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Domaine : Sciences et Technologies

Parcours : LICENCE
Etablissement : ENSI
____________________________________________________________________

Intitulé du parcours : Licence Professionnel Cadre Technique des Travaux de


Génie Civil
GEC 350

COURS D’ASSAINISSEMENT

Crédits : 3
Public cible : Etudiants en licence génie civil
Semestre : 6
Pré-requis : avoir des naissances en hydraulique et hydrologie

Comlan ASSIOBO-KOUGLO
Assistant non docteur
Ingénieur Génie Civil
11BP12 Lomé, Tél 90044762

Disponibilité pour échanger avec les étudiants : jeudi 9h – 11h

Avril 2020

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DESCRIPTION DE L’UNITE D’ENSEIGNEMENT

Intitulé du parcours : Licence Professionnel Conducteur des travaux Génie Civil

Semestre d’évolution : Harmattan 3

Code et intitulé de l’enseignement : GEC350 ASSAINISSEMENT

Nombre de crédits : 3

Enseignant responsable de l’UE : ASSIOBO-KOUGLO Comlan, Assistant


non docteur, Génie Civil, tél : (00228) 90044762 Email :
ckassiobo@yahoo.fr

Public cible : Cette UE s’adresse aux étudiants inscrits pour se former à l’exercice du
métier de Génie Civil

Prérequis : Pour suivre cet enseignement, vous devez avoir des compétences en
Ecoulement à surface libre et hydrologie

Objectifs de l’UE

- Objectif général : Cette UE vise à fournir aux apprenants les moyens de gestion des
excréta, eaux usées et pluviales pour la protection du cadre de vie et du milieu naturel

- Objectifs spécifiques : A la fin de l’UE, les étudiants seront capables de :


1. Identifier les différentes eaux dans la concession et dans la ville
2. Décrire les différentes sources de pollutions des eaux pluviales, du
milieu naturel et de l’environnement.
3. Expliquer le fonctionnement des différents types de latrines dans les
concessions
4. Evaluer la capacité des différents types de latrines dans les concessions
5. Choisir les différents types d’épurateurs pour le traitement des eaux
dans les concessions
6. Expliquer le fonctionnement des différents systèmes d’assainissements
dans le milieu urbain
7. Evaluer le débit des différents sous bassins et bassins versants
8. Evaluer la capacité des canalisations et canaux de collecte et
d’évacuation des eaux de ruissellement

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9. Décrire les ouvrages de maîtrise des eaux de ruissellement en temps de
pluie
10. Evaluer la capacité des ouvrages de maîtrise des eaux de ruissellement
11. Décrire les différents ouvrages de traitement des eaux usées dans le
milieu urbain
12. Décrire les différentes méthodes de maintenance et réhabilitation d’un
réseau

Langue d’enseignement : Français

Bref descriptif de l’enseignement : (Dire le fondement ou la raison d’être du cours


dans le programme. Dire comment les savoirs seront réinvestis : Max 10 lignes)

Cette UE a pour objectif principal de présenter aux étudiants, les différents composants
(combinatoires, séquentiels) d’un système logique, afin de pouvoir en faire la conception ou
l'analyse.

Cette Unité d’Enseignement permet de présenter à l’étudiant les différents types d’eaux dont il
aura la responsabilité de gérer dans sa vie professionnelle. Selon le degré de pollution de ces
eaux, il existe des ouvrages adéquats de gestion. Pour protéger le milieu naturel contre la
pollution il faut connaître les normes de rejet. Différentes méthodes permettent d’évaluer les
besoins en eau, les débits en un point du réseau et la capacité des collecteurs et ouvrages
d’assainissement eaux usées et pluviales. Les eaux usées nécessitent des traitements. Des
procédés de traitement seront décrits et évalués pour permettre à l’étudiant d’opérer des choix
en fonction du diagnostic qu’il aura posé.
Assainissement autonome : Définition, conception des latrines, traitement des eaux usées dans
les parcelles, gestion des eaux pluviales dans les parcelles
Assainissement collectif : Définition, estimation des débits des eaux usées et pluviales,
Organisation
conception des de l’enseignement
réseaux (objectifs,
d’égout et ouvrages contenu /activités, méthodes
d’assainissement
d’enseignement/apprentissage)
Traitement des eaux usées : Définition, différentes méthodes de traitement des eaux usées
Entretien et réhabilitation : Définition, différentes techniques d’entretien des ouvrages
Séance Activités Formules et Matériel/
Objectifs N° d’enseignement/apprentissage techniques Support
pédagogiques pédagogique
Evaluer les 1 Semaine 1 : Présentiel
différentes eaux 1. Activités de lancement du cours :
• Prise de contact
usées dans la • Exposés
• Présentation du nouveau contexte
• Echanges,
concession et d’apprentissage à l’UL : cours en ligne et Support de cours
discussions
dans la ville en présentiel
• Test de contrôle Vidéo projection
• Présentation du syllabus
de connaissance
• Présentation du scénario pédagogique,
• Parcours du lexique des concepts-clés,
• Présentation des ressources documentaires,

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2. Généralités

- Les différentes eaux de


l’assainissement
- Schéma directeur de
l’assainissement
- Quantité d’eaux usées
- Origines des eaux usées

Décrire les 2 Semaine 2 : En ligne


différentes
3. Généralités (Suite)
sources de
pollutions des - Eaux pluviales
eaux pluviales, du - Milieu naturel • Exposés
milieu naturel et • Echanges,
- Environnement Support de cours
de discussions
- Les polluants • Test de contrôle Vidéo projection
l’environnement - La règlementation de connaissance
- Assainissement

4. Travaux dirigés : Estimation de la


population et de la quantité des EU

Expliquer le 3 Semaine 3 : En ligne


fonctionnement
5. Assainissement autonome
des différents
types de latrines - Principes généraux des
dans les • Exposés
installations • Echanges,
concessions - Débit des eaux dans discussions Support de cours
l’habitation Vidéo projection
Test de contrôle
- Différents types de latrines
de connaissance

6. Travaux dirigés : Equipements


d’assainissement

Evaluer la 4 Semaine 4 : En ligne


capacité des
différents types 7. Dimensionnement des fosses • Exposés
• Echanges,
de latrines dans - Les latrines sèches discussions Support de cours
les concessions - Les fosses septiques Vidéo projection
Test de contrôle
- Les dégraisseurs de connaissance
- Les puits d’infiltration

4
8. Travaux dirigés : Equipements
d’assainissement

Choisir les 5 Semaine 5 : En ligne


différents types
9. Les épurateurs
d’épurateurs pour • Exposés
le traitement des • Echanges,
- Principes généraux des discussions Support de cours
eaux dans les installations Vidéo projection
concessions - Les types d’épurateurs Test de contrôle
de connaissance

Travaux dirigés : dimensionnement


Equipements autonomes
Expliquer le 6 Semaine 6 : En ligne
fonctionnement
10. Assainissement par canalisation de
des différents petits diamètres
systèmes
d’assainissements - Principes généraux des
dans le milieu installations
urbain - Les conduites • Exposés
- Les ouvrages • Echanges,
discussions Support de cours
Vidéo projection
11. Assainissement collectif eaux usées
Test de contrôle
de connaissance
- Principes généraux des
installations
- Les systèmes d’assainissement
- Les conduites
- Les ouvrages
Travaux dirigés : dimensionnement
conduites
Evaluer le débit 7 Semaine 7 : Présentiel
• Exposés
des différents
12. Assainissement collectif eaux pluviales • Echanges,
sous bassins et discussions Support de cours
bassins versants - Les bassins versants Vidéo projection
Test de contrôle
- Le débit à l’exutoire de connaissance
Travaux dirigés : Calcul des débits
Evaluer la 8 13. Dimensionnement des canalisations
capacité des • Exposés
- Les conduites • Echanges,
canalisations et
- Les ouvrages discussions Support de cours
canaux de
Vidéo projection
collecte et Test de contrôle
Travaux dirigés : dimensionnement d’un
d’évacuation des réseau
de connaissance
eaux

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Décrire les 9 14. Maîtrise des eaux pluviales
ouvrages de
- Les bassins d’orages
maîtrise des eaux
- Les noues • Exposés
de ruissellement
- Les tranchées d’infiltration • Echanges,
en temps de pluie discussions Support de cours
- Les chaussées réservoirs
Vidéo projection
- Les toits stockant Test de contrôle
- Les puits d’infiltration de connaissance

Travaux dirigés : Plan directeur


d’assainissement de la ville de Lomé
Evaluer la 10 15. Dimensionnement des ouvrages de
maîtrise des eaux pluviales
capacité des • Exposés
ouvrages de • Echanges,
- Les études hydrologiques discussions Support de cours
maîtrise des eaux - Le dimensionnement des Vidéo projection
de ruissellement ouvrages Test de contrôle
de connaissance
Travaux dirigés : Etude de cas
Décrire les 11 16. Maîtrise des rejets des eaux
différents • Exposés
- Les méthodes de traitement • Echanges,
ouvrages de discussions Support de cours
- Le traitement des eaux usées
traitement des Vidéo projection
par lagunage Test de contrôle
eaux usées dans le
de connaissance
milieu urbain
Travaux dirigés : Etude de cas
Décrire les 12 17. Maintenance et réhabilitation
différentes • Exposés
- L’organisation de l’entretien • Echanges,
méthodes de
du réseau discussions Support de cours
maintenance et
- Les méthodes d’entretien Vidéo projection
réhabilitation
- Les méthodes de réhabilitation Test de contrôle
d’un réseau de connaissance
Travaux dirigés
d’assainissement Devoir surveillé
NB : Un objectif peut se donner sur plusieurs séances. Il faut donc fusionner les cellules de l’objectif en
question.

Évaluation
- Évaluation en cours d’apprentissage : (Devoir surveillé, le poids dans la validation
de l’UE : 50%)

- Examen final : (Examen écrit, le poids dans la validation de l’UE : 50%)

Bibliographie
- Guide technique de l’assainissement,
- Mémento de l’assainissement

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Chapitre 1 : GENERALITES

1.1. INTRODUCTION

La disponibilité de l’eau est une condition essentielle au développement socio-


économique de toute communauté. Les grandes civilisations ont été établies à
proximité des points d’eau (rivières, lacs, mers), là où l’accès était facile. Mais le
développement industriel et social qui pollue sérieusement les sources d’eau potable, a
obligé les ingénieurs et planificateurs à penser sérieusement à l’éventualité d’une
pénurie d’eau dans l’espace et dans le temps. Au fur et à mesure que des besoins
nouveaux exigeaient des volumes d’eau de plus en plus grands et que la pollution
industrielle et domestique est inquiétante, accompagnée des nouvelles nécessités
récréatives, les ingénieurs comprirent l’urgence d’une étude approfondie de la
protection des ressources d’eau et du milieu de vie des populations urbaines. C’est
depuis le début du 19e siècle, que prit corps, le concept de l’assainissement : «évacuer
le plus loin et le plus vite possible les eaux de toute nature». Ce concept a conduit au
système du «tout à l’égout».
C’est finalement au début du 20e siècle que les centres des villes (notamment
françaises) ont commencé à s’équiper de réseaux collectant à la fois les eaux pluviales
et les eaux usées.
Avec l’accélération de l’urbanisation et l’extension des réseaux d’assainissement, de
nombreux centres villes doivent faire face à des inondations de plus en plus fréquentes
et de plus en plus préoccupantes.
Depuis la fin du 20e siècle, la problématique des changements climatiques n’est pas
pour rassurer plus les hommes en ce qui concerne les inondations et la disponibilité de
l’eau. Il faut concilier le développement urbain et la qualité du cadre de vie donc la
qualité des milieux récepteurs des eaux rejetées.
L’objectif visant à redonner une qualité acceptable à l’eau de ruissellement ainsi qu’à
l’eau usée, conjugué avec une accélération de l’urbanisation pose de nombreux
problèmes tant financiers que techniques.

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1.2. OBJECTIFS DE L’ASSAINISSEMENT

1.2.1. Assainissement urbain

Les objectifs de l’assainissement pluvial sont :

- Assurer la sécurité des individus en les protégeant contre les inondations ;


- Assurer la continuité du développement urbain sans alourdir les budgets des
collectivités ou des particuliers ;
- Contribuer à la reconquête des milieux naturels.

Les objectifs de l’assainissement des eaux usées sont :


- Eliminer les puanteurs immondes dans la ville et mise à la disposition de la
population d’une eau de consommation saine.
- Evacuer les eaux usées (des logements) par le même système approprié, d’où
rejet le plus à l’aval possible de l’agglomération pour des raisons sanitaires.
- Protéger le milieu récepteur et de son écosystème aquatique.

1.2.2. Assainissement rural

Les objectifs de l’assainissement pluvial sont :


- Assurer la protection du sol contre l’érosion ;
- Assurer le désenclavement du milieu rural ;

Les objectifs de l’assainissement des eaux usées sont :


- Elimination la défécation à l’air libre
- La mise à la disposition de la population d’une eau de consommation saine.
- Evacuation des eaux ménagères (des logements) par un système approprié.

1.3. LES SCHEMAS DIRECTEURS D’ASSAINISSEMENT

Ce sont des documents qui fixent pour une zone donnée, généralement une
agglomération, les dispositions à prévoir pour la collecte, le traitement et l’évacuation

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de toutes les eaux usées et pluviales en fonction des exigences de la santé publique et
de l’environnement tant pour la situation actuelle que pour son urbanisation à venir.
Ils sont étroitement associés au schéma directeur d’urbanisme. Ils doivent éviter les
inondations provenant des pluies sur le périmètre et réduire les risques de pollution des
déchets.
Ils doivent régler notamment :
- la collecte et l’évacuation des eaux usées domestiques, des eaux pluviales et
industrielles raccordées ;
- le traitement des eaux rejetées ;
- la maîtrise des rejets industriels directs et celles des éventuels produits de
vidange.

1.4. LES DIFFERENTES EAUX DE L’ASSAINISSEMENT

Les eaux qui intéressent l’assainissement sont de trois types :


- Eaux de ruissellement
- Eaux usées, d’origine domestique
- Eaux industrielles

Ces eaux peuvent être séparées ou mélangées, ce qui fait apparaître la notion de
l’effluent urbain constitué par des eaux usées, d’origine domestiques, plus ou moins
polluées par des eaux industrielles et plus ou moins diluées par des eaux de
ruissellement.

Les eaux de ruissellement comprennent les eaux de la pluie, les eaux de lavage et les
eaux de drainage. La pollution des eaux de ruissellement est variable dans le temps,
plus forte au début d’une précipitation qu’à la fin par suite de nettoyage des aires
balayées par l’eau.

Les eaux usées d’origine domestiques comprennent :


- Les eaux ménagères (eaux de cuisine, de lessive, de toilette, etc.). Elles sont
également appelées « eaux grises ». Elles contiennent notamment des savons et
détergents, mais aussi des graisses.
- Les eaux vannes également appelées eaux noires (en provenance des WC,
matières fécales et urines) charrient les matières fécales et l'urine donc peuvent
être pathogènes.

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Parmi les différentes matières rejetées par les eaux usées on trouve :
- Les composés azote, phosphore, ammoniac ainsi que les germes qui
proviennent des eaux noires (WC) ;
- Les métaux lourds qui proviennent des eaux ménagères : cosmétiques, produits
d'entretien, médicaments, lavage des vêtements.

Le tableau 1.1 donne les rejets par habitant.

Tableau 1.1 : Rejets par jour pour une personne utilisant 150 à 250 litres d'eau
(moyenne)

Matières Mesure
Matières organiques ou minérales (en suspension dans l'eau sous forme 50 à 90 g
de particules) : MES
Matières oxydables (détermine la demande biologique en oxygène, 40 à 70 g
DBO)
Matières en suspension 50 à 70 g
Matières azotées (azote Kjeldahl et ammoniacal) 12 à 15 g
Phosphore (issus des détergents) 4g
Résidus de métaux lourds (plomb, cadmium, arsenic, mercure, etc.) 0,23 g
Composés (fluor, chlore, brome, iode, etc.) 0,05 g
Germes (coliformes fécaux) par 100 ml 10 à
100 millions
de germes

Les eaux industrielles sont celles en provenance des diverses usines de fabrication ou
de transformation.

1.4.1. Caractéristiques des eaux usées domestiques

a) Qualité de l’eau potable

Une eau de bonne qualité est essentielle à la santé humaine et à celle des ressources
biologiques ainsi qu'à la pratique d'activités récréatives sécuritaires. Les organismes
nationaux responsables de la qualité de l'eau établissent des normes de concentration
pour les différents éléments pouvant être présents dans l'eau. Des limites étant fixées,
il devient relativement facile de définir une eau de qualité. Elle devrait présenter un
goût agréable, ne pas dégager d'odeur déplaisante, avoir un aspect esthétique
acceptable et être dépourvue d'agents physiques, chimiques ou biologiques nocifs.

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b) Pollution journalière

Les eaux usées domestiques proviennent des différents usages domestiques de l’eau.
Elles sont essentiellement porteuses de pollution organique. Elles se répartissent en :

- Eaux ménagères, qui ont pour origine les salles de bain et les cuisines, et sont
généralement chargées de détergents, de graisses, de solvants, de débris
organiques, etc.
- Eaux « vannes » ; il s’agit des rejets des toilettes, chargés de diverses matières
organiques azotées et de germes fécaux.

La pollution journalière produite par une personne utilisant de 150 à 200 litres d’eau
est évaluée à :
- de 70 à 90 grammes de matières en suspension
- de 60 à 70 grammes de matières organiques
- de 15 à 17 grammes de matières azotées
- 4 grammes de phosphore
- Plusieurs milliards de germes pour 100 ml

c) Analyses en laboratoire

Certaines eaux ne satisfont pas toujours à l'ensemble de ses critères. Les scientifiques
prélèvent des échantillons d'eau, d'organismes vivants, de sédiments en suspension et
de sédiments de fond dans les cours d'eau et les lacs. Puis ils les analysent en
laboratoire à l'aide d'instruments et de méthodes spécialisées.
➢ Demande biochimique en oxygène
L'absorption d'oxygène due aux déversements d'eau usée dans un cours d'eau est
fonction de la concentration de matière biodégradable qu'elle contient. D'où la notion
de demande biochimique d'oxygène de cette eau (DBO). On l'exprime en
milligrammes d'oxygène par litre d'eau. La mesure de la DBO5 se fait en laboratoire et
consiste à calculer la différence entre la quantité d'oxygène dissous initialement
présente dans l'échantillon d'eau et celle existant après incubation de cinq jours à 20
degrés Celsius, à l'abri de la lumière et de l'air. Cette valeur ne représente qu'une
fraction de la DBO ultime, soit environ 70%, car la minéralisation complète des
matières organiques peut demander jusqu'à 20 jours ou plus. La DBO est donc une
façon d'exprimer la concentration en matière biodégradable que contient une eau.
➢ Matières solides en suspension
On les appelle aussi MES. Faisant partie de la charge polluante des eaux usées
urbaines, ce résidu non filtrable est partiellement éliminé lors des traitements primaires
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des usines d'épuration; on recourt à cet égard aux procédés de décantation (décanteurs
primaires). Les MES se subdivisent en deux catégories : les matières fixes et les
matières volatiles. C'est-à-dire qu'une partie de MES se volatilise lorsqu'elles sont
chauffées à haute température (550 degrés Celsius); cette partie constitue la fraction
organique et les sels inorganiques volatils.
La détermination de MES passe par la filtration d'un échantillon d'eau usée sur un
filtre en fibre de verre standard. On filtre habituellement 100 ml d'échantillon, et on
pèse le résidu accumulé sur le filtre après assèchement de ce dernier à 103-105 degrés
Celsius durant une heure. Le filtre aura été préalablement asséché dans les mêmes
conditions et pesé.
➢ Formes d'azote
Les matières organiques contiennent souvent de l'azote organique. Assez rapidement
cette espèce azotée se transforme en ammoniac (NH3) ou en sels d'ammonium
(NH4+), selon un processus bactériologique appelé ammonisation; le pH de l'eau
détermine l'espèce ammoniacale formée. Une grande quantité d'azote ammoniacale
dans une eau usée veut dire que la pollution est récente.
Les deux premières formes d'azote se dégradent progressivement dans une eau usée à
mesure qu'elle vieillit. Les bactéries nitrifiantes du type nitrosomonas oxydent l'azote
ammoniacal pour donner naissance aux nitrites (NO2-), forme intermédiaire de l'azote.
Par la suite, le relais est assuré par les bactéries nitrifiantes su genre nitrobacter, qui
engendrent les nitrates (NO3-), directement assimilables par les plantes. La
nitrification s'opère en milieu aérobie et ne commence qu'après une dizaine de jours; la
demande d'oxygène qu'elle exerce vient s'ajouter à la DBO ultime, d'où ce qu'on peut
appeler la DBO totale, résultant à la fois de la minéralisation des matières organiques
et de la nitrification de l'ammoniac.
Le manque d'oxygène peut provoquer le phénomène inverse, appelé dénitrification; les
nitrates (NO3-) sont alors transformés en nitrites (NO2-) ou en azote moléculaire (N2).
La réduction des nitrites en azote ammoniacal est également possible en milieu
anaérobie. Pour mesurer les différentes formes d'azote, il faut consulter un manuel de
chimie des eaux.
➢ Autres paramètres usuels
Les phosphates : Les détergents et engrais concourent à enrichir les eaux de surface en
phosphates. Le phosphore inorganique est jugé un élément essentiel dans les
écosystèmes aquatiques. Les orthophosphates et les polyphosphates hydrolysables sont
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en effet des facteurs limitants dont le contrôle est indispensable dans la lutte contre
l'eutrophisation des lacs. Il apparaît alors important de les éliminer dans les stations
d'épuration et de procéder à leur mesure. À cet égard, les techniciens en eau
déterminent les formes de phosphates suivantes : phosphates totaux, orthophosphates,
phosphates hydrolysables et phosphates organiques. Chaque catégorie se subdivise en
solution et en suspension.

➢ Les propriétés organoleptiques.


La couleur et l'odeur des eaux usées renseignent sur l'âge des déchets liquides. Une eau
usée domestique fraîche a un aspect grisâtre et dégage des odeurs plutôt tolérables, ce
qui n'est pas le cas des eaux plus vieilles. Ceci est dû à la formation de gaz ou à la
prolifération de certains micro-organismes qui nuisent aux procédés conventionnels de
traitement.
➢ Autres paramètres d'identification de la qualité des eaux
Les valeurs extrêmes du pH sont synonymes de rejets industriels. La température est
également importante. Quant aux différents polluants organiques et inorganiques
toxiques ou nuisibles (BPC, dioxines, pesticides, etc.), ils constituent des cas
particuliers. La mesure et le contrôle de ces éléments varient suivant les besoins d'un
pays et d'une région à l'autre.
➢ Caractéristiques microbiologiques
Les diverses eaux usées contiennent souvent des micro-organismes qui se retrouvent à
plus ou moins brève échéance dans les cours d'eau et les lacs. Comme ils peuvent
entraîner des risques pour la santé humaine, l'analyse d'une eau comporte toujours un
aspect microbiologique. La détection des organismes coliformes est la pratique la plus
courante. L'évaluation de la quantité des coliformes totaux présents dans un
échantillon d'eau fait habituellement appel à deux techniques : le filtrage sur
membrane ou la fermentation en tubes multiples.
Les résultats des analyses peuvent ensuite être comparés aux normes et aux critères de
qualité en fonction des usages de l'eau

1.4.2. Caractéristiques des eaux usées industrielles

Elles varient en fonction des industries

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1.5. ESTIMATION DE LA QUANTITE DES EAUX USEES

Les eaux usées domestiques et industrielles proviennent exclusivement des eaux de


consommation. Une étude de la consommation d’eau par usager permet de
déterminer :

- Le volume actuel des eaux usées domestiques et industrielles ;


- Le volume futur des eaux domestiques et industrielles.

L’estimation de la quantité d’eaux usées d’une agglomération est indispensable à la


conception de tout réseau d’assainissement. Une étude de la population est nécessaire
à toute conception de système d’assainissement qui dépend de la consommation d’eau
et de l’occupation des terres par la construction des bâtiments civils et industriels.
Deux méthodes sont utilisées pour estimer une population :

- La méthode mathématique
- La méthode graphique

1.5.1. Estimation à court terme de la population

Une prévision à court terme c’est-à-dire de 1 à 10 ans peut être faite à l’aide :

a) Progression arithmétique

dy
=
dt K u
y −y
y= y + 2
) (t − t )
1
2
t −t
2 1
2

avec
t = l’année d’estimation
t2 = l’année du dernier recensement
t1 = l’année de l’avant dernier recensement
y = la population estimée
y2 = la population du dernier recensement
y1 = la population à l’avant dernier recensement

b) Taux constant en %

Cette méthode utilise un accroissement constant donc un intervalle de temps égal.

