Vous êtes sur la page 1sur 13

IV.

Méthodes de protection contre la corrosion


IV.1. Introduction
Elles peuvent être divisées en deux catégories :
1- Les méthodes passives qui consistent en divers revêtements ou
application d’inhibiteurs de corrosion. Ces méthodes sont
coûteuses en matières premières.
2- Les méthodes actives : ce sont les méthodes électrochimiques
utilisant un générateur. Ces méthodes sont coûteuses en énergie.
IV.2. Moyens passifs
IV.2.1. Application de revêtement
Le revêtement consiste à couvrir la surface d’un métal par une
couche protectrice. Le revêtement permet d’isoler le matériau
(métal) de son environnement (eau, dioxygène dissous).

Les métaux et alliages (mélange de deux ou plus de métaux)


peuvent être protégés par des revêtements organiques tels que les
peintures, les vernis ou des revêtements métalliques, chimiques ou
non organiques dont les propriétés principales sont
l’imperméabilité et la résistance au temps et à l’eau.
Au préalable, la surface à protéger doit être traitée. Ce traitement
comporte :
 Un décapage ;
 Un dégraissage ;
 Un polissage de surface. Les deux premiers servent à nettoyer le
métal, le troisième à améliorer l’aspect de la surface pour que
l’adhérence du futur revêtement soit le mieux.
 Les revêtements organiques
Ce sont les peintures ou les vernis. Pour que la protection soit
efficace, la peinture doit être appliquée en plusieurs couches
successives : les couches primaires (imperméables) assurent
l’adhérence et la protection contre la corrosion. Elles sont
généralement de couleur orange. Les couches intermédiaires et
de finition sont destinées à protéger les couches primaires et
donner aux structures métalliques un aspect agréable (couleur,
toucher…).
La protection contre les acides, les bases ou les liquides et les gaz
corrosifs peut être obtenue en recouvrant la surface du métal par
une couche épaisse de matière plastique ou caoutchouc ou une
peinture à base de minium Pb3O4. Le tableau ci-dessous regroupe
les différents types de peinture utilisée.
Revêtements non organiques
Il s’agit des revêtements à base de béton ou de porcelaine (argile +
sable).
 Les revêtements chimiques
La phosphatation appliquée surtout aux aciers. Elle consiste à
immerger (plonger) la pièce métallique dans l’acide
phosphorique (H3PO4), il se forme un film (couche) protecteur
de phosphates de fer (II) ou fer (III).
𝐹𝑒 + 2𝐻 + → 𝐹𝑒 2+ + 𝐻2
𝐹𝑒 2+ + 𝐻2 𝑃𝑂4 − → 𝐹𝑒3 (𝑃𝑂4 )2 + 4𝐻 +

Le 𝐹𝑒3 (𝑃𝑂4 )2 formé constitue la couche protectrice.


 Revêtements métalliques
Ils consistent à couvrir la surface du métal à protéger par un autre
métal. Ces revêtements peuvent être obtenus par immersion ou
électrolyse.
 Revêtement par immersion
Il suffit de plonger le métal à protéger dans un bain d’un autre
métal fondu. Par exemple, pour protéger une pièce en fer on la
plonge dans du zinc à l’état fondu. Certains bijoux sont également
plongés dans un bain d’or liquide. L’inconvénient de la méthode
d’immersion est que le revêtement n’est pas bien étalé sur toute la
surface et la couche protectrice n’est pas homogène de point de vu
épaisseur.
 Revêtement par électrolyse ou électrodéposition ou dépôt
électrolytique
Ce procédé est réalisé en utilisant un générateur relié à deux
électrodes : anode et cathode selon le schéma ci-dessous :
A la cathode, il se produit une réduction et à l’anode, il se
produit une oxydation.
1- Le métal à protéger se trouve à la cathode ;
2- Le métal qui se dépose est utilisé sous forme de solution.
Exemple on veut déposer le nickel on utilise une solution
contenant les ions Ni2+ (NiSO4 ou NiCl2) ;
3- Les ions Ni2+ subissent une réduction au niveau de la
cathode : Ni2+ + 2é  Ni (*), le Ni se dépose à la surface
du métal qu’on cherche à protéger ;
4- On peut calculer la masse m de Ni qui se dépose selon la
𝑴×𝒊×𝒕
formule : 𝒎 = 𝒏×𝑭

