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Archives de Pédiatrie 9 (2002) 928–933

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Mise au point

Traitement de l’enfant infirme moteur cérébral par la toxine


botulique A : mode d’action, place des injections dans la prise en charge
Botulinum toxin A in treatment of cerebral palsy spasticity
P. Carrelet a,*, G. Bollini b, J. Mancini a, B. Chabrol a
a
Service de neurologie pédiatrique, Hôpital d’enfants de la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 05, France
b
Service de chirurgie infantile, Hôpital d’enfants de la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 05, France
Reçu le 18 mars 2002; accepté le 8 avril 2002

Résumé

De nombreuses études ont prouvé l’efficacité des injections de toxine botulique de type A, dans la diminution de la spasticité chez des
enfants infirmes moteurs cérébraux. Si cette efficacité est certaine, il demeure capital de bien sélectionner les enfants à traiter, et chez ces
enfants, les muscles à injecter. Les meilleurs résultats sont observés en cas d’injection du soléaire chez de très jeunes enfants présentant un
équin dynamique sans rétraction, mais des injections se pratiquent dans d’autres muscles et notamment au niveau des membres supérieurs.
À côté de l’objectif fonctionnel, les injections ont parfois pour but de limiter l’évolution des rétractions musculaires, ou de procurer un
meilleur confort et une antalgie dans les mobilisations. © 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Summary

Many studies have demonstrated the effectiveness of botulinum toxin injections in order to decrease spasticity in cerebral palsy. However
it is essential to carefully assess children to be treated, and the muscles which need to be injected. Injections of soleus in dynamic equinus
without fixed contrature in very young children provide the best results, but other muscles may be injected such as upper limbs muscles.
Injections have mainly a functional purpose, but sometimes they may contribute to prevent fixed contractures or pain during nursing. © 2002
Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. All rights reserved.

Mots clés: Infirmité motrice cérébrale; Toxine botulique

Keywords: Cerebral Palsy; Botulinum Toxin

Le traitement de l’enfant infirme moteur cérébral (IMC) trouble du mouvement et sur l’appareil orthopédique peu-
est complexe et pluridisciplinaire. Il faut en premier lieu vent évoluer favorablement dans le sens d’acquisitions
confirmer le diagnostic, essentiellement éliminer une patho- nouvelles, mais à l’inverse parfois défavorablement du fait
logie évolutive, traiter une éventuelle épilepsie, puis mettre de la survenue de rétractions musculotendineuses. Ces
en œuvre une prise en charge associant kinésithérapie, dernières ont une fâcheuse tendance à l’aggravation du fait
orthèses, aides à la position assise puis debout, éventuelle- de la croissance qui amplifie le déséquilibre musculaire.
ment aides à la marche. Par ailleurs, si la lésion cérébrale
Au cours des dix dernières années, le traitement par la
est « cicatricielle », non évolutive, ses conséquences sur le
toxine botulique, grâce à son effet sur la diminution de la
spasticité dans le muscle injecté, permet dans certains cas,
* Auteur correspondant. non seulement de faciliter l’acquisition d’un mouvement
Adresse e-mail : pcarrelet@ch-aix.fr (P. Carrelet). plus harmonieux, mais surtout de retarder l’apparition des
© 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
PII: S 0 9 2 9 - 6 9 3 X ( 0 2 ) 0 0 0 3 9 - 8
P. Carrelet et al. / Archives de Pédiatrie 9 (2002) 928–933 929

rétractions. De nombreuses études ont prouvé que les Sur le plan clinique, injectée dans un muscle spastique, la
injections de toxine botulique améliorent les amplitudes toxine entraîne une parésie flasque du muscle injecté, ce qui
articulaires lors de la marche, retardent l’apparition de permet non seulement son étirement, mais surtout le travail
rétractions fixées, diminuent le coût énergétique de la plus efficace du muscle antagoniste. Dans le meilleur des cas,
marche et améliorent l’endurance [1-11]. Ainsi Boyd et
Hays, dans une récente revue de la littérature ont trouvé 156
publications relatant les effets des injections de toxine
botulique dans les membres inférieurs chez des enfants
IMC, et parmi elles 10 études randomisées, dont six en
double insu (6).

