruits que par eux -memes' et que la
valeur dégénérée des Romains n'étoit plus en état de se mesurer avec eux.
Oh! que la décrépitude d'un pevple est un spectacle hideux! plus il a été granel plus
son abjection est marquante. Ces monuments de gloire, ces ares de triomphe sous lesquels
une populace efféminée traine sa servitude, sont autant de témoins de sa honte : plus
de pitié pour le malheur, plus de gioire pour le courage, plus de respect pour la vertu.
En vain Stilicon illustre encore le nom romain ; sa mort est bientót la récompense de ses
services, et sa mort n'est vengée que par les ennemis qu'il a vaincus : en vain Bélisaire
défend encore la capitale et releve le colo~se de la grandeur ro maine, Bélisaire, victime de
la tyrarinie, n'i~ire pl\lg qu'un-e lkh.e pjtié :_ et quelques sucd~s de l'eunuque Narses
font oublier ses victoires.
Sous le regne d'Honorius, et au commencement du ve si eele, les Sueves , les Alains, et
les Vandales, autrement appelés Silinges, se répandirent en ~spagne. Tous les fléaux réunis
désolerent alors ces belles contrées : la destruction s'étendit jusque sur les productions de la
terre, et causa une peste et une famine si générales que les be tes féroces, devenues pour
ainsi dire les auxiliaires des barbares, dévoroient les hommes_vivants. Cet horrible tableau
n'est point achevé: les hommes meme se firent une-pature des cadavres; et il se trouva
une femme qui arracha la vie a ses qú~tre enfants pour assouvir sa faim, action si atroce
qu'elle fut pupie de mort par un peuple affamé.
. Apres deüx·années de désastres consécutifs la plus grande partie de la péninsule n'ofliant
plus CfU'un aride désert, la nécessité COntraignit les destructeurs eUX-Inemes a renouveler
la culture des terres; et comme le choix des provinces avoit excité des querelles entre eux,
ils abandonnerent cette répartition au sort qui donna aux Sueves, réunis avec quelques
Vandales, une grande par~ie du royaume de Léon, de la Castille? et toute la Galicie ; aux
Alains, le Portugal et l'Estramadoure; aux Vandales, l'Andalousie: le reste demeura soumis
aux Romains.

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