i : intensité du courant
t : le temps de l’électrolyse ou électrodéposition
n : nombre d’électron mis en jeu dans la réaction de réduction
F : la constante de Faraday (F = 96500 C/mol)
M : la masse molaire du métal qui se dépose : exemple le Ni).
5- On peut également calculer la vitesse du dépôt :
𝑴×𝒋
𝒗=
𝒏×𝑭×

𝒋: densité de courant (A/m2)


 : masse volumique du métal qui se dépose (kg/m3)
IV.2.3. Les Inhibiteurs
IV.2.3.1. Définition
Les inhibiteurs de corrosion sont des produits chimiques qui, ajoutés à
l’eau ou tout autre fluide de process, réduisent la vitesse de corrosion
d’un métal. On les classe habituellement en : inhibiteurs anodiques,
cathodiques ou mixtes, suivant leur mode d’action. L’efficacité de la
plupart des inhibiteurs de corrosion est considérablement influencée
par les caractéristiques chimiques de l’eau et les conditions physiques
comme la température et la vitesse d’écoulement.
IV.2.3.2. Inhibiteurs anodiques
Les inhibiteurs anodiques forment un film protecteur sur les surfaces
anodiques en bloquant la réaction électrochimique de dissolution du
métal c'est-à-dire l’inhibiteur anodique empêche la réaction
d’oxydation du métal.
Comme inhibiteur anodique, on peut utiliser les nitrites de calcium. La
réaction est:

𝟐𝑭𝒆𝟐+ + 𝟐𝑶𝑯− + 𝟐𝑵𝑶𝟐 − ⇌ 𝟐𝑵𝑶 + 𝑭𝒆𝟐 𝑶𝟑 + 𝑯𝟐 𝑶

Fe2O3 formé va constituer une couche protectrice pour la le fer. De ce


fait, le mécanisme de l’inhibition anodique se produit par passivation.

IV.3.2.3. Inhibiteur cathodique


Ce type d’inhibiteur empêche la réaction de réduction du milieu c'est-
à-dire la réaction cathodique. Exemple, si on a un milieu acide
(corrosif) il suffit de neutraliser l’acide en ajoutant une base. Dans ce
cas le milieu qui est les ions H+, ces ions ne vont pas se réduire mais s
vont réagir avec OH-. On dit que les OH- sont des inhibiteurs de H+.
IV.3. Moyens électrochimiques
IV.3.1. Protection cathodique
Elle consiste à maintenir le métal dans son domaine d’immunité. Elle
est surtout utilisée pour la protection des canalisations métalliques
(tuyauteries) souterraines ou les constructions se trouvant en contact
avec l'eau, tels que les câbles, les réservoirs, les conduites, etc.
L'avantage de la protection cathodique est la grande économie avec
une utilisation pratiquement illimitée.
La protection cathodique a obtenu une grande importance dans
l'application dans le domaine de transport du pétrole et gaz. Le
principe de la protection cathodique consiste à abaisser la tension
(potentiel) métal-milieu de manière à maintenir le métal dans son
domine d'immunité. D’une autre manière, pour protéger un métal il
faut se placer dans son domaine d’immunité, c'est-à-dire il faut
appliquer au métal un potentiel inférieur à son potentiel de protection.
Ce dernier est déterminé à partir de la loi de Nernst pour une
concentration en ion dissout égale à 10-6 M.
 Protection cathodique par anode sacrificielle
Pour protéger un métal contre la corrosion on le met en contact
avec un autre métal de plus faible potentiel. Il se forme une pile
galvanique dont l’anode est le métal qui se sacrifie et le métal à
protéger constitue la cathode.
Exemple :
On utilise du magnésium pour protéger la canalisation en fer. On
forme une pile galvanique où le Mg va s’oxyder et Fe reste intact car
E°(Fe2+/Fe) = ̶ 0,44 V > E°(Mg2+/Mg) = ̶ 2,66V
Le schéma du principe