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c) Progression géométrique

dy
= kp y
dt

y + k (t − t )
Log y = Log
2 p 2

Log y − Log y
K = 2 1

t −t
p
2 2

d) Méthode du taux décroissant

dy
= (Z − Y )
dt K p
Avec Z = limite de saturation de la population à être estimée.
y n
= y 2
(
+ Z− y )(1 − e
2
− Kt
)

1.5.2. Estimation à long terme de la population

Elle demeure beaucoup moins précise que l’estimation à court terme à cause des
changements qui peuvent intervenir dans les facteurs d’évaluations.

1.6. LES BESOINS

1.6.1. Les besoins domestiques

Les besoins en eau des usagers domestiques sont dans le tableau 1.2.a.

Tableau 1.2.a : Besoins par usage domestique (hors gaspillage) en litre/jour)

Pays Boisson Lavage Lavage Hygiène W.C. Divers Total


cuisine vaisselle linge
R.F.A. 3à6 4à6 20 à 40 30 à 55 20 à 40 26 à 30 100 à
170
Suède 10 20 20 55 50 9 164
U.S.A. 11 14 33 170 - 11 240
Togo 10 5-20 8-40 15-40 2-20 0-20 40 à 150

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Les consommations quotidiennes sont en général estimées comme suit en tenant
compte des besoins municipaux :
- Commune rurale : 150 l/j/hbt
- Commune moyenne : 200 à 250 l/j/hbt
- Grande ville : 350 à 400 l/j/hbt.

Le tableau 1.2.b. donne les besoins en eau théorique par type de système
d’alimentation.

Tableau 1.2.b : Besoins en eau théorique

Types de systèmes d’alimentation Quantité théorique Fourchette


(1/hab/j) (1/hab/j)
Puits villageois
- à une grande distance (> 1 000 m) 7 5 – 10
- à une distance moyenne (500 – 1 000 m) 12 10-15
- < 250 m 20 15-25
Borne fontaine communale (< 250 m) 30 20-50
Branchement
- robinet unique 50 20-60
- robinets multiples 150 70-250

1.6.2. Les besoins des services publics

Le tableau 1.3.a. donne les besoins en eau des services publics suivant deux sources
différentes et en tenant compte du gaspillage de l’eau par les usagers. Le tableau 1.3.b.
donne les besoins en eau théorique pour diverses utilisations.
Tableau 1.3.a : Besoins en eau des services publics

Usagers Sources [1] Sources [2]


Ecoles sans douches ou 10 l/j/élève 10 l/j/élève
piscines
Hôpitaux 150 l/j/lit 250-600 l/j/lit
Bâtiments publics 40-60 l/j/employé
Arrosage chaussée 1 l/j/m2 5-10 l/j/m2
Arrosage jardin 6 l/j/m2
Abattoirs :
- gros bétail 400.500 l/tête 300-400 l/j/tête
- petit bétail 220-300 l/tête
Piscines et Bains publics 100 m3/j 100-200 l/j/visiteur

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Tableau 1.3.b : Besoins en eau pour diverses utilisations

Catégories Utilisation de l’eau « Quantité théorique »


Ecole
- Externats 15 – 30 l/j/élève
- Internats 90-140 l/j/élève
Hôpitaux (avec buanderies) 220 – 300 l/j/lit
Mosquées 25 – 40 l/j/visiteur
Cinémas 10 – 15 l/j/place
Gares et gares routières 15 – 20 l/j/usager
Cheptel (Porcs, Moutons, Chevaux et 10 – 35 l/j/tête
Bovin) 15 – 25 l/j/100 têtes
Poulailler, poulet

1.6.3. Les besoins des commerces

Le tableau 1.4 donne les besoins en eau des commerces


Tableaux 1.4. : Besoins en eau des commerces

Usage Utilisation de l’eau « Quantité théorique »


Maisons de commerce
- sans restaurant ni climatisation 100 à 400 l/j/employé
- avec restauration et climatisation 500 à 400 l/j/employé
Boulangerie 150 à 250 l/j/employé
Coiffeur 15 à 20 l/j/visiteur
Hôtel 200 à 600 l/j/lit
Restaurant ou cantine (climatisation 100 à 225 l/j/employé
générale)

1.6.4. Les besoins des industrielles

Le tableau 1.5 donne les besoins en eau des industries


Tableau 1.5. : Besoins des industries

Produits Utilisation de l’eau m3/tonne


Acier 6 à 300
Savon 1 à 35
Plastique 1à2
Papier 80 à 1000
Carton 60 à 400

17
Teinturerie 7 à 35
Bière 8 à 25
Sucre 3 à 400

Il arrive parfois que des industries ne s’approvisionnent pas en eau du réseau de


distribution municipal, mais, il est possible qu’elles utilisent l’égout municipal. Dans
ce cas, il est possible que le volume des eaux usées soit supérieur à celui des eaux de
consommation.

1.7. EAUX D’INFILTRATION

L’eau d’infiltration provient de la nappe si elle est affleurante. Par essais réalisés sur le
terrain la quantité est généralement estimée.
En Amérique du nord l’A.S.C.E. utilise les valeurs du tableau 1.6.

Tableau 1.6 : Eau d’infiltration

Diamètre Infiltration permise


(cm) l/jour/km ou l/jour.km l/cm (diamètre) km
Ou l/cm (diamètre).km
20 8 000 à 12 000 400 à 580
30 10 000 à 14 000 350 à 500
60 24 000 à 28 000 375 à 500

BIT DES EAUX USEES

Le débit des eaux usées devrait être mesuré au moyen d’indicateurs de niveau ou de
déversoirs installés dans le réseau. Ces éléments de mesure sont prévus sur le réseau
lors de la conception et de la réalisation. Un enregistrement continu permet d’observer
les variations du débit. Un égout ne doit jamais couler sous pression. C’est un canal
ouvert à la pression atmosphérique. Il doit donc être capable de prendre le débit
maximum sans devenir sous pression. Il faut à tout prix éviter une charge dans la
conduite ; autrement, il aura refoulement dans la partie basse des édifices.

18
Le débit des eaux usées est fonction des :
a) Saisons de l’année
b) Conditions de température
c) Jours de la semaine
d) Heures de la journée

Les résultats des études de consommation en eau d’un usager on peut estimer
facilement le volume des eaux usées car ce dernier est de 70 % à 130 % du volume
moyen des eaux de consommation.
La vitesse des eaux usées dans les conduites est comprise entre 0,6 et 2,5 m/s.

La connaissance du débit minimum est parfois importante lorsqu’il faut installer une
station de pompage. Faute de données, le débit minimum peut être pris comme étant
50 % de la consommation moyenne dans les régions commerciales et industrielles. Par
contre il est de 225 % dans les quartiers résidentiels en incluant l’infiltration.

Le débit maximum Qmax = M x Qmoy

Formule de HORMON

Q max 14 18 + p
= M =1+ =
Qmoy 4+ p 4+ p
P = population en 1 000 personnes
M = facteur de pointe
Qmax = Débit maximum
Qmoy = Débit moyen

On déterminera pour les eaux usées :


- Le débit moyen annuel
- Le débit d’heure de pointe en temps sec

L’estimation des quantités d’eaux usée se fait en recueillant sur le terrain :


- Les facturations d’eau potable domestique et municipale (autre que les espaces
verts et lavage des véhicules et le sol) ;
- Les consommations industrielles sur captages privée ;
- Le taux de retour à l’égout des quantités d’eaux consommées (pour les abonnés
raccordés à l’égout) ;

19
- Les coefficients de pointe journalière et horaire (à déterminer en fonctions des
statistiques de production).

1.8. LES ORIGINES DES EAUX USEES

Les eaux à transiter dans les collecteurs eaux usées ont trois origines :

- Eaux domestiques : Celles évacuées des résidences, des édifices publiques et


des institutions.
- Eaux industrielles : Celles rejetées par les industries. Elles peuvent être
organiques ou inorganiques.
- Eaux parasites : l’origine des infiltrations est la conjugaison d’un niveau de
nappe élevée par rapport au collecteur, et de joints défectueux (travaux mal faits
ou affaissement avec la circulation).

1.9. LES EAUX PLUVIALES

Contrairement à ce qu’on pouvait croire, la pluie n’est pas toujours de bonne qualité,
même si règlementairement, il n’existe aucune norme ou d’finition de la bonne qualité
d’une eau de pluie.
La formation de la pluie résulte pour l’essentiel de la condensation de l’eau contenue
dans l’air, mais l’air contient aussi des particules et des gaz d’origine naturelle ou
anthropique. Ces éléments ont tendances à se retrouver dans les gouttelettes de l’eau.
A cette pollution d’origine atmosphérique peuvent s’ajouter d’autres polluants,
absorbés lors du ruissellement de l’eau sur les toits et sur les sols.
La composition de la pluie et des eaux pluviales, varient donc d’un lieu à un autre. Les
caractéristiques de l’eau de pluie sont relativement stables en moyennes annuelles :
l’eau de pluie naturelle est acide (PH5) et contient en plus ou moins grandes quantités
des sulfates, du sodium, du calcium, de l’ammonium et même des nitrates et parfois
des pesticides.
Une eau de pluie est dénommée eau pluviale après avoir touché le sol et qu’elle
ruisselle sur les surfaces la réceptionnant.
Il est intéressant de comparer les flux de matières polluantes générés par des eaux
pluviales (compositions moyennes) avec des eaux de stations d’épurations pour une
ville théorique de 10 000 habitants (Tableau 1.7).

20
Tableau 1.7 : Comparaison des eaux pluviales et des eaux de stations d’épurations (10
000 habitants)

Rejet des stations d’épurations Eau pluviale


Concentration Flux Flux Concentration Flux Flux
Paramètres
moyenne annuel journalier moyenne annuel déversé
Mg/l tonnes Kg Mg/l tonnes Kg
MES 20 à 30 10 à 25 à 50 100 à 1000 25 à 170 à
17 100 700
DBO 20 à 30 10 à 25 à 50 10 à 100 2,5 à 17 à
17 10 170
DCO 60 à 90 35 à 100 à 140 50 à 600 10 à 70 à
50 50 350
Source : F. VALIRON et J-P. TABUCHI ; Maîtrise de la pollution urbaine par temps
de pluie ; déc. 1992

1.10. Les contraintes de l’assainissement en africains au sud du Sahara

1.10.1.Contraintes liées au régime climatologique

Les averses tropicales présentent des intensités beaucoup plus élevées que celles des
précipitations des zones de climat tempéré.

Tableau 1.8 : Intensité moyenne maximale des pluies biennales (T = 2 ans) de


15 et 30 mn dans quelques villes d’Afrique et à Paris
Ville I15 (mm/h) I30 (mm/h) Ville I15 (mm/h) I30 (mm/h)
Paris 41 27 Atakpamé 128 80
Abidjan 142 104 Mango 120 80
Conakry 124 96 Sokodé 124 80
Lomé 116 88 Tabligbo 112 76
Niamey 110 79 Cotonou 112 86

Mais, la plupart des modèles de transformation pluie - débit ont été développé dans les
pas des zones de climat tempérés. Aux environs du milieu du 20ème siècle, les
chercheurs européens ont commencé à faire des recherches sur plusieurs bassins en
Afrique au Sud du Sahara (confère Roche 1963).

21
1.10.2.Contraintes liées à l’urbanisation

L’urbanisation des villes tropicales est généralement mal maîtrisée. L’évolution de


l’occupation des sols est souvent imprévisible.
On distingue généralement deux types d’occupations du sol :

− Les zones urbaines denses avec une occupation du sol modéré à forte, se situant
généralement près des exutoires (milieu récepteurs) ;
− Les zones périurbaines présentant des tissus urbains ayant une imperméabilisation
inférieure à 30 % mais croissant à un rythme comparable à celui de la
démographie.
Les débits de ruissellement futurs sont mal appréhendés ; cette situation se traduit par
la construction d’un réseau pluvial généralement inadapté.

1.10.3.Contraintes liées à l’érodabilité des sols et au transport solides

Le dysfonctionnement hydraulique des ouvrages de drainage est causé par deux


phénomènes :

− Les dépôts solides, qui sont soit des dépôts dus au rejet d’ordures ménagères ou
d’objets encombrants dans les collecteurs à ciel ouvert (pneus, matelas, carcasses
métalliques) , soit des dépôts de particules fines (sédiments) issues de l’érosion du
sol ;
− L’érosion hydraulique, qui se manifeste par l’action directe de la pluie sur le sol
(destruction de la structure superficielle du sol par le phénomène de battance :
érosion pluviale), mais aussi par le ruissellement qui provoque l’érosion
mécanique, l’arrachement et le transport des particules de sols.

Les effets de l’érosion :

− Déformation de la section transversale des fossés et canaux non revêtus ;


− Ravinement des talus des digues (déstabilisation de l’ouvrage) ;
− Déchaussement des fossés et canaux revêtus par les ravinements longitudinaux
(manque de support de l’ouvrage ce qui le plus souvent entraîne sa destruction).

22
Les effets du transport solide :

− Attaque des ouvrages revêtus : abrasion du revêtement des canaux et fossés. Ce


phénomène est fonction de la vitesse de l’écoulement, de la nature du transport
solide (charriage ou suspension), de la dureté et de la forme des sédiments
transportés (sable, graviers, pierres), du dosage et de la compacité du béton ;
− Dépôts (sédimentation) aux endroits où il se produit des perturbations créant des
pertes de charge singulières importantes ou des changements de régime
d’écoulement (diminution de la vitesse d’écoulement).

La formation de dépôts de sédiments plus ou moins importants est préjudiciable au


fonctionnement hydraulique de l’ouvrage :

− Elle contribue à fixer la végétation dans le lit du canal ;


− Elle diminue la débitance des canaux par réduction de la section mouillée,
augmentation de la rugosité, changement de la pente du canal.

1.10.4.Contraintes liées au coût et au financement du réseau de drainage

Les financements destinés à l’étude ou à la réalisation des projets d’assainissement


pluvial ne sont pas toujours adaptés :

− Ces projets n’envisagent que les réseaux primaires généralement ; rarement les
ouvrages de protection des milieux naturels (exutoires en cas d’un accroissement
des débits) ; ils excluent fréquemment les mesures anti-érosives ;
− Le dimensionnement des ouvrages repose presque systématiquement sur des
hypothèses très optimistes quant aux coefficients de ruissellement, l’urbanisation
engendre des débits plus importants que ce que l’on suppose ;
− Le financement des projets dépend en grande partie des (conditions des) bailleurs
de fonds...
− Pour diverses raisons, la détermination des coûts engendrés par les services
d’exploitation et de maintenance des systèmes de drainage est un pari presque
impossible.

Il est donc très délicat d’estimer le coût économique que représenterait un service
correct d’assainissement des eaux pluviales assuré par un système de drainage
classique (réseau de canalisations et de caniveaux).

23
1.10.5.Contraintes imposées par la nature des eaux collectées

Le fonctionnement concret du réseau dépend de la conformité des eaux transportées à


celle prévue lors de son calcul et à la réalisation effective des conditions d’auto curage.
Il est donc très important d’éviter des apports intempestifs provenant d’usagers qui
considèrent que le réseau est un « tout à l’égout » capable d’évacuer n’importe quoi.
C’est le rôle essentiel des divers ouvrages amenant au réseau les eaux pluviales. Ils
doivent être conçus et exploités de façon qu’ils remplissent leur rôle d’écran vis-à-vis
des diverses matières.
Suivant le type de réseau le tableau 10.3 indique les matières rencontrées en les
classant selon qu’elles sont néfastes (X) ou qu’elles s’y trouvent anormalement par
suite d’erreurs de branchements ou d’apports amont dus à l’imbrication des systèmes
unitaires et séparatifs (N).
Il convient également d’éliminer les éléments intempestifs à l’amont des rejets par
différentes mesures de police ou par l’existence et l’entretien de dispositifs idoines tels
que des installations de prétraitement.

Le bon fonctionnement hydraulique du réseau dépend aussi de la conservation des


sections d’écoulement grâce à la maîtrise des dépôts par des curages systématiques. Il
en est de même pour le dégagement d’odeurs dues à la fermentation de dépôts en
contact avec l’air.

24
Chapitre 2 : ASSAINISSEMENT AUTONOME

2.1 OBJECTIF
L’assainissement autonome améliore les conditions sanitaires dans les domiciles des ménages
en :
- Isolant les eaux usées et excréta des ménages
- Protégeant les points d’alimentation en eau

2.2 PRINCIPES GENERAUX DES INSTALLATIONS

2.2.1 Composition d’une installation

Une installation d’assainissement non collectif désigne toute installation


d’assainissement assurant la collecte, le transport, le traitement et l’évacuation des
eaux usées domestiques ou assimilées sans raccordement au réseau public
d’assainissement.
La collecte et le transport des eaux usées domestiques en sortie d’habitation sont
réalisés par un dispositif de collecte (appareils sanitaires, boite, etc.) suivi de
canalisations;

Le traitement des eaux usées est réalisé par un dispositif de traitement agréé par les
Ministères.

L’évacuation des eaux usées domestiques traitées est réalisée en priorité par
infiltration dans le sol et à défaut par rejet vers le milieu hydraulique superficiel (cours
d’eau, fosse…)

25
Figure 2.1 : Assainissement Individuel

L’assainissement autonome peut être individuel (seul propriétaire) ou pseudo-


individuel (plusieurs personnes). Il représente le système le plus répandu en Afrique.
Ce procédé a été développé pour utiliser d’une part, les capacités d’autoépuration des
sols et d’autre part, l’aptitude de ces sols à pouvoir isoler les eaux usées de tout contact
direct par l’homme. Les principaux ouvrages appartenant au procédé d’assainissement
autonome sont les puits d’infiltration, les latrines et les fosses septiques.

2.2.2 Choix de l’installation

Le choix d’une installation d’assainissement non collectif dépend des paramètres


suivants :
- La taille de l’habitation : nombre de pièces principales.
- Les caractéristiques du site : surface disponible, limites de propriété, arbres,
puits, cavités souterraines, passage de véhicules, emplacement de l’habitation,
existence d’exutoires, superficiels (cours d’eau, fossé…), pente du terrain,
sensibilité du milieu récepteur (site de baignade, cressonnière, périmètre de
protection de captage…), servitudes diverses, etc.
- L’aptitude du sol à l’épuration : perméabilité, épaisseur de sol avant la couche
rocheuse, niveau de remontée maximale de la nappe, etc.
26
2.2.3 Implantation

L’assainissement non collectif exige une surface minimale sur la parcelle en tenant
compte des distances à respecter vis-à-vis de l’habitation, des limites de propriété, des
arbres, des puits, etc.

2.3 DEBIT DES EAUX

2.3.1 Les débits minima des eaux usées

Pour évaluer la quantité des eaux usées, il est indispensable de connaître les débits
minima pendant l’unité de temps de la robinetterie installée sur chaque appareil (cf.
tableau 1.1).
Il est connu de tous que les appareils d’un même logement ne fonctionnent pas au
même instant et les besoins sont variables durant la journée suivant l’utilisation de
l’appareillage.

Les essais et les calculs des probabilités permettent d’estimer approximativement ces
besoins. Un coefficient de simultanéité ou coefficient de réduction permet d’évaluer la
quantité minimum nécessaire pendant l’unité de temps.
Tableau 2.1 : Débit minima des appareils

DESIGNATION Dédit Minima en Litre par Robinet


DES APPAREILS Par Minute (l/mn) Par Seconde
(l/s)
- Evier 12 0,20
- Lavabo 6 0,10
- Lavabo collectif par jet 3 0,05
- Bidet 6 0,10
- Baignoire 15 0,25
- Douche 15 0,25
- WC avec réservoir à chasse 6 0,10
- Machine à laver 20 0,35
- Urinoir avec réservoir de chasse 0,3 0,005
automatique
- Poste d’eau 10 0,17
- Robinet de lavage de cour ou d’arrosage 40 0,70

27
Ce coefficient a pour valeur Y, donné par la formule:

1
y= où y : coefficient de simultanéité et x : le nombre d’appareils
x −1
installés dans le logement

Exemple :

Calculons les besoins en eau d’un logement sur la base de l’aménagement en


équipement sanitaire minimum ; à savoir, un évier- 2 douche- 2 lavabos- 2 WC à
réserve de chasse- un point d’eau indépendant.
DESIGNATION DES DEBIT (L/S) TOTAL
N° APPAREILS Nbre Eau froide Eau chaude CUMULE
1 Evier 1 0,20 0,20
2 Douche 2 0,25 0,25
3 Lavabo 2 0,10 0,10
4 WC 2 0,10 —
5 Point d’eau 1 0,17 —
TOTAL 8

Qt est la somme des débits cumulés.

• Coefficient de simultanéité

X=8
1
y= → y = 0,38
8 −1
• Besoins instantanés en eau du logement :

Soit Qu

Qu = Qt • Y
Qu = 2,17 l/s x 0.38 = 0.82 l/s
Qu = 0.82 l/s

2.3.2 Débit des eaux pluviales

Les installations d’évacuation des eaux pluviales comprennent :


- Les gouttières,
- Les chéneaux,
- Les tuyaux de descente,
- Les trop-pleins.

28
➢ Gouttières et chéneaux
Les gouttières et les chéneaux sont encore appelés « noues de rive » par les
étanchéistes.
Les sections de basse pente des conduits d’évacuation seront déterminées d’après les
indications du tableau 1 ci-dessous, en fonction de la surface en plan de la toiture ou
portion de toiture desservie et de la pente du conduit.
Ce tableau concerne les conduits de section demi-circulaire.
Il a été établi d’après la nouvelle formule de Bazin (ci-dessous) relative à l’écoulement
de l’eau dans les canaux en supposant un coefficient de déversoir égal à 0,38 et en
admettant un débit maximal de 3 litres à la minute et par mètre carré de projection
horizontale.
Pour les chéneaux et gouttières de section rectangulaire, trapézoïdale, les sections
indiquées sur ce tableau devront être augmentées de 10% et pour ceux de section
triangulaire, elles seront augmentées de 20%.
Dans un chéneau comportant des ressauts, la section calculée est celle située au-
dessous du ressaut inférieur.
Pour les ouvrages d’étanchéité, certaines dimensions (largeur, hauteur) sont exigées
dans le DTU 20.10 et dans les DTU de la série 43.

Tableau 2.2 : Les sections de basse pente des conduits d’évacuation (cm2)

Surface en plan des Pente du conduit (mm/m)


toitures desservies (m²) ≤1 2 3 5 7 10 15 20
20 65 50 45 35 35 30 25 20
30 85 70 60 50 45 40 35 30
40 105 80 70 60 55 50 40 35
50 120 95 85 70 65 55 50 45
60 140 110 95 80 70 60 55 50
70 155 120 105 90 80 70 60 55
80 170 135 115 95 85 75 65 60
90 185 145 125 100 95 85 70 65
100 200 155 135 115 100 90 80 70
110 215 170 145 120 110 95 85 75
120 230 180 155 130 115 100 90 80
130 240 190 165 135 120 105 95 85
140 255 200 170 145 130 115 100 90
150 265 210 180 150 135 120 105 95
160 280 220 190 160 140 125 110 100
170 290 230 200 165 145 130 115 100

29
180 305 240 205 170 150 135 120 105
200 330 255 220 185 165 145 125 115
250 385 300 260 215 190 170 145 135
300 440 340 295 245 220 195 165 150
350 490 380 330 275 245 215 185 170
400 540 420 365 305 270 235 205 185
450 585 460 395 330 290 255 225 200
500 635 490 425 355 315 275 240 215
600 720 560 485 405 360 315 275 245
700 805 630 540 450 400 350 305 275
800 890 690 595 495 440 385 335 305
900 965 750 650 540 480 420 365 330
1000 1045 810 700 585 515 455 395 355

➢ Tuyaux de descente
Pour éviter les risques d’obstruction, le diamètre intérieur minimal des tuyaux de
descente est fixé à 60 mm.

