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CONCOURS SPÉCIAL TI 183

lère épreuve 1/7

CONCOURS SPtCIAL T'

PREMIERE EPREUVE DE MATHEMATIQUES


: 4 heures. - COEFFICIENT
DURÉE :6

La qualité de la rédaction et de la présentation, la clarté et la précision des raisonnementsconstitueronfun


élément important pour l'appréciationdes copies.
L'usage des instruments de calcul est autorisé.

NOTATIONS ET OBJECTIFS DU PROBLhIE

Gtant donnés un nombre réel a > O et un entier r > O, on note E r (resp. E") l'espace vectoriel des
fonctions a valeurs complexes de classe C'(resp. C") sur [O, a].On note Fr(resp. F") le sous-espace vectoriel
constitué des fonctionsf telles que, pour tout entier k E [O, r],Dkf (O) = O (resp. telles que, pour tout entier
k 2 O, Dkf(0)= O). Les espaces Eoet Fo sont plus simplement notés E et F.
On note P l'opérateur de primitivation, qui à tout élément f de E associe l'élément Pfde E défini sur

[O, a] par la relation Pf ( x ) =


I,'
f (t) dt. Pour tout entier r b O, l'opérateur Pr s'appelle primitivation d'ordre r
(on convient que Po = 1, oh 1désigne l'identité).
L'objectif du problème est d'étudier les opérateurs de primitivation P, d'ordre a réel non entier (ou plus
généralement complexe), ce qui fait l'objet des parties III et IV. Dans les deux premières parties, on établit des
propriétés préliminaires concernant les fonctions eulériennes Gamma et Bêta.

1. l?IlJTlE DE LA FONCTION GAMMA

On note U l'ouvert de C constitué des nombres complexes z = x + iy tels que x > O. L'objectif de cette
partie est d'étudier la fonction r qui à tout élément z de U associe

1. Propriétés de t =.

+ '.
iy et pour tout nombre réel t > O, on pose f Z = eZ1"
, Pour tout nombre complexe z = x
a. Soit cp une fonction a valeurs complexes de classe Cl sur ]O, + a[.Prouver que t -
eV(')est de
classe Cl sur ]O, + * [ et que D eq = eV Dcp . (On écrira cp sous la forme cp = v + ix, OÙ v et x sont à
valeurs réelles.)
- d
b. En déduire que, pour tout nombre complexe z, t f est de classe C' sur ]O, + * [ et que - (fi) = ztz-' .
dt
c. En déduire aussi que, pour tout nombre complexe z et pour tout nombre réel t > O, la fonction u
d
Pz -
estdeclasseC'sur]-*, + *[etque - ( Y z ) = z l n t P .
du
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lère épreuve 2/7

d. Prouver que pour tout nombre complexe z = x + iy, 1 t'l = P.


e. Soient c et d des nombres réels tels que O < c < d et B , , la bande verticale constituée des Cléments z
de U tels que c Q x 6 d Gtablir, pour tout élément z de Bc,d,les majorations suivantes :
Ifz[ d tc si t E ] O , 11;
ltzl Q r' si t E [ l , + a[.

2. Déjinition et éqquationfonctionnelle de la fonction Gamma.


a. Gtablir que, pour tout élément z = x + iy de U, l'intégrale (1) est absolument convergente. (On
découpera ]O, + a [ en ]O, 1] et [ 1, + 03 [ ). Montrer que pour tout élément z de U, 1 r (2) 1 Q r (x).
b. Prouver que, pour tout élément t de U,
(2) r (Z + 1) = t r ( t ) ,
puis que, pour tout entier k 2 1,
(2') r ( t +k ) = ( ~ k+ - 1 ) ( ~ +k - 2 ) ... zr(t).
c. Calculer r ( 1), puis r ( k) pour tout entier k 2 1.

3. Continuité de la fonction Gamma.

Pour tout entier n 2 2, on note r,, la fonction définie sur U par la relation :

rn(t)= 1; e-' tZ-l dt.


a. Prouver que r,,est continue sur U.
b. Montrer que r, converge uniformément sur toute bande verticale B , d vers r .
c. En déduire que r est continue sur U.