R
Sens des électrons V Cathode : canalisation en
- + fer
anode en Mg

Sol aéré

Les réactions qui ont lieu sont:


A l’anode : 𝑀𝑔 ⇌ 𝑀𝑔2+ + 2é oxydation anodique
A la cathode : 𝑂2 + 2𝐻2 𝑂 + 4é ⇌ 4𝑂𝐻− réduction cathodique
Schéma du principe de la protection cathodique par anode sacrificielle
Protection cathodique par courant imposé
IV.4. Protection des métaux contre la corrosion gazeuse ou sèche
Pour protéger les métaux contre la corrosion gazeuse il faut :
1- Introduire des composants thermostables dans le métal.
Production des alliages thermostables. Ces composants sont
capables d’abaisser la vitesse d’oxydation.
Par exemple, on introduit dans le fer du chrome, silicium ou
aluminium.
Si on ajoute 3,5% de Al dans le fer, la capacité de protection contre
la corrosion augmente. Fe- 3,5% Al stable même à T=900°C
Si on ajoute 5% de Cr dans le fer, on obtient un alliage inoxydable
(acier inoxydable).
2- Recouvrir la surface des métaux par des recouvrements
thermostables.
Il faut tremper le métal de base dans le métal fondu (exp. Cr ou
Al). Cette opération a pour but de former une couche d’alliage à
la surface du métal.
IV.5. Moyen de lutte contre la corrosion des aciers par une eau
chargée en chlorures : Corrosion par piqure
 Choisir des matériaux métalliques résistants à la teneur élevée en
oxygène, la salinité, le pH (milieu acide) et la température. A
titre d’exemple, les aciers inoxydables en molybdène et les
alliages en nickel (35-45%). Pour les équipements (les
refroidisseurs au niveau de l’unité de décarbonatation) utilisant
l’eau de mer, il est préférable d’utiliser les alliages à base de
titane.
 Eviter les conceptions d’équipements pour lesquels des
stagnations d’eau chargée en chlorures sont possibles.
 Pour les équipements en acier inoxydable, essayer d’utiliser des
eaux avec une teneur en chlorures inférieures à 20 ppm.
 Pour les équipements calorifugés (maintiennent une température
constante) tels que les réservoirs de stockage en acier
inoxydable, la protection par un revêtement en aluminium est
efficace.
 Protection cathodique pour les équipements dans l’eau de mer
IV.6. La corrosion biochimique ou biocorrosion
IV.6.1. Principe de la biocorrosion
 Elle est due à l’activité des microorganismes utilisant le métal
comme milieu nutritif ou secrétant des produits qui altèrent le
métal. La biocorrosion est favorisée par les sols, les eaux
stagnantes et certains produits organiques, des eaux contenant des
sulfates.
 Certains métabolismes bactériens s’avèrent en effet extrêmement
étonnants. On connaît ainsi des bactéries produisant de l’acide
sulfurique ou de l’acide sulfhydrique (H2S) ; d’autres produisent
des sels ferriques concentrés ; d’autres enfin produisent ou
consomment des nitrates ou des nitrites, etc. Par voie
microbiologique, elles peuvent donc tout autant produire des
agents corrosifs que consommer des composés favorables
(inhibiteurs de corrosion, agents passivants.
IV.6.2. Moyens de lutte contre la corrosion bactérienne
- les bactéricides ou les biocides
Ce sont des substances chimiques ayant le pouvoir d’éliminer les
bactéries ou toute autre forme de microorganismes. Les bactéricides
(antibiotiques) contiennent une ou plusieurs des familles de composés
suivants:
Amines grasses et dérivés
Composés azotés cycliques
Dérivés nitrés
Hétérocycles soufre-azote
Aldéhydes
Ce type de protection est valable pour les équipements à l’intérieur
des puits, pipelines, les canalisations et les équipements sous pression.
Les parties extérieures des installations enterrées ou immergées
peuvent être protégées par peinture ou revêtements et protection
cathodique.

Vous aimerez peut-être aussi