Couvertures ne comportant pas de revêtements d’étanchéité (telles que définies par les
DTU de la série 40)
Les diamètres des tuyaux de descente seront déterminés d’après les indications des
tableaux suivants en fonction de la surface en plan de la toiture ou partie de toiture
desservie.
Les tableaux 2.3 et 2.4, établis en admettant un débit maximal de 3 litres à la minute
et par mètre carré, indiquent les diamètres suivant lesquels les tuyaux de descente
des eaux pluviales doivent être établis.
Tableau 2.3 : Les Diamètres de tuyaux de descente

Diamètre intérieur des tuyaux (cm) Surface en plan des toitures desservies (m²)
6 40
7 55
8 71
9 91
10 113
11 136
12 161
13 190
14 220
15 253
16 287

30
Pour ce cas, compte tenu du faible diamètre du tuyau de descente, les raccordements
par lare cône ou cuvette, ou par moignon cylindrique, sont considérés comme
équivalents.
Tableau 2.4 : Les Diamètres de tuyaux de descente muni d’un agrandisseur

Diamètre intérieur Surface en plan des toitures desservies (m²)


des tuyaux (cm) Si le tuyau est raccordé au chéneau ou à Si le tuyau est raccordé par
la gouttière par un moignon cylindrique1 un large cône ou une cuvette2
17 287 324
18 287 363
19 287 406
20 314 449
21 346 494
22 380 543
23 415 593
24 452 646
25 490 700
26 530 758
27 570 815
28 615 880
29 660 945
30 700 1000
31 755
32 805
33 855
34 908
35 960
36 1000
1. Un centimètre carré de section de tuyau de descente évacue un mètre carré de surface de couverture de plan
2. 0,70 cm² de section de tuyau de descente évacue un mètre carré de surface de couverture de plan.

2.4 DIFFERENTS TYPES DE LATRINES

2.4.1 Cabinets améliores à fosses ventilés (VIP)

Il constitue un type d’assainissement individuel qui traite seulement les excréments


humains. Ils sont proches des latrines à fosse traditionnelle, construites pour recevoir
directement les excréments humains.
Les latrines traditionnelles ont deux inconvénients majeurs. Elles sont malodorantes et
pleines de mouches et insectes vecteurs de maladies. Ses fosses mal adaptées peuvent
être remplacées par des fosses ventilées.

31
2.4.1.1 Conception d’un VIP

L’ouvrage est composé d’une fosse, d’une superstructure (bâtiment) et d’un dispositif
de ventilation (fig. 2.2). Il peut être à fosse unique, double fosses alternantes ou fosses
multiples. Une partie de la fosse doit être revêtue ou muraillée afin d’éviter
l’effondrement des parois. Si le sol est meublé il faut revêtir toute la fosse.

Il faut prévoir une fondation pour supporter la dalle de couverture. Cette fondation
pourra permettre la rehausse du niveau de la dalle par rapport au terrain naturel afin
d’éviter l’écoulement de l’eau pluviale dans la fausse. Elle empêchera également le
passage d’odeur et d’insectes car elle sera liée à la dalle de couverture.

La dalle de couverture en B.A. (de préférence) devra dépasser de 40 cm les limites de


la fosse et avoir une épaisseur minimale 10 cm.

Si la portée de la dalle est inférieure à 1,50 m le coût de la dalle de couverte est faible.

Figure 2.2 : Cabinet VIP

Ces toilettes VIP sont souvent à double fosses alternantes ; elles sont alors
permanentes. Si elles sont à fosses unique, elles sont alors provisoires.
Pour les toilettes à la position assise, il faut prévoir des sièges. Un siège
supplémentaire, plus petit, peut être prévu pour les enfants.

32
2.4.1.2 Conception d’un VIP
Les VIP se distinguent de toutes les autres latrines types traditionnels par deux
caractéristiques :
- La superstructure légèrement décalée par rapport à la fosse,
- Fosse munie d’un grand tuyau de ventilation vertical fixé à l’extérieur de la
superstructure du cabinet et dont l’extrémité est munie d’un grillage anti-
mouches.
- Une trappe en béton pour le VIP
- Un ou plusieurs trous de défécation

Il y a un certain risque de contamination de l’eau souterraine par les VIP. Le fond de la


fosse non étanche, doit être au moins de 8 m de la nappe phréatique et de 10 m des
puits. Si ces conditions ne peuvent pas être réunies alors il faut que la fosse soit
étanche (fosse d’accumulation).
2.4.1.3 Fonctions du dispositif d’aération

Le dispositif de ventilation avec le grillage anti-mouche permet d’éliminer les


mauvaises odeurs, d’écarter les mouches de l’intérieur de la superstructure et
d’attraper les mouches qui arrivent à passer par l’orifice de la dalle. Pour avoir ces
trois fonctions il faut que :
- L’intérieur de la superstructure demeure ombragé ;
- La portée de la superstructure et l’ouverture du tuyau d’aération soient face au
vent dominant ;
- Une ouverture permanente soit laissée au dessus de la porte pour permettre la
circulation d’air ;
- Le tuyau d’aération doit être PVC 100 mm au minimum, des conduites réalisées
sur place de diamètre 200 mm pour que l’extrémité du tuyau constitue une
source lumineuse pouvant attirer les mouches qui ont pu pénétrer dans la fosse.

2.4.1.4 Fonctionnement des VIP

Deux processus importants ont lieu à l’intérieur de la fosse et ralentissent la vitesse de


remplissage :
- Infiltration dans le sol de la partie liquide des excréments,
- Décomposition par digestion biologique de la partie solide des excréments.

33
Air fétide

Tuyau de
ventilation

Air frais

Gaz

Liquide

Figure 2.3 : Fonctionnement du VIP

2.4.1.5 Technique de dimensionnement

La durée d’exploitation est de deux ans au minimum. La durée de dimensionnement


est préférentiellement égale à 10 ans.

Le volume utile requis pour la fosse est :

V = TAB. N. D

V : volume utile,
TAB : taux d’accumulation (m3/pers/année),
N : nombre de personnes,
D : durée de remplissage (années).

Le volume total est obtenu après majoration du volume utile car le cabinet ne peut plus
être utilisé lorsque la surface des boues est à environ 0,5 m (en moins) de la dalle de
couverture.
Le taux d’accumulation est égal à :
- 0,05 m3/pers/an si le contenu de la fosse est toujours sec
- 0,02 m3/pers/an si la fosse VIP est saisonnièrement inondée ou si l’on y déverse
les eaux de lavage.

Le taux d’accumulation est augmenté de 50 % environ si des matériaux difficilement


décomposables, utilisés pour le nettoyage anal, sont jetés dans la fosse.

34
2.4.1.6 Evacuation des boues

Les boues peuvent être évacuées des fosses après une période de repos d’au moins
deux ans pour les VIP. Les matières de vidange déjà stabilisées peuvent être utilisées
pour amender les sols des champs et des jardins. Si la période de repos ne peut pas être
respectée après le remplissage, il faut prendre des précautions lors des vidanges pour
minimiser les risques sanitaires pour les travailleurs et l’environnement. Les boues
doivent subir alors un traitement additionnel par compostage (fig. 2.3) ou dans des
étangs de stabilisation.

Figure 2.4 : Evacuation hygiénique des boues

2.4.2 Cabinets ECOSAN

Les latrines VIP ont deux inconvénients majeurs. Elles sont malodorantes et peuvent
contaminer la nappe à cause de la présence de liquide dans les fosses. Ses fosses mal
adaptées dans certains milieux peuvent être améliorées pour la protection de
l’environnement d’où l’appellation de cabinet ECOSAN.
Il n’y a pas de risque de contamination de l’eau souterraine par les ECOSAN. L’urine
est séparée des fèces par un dispositif qui conduit le liquide vers un contenant placé à
l’extérieur. Le fond de la fosse doit éviter l’infiltration donc ne doit pas recevoir d’eau
de nettoyage anal ni d’urine. Si cette condition ne peut pas être réunie alors il faut que
la fosse soit étanche.
La latrine ECOSAN a une plaque chauffante pour la fosse (fig. 2.4) et un dispositif
qui sépare les fesses des urines (fig. 2.5).

35
Figure 2.5 : Latrine ECOSAN

Figure 2.6 : Urinoir ECOSAN

2.4.2.1 Conception d’un ECOSAN

C’est un VIP amélioré. La trappe de vidange en béton du VIP est remplacée par une
plaque chauffante et il est associé au trou de défécation, un urinoir.

2.4.2.2 Fonctionnement des ECOSAN


Deux processus importants ont lieu à l’intérieur de la fosse et ralentissent la vitesse de
remplissage :
- Chauffage de la partie liquide des excréments, permettant son évaporation,
- Décomposition par digestion biologique de la partie solide des excréments.

2.4.2.3 Technique de dimensionnement

La durée d’exploitation est de 6 à 8 mois. La durée de dimensionnement est


préférentiellement égale à 2 ans.

36
2.4.2.4 Evacuation des boues

Les boues peuvent être évacuées des fosses après une période de repos d’au moins 8
mois pour amender les sols des champs et des jardins. Si la période de repos ne peut
pas être respectée après le remplissage, il faut prendre des précautions lors des
vidanges pour minimiser les risques sanitaires pour les travailleurs et l’environnement.
Les boues doivent subir alors un traitement additionnel par compostage.

2.4.3 Toilettes à chasse manuelle (TCM)

Elles diffèrent des cabinets VIP par la présence d’un dispositif de fermeture
hydraulique et des toilettes conventionnelles (fosses septiques) par le fait qu’elles sont
moins chères et qu’elles utilisent peu d’eau. Elles sont adaptées aux habitations ne
disposant pas d’eau courante. Elles peuvent être réalisées en milieu urbain et rural. Ces
toilettes à chasse manuelle (TCM) sont souvent à double fosses alternantes ; elles sont
alors permanentes. Si elles sont à fosses unique, elles sont alors provisoires.

2.4.3.1 Conception d’un TCM

Un TCM est composé d’une fosse et d’une superstructure (bâtiment). Il se distingue de


toutes les autres latrines par deux caractéristiques :
- La superstructure peut être isolée de la fosse
- La fosse peut ne pas être munie d’un tuyau de ventilation
C’est la même conception structurale de la fosse VIP. Il y a un certain risque de
contamination de l’eau souterraine par les TCM si le fond de la fosse est moins de 8 m
de la nappe phréatique et 10 m des puits. Si ces conditions ne peuvent pas être réunies
alors il faut que la fosse soit étanche et à niveau constant.
La superstructure du TCM peut être dans le bâtiment principal. L’évacuation des eaux
vannes se fera par l’intermédiaire d’un tuyau PVC 100 mm. La cuvette du TCM peut
être celle utilisée pour la fosse septique ou celle préfabriquée traditionnellement.

37
Puisard
Maçonnerie de
briques à joints
étanches

Remblai de Maçonnerie de
cailloux et Remblai de briques à joints
de sable cailloux ouverts

Figure 2.7 : Toilette à Chasse Manuelle (TCM)

2.4.3.2 Fonctionnement des TCM


Deux processus importants ont lieu à l’intérieur de la fosse et ralentissent la vitesse de
remplissage :
- Infiltration dans le sol de la partie liquide des excréments ;
- Décomposition par digestion biologique de la partie solide des excréments.
Les TCM sont proches des VIP car le traitement des boues s’effectue de la même
façon. Contrairement au VIP, les gaz produits par décomposition dans la fosse du
TCM se diffusent dans le sol et la fermeture hydraulique à siphon empêche les
remontées d’odeurs et le passage d’insectes.
Les TCM sont des systèmes intermédiaires appropriés et améliorable à tout moment.
2.4.3.3 Technique de dimensionnement des TCM
La durée d’exploitation est de deux ans au minimum. Cette durée est
préférentiellement égale à 10 ans.
Le taux d’accumulation se situe généralement aux alentours de 0,04 m3/pers/an.

38
2.4.3.4 Evacuation des boues
L’évacuation peut se faire avec camion. Mais après une période de repos de plus de
deux ans les boues disparaissent ou peuvent être évacuées des fosses manuellement en
prenant des précautions lors des vidanges. Il faut compléter le traitement par
compostage ou dans des étangs de stabilisation.

2.4.4 Latrine à fosses à niveaux constant

C’est la même conception structurale de la fosse TCM. Il n’y a pas de risque de


contamination de l’eau souterraine car la fosse est étanche mais l’eau usée sortant doit
être traitée.
Grillage
anti-mouches

Dalle à la turque

Tuyau de
sortie

Tuyau de
ventilation Descente

Figure 2.8 : Latrine à fosse à niveau constant

2.4.5 Latrine à fosses d’accumulation

C’est la même conception structurale de la fosse VIP. Il n’y a pas de risque de


contamination de l’eau souterraine car la fosse est étanche et aucune eau usée ne sort.
La fosse doit être régulièrement vidangée et les boues de vidange évacuées à une
station de traitement.

39
Air fétide

Tuyau de ventilation

Air frais

Figure 2.9 : Latrine à fosse d’accumulation

2.4.6 Les fosses septiques

Une fosse septique est construite sous terre (cf. figure 2.6) pour stocker et traiter
uniquement les eaux-vannes (sanitaires). On lui préfère l'appellation de fosse toutes
eaux si elle reçoit l'ensemble des eaux vannes et ménagères. Les fosses septiques sont
adaptées aux habitations disposant d’eau courante. Elle est surtout réalisée en milieu
urbain. Les fosses septiques sont souvent à double compartiments.

Figure 2.10 : Latrine à fosse septique

40
Très coûteuses, les fosses septiques ont toutefois l’avantage d’être très flexible et
s’adaptent à une grande variété de besoins concernant l’évacuation des déchets
liquides ménagers. Un autre avantage réside dans le fait qu’une fosse septique ne
comporte pas de parties mobiles et qu’à ce titre, elle ne nécessite guère d’entretien
mécanique.
Les eaux pluviales y sont proscrites dans les deux cas car elles subissent de trop
grandes variations de débit qui provoquerait le dysfonctionnement de l'installation.

2.4.7 Le puits d’infiltration

La technique du puits d’infiltration est utilisée lorsqu’une couche de sol imperméable


empêche l’évacuation de l’eau pluviale ou de l’eau traitée. Le puits d’infiltration
permet à l’eau pluviale ou traitée de traverser la couche imperméable et de se disperser
ensuite dans le sous-sol perméable. Cette technique ne devrait être utilisée que dans les
conditions suivantes :
- L’eau pluviale ou épurée doit répondre aux prescriptions légales ;
- La qualité et l’usage de la nappe ne risquent pas d’être altérés par l’eau infiltrée
;

2.5 CONCEPTION D’UNE FOSSE SEPTIQUE

Un Système de fosse septique est sur la figure ci-dessous.

Eaux
ménagères

Bac Préfiltre
séparateur Epuration
à graisse R +
Eaux Evacuation
vannes

Fosse
septique

Figure 2.11 : Schéma d’un système de fosse septique

41
2.5.1 La fosse

La fosse a pour objet de faire décanter les matières solides et de les hydrolyser
(liquéfier) par fermentation sous l'action des bactéries anaérobies naturellement
présentes dans les effluents. La liquéfaction demande plusieurs semaines à plusieurs
mois de séjour pour les matières fécales et déchets de cuisine.
Les fosses septiques étant conçues initialement pour ne recevoir que les eaux vannes,
elles doivent obligatoirement être munies d'un bac dégraisseur, s'il est prévu de les
transformer en fosse toutes eaux puisqu'elles ne sont pas habilitées à prétraiter les
grasses. Les fosses toutes eaux en revanche sont munies d'une paroi siphoïde assurant
la fonction de dégraissage (fosse à trois compartiments).

Dalle de la fosse

0,30 cm
Tuyau

EV eau EU
h/3 Tuyau Tuyau

2L/3 L/3

Figure 2.11 : Schéma d’une fosse septique

42
Dans les cas où la fosse toutes eaux serait éloignée de l'habitation (plus de 10 mètres)
il est alors recommandé d'installer tout de même un bac dégraisseur, juste après le
regard de collecte des eaux usées pour protéger la canalisation.
La fosse n'assure qu'un prétraitement (décantation) d'une dizaine de jours de rétention.
La capacité de la cuve doit donc être calculée en conséquence. Toute la fosse doit être
maçonnée afin d’éviter l’effondrement des parois. Le fond de la fosse est toujours
bétonné (épaisseur minimale 10 cm). La fosse doit être étanche. On prévoira donc une
pente de -25 % dans le premier compartiment. Les autres compartiments auront un
radier plat.
Il faut prévoir des raidisseurs verticaux dans les angles de la fosse et un chaînage
horizontal pour supporter la dalle de couverture. Si la fosse à une profondeur égale à 2
m, il faut prévoir un chaînage horizontal intermédiaire. La rehausse du niveau des
trous d’homme de la dalle par rapport au terrain naturel permet des entretiens faciles.
Les couvercles de ces trous d’homme doivent être étanches pour éviter l’écoulement
de l’eau pluviale dans la fosse.
La dalle de couverture en béton armé doit avoir une épaisseur minimale 10 cm.
Si la largeur de la fosse est inférieure à 1,50 m le coût de la dalle de couverte est
faible.
La conduite d’amenée des eaux usées aura une pente comprise entre 2 % et 4 %. Il est
recommandé qu’il soit muni d’un T ou coude à son extrémité. Le T ou coude doit être
plongé dans le liquide à proportion de 20 %.
La conduite de sortie doit également être munie de T ou coude qui doit être plongé
dans le liquide à proportion de 40 %. Pour les petites fosses (moins de 1,2 m de
largeur), le même système de tube en T ou de déflecteur peut être utilisé. Pour les
fosses les plus grandes, on préfère un déversoir sur toute la largeur pour permettre un
débit régulier. Dans ce cas, un pare-écume couvre la largeur.
Des anomalies peuvent subvenir par défaut de conception adéquate.
La fosse devra être située à l’écart du passage de toute charge roulante ou statique sauf
précautions particulières de pose et devra rester accessible pour l’entretien. Il faut
assurer l’étanchéité des raccordements.
Une fosse septique nécessite un branchement d’eau potable et un terrain adéquat (sol
suffisamment perméable).

43
Les effluents de fosse septique forment un liquide toxique et ne doivent pas être
évacués vers les rigoles, ruisseaux ou lacs, sans épuration préalable.
Une fosse à double comportement améliore l’abattement des boues et des croûtes
comparées à une fosse à simple compartiment de volume égal car le premier évite les
courts circuits et les turbulences.
Une fosse toute eau à trois compartiments permet d’envoyer aussi des eaux usées autre
que les eaux vannes et ceci dans le troisième compartiment.
Selon la taille des fosses, elles sont d'un ou de plusieurs compartiments. Une
construction courante est composée de 2 compartiments, un premier compartiment de
2/3 de sa longueur puis un deuxième compartiment de 1/3, relié au premier par un
élément à la mi-hauteur ou à la surface, afin de ne permettre ni au dépôt du fond ni à
l'écume du dessus de passer du premier vers le second ; c’est la fonction siphoïde. La
largeur de la fosse est égale au tiers de sa longueur (au maximum la moitié de la
longueur).
Le moyen de liaison entre les compartiments ne doit pas perturber les boues en
décantation. Une ouverture des fentes de passage dans la paroi doit donc être réparties
sur la largeur.
Les matériaux utilisés pour la fabrication des fosses septiques sont :
- Béton armé (meilleur) ;
- ferro-ciment ;
- Poly éthylène.
Il existe également dans le commerce toute une gamme de fosses préfabriquées, en
ciment, en plastique ou autre. Les couvercles en plastique sont renforcés par de la fibre
de verre. L’installation des fosses préfabriquées nécessite un lit de pose de 30 cm de
sable tassé.

2.5.2 Le dégraisseur

Les matières grasses en provenance des cuisines ou salles de bains qui risquent, en se
solidifiant, de colmater les canalisations et le dispositif d’épuration, sont retenues le
bac à graisse.
L’utilisation du bac à graisse devient primordiale lorsque la fosse se trouve à plus de
10 m de la maison et est obligatoire en cas de traitement séparé. C’est un ouvrage qui
se situe en amont de la fosse septique.

44
De par sa conception, il assure la séparation des graisses qui remontent pour former
une croûte et la rétention des matières lourdes qui se déposent pour composer les
boues. Dans le bac à graisse, les huiles retenues subissent un traitement anaérobie.
Ce traitement effectué, les eaux ménagères dégraissées s’évacuent par trop-plein vers
la fosse toutes eaux ou le préfiltre ou bien le puits filtrant en cas de traitement séparé.
La capacité utile minimale sont inscrites dans le tableau 2.4

Tableau 2.4 : Dimensionnement du bac à graisses

Utilisation Volume utile (litre)


Eaux d’une cuisine 300
Toutes les eaux ménagères 500

Entrée Sortie

Figure 2.5 : Bac séparateur ou « bac à graisses »

45
2.5.3 Le préfiltre

Le préfiltre se pose enterrer, en veillant impérativement à laisser accessible le tampon


de visite.
Placé en amont du dispositif d’épuration, le préfiltre le protège contre les risques de
colmatage en retenant les matières en suspension provenant accidentellement de la
fosse septique (Cf. figure 2.4).

Entrée zone des Sortie


flottants

30 cm Cailloux 50-80

Figure 2.4 : Croquis d’un préfiltre

Il est composé d’une enveloppe extérieure équipée d’un cylindre central perforé en
partie basse. L’espace compris entre l’enveloppe et la plate-forme perforée sera
remplie de pouzzolane. Les effluents se déversent dans le haut du cylindre et
remontent ensuite à travers la pouzzolane qui piège les matières en suspension. Ce
traitement effectué, les effluents s’évacuent par trop-plein vers le système d’épuration.
Le préfiltre se pose enterré, en veillant impérativement à laisser accessible le tampon
de visite.

46
2.5.4 L’épurateur

La fosse n'assure qu'une fonction de prétraitement ; seulement 30 % de la pollution


carbonée est détruite. Le traitement proprement dit est le plus souvent assuré par le sol,
au moyen de tranchées d’épandage. Cela suppose que les sols suffisamment
perméables mais pas trop pour éviter un transfert trop rapide vers la nappe phréatique.
Plusieurs ouvrages permettent d’épurer les effluents qui sortent de la fosse. On peut
citer :
- Epandage souterrain gravitaire par tranchées d’infiltration : c’est la filière
prioritaire, les tranchées d’infiltration à faible profondeur reçoivent les effluents
septiques.
- Filtre à sable vertical drainé ou non : un matériau d’apport granulaire se
substituant au sol naturel est utilisé comme système épurateur et le sol comme
moyen d’évacuation. Dans un milieu souterrain vulnérable (sol calcaire très
fissuré par exemple) l’installation d’une feuille anti contaminante au fond de
fouille est indispensable.
- Filtre à sable horizontal : cette solution est bien adaptée au cas de faibles
dénivelées entre la sortie d’eau et l’exutoire.
- Filtre bactérien percolateur est également utilisé mais il faut une autorisation
avant de rejeter l’effluent dans le milieu hydraulique superficiel (fossé, ruisseau,
caniveau). Le filtre se compose d’une cuve remplie de pouzzolane sur une
hauteur minimum d’un mètre. Un répartisseur spécialement étudié assure une
diffusion uniforme par surverse sur toute la surface de pouzzolane l’effluent du
préfiltre, en évitant des écoulements préférentiels. Par l’intermédiaire d’un
regard situé en aval, une circulation d’air s’effectuer de bas en haut à travers la
pouzzolane.

Puits filtrant ou un dispositif d’évacuation d’eau

Les puits d’infiltration sont recommandés lorsqu’il est difficile de creuser des
tranchées si le sol perméable se situe à une grande profondeur. Le rejet direct des eaux
sortant de la fosse toutes eaux dans un puits est évidemment rigoureusement interdit en
raison de la pollution. Mais le rejet à l'égout également (article L. 1331-5 du code de la
santé publique), puisque la fermentation ayant commencé, elle s'étendrait rapidement à
tout le réseau d'assainissement (odeurs, corrosion).
Il y a un certain risque de contamination de la nappe phréatique peu profonde par les
puits filtrants qui doivent être au moins de 10 m de tout puisage.

47
Si plusieurs puits d’infiltration sont nécessaires il faut les séparer par une distance d’au
moins égale à 3 fois le diamètre du puits le plus grand.

2.5.5 - Système d’aération

La fermentation produit des gaz ; un évent doit être prévu. Ce dernier doit
nécessairement être monté en faîtage du bâtiment, au-dessus des locaux habités et
surmonté d'un extracteur statique ou éolien, ceci dans le but d'engendrer un effet
d'aspiration des gaz. Ces gaz s'ils s'accumulent sont susceptibles d'attaquer les bétons
et parties métalliques de la filière d'assainissement.
Il faut assurer la ventilation de la fosse, du préfiltre et de l’épurateur par
l’intermédiaire d’une ou plusieurs conduites.

2.5.6 Les Fonctions d’une fosse septique

Une fosse septique joue trois fonctions :

- Un prétraitement des eaux usées ;


- Une épuration des effluents prétraités ;
- Une évacuation des effluents épurés.

2.5.6.1 Le prétraitement

Dans la fosse :

- Les matières solides se déposent au fond de la fosse. Les matières légères


(notamment les graisses) formant l'écume surnage (remontent en surface). La
hauteur d'eau minimale entre les deux ne doit pas être inférieure à un mètre. La hauteur
utile complète minimale est d'un mètre cinquante. L’eau clarifiée s’écoule vers le
préfiltre ;
- La boue subit un traitement anaérobie (milieu sans oxygène) : liquéfaction par
fermentation d’une partie des matières organiques biodégradables des boues et
du chapeau ; il faut au minimum 40 litres d’eau propre par jour pour favoriser la
liquéfaction ;
- Les gaz sont éliminés par une ventilation haute. Les matières biodégradables
sont stockées en vue d’une évacuation ultérieure.