4. Dérivabilité de r sur l'axe réel.


Dans cette question, on étudie la dérivabilité de x - T(x) sur ]O, +
est de classe C" sur ]O, + 03 [ et que, pour tout entier r 2 O,
03 [. On se propose de prouver que r

(3) Drr(x)= e-'(lnt)'t"-' dt.

a. Jhblir la convergence absolue des intégrales (3).


b. En utilisant la suite des fonctions rn,établir, par récurrence sur r, que r est de classe C'sur ]O, + 03 [ et
que D T est donnée par la relation (3).
5. Convexité logarithmiqued e r .
a. Soit L2 l'ensemble des fonctions f à valeurs réelles continues sur ]O, + a[ et telles que l'intégrale
1; " f ( t )dt converge.

Montrer que L2 est un sous-espace vectoriel de l'espace vectoriel des fonctions continues sur ]O, + a [.
Prouver que l'application (f, g ) - (f 1 g) = 1 O
+m
f(t) g (t)dt , dont on justifiera l'existence, définit
un produit scalaire euclidien sur l'espace vectoriel L
' .
b. Grâce a l'inégalité de Schwarz appliquée a des éléments f et g de L2convenablement choisis, prouver
que, pour tout élément x de ]O, + a [, r'2( x ) Q r ( x ) r"(x).
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lère épreuve 3/7

c. Prouver que, pour tout x > O, r ( x ) > O. On pose Y ( x ) = ln r ( x ) .


Calculer la dérivée première et la dérivée seconde de Y.
etablir que la fonction Y est convexe sur ]O, + 00 [ .

6 . Comportementasymptotique der au voisinage de + 00.

a Soit 6 un élément de ]O, 11. Prouver que, pour x > 1,


Y(x) - Y ( x - 1) < x1[ Y ( x + 6)- Y ( x ) ] < Y ( x + 1) - Y (x).
(On utilisera les propriétés des pentes des sécantes de la fonction Y).
b. En déduire, sous les mêmes hypothèses, l’équivalence suivante :

(4)
c. Montrer enfin que (4) est encore valable pour tout nombre 6 > O.
Pour cela, on pourra écrire 6 sous la fonne 6 = k + 6’, où k est entier naturel et O < 6’ < 1 et utiliser
l’équation fonctionnelle (2’).

II. &TUDE DE LA FONCI’ION B&TA

L‘objectif de cette partie est détudier la fonction B qui a tout Clément (p, 4)de V - U X U associe :

B (p, 4)= 1; tp-l (1 - 1)q-l dl

1. Définition et équationfonctionnelle de B.

a. etablir que, pour tout Clément (p, 4) de V, l’intégrale ( 5 ) est absolument convergente, et que
IB (p, 4)l G B ( p ’ , q ‘ ) , oùp’ = R e p et 4’= Re 4.
b. Prouver que, pour tout élément (p, 4)de V,
B (P, 4 ) = B (4, Pl.
c. Montrer que, pour tout élément ( p , 4) de V,

En déduire que :
P4
B ( p + l , 4 + l ) =( p + 4 ) ( p + B (P, 4 ) -
4 + 1)

2. Relationfondamentale entre lesfonctions Bêta et Gamma.


On se propose de prouver que, pour tout Clément ( p , 4) de V,
(7) r ( P )r ( 4 ) = r ( P + 4 ) B (P, 4 ) *
a. Montrerqu’ilsuKt détablir(7)lorsque R e p > 1 et Re q > 1 .

continuité en O les fonctions x -


Dans toute la suite de cette question, on suppose que ces conditions sont satisfaites;on prolonge alors par
xp - ety- Y S - ’ .
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lère épreuve 4/7

b. l h n t donné un nombre réel b > O , on note K, le carré [O, b] X [O, b] et on pose, pour tout z tel
que x > 1 ,
e- t t z - dt.