1. Historique

C’est en 1980 que Scott a publié les résultats du premier


a
essai clinique concernant l’utilisation de la neurotoxine de
type A dans le traitement du strabisme [12-14]. Scott traita
ensuite des patients atteints de nystagmus, d’hémispasme
facial, de rétraction palpébrale, de torticolis spasmodique
puis de spasticité des membres inférieurs. En 1984, la Food
and Drug Administration donna l’autorisation aux labora-
toires Allergan de commercialiser la toxine américaine
appelée Oculinumt avant d’être rebaptisée Botoxt en 1989.
En 1989, les autorités de Grande-Bretagne autorisèrent
l’utilisation d’une toxine botulique sous le nom de Dys-
portt. Depuis quelques années, une neurotoxine B est
commercialisée ; elle est utilisée en cas de résistance à la
toxine A, ou en première intention dans le torticolis spas- b
modique. Il s’agit du Neurobloct des laboratoires Elan.
Les premières communications concernant l’utilisation de
la toxine botulique chez l’enfant IMC datent de 1994
[7,15,16]. Actuellement, il existe en France deux spécialités
pharmaceutiques ayant reçu l’autorisation de mise sur le mar-
ché (AMM) pour le traitement de « la déformation dynami-
que du pied en équin chez des enfants présentant une
spasticité due à une infirmité motrice cérébrale ». Il s’agit du
Botoxt et du Dysportt. Dans les deux cas, le principe actif
c
est la toxine botulique de type A, purifiée. Les deux spéciali-
tés diffèrent par les souches dont elles sont issues, par leur
excipient, par leur dosage, et leur mode de conservation.

2. Mode d’action

La toxine botulique injectée par voie intramusculaire


(IM) est internalisée au niveau de la plaque motrice où elle
bloque la libération d’acétylcholine. La plaque motrice est d
détruite, puis du fait d’un bourgeonnement nodal, une Fig. 1. Mode d’action de la toxine botulique. a : plaque motrice et toxine
nouvelle plaque motrice est constituée. Il s’agit donc d’une botulique injectée dans le muscle. b : la toxine a été internalisée dans la
vésicule présynaptique et la chaine lourde et la chaîne légère se sont
chémodénervation suivie de réinnervation. La succession
séparées. c la chaîne légère vient bloquer la libération d’acétylcholine au
des différentes étapes au niveau de la plaque motrice après niveau de la fente synaptique ; la contraction musculaire n’est plus
injection intramusculaire de toxine botulique est présentée possible. d : repousse axonale par phénomène de sprouting : une nouvelle
dans la Fig. 1. plaque motrice s’est reconstituée, la contraction est de nouveau possible.
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une fois l’effet chimique de la toxine épuisé, on peut espérer bilités motrices de l’enfant, de déterminer si la spasticité est
que l’enfant aura pu acquérir un nouveau schéma moteur. réellement gênante sur le plan fonctionnel : croisement des
Ailleurs, la durée d’action de la toxine aura permis d’étirer un membres inférieurs à la station debout par spasticité des
muscle et de surseoir à une chirurgie d’allongement. adducteurs interdisant toute progression, déficit d’extension
Le principal facteur limitant l’utilisation de la toxine est des genoux par spasticité des muscles ischio-jambiers, mar-
le nombre de muscles à injecter en cas de spasticité diffuse che en équin-recurvatum par spasticité du soléaire. La
et son effet transitoire nécessitant dans certains cas des spasticité peut également être néfaste par le raccourcisse-
injections itératives [1,5]. ment musculaire qu’elle induit et un bilan articulaire stan-
dardisé doit être fait. Il est fait à vitesse lente et à vitesse
rapide pour évaluer la part de la spasticité et des rétractions.
3. Évaluation de l’enfant infirme moteur cérébral La force musculaire est évaluée, et tout particulièrement
spastique le contrôle moteur sélectif qui est la possibilité de contracter
isolément un groupe musculaire sans faire apparaître de
L’IMC a été définie à Edimbourg en 1969 comme syncinésies [4].
un « désordre permanent, non immuable de la posture et du
mouvement dû à un dysfonctionnement du cerveau survenu 3.2. Évaluation du niveau fonctionnel
avant que sa croissance et son développement ne soient
complets ». Le trouble du mouvement est donc dû à une Le niveau fonctionnel de l’enfant est évalué avant et
lésion cérébrale qui se situe le plus souvent dans la région après injections. Dans de nombreuses études, le niveau
périventriculaire. Le trouble associe un syndrome pyramidal fonctionnel est évalué par l’évaluation motrice fonctionnelle
qui est constant, plus ou moins important, uni ou bilatéral, globale (EMFG) qui est la traduction française du gross
et un trouble du tonus postural allant de l’hypotonie axiale motor function mesure (GMFM) [9,11,20-22] ; ailleurs il
majeure à un déficit minime. s’agit du physician rating scale (PRS) [1,3].
La spasticité est évaluée selon l’échelle d’Ashworth le
3.1. Spasticité et possibilités motrices plus souvent, plus rarement selon l’échelle de Tardieu [4].
L’échelle d’Ashworth sert de référence dans la plupart des
La spasticité n’est qu’un des éléments du syndrome publications, particulièrement celles en langue anglaise.
pyramidal qui comprend par ailleurs un trouble de la L’échelle de Tardieu évalue pour une vitesse donnée (V1 :
motricité volontaire, une exagération des réflexes ostéoten- vitesse lente, V3 : vitesse rapide) non seulement la qualité
dineux, et accessoirement et de façon inconstante, une de la réaction musculaire, mais également l’angle pour
modification des réflexes cutanés et des syncinésies [17-19]. lequel apparaît cette réaction. Les deux échelles sont pré-
La spasticité, qui se définit comme l’exagération de la ré- sentées dans le Tableau 1.
ponse motrice réflexe du muscle à son étirement est un phé- Le bilan articulaire est standardisé et une analyse vidéo,
nomène qui traduit la plasticité du système nerveux central. cinétique et cinématique de la marche est pratiquée par de
En effet, pour compenser le déficit de la force musculaire, nombreuses équipes [3,8,20,23].
l’augmentation de la tension dans le muscle permet chez Certaines études font état de la mesure de l’endurance sur
certains patients une station debout. Le rôle positif de la tapis de marche [2], ou encore de la consommation d’oxy-
spasticité est démontré par le fait que lorsqu’on la supprime gène [24].
par des injections intrathécales d’un inhibiteur de la trans- Une publication fait état de la recherche systématique des
mission réflexe synaptique comme le baclofène, la station anticorps antitoxine avant la mise en route du traitement et
debout ou la marche ne sont plus possibles dans certains cas. d’une surveillance systématique. Il est intéressant de noter
Il est donc fondamental de faire un bilan complet des possi- que sur les enfants présentant une absence secondaire de