48
Le préfiltre joue un rôle très important de prétraitement et protège le dispositif
d’épuration contre les risques de colmatage en retenant les matières en suspension
provenant accidentellement de la fosse. Le liquide ainsi clarifié s’écoule à travers un
dispositif pour être ensuite épuré.

2.5.6.2 Epuration des effluents

Le filtre bactérien, le plus utilisé en Afrique, se compose d’une cuve remplie de


pouzzolane. Les effluents, si possible doivent être diffusés uniforme par surverse sur
toute la surface des pouzzolanes, en évitant des écoulements préférentiels. Par
l’intermédiaire d’un regard situé en aval, une circulation d’air s’effectue de bas en haut
à travers la pouzzolane. Les bactéries (flore bactérienne de type aérobie) minéralisent
les matières polluantes organiques ; les germes pathogènes meurent, faute de
conditions propices à leur survie. La hauteur maximum 1,5 m entre l’entrée et la sortie
de l’appareil évite généralement l’installation d’une pompe de relevage. Il est
nécessaire de nettoyer régulièrement le répartisseur du filtre.

2.5.6.3 Evacuation des effluents

L’effluent épuré s’écoule à travers un réseau de tuyaux d’épandage dans le sol ou est
rejeté dans le sol par l’intermédiaire de puits d’infiltration ou bien exceptionnellement
vers le milieu hydraulique superficiel (fossé, cours d’eau, retenues, mer…).
2.5.7 Dimensionnement d’une fosse septique

2.5.7.1 La fosse
On détermine le volume d'une fosse en fonction du nombre d'utilisateurs ou de
chambres ou bien de la surface d'une habitation.
Selon le pays, il existe plusieurs méthodes de calcul pour déterminer le volume.
Ces calculs permettent de dimensionner un volume minimal. Une fosse de plus grande
capacité permet une rétention plus longue, donc une meilleure séparation. Les calculs
prennent un minimum d'une journée de rétention, dans l'idéal le temps de séjour des
eaux est entre 5 et 10 jours.
Note : Dans les paragraphes suivants, on note V le volume utile de la fosse en litres et
P le nombre d'usagers potentiel.

49
➢ Méthode britannique

V = 180 × P + 2000

➢ Méthode française

Le dimensionnement des fosses en France est calculé par rapport au nombre de pièces
principales du domicile, à savoir 3 m3 jusqu'à 5 pièces principales (3 chambres), puis
1 m3 supplémentaire par chambre supplémentaire.
Pour appliquer ce dimensionnement aux industries, le rapport retenu est de 0,2 ; c'est-
à-dire que 5 ouvriers comptent comme une chambre.

➢ Méthode préconisée par la Banque mondiale

Le volume doit être égal à trois fois la capacité journalière multiplié par le temps de
rétention. Le temps de rétention R est variable, minimum un jour. On note Q le volume
d'eaux usées par jour et par personne, estimé à 60 L en moyenne, jusqu'à 200 L selon
les pays.

D'où la formule :

V=3×P×Q×r

r = temps de séjour (rétention) ; Q = débit

➢ Prise en compte de la fréquence de vidange des boues

On estime que les boues s'accumulent en moyenne de 0,18 à 0,30 L/usager/jour selon
la taille et la construction de la fosse. S'il est préconisé de vidanger les fosses chaque
année, les calculs sont établis pour un minimum de 2 ans d'accumulation avec un
encombrement de la fosse de moins de 50 %.
On note TAB le taux d'accumulation, F la fréquence (0,5 pour 2 ans).

V=1000 × P × TAB × F/50 %

Le tableau 2.5 est établi d'après les recommandations techniques des constructeurs
pour le calcul de V.
Tableau 2.5 : Dimensionnement de la fosse

Nombre d'usagers 5 10 15 20 50 100


Volume (l) 1 180 2 520 3 600 4 550 10 040 23 300

50
➢ Méthode canadienne

Ce calcul est progressif en fonction du débit.


Pour un débit compris entre 1 900 et 5 700 L par jour : V=1500 × P × Q
Pour un débit compris entre 5 700 et 34 200 L par jour : V=4300 + 750 × P × Q
Pour ces deux calculs, si la fréquence de vidange des fosses est faible, on peut ajouter
un volume de stockage des boues. Par exemple pour une vidange tous les deux ans,
ajouter 0,3 × surface de la fosse.

➢ Tables de dimensionnement

Les professionnels préfèrent en règle générale des tables empiriques aux calculs. La
table ci-dessous est issue d'un catalogue d'un fournisseur français.
Tableau 2.6 : Capacité de la fosse par type de bâtiments

CAPACITE m3 3 4 5 6 8 10 12 15
nombre de
Habitations pièces 5 6 7 9 . . . .
principales
Camping, hôtel, école + nombre
6 10 15 20 30 40 45 60
internat d'habitants
Usine, chantier, salle de nombre
12 20 30 40 60 80 90 120
sport, école + ½ pension d'habitants
École + externat, salle
nombre
des fêtes, magasin, 18 30 45 60 90 120 135 180
d'habitants
bureau

FOSSE SEPTIQUE

Tableau 2.7 : Capacité de la fosse par nombre d’usagers


CAPACITES DES FOSSES EN LITRES
Nombre Capacités Nombre Capacités Nombre Capacités
d’usagers d’usagers d’usagers
1à4 1 000 8 2 000 16 4 000
5 1 250 10 2 500 18 4 500
6 1 500 12 3 000 20 5 000

Dans le plan directeur de SOGREAH pour la ville de Lomé il y a aussi une table

51
2.5.7.2 Bac séparateur ou bac à graisses

Son utilisation devient primordiale lorsque la fosse se trouve à plus de 10 m de la


maison et est obligatoire en cas de traitement séparé. C’est un ouvrage qui se situe en
amont de la fosse.
Dimensionnement du bac à graisses dans la concession

- eaux de cuisine seule 300 l


- toutes les eaux ménagères 500 l

2.5.7.3 Epurateur

➢ L’épandage souterrain gravitaire par tranchées d’infiltration

Il est adapté pour les sols perméables :

- Sol limoneux (15 min/h < K < 30 min/h) il faut 20 à 30 m de


tranchées/chambres
- Sol sableux (30 min/h < K < 500 min/h) il faut 15 m de tranchées/chambres.

➢ Le filtre bactérien percolateur

Le lit bactérien percolateur doit comporter une accumulation de matériaux remplissant


les conditions nécessaires pour servir de support à une flore aérobie et réaliser
l’oxydation des matières organiques véhiculées par l’effluent.

Il doit être muni à sa partie basse d’une amenée d’air permettant l’aération efficace de
l’ensemble de la masse de ces matériaux et assurant un courant d’air à travers toute la
hauteur du filtre et dans toute sa section horizontale.
L’épaisseur des matériaux doit mesurer au minimum 0,70 m et la grosseur de ses
éléments doit être comprise entre 10 et 50 mm.

52
Regard de
prélèvement
Ventilation

Pouzzolane ou
H

Mâchefer

Figure : Epurateur bactérien

Le lit bactérien percolateur, dispositif ne permettant que l’épuration des eaux usées,
devra présenter les dimensions suivantes :
Hauteur de matériaux minimale : 0,70 m ;
Surface :
- dans le cas d’un traitement commun des eaux-vannes et des eaux ménagères, la
surface de matériaux filtrants du lit bactérien percolateur devra être d’au moins
3 m2 pour une habitation de moins de 4 usagers permanents et être augmentée
de 0,6 m2 par usager permanent supplémentaire ;

- dans le cas d’un traitement des seules eaux-vannes par le lit bactérien, celui-ci
devra présenter une surface de 0,8m2 pour une habitation abritant jusqu’à 4
usagers permanents et être augmenté de 0,2 m2 par usager permanent
supplémentaire.

Le tableau donne la surface en fonction de l’épaisseur des matières filtrants et du


nombre d’usagers

53
Tableau 2.8 : Surface des épurateurs bactériens
SURFACE en m²
Nombre Epaisseur H des matériaux filtrants (cm)
d’usagers 100 90 80 70
1à4 0,5 0,65 0,80 1,00
5 0,6 0,75 0,95 1,25
6 0,70 0,85 1,10 1,50
8 0,80 1,00 1,25 1,65
10 1,00 1,20 1.55 2,00
12 1,20 1,50 1,90 2,45
16 1,60 2,00 2,50 3,30
20 2,00 2,50 3,10 4,10

2.5.7.4 Puits Filtrants


Les puits d’infiltration ont un diamètre de 1,5 à 3,5 m et une profondeur de 3 à 6. En
connaissant le débit total des eaux usées et le taux d’infiltration du sol, la superficie

54
CHAPITRE 3 : EGOUT DE PETITS DIAMETRES

3.1 INTRODUCTION

Ce type d’assainissement assure la salubrité du quartier. Dans les zones urbaines


fortement peuplées, il est difficile voire impossible de faire l’assainissement
individuel. Les réseaux d’assainissement conviennent mieux pour débarrasser la
population de façon efficace, de toutes les eaux usées domestiques et les excréments.
Le système d’assainissement classique est très cher pour les pays en voie de
développement. Le système alternatif constitué de réseaux d’assainissement de petit
diamètre présente tous les avantages de l’assainissement classique et en plus coûte
moins cher à la construction.

3.2 TECHNIQUE DE CONCEPTION

Un réseau d’assainissement de petit diamètre est constitué de trois éléments de base :


- Les branchements domestiques ;
- Les intermédiaires ;
- Le réseau de canalisations de petit diamètre.

Principaux avantages :
- Réduction importante de l’insalubrité
- Faible encombrement au sol
- Matériaux faciles à trouver
- Participation de la population

Principaux inconvénients :
- Coût d’investissement assez élevé mais 2 à 3 fois moins élevé que celui d’un
réseau conventionnel
- Colmatage plus fréquent que dans le réseau d’égouts conventionnel

55
3.2.1 Fosses intermédiaires

Les fosses intermédiaires doivent pouvoir assurer les fonctions des fosses septiques. Il
faut éviter que les matières solides arrivent accidentellement dans les égouts.

3.2.2 Réseau d’égouts de petit diamètre

Les tuyaux peuvent être posés en suivant le dénivelé du terrain. Certains tronçons
peuvent se retrouver avec un gradient négatif mais il n’y a aucun problème si la pente
globale est suffisante pour entraîner un débit maximum.
Les égouts de petit diamètre peuvent fonctionner sous pression à condition que la
charge d’eau sous pression ne dépasse la fosse intermédiaire.

56
Gestion des eaux ménagères dans la
zone nord lagunaire de Lomé 6 17/10/2012

Figure 3.1 : Canalisation de petit diamètre

3.2.3 Regards

Ils doivent être équipés de tampons amovibles. Tous les tampons et dispositifs de
fermeture doivent être apparents, affleurer le niveau du sol et être étanches. Ne pas
utiliser des regards "eaux pluviales" mais préférer des regards spécialement conçus
pour l'assainissement.

Figure 3.2 : Regard de branchement des eaux grises

57
.

Figure 3.3 : Regard des effluents des fosses intermédiaires

3.3 DIMENSIONNEMENT

3.3.1 Dimensionnement des fosses

Le volume nécessaire pour que les solides se séparent des liquides dans la fosse est :

Vs = Tr . Q . N

Avec V : volume recherché (litre)


Tr : temps de rétention (jour)
Q : débit des eaux usées (l/pers/jour)
N : nombre d’utilisateurs.

Le volume nécessaire pour la digestion est :

Vd = 0,5 . Td . n . Vbf

Avec Vd : volume recherché (litre)


Vbf : volume de boues fraîches (l/pers/j)
Td : temps de digestion (jour)

Le volume nécessaire pour stocker les boues digérées est :

Vbd = 0,25 . PA . n . Vbf

Avec Vbd : volume recherché (litre)


PA : période d’accumulation (jour).

58
La période d’accumulation est la période d’évacuation des boues moins le temps de
digestion des boues.
Le volume effectif d’un compartiment d’une fosse est :

V =Vs + Vd + Vbd

N.B. :
- Le volume effectif ne tient pas compte du volume des écumes (chapeau de
graisse).
- Le volume de boues fraîches est en moyenne 1 litre/pers/j.
- Le niveau de la sortie des effluents doit être d’au moins 75 mm à celui de
l’entrée.

3.3.2 Dimensionnement des égouts de petit diamètre

Les données de base de dimensionnement des tuyaux et des fosses intermédiaires


doivent tenir compte des changements éventuels qui pourraient se produire dans le
secteur considéré. La durée de vie d’un réseau d’égout de petit diamètre est de 30 à 50
ans. Le facteur de pointe de débit est de 1,5 à 2. La formule de Manning – Strickler
permet d’évaluer aussi bien le débit que le diamètre des tuyaux.

Outre la pente longitudinale I, la vitesse et le débit dans les section fermée dépendent
de la profondeur de l’eau h (y sur la figure).
En considérant l’équation de Strickler, on a :

59
V = k s Rh2 / 3 I 1/ 2
Q = ks SRh2 / 3 I 1/ 2

D
Sachant que R = (dans les expressions de RH et S, sur la figure), on trouve :
2
2
D  sin 2  3 2
1
Vh = k s   1 −  I
4  2 
2 1
D2   D  3  sin 2  2 2
1
1
Qh = ks   − sin 2   1 −  I
4  2  4   2 

Lorsque la profondeur d’eau dans le canal est h (0 ≤ h ≤ D = H).


Lorsque la section est pleine, θ = π et on a :
2
 D 3
1
VH = k s   I 2
4
2
 D2  D  3 1
QH = ks   I
2
4 4

En posant :
2
V  sin 2  3
 ' = h = 1 − 
VH  2 
2
Q  1  sin 2  3
 ' = h =   − sin 2 1 − 
QH  2  2 

 h
et sachant que  = 2arc  sin  , on peut donc tracer les courbes :
 D 
h
 ' = f1  
D
h
 ' = f2  
D

Ces courbes sont présentées à la figure 2.18

60
Figure 2.18 : Section circulaire. Vitesse et débit pour différentes profondeurs
d’eau

On peut donc dimensionner les canalisations en exploitant directement les équations


ou en exploitant les courbes.
Les vitesses couramment admises dans les canaux en terre de dimensions suffisantes
varient pratiquement entre 0,60 m/s et 1,00 m/s ; pour les canaux de petites
dimensions, les pentes dont on dispose ne permettent généralement pas d'atteindre
cette vitesse.
Dans les canaux revêtus, les vitesses courantes varient entre 0,70 et 1,50 m/s. Elles
peuvent dans certains cas atteindre 3,5 m/s.
Afin d’éviter la formation de dépôts de sédiments (qui sont fonction de la vitesse et
des dimensions des matériaux transportés), les vitesses d’écoulement (dans la mesure
du possible) ne doivent pas être inférieures à 0,50 m/s.

61
3.4 LE TRAITEMENT DES EFFLUENTS

3.4.1 Conception des bassins

Dans les pays chauds, pays en voie de développement en Afrique, les fosses
intermédiaires font un traitement important des effluents. On peut estimer des
diminutions de DBO5 et de coliformes à 60 % et 90 %. Pour cette raison, le traitement
approprié est le lagunage et la lagune anaérobie dans le processus de traitement par
lagunage n’est plus souvent nécessaire. Les eaux usées se déversent directement dans
une lagune facultative et puis dans des lagunes de polissage.

Arrivée effluent à
traiter
Sortie efflent
traité

Bassin facultatif Bassin de maturation

Bassin anaérobie

Les bassins anaérobies permettent :

- La décantation des matières solides des eaux usées,


- La dégradation des matières organiques contenues dans la boue (matières
décantées) par des bactéries anaérobies.

Les bassins facultatifs permettent :

- La digestion anaérobie de certaines matières solides en suspension, qui se


sont décantées sur le fond (35 % d’élimination de la DBO),
- La digestion aérobie par symbiose entre les algues et les bactéries. Du fait
qu’au dessus de la couche anaérobie se trouve une couche contenant de
l’oxygène produit par photosynthèse à partir des algues, des bactéries
aérobies vivent et dégradent les matières en suspension dans les eaux. Les
sous-produits obtenus servent d’alimentation aux algues.

Les bassins de maturation servent à améliorer le traitement des eaux provenant


d’un bassin facultatif ou d’un autre bassin de maturation. Ils sont essentiellement
62
utilisés pour l’élimination des germes pathogènes. Les agents pathogènes
meurent au fur et à mesure que les eaux usées s’écoulent lentement. Le nombre
de bassins de maturation dans un système de stabilisation est fonction de la
qualité requise pour l’effluent final.

3.4.2 dimensionnement des bassins

Il est nécessaire d’avoir avant toute conception :

- Le volume des eaux usées à traiter :


- La concentration des eaux usées à traiter,
- La qualité requise pour l’effluent final,
- Le climat

3.4.2.1 Les bassins anaérobies

 = LVi
Q
v

avec
 v
: Charge volumétrique en DBO (g/m3/j)
Li : concentration en DBO5 à l’entrée (mg/l ou g/m3)
Q : débit d’entrée (m3/j)
V : volume du bassin (m3)

Les bassins anaérobies sont conçus pour recevoir des charges en DBO de l’ordre
de 100 à 400 g/m3.

Ils ont entre 2 et 4 mètres de profondeur. Le taux d’accumulation des boues est
de 30 à 40 l/pers/an. Le temps de rétention est de 1 à 2 jours. Les DBO sont
réduits de 60 %. Mais dans les régions tropicales le taux d’élimination peut
atteindre 80 %.

Il est possible de les mettre en parallèle pour faciliter les travaux d’entretien. Un
bassin anaérobie plein est mis hors service. On laisse l’eau s’évaporer afin de
retirer manuellement les boues.

63
3.4.2.2 Bassins facultatifs

De profondeur comprise entre 1, 5 et 2,5 mètres, les bassins facultatifs sont


conçus à l’aide de la formule suivante :

 s
= 20T – 120 kg / ha / j

 s
: Charge DBO/unités de surface
T : température ambiante moyenne du mois le plus froid

Le temps de rétention est environs 5 à 30 jours.

3.4.2.3 Bassins de maturation

Pour le premier bassin de maturation

=
N i
N e
1+ K t
b

Ne : nombre de coliforme fécaux pour 100 ml d’effluents


Ni : nombre de coliforme fécaux pour 100 ml d’eaux usées admises (107 à
108 pour 100 ml)
Kb : constante de vitesse ( j-1)
t : temps de rétention

Kb constante de vitesse du premier ordre pour l’élimination des bactéries est :

Kb = 2,6 (1,19) T-20

T : température moyenne du mois le plus froid (°C)

Pour le nième bassin :

= N i
N e
(1 + K t ).....(1+ K b t i )
b 1
n

Les bassins de maturation ont généralement 1 à 1,5 m de profondeur et un


temps de rétention de 5 à 7 jours.

64
Chapitre 4 : RESEAUX D’EVACUATION D’EAUX USEES

4.1 BREVE HISTORIQUE DE L’ASSAINI SSEMENT COLLECTIF

L’assainissement collectif a pour objectif de réduire la pollution du milieu naturel.


C’est depuis le début du 19e siècle, que prit corps, le concept de l’assainissement :
«évacuer le plus loin et le plus vite possible les eaux de toute nature». Ce concept a
conduit au système du «tout à l’égout».
En 1894, «la loi française» sur le «tout à l’égout» fut adoptée et appliquée à Paris. Elle
sera étendue au reste de la France quelques années plus tard.
C’est finalement au début du 20e siècle que les centres villes des villes françaises ont
commencé à s’équiper de réseaux unitaires collectant eaux pluviales et eaux usées.
Avec l’accélération de l’urbanisation et l’extension des réseaux d’assainissement, de
nombreux centres villes doivent faire face à des inondations de plus en plus fréquentes
et de plus en plus préoccupantes.
Un autre aspect du développement urbain est la détermination de la qualité des milieux
récepteurs.
Dans bien de pays européens aujourd’hui, le coût d’un assainissement classique
constitue dans bien des cas, un facteur limitant de l’aménagement urbain et oblige les
collectivités à se tourner vers d’autres stratégies.

4.2 RESEAU D’EGOUT

Un réseau d’assainissement est un ensemble complexe de canalisations, de tuyaux et


d’ouvrages destinés aux opérations et fonctions de :

− Collecte et sélection des effluents grâce aux bouches et grilles d’égouts et aux
ouvrages de branchements.
− Transport dans les collecteurs et les canalisations gravitaires ou les conduites
de refoulement, et même parfois des conduites de collecte sous vide. Ces
différents collecteurs comportent divers ouvrages annexes, de très nombreux
regards de visite, avec des tampons en voirie ou en assainissement, des
siphons et des cheminées d’équilibre.
− Admission et relèvement des eaux dans des stations de pompage.

65
− Stockage et évacuation des eaux dans des bassins de retenue.
− Protection du réseau (chasses, dessableurs, déhuileurs, dégrilleurs) et
régulation hydraulique (déversoirs d’orage, bassin de retenue).
− Débouchés dans le milieu naturel.
− Mesures.

La figure 10.1 représente schématiquement un réseau de collecte avec les différents


ouvrages constitutifs du réseau.

Figure 4.1 : Schéma d’un réseau de collecte

Ces réseaux sont présents le long des routes et dans les zones sensibles d’une
agglomération (marchés, les quartiers inondables, etc.).
Le réseau est un ensemble complexe de canalisation de tuyaux et d’ouvrages. On doit
tenir compte de l’emplacement, du diamètre, de la pente, de la profondeur, du matériau

66
de la conduite et les ouvrages. Tous les détails apparaîtront éventuellement sur les
plans et les profils destinés à la construction du réseau.
La conception d’un réseau doit se baser sur le schéma directeur d’assainissement, un
document qui fixe pour la zone les dispositions à prévoir pour la collecte, l’évacuation
et le traitement de toutes les eaux usées et pluviales en fonction des exigences de la
santé publique et de l’environnement tant pour la situation actuelle que pour son
urbanisation à venir.

4.2.1 Egout

Le captage et l’évacuation des eaux usées sont réalisés à l’aide des égouts conçus de
façon à capter par gravité les eaux qui lui sont destinées. Les égouts doivent :
- Être suffisamment profond pour capter les eaux qui lui sont destinées,
- Résister aux charges mortes (remblai) et vives (circulation),
- Avoir une capacité hydraulique suffisante pour véhiculer les débits de pointe anticipés,
- Avoir une pente suffisante de façon à éviter toute déposition de solides,
- Être muni des infrastructures nécessaires pour assurer le captage, l’évacuation et
l’entretien efficaces du système,
- Être économique d’entretien et sécuritaire aussi bien pour le personnel d’entretien que
pour le public tout le long de sa vie utile.

4.2.2 Système d’assainissement

4.2.2.1 Le système séparatif


Il permet d’évacuer les eaux usées domestiques et industrielles et les eaux d’infiltration dans
une conduite et les eaux pluviales dans une autre conduite. Le système séparatif comporte
deux canalisations (pluviale et usée), dont la réalisation est un peu plus chère que le système
unitaire. Ce système pouvait ne pas connaître de problèmes majeurs si la population est
sensibilisée à son utilisation. Dans nos villes ce système est souvent incomplet (mise en place
seulement des conduites d’évacuation des eaux pluviales) et la population le confond à un
système unitaire ; l’entretien et la réhabilitation des réseaux sont dans ce cas coûteux. Le débit
de dimensionnement de la conduite eau usée est souvent faible.

4.2.2.2 Le système unitaire


Il permet d’évacuer les eaux usées domestiques et industrielles, les eaux pluviales et
d’infiltration ; on parle de « Tout-à-l’égout » dont l’objectif est d’éliminer la puanteur
immonde dans les villes et d’assurer une eau de consommation saine à la population. Ce
système, dans nos pays, économiquement faible, connaît aujourd’hui un sérieux problème de
fonctionnement par manque d’entretien. Le débit de dimensionnement est le débit des eaux
pluviales.

67
4.2.2.3 Le système pseudo-séparatif

Il permet d’évacuer les eaux pluviales des habitations et des cours riverains ainsi que les eaux
usées domestiques, industrielles et d’infiltration.

Les réseaux réalisés sont rarement unitaires ou séparatifs mais plutôt « composites ».
On rencontre souvent, à l’amont, un égout d’eaux usées séparatif se jetant dans un
égout unitaire, ce qui pose peu de problème. Par contre, un réseau d’eau usée
séparatif se jetant dans un réseau d’eau pluviale pose un véritable problème de
pollution. Il s’agit d’une situation tout à fait anormale mais malheureusement
fréquente car les contrôles rigoureux à la réception des branchements sont encore
rares. On constate la mise en charge de collecteurs eaux usées séparatif qui reçoit
d’eau pluviale ce qui peut éventuellement causer des inondations lors des orages car il
se pose un problème de sous dimensionnement. Les stations d’épurations sont
surchargées par un débit pour lequel elles n’ont pas été conçues.