Prouver que

C. On note cp l'endomorphisme de R2 défini par cp ( x , y) = (4v), où u = x + y et v = x . Prouver


que cp est un automorphisme et préciser son déterminant. Exprimer x et y en fonction de u et v .
d. Soit Q, l'image par cp du carré Kb. Préciser les inéquations portant sur ( 4 v ) qui traduisent l'appar-
tenance de ( u, v) à Q, et tracer Q, sur une figure.
Prouver que

e. Soit Tb le triangle constitué des points (4v) de R2 tels que O Q v Q u G b . Gtablir que
T, C Q, C T,, et placer T, et T,, sur la figure précédente.

f: Prouver que, pour tout Clément u de [O, b],

1 vp-l (u - v)q-ldv = uP+q-l B(p,q).

En déduire que

II,, e - " v P - l ( u - v)q-ldudv= r , ( p + q ) B ( p , q ) .

g. On suppose p et q réels, p > 1, q > 1 . A partir des résultats précédents, établir que, pour tout b > O,
r b b + 4 ) B (P,4 ) rbb)L ( q ) G + 4 ) B (p, 4 )-
En déduire la relation (7) lorsque p et q sont réels.
h. On suppose p et q complexes, tels que pr = Re p > 1 et q r = Re q > 1.
Etablir que, pour tout b > O ,

Pour cela, on montrera que pour toute fonction f à valeurs complexes continue sur
[O, + a [x [O,+ 4 Y

En déduire la relation (7) dans le cas général.

3. Zéros de la fonction Gamma.


Z
a. Prouver que, pour tout Clément z de U , 5 appartient à U et que
CONCOURS SPÉCIAL TI 187
Ière épreuve 5/7

b. Montrer que, pour tout Clément z de U , r ( 2 ) # O .


On raisonnera par l'absurde en supposant qu'il existe un point w' de U tel que r (w) = O. On
prouvera alors que, pour tout entier n 2 O , r ($) =O, puis que r
III. PIUMITIVAT'ION D'ORDRE a NON ENTIER

Dans toute la suite du problème, étant donné un élément a = fJ + iy de U , c'est-à-dire tel que > O,
on appelle primitivation d'ordre a l'application Pa qui, à tout élément f de E, associe la fonction Pa(f)
définie sur [O, a] par la relation :

On note L" l'espace des fonctions à valeurs complexes bornées sur [O, u ] , muni de la norme
f- N,(f) = SUP IfW.
r E [O. 01

On munit l'espace vectoriel E de la norme N, et, pour tout endomorphisme continu A de E, on


pose I A I = sup N, (A (f))*
N,(f) 4 1

Enfin, pour tout éliment A de U , on note e, l'élément de E défini par :

1. Déjinition et continuité de Pa .

a, Etablir que, pour tout éliment f de E et pour tout élément x de ]O, a ] , l'iitégrale (8) est absolument
convergenteet que

(9)

On prolonge désormais par continuitéPa(f ) en posant P, (f)(O) = O.

et que l'application f - Pa ( f )est linéaire.


En déduire que, pour toute suite (f,) déléments de E convergeant vers f uniformément sur [O, a], alors
(Pa(f,))converge vers Pa( f )uniformément sur [ O , a].
d. Prouver que Pa (1) = e, et que pour tout Clément A de U,

(10) Pa ( e ~ =
) ea+,.

e. Etablir que, pour tout Clément f de E, P,(f) appartient aussi à E. Pour cela, on montrera d'abord, grâce
I
à (lO), que pour toute fonction polynomiale Q, P,(Q) appartient à E.On utilisera ensuite le théorème
suivant (que l'on ne demande pas de démontrer) : pour tout éliment f de E, il existe une suite Q, de
fonctions polynomiales convergeant vers f uniformément sur IO,a ] .
188 CONCOURS SPÉCIAL T'
lère épreuve 6 / 7

f: En conclure que Pa définit un endomorphisme continu de E et que

aa
Etablir que, si a est réel, (1 1) est une égalité ;autrement dit IIPa I = (On peut prouver que,
r ( a+ 1 ) '
si a est complexe, (1 1) est encore une égalité ;cette démonstration n'est pas demandée.)
2. Equation fonctionnelle de Pa.
a. Prouver que, pour tout entier n 2 1, P, = P", où P désigne l'opérateur de primitivation.
b. gtablir que, pour tout couple (a, a' ) d'Cléments de U,