Tableau 1
Échelles d’évaluation de la spasticité
Échelle d’Ashworth modifiée Échelle de Tardieu
0 Pas d’augmentation du tonus musculaire Pas de résistance tout au long du mouvement passif
1 Discrète augmentation du tonus musculaire Discrète augmentation de la résistance au cours du mouvement passif
SANS ressaut perceptible
1+ Augmentation discrète du tonus musculaire, perception d’un ressaut
2 Augmentation plus marquée du tonus musculaire sur toute l’amplitude Ressaut franc survenant à un angle précis suivi d’un relâchement
articulaire
3 Augmentation importante du tonus musculaire. Mobilisation difficile Clonus épuisable survenant à un angle précis
4 Mobilisation impossible. Articulation fixée Clonus inépuisable survenant à un angle précis
.
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réponse au traitement, 6 % seulement avaient développé des par membre pour Dysportt sans excéder 1000 UI par séance
anticorps [1]. [12,29,30].
Les injections étagées et les doses relativement élevées
3.3. Quels muscles injecter ? semblent donner de meilleurs résultats et surtout plus
durables que les faibles doses [10]. Cependant des résultats
Au terme de ce bilan, les muscles à injecter sont définis. persistants au delà de 12 mois ont été observés avec de
Le muscle soléaire est le muscle de choix du fait de sa faibles doses [1,10,31]. Par ailleurs, lorsque les injections
richesse en fibres fusoriales ; néanmoins, tout muscle spas- sont étagées, la toxine est « consommée » sur place et des
tique mais non rétracté peut bénéficier d’injections de doses relativement importantes peuvent être injectées sans
toxine. L’objectif doit être fixé, cela peut être l’amélioration que la toxine ne diffuse dans la circulation générale et donc
de l’abduction des hanches pour faciliter les soins d’hy- avec peu d’effets indésirables [27].
giène, une meilleure stabilité de la station assise, ou dans les Au niveau des membres supérieurs, des études ont
cas plus favorables, l’amélioration du déroulement du pas, montré l’efficacité des injections de toxine botulique, mais il
ou encore l’amélioration de la vitesses de déplacement. est impératif que le membre ait conservé une fonctionnalité.
Dans certains cas, il peut s’agir d’un traitement à visée Les délais d’action pour les tâches complexes sont plus
antalgique essentiellement [25]. longs que pour les tâches élémentaires [32-36].
L’objectif doit toujours être clairement exposé à l’enfant L’analgésie est variable selon les équipes, parfois ab-
et à l’entourage afin d’éviter de faux espoirs. Si l’objectif sente, ailleurs associant diversement EMLAt, paracétamol
raisonnablement attendu est la limitation de rétractions et Entonoxt. Certaines équipes pratiquent les injections
musculaires, il ne faut pas laisser croire à l’enfant ou à ses sous anesthésie générale. Un repérage électromyographique
parents que l’objectif recherché par les injections est l’ac- est parfois nécessaire, notamment pour le jambier postérieur
quisition de la marche [17,26]. et les fléchisseurs des doigts. Pour le psoas iliaque, le
repérage par échographie est habituel [37,38].
3.4. Évaluation des résultats Les principaux effets indésirables sont la douleur au point
d’injection, la faiblesse musculaire dans les muscles injec-
Les résultats sont évalués à une fréquence variable selon tés, et parfois une asthénie généralisée. Des fuites urinaires
les équipes, parfois toutes les six semaines pendant 1 à 2 peuvent apparaître lorsque des doses proches des doses
ans, parfois de façon plus espacée [1,6]. Globalement, à un maximales sont injectées, notamment en cas d’injections
mois on évalue l’effet direct de la toxine, et à cinq mois proximales des membres inférieurs. La durée de ces inci-
l’effet résiduel obtenu par l’étirement du muscle et le travail dents excède rarement quelques jours [1].
des muscles antagonistes, la toxine étant alors complète- L’intervalle entre deux séances d’injection est variable, il
ment éliminée. ne doit pas être inférieur à trois mois. Le plus souvent les
injections sont faites tous les 6–12 mois [1,20,27].