Système d’égouts séparés

68
Système d’égouts pseudo-séparés

Système d’égouts unitaire


Figure 4.2 : Schéma des différents types de réseaux d’égouts

4.2.3 Les stations de pompages


Le tableau 4.1 présente les différents éléments constitutifs d’une station de pompage
selon la nature du réseau de collecte.

69
Tableau 4.1 : Eléments constitutifs d’une station de pompage
Types de stations
Fonctions Sélectives
Unit EP EU EP EU
• Alimentation en énergie x x x x x
• Dégrilleur mécanique x x x x x
• Relevage
- Pompes centrifuges 0 0
- Monocellulaire
à roue fermée (1)
x x x x x
à roue ouverte (2)
x x
à rouesdilacératrices
x x
à roue à effet Vortex (2)
x x
à roue hélico-centrifuge (3)
x x x x x
à hélice
x x x
à vis centrifuge (4)
x x
- Pompes volumétriques (5)
- Pompes à membrane (6)
x x
- Appareils élévatoires
- Vis d’Archimède
x
- Ejecteur à compresseur
x
- Aéro - éjecteur
x x x x x
• Protection contre les effets hydraulique et
mécaniques
- Dessableur x x 0 x
- Antibélier 0 0 x x
- Cheminée d’équilibre 0 0 x x
- Ventouse x x x x x
- Clapet x x x x x
- Vanne x x x x x
• Surveillance, commande et protection des
installations électromécaniques x x x x x

Légende : (0) : Etudes des cas ; (1) : Nécessite un dégrillage soigné ; (2) : Jusqu’à 80 l/s
(3) : Pour gros débit ; (4) : Jusqu’à 900 l/s ; (5) : Exclusivement pour les boues de station d’épuration
(6) : Très spécifique ; x : Elément constitutif habituel

4.2.4 Schémas des réseaux d’assainissement

4.2.4.1 Schéma d’équipement perpendiculaire

Ce schéma est constitué d’une succession de collecteurs maintenus perpendiculaires à


la rivière. Il constitue le prototype même des réseaux d’eaux pluviales en système
séparatif. Le même schéma est adaptable aux réseaux unitaires si aucun traitement
n’est nécessaire.

4.2.4.2 Schémas par déplacement latéral ou parallèle au cours d’eau

Il est le plus simple et permet de transporter les effluents en aval de l’agglomération


en vue de son traitement. L’inconvénient majeur demeure la nécessité d’installer des
stations de relèvement pour résoudre le problème de défaut de pente.

70
a) Collecteur transversal ou Collecteur oblique

b) Collecteur étagé ou par intersection c) Centre unique ou éventail d) Equipement radial

Figure 5.6 : Schéma des différents types de réseaux d’égouts

4.1.1.1 Schéma à collecteur transversal ou oblique

il permet, plus que le précédent, de transporter facilement les effluents en aval de


l’agglomération. Il élimine le problème de faible pente et offre une bonne évacuation
gravitaire des effluents.

4.1.1.2 Schéma par zones étagées ou par interception

Ce schéma constitue la réplique du schéma par déplacement latéral superposé au


schéma à collecteur oblique, avec cependant une multiplication des collecteurs
longitudinaux. Le collecteur du haut (encore appelé collecteur d’interception) permet de
décharger le collecteur du bas des apports en provenance des bassins dominants de la
vallée située en haut de l’agglomération

4.1.1.3 Schéma à centre collecteur unique ou éventail

Il convient pour les zones relativement plates. Il permet de concentrer les effluents en
un seul point où ils seront relevés pour être évacués vers un exutoire éloigné de
l’agglomération

71
4.1.1.4 Schéma à centre collecteur multiples ou schéma d’équipement
radial

Ce schéma constitue une multiplication du schéma précédant à la seule différence qu’il


permet de concentrer les effluents en plusieurs points où ils seront relevés pour être
évacués vers un exutoire éloigné de l’agglomération

4.2 LES CONDUITES

4.2.1 Différents types de conduites


Nonobstant la nature du réseau d’égout on peut identifier trois groupes de conduites.

a) Egout local : l’égout local est destiné à véhiculer les eaux en provenance d’un secteur
très limité. Les eaux usées des secteurs amont ne pourront pas s’y déverser.
b) Egout collecteur : l’égout collecteur est appelé à véhiculer les eaux usées de tout un
sous-bassin. Il constitue l’axe principal d’évacuation des eaux du sous-bassin.
c) Egout intercepteur : l’intercepteur d’égout reçoit les eaux véhiculées par les
collecteurs. Il doit donc être suffisamment profond pour capter par gravité les eaux qui
doivent être déversées.

Dans le système séparatif la conduite d’égout pluvial est habituellement placée au font de
la tranchée. Elle permet alors l’abaissement de la nappe phréatique soulageant ainsi la
conduite d’égout d’eaux usées des problèmes d’infiltration potentielle.

4.2.2 Matériau

Les conduites d’égout peuvent être construites en différents matériaux. Le choix du


matériau est fonction :

- Des caractéristiques d’écoulement (rugosité),


- De la vie utile du matériau et des ouvrages,
- De la résistance à l’érosion, aux acides, aux bases, aux gaz, aux solvants etc…
- Des difficultés de manutention et d’installation,
- La résistance physique,
- L’étanchéité du joint,
- La disponibilité des pièces spéciales,
- Des coûts d’achat, de manutention et d’installation

Parmi les matériaux les plus usuels pour la construction des conduites d’égout on trouve :

a) Amiante – ciment (diamètres de 100 à 915 mm) : les conduites d’amiante peuvent
aussi bien servir pour l’évacuation des eaux par gravité que pour l’évacuation sous
pression. Ces conduites ont l’avantage d’être légères (manutention et de pose facile) et
étanches aux joints, d’avoir une rugosité très faible par rapport au béton. Mais elles
sont fragiles au fléchissement (elle requiert une bonne assise), sujettes à la corrosion
(acide) et H2S), et elles ont un coût élevé pour les grands diamètres.

72
b) Béton armé préfabriqué (150 à 3 660 mm) : les conduites d’égout en béton armé
préfabriqué peuvent servir à l’évacuation par gravité et aussi sous-pression. Elles sont
très résistantes mais de manutention difficile particulièrement dans les grands
diamètres et elles sont sujettes à la corrosion (acides, H2S).
c) Fonte et acier : les conduites en fonte et acier sont peu utilisées dans les réseaux
d’égout.

4.2.3 Formes particulières


Outre les formes circulaires propres aux conduites préfabriquées. On peut retrouver
dans le cas des conduites construites sur place diverses formes qui facilitent à la fois la
construction et l’écoulement des eaux. On trouve ainsi des formes :

- Ovoïdes
- Semi-elliptique
- Enfer à cheval (plus commune)
- « Basket handle »

4.2.4 Dimensionnement des conduites


L’évacuation par gravité des eaux sans mise en charge des conduites nécessite le maintien de
la vitesse d’écoulement minimales de façon à éviter toute déposition de solides et à retarder
voire empêcher la formation de gaz sulfureux (H20). La vitesse minimale doit être calculée en
fonction du débit de dimensionnement. Une vitesse minimale doit être calculée en fonction du
débit de dimensionnement ; Une vitesse minimale doit être calculée maintenue dans le réseau
d’égout d’eaux usées.

La vitesse d’écoulement supérieure à la vitesse minimale est souhaitée, toutefois une limite
supérieure est demandée dans le but d’éviter une usure et une détérioration excessive des
conduites et les infrastructures (tels les regards). En général, la vitesse maximale de 3 m/s est
imposée pour la plupart des organismes municipaux.

Le débit de pointe utilisé pour le dimensionnement des conduites est obtenu à partir du débit
moyen journalier (Qm) auquel on applique un coefficient de pointe de la forme :

f = 1,5 + 2,5 / Qm

Le débit moyen journalier est la consommation d’eau potable diminuée d’un certain
pourcentage de pertes (20 à 30 %).

Le débit de pointe urbain peut être majoré éventuellement par le débit de pointe industriel
(facteur de pointe industriel est prise souvent égale à 2,5).

Le débit de pointe étant connu, le dimensionnement est réalisé à l’aide de la formule de


Manning-Strickler. Il s’agit de l’écoulement dans les sections partiellement pleines. Sur cette
figure, h désigne la profondeur actuelle de l’écoulement, H, la profondeur projetée et Ø, le
diamètre de la conduite à calculer

73
La figure 4.3 montre la section de l’écoulement du liquide dans un collecteur circulaire

4.3 LES OUVRAGES

Tableau 4.2 : Eléments constitutifs d’un réseau


Type de réseau
Organes constitutifs
Unit EP EU PS CC CR
Bouche d’égout (BE) + + N N
Grille de BE + +
Cheminée d’aération + +
Regards de réseau
- d’accès latéral + +
- de visite et d’intervention + + + N
- de décantation + + N
- d’exploitation + +
- de jonction + + + +
- étanche + + + +
- de façade + + + +
- de ventilation + + + +
- de chasse d’eau
+ +
Ouvrages de branchement + + + + N N
Fontes d’assainissement et de voiries
+ + + +
Collecteurs + + + + N N
Canalisations
+ + + + N N
Conduites de refoulement
- piège à sable + + N *
- dessableur + + N N *
- chambre de dessablement + + N N +

74
Déversoir d’orage + +
Régulateur hydraulique + + + +
Débouché en milieu naturel + + N N * *
Dispositifs de mesure + + + + + +
Glossaire : Type de réseau ; Unit = unitaire ; EP = eaux pluviales
EU = eaux usées ; PS = pseudo – séparatif
CC conduite en charge (forcée) ; CR conduite de refoulement
Symboles
+ type de réseau où ces ouvrages sont réalisables
N type de réseau où ces ouvrages sont exclus

* implantation selon étude spécifique du cas

4.3.1 Bouches d’égout (BE)


Elles sont implantées généralement en des points des caniveaux déterminés par leur pente.
Elles permettent également les changements de pente, de diamètre et assure la jonction des
conduites. Elles sont prévues pour un accès aux équipes d’entretien et au matériel de curage.
Elles doivent permettre une manipulation facile et être protégées par des grilles fixes si
nécessaire.

L’ouverture du tampon doit être rapide et facile pour les opérations périodiques de curage ou
les interventions de débouchage.

Les nuisances consécutives au fonctionnement sont le plus souvent les obstructions,


les mauvaises odeurs et les affaissements.

On distingue plusieurs types de bouche d’égout :

- B.E. à passage direct,


- B.E. à décantation,
- B.E. sélective à panier,
- B.E. spéciale pour rétention des feuilles d’arbres,
- B.E. siphoïde.

75
76
4.3.2 Regards d’égout
Le regard d’égout constitue une infrastructure de toute une importance du réseau. Il
permet l’accès à la conduite pour effectuer les tâches d’entretien et assurer une ventilation
dans le réseau permettant ainsi aux gaz nocifs et explosifs de s’échapper (H2S, NH3
ammoniac).

Les différents types de regards sont :

- Regard latéral d’accès,


- Regard de visite et d’intervention,
- Regard à décantation,
- Regard d’exploitation (visite, intervention et décantation),
- Regard étanches : ils sont construits si la conduite peut être en charge ou s’il y a risque
d’infiltrations d’eau de la nappe ou de fuites d’eaux usées dans le sol,
- Regard de façade (branchement au réseau),

77
- Regard de ventilation,
- Regard de chasse d’eau,
Regards spéciaux : regards de siphon, regard mixte pour EU/EP.

L’espacement entre les regards et bouches d’égout varie selon les diamètres :

- 100 m environ pour les conduites de 305 à 1220 mm de diamètre ,


- 150 m environ pour les conduites supérieures à 1220 mm de diamètre.

78
4.3.3 Ouvrages de branchement
Il permet le raccordement des bâtiments à un réseau d’assainissement public ou privé
afin d’évacuer à l’égout les eaux usées d’origine domestique et industriel et les eaux pluviales.
Un branchement est toujours constitué de trois parties distinctes :

- Un regard de façade (RF),


- Un ouvrage de raccordement à la canalisation Té, culotte en Y, selle avec joint souple
à lèvres, etc.),
- Une tubulure intermédiaire entre ces deux ouvrages (tuyau en amiante ciment, en
PVC).

On distingue trois grandes catégories de branchement privilégiés : le branchement


domestique (eaux usées domestiques), le branchement pluvial (drain de fondation et drain
de toit) ; le branchement unitaire (eaux usées domestiques, drain de fondation et de toit).

Le diamètre de la conduite est en règle générale de 100 ou 125 mm pour le


branchement domestique.

79
80
81
Chapitre 5 : RESEAUX D’EVACUATION DES EAUX PLUVIALES

5.1 INTRODUCTION

La gestion des eaux pluviales se trouve assujettie à des obligations qui visent le
contrôle des débits d’eau et de polluants produits par les espaces urbanisés. La priorité
est donnée au contrôle des débits sur les polluants
L’objectif de lutte contre les inondations reste prioritaire, mais il est de plus en plus
complété, voire concurrencé dans le cadre de la gestion urbaine des eaux pluviales, par
l’objectif de limitation des rejets polluants.
L’assainissement pluvial est l’opération consiste à évacuer par voie hydraulique les
eaux de pluie provenant d’une agglomération humaine ou d’un centre d’activité
économique.
Le zonage "Eaux pluviales" détermine les zones où des mesures doivent être prise pour
limiter l’imperméabilisation des sols et pour assurer la maîtrise du débit et de
l’écoulement des eaux pluviales, ainsi que les zones où il est nécessaire de prévoir des
installations pour assurer la collecte, le stockage éventuel et, en tant que besoin, le
traitement des eaux pluviales et de ruissellement lorsque le pollution qu’elles apportent
au milieu aquatique risque de nuire gravement à l’efficacité des dispositifs
d’assainissement.
Dans le cas d’un système unitaire, ce sont les déversoirs d’orage, sur le réseau et en
tête de station, qui peuvent par leurs déversements ruiner l’image des efforts faits pour
améliorer les traitements de temps sec
Les communes n’ont pas obligation, à proprement parler, de collecter les eaux
pluviales. Elles sont tenues, en agglomération, d’assurer l’écoulement des eaux
pluviales des voiries. De plus, le code civil indique que les eaux de toiture des
propriétés doivent être renvoyées, soit sur le terrain de la propriété, soit sur la voie
publique. De ce fait, il y a indirectement une obligation de récupérer les eaux pluviales
des propriétés, lorsque celles-ci sont rejetées sur la voie publique, et lorsqu’un réseau
public existe au droit des parcelles privées. Mais, il n’y a pas d’obligation pour la
collectivité de créer un réseau d’assainissement des eaux pluviales.
Cependant, de nombreuses communes gèrent l’assainissement pluvial, soit :
82
- Via un réseau d’assainissement unitaire, dans ce cas, la compétence "eaux
pluviales" est indissociable de la compétence "eaux usées"
- Via un réseau séparatif, dans ce dernier cas, la compétence est théoriquement
dissociable de celle des eaux usées, mais cette dissociation est difficile à mettre
en œuvre.
Dans tous les cas, la gestion financière de ces deux compétences devrait être dissociée,
les investissements liés aux eaux usées étant financés par le budget annexe des
communes, issu des redevances assainissement perçues sur la facture des abonnés à
l’eau, et les investissements concernant les eaux pluviales devant être financés sur le
budget général des communes.
La principale difficulté dans l’exercice de la compétence "eaux pluviales" des
communes est qu’elles ne maîtrisent pas les entrées dans le réseau. Celles-ci
dépendent, d’une part, de la pluie, et d’autre part, du ruissellement sur des surfaces
dont la collectivité n’a qu’une maîtrise partielle.
Pour maîtriser l’occupation du sol et les quantités d’eau susceptibles d’entrer dans les
réseaux, il est nécessaire de maîtriser les documents de planification urbaine, les
programmes d’aménagement, ainsi que les permis de construire.
L’égout pluvial est une canalisation enterrée destinée à recevoir les eaux de pluie et de
lavage des rues à l’exclusion des eaux domestiques et résiduelles.
L’égout unitaire est une canalisation recevant aussi bien l’eau de ruissellement que les
eaux usées.
Le canal pluvial est une canalisation non enterrée destinée à recevoir les eaux de pluie
des rues.
L’égout pluvial est une canalisation non enterrée destinée à recevoir les eaux de pluie
des rues.
L’égout pluvial et l’égout unitaire sont prévus pour les mêmes capacités à cause du
très faible débit des eaux domestiques à celui du débit des eaux pluviales ; seules les
eaux de ruissellement en surface seront captées par l’égout pluvial.

83
5.2 RESEAU D’EGOUT

Le réseau pluvial conçu de façon à capter par gravité les eaux qui lui sont
destinées doit :
- Être suffisamment profond pour capter les eaux qui lui sont destinées,
- Résister aux charges mortes (remblai) et vives (circulation),
- Avoir une capacité hydraulique suffisante pour véhiculer les débits de pointe
anticipés,
- Avoir une pente suffisante de façon à éviter toute déposition de solides,
- Être muni des infrastructures nécessaires pour assurer le captage, l’évacuation
et l’entretien efficaces du système,
- Être économique d’entretien et sécuritaire aussi bien pour le personnel
d’entretien que pour le public tout le long de sa vie utile.

5.3 LES CONDUITES

5.3.1 Différents types de conduites

Nonobstant la nature du réseau d’égout on peut identifier trois groupes de conduites.


- Collecteur local : l’égout local est destiné à véhiculer les eaux en provenance
d’un secteur très limité
- Collecteur Secondaire : il reçoit les eaux de plusieurs collecteurs locaux
- Collecteur principal : il constitue l’axe principal d’évacuation des eaux du sous-
bassin.

5.3.2 Matériau

Les conduites d’égout peuvent être construites en différents matériaux.


Le matériau le plus usuel pour la construction des conduites d’égout est le béton armé
(150 à 3 660 mm) : les conduites d’égout en béton armé préfabriqué peuvent servir à
l’évacuation par gravité et aussi sous – pression. Elles sont très résistantes mais de
manutention difficile particulièrement dans les grands diamètres et elles sont sujettes à
la corrosion (acides, H2S).

84
5.3.3 Formes particulières

Outre les formes circulaires propres aux conduites préfabriquées. On peut retrouver
dans le cas des canaux construites sur place diverses formes qui facilitent à la fois la
construction et l’écoulement des eaux. On trouve ainsi des formes :
- Semi – circulaires
- Triangulaires
- Rectangulaires
- Trapézoïdales

5.3.4 Débit et vitesse

L’évacuation par gravité des eaux sans mise en charge des conduites nécessite le
maintien de la vitesse d’écoulement minimal de façon à éviter toute déposition de
solides. La vitesse minimale doit être calculée en fonction du débit de
dimensionnement. Une vitesse minimale de 0,9 doit être maintenue dans le réseau
d’égout d’eaux pluviales.
La vitesse d’écoulement supérieure à la vitesse minimale est souhaitée, toutefois une
limite supérieure est demandée dans le but d’éviter une usure et une détérioration
excessive des conduites et les infrastructures (tes les regards). En général, une vitesse
maximale de 3m/s est imposée pour la plupart des organismes municipaux.
Le débit de pointe utilisé pour le dimensionnement des conduites est obtenu à partir de
plusieurs formules dont la Méthode rationnelle.
Cette méthode exprimée par l’équation :

Q=CIA
Avec
Q = débit l/s,
C = coefficient de ruissellement,
I = intensité moyenne de précipitation l/ha mesurée par des relevés hydrométriques,
A = surface tributaire en ha.

Ou

Q = C I A/360
Avec
Q = débit m3/s,

85
C = coefficient de ruissellement,
I = intensité moyenne de précipitation mm/h
A = surface tributaire en ha.

Ou bien

Q = 0,278 C I A
Avec
Q = débit m3/s,
C = coefficient de ruissellement,
I = intensité moyenne de précipitation mm/h
A = surface tributaire en km2.

Le produit CA = surface imperméable soit la surface qui aurait un facteur de


ruissellement de 100 %.
Le débit de pointe étant connu, le dimensionnement est réalisé à l’aide de la formule
comme celle de Manning-Strickler :

5.3.5 Caractéristiques des sections transversales des caniveaux

5.3.5.1 Profil triangulaire

m’h mh
///////// ///////////
h
1 1

m’ m

Figure 5.1 : Profil triangulaire

S= h 2 (m’+ m )/2

P = h  1 + m 2 + 1 + m2 


 
S
R=
P

5.3.5.2 Profil trapézoïdal isocèle

86
S= h (b+ m h)

P = b + 2h 1 + m 2
S
R=
P
L = b + 2mh

L
mh mh

/////////// ///////////
h

1 1
m m
b

Figure 5.2 : Profil trapézoïdal isocèle

5.3.5.3 Profil rectangulaire

/////////////////// /////////////////
S= b h

P= b+ 2h h
S
R=
P
b

Figure 5.3: Profil rectangulaire

5.3.5.4 Section circulaire

Figure 5.4 : Section circulaire

87
D 2
S=
4
P= D
S D
R= =
P 4

Figure 2.14 : Caractéristiques d’une section circulaire

5.3.6 Les équations de base dans l’étude des écoulements à surface libre

5.3.6.1 Formule de Manning (ou de Strickler)

1 1/6 1 2/3 1/2


C= R = k s R1/6 de telle sorte que V = R I = k s R 2/3I 1/2
n n

Dans cette formule

n= coefficient de rugosité de Manning


ks= coefficient de rugosité de Strickler

Le débit est le produit de la section mouillée par la vitesse moyenne ; soit

Q= VS
1 2/3 1/2
Q= SR I = ksSR2/3I 1/2
n

88
5.3.6.2 Formule de Bazin

87SR I
Q=
+ R

5.3.7 Paramètres hydrologiques d’un bassin

5.3.7.1 Coefficient de ruissellement C

Le coefficient de ruissellement est théoriquement le rapport entre le volume d’eau de


pluie réellement ruisselé et le volume total des précipitations. Il dépend des
caractéristiques physiques, géologiques et topographiques des surfaces drainées.
Confer tableau 4.3.1.
Lorsque le bassin étudié est composé de plusieurs petits bassins avec des coefficients
de ruissellement différents, la valeur moyenne de Cm est :

1
C m
=
A
 CA
i i
A = Surface totale à drainer
Ci = coefficient de ruissellement de chaque petit bassin
Ai = surface de chaque petit bassin

Le tableau suivant donne les valeurs des coefficients de ruissellement élémentaires.


Tableau 4.3.1 : Valeur des coefficients de ruissellement élémentaires

Nature de l’aire élémentaire C


1- Rues et trottoirs bitumés
- Pentes 0 à 3 % 0,85
- Pente 3 à 6 % 0,90
- Pente > 6 % 0,95
2- Rues et chemins en latérite compactée
- Pente : 0 à 5 % 0,35
- Pente > 5 % 0,50
3- Chemin de sable ou allées en gravier 0,20
4- Terrains vagues avec sous-sol sableux
- Pente faible 0,05
- Pente forte 0,20
5- Terrains vagues sous-sol argile sableux 0,20
6- Toitures métalliques en amiante ciment ou similaires
- Pente faible 0,75
- Pente forte 0,90
7- Cours d’immeuble imperméabilisées 0,60
8- Cours d’immeuble non imperméabilisées 0,40
9- Jardin, surfaces planchées ou boisées 0,10
10- Terrain de jeux, voies ferrées et similaires 0,20

89
La méthode peut toutefois être utilisée sans décomposition de l’aire en aires
élémentaires. On prend alors les coefficients moyens suivants :
- habitations très denses 0,9
- Habitations denses 0,6 à 0,7
- Habitations moins denses 0,4 à 0,5
- Quartiers résidentiels 0,2 à 0,3
- Zones industrielles 0,2 à 0,3
- Jardins, prairies 0,05 à 0,2

5.3.7.2 Surface de drainage

La surface du bassin drainé est obtenue par planimétrage à partir des cartes
topographiques établies à une échelle raisonnable. L’air du bassin doit inclure les
informations suivantes :
- Utilisation actuelle de chaque petit bassin,
- Structure géologique du sol,
- Pente générale du terrain.