Pour cela, on utilisera la méthode de l.e., en prouvant d'abord que les endomorphismes Pa Pal et
Pa + ,' prennent la même valeur sur les fonctionspolynomiales.
3. Régularité de la fonction P, (f ).
a. On suppose que Re a > S où k est entier positif.
Montrer que, pour tout élément f de E,Pa cf) = Pk(Pa- k ( f )). En déduire que Pa cf) appartient a F k
v)
et que D k P a = P a - k cf).
b. On suppose que f appartient a El.Vérifier que f = P (Df) + f ( 0 ) .En conclure que si, en outre,
f(O) = O, alors Pa cf) appartient à F1et que DP, cf) = Pa D cf).
4. Noyau et image de Pa.
a. On suppose que O < Re a < 1. Prouver que, pour tout élément f de E, DP, - ,(Pacf)) = fi en déduire
que Pa est injectif.
Etendre ce résultat au cas où a est un Clément quelconque de U.
b. On suppose à nouveau que O < Re a < 1.
Prouver qu'un élement g de E appartient à l'image de Pa si et seulement si g appartient à F et P, - (g)
appartient a E et que, dans ces conditions, l'équation Pa cf) = g admet une solution et une seule, à
savoir f = DP, - ,(g).
Prouver que F ll E est contenu dans Im Pa.
c. gtablir que, pour tout élément a de U, Pa induit un automorphisme de F . OD

IV. eTuDE DU SPECTRE DE Pa.


Soit a un élément de U.
1. Normes des itérés de Pa.
a. On suppose que a est réel ;autrement dit, a = p.
Prouver que, pour tout entier n 2 1,

b. On suppose que a est un élément quelconque de U, et on pose : r(P)


'ae Ir(a)l a
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Ière épreuve 7/7

Gtablir par récurrence que, pour tout entier n 2 1,tout éliment f de E et tout éliment x de [O, a ] ,

Ipna V) (XII 4 C: en6 (x)NaV).


En déduire que, pour tout n 2 1,

anfi
(13') IIP:lI Q C:r(np + 1).

anp
c. Soit ( u n )la suite de nombres réels strictement positifs définis par la relation un -
- C:r(np + 1)'

Prouverque -tend vers O lorsque n tend vers +


+ (utiliser la relation (4)). En déduire que, pour
un

tout nombre réel p > O,

(14) lim p" IIP:(( = o.


n- + m

2. Valeurspropres de Pa
a. Soit CI un éliment non nul de Q= et f un élément de Ker (Pa - p 1), c'est-à-dire tel que Pa (f ) = pf:
1
Montrer que f = O (on prouvera que, pour tout entier n 2 1, f = -P :(f)).
CI"
6. Prouver que l'endomorphisme P, n'admet aucune valeur propre.

3. Inversibilité de 1 - k Pa. + m

a. Montrer que le rayon de convergence de la série entière 1 unl n est égal à + m. On note S , (h)
n=O
la somme de cette série.
b. Soit h unnombrecomp1exe;onpose p = 111.
+ m

Montrer que, pour tout élément f de E, la série de fonctions 1 h " P: (f) est normalement conver-
"-0
gente sur [O, a ] . Soit R i(f) sa somme. Prouver que R, est un endomorphismecontinu de E et que

IIR,II 4 S a (P).
c. Gtablir enfin que, pour tout nombre complexe h, l'endomorphisme 1 - h Pa admet R, pour inverse.
En particulier, pour tout Clément g de E, I'équation intégrale

(15) f- kPa(f) = g
admet une solution f et une seule dans E, à savoir f = R, (g).

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