4. Les injections
5. Les gestes associés
Quelle que soit la spécialité pharmaceutique utilisée, la
dose injectée est fonction du muscle à injecter et du poids de 5.1. Bottes plâtrées et orthèses
l’enfant. Une publication conjointe de 15 médecins ayant
une expérience dans la pratique des injections de toxine Certaines équipes accompagnent les injections de toxine
botulique a été faite afin d’établir un consensus dans le du port de bottes plâtrées, dans le but de potentialiser l’effet
traitement de l’enfant IMC par la toxine botulique [27]. des injections. Des études randomisées ont tenté d’évaluer
La toxine Botoxt est conditionnée en flacon de 100 UI et comparativement les résultats (qualitatifs, durée, coût) des
se conserve congelée. La toxine Dysportt se présente en bottes plâtrées versus toxine, et des injections de toxine
flacon de 500 ui et se conserve au réfrigérateur. Le ratio associées ou non à des bottes plâtrées [39-42]. Les résultats
d’efficacité Botoxt / tDysport est de 3/1 : ainsi 100 UI de ne sont pas toujours concordants, d’autant que le terme
Botox ont une efficacité équivalente à 300 UI de Dysportt. anglais de castings est imprécis ne différenciant pas toujours
Il est donc important de préciser les doses et la spécialité les bottes plâtrées non amovibles portées sur de courtes
utilisée [28]. Les doses maximales ont évolué ces dernières périodes, des orthèses nocturnes, amovibles dans la journée
années et on considère que la dose maximale est de 25 et qui peuvent être portées sur de plus longues périodes. De
UI/kg pour la toxine Botoxt et de 45 UI/Kg pour la toxine la même façon, la période à laquelle sont instituées les
Dysportt. La dose totale injectée par séance ne doit pas bottes plâtrées est variable, soit immédiatement après les
dépasser 200 UI par membre pour la toxine Botoxt, 500 UI injections, soit au bout de deux semaines, soit à distance des
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injections pour compléter le résultat. Globalement, l’adjonc- déambulation des enfants IMC, retardent l’apparition de
tion d’orthèses ne semble prolonger l’amélioration des rétractions fixées et contribuent à un plus grand confort dans
amplitudes articulaires enregistrées sur plate forme de les soins de nursing. Les différentes équipes s’accordent à
marche que de quelques mois. reconnaître que les résultats sont d’autant meilleurs que les
injections sont pratiquées tôt d’une part, et que le trouble est
5.2. Kinésithérapie modéré d’autre part [4,9,42]. Cependant, il ne faut pas
perdre de vue que le problème essentiel est le déficit de la
La kinésithérapie est systématiquement associée aux commande volontaire et que sur ce point, aucun traitement
injections. Dans les cas où elle avait été interrompue, il est n’a encore prouvé son efficacité.
souhaitable de la reprendre quelques semaines avant les Il est à noter que peu de communications font état des
injections pour débuter l’apprentissage du contrôle moteur résultats des injections de toxine botulique chez l’enfant
sélectif afin d’optimiser les effets de la toxine [6,20,27]. dans des pathologies autres que l’IMC. Si quelques expé-
Ainsi, chez l’enfant de moins de trois ans présentant un riences se sont révélées positives en cas de dystonie, de
équin dynamique isolé ou un schéma de marche en équin- séquelles d’accident vasculaire cérébral et de traumatisme
recurvatum, l’injection dans le soléaire associée à un crânien, il semble que peu de bons résultats aient été
apprentissage du déroulement du pas et à un renforcement obtenus dans les paraplégies familiales ou les pathologies
de la dorsiflexion du pied peut permettre l’installation d’un dégénératives. Il est donc capital de s’assurer que le
nouveau schéma de marche [1,5]. diagnostic est bien celui d’une IMC avant d’entreprendre un
traitement par toxine botulique chez un enfant spastique.
5.3. La chirurgie