5.3.7.3 Intensité de la pluie

C’est le facteur qui détermine la pluie considérée et sa période de retour. La durée de


cette pluie est choisie égale au moins au temps de concentration du bassin drainé.
L’intensité de la pluie est exprimée sous la forme :
−b
I p
= 60 a T c

Ip = intensité de la pluie (mm/h)


Tc = temps de concentration du bassin (min)
a et b = coefficients donnés.
Suivant SOGREAH, pour la ville de Lomé, les coefficients a et b sont donnés dans le
tableau suivant :
Temps de
concentration Tc Période de récurrence (années)
(min)
10 5 2
< 60 a = 8,60 a = 7,31 a = 5,59
b = 0,43 b = 0,43 b = 0,43
> 60 a = 54 a = 45,9 a = 36,1
b = 0,88 b = 0,88 b = 0,88

90
Le Tc d’un bassin est le temps que met la goutte d’eau la plus éloignée pour parvenir
à l’exutoire. Plusieurs formules sont utilisées telles que : KIRPICH, RICHARD,
SOGREAH.

• Formule de KIRPICH

0 , 77
1
T C = 52 L
0 , 385
L = distance la plus éloignée de l’exutoire en (m)
P
P = Pente moyenne du terrain (m/m)
• Formule de SOGREAH
−0 , 35 −0 , 50
= 0,90 A
0 , 35
T C C P
A = surface du bassin (en ha)
C = coefficient de ruissellement
P = pente moyenne du terrain (m/m)

5.3.7.4 Temps d’écoulement

Le temps d’écoulement dans les conduites est parfois considéré et ajouté au Tc si la


conduite est longue. Ce temps est exprimé par la formule

L
T e
= L = longueur de la conduite (m)
V
V = vitesse d’écoulement (m/s)
Te = temps d’écoulement

5.4 LES OUVRAGES

5.4.1 Bouches d’égout (BE) et Regard d’égout

Elles sont implantées généralement en des points des caniveaux déterminés par leur
pente. Elles permettent également les changements de pente, de diamètre et assure la
jonction des conduites. Elles sont prévues pour un accès aux équipes d’entretien et au
matériel de curage. L’ouverture du tampon doit être rapide et facile pour les opérations
périodiques de curage ou les interventions de débouchage.

91
5.4.2 Puisards de rue (avaloirs)

Le puisard de rue est propre au réseau d’égout et unitaire. Il a pour fonction de


collecter toutes les eaux de ruissellement en surface pour être véhiculées à l’égout
unitaire ou pluvial selon le cas.
Le puisard de rue est en quelque sorte un désableur (prise de sable) destiné également
aux débris lourds (sable et gravillons) véhiculés par les eaux de ruissellement.

5.4.3 Pièges à sable

Cet ouvrage est une mini-chambre de dessablement destinée à retenir en fonction de


certains débits, tout ou partie des sables en suspension ; Leur extraction doit
s’effectuer périodiquement à l’aide d’aspiratrices lorsque la profondeur le permet ou
d’appareils mécaniques lorsqu’elle est trop importante.
Sa construction plus aisée et moins onéreuse qu’une chambre de dessablement, a
l’avantage, en outre, de permettre une surveillance plus facile de l’engorgement du
réseau.
Chambre d’exploitation est un ouvrage essentiellement construit pour permettre le
ramonage mécanique des gros collecteurs, il peut être classé dans la famille des
ouvrages de dessablement.
Il autorise :
- L’accessibilité aux équipes d’entretien,
- L’installation des appareils de ramonage,
- L’extraction à partir d’un puits de décantation, des matières ramonées à l’amont
de l’ouvrage. Cette extraction sera facilitée par la construction d’une
décantation.
Chambre de dessablement est un ouvrage qui se différencie du dessableur par une
absence d’équipement fixe d’extraction et par une capacité de stockage plus
importante pour des interventions plus espacées. Son volume est donc supérieur aux
dessableurs mécanisés.
Piège à bâtard ou piège à sables rustique est essentiellement destiné à la protection de
certains appareillages comme les dégrilleurs. Sa forme simplifiée et rudimentaire
limite les coûts d’investissement et facilite les opérations d’extraction. Il permet de
retenir principalement les blocs de béton et les pierres.
Selon le type, l’ouvrage devra être implanté à l’entrée :

92
- Des parties canalisées des ruisseaux et fossés,
- Des bassins de retenues, en amont des dégrilleurs,
- Des stations de pompage pluviales ou unitaires.

Avantages : protection des autres ouvrages d’assainissement, absorption des particules


d’hydrocarbures par les molécules qui sédimentent.

Inconvénients : investissements plus ou moins coûteux, variation du régime,


implantation éventuellement gênante pour la circulation pendant les opérations de
curage.
La connaissance du débit Q permet de définir la largeur (L) et la profondeur (h) du
dessableur à partir de la vitesse V que l’on s’impose dans le dessableur (V est compris
entre 0,2 et 0,5 m/s).
La longueur du dessableur s’obtient par la formule :

V
L=K x xh
W
Avec
K = coefficient de majoration tenant compte du fait que la sédimentation se fait dans un
effluent en écoulement
V = vitesse
H = profondeur
W = vitesse de sédimentation du sable dans l’eau stagnante en fonction de la granulométrie.

Le tableau suivant fournit les valeurs de la vitesse de sédimentation.

Granulométrie (en mm) W (m/s)


0,125 0,0086
0,160 0,0135
0,200 0,0190
0,250 0,0255
0,315 0,0350

93
Chapitre 6 : MAÎTRISE DES EAUX PLUVIALES

6.1 INTRODUCTION

La politique du « tout à l’égout » découlant du mouvement hygiéniste du XIX siècle


qui consiste à évacuer l’eau vers l’aval par des canalisations, montre aujourd’hui des
limites. Avec l’extension de l’urbanisation les réseaux sont arrivés à saturation.
Il faut changer de politique en adoptant une gestion alternative des eaux pluviales dans
le but de :
- Limiter les risques d’inondation
- Réduire les risqué de pollution du milieu récepteur
- Améliore le cadre de vie en intégrant des techniques alternatives dans les
espaces urbaines.

6.2 BASSINS DE STOCKAGE-RESTITUTION (BSR)

Dans les réseaux unitaires, quelques types d’ouvrages limitent les surverses par temps
de pluie et assurent une restitution différée des effluents de "petites pluies" vers la
station d’épuration, ainsi qu’un étalement du traitement.
En effet, même lorsque les déversoirs d’orage sont correctement dimensionnés et bien
entretenus, les déversements induisent un choc pour le milieu naturel. Celui-ci est alors
suffisamment perturbé, pour que tous les efforts d’épuration des flux de temps sec
soient annihilés en quelques heures. Par ailleurs, les stations d’épuration sont
dimensionnées pour une charge nominale moyenne journalière et une pointe qui n’est
souvent atteinte qu’au mieux 12h/24.
Dans ce cadre, il devenait tentant de mettre en place des bassins, avec les fonctions :
- Écrêtement des débits de temps de pluie
- Stockage des eaux, avant déversement
- Restitution des eaux vers la station de traitement après la pluie

94
Dans certains cas, lorsque le trop-plein du bassin doit se mettre en service, une
fonction supplémentaire est assurée par la décantation des eaux présentes dans le
bassin avant leur rejet.

6.2.1 Conception des bassins de stockage-restitution (BSR)


Il existe plusieurs techniques de conception des bassins de stockage-restitution (BSR),
qui ont été nettement définies, correspondant chacune aux modes d’alimentation du
bassin et de restitution des eaux de temps de pluie :
- Bassin à connexion directe, traversé en permanence par la totalité des eaux
- Bassin à connexion latérale, alimenté seulement lorsque le réseau aval est saturé
- Bassin piège, le rôle de trop-plein étant joué par le déversoir d’orage situé à
l’amont
- Bassin de transit, le trop-plein jouant un rôle d’un déversoir supplémentaire, les
eaux ayant décanté préalablement.
La mise en place de tels bassins permet donc de limiter les débits à l’aval, en
conservant une partie intéressante des flux polluants.
On peut ainsi attendre des rendements d’élimination de la pollution aussi bons que par
temps sec. De plus, en restituant ces flux de temps de pluie à la STEP, on augmente
globalement le degré d’épuration du système. En effet, par temps de "petites pluies",
ce qui aurait pu être déversé au niveau du déversoir d’orage est conservé et renvoyé
ensuite à la STEP.

6.2.2 Dispositions constructives des bassins enterrés


La réalisation des bassins enterrés est fortement soumise aux contraintes
hydrogéologiques et géotechniques des sols qui conditionnent les choix, partis et
dispositions constructives. La conception générale et des éléments constitutifs des
ouvrages nécessite, selon les cas, d’étudier :
- la présence de la nappe, dont la poussée d’Archimède due à la pression
hydraulique n’est pas négligeable.
- Le rabattement de la nappe durant les travaux, qui demande une appréciation
des incidences des pompages mis en œuvre. L’abaissement du niveau de
l’aquifère peut entraîner des risques graves pour la stabilité des édifices situés à
proximité. Les pompages nécessaires aux réalisations peuvent être tellement
importants (< 1 m3/s), notamment sur les collecteurs de berge où sont
couramment implantés les bassins de stockage-restitution (BSR) et aux projets
95
bas en ce qui concerne les bassins de retenue, qu’il soit obligatoire de procéder
par étapes progressives, soit par une réalisation dans l’eau.
- L’incidence de la nappe et la nature du substrat sur les dispositions
constructives, qui conduit généralement à des réservoirs plats de grandes
superficies et de profondeur la plus faible possible. On a priori intérêt à réduire
les terrassements, la hauteur de battage des palplanches, ... a contrario, la
réalisation peut revêtir des formes compactes, enterrées profondément sous le
niveau de nappe
- La disposition dans l’espace disponible et la forme du bassin, qui peut être
cylindrique, présentant l’avantage d’une structure autostable, d’une répartition
des charges et sollicitations. La forme parallélépipède ou quelconque peut
permettre une faible profondeur, mais couvrir, pour un volume donné, une
superficie plus importante
- L’exécution en parois moulées, qui a pour principe de creuser une tranchée de
l’épaisseur du mur périphérique du bassin (épaisseur 0.40 à 0.60 m) remplie au
fur et à mesure d’une boue compensatrice avant la mise en place d’armatures
façonnées, et d’injecter le béton
- La confection d’un rideau de palplanches périphérique pour limiter les fouilles,
constituer un coffrage de la paroi et un ancrage avec les extrémités des
palplanches (1/3 de la hauteur environ) fichées dans le sous-sol
- Le havage d’anneau circulaire en béton du diamètre du bassin, descendu au fur
et à mesure de l’extraction des terres ou des boues à l’intérieur.
La réalisation du radier d’un bassin demande :
- D’épouser une forme tronconique pour les bassins cylindriques et, dans tous les
cas, une pente du radier de 5 à 15 % avec cunette pour diriger les écoulements
de faibles débits
- De mettre en place, au besoin, un radier-masse en béton armé d’épaisseur
supérieure ou égale à 1 m
- D’envisager en solution variante, de "clouter" par des tirants d’ancrage le radier
dont l’épaisseur peut être aussi réduite.

96
6.3 CHAUSSEES A STRUCTURES RESERVOIR

6.3.1 Principes de fonctionnement et avantages spécifiques


Une chaussée à structure réservoir supporte, comme toute chaussée, la circulation ou le
stationnement de véhicules. Elle est aussi un réservoir pour les eaux de ruissellement :
la rétention d’eau se fait à l’intérieur du corps de la chaussée, dans les vides des
matériaux.
L’eau est collectée, soit localement par un système d’avaloirs et de drains qui la
conduisent dans le corps de chaussée, soit par infiltration répartie à travers un
revêtement drainant en surface, enrobé drainant ou pavé poreux.
L’évacuation peut se faire vers un exutoire prédéfini ou un réseau d’eau pluviale ou
par infiltration dans le sol support
Les avantages spécifiques à cette solution concernent principalement :
- L’insertion très facile en milieu urbain sans consommation d’espace
- Diminution du bruit de roulement si le revêtement de surface est un enrobé
drainant
- Amélioration de l’adhérence
- Piégeage de la pollution
- Alimentation de la nappe

6.3.2 Critères à vérifier pour une bonne réalisation


- La pente du terrain :

o Trop importante, elle peut provoquer une accumulation de l’eau dans les
points bas et donc débordement sur la chaussée. Elle réduit aussi la
capacité de stockage dans le matériau poreux. On peut mettre en place
des cloisons ou augmenter l’épaisseur du matériau pour améliorer cette
capacité de stockage. La pente est qualifiée "d’importante" à partie de
1%. On retiendra qu’il est possible de réaliser des chaussées à structure
réservoir jusqu’à des pentes de 10%
o Inversement, sur terrains plats, il n’y a pas de risque de débordement,
mais la durée de la vidange peut être longue. Il est souhaitable de donner
de légères pentes au fond de la structure poreuse pour éviter les
stagnations d’eau locales

97
- La perméabilité du sol : de 10-5 à 10-3 m/s, elle permet la sortie de l’eau par
infiltration dans le sol support. Avec une perméabilité plus faible que 10-5 m/s,
il est préférable de rechercher des horizons plus perméables, avec un puits
infiltrant par exemple.
- La sensibilité du sol support à l’eau : le sol peut perdre ses caractéristiques
mécaniques en présence d’eau dans certains cas, le dimensionnement de la
structure de la chaussée pourra pallier ce défaut (voir le chapitre
"dimensionnement")
- La profondeur de la nappe : le sol situé entre le réservoir et la nappe jouant le
rôle de filtre, une épaisseur peut être fixée par les services d’hygiène locaux.
Une infiltration avec une nappe affleurante nécessite des mesures de protection
supplémentaires.
- Lorsque le risque de pollution accidentelle ou diffuse existe, il faudra prévoir
des dispositifs d’épuration en amont de l’infiltration dans le sol. Lorsque le
risque de pollution est fort, l’infiltration est à proscrire. La sous-couche sera
protégée par une géomembrane et l’évacuation de l’eau se fera vers un autre
exutoire.
- Le règlement qui limite ou interdit l’infiltration peut devenir une contrainte :
périmètre de protection des eaux de baignade ou des zones d’alimentation des
captages AEP.
Enfin, pour en assurer la pérennité, il est important d’informer les usagers des
principes de fonctionnement de la chaussée à structure réservoir et des règles
minimales à respecter, telles que :
- Ne pas rejeter d’eaux usées ni polluées dans des avaloirs assurant la diffusion
des eaux de pluie dans ces structures.
- Ne pas entreposer de terre ou de matériaux pulvérulents sur des revêtements
drainants

98
6.4 LES NOUES

6.4.1 Principes de fonctionnement et avantages spécifiques


Une noue est un fossé large et peu profond, avec un profil présentant des rives en
pente douce. Sa fonction essentielle est de stocker un épisode de pluie retenu (décennal
par exemple), mais elle peut aussi servir à écouler un épisode plus rare (centennal par
exemple).

Noue longitudinale le long d’habitat clairsemé


Le stockage et l’écoulement de l’eau se font à l’air libre, à l’intérieur de la noue. L’eau
est collectée, soit par l’intermédiaire de canalisations dans le cas, par exemple, de
récupération des eaux de toiture et de chaussée, soit directement après ruissellement
sur les surfaces adjacentes. L’eau est évacuée vers un exutoire - réseau, puits ou bassin
de rétention - ou par infiltration dans le sol et évaporation. Ces différents modes
d’évacuation se combinent selon leur propre capacité. En général, lorsque le rejet à
l’exutoire est limité, l’infiltration est nécessaire, à condition qu’elle soit possible.
Parmi les principaux avantages liés à l’utilisation de cette technique, on peut citer :
- L’utilisation en un seul système des fonctions de rétention, de régulation,
d’écrêtement qui limitent les débits de pointe à l’aval ainsi que le drainage des
sols ;
- La création d’un paysage végétal et d’espaces verts pour une bonne intégration
dans le site ;

99
- Sa réalisation par phases, selon les besoins de stockage ;
- Son coût peu élevé.
Cette technique comporte deux inconvénients majeurs :
- La nécessité d’entretenir régulièrement les noues ;
- Les nuisances dues à la stagnation de l’eau.

6.4.2 Critères à vérifier pour une bonne conception


- La pente du terrain naturel : Elle indique la variation de profondeur du fond de
noue par rapport au terrain naturel et le nombre de biefs. A la conception,
l’existence d’une pente n’est pas un facteur rédhibitoire. Dans le cas d’une
pente forte, des cloisons peuvent être mises en place afin d’augmenter le
volume de stockage et réduire les vitesses d’écoulement. Dans le cas d’une
pente très faible, inférieure à 2 ou 3 ‰, une cunette en béton devra être réalisée
en fond de tranchée pour assurer un écoulement minimal. A la réalisation, il
faut surveiller que la pente du projet soit correctement exécutée tout au long de
la noue pour éviter la stagnation d’eau dans les points bas. Celle-ci, source de
mauvaises odeurs et de moustiques, est mal perçue par les habitants et
dévalorise ce système d’assainissement ;
- L’érosion des sols : Elle dépend de la nature des sols et de la pente transversale
de la noue. La conception et l’entretien peuvent limiter l’érosion afin d’assurer
la pérennité de la noue et l’acceptation du système par les habitants.
- La perméabilité du sol : de 10-5 à 10-3 m/s, elle permet la sortie de l’eau par
infiltration dans le sol support. Avec une perméabilité plus faible que 10-5 m/s,
il est préférable de rechercher des horizons plus perméables, avec un puits
infiltrant par exemple.

6.5 BASSINS SECS ET BASSINS EN EAU

6.5.1 Principe de fonctionnement et avantages spécifiques


L’eau est collectée par un ouvrage d’arrivée, stockée dans le bassin, puis évacuée à
débit régulé soit par un ouvrage vers un exutoire de surface (bassins de retenue), soit
par infiltration dans le sol (bassins d’infiltration).

100
Parmi les bassins de retenue, on distingue les bassins en eau, qui conservent une lame
d’eau en permanence, et les bassins secs qui sont vides la majeure partie du temps et
dont la durée d’utilisation est très courte, de l’ordre de quelques heures seulement.
Les bassins sont situés soit en domaine public, où on leur attribue un autre usage
valorisant les espaces utilisés, soit en lotissement, ou encore chez le particulier.

Bassin en eau Bassin sec

Parmi les principaux avantages liés à l’utilisation de cette technique, on peut citer :
- La création de zones vertes en milieu urbain ou péri-urbain ;
- Une bonne intégration dans le site : les bassins en eau sont des plants d’eau,
lieux de promenades et d’activités aquatiques. Les bassins secs peuvent être
paysagés, aménagés en espaces verts inondables ;
- Une mise en œuvre facile et bien maîtrisée.
Les inconvénients sont :
- Le risque lié à la sécurité des riverains pour les bassins en eau ;
- Les éventuelles nuisances dues à la stagnation de l’eau ;
- La consommation d’espace ;
- La pollution de la nappe pour les bassins d’infiltration.

6.5.2 Critères à vérifier pour une bonne réalisation

6.5.2.1 Bassins en eau


- Pour satisfaire à l’usage secondaire lié à l’eau, activités aquatiques, promenade,
celle-ci doit être d’assez bonne qualité, sans flottants notamment, ni irisation
par des produits pétroliers ou huileux. Un réseau séparatif est recommandé ;

101
- L’alimentation en eau du bassin doit être prévue pendant les périodes de
sécheresse ;
- Ils sont sensibles aux déversements de pollution par les eaux pluviales
(envasement, apport de métaux lourds et de matière organique) et usées (rejets,
arrivées diffuses provenant des industriels ou de mauvais branchements de
particuliers).

6.5.2.2 Bassins secs


- Leur fréquence d’utilisation doit être assez faible et les durées de submersion
pas trop longues ;
- Les hauteurs d’eau atteintes doivent être faibles ;
- Pour maintenir le bassin à sec, un drainage général est souvent nécessaire. Il
permet d’évacuer les eaux de la nappe, de conserver toute la capacité de
l’ouvrage et d’assurer une portance minimale du fond de bassin.

6.5.2.3 Pour les deux types de bassins


- Il faut éviter tout rejet provenant de zones de proximité telles que zones
d’activités commerciales ou industrielles générant des pollutions. Un
compartimentage du bassin ou des protections spécifiques peuvent s’imposer ;
- La conception doit être soignée ;
- La gestion doit être rigoureuse pour la sécurité et le confort des riverains ;
- Le bassin doit avoir un usage secondaire pour obliger son entretien et donc
assurer sa pérennité, et pour rentabiliser le coût des acquisitions foncières.
Les bassins doivent être réservés aux cas où l’on peut respecter les conditions citées ci-
dessus, notamment aux cas où l’on a obligatoirement les moyens et la structure pour
une gestion efficace.

6.6 LES TRANCHEES D’INFILTRATION

6.6.1 Principe de fonctionnement et avantages spécifiques


La tranchée est une excavation de profondeur et de largeur faibles, servant à retenir les
eaux. Elle peut être revêtue en surface divers matériaux tels qu’un enrobé drainant, une

102
dalle de béton, des galets ou de la pelouse, selon son usage superficiel : parkings de
centre commerciaux, trottoirs le long de la voirie, ou jardins.
L’eau est collectée soit localement par un système classique d’avaloirs et de drains qui
conduisent l’eau dans le corps de la tranchée, soit par infiltration répartie à travers un
revêtement drainant, pavé poreux, galets, ou par des orifices entre bordures ou autres
systèmes d’injection, après ruissellement sur les surfaces adjacentes.
L’évacuation se fait de façon classique vers un exutoire prédéfini : un réseau
d’assainissement pluvial en général ou par infiltration dans le sol support.
Selon leur capacité, ces deux modes d’évacuation peuvent se combiner.
Parmi les principaux avantages liés à l’utilisation de cette technique, on peut citer :
- L’insertion facile en milieu urbain avec une faible consommation d’espace ;
- Bonne intégration au paysage, grâce aux diverses formes et revêtements de
surface ;
- Mise en œuvre facile et bien maîtrisée.
Le principal inconvénient est lié strictement comme pour toutes les techniques
d’infiltration, au risque de pollution de la nappe, suite à une pollution accidentelle.

Tranchée sous enrobé poreux Tranchée sous terre végétale

6.6.2 Critères à vérifier pour une bonne réalisation


Les principaux critères à vérifier concernent :
- La pente du terrain naturel pour bien positionner soit le cloisonnage, soit
l’interception du ruissellement ;
- Les réseaux des différents concessionnaires ;
- La capacité de l’exutoire ;

103
- Les critères liés à l’infiltration (perméabilité, profondeur de la nappe, qualité
des eaux à infiltrer, usages de la ressource).

6.7 LES PUITS

6.7.1 Principe de fonctionnement et avantages spécifiques


Les puits sont des dispositifs qui permettent le transit du ruissellement vers un horizon
perméable du sol pour assurer un débit de rejet compatible avec les surfaces drainées,
après stockage et prétraitement éventuels. Dans la majorité des cas, les puits
d’infiltration sont remplis d’un matériau très poreux qui assure la tenue des parois. Ce
matériau est entouré d’un géotextile qui évite la migration des éléments les plus fins
tant verticalement qu’horizontalement. Les puits sont souvent associés à des
techniques de stockage de type chaussée-réservoir, tranchée drainante, fossé ou même
bassin de retenue, dont ils assurent alors le débit de fuite.
Les avantages spécifiques à cette technique concernent principalement :
- Sa simplicité de conception et son coût peu élevé ;
- Sa large utilisation, de la simple parcelle aux espaces collectifs.
Exemple : le stockage est adapté aux réalisations individuelles (dans ce cas, les puits
sont généralement peu profonds). Ils sont utilisés dans des zones pavillonnaires.

Schéma de principe de puits d’infiltration


- son entretien relativement faible ;

104
- Il convient à tous les types d’usages, sauf usages industriels ou présences de
fines ;
- Elle complète les autres techniques.
Exemple : dans le cas de fossés à ciel ouvert, il est possible d’accroître l’infiltration en
jalonnant le parcours du fossé de puits filtrants.

Puits d’infiltration dans un fossé


- Son intégration dans le tissu urbain et la possibilité de réutiliser la surface en
parking ou en aire de jeu par exemple ;
- Elle est bien adaptée aux terrains plats où l’assainissement est difficile à mettre
en œuvre.
Cette technique présente deux inconvénients majeurs :
- Le risque de pollution de la nappe ;
- Le colmatage.

6.7.2 Critères de bonne réalisation

6.7.2.1 Composition des eaux à infiltrer, les usages de surfaces


drainées, les usages de la nappe
Il est nécessaire de ne pas implanter de puits sur des surfaces très polluées ou pouvant
l’être par des pollutions accidentelles (parking poids lourds, stations d’essence,
certaines zones agricoles, aire de stockage de produits chimiques).
Il est conseillé de conserver une épaisseur de 1 mètre à 1.5 m de matériaux non saturés
au-dessus de la nappe.
Les matières en suspension peuvent entraîner à long terme le colmatage et imposent
alors le nettoyage voire le remplacement du massif poreux de surface. L’emploi d’un
géotextile à faible profondeur permet de retenir ces matières. Dans le cas d’un puits
comblé, même si le colmatage est plus "réparti", le matériau de remplissage lui-même
peut être chargé en fines.

