Vous êtes sur la page 1sur 2

POUR ALLER PLUS LOIN

Tarification du monopole public


Comme le monopole est contrôlé par les pouvoirs publics, l’État peut demander de respecter certains
principes en matière de prix. Le critère retenu pour un monopole public n’est pas la maximisation du
profit mais du bien-être collectif. Supposons, pour simplifier, que le bien-être collectif soit mesuré par
la somme des surplus totaux sur chacun des marchés. Nous savons que le surplus est maximal sur un
marché lorsque le prix est égal au coût marginal du monopole. Nous pouvons le vérifier avec plusieurs
marchés. Considérons deux marchés uniquement. Les demandes, sont supposées ne dépendre que du
prix du bien considéré et décroissantes. Le profit du monopole s’écrit simplement : л(Q1 + Q2) = p1(Q1)
Q1 + p2(Q2)Q2 – C(Q1,Q2) avec C(Q1,Q2), la fonction de coût total de production des deux biens sup-
posée convexe.
Le surplus des consommateurs sur les deux marchés s’écrit :
S1 (Q1 ) = ∫ p1 (Q ) dQ − p1 (Q1 ) Q1 et S2 (Q2 ) = ∫
Q Q2
p2 (Q ) dQ − p2 (Q2 ) Q2
C 1 C
0 0

Le monopole public maximise le surplus total représentant le bien-être collectif :


Q1 Q2
max S (Q1 , Q2 ) = S1 (Q1 ) + S2 (Q2 ) + Π (Q1 , Q2 ) = ∫ P1 (Q ) dQ + ∫ P2 (Q ) dQ − C (Q1 , Q2 )
C C

Q1 ,Q2 0 0

Les conditions d’optimalité sont :


∂C (Q1 , Q2 )
p1 (Q1 ) − =0
∂Q1
∂C (Q1 , Q2 )
p2 (Q2 ) − =0
∂Q2
On obtient une règle de tarification au coût marginal pour chacun des biens produits par le monopole
public. Si la fonction de coût est séparable : CT(Q1,Q 2) = C1(Q1) + C 2(Q 2), le profit du monopole s’écrit
à l’optimum :
л (Q1 , Q2 ) = Q1 [ Cm1 (Q1 ) − CM 1 (Q1 )] + Q2 [ Cm2 (Q2 ) − CM 2 (Q2 )]

Or, les monopoles publics présentent souvent des rendements d’échelle croissants, le coût moyen, CM,
est supérieur au coût marginal, Cm. Dans ce cas, la tarification au coût marginal peut conduire à un
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

déficit du monopole. Une solution pour éviter que le monopole public soit en déficit est d’imposer une
contrainte d’équilibre budgétaire. On obtient un optimum dit de second rang (optimum contraint) :
∫ ∫
Q1 Q2
max S (Q1 , Q2 ) = p1 (Q ) dQ + p2 (Q ) dQ − C (Q1 , Q2 )
Q1 , Q2 0 0

s. c.  л (Q1 , Q2 ) = p1 (Q1 ) Q1 + p2 (Q2 ) Q2 − C (Q1 , Q2 ) = 0

Construisons la fonction de Lagrange pour résoudre ce problème d’optimisation sous contrainte :


Q1 Q2
max L (Q1 , Q2 ) = ∫ p1 (Q ) dQ + ∫ p2 (Q ) dQ − C (Q1, Q2 ) + λ [ p1 (Q1 ) Q1 + p2 (Q 2 ) Q2 − C ( Q1 , Q2 )]
Q1 ,Q2 0 0

Les conditions d’optimalité deviennent :


∂C (Q1 , Q2 )  ∂ p1 (Q1 ) ∂C (Q1 , Q2 ) 
p1 (Q1 ) − +λ Q1 + p1 (Q1 ) −  =0
∂Q1  ∂Q1 ∂Q1 

∂C (Q1 , Q2 )  ∂ p1 (Q1 ) ∂C (Q1 , Q2 ) 


p2 (Q2 ) − +λ Q2 + p2 (Q2 ) −  =0
∂Q2  ∂Q2 ∂Q2 

1
En utilisant les élasticités prix de la demande, on obtient la règle de tarification suivante :
∂C (Q1 , Q2 )
p1 (Q1 ) −
∂Q1 λ  1 
= −  
p1 (Q1 ) 1
1 + λ  ε D 
∂C (Q1 , Q2 )
p2 (Q2 ) −
∂Q2 λ  1 
= −  
p2 (Q2 ) 2
1 + λ  ε D 

connue sous le nom de la règle de Ramsey-Boiteux : à l’optimum de second rang, les écarts relatifs
entre prix et coûts marginaux sont inversement proportionnels aux élasticités prix de la demande.

Vous aimerez peut-être aussi