Chez de nombreux enfants, le traitement par injections de Références


toxine botulique encadre une prise en charge chirurgicale,
les premières injections ayant pour objectif d’optimiser les [1] Koman LM, Brashear A, Rosenfeld S, Chambers H, Russman B,
Rang M, et al. Botulinum toxin type A neuromuscular blockade in
capacités fonctionnelles, avant une chirurgie étagée asso-
the treatment of equinus foot deformity in cerebral palsy: a multi-
ciant allongement musculotendineux, transferts musculaires center, open-label clinical trial. Pediatrics 2001;108:1062–71.
et parfois dérotations osseuses. L’âge idéal pour cette
[2] Massin M, Allington F, Allington N. Role of exercise testing in the
chirurgie se situe entre 8 et 12 ans [43]. Il n’est pas functional assessment of cerebral palsy children after botulinum A
exceptionnel que du fait d’une spasticité résiduelle des toxin injection. J Pediatr Orthop 1999;19:362–5.
injections soient de nouveau pratiquées à distance de la [3] Koman LA, Mooney F, Smith BP, Walker F, Leon JM. Botulinum
chirurgie [44]. toxin type A neuromuscular blockade in the treatment of lower
Il est intéressant de noter l’effet antalgique des injections extremity spasticity in cerebral palsy: a randomised, double blind,
de toxine botulique en pré- ou peropératoire dans les placebo-controlled trial. Botox study group. J Pediatr Orthop 2000;
20:108–15.
muscles allongés, permettant de diminuer la consommation
d’antalgiques en postopératoire [45]. [4] Boyd R, Graham HK. Objective measurement of clinical findings in
the use of botulinum toxin type A for the management of children
with cerebal palsy. Eur J Neurol 1999;6(Suppl 4):23–35.
5.4. Instillation intrathécale de baclofène
[5] Metaxiotis D, Siebel A, Doderlein L. Repeated botulinum toxin A
injections in the treatment of spastic equinus foot. Clin Orthop
Par ailleurs, en cas de spasticité généralisée, de contrac- 2002;394:177–85.
tures, du fait du nombre élevé de muscles qu’il faudrait
[6] Boyd RN, Hays RM. Current evidence for the use of botulinum
injecter et des doses élevées qui en résulteraient, il est toxin type A in the management of children with cerebral palsy: a
envisageable chez l’enfant de plus de sept ans d’implanter systemic review. Eur J Neurol 2001;8(suppl 5):1–20.
une pompe à instillation intrathécale de baclofène. Ce [7] Koman A, Mooney J, Smith B, Goodman A, Mulvaney T. Manage-
traitement, tout comme le traitement par toxine botulique est ment of spasticity in cerebral palsy with botulinum-A toxin: report
proposé après un bilan fonctionnel et neuropsychologique of a preliminary randomised, double blind trial. J Pediatr Orthop
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à un geste chirurgical osseux ou sur les parties molles [46]. [8] Sutherland D, Kaufman K, Wyatt M, Chambers H, Mubarak S.
Double-blind study of botulinum A toxin injections into the gastro-
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6. Conclusion
[9] Love SC, Valentine JP, Blair EM, Price CJ, Cole JH, Chau-
vel PJ. The effect of botulinum toxin type A on the functional ability
Il est aujourd’hui clairement établi que les injections de of the child with spastic hemiplegia: a randomised controlled trial.
toxine botulique contribuent à améliorer les possibilités de Eur J Neurol 2001;8(Suppl 5):50–8.
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