105
Un pré - traitement peut être mis en place. On peut aussi profiter d’une mixité de
solutions, chaussée réservoir par exemple, cette dernière jouant alors le rôle de filtre
préalable.

6.7.2.2 Le niveau de la nappe (peut limiter l’utilisation des puits)


Plusieurs puits sur un même site peuvent augmenter localement le niveau de la nappe
et les transformer en puits d’injection.

6.7.2.3 La perméabilité du sous-sol


Elle doit être suffisante (supérieur à 10-6 m/s, ou bien celui-ci ne doit pas être
imperméable sur une trop grande profondeur, ce qui obligerait à implanter des puits
trop profonds. Il faut disposer d’un horizon perméable à une profondeur accessible par
les engins de chantier. En terrain karstique, les puits sont fortement déconseillés, voire
dangereux : ils peuvent provoquer des effondrements, des fuites d’eau - donc des
transferts de pollution - à travers les diaclases. Un risque de dissolution existe aussi par
exemple en terrain gypseux.

6.7.2.4 Autres
Le projet ne doit pas être situé à l’intérieur d’une zone réglementée (périmètre de
protection des zones de captage d’eau potable) ou sensible sur le plan de la qualité et
des usages. L’avis préalable du conseil départemental d’hygiène ou de la police de
l’eau est requis.

106
6.8 LES TOITS STOCKANTS

6.8.1 Principe de fonctionnement et avantages spécifiques


Cette technique est utilisée pour ralentir le plus tôt possible le ruissellement, grâce à un
stockage temporaire de quelques centimètres d’eau de pluie sur les toits le plus
souvent plats, mais éventuellement en pente de 0.1 à 5%.
Le principe consiste à retenir, grâce à un parapet en pourtour de toiture, une certaine
hauteur d’eau, puis à la relâcher à faible débit.
Sur toits plats, le dispositif d’évacuation est constitué d’une ogive centrale avec filtre,
raccordé au tuyau d’évacuation et d’un anneau extérieur, percé de rangées de trous
dont le nombre et la répartition conditionnent le débit de décharge. Sur toits en pentes,
le stockage est également possible, en utilisant la surface.
Stockages temporaires et vidanges sont assurés par un ou plusieurs organes de
régulation. Celle-ci peut être améliorée par la présence d’une protection d’étanchéité
en gravillon généralement d’une épaisseur de 5 cm pour une porosité d’environ 30%,
ou par la présence de terre végétale dans le cas des toits jardins.

Principe de stockage en toiture


Les avantages spécifiques à cette technique concernent principalement :
- L’intégration de façon esthétique à tous types d’habitats ;
- Un procédé de stockage immédiat et temporaire à la parcelle ;
- Pas d’emprise foncière ;

107
- Sa mise en œuvre ne demande pas de technicité particulière par rapport aux
toitures traditionnelles, mais sa réalisation doit être soigné ;
- La diversité de traitement : en herbe, avec un matériau (bois), ...
Il faut noter que cette technique entraîne un surcoût par rapport à une toiture
traditionnelle et qu’elle nécessite une réalisation très soignée, compte-tenu des
problèmes d’étanchéité et un entretien régulier.

Toiture-terrasse sur bassin versant

Toiture-terrasse stockante

108
6.8.2 Conditions de bonne réalisation
Compte-tenu notamment des problèmes d’étanchéité pouvant être provoqués par la
présence d’eau sur le toit, il est impératif de respecter plusieurs conditions nécessaires
à l’utilisation de cette technique :

6.8.2.1 La pente
Le toit doit être en faible pente, inférieure à 5%, pour une plus grande efficacité.

6.8.2.2 La stabilité
Sur construction existante, la vérification de la stabilité est incontournable compte tenu
de la surcharge d’eau.

6.8.2.3 L’étanchéité
La mise en œuvre de l’étanchéité doit être particulièrement soignée. Le revêtement
doit être rigoureusement conforme aux prescriptions de la chambre syndicale nationale
de l’étanchéité et du DTU 43.1 pour les toitures-terrasses :
- Pas de revêtement monocouche ;
- Revêtement par gravillons préconisé.

6.8.2.4 L’accès
La toiture doit être inaccessible aux piétons et aux véhicules

109
Chapitre 7 : TRAITEMENT DES EAUX USEES

7.1 INTRODUCTION

Les rejets d’eaux usées domestiques et industrielles doivent être traités avant leur
introduction dans le milieu récepteur pour éviter la pollution du milieu. Il convient de
choisir le procédé et la filière d’épuration permettant d’éviter la pollution du milieu.
On définit un composé comme polluant d’un milieu en tenant compte de la sensibilité
intrinsèque du milieu ou par rapport aux usages qui lui sont associés.
La pollution reçue par un milieu récepteur provient :
- En temps sec des effluents sortant de la station d’épuration et des débits perdus
ou non collectés par un réseau,
- En temps de pluie des rejets séparatifs pluviaux et surtout des surverses des
réseaux unitaires.
Le traitement des eaux usées se fait à travers des stations d’épuration (traitement
collectif). Le traitement peut être aussi individuel ou semi-collectif (traitement
autonome). Le traitement des eaux usées a un double objectif :
- Éliminer les matières organiques contenues dans les eaux usées,
- Éliminer les germes pathogènes.

7.2 LES PARAMETRES DE POLLUTION

7.2.1 Pollution carbonée


Deux paramètres sont recherchés :
7.2.1.1 Demande Biochimique en Oxygène (DBO5)
C’est par définition la quantité d’oxygène consommée naturellement en 5 jours par les
micro-organismes présents dans l’effluent pour oxyder les matières organiques qu’il
contient.

110
7.2.1.2 Demande chimique en Oxygène (DCO)
Elle exprime la quantité d’oxygène cédée par voie chimique, par un oxydant puissant
(K2 Cr2 O1, KmnO4, pour oxyder les matières réductrices aussi bien organiques que
minérales contenues dans l’effluent, dans les conditions opératoires définies.
Les impacts majeurs des DBO et DCO sont liés à l’appauvrissement en oxygène que le
rejet peut entraîner dans les zones à faible renouvellement des milieux récepteurs.

7.2.2 Pollution azotée (Nitrates) et phosphorée


Elle favorise le développement incontrôlé de certains organiques.
L’ammoniaque consomme l’oxygène dissout et par ailleurs elle est toxique pour la
faune piscicole.

7.2.3 Matières en suspension


Elles favorisent la pollution chimique et surtout microbiologique.
Tableau 7.1 donne les valeurs moyennes de pollution ramenées à l’usager.

Tableau 7.1 : Valeurs moyennes de pollution à l’usager

DEBIT DBO5 MATIERES EN SUSPENSIONS


(après dégrillage-dessouchage)
< 10 000 usagers 150 1/j Réseau séparatif : 60 à 70 g Réseau séparatif : 70 g dont 70 % de
MES
10000 à 50000 usagers : Réseau unitaire : 70 à 80 g Réseau unitaire : 80 g dont 66 %
200 1/j MES
> 50 000 usagers 250 à Pour un réseau sans
500 l/j industries 66 % de DBO5
« soluble »

7.2.4 Organismes vivants


Ils ne sont pas néfastes au milieu naturel lui-même mais affectent les usages
(baignades, activités de loisirs, l’abreuvage des animaux, pêche et la pisciculture, la
navigation de plaisance, usages industriels ou agricoles).
Ils sont constitués de micro-organismes (bactérie, virus, algues, protozoaires …) et
d’organismes supérieurs (vers et insectes aux divers stades de leur développement).

111
7.3 NIVEAU DES REJETS AUTORISES APRES EPURATION

On admet habituellement 3 niveaux :

- Niveau 1 :

• Niveau 1 A : eau non polluée apte à tous usages

• Niveau 1 b : eau très peu polluée.

- Niveau 2 : eau de qualité passable apte à l’irrigation aux usages industriels. Le


poisson y vit mais sa reproduction n’est pas assurée. La baignade n’y est pas
possible.

- Niveau 3 : eau de qualité médiocre, ne convenant qu’à l’irrigation, au


refroidissement et à la navigation

Le tableau 7.2 donne les critères d’appréciation.

Tableau 7.2 : Critères d’appréciation de la qualité générale de l’eau

NIVEAU 1A 1B 2 3
Température < 20° C 20 à 22° C 22 à 25° C 25 à 30° C
O2 dissous en mg/l >7 5à7 3à5 Milieu aérobie à maintenir
O2 dissous en % de > 90% 70 à 90 % 50 à 70 % en permanence
saturation
DBO5 en mg02/l <3 3à5 5 à 10 10 à 25
DCO en mg02/l < 20 20 à 25 25 à 40 40 à 80
Matières totales en < 30 < 30 < 30 30 à 70
suspension mg/l
NO3 en mg/l < 44 < 44 < 44 44 à 100
NH4 en mg/l < 0,1 0,1 à 0,5 0,5 à 2 2à8
Ecart de l’indice 1 2 ou 3 4 ou 5 6 ou 7
biologique par rapport à
l’indice nominal
PH 6,5-8,8 6,5-8,5 6,5-8,8 5,5-9,5

Le tableau 7.3 donne le niveau de rejets autorisés après épuration.

112
Tableau 7.3 : Niveaux de rejet définis par la Directive européenne 91/271

Cas général
Paramètres
Concentration Pourcentage minimal de réduction (%)
DBO5* 25 mg/l 02 70 – 90
DC0* 125 mg/l 02 75
MES* 35 mg/l 90

7.4 TRAITEMENT DES EAUX USEES

Les eaux usées collectées par un système séparatif ou unitaire sont dirigées vers des
stations d’épuration.

L’épuration consiste à éliminer les différents éléments (matières minérales et


organiques en suspension et en solution, les déchets végétaux, plastiques, etc.) de l’eau
qui les contient afin d’avoir un rejet indiqué par les normes.

Le principe de base de l’épuration des eaux usées consiste d’une part, à retenir et à
transformer les matières nocives en produits minéraux inerts et inoffensifs, et d’autre
part, à obtenir finalement un effluent épuré à divers niveaux d’efficacité rejeté à la
nature.

Les traitements se font à travers plusieurs techniques et se distinguent en fonction du


degré d’épuration recherché.

7.4.1 Epuration des eaux usées


Les eaux usées contiennent des matières minérales et organiques en suspension et en
solution, ainsi qu’un certain nombre de déchets divers (végétaux, plastiques, etc.).
L’épuration consiste à éliminer ces différents éléments de l’eau qui les contient afin
d’obtenir une eau épurée conforme aux normes de rejet.
L’élimination de ces déchets hétérogènes demande un ensemble de dispositifs dédiés
chacun à la rétention spécifique d’une fraction. Nous verrons qu’une grande majorité
de ces polluants est en fait transférée de la phase liquide vers une phase concentrée
boueuse. Une station d’épuration comportera donc toujours des installations de
traitement des eaux et des dispositifs de stabilisation et de rétention de la teneur en eau
des boues produites adaptés à leur devenir ultérieur (épandage, incinération, mise en
charge …).
La figure 7.1 présente les différentes étapes de traitement des eaux usées.

113
Traitement Traitement
Traitement préliminaire primaire Traitement secondaire tertiaire

Décantation Traitement Décantation


Dégrillage Dessablage primaire biologique secondaire Polissage

Affluent Affluent

Boues Boues Boues

Traitement des boues

Disposition finale

Figure 7.1 : Etapes de traitement des eaux usées

7.4.2 Le prétraitement

Il constitue la première phase et permet de retenir les déchets grossiers présents dans
les eaux. Il comporte les opérations suivantes :
- Dégrillage (espacement entre barreaux 10 à 25 mm)
- Tamisage,
- Dessablage,
- Dégraissage.

114
La plupart de ces systèmes sont équipés d’un système ‘aération à fines bulles. Grâce à
un traitement approprié, les sables peuvent être relativement égouttés et débarrassés de
matières organiques (80 à 90 %) ; les matières flottantes sont difficiles à évacuer.

7.4.3 La décantation et traitement physico-chimiques


On distingue la décantation libre et la décantation accélérées (utilisation de réactif ou
de la flottation).
La décantation primaire simple sans réactifs permet une exploitation simple mais elle
doit respecter un taux de soutirage des bornes suffisant pour éviter leur mise en
anaérobiose. Elle impose un automatisme pour gérer l’extraction des boues.
Ces traitements primaires permettent d’éliminer 50 à 90 % de matières en suspension.

7.4.4 Les traitements biologiques

Ils reposent sur l’utilisation des micro-organismes naturellement présents dans les eaux
que l’on concentre dans les bassins d’épuration par floculation ou par fixation sur des
supports inertes. Ces micro-organismes ont une capacité extraordinaire de
multiplication et de transformation pour dégrader les matières organiques en solution
et en suspension dans l’eau usée.
Diverses techniques sont possibles :
- Le lagunage aéré (temps de séjour longs) permet d’épurer les rejets peu chargés
en matières en suspension dans des bassins de 2 à 3 m de profondeur. On peut
associer la culture des plantes aquatiques (macrophytes, etc.) ;
- Les lits bactériens à ruissellement permettent la mise en œuvre des cultures
bactériennes fixées sur des supports ; il faut plusieurs recyclages ;
- Les boues activées qui permet une dégradation par voie biologique aérobie.
C’est le système le plus répandu mais moins adopté au pays en voie de
développement.

7.5 TRAITEMENT DES EAUX USSEES PAR LAGUNAGE

C’est le traitement le plus adapté dans les pays en voie de développement. Il est
efficace, peu coûteux et simple à installer et à exploiter. Il ne nécessite pas un nombre
élevé d’équipements importés. Le climat chaud de nombreux pays en développement

115
offre des conditions idéales pour le traitement des eaux usées par lagunage. Le seul
inconvénient est qu’il faut disposer de vastes superficies.

7.5.1 Différents types de bassins de stabilisation


On distingue 3 types de bassins qui sont placés en série :
- Bassins anaérobies,
- Bassins facultatifs,
- Bassins de maturation.

Arrivée effluent à
traiter
Sortie efflent
traité

Bassin facultatif Bassin de maturation

Bassin anaérobie

Les bassins anaérobies permettent :


- La décantation des matières solides des eaux usées,
- La dégradation des matières organiques contenues dans la boue (matières
décantées) par des bactéries anaérobies.
Les bassins facultatifs permettent :
- La digestion anaérobie de certaines matières solides en suspension, qui se sont
décantées sur le fond (35 % d’élimination de la DBO),
- La digestion aérobie par symbiose entre les algues et les bactéries. Du fait qu’au
dessus de la couche anaérobie se trouve une couche contenant de l’oxygène
produit par photosynthèse à partir des algues, des bactéries aérobies vivent et
dégradent les matières en suspension dans les eaux. Les sous-produits obtenus
servent d’alimentation aux algues.

Les bassins de maturation servent à améliorer le traitement des eaux provenant d’un
bassin facultatif ou d’un autre bassin de maturation. Ils sont essentiellement utilisés
pour l’élimination des germes pathogènes. Les agents pathogènes meurent au fur et à

116
mesure que les eaux usées s’écoulent lentement. Le nombre de bassins de maturation
dans un système de stabilisation est fonction de la qualité requise pour l’effluent final.

7.5.2 Conception des bassins


Il est nécessaire d’avoir avant toute conception :

- Le volume des eaux usées à traiter :


- La concentration des eaux usées à traiter,
- La qualité requise pour l’effluent final,
- Le climat

7.5.2.1 Les bassins anaérobies

 = LV
Qi
v

avec
 v
: Charge volumétrique en DBO (g/m3/j)
Li : concentration en DBO5 à l’entrée (mg/l ou g/m3)
Q : débit d’entrée (m3/j)
V : volume du bassin (m3)
Les bassins anaérobies sont conçus pour recevoir des charges en DBO de l’ordre de
100 à 400 g/m3.
Ils ont entre 2 et 4 mètres de profondeur. Le taux d’accumulation des boues est de 30 à
40 l/pers/an. Le temps de rétention est de 1 à 2 jours. Les DBO sont réduits de 60 %.
Mais dans les régions tropicales le taux d’élimination peut atteindre 80 %.
Il est possible de les mettre en parallèle pour faciliter les travaux d’entretien. Un bassin
anaérobie plein est mis hors service. On laisse l’eau s’évaporer afin de retirer
manuellement les boues.
7.5.2.2 Bassins facultatifs

De profondeur comprise entre 1, 5 et 2,5 mètres, les bassins facultatifs sont conçus à
l’aide de la formule suivante :

 s
= 20T – 120 kg / ha / j

 s
: Charge DBO/unités de surface
T : température ambiante moyenne du mois le plus froid

117
Le temps de rétention est environs 5 à 30 jours.

7.5.2.3 Bassins de maturation

Pour le premier bassin de maturation

=
N i
N e
1+ Kb t
Ne : nombre de coliforme fécaux pour 100 ml d’effluents
Ni : nombre de coliforme fécaux pour 100 ml d’eaux usées admises (107 à
108 pour 100 ml)
Kb : constante de vitesse ( j-1)
t : temps de rétention

Kb constante de vitesse du premier ordre pour l’élimination des bactéries est :

Kb = 2,6 (1,19) T-20

T : température moyenne du mois le plus froid (°C)

Pour le nième bassin :

= N i
N e
(1 + K t ).....(1+ K b t i )
b 1
n

Les bassins de maturation ont généralement 1 à 1,5 m de profondeur et un temps de


rétention de 5 à 7 jours.

118
7.6 LITS BACTERIENS ET DISQUES BIOLOGIQUES

Le lit bactérien comporte : une couche de matériaux filtrants : Eléments de 4 à 8 cm,


rugueux et poreux, les plus fins à la partie supérieure (coke, pouzzolane) :
- Un dispositif de répartition de l’effluent qui, pratiquement, pour être efficace,
doit être mobile et nécessite une charge de 0,50 m : chariot baladeur (filtre
rectangulaire), sprinkler (filtre circulaire) ;
- Un dispositif de ventilation, généralement naturelle (double radier,
aménagements divers), parfois forcée.
Les bactéries contenues dans l’effluent constituent sur les matériaux, après maturation
de 1 à 2 mois, un film d’environ 1 mm d’épaisseur qui, largement aéré, provoque
l’oxydation de l’effluent.
Avec une faible charge (0,10 m) le filtre se colmate peu à peu car les matières
entraînées par l’effluent restent dans le filtre et obligent à des nettoyages assez
pénibles. L’alimentation ne peut d’autre part se faire que par chasses intermittentes, ce
qui est préjudiciable à la vie des bactéries. Tous ces inconvénients ne permettent pas
de recommander ce type d’installation.
Avec de fortes charges (0,80 m) le filtre est autocureur, mais les boues fermentescibles
entraînées par l’effluent doivent être reprises dans un décanteur secondaire. Plus
floculeuses que celles du décanteur primaire, elles sont envoyées dans le digesteur
dont la capacité, de même que celle des lits de séchage, doit être légèrement accrue. Le
rendement de l’installation est notablement amélioré par la « recirculation » qui
consiste à renvoyer une partie de l’effluent sortant du décanteur secondaire, soit en tête
des lits bactéries, soit mélangée aux eaux brutes arrivant au décanteur primaire. Les
processus biologiques sont notablement accélérés par cet apport d’eaux chargées
d’oxygène et de bactéries actives.
Il a été proposé de remplacer le lit bactérien traditionnel par une série de « disques
biologique ».
Les disques biologiques consistent à fixer la biomasse sur des disques en rotation
autour d’un axe central et baignant en partie dans le bassin d’épuration. Vitesse du
disque : 1 à 2 tours/min ; Diamètre : 2 à 3 mètres ; Espacement entre les disques : 2 à 3
cm.

119
Lits bactériens Lits bactériens plantés

7.7 EPURATION PAR BOUES ACTIVEES

La dégradation est assurée par voie biologique aérobie à l’aide de populations


bactériennes maintenues dans le système épuratoire sous forme naturellement floculée
(boues activées).
Cette floculation permet de séparer ensuite l’eau traitée de la biomasse par simple
décantation et de recycler une partie de la masse active vers le réacteur biologique
pour maintenir une activité biologique optimale.

Disques biologiques
Les systèmes par boues activées ont une action épuratoire sur la plupart des polluants
(solubles et particulaires) mais le degré d’efficacité dépend du dimensionnement
choisi. La principale difficulté est souvent de maîtriser par une exploitation soignée la
phase de clarification finale et de recirculation de la biomasse active de façon à éviter

120
à la boue de rencontrer des conditions néfastes (anaérobiose) qui affecteraient son
activité et ses propriétés de décantation.
Un des critères fréquemment utilisés pour caractériser les différents systèmes de boues
activées est la charge massique Cm qui traduit le rapport entre la masse journalière de
pollution à éliminer et la masse des bactéries épuratoires mises en œuvre. On distingue
ainsi des systèmes à :
- Forte charge massique : Cm > 0,5 Kg DBO5/Kg de boue/jour
- Moyenne charge massique : 0,2 < Cm < 0,5
- Faible charge massique : 0,07 < Cm < 0,2
- Aération prolongée : Cm < 0,07
Chacun de ces systèmes présente des caractéristiques bien particulières (rendement,
production de boues en excès, consommation énergétique, etc) résumées
schématiquement dans le tableau 13.7.
Tableau 13.7 : Influence de la charge massique sur les paramètres d’exploitation
Cm<0,07 0,07<Cm<0,2 0,02<Cm<0,5 Cm>0,5
Rendement d’épuration sur la
95 % 95 % 90 % 85 %
DBO5 (%)
Nitrification (ou = +, non = -) + + -
Production de boues
biologiques en excès (kg 0,8 0,9 0,9 – 1,1 > 1,2
boues/kg DBO5 éliminée)
Concentration maximale en
boues admissible en aération 5 4-5 3-4 2
(g/l) *
Temps de séjour de l’eau dans
17 - 18 10 - 15 4-8 5
le bioréacteur (heure)
Consommation d’O2 en
aération (kg d’O2/kg DBO5 1,5 – 1,7** 1,3 – 1,5 0,9 - 1 0,7 – 0,8
éliminée)
* Cette concentration dépend de la conception générale de l’installation (clarificateur, ligne de traitement des
boues) et des caractéristiques de décantation.
**
La nitrification peut conduire à des consommations spécifiques d’oxygène plus importantes .

7.8 FILTRATION/BIOFILTRATION

Les technologies qui appartiennent à ce groupe utilisent des supports granulaires fins
(quelques mm) mis en œuvre dans un réacteur sous forme de lit fixe ou mobile. Dans
le cas d’un lit fixe, l’eau à traiter traverse la masse filtrante. Les nouvelles générations
de réacteurs associent à cette filtration, une activité biologique aérobie grâce à une

121
distribution directe d’air à la base du réacteur. Ces traitements possèdent une bonne
efficacité épuratoire et sont caractérisés par une compacité extrême qui permet de les
envisager lorsque les contraintes de place ou de couverture sont essentielles.

122
Chapitre 8 : MAINTENANCE ET REHABILITATION

8.1 ORGANISATION DE L’ENTREPRISE DES RESEAUX

L’entretien doit être fondé sur une parfaite connaissance du réseau dans tous ses
éléments constitutifs et dans son fonctionnement.
Les cartes et les plans du réseau, tenus à jour avec l’indication des différents points
singuliers, constituent le document de base de l’exploitation.
Ce document de base tend à se développer sur support informatique afin de constituer
un Système d’Informations Géographiques (SIG), véritable base de données fondées
sur la représentation géographique des réseaux et de l’ensemble des informations qui y
sont associées.

Les outils cartographiques prennent leur place à tous les niveaux de l’activité :

- Personnel de terrain : consultation et enregistrement des opérations d’entretien


et de réparation,
- Encadrement opérationnel : programme et suivi des interventions,
- Gestionnaire : programmation des investissements.
L’établissement des fichiers diagnostics qui recensent les différents points sensibles,
notamment les étranglements (qui limitent la capacité d’évacuation pouvant provoquer
des débordements) permet d’avoir l’historique du réseau. Ils doivent être alimenté au
fur et à mesure des diverses opérations de contrôle que l’exploitant mène sur le réseau
et qui concernent notamment :
- Le bon fonctionnement des collecteurs et des canalisations,
- Le contrôle de l’encrassement des collecteurs et ouvrages annexes,
- Les résultats des différentes enquêtes diagnostics.
Le contrôle des « points noirs » du réseau doit être périodique, points où le réseau en
service présente de nombreux disfonctionnements plus ou moins importants,
perturbant les ouvrages plus ou moins gravement ou environnement.

123
L’ensemble de ces points doit être reporté sur le plan du réseau ou la base de données
cartographique avec une codification indiquant le type de dysfonctionnement comme
par exemples « Débordement », « Encrassement », « Emanation d’odeurs », etc.
Pour chacun de ces points, les éléments suivants seront recensés :
- Caractéristiques de l’ouvrage et du dysfonctionnement,
- Historique des constations faites et des contrôles.
On peut regrouper également les constations faites le long d’un collecteur, en
indiquant sur le profil en long de l’ouvrage l’évolution des dépôts constations et les
hauteurs de mise en charge observées dans les regards à l’occasion d’évènements
pluvieux importants.
Ces renseignements se présentent sous une forme schématisée d’histogrammes qui
servira à préciser le programme des collecteurs, sa planification et sa consistance.
La comparaison des niveaux de matières décantées au cours de passages successifs
dans certains tronçons peut orienter le choix des emplacements nécessaires pour
l’implantation des ouvrages de dessablement, le type choisi et sa capacité.
L’informatisation de ces différents contrôles et résultats permet désormais :
- D’optimiser la programmation des visites de curage des réseaux et des
opérations d’entretiens et réparations,
- De visualiser sur écran les activités de l’exploitant.
Au fur et à mesure de la constitution d’une base de données historique, l’exploitant
peut optimiser les programmes d’entretien ou de réhabilitation et améliorer le rapport
efficacité/coût. Notamment pour les opérations de curage.
Cependant, il faut éviter de désensibiliser le responsable opérationnel des problèmes
de terrain que l’informatique ne peut régler. On doit s’organiser pour qu’il conserve et
même développe son activité de base.

8.2 EXPLOITATION RESEAU ASSAINISSEMENT


8.2.1 Les égouts

L’eau utilisée par les habitants et l’eau de pluie sont évacuées dans les égouts. Ce
réseau unitaire d’assainissement conduit les eaux usées sur la rive gauche du Cher
jusqu'à la station d’épuration. Les regards de visite sont disposés tous les 50 mètres
environ pour permettre l’accès au réseau pour l’entretien et le curage. Le réseau

124
d’assainissement concerne désormais les 10 communes de la communauté
d’agglomération Montluçonnaise. Ainsi, les eaux sont acheminées vers les différentes
stations d’épuration en fonction du secteur géographique. Le service Eau et
Assainissement de la Communauté d’Agglomération Montluçonnaise est également en
charge de la création ou la mise en conformité des branchements d’assainissement.

8.2.2 Les égoutiers

Les égoutiers du SEACAM assurent l’entretien et la surveillance constante du réseau


d’assainissement.

Les égoutiers s’occupent aussi de la réparation des ouvrages défectueux, du curage des
bouches d’égout et des branchements d’assainissement… En souterrain, ils se chargent
de la rénovation des ouvrages particuliers et stratégiques du réseau.

Ils réalisent un travail dangereux et sont donc munis d’un détecteur de gaz. Lors
d’orages, la montée des eaux est très rapide : l’accès aux égouts n’est plus possible.

Parmi leurs outils de travail, le camion hydrocureur. Il possède deux cuves, dont une
remplie d’eau propre pour le nettoyage, et une autre pour recueillir les boues aspirées.

Figure 8.1 : Hydro cureuse Figure 8.2 : Egout pluvial

8.2.3 Exploitation des réseaux


En gestion normale ou en gestion de crise, l’exploitant doit pouvoir s’appuyer sur un
réseau de mesures permettant de contrôler à la fois le réseau lui-même (débit, niveau
dans les collecteurs et retenues, points des vannes) et les évènements naturels
influençant l’exploitation tels que pluies, hauteur d’eau dans l’exutoire etc.
Ces réseaux de mesures sont indispensables dans le cas de réseaux unitaires et peuvent
se compléter dans les cas de risques particuliers de moyens de prévision
météorologique. Dans le cas de réseaux séparatifs, on peut utiliser des réseaux de
mesures plus simples comportant des points d’acquisition équipés d’enregistreurs à
mémoire statique que l’on décharge à travers le réseau téléphonique afin d’en exploiter
ultérieurement les données pour mieux comprendre le fonctionnement du réseau et
définir un programme d’entretien.

125
On peut obtenir de ces enregistrements des données sur des évènements remarquables
(débordements, mises en charge, etc.) et établir des corrélations entre les perturbations
et les circonstances qui les déclenchent. Cela permet en particulier de mieux analyser
les conditions d’apparition des « points noirs » sur le réseau et de pouvoir mieux agir
pour les supprimer ou en réduire la fréquence d’apparition.
Tableau 8.1 : Phases d’une étude diagnostic d’un réseau
Recueil et Données relatives Eaux usées population pollution EU
exploitation à la collecte (EU) industrie théorique
des données consommation débits EU
en eau potable théorique
Eaux pluviales pluies superficie
(EP) caractéristiques imperméabilisation
des bassins
Données relatives Données d’état et - ouvrages sur parcelles amont
à l’équipement des de fonctionnement - collecteurs
parcelles - stations de pompage
Et au transport d'où - déversoirs
- dessableurs, deshuileurs
dossier de - bassin de retenue
recollement - bassin d’orage
Données relatives Bilans temps sec
au traitement de traitement temps de pluie
Etat et fonctionnement des ouvrages de traitement
Données relatives Qualité temps sec
au milieu actuelle temps de pluie
récepteur
Objectifs temps sec
de qualité temps de pluie
Mesures Temps sec sur collecteur EU et apports parasites
pluie–débit unitaire (nappe haute) permanents
pollution sur collecteurs EP et rejets directs EU
surverses d’unitaires
Temps de pluie sur collecteur EU mauvais branchement
sur collecteurs unitaires rejets de pollution
et éventuellement EP dans le milieu naturel
Inspections pour identifier les tronçons producteurs d’eau parasite permanente
nocturnes
Investigations Inspections
sur tronçons producteurs d’eau parasite permanente
spécifiques télévisées
Essais à la fumée pour identifier branchements EP sur EU
Programme Hiérarchisation en - de m3 d’eau parasite
hiérarchisé de fonction… permanente éliminée
réhabilitation - du m3 d’eau usée
récupérée dans le réseau exprimé en
- du branchement habitants équivalents
d’eau pluviale déconnecté
du réseau EU
- de la réduction du flux
polluant déversé dans
le milieu récepteur

126
N.B : Les « points noirs » sont les points où le réseau en service présente de nombreux
dysfonctionnements plus ou moins importants, perturbant les ouvrages plus ou moins
gravement, ou l’environnement.

8.3 ORGANISATION DE L’ENTRETIEN DES RESEAUX

Il doit être fondé sur une parfaite connaissance du réseau dans tous ses éléments
constitutifs et dans son fonctionnement.
Les cartes et plans du réseau, tenus à jour, avec l’indication des différents points
singuliers constituent le document de base de l’exploitant.
Ce document de base tend à se développer sur support informatique et constitue un
Système d’Informations Géographiques (SIG), véritable base de données fondée sur la
représentation géographique des réseaux et de l’ensemble des informations qui y sont
associées. Les outils cartographiques prennent leur place à tous les niveaux de
l’activité :

- Personnel de terrain : consultation et enregistrement des opérations d’entretien


et de réparations

- Encadrement opérationnel : programmation et suivi des interventions,

- Gestionnaire : programmation des investissements.

8.3.1 Les fichiers « diagnostics »


Les fichiers diagnostic recensent les différents points sensibles, notamment ceux qui
forment étranglement, limitent la capacité d’évacuation et provoquent des
« débordements ». Ces fichiers rassemblent l’historique de ces différents points.
Ils peuvent être alimentés au fur et à mesure des diverses opérations de contrôle que
l’exploitant mène sur le réseau et qui concernent notamment :

- Le bon fonctionnement des collecteurs et des canalisations,

- Le contrôle de l’encrassement des collecteurs et ouvrages annexes,

- Les résultats des différentes enquêtes diagnostic.

127
8.3.2 Cartographie des points noirs
Ces différents contrôles permettent ainsi de dresser l’inventaire des « points noirs ».
L’ensemble de ces points doit être reporté sur le plan de réseau ou la base de données
cartographiques avec une codification indiquant le type de dysfonctionnement comme
par exemple : « débordement », « engravement »,…
Pour chacun de ces points, les éléments suivants seront recensés :

- Caractéristiques de l’ouvrage et du dysfonctionnement,

- Historique des constations faites et des contrôles.

On peut regrouper également les constatations faites le long d’un collecteur , en


indiquant sur le profil en long de l’ouvrage l’évolution des dépôts constatés et les
hauteurs de mise en charge observées dans les regards à l’occasion d’évènements
pluvieux importants .
Ces renseignements se présentent sous une forme schématisée d’histogrammes qui
servira à préciser le programme de ramonage des collecteurs, sa planification et sa
consistance.
La comparaison des niveaux de matières décantées au cours de passage successifs dans
certains tronçons peur orienter le choix des emplacements nécessaires pour
l’implantation des ouvrages de dessablement, le type choisi et sa capacité.
L’informatisation de ces différents contrôles et résultats permet désormais d’optimiser
la programmation des visites de curage des réseaux et des opérations d’entretien
réparation et de visualiser sur écran les activités de l’exploitant :

- Préparation des tournées de contrôle,

- Relevé des travaux d’encrassement et des anomalies,

- Programmation des tournées de curage et de réparation,

- Rapports de curage et de réparations.

Cependant il faut éviter de désensibiliser le responsable opérationnel des problèmes de


terrain que l’informatique ne peut régler. On doit s’organiser pour qu’il conserve et
même développe son activité de base.
128
8.4 ENTRETIEN DU RESEAU CANALISE
La nécessité de l’entretien de l’ensemble des différentes conduites et différents
collecteurs, qui constituent le réseau, est reliée aux fluides qu’ils véhiculent et aux
phénomènes auxquels ils sont soumis :

- Érosion, corrosion, abrasion,

- Dégradations diverses dues à la nature et aux hommes provoquant également


des engorgements, obstructions, excavations ou effondrements.

Toutes ces agressions obligent l’exploitant à remédier aux effets par des interventions
périodiques ou immédiates ayant donc un caractère préventif ou curatif.
Les diverses opérations d’entretien énumérées ici définissent les travaux principaux de
l’exploitant.
L’exploitant devra chercher un bon rapport efficacité/coût grâce à la connaissance
acquise par la visite et le suivi de son réseau.

8.4.1 Curage des bouches d’égout (BE) et des regards de visite à


décantation
La BE classique (figure 10.6) est construite avec une cuvette de décantation qui retient
une grande partie des matières denses entraînées par le ruissellement sur la chaussée
ou dans les caniveaux. Il faut donc la vider régulièrement ou, pour les autres types
d’ouvrages, la désengorger.
La figure 10.7 donne une appréciation sur les avantages et inconvénients des certains
types de BE et des grilles de protection.

8.4.1.1 Moyen d’intervention


Le curage des BE est généralement exécuté par une aspiratrice dont l’utilisation est
assurée par un chauffeur et un agent de manutention qui procède aux opérations de
curage proprement dites.
N.B : Le curage manuel est fréquent dans les pays en voie de développement (veiller à ne pas
laisser les matières curées à côté des BE)

8.4.1.2 Processus
Il comprend des opérations simples :

- Ouverture du tampon à l’aide d’une barre à mine

129
- Enlèvement des déchets volumineux avec drague (figure 10.8) et dépôt dans les
bacs de récupération

- Nettoyage des abords immédiats,

- Aspiration avec la perche des produits décantés, avec aspiratrice et envoi d’eau
sous-pression, si les matières ont séché,

- Fermeture du tampon.

Figure 8.3 Bouche d’égout classique

BE à passage direct :
− Avantages : aucune opération de curage,
favorise les opérations « tout à l’égout »
− Inconvénients : obligation pour les équipes
d’entretien de procéder à des opérations
pénibles et coûteuses de ramonage des
collecteurs.

130
BE à décantation :
Ouvrage de conception courante et
généralement la plus utilisée.
− Avantages : retient les sables, graviers,
facilement curés avec les engins spéciaux.
− Inconvénients : la décantation peut retenir
les matières fermentescibles amenées par
les eaux de ruissellement, ce qui oblige à un
curage plus fréquent

BE à sélective à panier :
Conception destinée à retenir les déchets.
− Avantages : rétention assurée. Opération
manuelle de nettoyage.
− Inconvénients : obstruction fréquente des
orifices de passage et difficulté de
nettoyage.

Figure 8.4 : Avantages et inconvénients de certains types de BE

131
Figure 8.5 : Drague à main

Périodicité des travaux de curage

La périodicité de curage est fonction :

- De la capacité de rétention de la cuvette de décantation,

- Du site où se trouve la BE (marchés, commerces),

- De l’état de la voirie, trottoirs engravés ou pas,

- Du type de voie, avec caniveaux ou sans, bordée ou non d’arbres,

- De la nature du roulage et des transports de produits pouvant se répandre sur la


chaussée (sables, graviers, détritus de bennes à ordures,…)

Aussi la périodicité sera-t-elle variable et pourra être de l’ordre de 2 mois à 1 an entre


deux passages successifs.
L’exploitant a intérêt à établir des statistiques aussi précises que possibles et
déterminer les fréquences utiles pour chaque secteur. De même il établira un inventaire

132
des points particuliers nécessitant une fréquence plus grande, par exemple : toutes les
semaines pour les marchés, tous les mois pour les passages de cassis en siphon à
l’intersection des voies non équipées de canalisation.

8.4.2 Ramonage hydraulique et mécanique des canalisations


Les canalisations reçoivent les produits que les BE n’ont pas pu retenir et les effluents
provenant des usagers domestiques ou industriels raccordés.
Les matières en suspension collectées décantent partiellement en formant des dépôts
qui diminuent la débitance de la canalisation ; ils peuvent être en partie remis en
suspension par une augmentation des débits due à des :

- Événements pluvieux,

- Chasses automatiques

Néanmoins, les dépôts moyens s’accroissent et le seul remède avant l’engorgement de


certains tronçons est de procéder à des opérations périodiques de ramonage
hydraulique ou mécanique du réseau ou encore à des opérations ponctuelles en cas
d’engorgement local.

8.4.2.1 Ramonage hydraulique


Dans ces procédés, on utilise principalement l’eau pour la reprise et le transport à
l’aval des dépôts, soit en créant artificiellement des survitesses (chasses), soit par
dilution et augmentation du débit grâce à l’injection d’eau propre sous pression.
a) Les chasses mécaniques
Pour les égouts visitables le principe de curage consiste à réaliser une retenue d’eau en
amont d’une vanne mobile (figure 10.9) susceptible de se déplacer longitudinalement
dans l’égout à nettoyer.
b) La chasse d’eau (pour les égouts non visitables)
Une retenue d’eau est réalisée à l’amont par obstruction de la canalisation par le
batardeau ou ballon obturateur. L’ouverture rapide de ce barrage crée en l’aval une
chasse qui entraîne une partie des dépôts existants. Ce procédé ancien très simple
présente cependant un certain nombre d’inconvénients :

- Mise en charge du réseau se répercutant sur les branchements particuliers,

133
- Dépôt dans la partie amont pendant la retenue.

Figure 8.6 : Vanne mobile

c) Les systèmes de chasses automatiques


En tête de réseau, un réservoir de 300 à 600 litres se vide automatiquement et
périodiquement selon une fréquence à déterminer. Outre le problème de bruit de
remplissage qui peut être perceptible la nuit par les riverains, ce procédé peut entraîner
des consommations d’eau très élevées et donc un coût d’exploitation en conséquence.

d) Curage par boule


Elle est utilisée principalement pour le curage de siphons et quelquefois pour de
grands émissaires non visitables et constamment en charge. La boule flottante (en bois
ou en plastique) suit la génératrice supérieure du tuyau et se met en rotation du fait de
la poussée amont et de la pression sous la boule. Le courant d’eau ainsi crée, entraîne
les dépôts gênant l’avancement de la boule jusqu’à l’ouvrage de sortie qui permettra
de la récupérer et d’éliminer les matières entraînées (figure 10.10)

134
e) Véhicules de ramonage hydraulique (figure 10.11)
La principale action de l’hydro-ramoneuse est la projection d’eau à forte pression qui
ramène les matières vers le regard d’intervention où elles seront aspirées. Cette
projection sert également à décoller les matières qui se seraient déposées sur la voûte
des canalisations circulaires.

Figure 8.7 : Exemple de boule roulante

Figure 8.8 : Schéma de principe du ramonage hydraulique

135
8.4.2.2 Ramonage mécanique des collecteurs
a) Le curage manuel par tringlage
Des joncs flexibles d’une longueur d’un à trois mètres chacun se fixent les uns au bout
des autres pour atteindre à partir d’un regard le point d’obstruction à dégager. A
l’extrémité, un certain nombre d’outils peuvent être fixés selon le type d’obstacle à
dégager (racines, gros cailloux, graisses, …)

b) Le curage par treuils motorisés (figure 10.12)


Un godet est tracté dans la canalisation entre deux regards par des treuils installés sur
ces regards. Le câblage est mis en place par l’intermédiaire d’une corde flottante.

Figure 8.9 : Schéma de principe du ramonage mécanique

Ce procédé peut être utilisé pour les diamètres supérieurs à 700mm, lorsque les
procédés hydrodynamiques deviennent inefficaces et que le réseau est particulièrement
ensablé. Les godets sont alors remplacés par des lames (scrapers) dont le profil
s’adapte au radier du collecteur.
En effet pour les tuyaux supérieurs à 600 mm, le ramonage hydraulique des
canalisations est abandonné au profit du ramonage mécanique car les opérations
seraient de plus en plus longues et même impossibles, et provoqueraient un véritable
gaspillage de l’eau potable utilisée dans cette technique.
On utilise alors les procédés mécaniques dont l’objet est de faciliter au mieux les
conditions de travail :

136
- Réduire la pénibilité du travail manuel

- Limitation des temps passés dans les regards (par les agents d’entretien).

8.5 RENOUVELLEMENT ET REHABILITATION DES


COLLECTEURS

Les remèdes traditionnels aux désordres constatés sur des réseaux d’assainissement
consistaient :
a) Soit à remplacer les conduites incriminées par des éléments du même type ou par
des canalisations d’un autre matériau que celui constituant le réseau initial.
b) Soit à faire opérer des réparations ponctuelles.

Cependant de nouvelles techniques concernant les interventions internes et destinées à


permettre la réhabilitation partielle ou totale des égouts, ont apparues :
a) Ponctuelles :

- Étanchements des joints par injection de résines ou de ciments,

- Injections dans les regards.

b) Généralisées :

- Projection de ciment ou de plastique

- Tubage par poussage, par éclatement de conduite,

- Chemisage : introduction d’une gaine souple rigidifiée par polymérisation de


résine,

- Réfection des cunettes.

8.5.1 Technique d’injection (figure 10.13)

8.5.1.1 Principe
L’étanchement des joints défectueux peut être obtenu de l’intérieur par injection de
résine. On notera aussi que des désordres sont très souvent les conséquences d’une
discontinuité de contact entre l’extérieur du tuyau et le sol environnant. Dans ce cas on

137
peut pratiquer des injections de béton à partir de l’intérieur mais aussi à partir de la
surface pour combler les vides.

Figure 8.10 : Technique d’injection de résine

8.5.1.2 Etanchement de joints par injection de résine


Cette technique consiste en un traitement local applicable essentiellement aux réseaux
non visitables. Le traitement des joints se fait par injection de résines acryliques ou de
produits élastomères de types polyuréthanne. Parfois le ciment additionné d’additifs
est utilisé.

8.5.2 Technique de chemisage


8.5.2.1 Méthode par inversion
Cette méthode consiste à introduire par retournement une gaine imprégnée de résine à
partir d’un regard de visite (figure 10.14).
La masse de la colonne d’eau ou la pression d’air chaud assure à la fois l’avancement
de la gaine, son plaquage contre l’ancienne paroi et la polymérisation de la résine
Epoxy imprégnant le complexe polyester.

138
Figure 8.11 : Gainage de canalisations (Procédé insituform) et Gainage par tractage

8.5.2.2 Méthode par tractage


La mise en place de la gaine se fait à l’aide d’un treuil qui tracte la gaine à partir du
regard suivant. La mise en pression de l’ensemble est ensuite réalisée pendant la durée
de la réalisation.

8.5.3 Technique de tubage


La technique consiste à mettre en place une nouvelle canalisation dans le tuyau par
tractage ou par poussage d’éléments assemblés entre eux.

139
Figure 8.12 : Technique de tubage

8.5.4 Exécution des travaux


L’exécution de travaux de pose de canalisations d’assainissement doit satisfaire à un
certain nombre de règles :
c) Exécution d’un fond de fouille soigneusement dressé d’après la pente du profil
en long du projet. La portance du fond de fouille sera garantie par substitution
des terrains en place et compactage si nécessaire. Son maintien hors d’eau par
drainage (en cas de présence de la nappe phréatique) sera assuré pour offrir des
conditions de pose optimale.
d) Mise en œuvre de rabattement de nappe par puits filtrants ou pointes filtrantes
en prenant garde à ses répercussions sur l’environnement immédiat du chantier.
e) Terrassement de la tranchée à l’abri d’un blindage offrant une protection du
personnel travaillant dans la fouille mais également garantissant la stabilité des
réseaux et des structures proches.

140
f) La largeur d’ouverture de tranchée devra garantir au minimum au fond, entre
blindages s’ils existent, une largeur au moins égale au diamètre extérieur du
tuyau avec surlargeurs de 0.30 m de part et d’autre pour les diamètres nominaux
inférieurs ou égaux à 600 et de 0.40 m au-delà de cette valeur. Si la tranchée est
prévue pour recevoir plusieurs canalisations, la largeur au fond entre blindages
s’ils existent, est au moins égale à la somme des diamètres extérieurs des
canalisations de 0.60m ou 0.80m selon le diamètre nominal et autant de fois
0.50m qu’il y a de canalisations moins une, ceci afin de permettre la réalisation
dans de bonnes conditions du compactage de la zone.
g) Le lit de pose d’une épaisseur standard de 0.10m est constitué de matériaux
contenant moins de 5% de particules inférieures à 0.1mm et ne contenant pas
d’élément de diamètre supérieur à 30mm. En terrain aquifère le lit de pose est
constitué de matériaux de granularité comprise entre 5 et 30mm. En cas de
risque d’entraînement de fines issues du sol environnant, il est nécessaire
d’envelopper le lit de pose par un filtre géotextile. Le lit de pose est dressé
suivant la pente prévue au projet. La surface est dressée et compactée pour que
le tuyau ne repose sur aucun point dur ou faible.
h) La mise en place des canalisations en tranchée répond aux règles suivantes :
- Les éléments sont posés à partir de l’aval et l’emboîture (ou about femelle) des
tuyaux est dirigée vers l’amont,
- Chaque élément est descendu sans heurt dans la tranchée et présenté dans l’axe
de l’élément précédemment posé, emboîté, réaligné et calé,
- Les tuyaux sont posés en file bien alignée et avec une pente régulière entre
deux regards consécutifs,
- Avant la mise en place, les abouts mâle et femelle sont nettoyés ; Avant
l’emboîtement de joints dits glissants, les garnitures d’étanchéité et les abouts
mâle et femelle sont lubrifiés, le cas échéant, selon les prescriptions du
fabricant avec un produit spécial.
- L’emboîtement est réalisé avec une poussée progressive exercée suivant l’axe
de l’élément précédemment posé et de l’élément en cours d’assemblage en
assurant que les abouts restent propres,
- L’emboîtement par poussée d’un godet de pelle lorsqu’elle agit par saccades
brutales est interdit, sans protection de l’extrémité de l’élément.
- Après assemblage, le jeu entre les extrémités des éléments adjacents est
maintenu dans les tolérances indiquées par le fabricant,

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- Le calage est soit définitif par remblai partiel, soit provisoire, à l’aide de cales.
Le calage au moyen de matériaux durs est interdit,
- À chaque arrêt de travail, les extrémités des tuyaux non visitables en cours de
pose sont provisoirement obturées pour éviter l’introduction de corps étrangers,
- Pour les éléments de regard et boîtes de branchement, le jointement au mortier
rigide est interdit de même que pour le raccordement des canalisations à ces
ouvrages. Le type de garniture d’étanchéité et les conditions d’utilisation sont
conformes aux prescriptions du fabricant.
i) Remblaiement de la fouille : le remblaiement de la fouille sera effectué au
moyen de matériaux d’apport ou de réemploi dont la qualité sera adaptée à la
destination de l’emprise de la tranchée (terrain de culture, voirie…), ils seront
mis en œuvre par couches successives compactées avec des moyens
mécaniques adaptés (figure 10.19). La nature rigide ou flexible de la
canalisation conditionne le soin à apporter au compactage dans la zone
d’enrobage (figure 10.20).

Figure 8.13 : Modalités de remblai de la fouille

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Figure 8.14 : Compactage du remblai selon la nature rigide ou flexible de la canalisation

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